Quel âge avez-vous réellement ? Tout sur les derniers tests d’« âge biologique » – et leur fiabilité

Source: The Conversation – in French – By Hassan Vally, Associate Professor, Epidemiology, Deakin University

Nous aimons tous nous imaginer bien vieillir. Aujourd’hui, un simple test sanguin ou salivaire promet de nous le dire en mesurant notre « âge biologique ».

Par la suite, comme plusieurs l’ont déjà fait, nous pourrons partager notre « jeunesse » sur les réseaux sociaux, ainsi que nos secrets pour y parvenir.

Alors que l’âge chronologique correspond à la durée de votre vie, les mesures de l’âge biologique visent à indiquer l’âge réel de votre corps, en prétendant mesurer « l’usure » au niveau moléculaire.

L’attrait de ces tests est indéniable. Les gens soucieux de leur santé peuvent voir leurs résultats comme une confirmation de leurs efforts pour contrer leur vieillissement.

Mais ces tests sont-ils vraiment fiables ? Offrent-ils réellement des informations utiles ? Ou s’agit-il simplement d’un habile stratagème marketing déguisé en science ?


Cet article fait partie de notre série La Révolution grise. La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.


Comment les tests fonctionnent-ils ?

Au fil du temps, les processus chimiques qui permettent à notre corps de fonctionner, appelés « activité métabolique », entraînent des dommages et un déclin de l’activité de nos cellules, tissus et organes.

Les tests d’âge biologique visent à saisir certains de ces changements, offrant ainsi un aperçu de notre état de santé ou de notre état de vieillissement au niveau cellulaire.

Notre ADN est également affecté par le processus de vieillissement. En particulier, des marqueurs chimiques (groupes méthyles) s’y fixent et affectent l’expression des gènes. Ces changements se produisent de manière prévisible avec l’âge et les expositions environnementales, dans un processus appelé méthylation.

Des études scientifiques ont utilisé des « horloges épigénétiques », qui mesurent la méthylation de nos gènes, pour estimer l’âge biologique. En analysant leurs niveaux à des endroits spécifiques du génome à partir d’échantillons prélevés sur les participants, les chercheurs appliquent des modèles prédictifs pour estimer l’usure cumulative du corps.

Que dit la recherche à propos de leur utilisation ?

Bien que la science évolue rapidement, les preuves étayant l’utilisation des horloges épigénétiques pour mesurer le vieillissement biologique dans les études de recherche sont solides.

Des études ont montré que l’estimation de l’âge biologique épigénétique est un meilleur prédicteur du risque de décès et des maladies liées au vieillissement que l’âge chronologique.

Il a également été démontré que les horloges épigénétiques sont fortement corrélées au mode de vie et aux expositions environnementales, telles que le tabagisme et la qualité de l’alimentation.

De plus, elles se sont avérées capables de prédire le risque de maladies telles que les maladies cardiovasculaires, qui peuvent entraîner des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

Dans l’ensemble, un nombre croissant de recherches indiquent que les horloges épigénétiques sont des mesures fiables du vieillissement biologique et sont étroitement liées au risque de maladie et de décès.

Mais ces tests sont-ils vraiment fiables pour les individus ?

Si ces tests sont précieux pour étudier des populations dans le cadre de la recherche, l’utilisation d’horloges épigénétiques pour mesurer l’âge biologique des individus est une tout autre affaire et nécessite un examen approfondi.

Le facteur le plus important à prendre en considération pour les tests au niveau individuel est sans doute leur précision. Il s’agit de déterminer si un seul échantillon prélevé sur un individu peut donner des résultats très différents.

Une étude réalisée en 2022 a révélé que les échantillons présentaient des écarts pouvant aller jusqu’à neuf ans. Ainsi, un échantillon identique prélevé sur une personne de 40 ans peut indiquer un âge biologique aussi bas que 35 ans (une raison de se réjouir) ou aussi élevé que 44 ans (une source d’inquiétude).

Bien que ces tests aient été considérablement améliorés au fil des ans, leur précision varie considérablement d’un fournisseur à l’autre. Ainsi, selon la personne à qui vous envoyez votre échantillon, votre âge biologique estimé peut varier considérablement.

Une autre limite réside dans l’absence actuelle de normalisation des méthodes utilisées pour ces tests. Les entreprises commerciales effectuent ces tests de différentes manières et utilisent différents algorithmes pour estimer l’âge biologique à partir de données.

Comme on peut s’y attendre, ces entreprises ne divulguent pas leurs méthodes. Il est donc difficile de les comparer et de déterminer laquelle fournit les résultats les plus précis, et ce que vous obtenez pour votre argent.


Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de La Conversation. Et vous ? Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.


Une troisième limite réside dans le fait que, bien que les horloges épigénétiques soient étroitement liées au vieillissement, elles ne sont qu’un « indicateur » et ne constituent pas un outil de diagnostic.

En d’autres termes, elles peuvent fournir une indication générale du vieillissement au niveau cellulaire. Mais elles ne fournissent aucune information spécifique sur les problèmes potentiels d’une personne qui « vieillit plus vite » qu’elle ne le souhaiterait ni sur ce qu’elle fait de bien si elle « vieillit bien ».




À lire aussi :
La musculation a des bienfaits insoupçonnés sur la santé, surtout avec l’âge


Ainsi, quel que soit le résultat de votre test, tout ce que vous obtiendrez probablement d’un fournisseur commercial de tests épigénétiques, ce sont des conseils génériques sur ce que la science considère comme un comportement sain.

Est-ce que cela en vaut la peine ? Ou que devrais-je faire à la place ?

Même si les entreprises qui proposent ces tests ont de bonnes intentions, n’oubliez pas que leur objectif final est de vous vendre ces tests et de réaliser un profit. Et à environ 500 dollars canadiens, ils ne sont pas bon marché.

Si l’idée d’utiliser ces tests comme un outil de santé personnalisé est prometteuse, il est clair que nous n’en sommes pas encore là.

Pour que cela devienne une réalité, les tests devront être plus reproductibles, standardisés entre les différents prestataires et validés par des études à long terme établissant un lien entre les changements de l’âge biologique et des comportements spécifiques.

Ainsi, si les tests ponctuels de l’âge biologique font sensation sur les réseaux sociaux, ils représentent pour la plupart des gens un coût important et offrent une valeur réelle limitée.

La bonne nouvelle, c’est que nous savons déjà ce qu’il faut faire pour augmenter nos chances de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Cela comprend notamment :

Nous n’avons pas besoin de connaître notre âge biologique pour apporter dès maintenant des changements dans notre vie afin d’améliorer notre santé.

La Conversation Canada

Hassan Vally ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Quel âge avez-vous réellement ? Tout sur les derniers tests d’« âge biologique » – et leur fiabilité – https://theconversation.com/quel-age-avez-vous-reellement-tout-sur-les-derniers-tests-d-age-biologique-et-leur-fiabilite-259862