Source: The Conversation – France in French (2) – By Manon Dalaison, Maître de Conférences, Institut de physique du globe de Paris (IPGP)
Un séisme meurtrier a frappé l’Afghanistan le 31 août, suivi par d’autres tremblements de terre. Une géophysicienne très familière de la région nous explique ce que l’on sait.
Le 31 août, un séisme a frappé l’Afghanistan dans les environs de la ville de Kunar et fait plus de 2000 victimes à ce jour. En 2022, un autre séisme meurtrier avait frappé le pays et fait environ 1000 victimes, tandis qu’en 2023, ce sont plus de 4000 personnes qui avaient trouvé la mort.
La région, difficilement accessible par la route, peut sembler isolée, mais ces zones rurales sont plutôt peuplées avec de nombreux villages parsemés le long des cours d’eau. Le village de Kunar est situé à quelques kilomètres de l’épicentre, mais certains hameaux sont encore plus près. L’ampleur des dégâts est aussi liée à la vulnérabilité des constructions en terre et pierres et au fait que la catastrophe ait eu lieu vers minuit heure locale, lorsque les gens sont chez eux.
Magnitude et profondeur, deux facteurs physiques importants pour les dommages en surface
Ce nouveau séisme a une magnitude Mw 6. Ceci correspond à un séisme de taille modérée sur l’échelle des séismes destructeurs, mais l’énergie libérée lors du séisme est tout de même équivalente à celle de la bombe atomique d’Hiroshima.
L’origine du séisme est particulièrement peu profonde, à 10 kilomètres environ. À cause de cette faible profondeur, les secousses qui atteignent la surface n’ont pas le temps d’être atténuées et sont plus susceptibles de faire des dégâts.
Cette magnitude modérée et cette faible profondeur sont deux caractéristiques que le séisme de Kunar partage avec le séisme de Khost du 22 juin 2022, qui avait eu lieu 220 kilomètres au sud-ouest.
Un séisme en accord avec son contexte
D’un point de vue scientifique, nous sommes dans le « ruban » de déformation tectonique active entre les plaques indiennes et eurasiennes où on trouve une zone de transition entre un mouvement décrochant et un mouvement de compression. Ces mouvements sont à l’origine de fréquents séismes.

Manon Dalaison, Fourni par l’auteur
En 2022, les scientifiques avaient été assez surpris par le séisme de Khost : celui-ci montrait un mouvement décrochant (coulissant), alors que la région est en compression.
Aujourd’hui, à Kunar, on a un tremblement de terre en compression, qui est conforme à ce que l’on attend dans la région.
Comme souvent, le séisme important du 31 août est suivi d’autres séismes plus petits dont la taille et la fréquence décroissent à mesure que le temps passe. Cette évolution n’est pas une règle, et les exceptions sont nombreuses, mais plutôt une évolution moyenne qui se vérifie sur les centaines de tremblements de terre enregistrés tous les ans.
Les indices d’une histoire ancienne
La région de Kunar se situe dans l’Hindu Kush, région montagneuse du nord-est de l’Afghanistan. Ces montagnes et leur géologie sont le résultat de dizaines de millions d’années de déformation tectonique du fait de la collision des plaques indienne et eurasienne. Les séismes sont les témoins à court terme de la longue histoire géologique.
Ici, les failles actives qui peuvent rompre lors de séismes sont nombreuses, plutôt courtes, et réparties sur des centaines de kilomètres. Elles sont visibles dans le paysage, dévient les cours d’eau, longent les vallées et bordent les montagnes.
Peut-on envisager que ces failles puissent générer à l’avenir des séismes plus grands, et malheureusement plus destructeurs, que ce nouveau séisme de Kunar ?
D’après l’historique des séismes, limité dans le temps par les archives humaines, on sait qu’un plus gros séisme de magnitude équivalente à 7,4 (c’est-à-dire 125 fois plus énergétique qu’un séisme de magnitude 6) a touché la vallée de Kunar en 1842. Ceci étant, il est difficile de savoir si un séisme de magnitude encore plus importante est possible dans la région de Kunar.
Le séisme de Kunar du 31 août 2025, et les répliques qui l’ont suivi, sont des exemples supplémentaires de l’activité tectonique compressive de la région, mal connue du fait des difficultés d’accès et son éloignement des sismomètres, les instruments qui permettent de mesurer les ondes sismiques. L’étude de ces séismes permettra de mieux connaître le tracé des failles actives et d’explorer les conditions physiques qui auraient pu favoriser un tel événement destructeur.
Quoiqu’il en soit, on est clairement dans une zone à risque sismique, où des séismes vont se produire à nouveau. Mais, comme toujours avec le risque sismique, on ne sait pas quand ils vont arriver.
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Manon Dalaison a reçu des financements du Programme National de Télédétection Spatiale (PNTS).
– ref. Que sait-on de la série de séismes en Afghanistan ? – https://theconversation.com/que-sait-on-de-la-serie-de-seismes-en-afghanistan-264612
