Source: The Conversation – in French – By Melise Panetta, Lecturer of Marketing in the Lazaridis School of Business and Economics, Wilfrid Laurier University
Pendant longtemps, l’expression « le robot m’a pris mon emploi » évoquait des machines dans les usines. Aujourd’hui, la génération Z fait face à un nouveau défi : l’IA s’invite dans les stages et les postes d’entrée.
Les stages et les emplois débutants ont toujours constitué un tremplin prévisible vers le monde du travail, en offrant aux nouveaux employés l’expérience et les compétences nécessaires à leur développement professionnel à long terme.
Mais à mesure que l’intelligence artificielle (IA) se répand dans tous les coins du monde du travail moderne, ces postes sont susceptibles d’être remplacés par l’automatisation.

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Les postes d’entrée impliquent généralement des tâches peu complexes et fréquentes, telles que la saisie de données, la planification ou la rédaction de rapports, tâches que l’IA générative peut accomplir à un coût nettement inférieur et plus rapidement qu’un être humain. Cela signifie presque certainement une diminution du nombre d’échelons traditionnels au bas de l’échelle professionnelle.
Nous en constatons déjà les effets : les emplois de premier échelon se font plus rares, les candidats étant confrontés à une augmentation de 14 % du nombre de candidatures par poste, selon LinkedIn.
L’IA transforme le monde du travail
L’intégration de l’IA dans tous les secteurs est en train de remodeler fondamentalement le marché du travail.
Près de la moitié des professionnels craignent que l’IA ne remplace leur emploi. Et ils ont de bonnes raisons de s’inquiéter : d’ici 2030, on estime que près de 30 % des tâches pourraient être automatisées par l’IA générative.
Par ailleurs, près des deux tiers des cadres se disent prêts à utiliser des outils d’IA pour augmenter la productivité, au risque de réduire les effectifs. À l’inverse, seul un cadre sur trois est prêt à conserver son personnel au détriment d’une productivité attendue plus élevée.
On prévoit également que la diminution des postes traditionnels de niveau débutant ou junior dans des secteurs tels que la restauration, le service à la clientèle, la vente et le soutien administratif pourrait représenter près de 84 % des changements professionnels attendus d’ici 2030.
Pénurie de talents et de postes d’entrée à l’avenir
Les données sur l’IA et l’avenir du travail soulignent également un autre problème potentiel : la pénurie de talents pour certaines compétences. Un rapport publié en 2024 par Microsoft et LinkedIn révèle que les dirigeants s’inquiètent de la pénurie dans des domaines tels que la cybersécurité, l’ingénierie et la conception créative.
Bien que ces données puissent sembler contradictoires, elles indiquent qu’outre la diminution du nombre de postes de débutants disponibles, des changements dans les rôles et les compétences sont également à prévoir.
En conséquence, la concurrence pour les postes de débutants devrait s’intensifier, et les candidats capables d’utiliser des outils d’IA pour améliorer leur productivité et leur efficacité seront davantage valorisés.
Au lieu de simplement supprimer des postes, de nombreux emplois se transforment pour exiger de nouvelles compétences. Il existe également une demande croissante de talents spécialisés dans les domaines où l’IA ne peut pas encore augmenter pleinement les capacités humaines.
La maîtrise de l’IA est la nouvelle condition d’entrée
À mesure que l’IA se généralise dans le monde du travail, les postes « débutants » ne consistent plus seulement à accomplir des tâches de base, mais aussi à savoir travailler efficacement avec les nouvelles technologies, y compris l’IA.
Les employeurs commencent à accorder une grande importance à la maîtrise de l’IA. Deux tiers des cadres affirment qu’ils n’embaucheraient pas une personne sans compétences en IA et 71 % déclarent qu’ils préféreraient un candidat moins expérimenté, mais possédant des compétences en IA à un candidat plus expérimenté, mais qui n’en possède pas.
Avec moins de postes de débutants disponibles, les jeunes travailleurs devront trouver comment se démarquer sur un marché du travail concurrentiel. Mais malgré ces défis, la génération Z est peut-être la mieux placée pour s’adapter à ces changements.
En tant que natifs du numérique, de nombreux membres de la génération Z intègrent déjà des outils d’IA dans leur travail. Un rapport de LinkedIn et Microsoft a révélé que 85 % d’entre eux utilisent des outils d’IA tels que ChatGPT ou Copilot sur leur lieu de travail, ce qui indique qu’ils sont à la fois à l’aise et désireux d’utiliser cette technologie.
Cette tendance reflète des tendances plus générales au sein de la population active. Un rapport a révélé que 76 % des professionnels estiment avoir besoin de compétences liées à l’IA pour rester compétitifs. Ce même rapport de Microsoft et LinkedIn a révélé une augmentation de 160 % des cours de formation à l’IA.
Cette importance croissante accordée aux compétences en IA s’inscrit dans une tendance plus large vers le « renforcement des compétences », c’est-à-dire le processus qui consiste à améliorer ses compétences pour s’adapter à l’évolution du marché du travail. Aujourd’hui, l’amélioration des compétences consiste à apprendre à utiliser l’IA pour améliorer, accélérer et renforcer ses performances sur le lieu de travail.
Un nouveau type d’emploi de premier échelon
Étant donné que la maîtrise de l’IA devient une compétence professionnelle essentielle, il est important de pouvoir se présenter comme un candidat possédant des compétences en IA pour se démarquer sur un marché de l’emploi de premier échelon très concurrentiel. Cela implique de savoir utiliser les outils d’IA, d’évaluer leurs résultats de manière critique et de les appliquer dans un contexte professionnel. Cela signifie également apprendre à présenter ses compétences en IA sur un CV et lors d’entretiens.
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Les employeurs ont également un rôle à jouer dans tout cela. S’ils veulent attirer et retenir des employés, ils doivent repenser les postes d’entrée. Au lieu de les supprimer, ils devraient se recentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée qui nécessitent un esprit critique ou de la créativité. Ce sont là les domaines dans lesquels les humains surpassent les machines et où l’IA peut servir de soutien plutôt que de remplacement.
Mais pour que cela fonctionne, les employeurs doivent réévaluer leurs pratiques d’embauche afin de privilégier la maîtrise de l’IA et le savoir-faire transférable plutôt que des exigences d’expérience dépassées.
L’avenir du travail ne réside pas dans le remplacement des humains par les robots, mais dans l’apprentissage de la technologie pour renforcer les compétences et ouvrir de nouvelles voies vers l’emploi.
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Melise Panetta ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
– ref. Un robot m’a pris mon stage : l’impact de l’IA sur l’entrée des jeunes dans le monde du travail – https://theconversation.com/un-robot-ma-pris-mon-stage-limpact-de-lia-sur-lentree-des-jeunes-dans-le-monde-du-travail-266134
