Est-ce que le « brassage cognitif » peut vraiment vous aider à vous endormir ?

Source: The Conversation – in French – By Melinda Jackson, Associate Professor at Turner Institute for Brain and Mental Health, School of Psychological Sciences, Monash University

S’endormir n’est pas toujours simple, en particulier lorsque l’on est en proie au stress. Ursula Ferrara/Shutterstock

Plutôt que de se focaliser sur leurs préoccupations, les personnes promptes à s’endormir ont tendance à laisser divaguer leurs pensées, ce qui mène leur cerveau vers un état propice au sommeil. Une méthode que l’on peut tenter de mimer en cas de difficultés d’endormissement, grâce à un exercice appelé « brassage cognitif ».


Si vous fréquentez un tant soit peu les réseaux sociaux – peut-être en plein milieu de la nuit, quand vous n’arrivez pas à dormir, tout en vous disant que ce n’est pas la solution pour trouver le sommeil… – vous avez probablement vu passer l’une des nombreuses vidéos qui vantent les mérites du « brassage cognitif » (« cognitive shuffling » en anglais), une méthode qui, selon ses partisans, favoriserait l’endormissement.

Le principe est de solliciter son cerveau en lui soumettant des images et des idées aléatoires, selon un protocole spécifique qui consiste à :

  • choisir un mot au hasard (par exemple « cookie ») ;

  • se concentrer sur la première lettre de ce mot (ici C) et énumérer une série de mots débutant par cette lettre : chat, carotte, calendrier, etc. ;

  • visualiser chaque nouveau mot ;

  • lorsque vous vous sentez prêt, passer à la lettre suivante (O) et renouveler le processus ;

  • poursuivre avec chaque lettre du mot initial (donc, ici, O, K, I puis E) jusqu’à ce que vous soyez prêt à changer de mot ou que vous sombriez dans le sommeil.

Certes, cette méthode rencontre un certain succès sur Instagram et TikTok. Mais repose-t-elle sur des bases scientifiques ?

D’où vient cette idée ?

La technique du brassage cognitif a été popularisée voici plus d’une dizaine d’années par le chercheur canadien Luc P. Beaudoin, après la publication d’un article décrivant ce qu’il nommait « serial diverse imagining » (« visualisation diversifiée sérielle »), une méthode présentée comme facilitant l’endormissement.

L’un des exemples proposés par Luc Beaudoin mettait en scène une femme pensant au mot « blanket » (couverture en anglais). Elle imaginait ensuite un vélo (en pensant au mot « bicycle », équivalent anglais de bicyclette), puis se visualisait en train d’acheter des chaussures (« buying », « acheter » en anglais). Ensuite, elle faisait surgir dans son esprit un bananier, en pensant au mot « banana » (« banane »), etc.

En passant à la lettre L, elle évoquait son ami Larry, puis le mot « like » (« aimer »), en imaginant son fils qui serrait son chien dans ses bras, avant de basculer sur la lettre A, pensant au mot « Amsterdam », qui lui faisait évoquer mentalement un marin réclamant une autre portion de frites en levant sa large main, dans un bar proche des docks de la capitale batave, tandis qu’en fond sonore, un accordéoniste jouait de son instrument désaccordé… Peu après, elle sombrait dans le sommeil.


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Selon Luc Beaudoin, l’objectif de ces exercices mentaux est de penser brièvement à une « cible » neutre ou agréable, puis de passer à d’autres cibles, sans lien avec les précédentes, et ce, fréquemment, soit toutes les 5 à 15 secondes environ. Il ne s’agit ni de relier les mots évoqués entre eux, ni de satisfaire la tendance naturelle de notre esprit à donner du sens. Le brassage cognitif vise plutôt à imiter le fonctionnement cérébral des « bons dormeurs ».

Trier le bon grain pro-endormissement de l’ivraie insomniante

Des recherches ont démontré qu’avant de s’endormir, l’esprit des « bons dormeurs » est envahi de pensées « hallucinatoires », proches du rêve. Ces visions oniriques, désordonnées, sont radicalement différentes des préoccupations angoissées qu’expérimentent les personnes qui ont des tendances à l’insomnie. Ces dernières ont en effet plutôt tendance à se focaliser davantage sur leurs préoccupations, leurs problèmes ou les bruits environnants, tout en s’inquiétant sans cesse de ne pas trouver le sommeil.

Pages semblent s’envoler d’un livre et se transformer en oiseaux.
Les bons dormeurs ont généralement des pensées plus hallucinatoires et moins ordonnées avant de s’endormir que les mauvais dormeurs.
fran_kie/Shutterstock

Le brassage cognitif a pour but de détourner l’attention des pensées qui empêchent la somnolence (inquiétudes, planifications, ruminations) pour privilégier celles qui la favorisent (images calmes et neutres propices au sommeil). Il procure un moyen de s’apaiser et de s’évader, ce qui permet de diminuer le stress lié aux difficultés d’endormissement, et envoie au cerveau le signal que l’on est prêt à sombrer dans le sommeil.

Le va-et-vient d’images aléatoires qu’il met en œuvre mime ce qui se passe naturellement lors de l’endormissement : l’activité cérébrale ralentit et produit sans effort conscient des séquences d’images déconnectées, appelées hallucinations hypnagogiques.

Les recherches préliminaires menées par Luc Beaudoin et son équipe suggèrent que cette méthode aide à réduire l’excitation mentale avant le sommeil, à améliorer sa qualité et à faciliter l’endormissement.

Néanmoins, le nombre d’études étayant ces premiers résultats demeure limité, et des travaux complémentaires sont encore nécessaires.

Et si cela ne fonctionne pas ?

« C’est en forgeant qu’on devient forgeron » : comme pour tout nouvel exercice, acquérir la maîtrise du brassage cognitif passe par une période d’entraînement. Ne soyez pas découragé si l’effet n’est pas immédiat. Persévérez, et faites preuve de bienveillance envers vous-même.

Gardez à l’esprit que chaque individu réagit différemment. Par ailleurs, selon votre relation au stress, d’autres stratégies vous conviendront peut-être davantage :

  • instaurer une routine régulière avant le coucher pour inciter votre cerveau à se détendre ;

  • observer vos pensées, sans aucun jugement, pendant que vous êtes allongé ;

  • noter vos inquiétudes ou élaborer des listes de tâches plus tôt dans la journée, afin d’éviter de les ressasser au moment du coucher.

Et si, malgré tous vos efforts, vos pensées nocturnes continuent à nuire à votre sommeil ou à votre bien-être, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un spécialiste du sommeil.

The Conversation

Melinda Jackson a reçu des financements du Medical Research Future Fund, du National Health and Medical Research Council (NHMRC), de l’Aged Care Research & Industry Innovation Australia (ARIIA) et de Dementia Australia. Elle est membre du conseil d’administration de l’Australasian Sleep Association.

Eleni Kavaliotis a déjà bénéficié d’une bourse du Programme de formation à la recherche (RTP) du gouvernement australien. Elle est membre du Conseil sur l’insomnie et la santé du sommeil de l’Association australasienne du sommeil (Australasian Sleep Association’s Insomnia and Sleep Health Council).

ref. Est-ce que le « brassage cognitif » peut vraiment vous aider à vous endormir ? – https://theconversation.com/est-ce-que-le-brassage-cognitif-peut-vraiment-vous-aider-a-vous-endormir-260685

Le protoxyde d’azote, un gaz hilarant… mais parfois responsable de lourdes séquelles

Source: The Conversation – in French – By Philippe Arvers, Médecin addictologue et tabacologue, Université Grenoble Alpes (UGA)

L’interdiction de vente aux mineurs du protoxyde d’azote – le fameux « gaz hilarant » – ne suffit pas. Cette substance continue à être détournée pour des usages récréatifs, au prix d’atteintes neurologiques qui s’accompagnent de séquelles parfois lourdes.


Il y a quelques années, alors que j’intervenais dans une formation organisée dans le cadre du service sanitaire, Bruno Revol, pharmacien et enseignant-chercheur, nous a relaté le décès d’un étudiant de l’université de Grenoble survenue suite à l’inhalation de protoxyde d’azote.

Si ce gaz, mélangé à l’oxygène, est utilisé de longue date dans le milieu médical comme anesthésiant, ce sont d’autres propriétés qui amènent depuis quelque temps un nombre croissant de jeunes gens à détourner son usage : inhaler du protoxyde d’azote provoque en effet fous rires et désinhibition, ce qui lui a valu son surnom de « gaz hilarant ». Au prix, parfois, de graves complications.

Des « air bags parties » à l’invention de l’anesthésie générale

Le protoxyde d’azote, de formule chimique N2O, a été découvert en 1772 par le pasteur anglais Joseph Priestley, connu pour ses travaux de chimiste et de physicien. C’est un autre chimiste britannique, le jeune Humphry Davy, qui découvre ses propriétés euphorisantes et désinhibantes, à la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle.

Ses expérimentations font alors école : chimistes, médecins, auteurs de théâtre, chirurgiens, poètes… la haute société anglaise organise de mémorables « air bag parties » pour inhaler ce « gaz hilarant », qui trouve aussi le chemin des foires.

gravure représentant des poètes composant des vers sous l’influence de gaz analogues au gaz hilarant.
Poètes composant des vers lors d’une « air bag party ». Gravure en couleurs de R. Seymour, 1829.
Collection Wellcome

Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que ses propriétés analgésiques (qui apparaissent au-delà d’une concentration de 10 %) sont découvertes. Si la puissance anesthésique du protoxyde d’azote est faible, et ne permet pas de réaliser un acte chirurgical, ce gaz peut cependant être utilisé comme adjuvant. C’est ainsi qu’en association avec l’inhalation d’éther, il a permis de réaliser les premières opérations chirurgicales sous anesthésie générale.

Le protoxyde d’azote sera ensuite longtemps utilisé par les chirurgiens-dentistes, pour l’extraction de dents. Il sera également mis à contribution dans la prise en charge des blessés, pendant la Première Guerre mondiale, en lieu et place du chloroforme et de l’éther.

Un anesthésiant encore utilisé aujourd’hui

Incolore et inodore, le protoxyde d’azote présente une grande diffusibilité et une faible solubilité dans les tissus, ce qui explique son court délai d’action. Il n’est pas transformé (« métabolisé ») par l’organisme. Par ailleurs, il est éliminé rapidement par voie pulmonaire, dès lors que l’on arrête son administration.

À l’heure actuelle, le protoxyde d’azote est encore utilisé en anesthésie, sous forme d’un mélange composé à 50 % d’oxygène. Appelé MEOPA (Mélange Équimolaire d’Oxygène et Protoxyde d’Azote), ce dernier ne doit pas être confondu avec le protoxyde d’azote pur, comme le souligne le psychiatre Daniel Annequin, spécialiste de la douleur.

Peu onéreux, efficace, d’action rapide et réversible, cet analgésique est utilisé lorsqu’il faut réaliser des gestes douloureux de courte durée en dehors du bloc opératoire (changement de pansements douloureux, brûlés, réalisation de ponction lombaire, sutures, etc.). Il est aussi employé dans les salles d’accouchement, pendant le travail obstétrical.

En France, le MEOPA est le médicament de référence pour les actes et les soins douloureux pédiatriques. Son utilisation est autorisée en médecine libérale, notamment par les dentistes (avec un embout nasal). S’il peut être parfois à l’origine d’effets indésirables (sensations vertigineuses, nausées, vomissements, agitation ou endormissement…), le rapport bénéfice-risque en faveur de son usage est encore considéré comme positif.

Des modalités pratiques d’utilisation en milieu médical ont toutefois été définies, en particulier pour tenir compte de ses effets sur la vitamine B12.

C’est cette toxicité qui est notamment responsable des graves effets observés en cas consommation répétée ou chronique de protoxyde d’azote pur, lorsque son usage « récréatif ».

Hors de l’hôpital, des détournements risqués

Le protoxyde d’azote n’est pas utilisé uniquement en milieu médical. Il est par exemple aussi employé dans le monde du tuning automobile, comme comburant afin d’accroître la puissance des moteurs, ainsi que dans le domaine culinaire, en tant que gaz de compression/propulsion, notamment dans les siphons de cuisine tels que ceux utilisés pour la crème chantilly.


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Ce qui pose problème, c’est que ces cartouches sont détournées de leur usage et inhalées, le plus souvent via des ballons de baudruche. Les effets recherchés par les usagers, souvent des adolescents et des jeunes adultes, sont notamment l’euphorie, l’hilarité, le fou rire, la distorsion des perceptions (auditives, visuelles), la sensation de dissociation, le « flottement », et la désinhibition. Ces effets ne durant que deux à trois minutes, les prises sont souvent répétées.

Or, le protoxyde d’azote présente une toxicité neurologique. Il inactive de façon irréversible la vitamine B12. Cette vitamine, essentielle à la fonction nerveuse (ainsi qu’à la formation et à la maturation des globules rouges et à la synthèse de l’ADN) est principalement apportée par les aliments d’origine animale. Stockée dans le foie, elle permet le bon fonctionnement du cerveau (synthèse de neurotransmetteurs) et du système nerveux (myélinisation des neurones).

L’inactivation de la vitamine B12 par le protoxyde d’azote réduit petit à petit le stock hépatique et entraîne une carence d’apport neurologique, au niveau cérébral et des neurones.

Les effets sur la santé

Les risques liés à l’utilisation récréative de protoxyde d’azote peuvent être immédiats : brûlures par le froid du gaz libéré directement depuis la cartouche, asphyxie liée au manque d’oxygène et aux troubles cardiaques induits, perte de connaissance, désorientation temporo-spatiale, risque de chute, troubles de la vigilance, vertiges, surdosage avec troubles moteurs et cardio-respiratoires.

Les complications, en cas de consommations répétées à intervalles rapprochés ou à forte dose, peuvent être sévères, et parfois irréversibles : dépendance, atteintes neurologiques et neuromusculaires (se manifestant par des douleurs, des pertes de sensibilité, de force au niveau des membres, des troubles de la marche, une incontinence), troubles psychiatriques, atteintes cardiaques et troubles de la fertilité.

Ces risques sont majorés quand le gaz est associé à d’autres substances psychoactives, en particulier l’alcool, les poppers, le cannabis ou des psychostimulants.

En cas de consommation chronique, la toxicité du protoxyde d’azote vis-à-vis de la vitamine B12, ainsi que le manque d’oxygène au niveau du cerveau (hypoxie cérébrale) ont des conséquences non négligeables.

Celles-ci se traduisent au niveau neurologique par des atteintes simultanées de la moelle épinière et des nerfs périphériques (myéloneuropathie). En effet, en raison de l’inactivation de la Vitamine B12, une démyélinisation de la moelle se produit, autrement dit une altération de la myéline, la « gaine » qui entoure les fibres nerveuses, essentielle à la transmission de l’influx nerveux.

En conséquence, on observe un engourdissement progressif des membres et des troubles de la coordination des mouvements musculaires (ataxie) dans les deux jambes “”). On observe aussi des troubles neurocognitifs, avec trouble du langage (aphasie) et amnésie.

Le système sanguin est également touché, ce qui se traduit notamment par des troubles hématologiques (atteinte de la moelle, anémie, leucopénie, thrombopénie, etc.). Des problèmes cardiovasculaires tels qu’arythmie, syndrome coronarien, accident vasculaire cérébral (AVC) et embolie pulmonaire peuvent aussi résulter d’une intoxication chronique au protoxyde d’azote.

Par ailleurs, divers troubles psychiatriques et troubles du comportement ont aussi été décrits (paranoïa, délire ou des hallucinations, notamment).

La question de l’addiction au protoxyde d’azote se pose également, en raison de l’existence d’un syndrome de sevrage se traduisant par des nausées, des vomissements, des sueurs, de la tachycardie, des tremblements, des troubles du sommeil, et des hallucinations.

Quelle prise en charge en cas d’intoxication ?

En cas de soupçon d’intoxication par le protoxyde d’azote, voici la conduite à tenir (pour la personne intoxiquée ou son entourage si cette dernière n’est pas en mesure de le faire).

Si l’intoxication survient en journée, et que la victime est consciente, mais présente des symptômes persistants (fourmillements, instabilité, nausées…), le médecin traitant peut être contacté. Les centres antipoison peuvent aussi être sollicités 24h/24 (la liste des numéros de téléphone est accessible sur leur site Internet).

Si la personne perd connaissance, a un comportement anormal, présente des difficultés à respirer, à marcher, ou est victime de convulsions ou des troubles neurologiques soudains, il faut contacter le SAMU (en composant le 15 ou le 112 depuis un portable).

La prise en charge aux urgences repose sur un bilan biologique (dosages plasmatiques d’homocystéine et d’acide méthylmalonique) et sera adaptée à la symptomatologie.

L’intoxication au protoxyde d’azote doit être soupçonnée dès lorsque les personnes présentent des troubles de la marche. Ceux-ci s’expliquent en effet par l’atteinte des cordons postérieurs de la moelle cervicale, ou la présence d’une neuropathie.

Une téléconsultation dédiée à ce phénomène a été initiée par Christophe Riou, addictologue, en collaboration avec le centre d’addictovigilance des Hospices Civils de Lyon et l’hôpital Pierre Wertheimer. Facile d’accès, discrète, elle est adaptée à un jeune public et à son entourage.

Une consommation en hausse en particulier chez les jeunes

D’après les données du Baromètre de Santé publique France, en 2022 14 % des 18-24 ans avaient déjà expérimenté le protoxyde d’azote, et plus de 3 % déclaraient en avoir consommé au cours de l’année.

En 2023, 472 signalements liés à la consommation de protoxyde d’azote ont été enregistrés par les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance, soit 30 % de plus qu’en 2022. Les centres antipoisons ont quant à eux reçu 305 signalements, soit 20 % de plus qu’en 2022.

Ces chiffres confirment l’augmentation du nombre de cas déclarés de complications associées au protoxyde d’azote observés ces dernières années. L’Association française des centres d’addictovigilance note par ailleurs que la part des signalements concernant des femmes augmente. Ces signalements révèlent également un accroissement des cas liés à un usage répété et prolongé (autrement dit, supérieur à un an).

Parmi ces signalements d’abus, d’usage détourné et de dépendance, 92 % font état d’une consommation de doses élevées et de l’utilisation de bonbonnes de grand volume, tandis que 50 % d’entre eux relatent une consommation quotidienne.

Profil des utilisateurs

Aux Pays-Bas, selon l’European Union Drugs Agency, l’enquête sur la population générale menée en 2020 auprès des adultes âgés de 18 ans et plus a révélé que la consommation de protoxyde d’azote au cours des 12 derniers mois était la plus élevée chez les jeunes adultes âgés de 18 à 19 ans (14,5 %) et de 20 à 24 ans (12,1 %).

Au Danemark, une enquête menée en 2019 a révélé que la consommation au cours de la vie chez les jeunes âgés de 15 à 25 ans était de 13,5 %, contre 6,5 % au cours des 12 derniers mois.

Une enquête menée en 2016 au Royaume-Uni a révélé que 9 % des personnes âgées de 11 à 15 ans s’étaient vu proposer du protoxyde d’azote, et en 2021, 1,8 % des jeunes du même groupe d’âge ont reconnu en avoir consommé.

Selon l’ANSM, les consommateurs sont plus souvent des hommes (58 %) âgés de 22 ans en moyenne, et 10 % sont des mineurs. 80 % des signalements recensent des troubles neurologiques.

Les mesures d’interdiction de vente en France

Depuis le 1er juin 2021, la vente de protoxyde d’azote (gaz hilarant) est interdite aux mineurs, dans tous les commerces, lieux publics et sur Internet. Elle est aussi interdite dans les bars, discothèques, débits de boissons temporaires ou bureaux de tabac.

En juillet 2023, un arrêté a plafonné la quantité vendable aux particuliers à 10 cartouches maximum, toutefois en cas de dépassement, aucune sanction stricte n’est mentionnée.

Le 29 janvier 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi visant à interdire toute vente aux particuliers, sans critère d’âge, dans tous les commerces et en ligne. La mise en application est prévue au 1er janvier 2026 .

Cette interdiction visera l’importation, la vente et la commercialisation, tout en prévoyant des dérogations pour certains professionnels (secteur médical, restauration, industrie alimentaire), via un décret définissant les circuits autorisés et les obligations de traçabilité.

Par ailleurs, après Lyon l’année dernière, la ville de Grenoble a décidé le 5 mai 2025 de prendre des mesures d’interdiction contre la consommation, la vente et l’abandon sur la voie publique de protoxyde d’azote. Le texte s’applique dans l’est et le centre-ville de la municipalité, jusqu’au 31 décembre 2025.

Terminons en rappelant que le protoxyde d’azote est un puissant gaz à effet de serre. Il occupe la troisième place sur le podium des gaz à effet de serre dont l’émission aggrave le réchauffement climatique derrière le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) (si l’on ne tient pas compte de la vapeur d’eau). Il est 265 fois plus puissant que le CO2, et possède une longue demi-vie, de 120 ans (dans ce cas, la demi-vie est le délai pour que la moitié du produit considéré se transforme). Le protoxyde d’azote est aussi l’un des principaux agents de la destruction de la couche d’ozone..

Or, chaque année, les seules émissions de protoxyde d’azote à usage anesthésique sont estimées à plusieurs millions de tonnes d’équivalent CO2 dans les pays développés. Une consommation qui peine à se réduire en Europe malgré de multiples recommandations médicales en restreignant l’indication. Une raison supplémentaire d’éviter de s’adonner à l’utilisation récréative du protoxyde d’azote, au-delà des risques pour la santé qu’elle représente…


Pour en savoir plus

The Conversation

Philippe Arvers ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le protoxyde d’azote, un gaz hilarant… mais parfois responsable de lourdes séquelles – https://theconversation.com/le-protoxyde-dazote-un-gaz-hilarant-mais-parfois-responsable-de-lourdes-sequelles-259568

The online world comes with risks – but also friendships and independence for young people with disabilities

Source: The Conversation – UK – By Andy Phippen, Professor of IT Ethics and Digital Rights, Bournemouth University

Kleber Cordeiro/Shutterstock

“In the real world, I’m a coward. When I’m online, I’m a hero.”

These words, paraphrased from a conversation with a young man with autism, have stayed with us throughout the years of research that underpin our recently published book exploring the relationship between children with special educational needs and disabilities and digital technology.

We’re constantly bombarded with warnings about the potential dangers of digital technology, especially for children. But this quote captures something we might miss. The digital world can be a vital space of empowerment and connection.

In our work, we’ve found that digital technology offers more than just access to learning for young people with special educational needs and disabilities. It opens doors to social lives, creative outlets and even employment opportunities that might be closed to them in the offline world. And yet, this potential is too often overshadowed by fears about the risks and harms they might encounter online.


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Adolescence, the Netflix drama that delves into the hidden dangers of growing up in a digital world, has taken up a lot of the national conversation around social media, cyberbullying and online exploitation. But there is another show on Netflix that has received far less attention.

The Remarkable Life of Ibelin is a powerful documentary that tells the story of Mats Steen, a young Norwegian man with a severe disability who found freedom, friendship and purpose in the online world of gaming. Though physically limited by Duchenne muscular dystrophy, Mats, known as “Ibelin” in World of Warcraft, built a rich life online.

After his passing at 25, his gaming friends revealed just how much he had meant to them. Some travelled to his funeral. The film challenges stereotypes about online gaming. It shows it as a source of connection, compassion, and real human bonds.

We’ve spoken to many young people with special educational needs and disabilities who echo the same themes. Online spaces offer a sense of identity and capability they don’t always feel offline.

We found that the benefits of digital engagement for children with special educational needs and disabilities are extensive. It enhances communication: tools such as voice interfaces and text-to-speech software help those with speech or language difficulties express themselves confidently. Online platforms create spaces for friendships, especially for those who find face-to-face interaction challenging.

Boy with wheelchair gaming on computer
Young people can build meaningful relationships online.
Frame Stock Footage/Shutterstock

Digital tools can also foster independence. Calendar apps can be useful for those with ADHD, or assistive technology for learners with dyslexia. And for education, tailored online content can bridge the gap between mainstream and specialist learning environments.

But the digital world isn’t an equal playing field. Children with special educational needs and disabilities face disproportionate levels of online harm, including grooming, cyberbullying and exposure to inappropriate content. Crucially, they often lack the tools or support to report harm or seek help.

This, of course, raises concerns for the parents, carers and teachers of young people with special educational needs and disabilities. We’ve found that parents, carers and teachers we’ve spoken to often reach for a “prohibition first” approach – feeling young people will be safer if they do not have the access to the internet and social media that a young person without their needs might enjoy.

Safeguarding and empowerment

We’ve been asked questions such as “What apps should I ban?” or “How do I stop my child going on the dark web?” These questions reflect a risk-averse mindset that fails to appreciate the value of digital engagement. Risk cannot be eliminated, but it can be managed. And, more importantly, opportunity must be protected.

Too often, safeguarding strategies are done to children, not with them. It’s a good idea for parents and teachers of all children to talk to them about their digital life: what brings them joy, what worries them, where they feel confident or confused. Children are more likely to talk about fears or bad experiences if they feel believed, respected and understood. Make yourself a safe adult to talk to: one who listens without panic.

While banning apps or limiting access might be useful in some cases, it should not be the starting point for safeguarding. It’s worth considering whether there are skills that a child could learn that would allow them to use technology safely.

What’s more, online safety lessons are best when adapted to the communication style, cognitive ability and emotional maturity of an individual child. Visual aids, social stories, or interactive games may work better than text-heavy advice.

Fear can limit what technology can offer the children who may need it most. For young people with special educational needs and disabilities, digital spaces are not simply entertainment, they are platforms for agency, creativity, relationships and voice.

The role of adults here is to ensure these spaces are not only safe, but welcoming and empowering. That means moving past automatic restrictions and toward thoughtful, inclusive strategies that support children who might gain the most from using these technologies. We don’t need more bans. We need more belief.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. The online world comes with risks – but also friendships and independence for young people with disabilities – https://theconversation.com/the-online-world-comes-with-risks-but-also-friendships-and-independence-for-young-people-with-disabilities-260443

There are many things Americans voters agree on, from fears about technology to threats to democracy

Source: The Conversation – UK – By Emma Connolly, Research Fellow, Digital Speech Lab, UCL

During his recent public spat with Donald Trump, Elon Musk tweeted a poll asking if a new political party would better represent the 80% of voters in the middle. Hundreds of thousands of people responded and more than 80% answered “yes”.

The middle is still overlooked in US politics. This is because there is a perception that Republicans and Democrats have nothing in common, and therefore no issue will win support from both centrist Republicans and Democrats.

Polarisation is problematic as it is linked to “democratic backsliding” – the use of underhand tactics in political processes. Worst of all, it poses a threat to democracy.

Many think that polarisation is fuelled by echo chambers created on social media platforms. These only expose people to beliefs similar to their own.

However, I study how narratives emerge on social media, and ways to investigate them. My work has two aims: first, to identify political issues that are likely to cross party lines, and a wider goal of exploring the role of social media in mitigating, rather than exacerbating, levels of polarisation.


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Earlier this year, for example, I sorted through 12,000 posts from Republican and Democrat voters on subreddits (online forums discussing specific topics). Using a technique I developed in my PhD research, I analysed attitudes to contested political issues around the time of Trump’s inauguration. Like other researchers, I am finding that there are things both sides often agree on, and that not every issue splits neatly across party lines.

Pew Research shows what Democrats and Republicans agree on.

Although it’s a complex topic, people from both parties are worried about levels of free speech on social media. According to my work and other sources, some Democrats accuse TikTok of censoring hashtags such as #FreeLuigi (a reference to Luigi Mangione, accused of murdering UnitedHealthcare CEO, Brian Thompson).

Meanwhile, some Republicans are saying they are flooded with what they see as left-wing content pushed by the algorithms. Despite their differences, Republicans and Democrats agree that social media platforms need to be more transparent about the way they work.

Both sides worry about the rise of authoritarianism and the growing negative influence of artificial intelligence in shaping the US’s future. There is a sense among some members of the two parties that the real enemies aren’t each other, but powerful corporations who hold too much power.

People on both sides of the political divide can be distrustful of tech companies and big businesses, where billionaires have power regardless of who’s in charge. Divisions of “up v down” could be alternatives to seeing divisions as “left v right”.

Some people are worried about the creation of a massive database of citizens’ details, and how their details could be used, or abused. Recently Republican Marjorie Taylor Greene said she would have opposed Trump’s “big, beautiful, bill”, had she read the AI clause thoroughly. The clause stops states from passing laws to regulate AI systems for the next ten years.

What do people agree on?

On the topic of protecting democracy, there are some suggestions that many Republicans and Democrats agree this is important, and under threat. In my study, some Republican and Democrat voters object to the possibility of Trump having a third term, aligning with the findings of several recent polls on the subject, and even among Trump’s most loyal support groups.

Both Republicans and Democrats want “the best” leaders who could get things done fast and efficiently. But it would appear that people on both sides are concerned about the “slash-and-burn” way that Doge (the Department for Government Efficiency, the new agency tasked with cutting federal spending) is working.

Also, deciding who is the best leader isn’t always about agreeing with specific policies. Instead, it’s about delivering decisive, efficient action. Even Republicans who don’t back everything Trump is doing say that at least he is doing something, especially in relation to immigration.

Many Republicans criticise the left, and former Democratic presidential candidate Kamala Harris in particular, but for unclear messaging, as much as any one policy. They (and others) put her loss down to a lack of direction and clarity on key issues (among other things). This probably resulted in failing to win votes from independents and moderate Republicans and many Democrats are frustrated that the party still hasn’t addressed this.

Research suggests that Democrat and Republican voters often agree that polarisation causes gridlock and prevents progress, but believe voices from the middle are not being heard. Some Republicans and Democrats also share a concern that both parties are more focused on fighting each other than on solving problems, with 86% of Americans believing this.

Some Republican voters in the posts I am analysing suggest that working together to get things done would be positive, supporting findings from the US and abroad. Other important factors rather than political party, such as religion or family or everyday life experiences can bring people from both sides together.

So, Americans might not be as divided as one might think. Levels of polarisation feel high but this could be skewed by the extreme views of a minority on both sides. And it isn’t helped by some sensationalist media reporting.

Lots of people get their news from social media platforms which reward and monetise engagement. Posts that fuel division are often the most visible, but they rarely tell the whole story. Divisive views are also often shared by those who are themselves the most polarised.

Like Musk’s online poll, research is starting to suggest that there is still a sizeable moderate middle in the US today who are open to compromise through clear messaging. These voters can make all the difference, especially if parties can frame issues in ways that appeal across the divide. With the 2026 midterm elections on the horizon, both sides might want to listen to them more.

The Conversation

Emma Connolly does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. There are many things Americans voters agree on, from fears about technology to threats to democracy – https://theconversation.com/there-are-many-things-americans-voters-agree-on-from-fears-about-technology-to-threats-to-democracy-258440

Online therapy as effective as in-person therapy, finds large study

Source: The Conversation – UK – By Fabian Lenhard, Researcher, Department of Clinical Neuroscience, Karolinska Institutet

Chay Tee/Shutterstock.com

When COVID arrived early in 2020, pandemic restrictions made in-person mental health care difficult or impossible. Both therapists and patients had to adapt almost overnight. For many in the field, it felt like a gamble: could this screen-based format offer the same level of support for people struggling with depression, anxiety or trauma?

Evidence has been growing, but until now few studies have compared treatment outcomes before and during the pandemic. Research my colleagues and I conducted offers new insights into this period.

We followed 2,300 patients treated in Sweden’s public mental health system over six years – three years before and three years during the pandemic – and tracked outcomes for common conditions including depression, anxiety, post-traumatic stress disorder (PTSD) and obsessive-compulsive disorder (OCD).

We found that nearly half of visits shifted online during the pandemic (up from just 4% pre-COVID), yet treatment outcomes did not decline – they remained stable, despite the rapid transition.


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Patients filled out regular questionnaires during treatment to track their progress, using standard mental health assessments that measured depression and anxiety symptoms. We examined the degree of symptom improvement and the number of patients who transitioned from severe to manageable symptoms.

Fully 38% of depressed patients recovered, along with 56% of those with generalised anxiety disorder, 46% with OCD and 59% with PTSD. These recovery rates were almost identical before and during the pandemic.

A group of young people wearing masks.
Recovery rates were the same during the pandemic.
AlessandroBiascioli/Shutterstock.com

As long as care is done well

We aren’t certain why remote care works, but one reason might be that the most important aspects of good therapy – things like building trust between patient and therapist, using evidence-based treatments and regular follow-up – can still occur online. In fact, for some people, meeting by video can make it easier to show up and feel comfortable. Our study suggests that, when care is done well, whether it’s in person or online doesn’t make much difference.

Online care also helps with everyday difficulties. It’s often easier for people who live far away, have trouble getting around or have busy schedules to get help from home. And during a health crisis like the pandemic, being able to keep up with treatment probably helped many people stay on track instead of falling behind.

Still, the findings come with limits. The study did not include children, people in acute psychiatric crisis or those with severe psychotic disorders — groups for whom in-person care may still be essential. And while online therapy offers flexibility, it also requires access to a private space, stable internet and the ability to engage through a screen — conditions that aren’t guaranteed for all patients.

Just turning on a webcam isn’t enough. The clinics in this study followed proven treatment methods and kept a close eye on how patients were doing. These steps probably made a big difference and are important for making remote care work.

Rather than being a temporary fix, online mental health care has become a core part of the system. Our study offers strong evidence that remote care, when well implemented, can match in-person treatment in effectiveness, even during something as challenging as a pandemic.

There is no one-size-fits-all model – and not all patients will benefit equally from internet-based treatments. But giving people the choice – and maintaining high standards of care regardless of delivery method – appears to be a key to success.

Because in the end, what matters most isn’t where care happens. It’s that it happens and that it works.

The Conversation

Fabian Lenhard works as the Head of Data & Analytics for WeMind Psychiatry and is affiliated as a researcher at Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden.

ref. Online therapy as effective as in-person therapy, finds large study – https://theconversation.com/online-therapy-as-effective-as-in-person-therapy-finds-large-study-259959

Staying positive might protect against memory loss

Source: The Conversation – UK – By Christian van Nieuwerburgh, Professor of Coaching and Positive Psychology, RCSI University of Medicine and Health Sciences

PeopleImages.com – Yuri A/Shutterstock

Want to remember things better as you get older? The secret might be surprisingly simple: focus on feeling good.

Recent research involving over 10,000 people aged 50 and above has found that people with higher wellbeing perform better on memory tests as they age. The study, which followed participants for 16 years, checked their wellbeing and memory every two years.

The researchers expected that good memory might improve wellbeing, but found no evidence for that. Instead, it was wellbeing that predicted better memory performance over time.

The study also found that the link between wellbeing and memory stayed strong even after taking things like depression into account. This means wellbeing may affect memory on its own, not just through effects on mood.


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However, the study’s authors acknowledge some limitations that should be taken into account when considering the real-life application of their findings.

The study relied on people reporting their own wellbeing, which can be biased – some people might overestimate how good they feel. The research also can’t prove that wellbeing directly causes better memory – other factors like income or life experiences might play a role.

Also, the memory tests used were relatively simple and might not capture the full complexities of how memory works in real life.

Despite these limitations, the study offers a compelling reason to invest in your wellbeing now. Here are five evidence-based strategies to increase the positive emotions in your day-to-day experiences.

Five strategies to boost your wellbeing now

1. Be grateful

Some people feel better when they keep a gratitude journal.

2. Engage in acts of kindness.

Being kind can boost the wellbeing of both initiators and receivers of kindness.

3. Nurture your most important relationships

Positive relationships are important for our wellbeing. These should be nurtured and maintained.

4. Be more present.

In a distracted world, being present in the moment can be difficult. Being present is the opposite of multitasking. This takes intentional practice and you can develop it through meditation or mindfulness practices.

5. Do things that lead to a “flow” state.

Being in a flow state means that we are fully engaged in an activity. It is a mental state where a person feels fully involved and enjoys a process or activity that provides just the right balance of challenge and reward. People often talk about this as “being in the zone”. Finding an engaging hobby or sport is a good way of increasing flow moments.

Ensuring that you and the people around you experience positive emotions regularly is not just about feeling good in the moment. It is also an important investment for the future, ensuring better mental health and wellbeing for yourself and others. What will you do?

The Conversation

Christian van Nieuwerburgh does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Staying positive might protect against memory loss – https://theconversation.com/staying-positive-might-protect-against-memory-loss-259617

Reduce, remove, reflect — the three Rs that could limit global warming

Source: The Conversation – UK – By Dante McGrath, Postdoctoral Researcher, Centre for Climate Repair, Department of Engineering, University of Cambridge

NASA Johnson/flickr, CC BY-NC

Since 2019, the UK has been committed to the target of net zero greenhouse gas emissions by 2050. Legally binding net zero targets form the basis for national efforts to meet the international goals of limiting global warming to “well below 2°C above pre-industrial levels” and ideally to 1.5°C.

These goals, launched in 2015 as part of the UN’s Paris agreement, set the stage for climate action in a warming world. Much like the “reduce-reuse-recycle” sustainability initiative, various climate actions fit within three Rs — reduce, remove and reflect. These actions were the subject of a recent debate in the UK parliament.

My colleagues and I have reviewed how these three Rs differ in scope, scale and state of knowledge. Our analysis reveals that a range of climate interventions may complement intensified mitigation efforts (to reduce greenhouse gas emissions), but more research is urgently needed.

Reducing greenhouse gas emissions is at centre stage. This is non-negotiable. Emissions reduction must be deep, rapid and sustained if we are to limit global warming to less than 2°C. These drastic cuts demand an ensemble cast, players from all sectors, from energy to agriculture. The energy to power modern society accounts for almost 75% of our greenhouse gas emissions.

We need a prop change at centre stage: an energy transition from fossil fuels to renewables. This requires electrification and energy efficiency measures — both are central to managing the growth in energy demand sustainably.

At stage right, greenhouse gas removal offers a supporting role by removing historical emissions and offsetting residual emissions from sectors lagging behind in the energy transition (such as shipping and aviation). A number of academics have stressed that a range of removal methods is required to achieve net zero emissions and halt the rise in global temperature.

Conventional carbon removal methods, such as forestation or the restoration of peatlands and wetlands, are vital. However, due to resource constraints (such as land and water security) and ecosystem impacts of global warming, we need to scale new methods rapidly to meet Paris agreement targets. These include ways to capture and store carbon on land and at sea.

Novel methods have many challenges, however, related to their effectiveness (including storage durability and permanence), unintended environmental consequences, economic costs and demands on natural resources. The challenges constraining the scale-up of novel removal methods must be addressed if we are to achieve net zero and halt global warming.

The consequences of climate change are outpacing efforts to abate it. With each year, the likelihood of exceeding 1.5 and 2°C warming increases, posing major risks to society and Earth’s ecosystems. That’s why the third R — reflect — needs to be assessed.




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Sunlight reflection methods have been in the wings on stage left. In the context of limiting global warming to 1.5°C, they have been considered feasible in theory, but fraught with challenges in practice. As the chance of exceeding 1.5°C in the coming years increases, this form of climate intervention needs further consideration. Experts brought together by the UN Environment Programme have concluded that, although this intervention is “not a substitute for mitigation”, it is “the only option that could cool the planet within years”.

The most studied methods to reflect sunlight are called stratospheric aerosol injection and marine cloud brightening. These methods mimic natural processes that cool the earth by reflecting sunlight, be it through the release of reflective aerosols into the upper atmosphere, or the addition of droplet-forming salt crystals into marine clouds in the lower atmosphere.




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Sunlight reflection methods pose immense challenges with respect to research, ethics and governance. There are many scientific uncertainties about how these interventions will influence the climate. There is also no global regulatory framework in place. Any legislation needs to be based on scientific evidence and informed decisions.

Shining the spotlight

Meeting climate goals requires an ensemble cast performing actions across the warming world stage. Emissions reduction is indispensable and should remain centre stage in climate policy. Climate interventions at stage right and left — in the form of greenhouse gas removal and sunlight reflection — need responsible and responsive direction. Their risks and benefits need to be assessed.

Before curtains are drawn, let’s make sure every climate action — reduce, remove and reflect — gets a fair hearing.


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The Conversation

Dante McGrath does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Reduce, remove, reflect — the three Rs that could limit global warming – https://theconversation.com/reduce-remove-reflect-the-three-rs-that-could-limit-global-warming-258413

Could new pipelines shield Canada from U.S. tariffs? The answer is complicated

Source: The Conversation – Canada – By Torsten Jaccard, Assistant Professor of Economics, University of British Columbia

It should come as no surprise that United States President Donald Trump’s tariff threats have renewed interest in building pipelines that don’t rely on access to the American market. Almost four million barrels of crude oil cross the Canada-U.S. border each day, generating revenue of more than $100 billion per year — a quarter of Alberta’s GDP.

A February survey by the Angus Reid Institute found that half of Canadians believe the federal government isn’t doing enough to expand pipeline capacity. Meanwhile, two-thirds said they would back reviving the Energy East project — a cancelled pipeline that would have transported oil from western Canada to New Brunswick and Québec.

But would new pipelines truly insulate Canada from the threat of U.S. tariffs? And how much new pipeline capacity is necessary? Despite the apparent urgency of approving new infrastructure projects, these questions remain surprisingly unexplored.

In a recent paper I co-authored with researcher Jotham Peters, which is currently under revision, we applied formal economic modelling techniques to parse through the costs and benefits of new pipelines, and in particular to understand the role of American tariffs in shaping these costs and benefits.

How tariffs could hit Canadian oil producers

In a worst-case scenario where the U.S. follows through on its threat of a 10 per cent tariff on Canadian oil exports, Canadian producers could lose as much as $14 billion in annual revenue — roughly a 10 per cent decrease.

Simply put, Canada’s existing pipeline network severely limits access to markets other than the U.S., and as a consequence oil producers bear the full brunt of American tariffs.

But what if Northern Gateway and Energy East — two previously cancelled pipelines that would have brought Canadian oil to tidewater — had been built?

If Northern Gateway and Energy East were operational in 2025, Canada would be more resilient, but not completely immune, to U.S. tariffs. Instead of a $14 billion loss, tariffs would reduce annual revenue by $9 billion.

Ultimately, the combined capacity of Northern Gateway and Energy East, which would be 1.625 million barrels per day, pales in comparison to the four million barrels per day of existing pipeline capacity connecting Canadian producers with American refineries.

Closing this gap would require an expansion of east-west pipeline capacity far beyond the cancelled pipelines of the last decade.

The economic case for pipelines

So have the recent shifts in U.S. trade policy fundamentally altered the economic case in favour of new east-west pipelines? As with most economic analyses, the answer is complicated.

On the one hand, any progress that mitigates the significant cost of U.S. tariffs are likely dollars well spent. Building new pipelines strengthens the bargaining power of Canadian producers, which carries an additional benefit of potentially increasing the return on each barrel sold to our southern neighbour.

There’s also a long-term capacity issue. Existing pipelines may reach their limit by 2035. In the absence of new pipelines, any new production after 2035 would either need to be transported by rail at a higher cost, or left in the ground.

On the other hand, if the U.S. never follows through on tariffs on energy exports — or if future administrations do not share Trump’s affinity for chaotic trade policy — Canada could end up right back where it started when these projects were cancelled.

All pipelines carry some economic benefit, but such benefits were not enough in 2016 and 2017 to warrant the construction of the Northern Gateway and Energy East pipelines.

Inflated construction costs threaten benefits

The elephant in the room is whether a significant expansion in pipeline capacity could realistically be achieved at reasonable cost. Recent evidence suggests it could be a challenge.

The Trans Mountain expansion project, for instance, was initially estimated to cost $5.4 billion in 2013. By the time it was completed in 2024, the final price tag had ballooned to $34 billion — a cost overrun of 380 per cent when accounting for inflation.

The Coastal GasLink pipeline, which transports natural gas, faced similar issues. It was initially projected to cost $4 billion in 2012 and was completed in 2023 at a final cost of $14.5 billion, with an inflation-adjusted overrun of 180 per cent.

While some of these costs were circumstantial — a major flood affected Trans Mountain, for example — increased efficiency in pipeline construction is necessary for the economic benefits of new pipelines to be realized, regardless of U.S. trade policy.

Beyond economics costs

While our research explores the economic impact of new pipelines in the face of U.S. tariffs, we acknowledge there are other issues that need to be considered.

Chief among them is ensuring Canada meets its constitutional obligation to consult First Nations on decisions, like natural resources projects, that affect their communities and territories. Although this lies beyond our area of expertise, it will inevitably be an important element of consideration for any new pipeline developments.




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The complicated history of building pipelines in Canada


The environmental impacts of new pipelines are another key concern. These impacts range from local exposure to oil spills to upstream greenhouse gas emissions associated with oil production. While these varying and complex impacts are also beyond the scope of our current work, future research should focus on quantifying the potential environmental impacts of new pipelines.

Our research cannot say whether any new pipeline project is good, bad or in Canada’s national interest. But we can help Canadians reach an informed decision about how changes in U.S. trade policy may or may not alter the economic case for new pipelines in this country.

While Canada would undoubtedly be in a stronger position to respond to U.S. tariffs were Northern Gateway and Energy East operational in 2025, it would still find itself significantly exposed to Trump’s tariff threats.

Fully removing this exposure would require not one but seven pipelines equivalent to Northern Gateway. Whether that’s a goal worth pursuing is a broader question — one we hope our research can help Canadians and policymakers reach on their own.

The Conversation

Torsten Jaccard receives funding from the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada.

ref. Could new pipelines shield Canada from U.S. tariffs? The answer is complicated – https://theconversation.com/could-new-pipelines-shield-canada-from-u-s-tariffs-the-answer-is-complicated-259660

5 000 ans avant le chihuahua, l’épopée des chiens en Amérique latine

Source: The Conversation – in French – By Aurélie Manin, Chargée de recherche en Archéologie, Archéozoologie et Paléogénomique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

On retrouve la trace d’un lien direct avec les chiens du Mexique ancien uniquement chez les chihuahuas. Nic Berlin / Unsplash, CC BY

Une très récente étude dévoile la grande histoire des chiens en Amérique latine. En mettant au jour de nombreux fossiles, les scientifiques ont montré une arrivée très tardive sur ce continent par rapport aux autres et une évolution bouleversée par la colonisation européenne.


Parmi tous les animaux élevés et domestiqués par l’humain, le chien est celui avec lequel nous partageons la plus longue relation, avec des indices de soins et d’inhumation volontaire remontant au moins à 14 000 ans. Mais s’il existe un lien avéré entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs du début de l’Holocène, il y a moins de 12 000 ans, et les chiens dans de nombreuses régions du monde, il en est d’autres où ils arrivent bien plus tard.

C’est le cas notamment de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud, où les plus anciens squelettes de chiens ne datent que d’il y a 5000 à 5500 ans. Or on trouve déjà des chiens en Amérique du Nord il y a près de 10 000 ans en Alaska et plus de 8000 ans dans l’Illinois. Pourquoi observe-t-on un tel décalage ? C’est pour aborder cette question que notre équipe internationale et interdisciplinaire, rassemblant des archéozoologues, des archéologues et des paléogénéticiens, a rassemblé des restes de chiens archéologiques pour analyser les lignées représentées et leurs dynamiques. Nous venons de publier nos résultats dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society B : Biological Science.

Nous avons mis en évidence une diversification génétique des chiens il y a environ 7000 à 5000 ans, qui correspond au développement de l’agriculture et aux transferts de plantes entre les différentes régions, en particulier le maïs.

D’autre part, nos travaux montrent que les lignées présentes aujourd’hui en Amérique sont pour l’essentiel très différentes de celles qui étaient présentes avant la colonisation européenne, il y a 500 ans. Ces dernières descendent de chiens venant d’Europe, d’Asie ou d’Afrique, apportés par le commerce trans-océanique. Ce n’est que chez certains chihuahuas que l’on retrouve la trace d’un lien direct avec les chiens du Mexique ancien.

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Une quarantaine de sites archéologiques analysés

Avec le développement des analyses paléogénétiques (l’analyse de l’ADN ancien), aborder les questionnements archéologiques demande d’associer des chercheurs aux profils variés et c’est ce que notre projet de recherche a permis. Pour étudier l’origine et les dynamiques des populations de chiens en Amérique centrale et du Sud, il nous a fallu identifier et rassembler des squelettes issus de 44 sites archéologiques, qui s’étendent du centre du Mexique au nord de l’Argentine.

Squelette de chien retrouvé sur le site de Huca Amarilla, désert de Sechura, Pérou
Squelette de chien retrouvé sur le site de Huca Amarilla, désert de Sechura, Pérou.
Nicolas Goepfert, Fourni par l’auteur

Nous avons travaillé sur des fouilles récentes, nous permettant d’avoir un maximum d’informations sur les contextes d’où venaient les chiens, mais aussi sur la réanalyse de collections anciennes dans lesquelles des restes de canidés avaient été trouvés. Confirmer l’identification de ces chiens a également été un défi : en Amérique du Sud en particulier, il existe de nombreux canidés dont la taille et la morphologie sont proches de celles du chien : renards, loup à crinière, chien des buissons… Il s’agit d’ailleurs d’animaux qui ont pu être proches des groupes humains, jusqu’à être inhumés. C’est donc l’utilisation d’analyses morphologiques fines qui nous ont permis de sélectionner les os et les dents analysés. Nous avons extrait l’ADN de 123 chiens (dont les poils de 12 chiens modernes, pour nous servir de référentiels) dans des laboratoires spécialisés en France, au Muséum national d’histoire naturelle, et au Royaume-Uni, à l’Université d’Oxford.

Le séquençage de cet ADN s’est fait en deux étapes. Nous avons d’abord étudié l’ensemble des fragments d’ADN disponibles qui nous ont permis de confirmer qu’il s’agissait bien de chiens et pas d’autres canidés sauvages. Les critères morphologiques que nous avions utilisés sont donc confirmés. Mais, dans la plupart des cas, le génome de ces chiens n’était pas assez bien couvert par le séquençage pour en dire plus : il s’agit d’une des conséquences de la dégradation de l’ADN, à la mort d’un individu, qui se fragmente intensément et, comme un puzzle aux pièces minuscules, il devient difficile de reconstituer un génome complet.

Squelette de chien retrouvé sur le site de Huca Amarilla, désert de Sechura, Pérou
Squelette de chien retrouvé sur le site de Huca Amarilla, désert de Sechura, Pérou.
Nicolas Goepfert, Fourni par l’auteur

Quand l’ADN mitochondrial révèle ses secrets

Dans un second temps, nous avons réalisé une capture de l’ADN mitochondrial pour filtrer les fragments d’ADN contenus dans les échantillons et garder préférentiellement ceux qui se rapportent au génome mitochondrial. En effet, il existe deux sortes d’ADN dans les cellules : l’ADN nucléaire, contenu dans le noyau de chaque cellule, qui provient pour moitié du père et pour moitié de la mère de chaque chien ; et l’ADN mitochondrial, contenu dans les mitochondries de chaque cellule, et qui, au moment de la fécondation, font partie l’ovule. C’est donc un ADN transmis exclusivement par la mère de chaque chien. Or l’ADN mitochondrial est très court (un peu moins de 17 000 paires de bases, contre 2,5 milliards de paires de bases pour l’ADN nucléaire du chien) et il est présent en multiples exemplaires dans chaque mitochondrie. C’est donc un ADN plus facile d’accès pour la paléogénomique.

Schéma d’une cellule avec la localisation de l’ADN nucléaire et mitochondrial
Schéma d’une cellule avec la localisation de l’ADN nucléaire et mitochondrial.
Aurélie Manin, Fourni par l’auteur

Nous avons obtenu suffisamment de fragments d’ADN mitochondrial pour reconstituer les lignées maternelles de 70 individus (8 chiens modernes et 62 chiens archéologiques) et les analyser au moyen d’outils phylogénétiques, c’est-à-dire permettant de reconstituer les liens de parenté entre les chiens. Les arbres phylogénétiques que nous avons pu reconstituer nous ont permis de confirmer que l’ensemble des chiens américains de la période pré-contact (c’est-à-dire avant les colonisations européennes de l’Amérique il y a 500 ans) ont un ADN mitochondrial se rapportant à une seule lignée, traduisant bien l’arrivée du chien en Amérique au cours d’une seule vague de migration.

Néanmoins, nos travaux permettent de préciser que l’ensemble des chiens d’Amérique centrale et du Sud se distinguent des chiens d’Amérique du Nord (Canada et États-Unis actuels) dont ils se séparent il y a environ 7000 à 5000 ans. Cet âge, qui correspond au dernier ancêtre commun à tous les chiens d’Amérique centrale et du Sud, coïncide avec le développement des sociétés agraires, une période pendant laquelle on observe de nombreux mouvements de plantes entre les régions, et notamment celui du maïs, domestiqué au Mexique, qui arrive en Amérique du Sud il y a environ 7000 ans. La structure des lignées maternelles suggère par ailleurs que la diffusion des chiens s’est faite de manière progressive, de proche en proche : les chiens les plus proches géographiquement sont aussi les plus proches génétiquement. Ce principe d’isolement génétique par la distance s’applique normalement plus aux animaux sauvages qu’aux animaux domestiques, dont les mouvements sont avant tout marqués par la volonté humaine qui induit un brassage au gré des échanges culturels. Nous nous sommes interrogés sur les mécanismes de diffusion des chiens en Amérique, suggérant une dispersion relativement libre, liée aux changements d’activités de subsistance et à l’augmentation du stockage des ressources, qui peut avoir contribué à attirer des chiens féraux (vivant à l’état sauvage).

Un chihuahua descendant des chiens précoloniaux

Aujourd’hui, on ne retrouve presque plus trace de ces lignées et leur structuration en Amérique. Un des chiens de notre étude, issu du village indigène de Torata Alta, dans les Andes Centrales, et daté d’avant 1600 de notre ère, possède un ADN maternel d’origine eurasiatique. Les Européens arrivent dans la région en 1532, certainement accompagnés de chiens, et cet individu nous montre que leur lignée s’est rapidement intégrée dans l’entourage des populations locales. C’est le seul animal issu d’un contexte colonial inclus dans notre étude et on ne dispose pas de plus d’informations permettant d’expliquer les mécanismes ayant mené à la diversité génétique des chiens observée aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, parmi les chiens de race moderne dont on connaît le génome mitochondrial, un chihuahua porte un génome dont la lignée maternelle remonte aux chiens ayant vécu au Mexique à la période pré-contact. Un indice qui vient corroborer les sources concernant l’histoire de cette race, dont les premiers représentants auraient été acquis au Mexique dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Ce travail interdisciplinaire nous a permis de mieux comprendre la diffusion et l’origine des populations de chiens en Amérique centrale et du Sud. Néanmoins, il ne porte que sur l’ADN mitochondrial, et donc sur l’évolution des lignées maternelles. L’analyse du génome nucléaire pourrait révéler d’autres facettes de l’histoire des chiens en Amérique que de futurs travaux permettront de développer.


Cet article est publié dans le cadre de la série « Regards croisés : culture, recherche et société », publiée avec le soutien de la Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du ministère de la culture.

The Conversation

Aurélie Manin a reçu des financements du NERC (Natural Environment Research Council) au Royaume-Uni pendant la réalisation de cette étude.

ref. 5 000 ans avant le chihuahua, l’épopée des chiens en Amérique latine – https://theconversation.com/5-000-ans-avant-le-chihuahua-lepopee-des-chiens-en-amerique-latine-260107

Le « Parti de l’Amérique » d’Elon Musk peut-il faire vaciller le bipartisme ?

Source: The Conversation – in French – By Frédérique Sandretto, Adjunct assistant professor, Sciences Po

Les tensions entre Donald Trump et Elon Musk semblent avoir atteint un point de non-retour. Le milliardaire de la tech vient d’annoncer la création de sa propre formation politique, le « Parti de l’Amérique ». Si le bipartisme paraît gravé dans le marbre du système états-unien, cette tentative de troisième voie s’inscrit dans une longue tradition de contestation – avec, jusqu’ici, un succès limité.


L’histoire politique des États-Unis a souvent été façonnée par des élans de colère : colère contre l’injustice, contre l’inaction, contre le consensus mou. À travers cette rage parfois viscérale surgit l’énergie de la rupture, qui pousse des figures marginales ou charismatiques à se dresser contre l’ordre établi.

En ce sens, le lancement par Elon Musk du Parti de l’Amérique (« American Party ») s’inscrit dans une tradition d’initiatives politiques issues de la frustration à l’égard d’un système bipartisan jugé, selon les cas, sclérosé, trop prévisible ou trop perméable aux extrêmes. Ce geste politique radical annonce-t-il l’émergence d’une force durable ou ne sera-t-il qu’un soubresaut médiatique de plus dans un paysage déjà saturé ?

Le système bipartisan : stabilité, stagnation et quête d’alternatives

Depuis le début du XIXe siècle, le paysage politique américain repose sur un duopole institutionnalisé entre le Parti démocrate et le Parti républicain. Ce système, bien que traversé par des courants internes parfois contradictoires, a globalement permis de canaliser les tensions politiques et de préserver la stabilité démocratique du pays.

L’alternance régulière entre ces deux forces a assuré une continuité institutionnelle, mais au prix d’un verrouillage systémique qui marginalise les initiatives politiques émergentes. Le scrutin uninominal majoritaire à un tour, combiné à une logique dite de « winner takes all » (lors d’une élection présidentielle, le candidat vainqueur dans un État « empoche » l’ensemble des grands électeurs de cet État), constitue un obstacle structurel majeur pour les nouveaux acteurs politiques, rendant leur succès improbable sans une réforme profonde du système électoral.




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Débat : Aux États-Unis, le problème est le scrutin majoritaire, pas le collège électoral


Historiquement, plusieurs tentatives ont cherché à briser ce duopole. L’exemple le plus emblématique reste celui de Theodore Roosevelt (président de 1901 à 1909), qui, en 1912, fonda le Progressive Party (ou Bull Moose Party), dont il devint le candidat à la présidentielle de cette année. Le président sortant, William Howard Taft, républicain, vit alors une grande partie des voix républicaines se porter sur la candidature de Roosevelt, qui était membre du Parti républicain durant ses deux mandats, ce dernier obtenant 27 % des suffrages contre 23 % pour Taft ; le candidat du parti démocrate, Woodrow Wilson, fut aisément élu.

Plus récemment, en 1992, dans une configuration assez similaire, le milliardaire texan Ross Perot capta près de 20 % des voix en tant que candidat indépendant lors de l’élection remportée par le démocrate Bill Clinton devant le président sortant, le républicain George H. Bush, auquel la présence de Perot coûta sans doute un nombre considérable de voix. Perot allait ensuite fonder le Reform Party en 1995. Sa rhétorique anti-establishment séduisit un électorat désabusé, mais son mouvement s’effondra rapidement, victime d’un manque de structure organisationnelle, d’idéologie claire et d’ancrage local.

Ross Perot (à droite) lors du troisième débat l’opposant à Bill Clinton et à George H. Bush lors de la campagne présidentielle de 1992.
George Bush Presidential Library and Museum

D’autres figures, telles que les écologistes Ralph Nader (2000, 2004, 2008) et Jill Stein (2012, 2016, 2024) ou le libertarien Gary Johnson (2012 et 2016), ont également porté des candidatures alternatives, mais leur impact est resté marginal, faute de relais institutionnels et d’un soutien électoral durable.

Cette récurrence de la demande pour une « troisième voie » reflète la complexité croissante de l’électorat américain, composé de modérés frustrés par l’immobilisme partisan, de centristes orphelins d’une représentation adéquate et d’indépendants en quête de solutions pragmatiques. Ce mécontentement, ancré dans la perception d’un système bipartisan sclérosé, offre un terrain fertile à des entreprises politiques disruptives, telles que le Parti de l’Amérique d’Elon Musk, qui cherche à transformer cette frustration en une force politique viable.

Le Parti de l’Amérique : une réappropriation symbolique et une réponse au trumpisme

Le choix du nom « Parti de l’Amérique » n’est pas anodin ; il constitue une déclaration politique en soi. En adoptant l’adjectif « American », Musk opère une réappropriation symbolique de l’identité nationale, se positionnant comme une force de rassemblement transcendant les clivages partisans.

Cette stratégie rhétorique vise à redéfinir le débat sur ce que signifie être « américain », un enjeu central dans le discours politique contemporain. Le nom, volontairement générique, cherche à minimiser les connotations idéologiques spécifiques (progressisme, conservatisme, libertarianisme) pour privilégier une identité englobante, à la fois patriotique et universelle, susceptible d’attirer un électorat lassé des divisions partisanes. En outre, en reprenant cette dénomination, qui a été celle de plusieurs formations politiques par le passé, Musk joue avec une mémoire politique oubliée, tout en expurgeant ce terme de ses anciennes connotations xénophobes pour en faire un vecteur d’unité et de modernité.

En effet, dans l’histoire des États-Unis, plusieurs partis politiques ont porté le nom d’American Party bien avant l’initiative d’Elon Musk. Le plus célèbre fut l’American Party des années 1850, aussi connu sous le nom de Know-Nothing Party, un mouvement nativiste opposé à l’immigration, en particulier à celle des catholiques irlandais. Fondé vers 1849, il a connu un succès politique important pendant quelques années, faisant élire des gouverneurs et des membres du Congrès, et présentant l’ancien président Millard Fillmore (1850-1853) comme candidat à l’élection présidentielle de 1856.

Après le déclin de ce mouvement, d’autres partis ont adopté le même nom, notamment dans les années 1870, mais sans impact significatif. En 1924, un autre American Party émerge brièvement comme plate-forme alternative, sans succès durable. Le nom est aussi parfois confondu avec l’American Independent Party, fondé en 1967 pour soutenir George Wallace, connu pour ses positions ségrégationnistes ; ce parti a parfois été rebaptisé American Party dans certains États.

En 1969, une scission de ce dernier a donné naissance à un nouvel American Party, conservateur et anti-communiste. Par la suite, divers petits groupes ont repris ce nom pour promouvoir un patriotisme exacerbé, des idées anti-globalistes ou un retour aux valeurs fondatrices, mais sans réelle influence nationale. Ainsi, le nom American Party a été utilisé à plusieurs reprises dans l’histoire politique américaine, souvent par des partis à tendance nativiste, populiste ou conservatrice, et porte donc une charge idéologique forte.

Le lancement du Parti de l’Amérique de Musk s’inscrit également dans une opposition explicite au trumpisme, perçu comme une dérive populiste du conservatisme traditionnel. Musk, par sa critique des projets budgétaires de Donald Trump, exprime une colère ciblée contre ce qu’il considère comme une gestion économique irresponsable et des politiques publiques inefficaces.

Cette opposition ne se limite pas à une divergence tactique, mais reflète une volonté de proposer une alternative fondée sur une vision techno-libérale, où l’innovation, la rationalité scientifique et l’entrepreneuriat occupent une place centrale. Le Parti de l’Amérique se présente ainsi comme un refuge pour les électeurs désenchantés par les excès du trumpisme et par les dérives perçues du progressisme démocrate, cherchant à dépasser le clivage gauche-droite au profit d’un pragmatisme axé sur l’efficacité, la transparence et la performance publique.

Une idéologie floue : aspirations économiques plutôt que fondements doctrinaires

Le Parti de l’Amérique, malgré son ambition de réinventer la politique américaine, souffre d’une absence de fondements idéologiques cohérents. Plutôt que de s’appuyer sur une doctrine politique clairement définie, le mouvement semble guidé par des aspirations économiques et financières, portées par la vision entrepreneuriale de Musk.

Cette approche privilégie la méritocratie technologique, l’optimisation des ressources publiques et une forme de libertarianisme modéré, qui rejette les excès de la régulation étatique tout en évitant les dérives de l’anarcho-capitalisme. Cependant, cette orientation, centrée sur l’efficacité et l’innovation, risque de se réduire à un programme technocratique, dénué d’une vision sociétale ou éthique plus large.

Le discours du Parti de l’Amérique met en avant la promesse de « rendre leur liberté aux Américains » mais la nature de cette liberté reste ambiguë. S’agit-il d’une liberté économique, centrée sur la réduction des contraintes fiscales et réglementaires pour les entrepreneurs et les innovateurs ? Ou bien d’une liberté plus abstraite, englobant des valeurs civiques et sociales ? L’absence de clarification sur ce point soulève des questions quant à la capacité du parti à fédérer un électorat diversifié.




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En se focalisant sur des objectifs économiques – tels que la promotion des mégadonnées, de l’intelligence artificielle et de l’entrepreneuriat – au détriment d’une réflexion sur les enjeux sociaux, culturels ou environnementaux, le Parti de l’Amérique risque de se limiter à une élite technophile, éloignant les électeurs en quête d’un projet politique plus inclusif. Cette orientation économique, bien que séduisante pour certains segments de la population, pourrait ainsi entraver la construction d’une base électorale suffisamment large pour concurrencer les partis établis.

Les défis de la viabilité : entre ambition et réalité électorale

La viabilité du Parti de l’Amérique repose sur plusieurs facteurs décisifs : sa capacité à s’implanter localement, à recruter des figures politiques crédibles, à mobiliser des ressources financières et médiatiques durables, et surtout à convaincre un électorat de plus en plus méfiant à l’égard des promesses politiques.

Si Elon Musk dispose d’un capital symbolique et économique considérable, sa transformation en une dynamique collective reste incertaine. Le système électoral américain, avec ses mécanismes favorisant les grands partis, constitue un obstacle majeur. Sans une crise systémique ou une réforme électorale d’envergure, le Parti de l’Amérique risque de reproduire le destin éphémère de ses prédécesseurs.

De plus, la figure de Musk est profondément polarisante. Sa colère, catalyseur de cette initiative, traduit un malaise réel dans la société américaine, mais sa capacité à fédérer au-delà de son audience habituelle – composée d’entrepreneurs, de technophiles et de libertariens – reste à démontrer. Le succès du Parti de l’Amérique dépendra de sa capacité à transcender l’image de son fondateur (lequel ne pourra pas, en tout état de cause, se présenter à l’élection présidentielle car il n’est pas né aux États-Unis) pour incarner un mouvement collectif, ancré dans des structures locales et des propositions concrètes.

L’histoire politique américaine montre que les mouvements de troisième voie, bien que porteurs d’espoir, peinent à s’inscrire dans la durée face aux contraintes structurelles du système électoral.

Le Parti de l’Amérique, malgré l’aura de son instigateur, risque de demeurer un sursaut protestataire plutôt qu’une force durable. Toutefois, il révèle une vérité profonde : l’Amérique contemporaine est en quête d’un nouveau récit politique, et la colère, lorsqu’elle est canalisée, peut parfois poser les bases d’une transformation.

Reste à savoir si le « grand soir » annoncé par Musk saura prendre racine ou s’évanouira dans le tumulte électoral.

The Conversation

Frédérique Sandretto ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le « Parti de l’Amérique » d’Elon Musk peut-il faire vaciller le bipartisme ? – https://theconversation.com/le-parti-de-lamerique-delon-musk-peut-il-faire-vaciller-le-bipartisme-260569