La climatisation peut-elle vraiment rendre malade ? Une microbiologiste nous explique

Source: The Conversation – in French – By Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of Leicester

Les climatiseurs mal entretenus peuvent abritent de nombreux microbes infectieux. LightField Studios/Shutterstock

Peut-on tomber malade à cause de la climatisation ? Dans des conditions de fonctionnement normales, non. Mais si un système de climatisation est mal entretenu ou défectueux, les conséquences sur la santé peuvent être graves.


La climatisation peut être une véritable bénédiction lors des chaudes journées d’été. Elle maintient une température agréable et contrôle l’humidité, rendant les environnements intérieurs supportables même lors des vagues de chaleur.

Or certaines personnes évitent d’utiliser la climatisation, quelle que soit la température extérieure, de peur qu’elle ne les rende malades. On pourrait trouver cela exagéré, mais en tant que microbiologiste, je peux affirmer que cette crainte n’est pas totalement infondée.

En effet, si un système de climatisation fonctionne mal ou n’est pas correctement entretenu, il peut être contaminé par des microbes infectieux. Votre climatiseur peut alors devenir une source potentielle de nombreuses infections transmissibles par l’air, allant du simple rhume à la pneumonie.

Le syndrome des bâtiments malsains

Le « syndrome des bâtiments malsains » est le nom générique donné aux symptômes qui peuvent apparaître après un séjour prolongé dans des environnements climatisés. Ces symptômes peuvent inclure des maux de tête, des vertiges, une congestion ou un écoulement nasal, une toux persistante ou une respiration sifflante, des démangeaisons et des éruptions cutanées, des troubles de concentration et de la fatigue.

Ce syndrome touche généralement les personnes qui travaillent dans des bureaux, des espaces confinés, mais il peut survenir chez toute personne passant de longues périodes dans des bâtiments climatisés, tels que les hôpitaux ou autres bâtiments publics. Les symptômes du syndrome des bâtiments malsains ont tendance à s’aggraver avec le temps passé dans un bâtiment donné, et s’atténuent après le départ.

Une étude indienne réalisée en 2023 a comparé 200 adultes en bonne santé travaillant au moins six à huit heures par jour dans un bureau climatisé à 200 adultes en bonne santé ne travaillant pas dans un environnement climatisé. Le groupe exposé à la climatisation a présenté davantage de symptômes associés au syndrome du bâtiment malsain au cours de la période d’étude de deux ans, en particulier une prévalence plus élevée d’allergies. Il est important de noter que les tests cliniques ont montré que les personnes exposées à la climatisation avaient une fonction pulmonaire plus faible et étaient plus souvent en arrêt maladie que celles qui n’y étaient pas exposées.

D’autres études ont confirmé que les employés de bureau travaillant dans des locaux climatisés présentaient une prévalence plus élevée du syndrome du bâtiment malsain que ceux qui ne travaillaient pas dans un environnement climatisé.

On soupçonne que l’une des causes du syndrome des bâtiments malsains est le mauvais fonctionnement des climatiseurs. Lorsqu’un climatiseur ne fonctionne pas correctement, il peut libérer dans l’air des allergènes, des produits chimiques et des micro-organismes en suspension qui auraient normalement dus été piégés par des filtres.

Les climatiseurs défectueux peuvent également libérer des vapeurs chimiques provenant des produits de nettoyage ou des réfrigérants dans l’air du bâtiment. Les produits chimiques tels que le benzène, le formaldéhyde et le toluène sont toxiques et peuvent irriter le système respiratoire.

Bactéries en légion

Les systèmes de climatisation mal entretenus peuvent également abriter des bactéries pathogènes susceptibles de provoquer des infections graves.

La Legionella pneumophila est la bactérie responsable de la « maladie du légionnaire », une infection pulmonaire. La contamination se fait par voie respiratoire, par inhalation d’eau contaminée diffusée en aérosol. Elle se développe généralement dans les environnements riches en eau, tels que les jacuzzis ou les systèmes de climatisation.

Un homme debout sur une échelle répare un climatiseur fixé au mur
Les climatiseurs doivent être correctement désinfectés et entretenus pour éviter la propagation des infections.
Studio Romantic/Shutterstock

La légionellose se contracte le plus souvent dans des lieux collectifs tels que les hôtels, les hôpitaux ou les bureaux, où la bactérie a contaminé l’eau. Les symptômes de la maladie du légionnaire sont similaires à ceux de la pneumonie : toux, essoufflement, gêne thoracique, fièvre et symptômes grippaux généraux. Les symptômes apparaissent généralement entre deux et quatorze jours après la contamination par les légionelles.

Les infections à Legionella peuvent être mortelles et nécessitent souvent une hospitalisation. La guérison peut prendre plusieurs semaines.

Infections fongiques et virales

L’accumulation de poussière et d’humidité à l’intérieur des systèmes de climatisation peut également créer des conditions propices à la prolifération d’autres microbes infectieux.

Par exemple, des recherches sur les systèmes de climatisation des hôpitaux ont montré que des champignons tels que les espèces Aspergillus, Penicillium, Cladosporium et Rhizopus s’accumulent fréquemment dans les zones riches en eau des systèmes de ventilation hospitaliers.

Ces infections fongiques peuvent être graves chez les patients vulnérables, tels que ceux qui sont immunodéprimés, qui ont subi une greffe d’organe ou qui sont sous dialyse, ainsi que chez les bébés prématurés. L’Aspergillus par exemple, provoque des pneumonies, des abcès pulmonaires, cérébraux, hépatiques, spléniques et rénaux, et peut également infecter les brûlures et les plaies.

Les symptômes des infections fongiques sont principalement respiratoires et comprennent une respiration sifflante ou une toux persistante, de la fièvre, un essoufflement, de la fatigue et une perte de poids inexpliquée.

Les infections virales peuvent également être contractées par la climatisation. Une étude de cas a révélé que des enfants d’une classe de maternelle chinoise avaient été infectés par le norovirus provenant de leur système de climatisation. Cela a provoqué une gastro-entérite chez 20 élèves.

Alors que le norovirus se transmet généralement par contact étroit avec une personne infectée ou après avoir touché une surface contaminée, dans ce cas précis, il a été confirmé que, de manière inhabituelle, le virus s’était propagé dans l’air, à partir du système de climatisation des toilettes de la classe. Plusieurs autres cas de ce type ont été signalés.

Cependant, les climatiseurs peuvent également contribuer à empêcher la propagation des virus en suspension dans l’air. Des recherches montrent que les climatiseurs régulièrement entretenus et désinfectés peuvent réduire les niveaux de circulation des virus courants, y compris le Covid-19.

Le risque d’infection lié à la climatisation vient aussi du fait que celle-ci fait baisser le taux d’humidité de l’air. L’air intérieur est plus sec que l’air extérieur.

Passer de longues périodes dans des environnements à faible humidité peut assécher les muqueuses de votre nez et de votre gorge. Cela peut nuire à leur capacité à empêcher les bactéries et les champignons de pénétrer dans votre corps et vous rendre plus vulnérable au développement d’une infection des tissus profonds des sinus.

Les climatiseurs sont conçus pour filtrer les contaminants atmosphériques, les spores fongiques, les bactéries et les virus pour les empêcher de pénétrer dans l’air que nous respirons à l’intérieur. Mais ce bouclier protecteur peut être compromis si le filtre du système est vieux ou sale, ou si le système n’est pas nettoyé. Ainsi, il est essentiel d’assurer un bon entretien de la climatisation pour prévenir les infections liées à la climatisation.

The Conversation

Primrose Freestone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La climatisation peut-elle vraiment rendre malade ? Une microbiologiste nous explique – https://theconversation.com/la-climatisation-peut-elle-vraiment-rendre-malade-une-microbiologiste-nous-explique-262993

Mégafeux : Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère ?

Source: The Conversation – in French – By Pierre Cilluffo Grimaldi, Maître de conférences, Sorbonne Université

Chaque été arrive désormais avec de nouvelles images de milliers d’hectares qui partent en fumée. Si ces mégafeux, comme on les appelle aujourd’hui, menacent la vie humaine et les écosystèmes, ils bouleversent aussi nos imaginaires sociaux et climatiques.


C’est un terme qui s’est progressivement imposé dans le langage courant et dans nos imaginaires. Celui de « mégafeu ». Il semble décrire une version extrême d’un phénomène déjà spectaculaire dont nous sommes de plus en plus témoins. Il serait apparu pour la première fois en 2013 dans la bouche d’un homme pourtant habitué à côtoyer les flammes : l’Américain Jerry Williams, qui travaille au service gouvernemental des forêts des États-Unis. Selon lui, le mégafeu, ne serait pas seulement un immense incendie, mais surtout un feu au comportement jamais observé auparavant par les spécialistes et par les riverains qui en sont victimes.

Le terme, depuis, n’en finit pas d’embraser les livres et journaux comme en témoigne la spectaculaire courbe de ses occurrences depuis 2014, en anglais, mais aussi en français.

Car ces incendies ne cessent de survenir, du Brésil au Canada, en passant par l’Australie, la Californie ou la Sibérie, et semblent chaque fois battre de nouveaux records. Ainsi, le département de l’Aude vient tout juste de subir des flammes aux ravages sans précédent depuis cinquante ans pour le pourtour méditerranéen français. Ces mégafeux n’ont pas fini non plus de se multiplier. Une étude de Harvard prévoit ainsi le doublement voir le triplement des mégafeux d’ici 2050 aux États-Unis.

Ces mégafeux, dont nous pouvons tous aujourd’hui observer les images ou constater les immenses dégâts provoquent des chocs sans précédent.

Un habitant de Gironde confiait par exemple, un an après les incendies qui ont décimé les forêts de pin de son terrain familial et de tout son département, être perdu sans la forêt familière qui entourait sa maison et redouter, désormais, chaque nouvel été. Les flammes semblent ainsi avoir provoqué ce que l’on appelle un « choc moral ».

Le choc moral est un événement ou une information imprévisible qui génère un sentiment viscéral d’indignation ou de malaise moral chez un individu, au point de l’inciter à agir politiquement, même s’il n’est pas déjà intégré à un réseau militant. Il s’agit d’une réaction émotive et cognitive à une violation perçue du quotidien et sa norme, nécessitant une reconstruction de sa vision du monde.

Sans en être aussi directement touchés, ces mégafeux peuvent tous perturber nos imaginaires, réactiver des mythologies, voici comment.

L’enfer dantesque des mégafeux

Face à la puissance des images de mégafeux ravageant des milliers d’arbres, l’esprit humain peut être tenté de chercher dans le passé et ses mythes des repères pour donner du sens à ces catastrophes.

Or ces gigantesques incendies s’attaquent à un lieu familier de nos imaginaires en Occident, celui de la forêt, qui, rappelle le chercheur américain Robert Harrison,

« représente un monde à part, opaque, qui a permis à cette civilisation de se dépayser, de s’enchanter, de se terrifier, de se mettre en question, en somme de projeter dans les ombres de la forêt ses plus secrètes, ses plus profondes angoisses ».

C’est donc un lieu familier de nos imaginaires, parfois même un éden naturel qui se consume et dont nous sommes de nouveau chassés par les flammes de l’enfer.

Les images d’une forêt ravagée par les flammes provoquent ainsi la rencontre de plusieurs symboles puissants dans nos esprits. Car le feu, lui, détient une valeur on ne peut plus forte dans les mythes et cultures dont nous sommes les descendants. C’est le feu qui symbolise la porte d’entrée de l’enfer avec une valeur apocalyptique, c’est le feu du châtiment qui revient dans les cercles de l’Enfer, de Dante. Il est aussi un « feu barrière » ou une « barrière de feu » entre deux mondes dans nos mythes judéo-chrétiens. Car ce sont encore des flammes qui interdisent à Adam et Ève de retourner au jardin d’Éden, après avoir été chassés du paradis terrestre pour avoir mangé le fruit défendu.

Les pompiers et habitants, plus concrètement, parlent eux plutôt de « front de flamme » qui irradie et détruit la végétation et nous prive d’une forêt qui ne sera bientôt plus que cendres.

Le débordement du feu prométhéen

Mais les mégafeux convoquent aussi un autre mythe qui hante nos imaginaires, celui de la dérive du feu prométhéen.

Prométhée est connu dans la mythologie grecque pour avoir dérobé le feu sacré de l’Olympe afin d’en faire don aux humains. C’est ici un feu utile mythologiquement au développement de la civilisation permettant de développer les industries, de cuisiner mais qui est aussi décrit comme imprévisible et risqué par nature dans les mains humaines.

En effet, une fois volé par l’être humain, il acquiert des caractéristiques contraires au feu naturel des volcans ou du soleil qui animent le monde dans une certaine stabilité naturelle. En le dérobant, l’humain s’arroge un pouvoir de transformation inédit, mais cette capacité porte en elle une forme de contradiction.

Loin de participer aux cycles naturels, le feu fabriqué, maîtrisé ou amplifié par les sociétés industrielles et modernes perturbe profondément les équilibres écologiques. Il devient une force dévastatrice à l’image des mégafeux contemporains qui dérèglent les cycles naturels, menace la stabilité même des environnements et de nos modes de vie. À cet égard, on peut rappeler aussi qu’en France, ces dernières décennies, les feux de forêt ont été neuf fois sur dix, déclenchée par une main humaine, qu’elle soit criminelle ou accidentelle.

Le retour de la figure de Néron au pouvoir ?

On peut aussi noter que, jamais avant aujourd’hui, l’être humain n’a eu autant de force grâce à l’exploitation de l’énergie du feu. C’est celle-ci qui lui a permis de développer la technique qui a façonné, par exemple, le moteur thermique.

Et pourtant, la technique reste limitée pour lutter contre les mégafeux, surtout quand on manque de Canadairs par choix politique et par mépris de l’historicité des alertes… La situation actuelle semble à cet égard préoccupante.

Outre-Atlantique devant les mégafeux amazoniens de 2020, on a aussi vu la figure de Néron mobilisée pour contester les politiques d’inaction environnementale du climatosceptique Jaïr Bolsonaro, alors président du Brésil. L’ONG Greenpeace a même construit une statue de Bolsonaro grimée en cet empereur romain pour alerter sur le sort de la forêt incendiée. Cette figure n’est pas anodine. Elle rappelle une légende tenace selon laquelle la folie de l’empereur romain Néron serait responsable du terrible incendie qui toucha Rome en 64 de notre ère. Si les sources historiques latines ne permettent guère d’établir sa culpabilité, nous sommes cependant sûrs de l’opportunisme politique de Néron désignant à l’époque directement, en bouc émissaire, la minorité chrétienne de Rome comme coupable.

Greenpeace érige une statue de Bolsonaro sur les terres incendiées au Brésil.

La brûlure du « choc moral »

Les images de mégafeux demeurent d’autant plus traumatiques pour les populations qu’elles nous obligent à changer de regard sur une nature jugée maîtrisable, qu’on scrute désormais impuissants, subir des pertes irréversibles pour le paysage, les forêts, le vivant tout entier. Ainsi, les feux ravagent aussi nos imaginaires écologiques. On peut ressentir face à ces paysages détruits par les flammes un choc moral, au sens du sociologue James Jasper soit une réaction viscérale bousculant la perception de l’ordre présent du monde et appelant à l’action.

Néanmoins, cette brûlure du choc moral peut s’éteindre aussi rapidement sans relais d’opinions et actions collectives dès les premières années de « l’après ». On peut alors voir s’installer une nouvelle norme où les mégafeux ne surprennent plus. Car il existe une forme d’amnésie environnementale sur les effets du dérèglement climatique. En 2019, des chercheurs américains ont ainsi analysé 2 milliards de tweets en relation avec le changement climatique. Cette analyse quantitative remarquable par son ampleur a montré qu’en moyenne, nos impressions sur le dérèglement climatique se basaient sur notre expérience récente des deux à huit dernières années.

Bienvenus dans le pyrocène

En France, devant les images de cette nature brûlée dans l’Aude, le concept de « pyrocène » de la philosophe Joëlle Zask prend tout son sens. Il sert à caractériser et à décrire cette nouvelle ère définie par la prédominance et la multiplication des mégafeux. Autrement dit, le pyrocène succéderait à l’anthropocène, marquant une époque où le feu devient un agent central des transformations écologiques et climatiques.

Politiquement, cette ère du feu impose une reconfiguration de notre relation à la nature, car il s’agit d’apprendre à vivre avec ces feux extrêmes et non plus simplement de les combattre directement comme jadis. Cette nouvelle donne appelle ainsi à une « culture du feu » qui intégrerait ces réalités dans nos politiques (habitations et PLU, coupe-feu naturel, gestion des forêts, adaptation des territoires à la crise, agriculture régénératrice…), nos modes de vie (vacances, consommations…). Mais sommes-nous collectivement prêts à cela ?

The Conversation

Pierre Cilluffo Grimaldi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Mégafeux : Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère ? – https://theconversation.com/megafeux-sommes-nous-entres-dans-une-nouvelle-ere-262971

Israël, Yémen, Guatemala, Timor oriental… Six stratégies utilisées par Washington pour se distancier des atrocités commises par ceux qu’ils soutiennent

Source: The Conversation – in French – By Jeff Bachman, Associate Professor, Department of Peace, Human Rights & Cultural Relations, American University School of International Service

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont régulièrement soutenu des dirigeants et des pays qui ont commis des atrocités. Washington déploie six stratégies rhétoriques pour se distancier de ces actes. Illustrations historiques avec les cas du Guatemala, de l’Indonésie au Timor oriental et de la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen.


Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont à plusieurs reprises soutenu des gouvernements qui ont commis des atrocités de masse, définies par le spécialiste du génocide Scott Straus comme étant une « violence à grande échelle et systématique contre des populations civiles ».

Cela inclut le soutien à Israël, qui est resté constant malgré le désaccord récent entre le président Donald Trump et le premier ministre Benyamin Nétanyahou sur la question de savoir si les Palestiniens sont victimes de famine à Gaza.

Nous sommes spécialistes des questions liées aux génocides et autres atrocités de masse, ainsi que des enjeux de sécurité internationale. Dans le cadre de nos recherches pour un prochain article à paraître dans le Journal of Genocide Research, nous avons étudié des déclarations officielles, des documents déclassifiés et des articles de presse portant sur quatre cas où les États-Unis ont soutenu des gouvernements alors qu’ils commettaient des atrocités : l’Indonésie au Timor oriental (1975-1999), le Guatemala (1981-1983), la coalition dirigée par l’Arabie saoudite – dite « Coalition » – au Yémen depuis 2015 et Israël à Gaza depuis octobre 2023.

Nous avons identifié six stratégies rhétoriques, autrement dit six façons de formuler un discours, utilisées par des responsables américains pour distancier publiquement les États-Unis des atrocités commises par ceux qui bénéficient de leur soutien.

Cette analyse est essentielle : lorsque les Américains, et plus largement l’opinion internationale, prennent ces discours pour argent comptant, les États-Unis peuvent continuer à agir en toute impunité, malgré leur rôle dans la violence mondiale.

Feindre l’ignorance face aux crimes

Lorsque des responsables américains nient toute connaissance des atrocités perpétrées par des parties bénéficiant du soutien des États-Unis, nous appelons cela une ignorance feinte (premier stratagème).

Par exemple, après que la Coalition a bombardé un bus scolaire au Yémen, tuant des dizaines d’enfants, la sénatrice américaine Elizabeth Warren a demandé au général Joseph Votel si le Commandement central des États-Unis suivait l’objectif des missions qu’il ravitaillait en carburant.

Sa réponse : « Sénatrice, nous ne le faisons pas. »

Cette ignorance proclamée contraste fortement avec les crimes de guerre de la Coalition, bien documentés depuis 2015. Comme l’a exprimé Scott Paul, expert du Yémen, dans ces termes : « Plus personne ne peut feindre la surprise lorsque de nombreux civils sont tués. »

Brouiller les faits pour masquer la vérité

Lorsque les preuves d’atrocités ne peuvent plus être ignorées, les responsables américains ont recours à la confusion pour brouiller les faits (deuxième stratagème).

Lorsque les forces indonésiennes ont perpétré des massacres en 1983, tuant des centaines de civils, l’ambassade des États-Unis à Jakarta a envoyé un télégramme au secrétaire d’État ainsi qu’à plusieurs ambassades, consulats et missions américaines remettant en question les rapports, car ils « n’avaient pas été confirmés par d’autres sources ».

De même, lors du génocide maya au Guatemala, à la suite du coup d’État réussi d’Efraín Ríos Montt, des responsables américains ont déformé les informations faisant état des violences perpétrées par le gouvernement, en rejetant la responsabilité sur les guérilleros.

« Je sais que le président Ríos Montt est un homme d’une grande intégrité personnelle et d’un engagement profond », a déclaré le président Ronald Reagan après sa rencontre avec le président guatémaltèque en 1982.

Dans son rapport de 1982 sur les droits humains au Guatemala, par exemple, le département d’État affirmait :

« Lorsqu’il a été possible d’attribuer la responsabilité des [meurtres au Guatemala], il semble plus probable que, dans la majorité des cas, ce sont les insurgés […] qui sont coupables. »

Pourtant, les services de renseignement américains affirmaient le contraire.

Des rapports sur les atrocités et abus commis par l’État au Guatemala figurent dans des documents de renseignement américains datant des années 1960. Un câble de la CIA de 1992 mentionnait explicitement que « plusieurs villages ont été rasés » et que « l’armée ne devait pas faire de quartier, aux combattants comme aux non-combattants ».

Nier l’implication directe malgré les preuves

Alors que continuent de s’accumuler les preuves des atrocités, ainsi que celles permettant d’identifier les responsables, les responsables américains ont souvent recours à la négation (troisième stratagème).

Ils ne nient pas que l’aide américaine est fournie, mais soutiennent qu’elle n’a pas été directement utilisée pour commettre des atrocités.

Par exemple, lors des atrocités commises par l’Indonésie au Timor oriental, les États-Unis ont activement formé des membres du corps des officiers indonésiens. Lorsque les forces de sécurité indonésiennes ont massacré jusqu’à 100 personnes dans un cimetière de Dili en 1991, la réaction de l’administration Bush s’est limitée à déclarer qu’« aucun des officiers militaires indonésiens présents à Santa Cruz n’avait reçu de formation américaine ».

Détourner l’attention, faire diversion

Lorsque l’attention publique sur le soutien américain atteint un niveau qui ne peut plus être facilement ignoré, les responsables américains peuvent recourir à la diversion (quatrième stratagème).

Il s’agit d’ajustements politiques très médiatisés, qui impliquent rarement des changements significatifs. Ils incluent souvent une forme de leurre. En effet, l’objectif de la diversion n’est pas de changer le comportement du bénéficiaire de l’aide américaine, mais simplement une tactique politique utilisée pour apaiser les critiques.

En 1996, lorsque l’administration Clinton a cédé à la pression des militants en suspendant les ventes d’armes légères à l’Indonésie, elle a tout de même vendu à l’Indonésie pour 470 millions de dollars d’armements sophistiqués, dont neuf avions de combat F-16.

Plus récemment, en réponse aux critiques du Congrès et de l’opinion publique, l’administration Biden a suspendu la livraison de bombes de 2 000 et 500 livres à Israël en mai 2024 – mais seulement pour une courte période. Toutes ses autres importantes livraisons d’armes sont restées inchangées.

Comme l’illustre le soutien des États-Unis à Israël, le détournement inclut également des enquêtes américaines superficielles qui signalent une certaine préoccupation face aux abus, sans aucune conséquence, ainsi que le soutien à des auto-enquêtes, dont les résultats disculpatoires sont prévisibles.

Faire l’éloge des dirigeants pour justifier la violence

Lorsque les atrocités commises par les bénéficiaires de l’aide américaine sont très visibles, les responsables américains utilisent également la glorification (cinquième stratagème) pour faire l’éloge des premiers et pour les présenter comme dignes d’être aidés.

En 1982, le président Ronald Reagan a fait l’éloge du président Suharto, le dictateur responsable de la mort de plus de 700 000 personnes en Indonésie et au Timor oriental entre 1965 et 1999, pour son leadership « responsable ». Par ailleurs, des responsables de l’administration Clinton le qualifiaient de « notre genre de gars ».

De même, le dirigeant guatémaltèque Ríos Montt a été présenté par Reagan au début des années 1980 comme

« un homme d’une grande intégrité personnelle et d’un grand engagement », contraint de faire face à « un défi brutal lancé par des guérilleros armés et soutenus par des forces extérieures au Guatemala ».

Ces dirigeants sont ainsi dépeints comme exerçant la force soit pour une cause juste, soit uniquement parce qu’ils font face à une menace existentielle. Ce fut le cas pour Israël, l’administration Biden déclarant qu’Israël était

« en proie à une bataille existentielle ».

Cette glorification élève non seulement les dirigeants sur un piédestal moral, mais justifie également la violence qu’ils commettent.

Parler de diplomatie discrète

Enfin, les responsables américains affirment souvent mener une forme de diplomatie discrète (sixième stratagème), agissant en coulisses pour contrôler les bénéficiaires de l’aide des États-Unis.

Il est important de noter que, selon ces responsables, pour que cette diplomatie discrète soit efficace, le soutien américain reste nécessaire. Ainsi, le maintien de l’aide à ceux qui commettent des atrocités se trouve légitimé précisément parce que c’est cette relation qui permet aux États-Unis d’influencer leur comportement.

Au Timor oriental, le Pentagone a fait valoir que la formation renforçait le « respect des droits humains par les troupes indonésiennes ». Lorsqu’une unité militaire indonésienne formée par les États-Unis a massacré environ 1 200 personnes en 1998, le département de la Défense a déclaré que « même si des soldats formés par les Américains avaient commis certains des meurtres », les États-Unis devaient continuer la formation afin de « maintenir leur influence sur la suite des événements ».

Les responsables américains ont également laissé entendre en 2020 que les Yéménites attaqués par la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite bénéficiaient du soutien militaire américain à cette Coalition, car ce soutien conférait aux États-Unis une influence sur l’utilisation de ces armes.

Dans le cas de Gaza, les responsables américains ont, à plusieurs reprises, invoqué la diplomatie discrète pour promouvoir la retenue, tout en cherchant à bloquer d’autres systèmes de responsabilisation.

Par exemple, les États-Unis ont utilisé leur veto à six résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur Gaza depuis octobre 2023 et ont imposé des sanctions à cinq juges et procureurs de la Cour pénale internationale en raison de mandats d’arrêt émis contre Nétanyahou et l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

Minimiser la responsabilité

Les responsables américains utilisent depuis longtemps diverses stratégies rhétoriques pour prendre leurs distances par rapport aux atrocités commises par d’autres avec le soutien des États-Unis et pour minimiser leur contribution à ces actes.

Dans ce contexte, la reconnaissance par Trump d’une « vraie famine » à Gaza peut être considérée comme une diversion visant à détourner l’attention du soutien inchangé des États-Unis à Israël, alors que les conditions de famine à Gaza s’aggravent et que des Palestiniens sont tués en attendant de recevoir de la nourriture.

De l’ignorance feinte à la minimisation de la violence en passant par la louange de ses auteurs, les gouvernements et présidents américains ont, depuis longtemps, recours à une rhétorique trompeuse pour légitimer la violence des dirigeants et des pays qu’ils soutiennent.

Mais deux éléments sont nécessaires pour que ce discours continue de fonctionner : l’un est le langage employé par le gouvernement américain, l’autre est la crédulité et l’apathie du public.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Israël, Yémen, Guatemala, Timor oriental… Six stratégies utilisées par Washington pour se distancier des atrocités commises par ceux qu’ils soutiennent – https://theconversation.com/israel-yemen-guatemala-timor-oriental-six-strategies-utilisees-par-washington-pour-se-distancier-des-atrocites-commises-par-ceux-quils-soutiennent-262970

La série « Rome » : vraisemblance ou vérité historique ?

Source: The Conversation – in French – By Anne-Lise Pestel, Docteure en histoire romaine et professeure agrégée en histoire, Université de Rouen Normandie

Saison 1 de la série _Rome_, diffusée en 2005 aux États-Unis par HBO. Allociné/HBO

Diffusée de 2005 à 2007, la série « Rome » raconte l’histoire de deux soldats romains de la fin de la République romaine jusqu’au règne d’Auguste. Initialement prévue en 5 saisons, elle s’arrêtera au bout de la seconde, faute de moyens suffisants. Faire revivre la Rome antique, raconter la fin de la République et retracer la trajectoire des protagonistes de cette période charnière n’a pas été une mince affaire. Pourtant, malgré quelques anachronismes et facilités scénaristiques, la série se démarque par son réalisme.


Vingt ans après sa sortie, la série Rome (HBO/BBC, 2005-2007), créée par J. Milius, W. J. MacDonald et B. Heller, alimente encore les discussions des spécialistes qui ont largement exprimé leur intérêt et leur enthousiasme ou leurs critiques.

Au plaisir de voir porter à l’écran cette période riche se mêlent l’amusement devant certains anachronismes discrets et, parfois, l’agacement franc face à des choix qui entretiennent dans l’imaginaire du spectateur des conceptions fausses. Si la scène d’affranchissement d’une esclave (S.1 ép. 11) prête à sourire, tant le citoyen qui enregistre l’acte par un coup de tampon ressemble au fonctionnaire d’une administration contemporaine, l’historien ne peut que déplorer l’accoutrement de Vercingétorix, tout droit tiré d’un tableau du XIXe siècle et qui réactive des clichés sur les Gaulois depuis longtemps démentis (S. 1 ép. 1 et 10).

Prévue en 5 saisons, la série, en dépit de son succès, a été arrêtée au bout des deux premières. Les décors réalisés avec hyperréalisme dans les studios de Cinecittà, le nombre des personnages – 350 rôles parlants –, et les difficultés auxquelles a dû faire face la production ont fait exploser les coûts et conduit à son arrêt prématuré. Malgré une accélération du récit dans les derniers épisodes, l’arc narratif conserve sa cohérence et retrace la période qui sépare la victoire de Jules César à Alésia en 52 av. J.-C. du triomphe en 29 av. J.-C. d’Octavien au terme des guerres civiles.

Bande-annonce de la saison 1.

Dépeindre Rome pendant les guerres civiles

La réussite du projet tient au choix de retracer ces événements en suivant le destin de deux simples citoyens, Titus Pullo et Lucius Vorenus, pris dans la tourmente des guerres civiles. Ces centurions, mentionnés par César dans la Guerre des Gaules, ont existé, mais en dehors de cette brève évocation, on ignore tout de leur vie, ce qui fournissait aux créateurs de la série un canevas vierge.

Leurs trajectoires croisent à Rome, en Gaule et en Égypte celles de César, Antoine, Octave et Cléopâtre, tissant des liens constants entre la grande histoire et leur parcours. L’ambition affichée n’était pas de livrer un récit épique centré sur quelques grandes figures, mais de restituer avec vraisemblance une époque. La trame historique est dans l’ensemble juste, mais les créateurs se sont autorisé certaines libertés pour des raisons scénaristiques.

C’est la ville de Rome qui est le sujet de la série et le générique donne le ton : la caméra déambule au milieu d’anonymes à travers ses rues aux murs couverts de graffitis qui s’animent sur son passage. Les décors impressionnent par la qualité des restitutions. Le spectateur suit les protagonistes dans les domus aristocratiques, au Forum, mais aussi dans les quartiers populaires, découvrant un univers coloré et bruyant. Les ruelles y séparent des insulae, ces immeubles dont le rez-de-chaussée est occupé par des tavernes et des échoppes, la boucherie de Niobe et Lyde, par exemple.

Certains personnages mettent en lumière le caractère cosmopolite de Rome, qui compte alors près d’un million d’habitants et attire des gens de contrées lointaines. Le personnage de Timon appartient ainsi à la diaspora juive de la ville, tandis que Vorenus rencontre des marchands hindous installés à Rome pour leurs affaires.

Ces rues sont aussi le théâtre où éclate une violence exposée crûment, ce qui a provoqué la censure de certains passages en Italie et au Royaume-Uni. Il n’en reste pas moins que la brutalisation de la société romaine au Ier siècle av. J.-C. est bien dépeinte. Les rixes entre bandes, les règlements de compte sur fond de tensions politiques, les émeutes, spontanées ou instrumentalisées, les assassinats commandités correspondent à la réalité historique. En l’absence de force de police, instaurée à Rome sous Auguste, les individus sont responsables de leur sécurité : Atia engage comme gardes du corps Timon et ses hommes, Vorenus envoie ses enfants à la campagne pour les éloigner du danger.

Vorenus et Pullo participent à ces violences. Présentés comme des soldats de métier qui ne savent que se battre, ils rappellent la figure contemporaine du vétéran américain qui peine à revenir à la vie civile. En réalité, à la fin de la République, l’armée romaine était une armée de conscription. Ses soldats étaient des citoyens propriétaires qui avaient, par ailleurs, une activité professionnelle. Malgré tout, le récit rend de manière intéressante les relations de loyauté nouées sous les armes.

Saison 1 – Légion romaine républicaine (Marche cérémonielle).
Allociné/HBO

L’enjeu de la distribution des terres aux vétérans de César apparaît à plusieurs reprises, tandis que les liens clientélaires entre les imperatores et leurs hommes sont illustrés par le parcours de Vorenus, élu magistrat et nommé sénateur grâce à la protection de César, avant de connaître la déchéance. Pullo, pour sa part, devient l’homme de main d’un criminel. Leurs trajectoires opposées permettent d’esquisser un tableau dynamique de la société romaine dans laquelle les mobilités sociales étaient possibles.

Les statuts juridiques et les rapports sociaux dans la Rome républicaine

La série rend avec finesse les hiérarchies sociales et juridiques, par les accents, les parures et les vêtements. L’esclavage fait l’objet d’un traitement intéressant. Omniprésents – y compris comme témoins des ébats sexuels de leurs maîtres, pour exprimer leur insignifiance tout en alimentant le voyeurisme du spectateur –, les esclaves ne sont pas réduits à une figuration muette. Ils ont leur propre arc narratif et sont nombreux à l’écran, identifiables par un collier indiquant le nom de leur maître. Ce type d’objet apparaît en réalité bien plus tard et était sans doute réservé aux fugitifs.

Tout en montrant les mauvais traitements dont ils sont les victimes (S.2 ép. 4), la série rend aussi compte de la diversité du monde servile et de ses hiérarchies internes. Dans les domus, les intendants exercent leur pouvoir sur les autres esclaves. La relation entre Posca et César illustre avec justesse le lien qui unissait à son maître un esclave lettré : indispensable à César et présent en toute circonstance, il a une certaine liberté de mouvement et de parole, mais n’en reste pas moins esclave et seule sa loyauté peut lui faire espérer l’affranchissement.

La place des femmes dans la société et la vie politique romaines

Les protagonistes des luttes de pouvoir sont fidèles à l’image qu’en donnent les sources, ce qui ne signifie aucunement que cette image soit conforme à la vérité. Le personnage d’Antoine en est un exemple : il est un homme à femmes, ivrogne et dépensier, suivant le portrait à charge qu’en dresse Cicéron dans ses Philippiques.

On peut déplorer le manque d’épaisseur des personnages féminins qui renvoie à deux images construites en miroir, celle idéalisée de la matrone, vertueuse, pudique, pleine de retenue, et celle de la dépravée, esclave de ses désirs ou usant de ses charmes pour arriver à ses fins. Cornelia et Calpurnia, les épouses de Pompée et de César, appartiennent au premier type, tandis que le personnage d’Atia, la mère d’Octave, est inspiré de Clodia, une veuve qui, selon Cicéron dans le Pro Caelio, entretenait grâce à sa fortune de jeunes amants.

Saison 1 – Polly Walker dans le rôle d’Atia.
Allociné, HBO

En suivant sans recul critique cette dichotomie tirée des sources antiques, la série manque une occasion de faire de ces femmes des actrices historiques à part entière. Leurs motivations sont trop souvent réduites à des affaires sentimentales. Certes, les dialogues entre Servilia et Brutus expriment les valeurs des patriciens et les ambitions politiques de cette aristocrate, mais la série la dépeint comme essentiellement mue par sa soif de vengeance envers César qui l’a éconduite.

Exprimer l’altérité de la religion romaine : un pari réussi ?

La volonté de dresser un tableau réaliste de la vie des Romains apparaît également dans la mise en scène de leurs pratiques religieuses. Les personnages s’adressent à des dieux du panthéon bien connus du spectateur, mais aussi à d’autres, plus obscurs, nommés dans de rares sources – Forculus, Rusina et Orbona, par exemple –, illustrant ainsi le foisonnement du polythéisme romain.

Nombreux sont les plans montrant des autels couverts de chandelles allumées. Si l’usage rituel des bougies est attesté ponctuellement dans le monde romain, cette représentation évoque immanquablement et de manière erronée chez le spectateur les cierges des églises chrétiennes. Les gestes rituels montrés à l’écran ont été, dans leur immense majorité, inventés. On peut néanmoins apprécier l’effort fait pour rendre le ritualisme des Romains et l’encadrement rituel de la vie quotidienne. Quelques-uns de ces rites reflètent une réalité bien attestée. Le vœu adressé à Forculus par Pullo (S.1 ép. 1), emprisonné dans le camp de César, est une pratique très courante de la religion romaine qui exprime la relation contractuelle unissant les Romains à leurs dieux.

La tablette de défixion gravée par Servilia pour maudire les Iulii (S.1 ép. 5) est inspirée des centaines de lamelles de plomb qui ont été découvertes par les archéologues. On peut en revanche regretter le traitement du sacrifice, central dans la religion romaine, qui est illustré de manière aberrante par l’écrasement d’un insecte entre les mains de Pullo (S.1 ép. 11), ou au contraire de façon grandiloquente et fausse par le taurobole célébré par Atia en l’honneur de Cybèle (S.1 ép. 1).

Malgré la volonté d’exprimer l’altérité de cette religion, certains comportements reflètent des notions peu romaines. Le pardon demandé par Pullo à Rusina pour le meurtre d’un esclave aimé d’Eirene renvoie à la conception chrétienne de l’absolution des péchés qui n’a rien à voir avec les expiations romaines. Si l’intrication de la vie politique et de la religion apparaît bien, la série tend à entretenir l’idée fausse d’une séparation du clergé et des magistrats qui ne sont jamais présentés en officiants du culte alors qu’ils célébraient la plupart des rites publics.

Comme pour le reste, la série réussit finalement à rendre certains aspects de la religion romaine sans pour autant s’affranchir de conceptions modernes. Cet écart, créé par la recherche de la vraisemblance plutôt que de la vérité, cette appropriation par le monde contemporain de réalités antiques en fonction de préoccupations actuelles, constituent en eux-mêmes un sujet d’étude fécond.

The Conversation

Anne-Lise Pestel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La série « Rome » : vraisemblance ou vérité historique ? – https://theconversation.com/la-serie-rome-vraisemblance-ou-verite-historique-262018

Par-delà la musique, les festivals comme scène démocratique : le cas Europavox

Source: The Conversation – in French – By Cédrine Zumbo-Lebrument, Enseignante-chercheuse en marketing, Clermont School of Business

Les festivals : des scènes culturelles, sociales… et politiques ? Mathurin Napoly Matnapo/Unsplash

Le festival Europavox de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, a rassemblé près de 40 000 spectateurs en juin 2025, d’après les organisateurs. Entre concerts, stands institutionnels et prises de position engagées de certains artistes, il soulève une tension : et si ces événements festifs éphémères touchaient plus de citoyens que les dispositifs participatifs classiques ?


Chaque début d’été, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) se transforme en scène à ciel ouvert. Le festival attire un public large et intergénérationnel: adolescents, familles, groupes d’amis. Pendant trois jours, la ville vibre dans une atmosphère de curiosité et de fête.

L’édition 2025 illustre bien la diversité des registres proposés. Sur la grande scène, M (Matthieu Chedid) et son projet Lamomali ont fait dialoguer la chanson française et les traditions maliennes. Vendredi sur Mer a délivré une pop électro fédératrice, tandis que la jeune artiste Théa a revendiqué son identité queer sous les applaudissements de centaines de jeunes. Le chanteur satirique Philippe Katerine, quant à lui, a ironisé sur Marine Le Pen au détour d’une chanson provocatrice.

Quelques mètres plus loin, Zaho de Sagazan s’est drapée, en fin de concert, d’un drapeau arc-en-ciel LGBT et d’un drapeau palestinien sous les acclamations du public. La programmation a donné à voir une société où divertissement, engagement et contestation coexistent. Autour de la musique, un espace d’expression singulier s’est ouvert, mêlant le plaisir du spectacle et l’affirmation de messages politiques ou sociaux.

Pourquoi les institutions investissent ces espaces ?

Ce contexte populaire et convivial attire les acteurs publics. Dans l’enceinte du festival, on croisait ainsi des stands de la Ville de Clermont-Ferrand, du Département du Puy-de-Dôme, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Métropole, ou encore du service de vélos en libre-service C.Vélo. Quiz, jeux, simulateur de conduite, distribution de goodies : tout est conçu pour capter l’attention, valoriser l’action publique et donner une image plus accessible des institutions.

L’enjeu est loin d’être anecdotique. Les collectivités locales cherchent à renouer avec des citoyens gagnés par la défiance envers le politique. Une enquête Ipsos a récemment révélé que 78 % des Français estiment que le système politique fonctionne mal. Beaucoup ne participent plus aux consultations officielles, désertent les réunions de quartier et jugent les plates-formes numériques de concertation trop complexes ou peu efficaces.

En réalité, si l’idée de participation citoyenne reste plébiscitée dans les sondages, la mobilisation concrète demeure très faible : selon plusieurs études, seule une minorité de citoyens a déjà pris part à un débat public local, et une écrasante majorité a le sentiment que sa voix n’est pas prise en compte dans le débat public. Des experts observent d’ailleurs que la prolifération de ces dispositifs participatifs n’a pas résolu la crise de confiance, et va même de pair avec une recentralisation du pouvoir. Autrement dit, ces consultations, souvent conçues et pilotées d’en haut, peinent à jouer un rôle de contre-pouvoir puisque le « pouvoir exécutif en définit le cadre et la commande ».

Dans ce climat, les festivals apparaissent comme un moyen de recréer du lien. Ils offrent un contact informel, sans solennité, qui tranche avec les cadres participatifs traditionnels. Le fait d’aller vers le public sur un terrain festif permet de toucher des personnes habituellement éloignées de la vie civique, même à travers un échange bref ou un simple flyer.

Une participation qui interroge

Cette démarche d’« aller vers » pose néanmoins une question : peut-on vraiment parler de participation citoyenne ?

Le politologue Loïc Blondiaux a montré que la démocratie participative est souvent instrumentalisée par les élus comme un outil de communication et de légitimation bien plus qu’un véritable partage du pouvoir. Dès 1969, la sociologue Sherry R. Arnstein décrivait une « échelle de la participation » à huit niveaux, où les dispositifs les plus courants occupent les échelons inférieurs ; information unilatérale et consultation symbolique sans influence réelle sur la décision.

La « fausse démocratie participative » est pointée par le militant écologiste Cyril Dion lui-même : « Il n’y a rien de pire que la fausse démocratie participative ». Les festivals prolongent-ils cette logique, ou apportent-ils au contraire une alternative ?

D’un côté, on peut y voir une vitrine de plus : un espace de communication institutionnelle déguisé en moment convivial, où la participation du public reste superficielle. De l’autre, leur attractivité est telle qu’ils réussissent à toucher des publics habituellement éloignés des processus civiques. Là où une réunion de concertation classique n’attire souvent qu’une poignée de participants déjà convaincus, un festival réunit des milliers de citoyens de tous âges et horizons, sans effort particulier de leur part. Même si l’échange sur place est bref, le contact existe bel et bien ; ce qui est loin d’être garanti dans les démarches participatives formelles.

Il se joue une éducation démocratique

C’est précisément cette liberté qui permet une forme d’éducation démocratique implicite. La plupart des festivaliers viennent avant tout pour la musique et le plaisir, entre amis ou en famille. Beaucoup ne font qu’un passage éclair devant les stands institutionnels, repartant éventuellement avec un tote bag ou un badge souvenir, sans forcément l’intention de s’impliquer davantage par la suite.

Pourtant, ce premier contact, même superficiel, peut s’avérer plus efficace qu’un long questionnaire en ligne. L’effet d’exposition, le souvenir positif d’un échange informel et le sentiment d’accessibilité de la collectivité contribuent à renforcer une perception plus favorable des institutions locales.

Les stands du festival Europavox.

Autrement dit, la « démocratie festive », même limitée, ouvre un espace de dialogue que les dispositifs officiels peinent à créer. Le politologue britannique Gerard Delanty parle à ce titre des festivals comme de véritables « sphères publiques culturelles » : des lieux où une pluralité de voix s’exprime et où le politique se mêle à l’émotion collective. Contrairement à la sphère publique classique définie par le philosophe Jurgen Habermas, fondée sur la raison argumentative et la recherche d’un consensus rationnel, ces espaces festifs introduisent une dimension affective dans le débat public. L’émotion collective partagée lors d’un concert ou d’un happening militant vient colorer le politique d’émotions, plus accessibles que le débat rationnel.

Contre-pouvoir, récupération ou coexistence ?

Cette pluralité d’expressions est-elle le signe d’une vitalité démocratique inédite, ou au contraire d’une neutralisation des tensions contestataires ? Jürgen Habermas définissait l’espace public comme un lieu de délibération rationnelle entre citoyens, structuré par des arguments critiques orientés vers l’intérêt commun. Les festivals comme Europavox s’en écartent radicalement : ils mettent en scène une coexistence de récits où la contestation politique (les slogans de Théa, l’ironie de Katerine, le geste de Zaho de Sagazan) se déploie au même titre que l’émotion, le divertissement ou la communication institutionnelle. Leur cohabitation avec les logiques de promotion publique peut sembler paradoxale.

Faut-il y voir un affaiblissement du débat démocratique, noyé dans le spectacle, ou au contraire une réinvention plus diffuse et inclusive de la citoyenneté contemporaine ?

D’une certaine manière, la convivialité générale désamorce les clivages habituels : tout le monde partage le même lieu, la même programmation, les mêmes expériences. Chacun peut y trouver ce qu’il vient chercher : un concert festif, un message engagé, une information sur les services publics. Cette coexistence des récits est peut-être la forme actuelle de notre démocratie : un pluralisme d’expressions tolérées côte à côte, mais sans véritable synthèse collective.

Plus qu’un festival

L’exemple d’Europavox montre qu’un festival peut (sans prétendre à de la concertation formelle) créer des conditions favorables à l’attention du public et au dialogue informel. À mi-chemin entre vitrine institutionnelle et engagement réel, il incarne un paradoxe de notre époque : en rendant l’action publique plus proche et sympathique, il parvient peut-être à toucher plus largement qu’un dispositif participatif pourtant conçu pour impliquer les citoyens.

Faut-il s’en réjouir ? Ou y voir la marque d’une démocratie épuisée, qui préfère la convivialité à la transformation profonde ? Sans doute un peu des deux. Une chose est certaine : ces espaces hybrides méritent d’être pris au sérieux, car ils en disent long sur nos manières contemporaines de « faire société » et d’associer les individus à la vie publique.

The Conversation

Cédrine Zumbo-Lebrument ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Par-delà la musique, les festivals comme scène démocratique : le cas Europavox – https://theconversation.com/par-dela-la-musique-les-festivals-comme-scene-democratique-le-cas-europavox-262350

Le démantèlement des entreprises : vers une « nouvelle » sanction dissuasive

Source: The Conversation – France (in French) – By Djamdji Chloé, Doctorante en droit privé spécialisée en droit de la concurrence et droit du numérique, Université Côte d’Azur

Le numérique était censé tout « disrupter ». Mais il pourrait remettre en selle une pratique qu’on croyait disparue : le démantèlement de groupes pour rétablir une concurrence réelle et non faussée. Il faut suivre de près ce que décidera la Federal Trade Commission états-unienne dans l’affaire qui concerne le groupe Meta.


Le 15 avril 2025 s’est ouvert aux États-Unis, le procès Meta (FTC v. Meta Platforms, Inc.). Cette affaire fait suite à l’action en justice intentée par la Federal Trade Commission (FTC) à l’encontre de Meta. L’autorité reproche à l’entreprise d’avoir procédé aux acquisitions d’Instagram (2012) et de WhatsApp (2014), pour renforcer sa position dominante sur les réseaux sociaux, notamment en imposant des conditions inégales à l’égard des développeurs de logiciel. Ces comportements auraient, selon la FTC, pour conséquence, une expérience fortement dégradée pour les utilisateurs avec plus de publicités subies et une confidentialité réduite.

Depuis quelques années, la pratique des acquisitions prédatrices ou killers acquisitions– visant à éliminer une menace concurrentielle avant qu’elle n’émerge – est devenue une pratique courante, notamment pour les entreprises spécialisées dans le numérique comme en témoignerait ici le rachat par Meta d’Instagram et de WhatsApp au cœur de ce procès.

La pile de technologie publicitaire

Selon la FTC, l’objectif de ces rachats semble être dès le départ de chercher à éliminer toute concurrence sur le marché des réseaux sociaux. Cette pratique s’apparente à la stratégie dite de « pile de technologie publicitaire ». Cette dernière vise à renforcer la position dominante d’une entreprise sur plusieurs produits technologiques de publicité numérique par une série d’acquisitions prédatrices. Pour ces raisons, l’autorité a demandé une injonction visant à prévenir la réitération de ces types de pratiques ainsi que la cession d’Instagram et de WhatsApp.

En matière de contrôle des concentrations, les entreprises parties aux dites opérations acceptent souvent de procéder à une telle cession – totale ou partielle – d’actifs. Cette dernière opération consiste le plus souvent à vendre à des tiers des points de vente, des établissements, une division, une gamme de produits voire l’intégralité d’une filiale.




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Dans le cadre des procédures de contrôle des concentrations par les autorités de la concurrence (FTC ou encore Commission européenne), la cession d’actifs permet à l’entreprise menant l’opération de concentration via une acquisition ou une fusion de proposer et ou de négocier des ventes d’actifs avec les autorités afin que son opération soit validée. La cession est donc dans ce cadre un instrument de nature structurel utilisé ici dans le cadre d’un contrôle a priori des opérations de concentrations garant de l’ordre public économique.

De la cession d’actifs à la scission de l’entreprise

Ce type de cession d’actifs doit néanmoins être distingué du démantèlement qui est susceptible aussi d’être utilisé par lesdites autorités. Le démantèlement correspond en la scission d’une entreprise en de multiples sociétés indépendantes mais il s’agit ici d’une sanction a posteriori.

Les cas historiques les plus emblématiques étant le démantèlement de la Standard Oil (en 1911) en 34 sociétés et d’ATT (1982) qui donna naissance à sept opérateurs téléphoniques régionaux aux USA, les célèbres « babys bells ». Ces deux affaires peuvent être considérées comme des cas d’école qui viennent interroger la pertinence du démantèlement en tant que solution adaptée à la protection de la concurrence.

Peut-on considérer le démantèlement comme une solution efficace ? La réponse semble a priori négative dans la mesure où le démantèlement dans ces affaires emblématiques s’est finalement avéré avec le temps peu opérant face aux stratégies de restructuration des entreprises. Ainsi, par exemple, le démantèlement de la Standard Oil s’est traduit au fil du temps par une recombinaison partielle des 34 sociétés se traduisant in fine par une des plus grandes fusions de l’histoire entre supermajors sur le marché pétrolier en 1999 entre EXXON (ex Standard Oil of California) et Mobil (ex Standard Oil of NY).

Une sanction à l’efficacité provisoire

Le démantèlement a certes permis de relancer temporairement la concurrence dans ce secteur, mais l’efficacité de la sanction disparaît plus ou moins rapidement au regard des stratégies de fusions-acquisitions que mettent en place les entreprises. Le démantèlement ne fut d’ailleurs guère utilisé en dehors de ces deux cas d’école. Il n’a jamais été utilisé en droit européen ni en droit français de la concurrence pour sanctionner des positions dominantes absolues ou quasi absolues comme celle de la Standard Oil en son temps. Les débats sur son éventuelle utilisation avaient quasiment disparu jusqu’à l’avènement de l’économie numérique.

L’économie numérique marquée par la vitesse des évolutions techniques et technologiques a pu laisser croire dans un premier temps que les monopoles ou les quasi-monopoles n’étaient qu’une histoire relevant de la vieille économie. Néanmoins, l’apparition et le développement des géants du numérique (GAFAM) combiné à une puissance financière et technologique sans égale et des stratégies d’acquisitions prédatrices des concurrents a permis à ces grands groupes de capter et de contrôler le développement des innovations disruptives. Les concurrents innovants au stade de start-up sont acquis avant même de pouvoir remettre en cause les positions dominantes des GAFAM.

Un renouveau pour le démantèlement

L’intérêt théorique et pratique pour le démantèlement connaît un renouveau en droit et en économie de la concurrence, la cession pouvant être considérée comme une menace crédible : en quelque sorte l’arme nucléaire du droit antitrust destinée à n’être utilisée qu’en dernier recours. Cette nouvelle forme de stratégie de la terreur suppose que la menace devrait suffire en principe à obtenir des entreprises concernées des engagements comportementaux et structurels devant remédier aux préoccupations de concurrence identifiées par les autorités de concurrence.

Arte 2025.

Le procès Meta incarne probablement cette volonté de gagner en crédibilité au même titre que l’article 18 du Digital Market Act (DMA) européen de 2022 prévoyant cette possibilité. Aux États-Unis, en l’absence de texte équivalent au DMA, le procès devant le tribunal de Washington constitue pour la FTC en invoquant le droit antitrust classique, le monopolisation ou l’abus de position dominante, de demander la vente partielle d’Instagram et de WhatsApp.

L’objectif est de rendre à ces filiales leur autonomie afin qu’elles puissent à nouveau concurrencer Meta sur le marché des réseaux sociaux. Ainsi, si finalement le tribunal suit le raisonnement de la FTC et que la cession se traduit par un démantèlement de Meta, cette mesure structurelle devient alors une menace crédible pour l’ensemble des GAFAM. Leur situation de position dominante serait alors menacée et les autorités et les tribunaux de la concurrence rétabliront la concurrence là où elle était absente ou quasi absente. Reste à savoir si l’histoire se répétera comme pour le pétrole ou les télécoms et si, à terme, les groupes finiront par se reconstituer…

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Le démantèlement des entreprises : vers une « nouvelle » sanction dissuasive – https://theconversation.com/le-demantelement-des-entreprises-vers-une-nouvelle-sanction-dissuasive-260431

Avant de cartographier le ciel avec la plus grande caméra au monde : que révèlent vraiment les « premières » images du télescope Vera-C.-Rubin ?

Source: The Conversation – France in French (2) – By Pierre-Alain Duc, Directeur de recherche au CNRS, directeur de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, Université de Strasbourg

Zoom dans l’amas de la Vierge. Cette image fait partie des « premières » images prises par le télescope Vera-C.-Rubin. NSF–DOE Vera-C.-Rubin Observatory, CC BY

L’observatoire Vera-C.-Rubin vient de débuter un grand sondage du ciel, le Legacy Survey of Space and Time (LSST) et a livré en juin 2025 de « premières » images au grand public : une grandiose visualisation d’une partie de l’amas de galaxies de la Vierge.

Mais de telles « premières » images ont une importance qu’il convient de relativiser, ou tout au moins recontextualiser car leur intérêt n’est pas forcément celui que l’on croit ou voit immédiatement.

Les images de Vera-C. Rubin se distinguent par la taille de leur champ exceptionnellement grande et la rapidité du nouvel observatoire, qui lui permet de cartographier des lumières même ténues sur une grande partie du ciel plusieurs fois par mois.


La « première lumière » d’un nouvel observatoire est un évènement symbolique et médiatique. Les images dévoilées ce jour-là au public ne sont en effet pas les vraies premières acquisitions – ces dernières servent des objectifs purement techniques et n’ont que peu d’intérêt pour le public. Elles ne témoignent pas forcément des buts scientifiques primaires qui ont motivé la construction du télescope. Elles existent essentiellement pour impressionner et susciter l’intérêt : pour cela, elles doivent posséder une valeur esthétique… qui ne doit pas occulter les performances techniques de l’instrument qui les a générées.

En quoi, alors, cette « première » image du sondage Legacy Survey of Space and Time (LSST), centrée sur l’amas de galaxies de la Vierge, est-elle originale et doit-elle nous interpeller ?

Parce qu’elle dévoile des astres encore inconnus ?

Pas tout à fait. Les structures les plus remarquables, visibles sur cette image, étaient familières, comme ce couple de spirales vues de face (au centre, à droite), cette galaxie naine mais étonnamment étendue et diffuse (en haut à droite) ou, enfin, ces spectaculaires traînées stellaires qui relient plusieurs galaxies d’un groupe situé à l’arrière-plan (en haut à droite), fruits de collisions en cours qui arrachent les étoiles à leurs galaxies.

Ces queues dites « de marée » avaient déjà été cartographiées par des caméras d’ancienne génération, comme Megacam sur le vénérable Canada-France-Hawaii Telescope (CFHT).

Parce que sa qualité optique est exceptionnelle ?

Obtenue depuis le sol, et subissant la turbulence de l’atmosphère qui floute toute lumière venue de l’espace, sa finesse est loin des standards des télescopes spatiaux Hubble, James-Webb ou Euclid, qui présentent une résolution spatiale de 5 à 10 fois meilleure.

Parce qu’elle présente d’éclatantes couleurs ?

Certes, mais depuis que le sondage du Sloan Digital Sky Survey (SDSS) a démarré en 2000, il a systématiquement observé une grande partie du ciel dans des bandes devenues standards (u,g,r,i,z) et a combiné ses images pour produire de « vraies couleurs ». Le public s’est habitué à une vision colorée des objets astronomiques.




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Désormais, chaque nouvelle mission utilise sa propre palette qui varie selon le jeu utilisé de filtres.

Parce qu’elle dispose de canaux de diffusion importants ?

Certainement ! Les États-Unis ont une culture de médiation scientifique bien plus développée qu’en Europe, et leurs agences, dont le département de l’énergie américain et la Fondation nationale pour la science qui portent le projet LSST, accordent des moyens financiers conséquents aux actions de communication, relayées par l’ensemble des partenaires, parmi lesquels, en France, le CNRS dont l’Institut nucléaire et particules est chargé, entre autres, d’une grande partie de la chaîne de traitement des données.

Mais faut-il pour autant faire la fine bouche face à cette belle, mais pas si originale image produite par le LSST ? Assurément, non ! Elle mérite vraiment de s’y intéresser – non donc par ce qu’elle montre, mais par ce qu’elle cache !

Ce que cachent les premières images du nouveau télescope Vera-C.-Rubin et de son sondage LSST : un potentiel énorme et une prouesse technique

Ce qui est réellement derrière cette image, c’est un potentiel scientifique énorme, lui-même résultat d’une prouesse technique remarquable.

L’image a été acquise avec la plus grande caméra au monde. Elle dispose d’un capteur de 3,2 milliards de pixels (en fait une mosaïque de 189 capteurs CCD), soit 100 fois plus qu’un appareil photo classique.

Cette débauche de pixels permet de couvrir un champ de vue sans précédent de 9,6 degrés carrés, soit 45 fois la taille apparente de la pleine Lune ou 35 000 fois celui de la caméra du télescope spatial Hubble.

Avec cette vision large, le LSST pourra cartographier la surface totale de l’amas de la Vierge en seulement 10 clichés (l’image présentée ici ne couvre qu’une partie de l’amas), et quelques dizaines d’heures d’observations, contre quelques centaines d’heures pour le télescope Canada-France-Hawaii, avec lequel nous osions une comparaison plus haut.

La taille de la caméra du LSST est digne de celle de son télescope, pourvu d’un miroir de 8,4 mètres, le plus grand au monde entièrement consacré à l’imagerie. Avec une telle machinerie, l’ensemble du ciel austral peut être observé en seulement trois jours, des performances idéales pour repérer les phénomènes transitoires du ciel, comme les supernovae ou pour découvrir des astéroïdes dont la position varie d’une image sur l’autre.

Chaque nuit d’observation, les terabytes de données s’accumulent et, pendant les dix ans du sondage, les images vont être empilées pour in fine atteindre une sensibilité inégalée, mettant en jeu une chaîne de traitement complexe sans commune mesure avec celles mises en œuvre pour les sondages anciens.

Cette base de données qui, comme le grand vin, se bonifie avec le temps, permettra d’effectuer des avancées dans de multiples domaines de l’astrophysique, de la physique stellaire à la cosmologie.

Alors, oui, il est tout à fait légitime d’être impressionné par cette première image du LSST et par le potentiel de découvertes qu’elle dévoile.

Et pour finir, il convient de rappeler que l’observatoire qui l’a acquise, installé dans le désert chilien de l’Atacama, honore par son nom l’astrophysicienne Vera Rubin, à l’origine de la découverte de la matière noire dans les galaxies. Donner un nom de femme à un projet astronomique d’envergure est aussi une première !

The Conversation

Pierre-Alain Duc ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Avant de cartographier le ciel avec la plus grande caméra au monde : que révèlent vraiment les « premières » images du télescope Vera-C.-Rubin ? – https://theconversation.com/avant-de-cartographier-le-ciel-avec-la-plus-grande-camera-au-monde-que-revelent-vraiment-les-premieres-images-du-telescope-vera-c-rubin-262066

Le système de santé mondial peut se reconstruire après la réduction de l’aide américaine : voici comment

Source: The Conversation – in French – By Jonathan E. Cohen, Professor of Clinical Population and Public Health Sciences, Keck School of Medicine and Director of Policy Engagement, Institute on Inequalities in Global Health, University of Southern California

Les coupes budgétaires drastiques du gouvernement américain ont plongé une grande partie du secteur de la santé mondiale dans un climat de peur et d’incertitude. Autrefois fleuron de la politique étrangère américaine et évaluée à quelque 12 milliards de dollars par an, la santé mondiale a été reléguée au second plan dans un département d’État réorganisé autour de l’agenda « America First ».

Quelle que soit l’issue de la crise actuelle, très différente de ce qu’on a connu par le passé.

Ayant passé 25 ans de ma carrière dans le domaine de la santé mondiale et des droits de l’homme, et enseignant aujourd’hui cette matière à des étudiants de deuxième cycle en Californie, je suis souvent interrogé sur la possibilité, pour les jeunes, d’espérer un avenir dans cette filière. Ma réponse est un oui retentissant.

Plus que jamais, la santé mondiale a besoin de l’engagement, de l’humilité et de la vision de la nouvelle génération, afin de ne plus être tributaire des aléas politiques d’un seul pays. Et plus que jamais, je suis convaincu que cela est possible.

Pour comprendre d’où vient mon espoir, il est important de rappeler ce qui a conduit l’engagement des États-Unis dans la santé mondiale à la situation critique dans laquelle il se trouve aujourd’hui. Et comment une réponse historique à des maladies spécifiques a paradoxalement rendu les systèmes de santé africains vulnérables.

Maladie et dépendance

Il y a plus de vingt ans, le domaine de la santé mondiale tel que nous le connaissons aujourd’hui est né de la riposte internationale au VIH/sida, l’une des pandémies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité. Cette maladie touchait principalement les personnes en âge de procréer et les bébés nés de parents séropositifs.

La création du Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar) en 2003 était à l’époque le plus grand programme bilatéral jamais mis en place pour lutter contre une seule maladie. Il a redéfini la santé mondiale pour les décennies à venir, avec les États-Unis au centre. Même si les donateurs et les enjeux se sont multipliés au fil des ans, le domaine est resté marqué par ses origines : le leadership américain dans la lutte contre le VIH/sida.

Le Pepfar a placé les pays africains dans une situation d’extrême dépendance vis-à-vis des États-Unis. Nous en voyons aujourd’hui les résultats, et ce n’est pas la première fois. La crise financière mondiale de 2008 avait déjà réduit l’aide au développement dans le domaine de la santé, ce qui avait suscité une nouvelle réflexion sur le financement et la mobilisation des ressources nationales.

Pourtant, les États-Unis ont continué à financer la lutte contre les maladies en Afrique par le biais de contrats importants avec des universités et des organismes américains. Cela se justifiait par l’urgence du problème, le renforcement des systèmes de santé africains grâce au Pepfar et le devoir moral du pays le plus riche du monde.

Avec la montée du populisme de droite et les effets polarisants de la Covid-19, la santé mondiale allait être considérée par de nombreux Américains comme une « affaire d’élites ». Pendant la pandémie, on a opposé à tort santé publique et économie. Pour les experts, c’est pourtant l’inverse : une population en bonne santé est la condition d’une économie solide.

Cette incompréhension a éloigné une partie de l’opinion des recommandations sanitaires des experts. L’impératif de « vacciner le monde » et de jouer un rôle de premier plan dans la sécurité sanitaire mondiale ne bénéficiait pas d’un soutien suffisant au niveau national. Cet appel à la vaccination n’a pas pesé lourd face aux priorités monopolistiques de l’industrie pharmaceutique, l’isolement et les inquiétudes économiques de millions d’Américains.

Ce contexte a préparé le terrain pour le retrait brutal de l’Amérique de la santé mondiale au début de l’année 2025. Lorsque le Département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency) a visé l’USAID, beaucoup considéraient la santé mondiale comme un vestige de la réponse initiale au VIH/sida, comme une excuse pour permettre à d’autres gouvernements de réduire leurs dépenses de santé, ou encore comme un secteur réservé à une élite. Une cible facile que la Maison-Blanche ne pouvait ignorer.

C’est pourtant là que réside l’espoir. Née autour d’une seule maladie, façonnée par le soft power américain et portée par un cercle restreint d’experts, la santé mondiale a aujourd’hui l’occasion de se réinventer en profondeur. On pourrait voir naître un nouveau pacte sanitaire mondial, où les gouvernements africains bâtiraient eux-mêmes des systèmes de santé robustes, avec une communauté internationale présente en soutien discret.

Une occasion de reconstruire en mieux

Pour établir un nouveau pacte mondial pour la santé en Afrique, le premier changement doit consister à passer de la lutte contre quelques maladies précises à l’objectif de garantir, pour chacun, la santé et le bien-être tout au long de la vie.

Plutôt que de laisser les systèmes de santé se définir uniquement par la réponse au VIH/sida, à la tuberculose ou au paludisme, l’Afrique doit développer des systèmes intégrés qui privilégient :

  • les soins primaires, qui rapprochent les services répondant à la plupart des besoins de santé des communautés

  • la promotion de la santé, qui permet aux individus de prendre en main tous les aspects de leur santé et de leur bien-être

  • les soins de longue durée, qui aident tous les individus à fonctionner et à maintenir leur qualité de vie tout au long de leur existence.

Aucune tendance mondiale ne rend ce changement plus urgent que le vieillissement de la population. Ce phénomène, lié à l’allongement de l’espérance de vie et à la baisse de la fécondité, touchera tous les pays. Bientôt, la proportion de personnes âgées dépassera celle des enfants. Les sociétés auront alors besoin de systèmes de santé intégrés, capables d’accompagner les patients dans la gestion de plusieurs maladies à la fois.

Elles n’ont pas besoin de programmes fragmentés, sources d’avis médicaux contradictoires, des interactions médicamenteuses dangereuses et une bureaucratie paralysante. Le temps presse pour opérer ce changement en profondeur.

Deuxièmement, il est nécessaire de réorienter les relations entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé vers un investissement commun au service des besoins locaux. Cela commence à se produire dans certains endroits, et cela exigera des sacrifices plus importants de la part de toutes les parties.

Les gouvernements à faible revenu doivent consacrer une plus grande part de leur PIB aux soins de santé. Cela suppose de s’attaquer aux nombreux facteurs qui entravent la redistribution des richesses, de la corruption à la dette, en passant par l’absence de fiscalité progressive. Les États-Unis et les autres pays à revenu élevé doivent payer leur juste part, tout en partageant les décisions sur la manière dont les biens publics mondiaux – vaccins, surveillance des maladies et professionnels de santé – sont répartis et distribués dans un monde interconnecté.

Troisièmement, il est nécessaire de changer le discours sur la santé mondiale dans les pays riches tels que les États-Unis, afin de mieux répondre aux préoccupations des électeurs hostiles à la mondialisation elle-même. Cela signifie qu’il faut répondre aux craintes réelles des citoyens qui pensent que les mesures de santé publique leur coûteront leur emploi, les obligeront à fermer leur entreprise ou favoriseront les intérêts de l’industrie pharmaceutique. Il faut justifier la santé mondiale en des termes auxquels les gens peuvent s’identifier et adhérer, c’est-à-dire aider à sauver des vies sans assumer la responsabilité des systèmes de santé d’autres pays.

Cela passe par des alliances improbables entre ceux qui croient au leadership des pays dits du Sud et ceux qui ont une vision plus isolationniste du rôle de l’Amérique dans le monde.

Un leadership en retrait

Ne vous y méprenez pas. Je ne compte pas sur cette administration américaine, ni sur aucune autre, pour réinventer la santé mondiale en des termes plus adaptés aux tendances actuelles en matière de maladies, plus équitables entre les nations et plus pertinents pour les électeurs américains.

Mais je ne le souhaite pas non plus. Pour créer la santé mondiale de demain, le leadership ne doit pas venir uniquement des États-Unis, mais plutôt d’un engagement commun de la communauté des nations à donner et à recevoir en fonction de leurs capacités et de leurs besoins. Et c’est là une vraie source d’espoir.

The Conversation

Jonathan E. Cohen does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

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Arbres urbains ou toitures réfléchissantes : quelle est la meilleure solution pour les villes afin de lutter contre la chaleur ?

Source: The Conversation – in French – By Ian Smith, Research Scientist in Earth & Environment, Boston University

Les arbres comme ceux-ci à Boston peuvent aider à rafraîchir les quartiers pendant les journées chaudes. Yassine Khalfalli/Unsplash, CC BY

Lorsque la chaleur estivale s’installe, les villes peuvent commencer à ressembler à des fours, car les bâtiments et les chaussées emprisonnent la chaleur du soleil, tandis que les véhicules et les climatiseurs rejettent davantage de chaleur dans l’air.

La température dans un quartier urbain dans lequel il y a peu d’arbres peut être supérieure de 5,5 degrés Celsius à celle des quartiers voisins. Cela signifie que la climatisation fonctionne davantage, mettant le réseau électrique à rude épreuve et exposant les habitants aux pannes de courant.

Il existe des mesures éprouvées que les villes peuvent prendre pour rafraîchir l’air, par exemple planter des arbres qui fournissent de l’ombre et de l’humidité, ou créer des toitures réfléchissantes qui réfléchissent le rayonnement solaire vers l’atmosphère au lieu de l’absorber.

Mais ces mesures sont-elles efficaces partout ?

Nous étudions les risques liés à la chaleur dans les villes en tant qu’écologistes urbains, et analysons l’impact de la plantation d’arbres et des toitures réfléchissantes dans différentes villes et différents quartiers. Nos conclusions peuvent aider les villes et les propriétaires à mieux cibler leurs efforts pour lutter contre la chaleur.

La magie des arbres

Les arbres urbains offrent une protection naturelle contre la hausse des températures. Ils apportent de l’ombre et libèrent de la vapeur d’eau par leurs feuilles, un processus similaire à la transpiration humaine. Cela refroidit l’air ambiant et atténue la chaleur de l’après-midi.

L’ajout d’arbres dans les rues, les parcs et les jardins résidentiels peut changer sensiblement la température ressentie dans un quartier, les quartiers arborés étant près d’1,7 °C plus frais que ceux qui le sont moins.

Deux cartes de New York montrent comment la végétation correspond aux zones plus fraîches en fonction de la température
La comparaison des cartes de la végétation et de la température de New York montre l’effet rafraîchissant des parcs et des quartiers plus boisés. Sur la carte de gauche, les couleurs plus claires correspondent aux zones moins boisées. Les zones claires de la carte de droite sont plus chaudes.
NASA/USGS Landsat

Mais planter des arbres n’est pas toujours simple.

Dans les villes chaudes et sèches, les arbres ont souvent besoin d’être irrigués pour survivre, ce qui peut mettre à l’épreuve des ressources en eau déjà limitées. Les arbres doivent survivre pendant des décennies pour atteindre une taille suffisante afin de fournir de l’ombre et libérer assez de vapeur d’eau pour réduire la température de l’air.

Les coûts d’entretien annuels, estimés à environ 900 dollars américains annuels par arbre à Boston, peuvent dépasser l’investissement initial de plantation.

La difficulté, c’est que les quartiers urbains denses, où la chaleur est la plus intense, sont souvent trop encombrés de bâtiments et de routes pour permettre la plantation d’arbres supplémentaires.

Comment les toitures réfléchissantes peuvent aider pendant les journées chaudes

Une autre option consiste à recourir aux toitures réfléchissantes. Recouvrir les toitures d’une peinture réfléchissante ou utiliser des matériaux de couleur claire permet aux bâtiments de réfléchir davantage la lumière du soleil vers l’atmosphère au lieu de l’absorber sous forme de chaleur.

Ces toitures peuvent réduire la température à l’intérieur d’un immeuble sans climatisation d’environ 1 à 3,3 °C et peuvent réduire la demande maximale de climatisation jusqu’à 27 % dans les bâtiments climatisés, selon une étude. Elles peuvent également procurer un rafraîchissement immédiat en réduisant les températures extérieures dans les zones densément peuplées. Les coûts d’entretien sont aussi plus faibles que ceux liés à l’expansion des forêts urbaines.

Deux ouvriers appliquent de la peinture sur un toit plat
Deux ouvriers appliquent un revêtement blanc sur le toit d’une maison mitoyenne à Philadelphie.
AP Photo/Matt Rourke

Cependant, tout comme les arbres, les toitures réfléchissantes ont leurs limites. Elles sont plus efficaces sur les toits plats que sur les toits en pente recouverts de bardeaux, car les toits plats sont souvent recouverts de caoutchouc qui emprisonne la chaleur et sont exposés à un ensoleillement plus direct l’après-midi.

Les villes disposent également d’un nombre limité de toits susceptibles d’être convertis. Et dans les villes qui comptent déjà de nombreux toits de couleur claire, quelques toitures supplémentaires pourraient contribuer à réduire les coûts de climatisation dans ces bâtiments, mais elles n’auraient pas beaucoup d’effet à l’échelle du quartier.

En évaluant les avantages et les inconvénients des deux stratégies, les villes peuvent concevoir des plans adaptés à leur situation pour lutter contre la chaleur.

Choisir la bonne combinaison de solutions de refroidissement

De nombreuses villes à travers le monde ont pris des mesures pour s’adapter à la chaleur extrême, avec des programmes de plantation d’arbres et de toitures réfléchissantes qui imposent des exigences en matière de réflectivité ou en encouragent l’adoption.

À Detroit, des organisations à but non lucratif ont planté plus de 166 000 arbres depuis 1989. À Los Angeles, les codes du bâtiment exigent désormais que les toits des nouvelles constructions résidentielles respectent des normes de réflectivité spécifiques.

Dans une étude récente, nous avons analysé le potentiel de Boston pour réduire la chaleur dans les quartiers vulnérables de la ville. Les résultats montrent comment une stratégie à coût maîtrisé pourrait apporter des bénéfices significatifs en matière de refroidissement.

Par exemple, nous avons constaté que la plantation d’arbres peut refroidir l’air de 35 % de plus que l’installation de toitures réfléchissantes dans les endroits où il est possible de planter des arbres.

Cependant, la plupart des meilleurs emplacements pour planter de nouveaux arbres à Boston ne se trouvent pas dans les quartiers qui en ont le plus besoin. Dans ces quartiers, nous avons constaté que les toitures réfléchissantes constituaient un meilleur choix.

En investissant moins de 1 % du budget annuel de fonctionnement de la ville, soit environ 34 millions de dollars, dans 2 500 nouveaux arbres et 3 000 toitures réfléchissantes ciblant les zones les plus à risque, nous avons constaté que Boston pourrait réduire l’exposition à la chaleur pour près de 80 000 habitants. Cela permettrait de réduire la température de l’air l’après-midi en été de plus de 0,6 °C dans ces quartiers.

Bien que cette baisse puisse sembler modeste, il a été démontré que des réductions de cette ampleur diminuent sensiblement les maladies et les décès liés à la chaleur, augmentent la productivité et réduisent les coûts énergétiques liés à la climatisation des bâtiments.

Toutes les villes ne bénéficieront pas de la même combinaison. Le paysage urbain de Boston comprend de nombreux toits plats et noirs qui ne réfléchissent qu’environ 12 % de la lumière solaire, ce qui rend les toitures réfléchissantes qui réfléchissent plus de 65 % de la lumière solaire particulièrement efficaces. Boston bénéficie également d’une saison de végétation relativement humide qui favorise le développement d’un couvert forestier urbain luxuriant, rendant ces deux solutions viables.

Deux images aériennes montrent des couleurs de bâtiments très différentes dans deux villes
Phoenix, à gauche, compte déjà de nombreux toits de couleur claire, contrairement à Boston, à droite, où les toits sont principalement sombres.
Imagerie Google 2025

Dans les endroits où il y a moins de toits plats et sombres pouvant être convertis en toitures réfléchissantes, la plantation d’arbres peut apporter davantage de bénéfices. À l’inverse, dans les villes où il reste peu d’espace pour planter de nouveaux arbres ou où la chaleur extrême et la sécheresse limitent la survie des arbres, les toitures réfléchissantes peuvent être une meilleure solution.

Phoenix, par exemple, compte déjà de nombreux toits de couleur claire. Les arbres pourraient être une option, mais ils nécessiteraient un système d’irrigation.


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Apporter les solutions là où les gens en ont besoin

La création de zones ombragées le long des trottoirs peut avoir un double effet en offrant aux piétons un endroit pour s’abriter du soleil et en rafraîchissant les bâtiments. À New York, par exemple, les arbres de rue représentent environ 25 % de la forêt urbaine totale.

Les toitures réfléchissantes peuvent être plus difficiles à déployer pour les autorités publiques, car elles nécessitent la collaboration des propriétaires. Cela signifie souvent que les villes doivent proposer des mesures incitatives. Louisville, dans le Kentucky, par exemple, accorde des rabais pouvant aller jusqu’à 2 000 dollars aux propriétaires qui installent des matériaux de toiture réfléchissants, et jusqu’à 5 000 dollars aux entreprises commerciales dotées de toits plats qui utilisent des revêtements réfléchissants.

Deux graphiques montrent les améliorations
À Boston, la plantation d’arbres (à gauche) et l’augmentation de la réflectivité des toitures (à droite) se sont avérées des moyens efficaces pour refroidir les zones urbaines.
Ian Smith et al. 2025

De telles initiatives peuvent contribuer à étendre les bénéfices des toitures réfléchissantes dans les quartiers densément peuplés qui ont le plus besoin d’être rafraîchis.

Alors que les changements climatiques entraînent une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur urbaine, les villes disposent d’outils puissants pour faire baisser la température. En prêtant attention à ce qui existe déjà et à ce qui est faisable, elles peuvent trouver la meilleure stratégie en fonction de leurs besoins et de leurs réalités.

La Conversation Canada

Lucy Hutyra a reçu des subventions du gouvernement fédéral américain et de fondations telles que le World Resources Institute et le Burroughs Wellcome Fund pour ses recherches sur le climat urbain et les stratégies d’atténuation. Elle a reçu une bourse MacArthur 2023 pour ses travaux dans ce domaine.

Ian Smith ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Arbres urbains ou toitures réfléchissantes : quelle est la meilleure solution pour les villes afin de lutter contre la chaleur ? – https://theconversation.com/arbres-urbains-ou-toitures-reflechissantes-quelle-est-la-meilleure-solution-pour-les-villes-afin-de-lutter-contre-la-chaleur-262412

Tique, punaise ou moustique ? Apprendre à identifier l’insecte qui nous a piqués

Source: The Conversation – France in French (3) – By Marta Diarte Oliva, Docente en la Universidad de San Jorge (Zaragoza), Universidad San Jorge

L’été, difficile d’échapper aux piqûres d’insectes. Il faut donc apprendre à les reconnaître pour appliquer les soins appropriés et savoir quand consulter. CeltStudio/Shutterstock

Quels sont les symptômes associés aux piqûres d’insectes les plus courantes et quelles sont les mesures à prendre ? On fait le point, avec des focus sur les situations à risque qui doivent conduire à consulter un professionnel de santé, voire à prévenir les urgences médicales.


Aux beaux jours, personne ne résiste à l’envie d’aller se promener au parc ou d’organiser une excursion à la campagne pour s’immerger dans la nature.

Cela semble fantastique (et ça l’est). Mais nous sommes souvent obligés de partager ces moments avec de petits compagnons indésirables. Moustiques, abeilles, tiques, araignées, puces, etc. peuvent transformer une journée parfaite en une expérience irritante, voire inquiétante.

Qui n’a jamais ressenti une démangeaison soudaine ou découvert une mystérieuse bosse en rentrant chez soi ? Le type de démangeaisons, leur intensité et leur aspect en disent long sur l’insecte qui nous a piqués. Et, in fine, cela nous donne des indices pour savoir comment agir afin de soulager les symptômes et déterminer s’il est nécessaire de se rendre dans un centre de santé.

En fin de compte, prendre les bonnes mesures avec discernement peut nous éviter bien des frayeurs, des visites inutiles chez le médecin et même des complications médicales.

Comment identifier les piqûres les plus courantes ?

Malgré une ressemblance indéniable entre la plupart des piqûres, il existe des différences entre elles. En effet, chaque piqûre possède ses propres caractéristiques, des symptômes spécifiques et doit être soumise à un traitement particulier.

C’est pourquoi nous allons vous donner les clés pour distinguer au moins six piqûres parmi les plus courantes : celles occasionnées par des moustiques, des guêpes et des abeilles, des tiques, des puces, des punaises de lit et des araignées.

1. Les moustiques

  • Symptômes : rougeur, gonflement léger et démangeaisons intenses.
    Les piqûres de moustiques disparaissent généralement sans complications et spontanément au bout de trois jours.

  • Recommandations : laver la zone avec de l’eau et du savon, appliquer une compresse froide et utiliser des crèmes antihistaminiques en cas de démangeaisons intenses.

2. Les abeilles et les guêpes

  • Symptômes : douleur immédiate, gonflement léger, démangeaisons intenses. Les abeilles laissent leur dard, mais pas les guêpes.

  • Recommandations : retirer le dard s’il y en a un, appliquer de la glace, prendre des antihistaminiques en cas de réaction locale et surveiller les signes d’allergie.

3. Les tiques

  • Symptômes : la particularité de cet insecte vient du fait que sa piqûre peut passer inaperçue. Ce qui doit nous mettre sur la piste, le signe qui doit alerter, est le fait que sa piqûre laisse une petite marque, une rougeur en forme de cible.
Rougeur en forme de cible qui peut être laissée par une piqûre de tique.
Alexey Androsov/Shutterstock
  • Recommandations : retirer à l’aide d’une pince sans tourner ni presser le corps de l’insecte. (Les crochets « tire-tique » sont particulièrement appropriés et sont même recommandés. À défaut, une pince fine ou une pince à épiler peut constituer une alternative, ndlr.) Désinfecter et surveiller l’apparition d’une fièvre ou d’éruptions cutanées au cours des jours suivants.



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Comment retirer une tique.

4. Les puces

  • Symptômes : apparition de petites taches rouges, généralement en plaques ou groupées, accompagnées de démangeaisons intenses. Celles-ci sont généralement localisées sur les chevilles, les jambes ou au niveau des zones où les vêtements sont serrés. Le pic peut durer plusieurs jours et il existe un risque de surinfection en cas de grattage excessif.

  • Recommandations : laver la zone concernée à l’eau et au savon, appliquer des antihistaminiques topiques (qui agissent localement, ndlr) et oraux si les démangeaisons sont sévères. Il convient d’effectuer un contrôle sur les animaux domestiques et les textiles de la maison, car ils sont souvent à l’origine de la présence de ces insectes.

5. Les punaises de lit

  • Symptômes : de multiples piqûres groupées provoquant une démangeaison intense, surtout la nuit.

  • Recommandations : laver la zone et appliquer des antihistaminiques topiques. Inspecter les environs et prendre des mesures de lutte contre ces nuisibles.




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6. Les araignées

  • Symptômes : douleur locale et rougeur. On observe parfois deux points visibles (crocs).

  • Recommandations : laver à l’eau et au savon et appliquer du froid. Consulter en cas de nécrose, de fièvre ou de malaise.

Quand faut-il s’inquiéter ? Quels sont les signes d’alerte ?

En général, les piqûres mentionnées ci-dessus ne représentent guère plus qu’une simple gêne qui disparaît au bout de quelques jours. Cependant, nous ne pouvons ignorer le fait qu’elles peuvent parfois aussi se transformer en un problème de santé sérieux.

Voici trois conséquences parmi les plus graves associées à une piqûre :

1. Réaction allergique grave (« anaphylaxie ») : on ressent des difficultés à respirer, un gonflement des lèvres ou des paupières, des vertiges ou une perte de connaissance.

Que faire ? Appeler les urgences. Si la personne dispose d’un auto-injecteur d’adrénaline, elle doit l’utiliser.

En France, pour les urgences médicales, il convient de composer le 15 qui correspond au SAMU ou le 112 qui est le numéro d’urgence européen. Le 114, accessible par application, Internet et SMS est le numéro pour les personnes sourdes, sourdaveugles, malentendantes et aphasiques.

2. Infection : apparition progressive d’une rougeur, d’une sensation de chaleur locale, de pus et de fièvre.

Que faire ? Consulter un professionnel de santé. La personne peut avoir besoin d’un traitement antibiotique.

3. Transmission d’une maladie par l’intermédiaire des tiques, par exemple la maladie de Lyme. Quelques jours après la piqûre, des éruptions cutanées en forme de cible, de la fièvre et des douleurs musculaires ou articulaires apparaissent dans ce cas-là.

Que faire ? Toujours consulter un professionnel de santé.




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Les répulsifs sont-ils tous identiques ?

Pour réduire le risque de souffrir des conséquences, légères ou graves, des piqûres d’insectes, l’une des mesures les plus efficaces, et donc l’une des plus recommandées, consiste à utiliser des répulsifs autorisés, contenant du DEET (diéthyltoluamide) ou de l’icaridine.

On trouve dans les pharmacies et les rayons des supermarchés de nombreux produits contenant ces composés. Le problème réside dans le fait que l’offre peut être déroutante. Cependant, choisir judicieusement n’est pas aussi difficile qu’il y paraît. La réponse se trouve sur l’étiquette.

Vous y trouverez des informations sur la composition des répulsifs, et c’est là que vous devez regarder. Parmi les ingrédients, vérifiez si figurent du DEET ou de l’icaridine, ces substances actives couramment utilisées pour repousser les insectes tels que les moustiques, les tiques et les autres insectes vecteurs de maladies.

Mais lequel des deux est le plus efficace ? Leurs effets durent-ils aussi longtemps ? Sont-ils aussi efficaces dans notre environnement que dans un pays exotique ? Pour faire un choix éclairé, examinons en détail chacun d’entre eux :

  • le DEET : c’est le répulsif le plus utilisé et le plus étudié scientifiquement. Il est considéré comme l’un des plus efficaces contre les moustiques, les tiques et les mouches.

Il est utilisé depuis les années 1950. Sa durée d’action dépend de sa concentration. Par exemple, si l’étiquette du flacon vendu en pharmacie indique 30 % de DEET, ses effets peuvent durer environ six heures.

En termes de sécurité, on peut affirmer que l’utilisation de répulsifs contenant du DEET ne présente aucun risque pour la santé s’ils sont utilisés correctement. Il convient toutefois de noter qu’ils peuvent irriter la peau ou endommager les vêtements en tissu synthétique.

  • l’icaridine : il s’agit d’une alternative plus moderne et plus actuelle au DEET, tout aussi efficace à des concentrations similaires. Par exemple : un répulsif contenant 20 % d’icaridine équivaut en durée d’action à un autre contenant 30 % de DEET.

Il se distingue du DEET par son odeur moins forte, sa texture moins grasse et sa meilleure tolérance pour la peau et les tissus. De plus, il est efficace contre les moustiques et les tiques, et sa durée d’action varie de six à huit heures.

Pour une application sur des enfants ou des personnes à la peau sensible, il est préférable d’utiliser l’icaridine, car elle est plus douce.

Dans les zones à haut risque de maladies telles que la dengue, le paludisme ou Zika, les deux composés sont efficaces. Il faut toutefois s’assurer qu’ils présentent une concentration suffisante : au moins 30 % de DEET et au moins 20 % d’icaridine.

D’autres moyens de protection

Outre les répulsifs, nous pouvons utiliser des mesures physiques telles que le port de vêtements protecteurs, en particulier dans les zones rurales ou à végétation dense. Il est également très utile d’installer des moustiquaires et, bien sûr, d’éviter les eaux stagnantes.

Une autre bonne habitude à adopter consiste à inspecter minutieusement son corps à son retour d’une promenade dans la campagne (ou en forêt, ndlr), car les tiques se cachent dans des zones telles que les aisselles, les aines ou même derrière les oreilles.

Si une personne sait qu’elle est allergique à la piqûre d’un des insectes cités dans cet article, elle doit toujours avoir sur elle un auto-injecteur d’adrénaline.

Être la cible de ces insectes n’a rien d’exceptionnel. En effet, leurs piqûres sont fréquentes, surtout au printemps et en été. Sachant qu’il est assez difficile d’y échapper, l’essentiel est donc de savoir identifier les piqûres, d’appliquer les soins appropriés et de savoir quand il est nécessaire de demander de l’aide ou une assistance médicale.

Une intervention éclairée peut faire la différence entre un simple désagrément et une urgence médicale.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Tique, punaise ou moustique ? Apprendre à identifier l’insecte qui nous a piqués – https://theconversation.com/tique-punaise-ou-moustique-apprendre-a-identifier-linsecte-qui-nous-a-piques-259174