Source: The Conversation – in French – By Leda Stawnychko, Associate Professor of Strategy and Organizational Theory, Mount Royal University
En cette fin d’année scolaire, les jeunes Canadiens qui entrent sur le marché du travail sont confrontés à une des pires périodes de chômage depuis plus d’une décennie. De nombreux membres de la génération Z qui souhaitent développer une carrière et des relations arrivent sur un marché de l’emploi stagnant.
Selon Statistique Canada, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est de 12,2 %, soit plus du double de celui du principal groupe d’âge actif.
La situation est encore plus préoccupante pour les personnes qui planifient reprendre des études à temps plein à l’automne. Le taux de chômage pour cette population a atteint un peu plus de 20 %, ce qu’on n’a pas vu depuis 2009, année marquée par les effets de la Grande Récession sur l’économie mondiale.
Les membres de la génération Z qui n’ont pas de diplôme postsecondaire, les personnes qui ont une incapacité et les nouveaux arrivants rencontrent des obstacles encore plus importants. Ils doivent faire face à un marché du travail dominé par une génération parmi les plus instruites au monde.
Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à une tempête composée d’une inflation persistante, de tensions commerciales mondiales, d’un marché du travail saturé et de restructurations provoquées par l’automatisation et l’intelligence artificielle.
Contrairement aux travailleurs plus âgés, de nombreux jeunes n’ont pas la stabilité financière ni les réseaux de soutien nécessaires pour saisir des opportunités pour lesquelles il leur faudrait déménager.
À lire aussi :
Comment les Z s’épanouissent au travail dans un marché de l’emploi dominé par la « culture de l’agitation »
Les premiers emplois comptent plus que jamais
Les premières expériences professionnelles constituent un tremplin essentiel pour les jeunes qui entrent sur le marché du travail. Elles sont une occasion de se familiariser avec les habitudes, les normes et les attentes du monde professionnel.
Les emplois dans le commerce de détail, l’hôtellerie ou le service à la clientèle offrent souvent un premier contact avec le monde du travail. Ils permettent aux jeunes de gagner en assurance, de développer des compétences transférables et d’élargir leurs réseaux professionnels. Si ces opportunités leur sont inaccessibles, ils risquent de prendre du retard avant même le début de leur carrière.
Les conséquences à long terme peuvent être graves. Selon un rapport 2024 de la société de conseils Deloitte, le Canada pourrait perdre 18,5 milliards de dollars de PIB au cours de la prochaine décennie si le taux de chômage des jeunes demeure élevé.

(Shutterstock)
De manière plus générale, le chômage élevé des jeunes affaiblit la confiance sociale et sape les fondements de la cohésion sociale, de la prospérité à long terme, de la stabilité démocratique et de la filière leadership.
Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de La Conversation. Et vous ? Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.
Le sous-emploi a également des conséquences sur le plan personnel en contribuant à la dégradation de la santé mentale et physique, et en retardant les grandes étapes de la vie, telles que l’indépendance financière, l’accession à la propriété et la création d’une famille.
Que peut faire la génération Z ?
De nombreux jeunes qui cherchent un emploi sont, à juste titre, découragés par le marché du travail actuel. Mais en tant qu’enfants du numérique, les membres de la génération Z ont plusieurs atouts, notamment la créativité, un état d’esprit axé sur les valeurs et la maîtrise des technologies.
Le secret est de faire preuve d’ouverture, de proactivité et de créativité en recherchant des expériences non linéaires qui serviront de points d’entrée dans le monde du travail. Voici quatre stratégies concrètes pour les jeunes de la génération Z qui débutent dans la vie active :
1. Sortir des sentiers battus
Des emplois et des programmes non conventionnels peuvent offrir une expérience pratique. À titre d’exemple, des étudiants universitaires inscrits au programme fédéral d’expérience de travail d’Affaires mondiales Canada ont récemment participé à l’organisation du sommet du G7, ce qui leur a permis d’acquérir de l’assurance et des compétences transférables.
Les projets parallèles, comme la création de sites web ou le travail à son compte, peuvent également aider les gens à démarrer leur carrière. Ces expériences sont de plus en plus reconnues comme des moyens valables d’entrer sur le marché du travail.
2. Acquérir des aptitudes de base
Le rapport sur l’avenir de l’emploi du Forum économique mondial identifie la pensée analytique, la résilience, la créativité, le leadership et la conscience de soi comme les compétences les plus recherchées à l’avenir. On peut les développer grâce au bénévolat, au leadership communautaire, au mentorat ou à des projets personnels.
Des programmes comme Expérience internationale Canada favorisent l’indépendance, la conscience mondiale et l’acquisition d’aptitudes essentielles.
*3. Investir dans des compétences qui ont de l’avenir *
À mesure que les entreprises adoptent l’IA et l’automatisation, les connaissances technologiques deviennent de plus en plus utiles. Les microcrédits contribuent à l’acquisition de compétences spécialisées, tandis que les formations en milieu de travail et autres possibilités d’apprentissage par l’expérience offrent des parcours que les employeurs apprécient.
4. Bâtir des liens
Les réseaux constituent un élément clé de la réussite professionnelle. Les relations avec les pairs, les mentors et les membres de la communauté peuvent apporter un soutien précieux, élargir les perspectives et déboucher sur des opportunités inattendues. La participation à des groupes d’intérêt ou le bénévolat aident les jeunes à se sentir plus connectés et plus confiants, tout en leur permettant de développer des compétences utiles.
Une nouvelle génération de travailleurs
Ces mesures ne résoudront pas les problèmes systémiques du marché du travail, mais elles peuvent aider les jeunes Canadiens à faire leur place dans un système qui n’a pas encore pris en compte les besoins de leur génération.
Pour y parvenir, il faudra la collaboration du gouvernement, des employeurs, des établissements d’enseignement et des prestataires de services communautaires afin de réduire de manière innovante les obstacles. Il est important de noter que ces secteurs sont invités à « prêcher par l’exemple » pour lutter contre le chômage des jeunes.
La génération Z entre sur le marché du travail à une époque marquée par de grands bouleversements économiques et sociaux. Elle dispose toutefois d’un accès inégalé à l’information, à des communautés de soutien et à des plates-formes permettant de diffuser des idées et d’exercer une réelle influence.
En agissant avec détermination, les jeunes Canadiens peuvent évoluer dans cet univers en posant des bases qui leur permettront non seulement de trouver un emploi, mais aussi de bâtir une carrière qui reflète leurs valeurs et leurs ambitions.
![]()
Leda Stawnychko reçoit un financement du CRSH.
Warren Boyd Ferguson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
– ref. Les jeunes ont du mal à trouver du travail – voici 4 stratégies pour y arriver – https://theconversation.com/les-jeunes-ont-du-mal-a-trouver-du-travail-voici-4-strategies-pour-y-arriver-260073
