Source: The Conversation – in French – By Josep M. Trigo Rodríguez, Investigador Principal del Grupo de Meteoritos, Cuerpos Menores y Ciencias Planetarias, Instituto de Ciencias del Espacio (ICE – CSIC)
La comète Lemmon (C/2025 A6), découverte en janvier 2025, traverse en ce moment notre ciel et s’offre déjà à l’œil nu. Un spectacle rare à saisir avant son départ vers l’espace profond.
Dans les prochains jours, nous aurons l’occasion d’admirer, et de photographier, une comète brillante visible au crépuscule. Il s’agit de la comète C/2025 A6, surnommée Lemmon, découverte le 3 janvier 2025 par l’astronome Carson Fuls dans le cadre du programme de suivi du Mount Lemmon Observatory (Arizona).
La comète parcourt une orbite très excentrique qui peut l’éloigner jusqu’à 36 milliards de kilomètres du Soleil. Il lui faut environ 1 350 ans pour en faire le tour. Autant dire qu’il faut en profiter ce mois-ci, avant qu’elle ne rapetisse à nos yeux et ne reparte vers les confins du système solaire.
Comment repérer la comète Lemmon dans le ciel
Si vous n’avez jamais eu la chance d’observer une comète et que vous voulez tenter l’expérience, pas de panique : avec quelques repères simples, l’aventure est à la portée de tous.
Première règle : trouver un ciel noir, loin des grandes villes et de toute pollution lumineuse. Choisissez de préférence une nuit claire avec l’horizon ouest dégagé, sans lampadaires ni obstacles.
Le meilleur moment pour commencer l’observation est le début de la nuit. Dès l’apparition des premières étoiles, cherchez la silhouette de la Grande Ourse à l’horizon nord-ouest. Cette constellation, formée de sept étoiles, est aussi connue sous le nom de « Grand Chariot » (ou « Grande Casserole »). Les deux étoiles les plus brillantes, situées vers le nord, permettent de tracer une ligne vers l’étoile polaire.

Observatorio Astronómico Nacional-IGN
Une fois la Grande Ourse repérée, prolongez en courbe sa « queue », dont la dernière étoile se nomme Alkaïd, jusqu’à atteindre l’étoile la plus brillante de la région : Arcturus. Cette dernière sera précieuse car le mardi 21 octobre, au moment où la comète sera la plus proche de la Terre (101 millions de kilomètres), Lemmon se trouvera dans la constellation du Bouvier, non loin d’Arcturus.
À l’œil nu ou aux jumelles
En ciel sombre, Lemmon est visible à l’œil nu, surtout depuis l’Espagne, le Mexique et l’Amérique centrale (ainsi que la France, NLDT), puisqu’elle se déplace dans l’hémisphère céleste Nord. Sa luminosité devrait se situer entre celle d’Alkaïd (queue de la Grande Ourse) et celle, plus faible, de Kornephoros (Beta Herculis), voire davantage.
En cas de pollution lumineuse, une paire de jumelles astronomiques avec un grossissement de 7 à 12 suffira. Orientez-les vers Arcturus, puis glissez doucement vers Alkaïd jusqu’à distinguer une petite tache nébuleuse prolongée d’une queue tournée à l’opposé du Soleil. N’hésitez pas à répéter le mouvement plusieurs fois.
La comète et sa queue colorée
Ces dernières semaines, les images spectaculaires de Lemmon se multiplient sur les réseaux sociaux. Les astrophotographes raffolent de ces astres changeants. À mesure qu’elle s’approche du Soleil, la surface glacée de Lemmon se réchauffe et commence à se sublimer. Les photos révèlent alors une queue bleutée, dite « ionique », ondulante et sensible au vent solaire.

Pau Montplet i Sanz (ACDAM/AstroMontseny)
Sa chevelure diffuse, appelée « coma », s’étend déjà sur plusieurs degrés. On s’attend aussi à l’apparition d’une seconde queue, cette fois poussiéreuse, produite par les particules libérées par les glaces sublimées. Ces minuscules grains réfléchissent la lumière solaire et donnent une queue plus diffuse, jaunâtre, souvent très lumineuse.
Les cartes de l’Observatoire astronomique national espagnol montrent le déplacement progressif de la comète vers l’ouest, nuit après nuit. Fin octobre, elle passera entre Kornephoros (dans la constellation d’Hercule) et Unukalhaï (dans la constellation du Serpent). Mi-novembre, Lemmon se rapprochera d’Antarès, l’étoile la plus brillante du Scorpion.
En ville, les comètes perdent de leur éclat. Voilà donc une belle occasion de fuir l’éclairage urbain, de lever les yeux vers le ciel et de s’offrir quelques minutes de contemplation d’un astre unique.
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Josep M. Trigo Rodríguez reçoit des financements du projet du Plan national d’astronomie et d’astrophysique PID2021-128062NB-I00, soutenu par le MICINN et l’Agence nationale espagnole de la recherche.
– ref. Comment observer la comète Lemmon, déjà visible à l’œil nu – https://theconversation.com/comment-observer-la-comete-lemmon-deja-visible-a-loeil-nu-267884
