¿Nos estamos quedando sin docentes? Datos internacionales recientes apuntan a que la profesión resulta cada vez menos atractiva; otros informes europeos muestran que incluso después de haber elegido formarse para enseñar, y haber invertido años y energía en esta tarea, uno de cada tres docentes que empiezan abandonan antes de cumplir cinco años en el trabajo.
Los factores detrás de este fenómeno son muchos; imposible tratarlos todos en este boletín. Thomas André Prola, investigador en la Universidad de Barcelona, ha definido en un reciente estudio las principales áreas de preocupación de la profesión: las tecnologías digitales, la gestión del aula, la comunicación y las relaciones con las familias, la diversidad e inclusión, la colaboración profesional, la cultura escolar, la planificación y el desarrollo curricular.
Pero como explica este experto, todas tienen que ver directa o indirectamente con una necesidad clave de los docentes, en especial de los que empiezan: sentirse acompañados. “El apoyo de un mentor, el respaldo de sus pares y la posibilidad de reflexionar sobre su propia práctica marcan la diferencia entre abandonar o quedarse. En otras palabras, el futuro de la educación también pasa por construir redes de cuidado y aprendizaje compartido”, argumenta. Y ofrece una solución: DigitalTA, una red de profesores de primaria y secundaria, donde uno puede relacionarse con colegas de todo el continente, con más y menos experiencia.
Además de esta valiosa herramienta, comparto en este boletín varios artículos que ofrecen distintas perspectivas sobre la profesión y posibles maneras de hacerla más atractiva y sostenible.
Le recours presque inévitable à l’intérim assure la survie des établissements concernés, notamment sur des périodes dites « de tensions ».UnaiHuiziPhotography/Shutterstock
Quelles réalités recouvre l’emploi intérimaire dans le secteur médico-social en 2025 ? Une recherche exploratoire auprès de professionnels permet de dresser un premier panorama du phénomène.
Depuis plusieurs années, l’emploi intérimaire émerge dans un secteur où on ne l’attendait pas. Pire ! Où on le redoutait : le secteur social et médico-social. Au cœur d’un paradoxe fort, entre accompagnement de longue durée et travail par essence temporaire.
Faisant grincer des dents, ce phénomène mérite un intérêt particulier : donner à voir la complexité de celui-ci, et surtout des individus qui sont au cœur de ce dilemme « éthique ».
Et si ce qui s’apparente initialement à un désengagement était finalement une forme de réappropriation d’un métier souffrant d’un manque d’attractivité ? D’une marge de manœuvre dans l’exercice de ses fonctions ? Finalement, prendre soin de soi pour « durer » auprès de ceux qui en ont besoin ?
La crise du travail social ne date pas d’hier
La crise que connaît le travail social n’est pas nouvelle. Dès la fin des années 1990, des auteurs témoignent du malaise des travailleurs sociaux, engendré par une déstructuration de ce champ professionnel. Le sociologue Marcel Jaeger souligne en 2013 cette double impuissance, symbolisée par le manque de moyens et la perte de sens.
Le contexte actuel exacerbe cette crise : difficultés de recrutement, diminution de candidats au sein des instituts de formation, nouveaux profils de stagiaires, abandon de certains déçus par les conditions de travail, complexité des situations des personnes accompagnées, contraintes financières et procédurales, obligation de résultat, bas salaires, libéralisation du travail social, etc.
À ce jour, peu d’études scientifiques évoquent ce phénomène, si ce n’est les travaux de Charlène Charles en protection de l’enfance. Ses résultats mettent en avant la « contrainte » du recours à l’intérim pour des professionnels précaires. Ils répondent principalement à des situations « d’urgence sociale », des missions de « contention sociale », souvent sollicités pour faire fonction de « renfort éducatif », pour des situations de « crises ».
Jusqu’alors, l’intérim a été justifié dans le secteur de la protection de l’enfance du fait de l’accroissement de situations complexes chez les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance, nommés « les incasables ». Il touche d’autres champs, comme le handicap ou encore la lutte contre l’exclusion, champs enquêtés dans notre recherche.
Point juridique à ce sujet
Afin d’encadrer le recours à l’intérim, la loi Valletoux est promulguée le 27 décembre 2023. En application du décret du 24 juin 2024, elle fixe une durée minimale d’exercice préalable de deux ans pour certains professionnels avant leur mise à disposition d’un établissement ou service social ou médico-social par une entreprise de travail temporaire.
Rebondissement le 6 juin dernier. Le Conseil d’État annule cette mesure pour les professionnels expérimentés, eux aussi touchés par cette mesure.
Manque d’attractivité des métiers
Mais alors quelles réalités revêtent le recours à l’intérim en travail social en 2025 ? Notre recherche exploratoire auprès de deux organisations du secteur médico-social permet de dresser un premier portrait du phénomène.
Elle permet de confirmer le manque d’attractivité des métiers ou la souffrance des professionnels du secteur face à des conditions de travail difficiles. Quelques lignes de notre carnet de chercheur font état d’un acte de violence d’un résident auprès d’une professionnelle :
Le 30 janvier 2025, arrivée à 09 heures 15. Je croise C., la [cheffe de service], et H., une [aide-soignante], dans les couloirs. H. a une poche de glace sur la joue. Elle vient de se faire frapper par un résident. Elle propose l’achat d’un sac de frappe pour les résidents. C’était le cas dans un ancien établissement où elle a travaillé.
Intérim contraint et choisi
Au-delà, le recours à l’intérim met en lumière un rapport de force inversé, désormais entre les mains des individus et non plus des organisations. Il entraîne un recours presque inévitable à l’intérim afin d’assurer la survie des établissements concernés, notamment sur des périodes dites « de tensions ». Force est donc de constater le glissement d’un intérim « contraint » à un intérim « choisi » pour les professionnels du secteur.
« Les agences non lucratives, ça fait partie de leur mission d’amener les intérimaires à l’emploi. Les agences non lucratives, c’est une perte de capital humain », rappelle un directeur d’une association.
La digitalisation des agences d’intérim facilite la mise en contact avec les intérimaires, ainsi que la présence de nouvelles agences d’intérim dites coopératives. Certaines d’entre elles ont justement vu le jour grâce à un travail interassociatif, les organisations du secteur souhaitant retrouver une forme de contrôle sur les embauches de ces professionnels.
Période d’essai du CDI
Du côté des organisations, l’usage de l’intérim peut paraître ambigu. Pour l’une des organisations enquêtées, l’intérim est clairement affiché comme une « période d’essai » du CDI. Cela permet aux managers de proposer des CDI à des intérimaires dont les compétences ont été reconnues.
« Oui, c’est une source d’embauche importante. Ça a été un moyen de permettre, en fait, de remplacer une période d’essai, on va dire comme ça, avec des conditions, pour être honnête, plus avantageuses et pour la personne en intérim, et plus souples pour nous » relève un directeur associatif.
Pour les organisations, les motivations exposées résident principalement dans le fait que les « intérimaires repérés » jouent un rôle de facilitateur. Le recours à l’intérim facilite une partie du travail administratif, notamment lorsque l’agence d’intérim s’occupe des plannings des intérimaires et des roulements.
Ce type d’intérimaires repérés sont porteurs d’une histoire, de connaissances d’un dispositif. De facto, ils facilitent la prise de poste de professionnels permanents, notamment de leur supérieur hiérarchique.
« Pour ne rien vous cacher, ça m’arrangeait aussi puisque c’était toujours les mêmes intérimaires. Elles maîtrisaient mieux le dispositif que moi. Et si je suis honnête, c’est elles qui m’ont plus formée quand je suis arrivée » souligne une cheffe de service éducatif.
Se confronter à la réalité du travail
Du côté des intérimaires, l’intérim est utilisé pour choisir l’établissement d’exercice, afin d’éprouver les conditions réelles de travail face à l’image et la notoriété d’un établissement ou d’une association.
Les intérimaires témoignent de plusieurs motivations à recourir à ce statut : moins de stress, plus de liberté, des avantages financiers et une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle.
« J’ai des parents vieillissants dont je suis seule à m’occuper. Et comme je disais à la [cheffe de service] : je ne pourrais pas accompagner les résidents ici comme j’ai toujours fait […] Et ne pas m’occuper des miens, ce n’est pas possible. »
Laura Beton-Athmani est vice-présidente de l’association MJF – Jane Pannier.
Trop souvent encore, le recrutement est considéré comme une affaire d’intuition à rebours de toutes les études montrant que la performance des entreprises aurait tout à gagner d’une démarche rationnelle. Il est urgent d’en finir avec cette idée fausse et dommageable à l’entreprise, dans un contexte où les bons candidats sont très demandés.
L’entretien est de loin la méthode de recrutement la plus utilisée pour évaluer les candidats. Dans sa forme traditionnelle, il s’agit d’un échange libre entre le recruteur et le candidat, où l’intuition et la subjectivité du recruteur jouent un rôle central. Beaucoup de recruteurs pensent que le fait de pouvoir exercer leur intuition est un atout, mais la recherche montre que ce n’est pas le cas.
Les limites de l’entretien d’embauche traditionnel
Évaluer les candidats de manière subjective ouvre la porte aux biais cognitifs. Par exemple, l’appréciation d’un candidat sur une caractéristique précise (comme son apparence physique) tend à s’étendre à d’autres dimensions (professionnalisme, intelligence, etc.), un phénomène appelé « effet de Halo ». Les recherches montrent également que la première impression du recruteur, formée dans les toutes premières minutes, influence fortement la suite de l’entretien. Par le biais de confirmation, le recruteur aura alors tendance, consciemment ou non, à orienter ses questions de manière à conforter cette première impression.
Le caractère subjectif de l’entretien traditionnel renvoie aussi au fait que le recruteur choisit librement ses questions, ce qui est doublement problématique : les questions posées n’évaluent pas nécessairement les caractéristiques pertinentes pour le poste, et elles ne sont pas les mêmes pour tous les candidats, ce qui rend toute comparaison entre eux en principe non valable.
Une autre forme d’entretien permet d’évaluer les candidats de façon plus objective : l’entretien structuré. Il s’agit d’identifier les compétences – techniques et comportementales – à évaluer (par exemple, la capacité à manager une équipe) à partir d’une analyse du poste, de définir les questions à poser pour évaluer chaque compétence (« Parlez-moi d’une fois où vous avez géré un conflit entre deux personnes de votre équipe »), et de définir des critères objectifs pour évaluer les réponses des candidats aux questions. Ces informations prennent la forme d’une grille d’entretien qui guide et limite la subjectivité du recruteur.
Depuis plus d’un siècle, les travaux en psychologie du travail et des organisations ont tenté d’identifier les méthodes de recrutement les plus prédictives de la performance professionnelle, une question qualifiée de « problème suprême » par les chercheurs dès 1917.
La dernière méta-analyse sur le sujet date de 2022 et ses résultats sont sans appel . Le jugement subjectif du recruteur à l’issue d’un entretien traditionnel corrèle seulement à 0.19 avec la performance professionnelle, soit bien moins que l’évaluation issue d’un entretien structuré (0.42). Celui-ci est d’ailleurs la méthode la plus prédictive de la performance professionnelle.
Deux méta-analyses de référence ont examiné la validité prédictive des différentes méthodes de recrutement : celle de Schmidt et Hunter (1998) et celle de Sackett et al. (2022). Les valeurs reportées correspondent à la corrélation entre les résultats des candidats à la méthode de recrutement et leur performance professionnelle une fois en poste (qui correspond souvent à l’évaluation par un manager). La figure a été créée par nous à partir des données figurant dans ces articles.
Un décalage entre la pratique et la recherche
La supériorité de l’entretien structuré sur l’entretien traditionnel illustre une réalité contre-intuitive : dans le recrutement, moins de subjectivité est synonyme de plus d’efficacité et plus d’équité. Pourtant, beaucoup de recruteurs professionnels sont peu enclins à abandonner l’entretien traditionnel, pour deux raisons principales.
D’une part, ils se disent : « J’ai toujours recruté comme ça, et je vois bien que ça marche. » En réalité, un recruteur qui observe l’effet de ses pratiques dans ses propres recrutements et « qui voit bien que ça marche » court un grand risque de se leurrer. Par exemple, les médecins qui pratiquaient la saignée invoquaient eux aussi la preuve par l’expérience, avant que cette pratique ne tombe en désuétude au XVIIᵉ siècle, avec les progrès scientifiques. Pierre Brissot, professeur émérite de médecine, souligne que l’on doit tirer de l’histoire de la saignée « une évidente leçon d’humilité, cette histoire démontrant, s’il en était besoin, que l’intime conviction ne peut se substituer à la preuve ».
D’autre part, de nombreux recruteurs surestiment leur capacité à repérer les talents par l’intuition, et l’entretien traditionnel leur permet d’exercer cette capacité. Dans son livre La diversité n’est pas ce que vous croyez ! (2025), Olivier Sibony raconte qu’à l’issue d’une conférence sur les biais cognitifs qu’il venait de donner à un groupe de professionnels des ressources humaines, la DRH d’une grande entreprise française était venue lui dire : « Excellente présentation. Vraiment très intéressant. Mais moi, vous savez, dès que le candidat sort de l’ascenseur, je vois tout de suite s’il va faire l’affaire. »
Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises (Fnege) Médias, 2024.
Ces croyances profondément ancrées expliquent la surutilisation persistante de l’entretien traditionnel en dépit de l’évidence scientifique. Comme le soulignent Bruchon-Schweitzer et Laberon :
« [I]l semble bien que les pratiques de recrutement, notamment en France, soient dictées par des impératifs étrangers à la science comme à la déontologie. L’impact des recherches (études de validité, notamment) sur les pratiques semble minime et le décalage entre praticiens et chercheurs est particulièrement aigu en France. »
Pour un recrutement fondé sur des preuves
À l’instar de la médecine ou encore de l’éducation, le recrutement gagnerait à encourager des pratiques fondées sur des preuves. Une telle approche permet aux recruteurs d’utiliser les méthodes qui sont les plus valides, mais également celles qui sont les plus équitables dans la sélection des candidats.
L’équité d’une méthode de sélection, c’est-à-dire sa capacité à ne pas discriminer les candidats et donc à garantir un recrutement inclusif, est un critère devenu central dans le recrutement. Là aussi, la recherche fournit des enseignements précieux. Les entretiens structurés, les tests de connaissances professionnelles et les questionnaires biographiques figurent parmi les méthodes les plus prédictives, tout en étant peu discriminantes. Ces méthodes allient donc validité et équité, ce qui devrait les rendre particulièrement pertinentes pour les recruteurs.
Le recrutement fondé sur des preuves n’est pas une lubie académique. Dans son livre Work Rules!, l’ancien DRH de Google Laszlo Bock explique comment il a remodelé le processus de recrutement chez Google suivant cette approche. Par exemple, pour répondre à la question « Quelles méthodes permettent le mieux de prédire la performance future des candidats ? », il s’est tourné vers les résultats de la recherche :
« Quelles techniques d’évaluation utilisons-nous ? L’objectif de notre processus d’entretien est de prédire la performance des candidats une fois qu’ils auront intégré l’équipe. Nous atteignons cet objectif en suivant ce que dit la science : en combinant des entretiens structurés comportementaux et situationnels avec des évaluations des aptitudes cognitives, du caractère consciencieux, et du leadership »_.
L’approche fondée sur des preuves reflète l’objectif pragmatique de déterminer ce qui fonctionne réellement. Elle s’est imposée en médecine et progresse dans l’éducation comme dans les politiques publiques. Pourquoi ne devrait-elle pas aussi s’appliquer au recrutement ? Car recruter, ce n’est pas miser sur l’intuition, mais s’appuyer sur des méthodes dont l’efficacité est démontrée par la recherche.
Vincent Berthet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Présentée comme clé du développement, qu’il soit personnel ou économique, la créativité alimente aussi la destruction de nos écosystèmes. Une destruction pas toujours créatrice. Ce paradoxe a besoin d’un nom : la « crédation ». L’issue de ce dilemme est aussi un paradoxe : être moins créatif pour créer davantage.
La créativité est partout : dans les discours politiques, économiques et académiques. Le mot est si omniprésent qu’il paraît impensable d’imaginer un monde sans lui. Pourtant le terme a pris son essor aux États-Unis avec la Seconde Guerre mondiale et ne se diffuse vraiment qu’à partir des années 1950. Le déclencheur : la nécessité d’innover à marche forcée pour répondre aux défis militaires et économiques.
Si l’ancrage du concept est d’abord psychologique, avec les travaux de Paul Guilford (1897-1987), qui lancent véritablement les travaux académiques sur la créativité. Dans le contexte de la guerre froide et de l’expansion capitaliste, la créativité devient une arme stratégique. Elle se définit alors comme « faire du nouveau », mais du nouveau utile au système. C’est bien cette double capacité de créer des idées originales et utiles qui est retenue par Teresa Amabile, une chercheuse de Harvard, qui fait référence aujourd’hui sur la question.
« Destruction créatrice »
Cette alchimie de l’originalité et de l’utilité devient alors le moteur du processus de « destruction créatrice », au cœur de la dynamique capitaliste selon Joseph Schumpeter (1883-1950) : des innovations de rupture, portées par la créativité, émergent et balaient les acteurs en place en reléguant leurs solutions devenues obsolètes. L’obsolescence est ici programmée par le système lui-même, un système nourri de créativité.
Le vocable « créativité » commence à apparaître timidement en français dans les années 1950, notamment chez Bachelard dans la Poétique de l’espace (1957), avant d’entrer dans le dictionnaire le Robert en 1970. Progressivement, il s’impose et révèle une tension féconde : d’un côté, la noblesse de la création artistique, geste désintéressé qui ouvre de nouveaux imaginaires ; de l’autre, l’obsession utilitariste de l’innovation, orientée vers l’optimisation et la productivité. La créativité devient ainsi le lieu d’une hybridation entre l’art et l’efficacité, fusion singulière de l’inspiration poétique et de l’impératif économique. Comme l’ont montré Luc Boltanski et Ève Chiapello dans le Nouvel Esprit du capitalisme (1999), l’économie moderne récupère les notions de liberté et d’imagination portées par l’art pour les mettre au service de la compétitivité.
Résultat : une explosion de la production et de la consommation, une augmentation de l’espérance de vie – en France, l’espérance de vie atteint péniblement la cinquantaine au début du XXe siècle, quand on dépasse les 80 ans aujourd’hui – et un progrès technique sans équivalent historique, largement financé par des budgets militaires massifs. Mais cette puissance a aussi un revers.
La créativité, moteur de destruction
Le constat actuel est sans appel : la créativité détruit plus qu’elle ne crée. Si, en 1870, Jules Verne soulignait dans son roman Vingt mille lieues sous les mers, que « le pouvoir créateur de la nature est bien au-delà de l’instinct de destruction de l’homme », force est de constater que la puissance créatrice de l’être humain est en train de détruire nos milieux de vie naturels.
Aujourd’hui, le lien est tangible. La créativité alimente le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la pollution globale des écosystèmes (voir le rapport du Giec 2023 ou les travaux de Johan Rockström sur les « limites planétaires »). Une étude récente a même démontré que plus les entrepreneurs sont créatifs, plus ils ont tendance à développer des comportements destructeurs pour la nature via leurs activités.
Dans un tel contexte, il devient alors difficile de maintenir un mot aux connotations si positives pour désigner un processus qui, concrètement, contribue à l’effondrement écologique.
De la créativité à la « crédation »
Pour nommer ce basculement, je propose un néologisme : « crédation ». Ce terme conjugue « créativité » et « déprédation ». La déprédation, mot du XIVe siècle issu du bas latin depraedatio (« pillage »), désigne les destructions opérées par les humains ou par des espèces invasives. Le tourisme de masse produit des déprédations, tout comme les criquets pèlerins qui ravagent les cultures.
Chaque touriste n’a pas la possibilité de déstabiliser le site visité, tout comme chaque criquet est inoffensif, mais la cumulation de la même action produit une destruction du milieu d’origine avec des effets de déstabilisation sur le plan à la fois naturel et social.
La créativité moderne se fait toujours plus crédative : elle se présente comme moteur du progrès, mais engendre en réalité une destruction des équilibres écologiques et sociaux. Inventer un nouveau packaging fait de plastique n’est pas de la créativité, c’est de la crédation. Réaliser une publicité qui incite à acheter toujours plus de produits qui génèrent plus d’impact carbone, ce n’est pas créatif, c’est crédatif.
France Culture 2019.
Alors que faire ?
Si la créativité pose problème, comment relever les défis du XXIᵉ ; siècle ? La solution réside moins dans le fait « d’être créatif » que dans le fait de créer. La nuance est décisive.
L’histoire de l’art nous l’enseigne : les artistes ne cherchent pas l’utilité productiviste, mais la création de formes improbables capables, parfois, de transformer les systèmes de valeur. Les cubistes, par exemple, ont bouleversé les critères d’évaluation de la peinture : la perspective, critère dominant depuis la Renaissance, cessait d’être pertinente.
Une toile cubiste n’est ni plus utile ni moins utile qu’une toile impressionniste. Elle invente d’autres mondes. C’est précisément ce que le philosophe Hartmut Rosa appelle une « résonance » (Résonance. Une sociologie de la relation au monde, 2018) : créer des liens nouveaux avec le monde plutôt que d’optimiser la maîtrise technique de ce qui existe. Or, à l’inverse, la quête d’utilité nourrit mécaniquement le système existant, et donc la spirale de destruction.
Imaginer d’autres performances
Le véritable défi est donc d’activer des mécanismes de création a priori non utiles, capables de redéfinir ce que nous entendons par performance et progrès. Dans l’art, il est possible d’apprécier tout à la fois une sculpture grecque antique, exaltant une beauté idéale, et Fontaine (1917), de Marcel Duchamp, simple urinoir renversé devenu œuvre d’art, dont la force vient de sa puissance critique sur la fabrique du jugement esthétique. La société pourrait apprendre de cette pluralité des régimes de valeur.
Il ne s’agit pas de supprimer la créativité, mais de sortir du monologue où elle est présentée comme unique horizon. Quand la créativité devient une arme de destruction massive, il faut la nommer « crédation ». Et lorsqu’il est urgent d’interroger les valeurs dominantes, il faut agir comme les artistes d’avant-garde : inventer d’autres critères de performance, d’autres manières d’habiter le monde.
Sylvain Bureau a reçu des financements du Groupe Galeries Lafayette (cf. Chaire Improbable)
Devenir manager n’est pas aisé, notamment vis-à-vis de ses anciens collègues. Comment faire pour devenir le chef de ceux qui étaient hier encore de bons copains, voire des amis ? S’il est difficile de couper tous les liens du jour au lendemain, la prise de poste doit être aussi une prise de distance. À chacun de trouver la bonne.
Quand on accepte un poste de manager, une des exigences les plus difficiles à gérer, c’est de renoncer à être aimé par ses collaborateurs. Cette épreuve, difficile à surmonter, est rarement évoquée ou étudiée.
La situation est encore plus complexe quand on devient le manager de ses anciens collègues. On s’appréciait, on riait ensemble, on faisait des « afterwork sympas, on se rendait des petits services, on échangeait des commérages… il arrivait même qu’on se moquait du patron ! Et là, STOP ! Si le tout nouveau manager pense ou espère que ce sera toujours possible, il comprend vite qu’il n’en est rien.
Comme un lundi
Le matin où il prend ses nouvelles fonctions, il devient instantanément – ou presque – le « chef », le « patron », le « boss », et le regard comme l’attitude des ex-collègues change radicalement. Car ils ne s’y trompent pas. C’est de lui maintenant que leur vie professionnelle dépend au quotidien. Missions, moyens, avantages divers, dates des congés payés, accord sur les RTT… sont du ressort de ce nouveau manager.
Les relations amicales, si elles persistent, risquent vite de dériver vers de la manipulation plus ou moins voulue et consciente, mettant en péril la cohésion de l’équipe et sa performance. Les exemples sont nombreux. En voici quelques-uns :
Créer le syndrome du chouchou avec tous les conflits et les jalousies que cela peut provoquer, et leurs impacts délétères sur le climat de l’équipe,
Générer des pertes de temps en bavardages, ou pauses allongées
Prendre des décisions avec des biais dus à l’amitié, par exemple : ne pas vouloir décevoir ou avoir un a priori positif pour le projet d’un collaborateur/ami,
Laisser fuiter des informations confidentielles car « un ami ne trahit pas un secret » !
Avoir des réactions affectives à des remarques ou des remises en cause…
On a une illustration très forte de cette option dans la série télévisée « 37 secondes » qui traite du naufrage mystérieux du Bugaled Breizh, occasionnant la mort de 5 marins-pêcheurs. L’ensemble du combat des familles pour faire valoir la vérité sur la cause de l’accident est vu par les yeux de Marie, une jeune femme, employée dans une poissonnerie industrielle. Elles sont 6 ou 7 femmes à préparer les poissons qui viennent d’être pêchés en mer pour la vente, écaillant, éviscérant, toute la journée dans un atelier où règne une température très basse. Leur amitié est ce qui les fait tenir.
Or, Marie nourrit le projet de devenir cheffe d’atelier, pour échapper à ce travail si dur et pour des raisons financières. Elle saute de joie quand elle apprend qu’elle a le poste, mais, très vite, elle va perdre ses amies/ex-collègues, qui s’éloignent d’elle, l’excluant de tous les moments off et des discussions au travail, et la soupçonnant même d’être « vendu » à la Direction. Marie va faire le job quelques semaines, et, très vite, elle va demander à reprendre sa place d’ouvrière.
Ni trop près ni trop loin
Si le manager veut garder son poste et devenir un vrai bon manager, il doit renoncer à être un vrai bon pote avec ses équipes. Il doit très vite apprendre à trouver la bonne distance avec ses ex-collègues. Car si trop de proximité peut causer des difficultés, il n’est pas question de s’éloigner de ses anciens camarades. Un minimum de dialogue reste nécessaire quand on est manager.
Le mieux est donc de bien expliciter la nouvelle situation assez rapidement après la prise de poste, lors d’une réunion, où seront présentées plus globalement les nouvelles dispositions managériales : options stratégiques, organisations, répartition des tâches, objectifs… La meilleure formule est de reconnaître que ce n’est pas forcément une transition simple à gérer, mais qu’elle doit avoir lieu.
À chacun sa manière
Certains nouveaux managers ont besoin de créer la rupture très vite, d’autres vont modifier leurs habitudes très progressivement : ne plus être au café du matin, ne plus déjeuner ensemble à la cantine (du moins pas tous les jours !), moins se voir en dehors du travail…
Comme toujours, tout est à moduler en fonction des personnes, du moment, du contexte. Je me souviens avoir rencontré un manager qui m’avait expliqué avoir choisi de vouvoyer ses ex-collègues (qu’il tutoyait jusque là) pour marquer cette distance. Visiblement, cela lui avait permis de franchir le pas.
Xerfi-2020.
Arriver comme manager d’une équipe qu’on ne connaissait pas est plus simple. Mais on peut avoir la tentation de se faire « aimer » en jouant le bon pote : offrir des verres, rendre des services…
Le rôle de la convivialité
Si on se fait apprécier très vite, c’est un très mauvais calcul à long terme ! Le manager se met en position difficile pour toutes sortes de situations qu’il devra gérer : dire non à une demande congés, arbitrer entre deux collaborateurs pour une formation, recadrer des comportements inappropriés. Mais attention, si l’amitié, au sens affectif, n’a pas sa place entre un manager et ses équipes, la convivialité et le respect sont essentiels. Il ne s’agit pas de virer au chefaillon ni de tomber dans l’autoritarisme ! Le rejet serait immédiat !
Un manager doit gagner le respect de ses équipes, par ses compétences, par sa capacité à prendre les bonnes décisions, à gérer les conflits, à traiter les personnes qu’il dirige en toute équité, sa capacité à faire confiance, à être à l’écoute. Toutes ces compétences permettent à chacun de travailler en toute sérénité et en toute sécurité psychologique. Elles ne peuvent s’exercer pleinement si l’affectif s’en mêle. Définitivement, un bon manager ne peut être un bon pote. Pas plus qu’être un bon pote ne soit une garantie pour devenir un bon manager !
Isabelle Barth ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Détail d’une mosaïque byzantine, site de Jabaliya. J.-B. Humbert/IMA
La cité de Gaza, fondée il y a environ 3 500 ans, fut, dans l’Antiquité, l’un des principaux carrefours commerciaux entre Orient et Occident. C’est cette position stratégique exceptionnelle et l’extraordinaire richesse qui en découlait que révèle l’exposition « Trésors sauvés de Gaza : 5 000 ans d’histoire », présentée à l’Institut du monde arabe, à Paris, jusqu’au 2 novembre 2025.
L’exposition « Trésors sauvés de Gaza : 5 000 ans d’histoire » met en lumière les divers et nombreux sites historiques de Gaza qui ont récemment été détruits par des bombardements.
À Gaza arrivaient les aromates, encens et myrrhe, transportés à dos de chameaux, dans des amphores, depuis le sud de la péninsule Arabique. L’encens est une résine blanche extraite d’un arbre, dit boswellia sacra, qu’on trouve en Arabie du sud. On pratiquait une incision dans le tronc de l’arbre dont s’écoulait la sève qu’on laissait ensuite durcir lentement.
La myrrhe provenait également du sud de l’Arabie. C’est une résine orange tirée d’un arbuste, nommé commiphora myrrha.
Le siège de Gaza par Alexandre le Grand, peinture de Tom Lovell (1909-1997).
Les Nabatéens, peuple arabe antique, qui contrôlaient le sud de la Jordanie actuelle, le nord-ouest de l’Arabie et le Sinaï, convoyaient ces produits vers Gaza, en partenariat avec d’autres peuples arabes, notamment les Minéens, dont le royaume se trouvait dans l’actuel Yémen. Au IIIᵉ siècle avant notre ère, les papyrus des archives de Zénon de Caunos, un fonctionnaire grec, évoquent l’« encens minéen » vendu à Gaza.
Il y avait également des épices qui arrivaient à Gaza depuis le sud de l’Inde après avoir transité par la mer Rouge. Zénon mentionne le cinnamome et la casse qui sont deux types de cannelle. Le nard, dit parfois « gangétique », c’est-à-dire originaire de la vallée du Gange, provenait lui aussi du sous-continent indien.
Le nard entrait dans la composition d’huiles parfumées de grande valeur, comme en témoigne un passage de l’évangile selon Jean. Alors que Jésus est en train de dîner, à Béthanie, dans la maison de Lazare, intervient Marie, plus connue sous le nom de Marie-Madeleine.
« Marie prit alors une livre d’un parfum de nard pur de grand prix ; elle oignit les pieds de Jésus, les essuya avec ses cheveux et la maison fut remplie de ce parfum. » (Jean, 12, 3)
Flacon en forme de dromadaire accroupi, chargé de quatre amphores, découvert à Gaza, VIᵉ siècle de notre ère. Wikipédia, Fourni par l’auteur
Parfums d’Orient
Depuis Gaza, les aromates étaient ensuite acheminés par bateau vers les marchés du monde grec et de Rome. L’Occident ne pouvait alors se passer de l’encens et de la myrrhe utilisés dans un cadre religieux. On en faisait deux types d’usage sacré : sous la forme d’onctions ou de fumigations. On produisait des huiles dans lesquelles on faisait macérer les aromates ; on enduisait ensuite de la substance obtenue les statues ou objets de culte. On faisait aussi brûler les aromates dans les sanctuaires pour rendre hommage aux dieux.
Ces pratiques étaient devenues aussi courantes que banales à partir du IVᵉ siècle avant notre ère. Il était impensable de rendre un culte sans y associer des parfums venus d’Orient. Les fragrances qu’exhalaient les aromates étaient perçues comme le symbole olfactif du sacré. Outre cet usage cultuel, les aromates pouvaient aussi entrer dans la composition de cosmétiques et de produits pharmaceutiques.
La convoitise d’Alexandre le Grand
Mais la richesse de Gaza suscita bien des convoitises. Dans la seconde moitié du IVᵉ siècle avant notre ère, le Proche-Orient connaît un bouleversement majeur en raison des conquêtes d’Alexandre le Grand, monté sur le trône de Macédoine, royaume du nord de la Grèce, en 336 avant notre ère. Deux ans plus tard, Alexandre se lance à la conquête de l’Orient.
Après une série de succès fulgurant, en 332 avant notre ère, le Macédonien arrive sous les murailles de Gaza qu’il encercle. Bétis, l’officier qui commande la ville, mène une résistance acharnée, mais il ne dispose que de « peu de soldats », écrit l’historien romain Quinte-Curce
(Histoire d’Alexandre le Grand, IV, 6, 26).
Alexandre fait alors creuser des tunnels sous le rempart. « Le sol, naturellement mou et léger, se prêtait sans peine à des travaux souterrains, car la mer voisine y jette une grande quantité de sable, et il n’y avait ni pierres ni cailloux qui empêchent de creuser les galeries », précise Quinte-Curce. Les nombreux tunnels aménagés sous la ville, jusqu’à nos jours, témoignent encore de cette caractéristique du sol de Gaza et sa région.
Après un siège de deux mois, une partie de la muraille s’effondre dans la mine creusée par l’ennemi. Alexandre s’engouffre dans la brèche et s’empare de la ville.
« Bétis, après avoir combattu en héros et reçu un grand nombre de blessures, avait été abandonné par les siens : il n’en continuait pas moins à se défendre avec courage, ayant ses armes teintes tout à la fois de son sang et de celui de ses ennemis. »
Affaibli, le commandant de Gaza est finalement capturé et amené à Alexandre. Avec une extrême cruauté, le vainqueur lui fait percer les talons. Puis il y fait passer une corde qu’il relie à son char, avant d’achever Bétis en traînant son corps autour de la ville, jusqu’à ce qu’il l’ait réduit en lambeaux. Quant aux habitants de Gaza qui ont survécu au siège, ils sont vendus comme esclaves.
Lors du pillage qui s’ensuit, Alexandre s’empare d’une grande quantité de myrrhe et d’encens. L’auteur antique Plutarque raconte que le vainqueur, très fier de son butin, en envoya une partie à sa mère, la reine Olympias, restée en Macédoine, et à Léonidas qui avait été son instructeur militaire dans sa jeunesse (Plutarque, Vie d’Alexandre, 35).
Monnaie (tétradrachme) d’argent de Ptolémée III, frappée à Gaza, 225 avant notre ère. Fourni par l’auteur
La renaissance de Gaza
Après la mort d’Alexandre, la ville est reconstruite et placée sous la domination des Ptolémées, successeurs d’Alexandre en Égypte et au Proche-Orient. Les souverains ptolémaïques collaborent alors avec l’élite des marchands de Gaza et les transporteurs nabatéens. Cette politique est largement bénéfique : elle enrichit à la fois les Gazéens, les Nabatéens et les Ptolémées qui prélèvent des taxes sur les produits acheminés dans la ville.
Au cours du IIᵉ siècle avant notre ère, Gaza devient la capitale d’un petit État indépendant, allié du royaume nabatéen. Suivant le modèle des cités grecques, les Gazéens élisent à leur tête un commandant militaire qui porte le titre de « stratège ».
Nouveau siège, nouvelle destruction
C’est alors que le roi juif Alexandre Jannée, qui appartient à la dynastie des Hasmonéens régnant sur la Judée voisine, décide d’annexer Gaza. En 97 avant notre ère, il attaque la ville qu’il assiège. Un certain Apollodotos exerce la fonction de « stratège des Gazéens », écrit Flavius Josèphe (Antiquités Juives, XIII, 359). Face à la menace, il appelle à l’aide Arétas II, le puissant souverain nabatéen, qui règne depuis Pétra, au sud de la Jordanie actuelle, sur une large confédération de peuples arabes. C’est pour cette raison qu’il porte le titre de « roi des Arabes », et non pas des seuls Nabatéens, selon Flavius Josèphe.
« Ils résistèrent, écrit Flavius Josèphe, sans se laisser abattre par les privations ni par le nombre de leurs morts, prêts à tout supporter plutôt que de subir la domination ennemie. » (« Antiquités juives », XIII, 360)
« Les soldats massacrèrent les gens de Gaza »
Mais Arétas II arrive trop tard. Il doit rebrousser chemin, après avoir appris la prise de la ville par Alexandre Jannée. Apollodotos a été trahi et assassiné par son propre frère qui a pactisé avec l’ennemi. Grâce à cette trahison, Alexandre Jannée, vainqueur, peut pénétrer dans la ville où il provoque un immense carnage.
« Les soldats, se répandant de tous côtés, massacrèrent les gens de Gaza. Les habitants, qui n’étaient point lâches, se défendirent contre les Juifs avec ce qui leur tombait sous la main et en tuèrent autant qu’ils avaient perdu de combattants. Quelques-uns, à bout de ressources, incendièrent leurs maisons pour que l’ennemi ne puisse faire sur eux aucun butin. D’autres mirent à mort, de leur propre main, leurs enfants et leurs femmes, réduits à cette extrémité pour les soustraire à l’esclavage. » (Flavius Josèphe, « Antiquités juives », XIII, 362-363)
Monnaie de bronze de Cléopâtre VII frappée à Gaza, 51 avant notre ère. Fourni par l’auteur
Trente ans plus tard, la ville renaîtra à nouveau de ses cendres, lorsque les Romains, vainqueurs de la Judée hasmonéenne, rendent Gaza à ses anciens habitants. Puis la ville est placée, pendant quelques années, sous la protection de la reine Cléopâtre, alliée des Romains, qui y frappe des monnaies. La cité retrouve alors son rôle commercial de premier plan et redevient pour plusieurs siècles l’un des grands creusets culturels du Proche-Orient.
Christian-Georges Schwentzel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Estatua de bronce de un perro de los siglos II-III.MET Museum
Hace no mucho leíamos en la prensa y oíamos hablar sobre los cementerios de mascotas (algunos ya hay, especialmente para perros, en barrios residenciales de ciertos países del primer mundo), ante el escándalo de muchos bienintencionados que se llevan las manos a la cabeza viendo las necesidades del tercer mundo o zonas deprimidas donde comer es una aventura.
Los perros, específicamente, eran muy apreciados para cuatro funciones: guerra, compañía, caza y guardia de la casa. Prueba de esto último son mosaicos como el de Pompeya en el que aparece uno y al lado la inscripción CAVE CANEM, “cuidado con el perro”. Fue especialmente querido un tipo de bichón maltés, antepasado del actual perro pequeño, blanco y de pelo largo.
Y por eso hay registro de epitafios dedicados a los perros que se habían ganado el corazón de sus dueños –familias pudientes que podían permitirse estos sepulcros–, y de cuyo afecto habían sido objeto. Estos escritos singulares, que escapan de toda rutina, fueron redactados muchas veces en verso.
Hay uno, por ejemplo, grabado en una columna, que procede de Ancona (Italia) y destaca por su extrema brevedad:
“Guardián de mis carros, nunca ladró en vano:
ahora guarda silencio y la sombra protege sus cenizas”.
Margarita, perrita muerta en el parto
Placa sepulcral de Margarita en el Museo Británico. J. H. C.
En el Museo Británico de Londres se conserva actualmente un epitafio dedicado a una perra llamada Margarita, procedente de Roma. Su texto, escrito en una placa de mármol con letras muy pequeñas, está más elaborado que el anterior y hace alusión a las cualidades de la perra, para terminar describiendo su trágica muerte. Es destacable que esté redactado en primera persona, como los de algunos hombres:
“La Galia me engendró y me dio nombre una perla del rico mar, y mi belleza fue adecuada a la hermosura de mi nombre. Hábil y osada en corretear por los bosques desconocidos y en perseguir por las colinas a las hirsutas fieras, nunca solía ir sujeta por pesadas cadenas ni soportar crueles palizas en mi níveo cuerpo. Pues en el suave regazo de mi dueño y de mi dueña me tendía, y sabía, cuando estaba cansada, recostarme en su lecho preparado y, más allá de lo posible, hablaba con el rostro silencioso de un perro: nadie temió demasiado mis ladridos. Pero desgarrada por un parto desdichado, he tenido que sucumbir a mi destino. Y ahora me cubre la tierra bajo este pequeño mármol”.
Otro epitafio procede de las proximidades de Salerno, cerca de Nápoles, y está dedicado asimismo a una hembra. Aunque no se describe la raza, por los datos que proporciona, se trata –como en el anterior ejemplo– de una perra de pequeño tamaño, capaz de recostarse sobre el regazo de sus dueños:
“Empapado en lágrimas te he traído hasta aquí, mi querida perrilla, como hice antes más contento durante tres lustros. Pues ya no me darás miles de besos, Pátrice, ni podrás recostarte feliz en mi cuello. Lleno de tristeza te he enterrado, pues lo mereces, en una morada de mármol y te he unido para siempre a mis Manes, a ti, que eras capaz de asemejarte a los hombres con tu ingeniosa conducta. ¡Ay, cuántos encantos he perdido! Tú, dulce Pátrice, acostumbrabas a acercarte a mi mesa y, cariñosa, pedías comer en mis brazos, y solías lamer con tu lengua traviesa la copa que a menudo mis manos sostuvieron para ti; y, cuando llegaba cansado, me recibías moviendo la cola sin cesar y con ese simple gesto me transmitías todo tu cariño”.
Sentimientos a flor de piel
A veces las señoras tomaban tanto cariño a estas mascotas –escribe irónicamente Juvenal en una de sus invectivas contra las mujeres–, que sentían más la muerte de su perrita que la de su propio marido. Así, un epitafio, procedente de Aquitania, describe a la perra Mía con sentimientos que recuerdan a los de Catulo al describir al pajarillo muerto de su amada:
“Cuán dulce fue, cuán cariñosa. Mientras vivía, se acurrucaba en mi regazo, cómplice siempre de mi sueño y de mi lecho. ¡Oh desgracia, Mía, que has muerto! Habrías ladrado solamente si algún rival, coqueta, se hubiese tendido a los pies de tu dueña. ¡Oh desgracia, Mía, que has muerto! Una tumba profunda te guarda ya, inocente, y no puedes alborotar, ni brincar, ni disfrutar con los cariñosos mordiscos que me dabas”.
Altar funerario de un niño, Anthus, erigido por su padre, L(ucius) Iulius Gamus en la primera mitad del siglo I. Anthus está acompañado en el altar por su perro mascota. MET Museum
En este sentido quizás una de las dedicatorias más sentidas es la que vemos en una urna conservada en el Museo Arqueológico de Madrid, en la que A. Cornelius Aprilis, un liberto, pone a su patrona, Cornelia Nympha. En un momento posterior se añadió en la propia inscripción “y a la perrita Albana”, lo que parece indicar que se quisieron juntar las cenizas de dueña y perrita también en la urna.
Y es que el mundo no ha cambiado tanto en dos mil años. O quizás debamos decir que en algunos puntos vuelve a parecerse al de hace dos mil años –ya que estos homenajes no se recuperaron casi hasta el siglo XX–.
Es significativo que el ser humano siga honrando a sus seres más queridos, sean estos personas o, en algunos casos, mascotas.
Javier del Hoyo Calleja no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.
Dos personas observan el antiguo memorial a las víctimas del 11-M en Atocha, hoy desaparecido.Songquan Deng/Shutterstock
Las teorías de la conspiración no son un fenómeno marginal ni anecdótico. En España, desde los años setenta hasta hoy, cada gran episodio de terrorismo ha estado acompañado de relatos alternativos que ponen en duda la versión oficial. Estos discursos, lejos de quedarse en círculos reducidos, se mueven en las redes sociales, pódcast, medios de comunicación y debates políticos, alcanzando a millones de personas.
Un ejemplo reciente lo encontramos en la entrevista que el youtuber Jordi Wild hizo al excomisario José Manuel Villarejo en 2024, que superó los tres millones de visualizaciones. En ella, Villarejo sugirió la implicación de la CIA y de sectores del franquismo en el asesinato del presidente del gobierno español Carrero Blanco (1973), y señaló a los servicios secretos marroquíes y franceses en los atentados del 11M. Más allá de sus palabras, lo más revelador fueron los comentarios del vídeo: miles de usuarios discutiendo con vehemencia, prueba del atractivo y persistencia de este tipo de narrativas.
Aunque cambien los protagonistas o el contexto histórico, todas las teorías de la conspiración funcionan con los mismos ingredientes:
Un complot oculto: siempre hay un grupo todopoderoso –el Estado, una multinacional, los servicios secretos o una élite económica– que mueve los hilos en la sombra.
La lógica circular: la ausencia de pruebas no se interpreta como una debilidad, sino como la confirmación de que la trama existe y se ha ocultado con éxito.
Nada es casualidad: cada acontecimiento forma parte de un plan más amplio, conectado con otros episodios aparentemente independientes.
La manipulación de datos: se tergiversan hechos, se inventan pruebas o se repiten rumores hasta que parecen ciertos.
El atractivo sensacionalista: ofrecen un relato emocionante, alternativo a la versión oficial, con gran capacidad de difusión gracias a los medios y, hoy en día, a las redes sociales.
Estos elementos convierten a las teorías conspirativas en narrativas muy persuasivas: simplifican lo complejo, ofrecen certezas en momentos de incertidumbre y se apoyan en la desconfianza hacia las instituciones.
De Carrero Blanco a Barcelona
En España, a lo largo de las últimas décadas, encontramos múltiples ejemplos de estas conspiraciones:
El asesinato de Carrero Blanco (1973): oficialmente atribuido a ETA, pronto se rodeó de teorías que señalaban a la CIA, la URSS o incluso a sectores del franquismo.
En el atentado de 1974 contra Carrero Blanco, el coche en el que viajaba quedó destrozado tras la explosión de una bomba y acabó estrellado contra el balcón del tercer piso de un edificio en Madrid. Nationaal Archief/Wikimedia Commons
Los atentados del 11M (2004): pese a la autoría probada de Al Qaeda, una parte de la derecha política y mediática alimentó teorías alternativas que aún hoy circulan que también los vinculaban a ETA.
Los atentados de Barcelona (2017): la idea de que el CNI conocía y toleró los planes de la célula yihadista de Ripoll se ha convertido en un relato recurrente en medios, debates parlamentarios y redes sociales, a pesar de no contar con evidencias.
Cada uno de estos casos muestra cómo las conspiraciones sobreviven al paso del tiempo, incluso frente a sentencias judiciales firmes o evidencias históricas.
En la actualidad, además, las redes sociales multiplican su impacto. Plataformas como YouTube, Telegram, X o Forocoches permiten que cualquier individuo pueda difundir un relato alternativo con el mismo alcance que un gran medio de comunicación. De hecho, una simple búsqueda en Google sobre cualquiera de los casos mencionados devuelve antes las versiones conspirativas que los análisis académicos.
El reto para la democracia
Las teorías de la conspiración tienen consecuencias reales: erosionan la confianza en las instituciones, dificultan la convivencia democrática y, en ocasiones, alimentan la polarización y la violencia. En el caso del terrorismo, se convierten en un recurso político poderoso para movilizar emociones y reforzar identidades, aunque se basen en datos falsos o tergiversados.
Por eso es esencial que universidades, investigadores y medios adopten un papel más activo en desmontar estos relatos. Los historiadores, en particular, debemos salir de los límites del ámbito académico y aprovechar también los espacios digitales para explicar con claridad qué sabemos y qué no sabemos sobre nuestro pasado reciente.
Ninguna de las conspiraciones en torno al terrorismo en España ha presentado pruebas sólidas. Todas se sostienen en la falacia de que la ausencia de evidencias es en realidad la mayor prueba de la trama. Su atractivo reside en que convierten la duda y la desconfianza en un relato emocionante, donde nada es casualidad y todo forma parte de un plan secreto.
Frente a ellas, la única respuesta posible es más investigación, más divulgación y más pensamiento crítico. Entender cómo funcionan las teorías de la conspiración no solo ayuda a combatir la desinformación: es también una tarea esencial para proteger la calidad de nuestra democracia.
Pablo García Varela recibe fondos de la Xunta de Galicia dentro del programa de Axudas de apoio á etapa de formación posdoutoral de la Xunta de Galicia 2023.
Source: The Conversation – (in Spanish) – By Rocío Romero Zaliz, Personal docente e investigador area de ciencia de la computación e inteligencia artificial, Universidad de Granada
¿Se ha preguntado alguna vez por qué ciertos sabores nos resultan irresistibles mientras que otros nos generan rechazo? Más allá de nuestras papilas gustativas, depende de una intrincada red de señales dentro de nuestro cuerpo. Esta red influye no solo en nuestros gustos, sino en nuestra salud y hasta en cómo nos sentimos.
Un estudio reciente, publicado en la revista npj Science of Food de la editorial Nature, ha dado un paso importante para comprender el sentido del gusto. Gracias al uso de herramientas de inteligencia artificial y a técnicas de simulación molecular, los científicos que hemos participado en la investigación logramos identificar por primera vez el conjunto completo de interacciones de los receptores del gusto humano.
El gusto: una experiencia multidimensional
Los receptores del gusto son proteínas que detectan los compuestos químicos de los alimentos. Luego, convierten esa información en señales que el cerebro interpreta como dulce, salado, amargo, ácido o umami.
Pero estas proteínas no trabajan solas. Dentro de nuestras células, se relacionan con muchas otras. Juntas forman una red de interacciones que, hasta ahora, era poco conocida.
Comprender cómo se conectan dichas proteínas puede ayudarnos a mejorar la alimentación. También puede servir para tratar trastornos relacionados con el apetito o el sabor. Incluso puede guiar el desarrollo de alimentos más saludables y, a la vez, sabrosos.
Para ello, se entrenaron modelos de inteligencia artificial con más de 2,5 millones de datos experimentales que incluían información genética, estructural y funcional sobre proteínas humanas. Los investigadores utilizaron 61 características distintas para describir cada par de proteínas (siendo una de ella un receptor del gusto), como su similitud funcional, su presencia en otras especies, su nivel de expresión conjunta o su compatibilidad estructural. Esta información permitió construir modelos capaces de predecir, con alta precisión, si dos proteínas interactúan entre sí o no.
Pero no solo se trataba de saber si existía una interacción, sino también de estimar cuán fuerte era. Para ello, se desarrolló un modelo adicional que permite calcular la afinidad entre proteínas, es decir, la intensidad con la que se unen. Esta información resultó clave para priorizar las interacciones más relevantes desde el punto de vista biológico.
Una vez identificadas las interacciones más prometedoras, los investigadores recurrieron a simulaciones de dinámica molecular, que permiten observar cómo se comportan las proteínas en un entorno virtual imitando el interior de una célula. Gracias a esta técnica, pudieron analizar con detalle el modo en que se unen las proteínas, qué regiones están implicadas en el contacto y cómo cambia su forma durante la interacción.
Así, lograron validar algunas de las predicciones más destacadas del modelo, aunque poner a prueba todas es un proceso complejo que aún llevará tiempo.
Descubrimiento revolucionario
El descubrimiento más llamativo de este estudio es la interacción entre el receptor amargo TAS2R41 y la proteína CHMP4A. Esta última participa en funciones celulares esenciales, como la reparación de membranas dañadas. Aunque hasta ahora no se había relacionado con el sentido del gusto, las simulaciones moleculares revelaron que puede unirse de forma estable al receptor TAS2R41, lo que podría alterar su comportamiento.
En concreto, los investigadores observaron que esta interacción modifica la flexibilidad de una región clave del receptor, lo que podría facilitar la entrada de compuestos amargos y, por tanto, aumentar su sensibilidad. Este hallazgo sugiere que la proteína CHMP4A podría actuar como un modulador del gusto, influyendo en cómo percibimos ciertos sabores sin necesidad de que haya un estímulo externo, como un alimento.
Además, abre una nueva línea de investigación: la posibilidad de que los receptores del gusto tengan funciones más allá de la lengua. Esto plantea la hipótesis de que podrían participar en otros procesos como la regulación del apetito o la respuesta a ciertos medicamentos.
¿Y estos avances para qué nos sirven?
Nuestro trabajo puede ayudar a entender mejor cómo se relaciona el sentido gusto con la salud. Por ejemplo, podría explicar por qué algunas personas tienen más apetito que otras, o por qué ciertos alimentos resultan más atractivos para unos que para otros. Estas diferencias no siempre se deben a la cultura o a la costumbre: también pueden tener una base biológica, relacionada con cómo interactúan las proteínas en nuestro cuerpo.
Así sería posible diseñar alimentos que se adapten mejor a las preferencias individuales sin comprometer su valor nutricional. Esto podría facilitar que más personas adopten dietas equilibradas, especialmente aquellas que encuentran difícil seguir recomendaciones alimentarias tradicionales.
Además, los hallazgos podrían aplicarse en el tratamiento de personas con problemas de apetito o alteraciones en la percepción del sabor. Estas dificultades son comunes en pacientes con enfermedades crónicas, en personas mayores o en quienes reciben tratamientos como la quimioterapia.
En un mundo donde comer bien es un reto constante, por razones económicas, culturales o de salud, entender cómo funciona el gusto a nivel molecular puede convertirse en una herramienta poderosa. No solo para tomar mejores decisiones alimentarias, sino también para prevenir enfermedades, mejorar tratamientos y promover una relación más saludable con la comida.
Esta publicación es parte del Proyecto “Inteligencia Artificial Ética, Responsable y de Propósito General: Aplicaciones En Escenarios De Riesgo. (IAFER) Exp.: TSI-100927-2023-1 financiado a través de la Creación de cátedras universidad-empresa (Cátedras Enia), destinadas a la investigación y desarrollo de la inteligencia artificial, para su difusión y la formación en el marco del Plan de Recuperación, Transformación y Resiliencia Europeo, financiado por la Unión Europea-Next Generation EU.
Vanessa M. Martos Núñez recibe fondos de:
Proyecto VIRTUOUS-MSCA-RISE-Research and Innovation Staff Exchange, del Programa Horizon 2020 de la Comisión Europea. GA: 872181 https://virtuoush2020.com/project/
Estados Unidos ha sido claro en su intención de luchar contra las drogas. El mensaje, desde el día uno del despliegue de barcos, helicópteros, tanques y soldados, y los ataques contra tres embarcaciones que dejaron un saldo de 14 personas fallecidas, no puede ser más contundente: “Deje de enviar droga”, fue el mensaje lanzado por Trump desde Inglaterra a Nicolás Maduro.
El gobierno de Venezuela, por su parte, insiste en que todo obedece al interés del país norteamericano de derrocarlo, y presentó ante la Comunidad de Estados Latinoamericanos y Caribeños (CELAC) las correspondientes denuncias, sin dejar de lado las acusaciones por violación del derecho internacional al bombardear embarcaciones que supuestamente llevaban cargamentos de drogas.
Lo cierto es que, más allá de los hechos y las acusaciones, en la actual coyuntura internacional, las actuaciones de Estados Unidos parecen responder a una estrategia de poder: golpea en su patio trasero para mejorar su posición en el escenario global.
La sombra del pasado
Dos ejemplos de los últimos años de la Guerra Fría: en 1983, un conjunto de fuerzas militares de algunos países del Caribe en alianza con Estados Unidos invadió Granada para deponer el gobierno prosoviético que controlaba la isla, En 1989, durante el primer año de George Bush padre en la Casa Blanca, el ejército estadounidense invadió Panamá para capturar al dictador Manuel Antonio Noriega. En cambio, la estrategia de Estados Unidos en los últimos tiempos ha sido menos dogmática y se ha basado en el poder blando: la influencia económica, diplomática y tecnológica. Además, en estas últimas décadas, y con excepciones como Venezuela, Nicaragua o Cuba, la democracia se ha ido asentando en los países latinoamericanos.
Han quedado atrás los tiempos de la política del garrote con la que los gobiernos estadounidenses presionaban a los países latinoamericanos, con intervenciones armadas, y la lucha perdida contra el tráfico de drogas ha obligado a dar un giro e intentar nuevas estrategias.
Las preocupaciones de Washington respecto a Venezuela se concentran en dos cuestiones: las reservas de petróleo y la actividad delictiva del Cartel de los Soles (tráfico de cocaína, contrabando de combustible y minería ilegal entre otros).
Por su parte, las grandes compañías energéticas estadounidenses verían con buenos ojos la salida de Maduro y que se recuperase la normalidad en la industria petrolera venezolana. Venezuela tiene demasiado crudo para ignorarlo y el mercado energético global sigue siendo clave en la economía mundial.
En Washington se están evaluando las posibilidades para hacer intervenciones marítimas y terrestres en América Latina –hay un proyecto de ley redactado por Cory Mills, miembro de la Cámara de Representantes de los Estados Unidos– para dar una solución, al menos a mediano plazo, al narcotráfico en la región.
Explosiones descontroladas
Lo cierto es que hacer explotar embarcaciones parece estar teniendo consecuencias. “Vemos que no hay barcos. Cuando fuimos la primera vez, había cientos de barcos. Ahora no hay ninguno”, explicó Trump, quizás para precisar que probablemente esto se debe a que la presencia de los barcos estadounidenses es ya un obstáculo para los narcotraficantes.
Esta estrategia podría hacer tambalear a Nicolás Maduro, buscado por sus supuestos nexos con el Cartel de los Soles y por quien ya EE. UU. ofrece una recompensa de 50 millones de dólares, mayor que la que se prometió en 2001 por Osama Bin Laden (25 millones de dólares).
Lo que ocurre entre Estados Unidos y Venezuela no puede verse como un enfrentamiento regional: se trata de un capítulo más en la disputa por la narrativa de poder en el sistema internacional. Estados Unidos, bajo el gobierno de Trump, mide costos y beneficios con el mismo pragmatismo con el que antes respaldó a dictadores amigos o castigó a adversarios ideológicos.
La incógnita no es si a Washington le preocupa la democracia en Caracas sino cuánto está dispuesto a frenar el narcotráfico y mantener su hegemonía en un continente que, aunque relegado, sigue siendo su patio trasero y en donde China, su mayor adversario, va ganando terreno.
Fernando Cvitanic no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.