L’assassinat de Charlie Kirk, le dernier acte de violence politique dans un pays sous tension

Source: The Conversation – in French – By Jared Mondschein, Director of Research, US Studies Centre, University of Sydney

Dans un nouvel acte choquant de violence politique aux États-Unis, Charlie Kirk a été abattu alors qu’il débattait avec des étudiants dans une université de l’Utah. Il s’était fait connaître en tant qu’influenceur conservateur et partisan de Donald Trump,

Âgé de 31 ans, il était devenu célèbre en confrontant ses idées avec tous ceux qui souhaitaient s’engager avec lui. Il était indéniablement la figure conservatrice la plus influente chez les jeunes.

L’annonce de son assassinat a immédiatement enflammé les réseaux sociaux, où les camps politiques opposés se sont mutuellement accusés d’alimenter le climat de tension actuel aux États-Unis. Elle a aussi ravivé les craintes d’une nouvelle escalade de violence.

Qui était Charlie Kirk ?

La modeste tente où Kirk s’installait sur les campus universitaires américains pour débattre avec les étudiants ne doit pas faire oublier l’ampleur de son influence.

Son organisation politique, Turning Point USA (TPUSA), avait un chiffre d’affaires de 78 000 dollars lorsqu’il l’a fondée en 2012. L’année dernière, ses revenus annuels avaient atteint 85 millions de dollars américains.

Son podcast, The Charlie Kirk Show, attirait entre 500 000 et 750 000 téléchargements par épisode, le plaçant parmi les 25 podcasts les plus populaires au monde. Le compte X de Kirk, avec ses sept millions d’abonnés, dépasse celui de MSNBC (cinq millions).

En dehors du monde virtuel, TPUSA est aujourd’hui présent dans plus de 3 500 écoles et campus universitaires, regroupant plus de 250 000 étudiants membres et plus de 450 employés à temps plein et à temps partiel. Mais le chiffre le plus révélateur est celui d’une enquête TikTok menée auprès de jeunes de moins de 30 ans : parmi les électeurs pro-Trump, Kirk jouissait d’une confiance supérieure à celle de toute autre personnalité.

Bien que Kirk ait suscité de nombreuses critiques, notamment pour ses positions sur les Noirs, les Juifs, les personnes transgenres et les immigrants, ainsi que pour sa lutte contre ce qu’il qualifiait de « propagande gauchiste » chez les professeurs, il restait prêt à débattre avec presque n’importe qui.

Que ce soit dans les amphithéâtres renommés d’Oxford ou sur des campus progressistes américains, Kirk participait à des débats politiques avec quiconque voulait s’exprimer, invitant souvent les étudiants à « prouver qu’il avait tort ». Les vidéos de ces échanges — souvent un étudiant progressiste posant une question à Kirk, qui lui répondait avec une argumentation vive — ont cumulé des centaines de millions de vues sur les réseaux sociaux.

Soutien à Trump

Kirk s’est d’abord fait connaître en défendant des politiciens républicains plus conventionnels, notamment le sénateur du Texas Ted Cruz et l’ancien gouverneur du Wisconsin Scott Walker. Mais il a fini par soutenir Trump en 2016, et il lui est resté fidèle depuis.

En effet, alors que beaucoup — en particulier au sein du parti républicain — cherchaient à se distancier de Trump après des incidents tels que les violences au Capitole américain, le 6 janvier 2021, Kirk a maintenu le cap.

Sa loyauté indéfectible envers Trump et sa popularité grandissante chez les jeunes électeurs lui ont permis de gagner en influence dans les cercles conservateurs. Grâce à ce pouvoir, son organisation a financé à hauteur de plusieurs millions de dollars différentes campagnes pro-Trump. TPUSA a aussi renforcé son soutien à Pete Hegseth, candidat controversé au poste de secrétaire à la Défense, et lancé des actions pour évincer Ronna McDaniel, ancienne présidente du Comité national républicain.

La victoire politique la plus marquante de Kirk reste peut-être d’avoir mobilisé un nombre record de jeunes électeurs pour Trump en 2024. Il était alors la plus jeune personne à avoir dirigé une campagne présidentielle républicaine.

Violence politique aux États-Unis

Certains pourraient voir dans cet épisode meurtrier de violence politique aux États-Unis un événement ponctuel et se demander s’il aura un impact durable. Pourtant, la naissance du pays même résulte d’un acte de violence politique — la guerre d’indépendance. Depuis, d’autres périodes marquées par des violences politiques ont jalonné son histoire, comme la guerre civile, la reconstruction et le mouvement des droits civiques, entre autres.

Cependant, même si l’histoire des États-Unis est truffée de tels incidents, on ne peut nier que la situation s’est aggravée, en particulier au cours des dernières années.

Plusieurs études ont montré que le nombre d’attaques et de complots visant élus, candidats, responsables de partis et militants politiques a considérablement augmenté ces dernières années. En examinant les données des trois dernières décennies, le Center for Strategic and International Studies (CSIS) a constaté que le nombre d’attaques et de complots au cours des cinq dernières années est près de trois fois supérieur à celui des 25 années précédentes combinées.


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Mais au-delà des chiffres, de plus en plus de politiciens américains évoquent la menace de la violence comme l’une des raisons de leur retrait de la vie politique ou, plus inquiétant, comme un facteur ayant influencé leurs choix de vote.

Il ne fait guère de doute que les États-Unis continueront à souffrir de la violence politique. La question est plutôt de savoir dans quelle mesure et à quel prix.

La mort de Kirk aura des répercussions bien au-delà de ses proches, notamment sa veuve et ses deux jeunes enfants. Aujourd’hui, le mouvement conservateur américain perd l’une de ses voix les plus influentes.

La Conversation Canada

Jared Mondschein ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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