Les bienfaits des animaux de compagnie sont connus. Il faut s’attaquer aux obstacles qui empêchent certains d’en profiter

Source: The Conversation – in French – By Renata Roma, Researcher Associate – Pawsitive Connections Lab, University of Saskatchewan

Les bienfaits des animaux de compagnie sont largement reconnus et étudiés.

Les animaux domestiques peuvent améliorer l’humeur et renforcer le système immunitaire. Ils incitent à rester actif et en forme, apportent de la compagnie et du réconfort émotionnel, tout en favorisant les liens sociaux. Ils peuvent même augmenter l’espérance de vie.

Malheureusement, tout le monde n’a pas accès à un animal de compagnie. Plusieurs groupes se heurtent à des obstacles lorsqu’il s’agit de passer du temps ou de vivre avec un animal. Parmi ces obstacles, citons le manque de logements adaptés et de ressources pour payer la nourriture et les soins vétérinaires.

Il peut également y avoir des freins plus concrets, tels que des clauses interdisant les animaux dans les contrats de location ou des politiques interdisant leur présence dans les maisons de retraite.




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Dans notre quête d’égalité sociale, il est essentiel de s’attaquer à ce qui empêche certaines personnes de profiter des bienfaits de la vie avec un animal de compagnie.

Défis et idées reçues

De nombreux facteurs peuvent empêcher les gens d’adopter un animal de compagnie. Parmi ceux-ci, citons le manque de logements appropriés et de ressources financières pour la nourriture et les soins vétérinaires. Une enquête canadienne a montré que les nouveaux immigrants et les jeunes de 18 à 34 ans sont les groupes les plus touchés par ces facteurs, et que les personnes âgées connaissent souvent des problèmes de logement et des difficultés financières.


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Les propriétaires d’animaux peuvent éprouver un sentiment de détresse lorsqu’ils ne sont pas en mesure de payer les services de toilettage, la nourriture ou les soins de leur animal, dont la qualité de vie risque alors d’être réduite. Dans un tel cas, on constate que le bien-être des propriétaires et de leur bête peut être compromis.

De plus, des recherches ont montré que les personnes qui gagnent plus d’argent possèdent davantage d’animaux compagnie. En ce qui concerne les facteurs économiques, il est inquiétant d’entendre dire que certaines personnes ne devraient pas avoir d’animaux. La Michelson Found Animals Foundation met en lumière plusieurs idées reçues, généralement associées aux finances, concernant la vie avec des animaux domestiques.

Certaines personnes pensent que si on vit dans un appartement plutôt que dans une maison dotée d’une cour et d’un espace vert, on ne devrait avoir que des chiens de petite taille. Cette croyance ne tient pas compte du niveau d’énergie de l’animal, car certains petits chiens sont beaucoup plus dynamiques que des chiens plus gros. Elle ne considère pas non plus la capacité du maître à stimuler mentalement et physiquement son animal.

D’autres estiment qu’une personne qui n’a pas les ressources financières pour répondre aux besoins d’un animal de compagnie ne devrait pas en avoir. Cette pensée ne fait que renforcer les inégalités sociales et reflète une forme de discrimination insidieuse.

Les problèmes financiers et les conditions de logement peuvent contraindre certaines personnes à se séparer de leur animal de compagnie, ce qui constitue un choix difficile sur le plan émotionnel. Une de nos recherches menées, menées avec Rebecca Raby, chercheuse sur l’enfance et la jeunesse, et des étudiants de l’université Brock, montrent que les enfants sans foyer ont souvent des sentiments d’intimité affective envers leurs animaux de compagnie en même temps que des sentiments de perte et de deuil. Dans le cadre de cette recherche, des enfants sans foyer ont raconté des histoires où ils avaient perdu un animal, que ce soit à la suite d’une séparation ou d’un décès.




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D’autres études indiquent que la plupart des personnes en situation d’itinérance sont des propriétaires d’animaux responsables, que leurs bêtes sont souvent en bonne santé et profitent de la compagnie humaine. Le lien émotionnel est réciproque et mutuellement bénéfique.

Animaux de compagnie pour tous

Les inégalités systémiques influencent la possibilité d’adopter un animal de compagnie. Nous devons mettre en place des stratégies et des politiques ciblées pour réduire les difficultés que rencontrent ces familles et ces communautés. Nous devons augmenter les possibilités de cohabitation avec des animaux afin de diminuer les inégalités sociales dans ce domaine.

Plusieurs études soulignent la nécessité d’améliorer l’accès aux soins vétérinaires gratuits ou peu coûteux. Il est également essentiel de rendre les refuges et les logements plus accueillants pour les animaux de compagnie. Les campagnes visant à réduire les idées reçues sur l’adoption d’animaux par certains groupes constituent également une stratégie importante.

Le Community Veterinary Outreach (CVO) est un exemple de programme qui contribue à rendre l’adoption d’un animal de compagnie plus accessible. Cet organisme de bienfaisance est présent dans plusieurs provinces du Canada. Il fournit des soins de santé aux humains ainsi que des soins préventifs aux animaux de compagnie. Il organise également des programmes d’éducation sur des sujets tels que le comportement, l’alimentation et l’hygiène dentaire des animaux. L’ensemble de ces services permet de soutenir des personnes vulnérables qui possèdent des animaux.

Un autre exemple est le programme canadien de financement PetCard, qui offre des options de paiement flexibles pour des services vétérinaires.

Nous devons toutefois intensifier notre collaboration et sensibiliser la population à l’importance des animaux de compagnie pour divers groupes de personnes. Élargir ce débat permettra de concevoir des politiques plus équitables, de favoriser la justice sociale et de rapprocher les communautés.

En négligeant la pertinence de cette réflexion, nous risquons de perpétuer des points de vue discriminatoires à l’égard de l’adoption d’animaux de compagnie.

Des bienfaits pour tous

Le fait que la situation économique d’une famille ou ses possibilités de logement restreignent son accès à un animal domestique est problématique, car cela fait en sorte que certaines personnes ne peuvent profiter du bien-être que procure la compagnie d’un animal. Ces bienfaits sont ainsi limités à un groupe privilégié.

Nous pouvons aider les humains et les animaux à bâtir des liens significatifs en promouvant un accès équitable à l’adoption d’animaux. Toutes les initiatives en ce sens doivent accorder la priorité aux besoins physiques et émotionnels des animaux de compagnie, en veillant à ce que le lien avec les humains leur soit bénéfique. Le bien-être et les droits des animaux de compagnie ne doivent jamais être négligés.

Pour créer une approche équitable qui permette à diverses populations de profiter de la compagnie d’animaux domestiques, nous devons concilier les besoins des humains et des animaux en tenant compte du bien-être de tous.

La Conversation Canada

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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