Source: The Conversation – in French – By Caroline Pukall, Professor, Department of Psychology, Queen’s University, Ontario

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Le fossé de l’orgasme — cette constatation constante selon laquelle les hommes ayant des rapports sexuels avec des femmes ont des orgasmes plus fréquents que les femmes ayant des rapports sexuels avec des hommes — a été démontrée dans une série d’études menées auprès de participants cisgenres hétérosexuels.
L’écart est important : d’après une étude canadienne récente, environ 60 % des femmes et 90 % des hommes ont déclaré avoir atteint l’orgasme lors de leur rapport sexuel le plus récent.
Dans des échantillons sexuellement diversifiés (comprenant également des femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes et des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes), la tendance devient plus nuancée, mais confirme toujours l’existence d’un écart entre les sexes en matière d’orgasme.

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La recherche a montré que l’écart dans la fréquence des orgasmes est moins marqué chez les femmes qui ont des rapports sexuels avec des femmes (environ 75 %), et ce taux est significativement plus élevé que chez les femmes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (environ 62 %). Toutefois, les hommes en tant que groupe —, quelle que soit la personne avec laquelle ils ont des rapports sexuels — ont toujours une fréquence d’orgasme nettement plus élevée (85 %) que les femmes en général (63 %). Ainsi, les femmes sont désavantagées sur le plan de l’orgasme lorsqu’elles ont des rapports avec des hommes.
Le fossé de l’orgasme
Quelle est l’ampleur de l’écart entre les sexes en matière d’orgasme et quels sont les facteurs susceptibles de faire obstacle à l’orgasme pour tous ? Nous — une équipe de chercheurs et de journalistes scientifiques du podcast Science Vs — avons étudié la fréquence des orgasmes dans un vaste échantillon diversifié, incluant des minorités sexuelles et de genre (comme les lesbiennes et les personnes trans), ainsi que des participants racialisés. Les analyses centrées sur l’orientation sexuelle ou l’origine ethnique n’ont toutefois pas révélé de différences marquées.
La bonne nouvelle ? Nous avons constaté que, dans l’ensemble, de nombreuses personnes avaient beaucoup d’orgasmes — environ deux tiers d’entre elles ont déclaré avoir des orgasmes presque ou à chaque fois qu’elles avaient des rapports sexuels.
La moins bonne nouvelle ? Le fossé de l’orgasme persiste : les hommes cisgenres ont rapporté la fréquence d’orgasme la plus élevée, bien devant les femmes et les personnes de genres minoritaires, qui ne présentent pas de différences marquées entre elles. De plus, nous avons observé que les participants, quel que soit leur genre, ayant des rapports sexuels avec des femmes indiquaient des orgasmes beaucoup plus fréquents que ceux ayant des rapports avec des hommes. Avoir une partenaire féminine semble donc favoriser l’orgasme.
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Autre nouvelle moins réjouissante : environ 17 % des participantes ont déclaré n’avoir presque jamais ou jamais d’orgasme pendant les rapports sexuels. Pour les femmes cis, les barrières psychologiques — telles que l’insécurité, les problèmes de santé mentale et les distractions — étaient importantes, tout comme les obstacles sexuels (comme le fait de ne pas recevoir une stimulation adéquate), les difficultés inhérentes aux orgasmes (par exemple, ils prennent trop de temps et nécessitent trop d’efforts) et le fait de ne pas savoir pourquoi il leur est difficile d’avoir des orgasmes.
Combler le fossé
Pourquoi le fossé de l’orgasme persiste-t-il ? L’une des raisons principales est que les normes socioculturelles générales privilégient le plaisir sexuel des hommes par rapport à celui des femmes. En effet, ces normes découlent du scénario sexuel traditionnel (hétérosexuel, occidental) qui définit la fin de l’activité sexuelle comme étant l’orgasme masculin ; il est important de noter que l’adhésion des femmes à ce scénario a été associée à une satisfaction sexuelle moindre.

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D’autre part, les médias grand public alimentent des récits d’attentes sexuelles fondés sur le sexe, de sorte que les représentations de femmes sont beaucoup plus acceptées que celles des hommes sans orgasme. Cette inégalité se manifeste lors des rencontres sexuelles, perpétuant le fossé et rendant moins urgente la lutte contre ce phénomène.
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Mais il y a de l’espoir : la motivation des hommes hétérosexuels à amener leur partenaire à l’orgasme et l’intégration intentionnelle d’activités sexuelles qui augmentent les chances d’orgasme de leur partenaire — telles que la stimulation clitoridienne et le sexe oral — peuvent contribuer à réduire (et même à éradiquer !) l’écart. Il a également été démontré que le degré de familiarité entre les femmes et leur partenaire contribue à réduire l’écart. Une plus grande familiarité (pensez à une relation à long terme par opposition à une relation occasionnelle) a été associée à une plus grande fréquence d’orgasme.
Le simple fait de donner la priorité à l’orgasme des femmes — en adoptant des phrases simples comme « elle passe en premier » — pourrait suffire à réduire considérablement l’écart entre les sexes en matière d’orgasme.
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Caroline Pukall ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
– ref. Envie de plus d’orgasmes ? Optez pour une partenaire féminine – https://theconversation.com/envie-de-plus-dorgasmes-optez-pour-une-partenaire-feminine-261130
