70, 80 et 90 : dites-moi comment vous les prononcez, je vous dirai qui vous êtes

Source: The Conversation – France in French (2) – By Mathieu Avanzi, Linguiste et spécialiste des français régionaux, Université catholique de Louvain (UCLouvain)

La façon de prononcer ce chiffre peut en dire plus sur vous que vous ne le pensez. Andy Maguire/Flickr, CC BY-SA

En français, l’expression des adjectifs cardinaux 70, 80 et 90 du français n’est pas régulière, contrairement à ce que l’on peut observer dans la plupart des autres langues d’origine indo-européenne (notamment le latin, dont le français est une des langues « filles »). Alors que certaines formes relèvent du système décimal (où septante = 7*10, huitante/octante = 8*10, nonante = 9*10), d’autres relèvent du système vigésimal (où quatre-vingt = 4*20, quatre-vingt-dix = 4*20+10) et d’autres encore de la combinaison des deux systèmes (voir soixante-dix = 6*10+10).

Le système vigésimal

Les origines du système vigésimal sont largement débattues par les spécialistes (certains affirment que ce sont les Gaulois qui comptaient sur une base de vingt ; d’aucuns ont pourtant rappelé que le système était connu dans des civilisations antérieures aux Gaulois ; pour d’autres il pourrait s’agir d’une innovation gallo-romaine, qui ne doit rien aux civilisations antérieures), et il n’est pas possible de trancher en faveur de l’une ou de l’autre hypothèse.

Quant à l’évolution de la concurrence entre formes vigésimales et formes décimales dans l’histoire du français, elle est fort complexe. Disons pour faire simple que dans l’état actuel de nos connaissances, tout porte à croire que le système vigésimal était naguère bien plus répandu qu’il ne l’est aujourd’hui (on trouve dans des textes plus ou moins anciens les formes « trois vingts » pour 60, « trois vingt dix pour 70 », « sept vingt » pour 140, « quatorze vingt » pour 280, pour ne citer que les combinaisons les plus fréquentes. Un exemple historique est celui de l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris, nommé ainsi par Louis IX car il s’agissait d’un hospice qui contenait à l’origine 300 lits.

On sait aussi que les formes en -ante ont connu leur période de gloire aux XVIe et XVIIe siècle (elles étaient moins fréquentes au cours des siècles précédents et suivants), mais que même à cette époque, elles n’ont jamais été plus fréquentes dans les textes que leurs concurrents relevant du système vigésimal.

Pour la période moderne, les données enregistrées par les auteurs de l’Atlas linguistique de la France, publié entre 1902 et 1910 et les données récoltées par les linguistes animant le blog Français de nos régions (récemment publiées dans l’Atlas du français de nos régions aux éditions Armand Colin) nous permettent de documenter avec un peu plus de précision l’évolution des formes à la fin du XIXe et au début du XXIe siècles.

Septante et nonante

Les dénominations des cardinaux 70 et 90 à la fin du XIXe siècle et au début du XXIe siècle.

Faites glisser les cartes pour passer entre la fin du XIXe siècle et le début du XXIe siècle.

La comparaison des deux cartes permet de montrer qu’au XXIe siècle, les formes septante et nonante ne sont quasiment plus employées en France (si ce n’est dans quelques villages localisés à la frontière avec la Suisse romande), mais qu’il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. À la fin du XIXe siècle, le système décimal était (encore) le système de référence dans les dialectes parlés sur un large croissant à l’est du territoire, dont les pointes se situent en Belgique et dans l’extrême sud-ouest de l’Hexagone (l’existence d’attestations isolées dans les îles anglo-normandes et en Bretagne laisse même penser que le système décimal était jadis connu sur un territoire plus grand).

Huitante et octante

Les dénominations du cardinal 80 à la fin du e siècle et au début du XXIe siècle. Faites glisser les cartes pour passer entre les deux périodes.

Faites glisser les cartes pour passer entre la fin du e siècle et le début du XXIe siècle.

Quant aux dénominations du cardinal 80, les données révèlent que contrairement à un préjugé relativement bien ancré (qui trouve notamment ses origines dans de nombreux dictionnaires de référence, comme le Trésor de la Langue Française informatisé ou l’une des nombreuses éditions du Petit Larousse, la forme octante n’est employée par à peu près personne, que ce soit dans les dialectes de la fin du XIXe siècle ou dans les français régionaux du XXIe siècle. Les données montrent que ce sont plutôt les formes huitante et ses variantes qui sont le plus répandues après quatre-vingts, et ce peu importe l’époque. Cela étant dit, on constate comme c’était le cas pour 70 et 90 que les dénominations relevant du décimal de 80 ont aujourd’hui disparu en France et ne survivent qu’en Suisse (plus précisément dans les cantons de Vaud et de Fribourg, et en concurrence avec quatre-vingts dans le canton du Valais).

Le rôle de l’école

Suivant le programme des Instructions officielles de 1945 pour le calcul, l’arithmétique et la géométrie à l’école primaire, certains instituteurs ont préconisé l’apprentissage des formes septante, octante et nonante pour faciliter l’apprentissage du calcul aux petits Français (différents éléments nous laissent penser que cette pratique avait encore cours dans les années 1960.

De fait, tout porte à croire que si ces régionalismes ne sont aujourd’hui presque plus utilisés en France, mais qu’ils se maintiennent en Suisse et en Belgique, c’est en raison principalement de systèmes éducatifs autonomes et distincts (aujourd’hui, plus aucun petit Français n’apprend que 70 et 90 se disent septante et nonante, contrairement à ce qui se passe en Belgique ou en Suisse).

The Conversation

Mathieu Avanzi est actuellement employé par le Fonds National de la Recherche Scientifique.

ref. 70, 80 et 90 : dites-moi comment vous les prononcez, je vous dirai qui vous êtes – https://theconversation.com/70-80-et-90-dites-moi-comment-vous-les-prononcez-je-vous-dirai-qui-vous-etes-87387

Fertilité masculine : comment le parasite de la toxoplasmose décapite les spermatozoïdes

Source: The Conversation – France in French (3) – By Bill Sullivan, Professor of Microbiology and Immunology, Indiana University

_Toxoplasma gondii_ peut s’infiltrer dans l’appareil reproducteur masculin (vue d’artiste). wildpixel/iStock via Getty Images Plus

Une fois infecté par Toxoplasma gondii, le microbe responsable de la toxoplasmose, plus question de s’en débarasser. Il persiste à vie dans notre organisme, ce qui peut s’avérer problématique. De nouveaux travaux ont notamment mis en évidence que parasite est capable de s’attaquer aux spermatozoïdes, ce qui pourrait avoir des implications en matière de fertilité masculine.


Les taux de fertilité masculine ont considérablement chuté au cours du dernier demi-siècle. Des travaux publiés en 1992 avaient déjà mis en évidence une baisse constante du nombre et de la qualité des spermatozoïdes depuis les années 1940. Plus récemment, une étude a révélé que les taux d’infertilité masculine ont augmenté de près de 80 % entre 1990 et 2019. Bien que les raisons de cette tendance demeurent mystérieuses, certains suspects sont fréquemment évoqués : l’obésité, une alimentation déséquilibrée ou les polluants environnementaux, notamment.

D’autres facteurs moins connus peuvent également avoir des effets délétères sur la fertilité masculine. C’est par exemple le cas de certaines maladies infectieuses, telles que la gonorrhée ou la chlamydia. Un faisceau d’indices de plus en plus conséquent suggère également que Toxoplasma gondii, le parasite unicellulaire responsable de la toxoplasmose pourrait lui aussi contribuer à ce phénomène. Une étude publiée en avril 2025 a montré pour la première fois que lorsqu’ils sont en contact direct avec T. Gondii, « les spermatozoïdes humains perdent leur tête ».

Je suis microbiologiste et mon laboratoire étudie Toxoplasma. Cette nouvelle étude va dans le même sens que d’autres travaux, et plaide en faveur de la prévention de cette infection parasitaire très répandue.

Les nombreuses façons de contracter la toxoplasmose

Les félins sont les hôtes finaux de Toxoplasma gondii : c’est chez eux qu’il se reproduit, après être passé par d’autres organismes (hôtes intermédiaires) au cours des étapes précédentes de son cycle parasitaire.

Les chats infectés expulsent des œufs (oocystes) de Toxoplasma dans la litière, le jardin ou tout autre endroit de l’environnement où ils peuvent être ingérés par l’être humain ou par d’autres animaux. L’eau, les crustacés et les fruits et légumes non lavés peuvent également héberger des œufs infectieux.

La contamination peut aussi résulter de la consommation de viande d’animaux à sang chaud insuffisamment cuite, Toxoplasma pouvant former des kystes dans différents tissus (cerveau, cœur, muscles).

Après l’infection, le parasite persiste durant toute l’existence de l’animal infecté sous forme de kystes dormants. Si la plupart des hôtes parviennent à contrôler l’infection initiale sans ou avec peu de symptômes, il arrive que ces kystes tissulaires se réactivent et provoquent de nouveaux épisodes sévères de la maladie, qui dans certains cas endommagent des organes vitaux.

Ce dernier point est préoccupant, car on considère qu’en raison des nombreux modes de transmission de ce parasite, 30 % à 50 % de la population mondiale est infectée de manière permanente par Toxoplasma.

Toxoplasma peut cibler les organes reproducteurs masculins

Lors de l’infection, Toxoplasma se propage non seulement aux muscles squelettiques, mais aussi à pratiquement tous les organes. C’est au plus fort de la pandémie de sida, dans les années 1980, qu’ont été collectés les premiers indices indiquant que Toxoplasma était capable de cibler les organes reproducteurs masculins. Le parasite avait en effet été retrouvé dans les testicules de certains patients dont le système immunitaire avait été compromis par le VIH, le virus responsable du sida.

Bien que les patients immunodéprimés soient les plus à risque de présenter une toxoplasmose testiculaire, cette dernière peut aussi survenir chez des individus sains. Des études d’imagerie effectuées sur des souris infectées ont confirmé que les parasites Toxoplasma atteignent rapidement les testicules, en plus du cerveau et des yeux, et ce, quelques jours seulement après l’infection.

Image en microscopie de kystes de Toxoplasma
Kystes de Toxoplasma flottant dans les excréments de chat.
DPDx Image Library/CDC

En 2017, mes collègues et moi-même avons découvert que Toxoplasma peut également former des kystes dans la prostate des souris. Des chercheurs ont aussi observé ces parasites dans l’éjaculat de nombreux animaux, y compris dans le sperme humain, évoquant la possibilité d’une transmission sexuelle.

Le fait que Toxoplasma s’avère capable de résider dans les organes reproducteurs masculins a fait émerger de nouveaux questionnements quant aux conséquences sur la fertilité des hommes infectés. Diverses équipes de recherche ont essayé de faire la lumière sur cette interrogation.

En 2002, une étude chinoise publiée a établi que la probabilité de détecter une infection par Toxoplasma au sein d’un couple infertile était beaucoup plus élevée qu’au sein d’un couple fertile (34,83 % contre 12,11 %). En 2005, d’autres travaux menés en Chine ont révélé que les hommes stériles sont plus susceptibles d’être testés positifs pour Toxoplasma que les hommes fertiles. Plus récemment, une étude réalisée à Prague en 2021, portant sur 163 hommes infectés par Toxoplasma, a révélé que plus de 86 % présentaient des anomalies spermatiques.

Le fait d’avoir contracté la toxoplasmose ne signifie pas que la qualité du sperme soit toujours affectée. Une étude roumaine pilote menée en 2015 sur des volontaires masculins sans immunodépression a révélé que 25 % d’entre eux avaient eu la toxoplasmose. Cependant, aucune différence de qualité entre leur sperme et celui des autres participants n’avait pu être mise en évidence. Les auteurs concluaient toutefois que la petite taille de l’échantillon ne permettait pas de tirer de conclusion quant à l’absence systématique de conséquence de l’infection par Toxoplasma sur la qualité du sperme.

Toxoplasma peut endommager directement les spermatozoïdes humains

La toxoplasmose chez les animaux est le reflet de l’infection chez l’humain, ce qui permet aux chercheurs d’obtenir des réponses à des questions difficiles à étudier directement dans notre espèce.

Chez les souris, les rats et les béliers infectés par Toxoplasma, la fonction testiculaire et la production de spermatozoïdes sont fortement réduites. Les souris infectées présentent un nombre de spermatozoïdes nettement inférieur à la normale, ainsi qu’une proportion plus élevée de spermatozoïdes de forme anormale.

Les travaux publiés en avril 2025 ont été menés par des équipes d’Allemagne, d’Uruguay et du Chili. Les scientifiques ont constaté que, chez la souris, Toxoplasma peut atteindre les testicules et l’épididyme (le canal où les spermatozoïdes mûrissent et sont stockés) deux jours après l’infection. Cette observation les a poussés à examiner les conséquences d’un contact direct entre le parasite et des spermatozoïdes humains, in vitro.

Résultat : après seulement cinq minutes d’exposition au parasite, 22,4 % des spermatozoïdes ont été « décapités ». En outre, le nombre de spermatozoïdes abîmés augmentait à mesure que leurs interactions avec les parasites se prolongeaient. Par ailleurs, les spermatozoïdes ayant conservé leur tête étaient souvent tordus et déformés. Des trous ont été constatés dans les « têtes » de certains d’entre eux, suggérant que les parasites tentent de les envahir comme ils le font pour tout autre type de cellule dans les organes qu’ils colonisent.

Le contact direct n’est pas la seule façon par laquelle Toxoplasma peut endommager les spermatozoïdes. On sait en effet que l’infection favorise la mise en place d’une inflammation chronique. Or, les états inflammatoires des voies reproductrices masculines nuisent à la production et au bon fonctionnement des spermatozoïdes.

Selon les auteurs, les effets délétères que pourrait exercer Toxoplasma sur les spermatozoïdes participeraient aux problèmes globaux de fertilité masculine.

Série d’images microscopiques de spermatozoïdes légèrement déformés, présentant des trous dans leur tête
Spermatozoïdes exposés à Toxoplasma. Les flèches indiquent les trous et autres dommages subis par les spermatozoïdes ; les astérisques montrent les zones où le parasite s’est introduit. En bas, les spermatozoïdes des deux témoins non exposés sont normaux.
Rojas-Barón et al/The FEBS Journal, CC BY-SA

Comment prévenir la toxoplasmose

Chez les modèles animaux, les preuves démontrant que Toxoplasma peut infiltrer les organes reproducteurs mâles sont convaincantes. Reste à savoir si cette situation peut engendrer des problèmes de santé chez l’être humain. Si l’existence d’une forme de toxoplasmose testiculaire confirme que les parasites peuvent envahir les testicules des hommes, la maladie symptomatique est très rare. Les études menées jusqu’à présent, qui révèlent des anomalies spermatiques chez les hommes infectés, sont trop limitées pour que l’on puisse, à ce stade, tirer des conclusions définitives.

Par ailleurs, certains travaux indiquent que, dans les pays à revenu élevé, les taux de toxoplasmose n’ont pas augmenté au cours des dernières décennies, alors que l’infertilité masculine s’accroissait. Ce constat suggère que les potentiels effets délétères liés à l’infection par T. gondii ne constituent de toute façon qu’une partie du problème.

Quoi qu’il en soit, mieux vaut éviter d’être infecté par T. gondii. Si la première contamination survient au cours de la grossesse, elle peut entraîner une fausse couche ou provoquer des malformations congénitales. Par ailleurs, l’infection peut être mortelle pour les personnes immunodéprimées.

Pour se protéger, il est important de suivre quelques bonnes pratiques, en particulier lorsque l’on s’occupe de son chat  : nettoyer régulièrement la litière (avec une eau à plus de 70 °C, ndlr) et se laver ensuite soigneusement les mains. L’hygiène des mains est également importante avant la préparation des repas, ainsi qu’après avoir manipulé de la viande crue ou des légumes souillés par de la terre (pensez également à bien nettoyer les surfaces et les ustensiles de cuisine, ndlr). Fruits, légumes ou plantes aromatiques doivent être lavés à l’eau claire, et la viande doit être cuite à une température adéquate avant consommation (cuisson à cœur, à plus de 68 °C, ndlr). Enfin, mieux vaut éviter de manger des coquillages non cuits, et de boire de l’eau non traitée ou du lait cru.

The Conversation

Bill Sullivan a reçu des financements des National Institutes of Health.

ref. Fertilité masculine : comment le parasite de la toxoplasmose décapite les spermatozoïdes – https://theconversation.com/fertilite-masculine-comment-le-parasite-de-la-toxoplasmose-decapite-les-spermatozo-des-258106

Aux États-Unis, 19 millions d’enfants vivraient avec des parents toxicomanes

Source: The Conversation – France in French (3) – By Ty Schepis, Professor of Psychology, Texas State University

Aux États-Unis, l’alcool est la substance psychoactive le plus souvent à l’origine de troubles liés à l’usage de substances. Igorr1/iStock/Getty Images Plus

Les enfants dont les parents présentent un trouble lié à l’usage de substances psychoactives sont plus susceptibles que les autres d’avoir des problèmes de santé mentale. À terme, ils présentent aussi un risque plus élevé de développer eux-mêmes des addictions.


Aux États-Unis, près de 19 millions d’enfants (soit environ un enfant sur quatre) a au moins un parent souffrant d’un trouble lié à l’usage de substances psychoactives, qu’il s’agisse d’alcool, de cannabis, d’opioïdes délivrés sur ordonnance ou de drogues illicites.

Cette nouvelle estimation, effectuée par notre équipe et publiée dans la revue JAMA Pediatrics, s’appuie sur les données de la National Survey on Drug Use and Health menée en 2023 (l’année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles). Près de 57 000 personnes âgées de 12 ans et plus avaient répondu au questionnaire de l’enquête.

En tant que chercheur, j’étudie l’usage de substances chez les adolescents et les jeunes adultes. Je sais que les enfants qui se retrouvent dans une telle situation courent un risque considérable de développer eux aussi un trouble lié à l’usage de substances, ainsi que d’autres problèmes de santé mentale tels que des troubles du comportement, des symptômes d’anxiété ou une dépression.

Qu’appelle-t-on trouble lié à l’usage de substances ?

Le « trouble lié à l’usage de substances » est une pathologie psychiatrique caractérisée par une consommation fréquente et excessive de substances. Il se manifeste par de multiples symptômes, notamment des comportements à risque (conduite sous l’emprise de substances psychoactives, par exemple) ou conflictuels (avec leur famille ou leurs amis, à propos de leur consommation).

Ce trouble altère également la capacité des parents à être des aidants attentifs et bienveillants. Leurs enfants sont dès lors plus susceptibles d’être exposés à la violence, de vivre leur scolarité dans de moins bonnes conditions et de commencer à consommer eux-mêmes des substances à un âge plus précoce que les autres. Ils sont aussi plus fréquemment pris en charge par le système de protection de l’enfance. Ils présentent par ailleurs un risque accru de développer des problèmes de santé mentale, non seulement durant leurs jeunes années, mais aussi à l’âge adulte. Enfin, la probabilité qu’ils soient atteints d’un trouble lié à la consommation de substances à l’âge adulte est nettement plus élevée que chez les autres personnes.

Parmi ces 19 millions d’enfants, notre étude révèle qu’environ 3,5 millions vivent avec un parent présentant non pas un, mais plusieurs troubles liés à la consommation de substances.

L’alcool demeure de loin la substance la plus répandue parmi les substances consommées, puisque les troubles liés à son usage concernent les parents de 12,5 millions d’enfants. Par ailleurs, plus de 6 millions d’enfants ont un parent souffrant à la fois d’un trouble lié à la consommation de substances et de symptômes marqués de dépression ou d’anxiété, ou des deux.

Notre estimation de 19 millions est nettement supérieure à celle dérivée d’une étude antérieure qui s’appuyait sur des données plus anciennes. Cette dernière, qui portait sur la période 2009-2014, faisait état de 8,7 millions d’enfants états-uniens – soit environ un enfant sur huit – vivant avec un parent ou des parents souffrant d’un trouble lié à la consommation de substances. L’écart avec notre propre estimation est d’environ 10 millions d’enfants.

Cette évolution s’explique principalement par le fait que les critères définissant le trouble lié à l’usage de substances ont été élargis et assouplis entre 2014 et 2023, ce qui a contribué à en modifier le diagnostic. Ce changement a entraîné une augmentation de plus de 80 % du nombre estimé d’enfants affectés par le trouble lié à l’usage de substances de leurs parents.

Toutefois, au-delà de cette augmentation « mécanique », on constate, depuis 2020, un accroissement du nombre de parents touchés par un trouble de l’usage de substances, ce qui signifie que 2 millions d’enfants supplémentaires se sont retrouvés concernés par cette problématique au cours des dernières années.

Perspectives

Il est impératif d’améliorer le dépistage des parents souffrant d’un trouble lié à l’usage de substances. D’après mon expérience, si de nombreux pédiatres dépistent la consommation de substances chez les enfants, plus rares sont ceux qui s’intéressent également aux parents qui les accompagnent en consultation. Il apparaît essentiel de rendre les dépistages systématiques, tant pour les enfants que pour leurs aidants.

Malheureusement, aux États-Unis, l’US Preventive Services Task Force, un comité d’experts chargé de formuler des recommandations sur les bonnes pratiques de dépistage et de prévention, ne recommande pas encore un tel dépistage. Celui-ci permettrait pourtant d’orienter les personnes concernées vers les traitements les plus adaptés et de prévenir les problèmes les plus graves.

Des mesures supplémentaires, accompagnées de financements adéquats, sont donc requises au niveau fédéral, étatique et local. Cela peut sembler utopique, à l’heure où chaque ligne budgétaire est scrutée. Mais y déroger se traduira par une inflation considérable de la facture qui nous sera présentée dans les années à venir. Les millions d’adultes qui auront été exposés à ce trouble dès leur plus jeune âge seront contraints, des décennies plus tard, de composer avec leurs propres problèmes de consommation de substances et de santé mentale.

The Conversation

Ty Schepis reçoit des fonds des National Institutes of Health (NIH)/National Institute on Drug Abuse (NIDA), de la Food and Drug Administration (FDA) et de la Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA). Les opinions exprimées sont celles du Dr Schepis et ne représentent pas nécessairement les opinions officielles du NIH/NIDA, de la FDA ou de la SAMHSA. Ces bailleurs de fonds n’ont joué aucun rôle dans les articles publiés, et il n’y a eu aucune orientation éditoriale ni censure de la part des bailleurs de fonds.

ref. Aux États-Unis, 19 millions d’enfants vivraient avec des parents toxicomanes – https://theconversation.com/aux-etats-unis-19-millions-denfants-vivraient-avec-des-parents-toxicomanes-258521

Extrême droite et antiféminisme : pourquoi cette alliance séduit tant de jeunes hommes

Source: The Conversation – France in French (3) – By Maite Aurrekoetxea Casaus, Profesora Doctora en Sociología en la Facultad de Ciencias Sociales y Humanas, Universidad de Deusto

L’antiféminisme est l’un des principaux axes de mobilisation politique de l’extrême droite et il séduit de nombreux jeunes hommes. Il s’exprime notamment sur les réseaux sociaux, à travers des discours masculinistes qui promettent de rétablir un ordre supposé naturel entre hommes et femmes.


La montée de l’extrême droite en Europe n’est plus une anomalie politique ou une simple tendance électorale. C’est le reflet d’une crise structurelle qui traverse nos sociétés. Dans leur expansion, ces mouvements ont trouvé un allié efficace et stratégique : l’antiféminisme.

Cette réaction n’est pas seulement symbolique. C’est devenu l’un des principaux axes de mobilisation politique et émotionnelle, en particulier chez les jeunes hommes. L’antiféminisme fonctionne comme un canal d’expression du mal-être social et comme une porte d’entrée vers des discours encore plus radicaux.

Dans une enquête, j’ai analysé comment le discours néolibéral avait pénétré l’imaginaire féministe de nombreuses jeunes femmes. Une idée d’émancipation individuelle a été construite qui a dépolitisé les luttes collectives. La liberté, l’estime de soi ou la responsabilité personnelle sont devenues des mantras qui ont dilué la dimension transformatrice du féminisme.

Un privilège, selon l’extrême droite

Aujourd’hui, cette logique a été absorbée par la droite radicale. Ils présentent le féminisme comme une idéologie inutile, voire nuisible, en particulier pour ceux dont la frustration est liée à un déclassement social. À partir de là, l’extrême droite construit son récit : le féminisme serait un privilège plutôt qu’un outil de justice sociale.

Ce discours imprègne des secteurs de la jeunesse qui vivent dans la précarité, l’incertitude et l’insécurité. En Europe, les partis radicaux ont gagné du terrain chez les électeurs de moins de 30 ans, un groupe historiquement lié au progressisme. En Espagne, Vox est devenu l’un des partis préférés des moins de 25 ans : une personne sur quatre voterait pour cette formation entre 18 et 25 ans.

Cette tendance est identique dans d’autres pays. En France, Marine Le Pen a obtenu 39 % des voix chez les 18-24 ans en 2022 et 49 % chez les 25-34 ans. En Italie, Giorgia Meloni est en tête du vote des jeunes avec 29 %. En Allemagne, l’Afd a été le premier choix des moins de 30 ans dans des régions comme la Thuringe.

L’extrême droite n’est plus l’héritage des personnes âgées désabusées. Il séduit également une jeunesse qui perçoit son avenir comme bouché et qui cherche des explications immédiates et des solutions simples.

Le genre apparaît comme une variable clé. En Espagne, le Baromètre de la jeunesse et du genre 2023 a montré que 51 % des garçons âgés de 15 à 29 ans pensent que « le féminisme est allé trop loin ». En Catalogne, le pourcentage atteint 54 % chez les hommes âgés de 16 à 24 ans.

Ce changement idéologique répond à de multiples facteurs. L’European Policy Centre identifie les causes structurelles : la précarité de l’emploi, la désindustrialisation, la rupture des liens communautaires et l’idéal néolibéral de la réussite individuelle. Ce contexte a érodé la figure de l’homme comme « soutien de famille », laissant de nombreux jeunes en manque de référence claire concernant leur identité et leur appartenance.

Dans ce vide symbolique, les discours masculinistes offrent une réponse. Ils promettent de rétablir un ordre supposé naturel, où les hommes retrouvent autorité et visibilité. Ils ne font pas appel à la justice, mais à la nostalgie et au ressentiment.

Les médias sociaux ont amplifié ce récit. Des référents tels que l’extrémiste Andrew Tate ou des espaces comme la manosphère diffusent des messages misogynes dissimulés derrière des conseils d’entraide, de masculinité « forte » et de réussite économique. À travers des mèmes, des vidéos virales et des slogans agressifs, l’extrême droite ne se contente pas de communiquer des idées, elle construit aussi des identités.

Cet antiféminisme n’est pas un phénomène marginal. Il s’agit d’une stratégie articulée qui permet de canaliser un mal être sans remettre en question les structures économiques ou politiques. Blâmer le féminisme devient un alibi émotionnel qui transfère la responsabilité à un ennemi facile.

Loin de nier la frustration des jeunes, l’extrême droite l’instrumentalise. Elle offre des explications claires, une appartenance symbolique et une promesse de restauration. Son message séduit parce qu’il simplifie : face à un monde incertain, elle propose un retour à une hiérarchie connue, où les hommes dominent et où les femmes s’adaptent.

Un langage émotionnel puissant

Ce processus a de profondes implications socioculturelles. Il montre une jeunesse fracturée. Une partie de cette jeunesse est alignée sur des valeurs égalitaires ; une autre partie se retrouve dans des propositions réactionnaires. Pour elle, l’extrême droite a mis au point un langage émotionnel puissant. Son message ne se limite pas aux meetings politiques : il circule sur les réseaux, sur les chaînes YouTube, avec une esthétique virale.

Il ne s’agit pas de blâmer les jeunes hommes, mais de comprendre quels sont les besoins, les manques et les frustrations qui sous-tendent leur adhésion à ces idéologies. Beaucoup d’entre eux ne trouvent pas d’espaces où ils peuvent se sentir écoutés.

La solution réside dans la reconstruction de discours qui revalorisent l’égalité en tant que bien collectif, qui désactivent l’identification haineuse et qui proposent des modèles de masculinité ouverts, diversifiés et démocratiques.

Les jeunes ne sont pas devenus spontanément plus machistes ou xénophobes. En revanche, l’extrême droite a été capable d’interpréter et de canaliser leur désorientation émotionnelle.

Il est essentiel de comprendre cela pour relever le défi posé. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le vote des jeunes, mais la possibilité d’un futur en commun. Et avec lui, la possibilité même d’une démocratie plurielle et inclusive.

The Conversation

Maite Aurrekoetxea Casaus ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Extrême droite et antiféminisme : pourquoi cette alliance séduit tant de jeunes hommes – https://theconversation.com/extreme-droite-et-antifeminisme-pourquoi-cette-alliance-seduit-tant-de-jeunes-hommes-258164

Faut-il supprimer les zones à faibles émissions au nom de la justice sociale ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Alexis Poulhès, Enseignant-chercheur, Laboratoire Ville Mobilité Transport, École Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC)

Les zones à faibles émission (ZFE), déjà en place à Paris, Grenoble, Lyon ou Strasbourg, excluent progressivement les automobiles les plus polluantes des centres urbains. Pourtant, mardi 17 juin, une majorité de députés (essentiellement MoDem, LR et RN) a adopté un projet de loi mettant fin à l’extension des ZFE. Les députés LFI avaient déjà voté pour leur suppression en mai au nom de la justice sociale. Mais les ZFE sont-elles vraiment injustes socialement ? Plusieurs études en région parisienne évaluent leur impact sur les différentes catégories de populations – avec des résultats inattendus.


Malgré une amélioration constante de la qualité de l’air en France depuis plusieurs décennies, les seuils de dangerosité pour la santé de concentration des polluants réglementaires ne sont toujours pas respectés. Politiques territoriales très diffusées en Europe, les zones à faibles émissions (ZFE) devaient être la clé de voute d’une politique française de lutte contre la pollution atmosphérique dans les grandes villes. En janvier 2025, la loi Climat et Résilience impose de déployer les ZFE dans de nouvelles agglomérations et de renforcer celles de Paris et Lyon, villes toujours trop polluées. Un certain nombre de partis politiques se sont alors érigés en défenseur des travailleurs et artisans qui seraient contraints dans leur déplacement par les ZFE. Ainsi, le 28 mai 2025, l’Assemblée nationale a voté pour la suppression des ZFE en France avec comme principale critique qu’elles n’étaient pas juste socialement. Mais est-ce vraiment justifié ?

Des gains sur la qualité de l’air et sur la santé des plus précaires

Les études scientifiques montrent unanimement que, quelles que soient les restrictions et le périmètre, les bénéfices sur la qualité de l’air sont là. Les concentrations de particules fines et de dioxyde d’azote, les 2 polluants atmosphériques visés par les ZFE, diminuent de quelques pour cent indépendamment du renouvellement naturel du parc automobile. Les retards dans les restrictions et l’absence de contrôle limitent leur efficacité. Le nombre de maladies cardiovasculaires et de cas d’asthmes seraient aussi moins nombreux grâce aux ZFE. Les populations défavorisées sont plus vulnérables aux problèmes environnementaux comme la pollution de l’air. Elles sont en effet fragilisées par leurs contraintes sur leur mode de vie comme leur emploi plus physique ou leur alimentation moins diversifiée et ainsi à la multiplication des expositions environnementales néfastes pour leur santé. En France, une seule étude montre sur la région parisienne que les bénéfices de santé publique des ZFE seraient également répartis socialement, résultat qu’il faudra consolider avec d’autres études.

Peut-on parler pour autant d’une mesure inégalitaire ?

Les politiques ont tendance à attendre que le renouvellement naturel du parc automobile limite la part des voitures polluantes avant de mettre en place les ZFE. Des premières études montrent que ce sont alors les plus défavorisés qui sont impactés dans leurs déplacements. Les autres ménages ont pu acheter une voiture plus récente ou adapter leur déplacement. Finalement ces retards dans le calendrier n’ont que peu d’impacts sur la nécessité d’accompagner les ménages défavorisés contraints mais limitent les bénéfices sur les concentrations de polluants. Le sentiment d’injustice est renforcé par les très nombreux SUV récents et chers qui sont toujours autorisés à circuler. S’ils peuvent émettre moins de polluants que des véhicules anciens, ils n’en sont pas moins des nuisances environnementales et urbaines.

Certains partis politiques se veulent clairement les défenseurs des habitants d’une « France périphérique » qui n’auraient plus accès aux centres des métropoles et seraient alors rejetés.

Pourtant, une exploitation de l’Enquête Global Transport de la région datant de 2020 sur les pratiques de mobilité des résidents montre que la ZFE ne concernait que 2 % des déplacements quotidiens en Île-de-France. De plus, dans une étude récente, nous avons montré que les déplacements des 20 % les plus pauvres ne contribuent qu’à hauteur de 9 % de la pollution automobile. Si l’on considère les conducteurs du périurbain qui se déplacent dans le centre, les proportions sont quasiment identiques : 20 % des plus pauvres ne contribuent qu’à hauteur de 7 % de la pollution automobile. On peut expliquer ces résultats par le fait que les populations défavorisées sont moins nombreuses à utiliser leurs voitures quotidiennement dans le centre ou la périphérie.

Ce résultat montre que les ZFE ne concernent qu’une très faible part des pollutions émises par les véhicules particuliers dans les centres. La plus grande part n’est pas produite par les populations précaires. Ce résultat confirme que l’étalement des emplois peu qualifiés en périphérie et la réalité des prix immobiliers rendent les centres inaccessibles à certaines populations défavorisées. La faible part des déplacements des plus pauvres vers le centre soulèvent donc plutôt des enjeux d’aménagement du territoire et de conditions de logement dans les centres.

Qu’est-il possible de faire maintenant ?

La non-régulation de l’étalement urbain et les politiques de logement successives favorisant la maison individuelle ont participé au développement des territoires périurbains dépendants de la voiture.

N’oublions pas que la périurbanisation et l’obligation dans de très nombreux territoires d’utiliser la voiture est le fruit de politiques. Le détricotage actuel de la politique de zéro artificialisation nette (ZAN) par les mêmes partis politiques critiquant la ZFE participe de cette fuite en avant vers toujours plus de dépendance à la voiture et donc de vulnérabilités).

En ciblant les véhicules les plus anciens, les ZFE sont effectivement inégalitaires, pour autant, elles servent de cadre et d’argument pour construire des politiques volontaristes et faire face à cette vulnérabilité. Pour créer des alternatives efficaces à la voiture dans les grandes métropoles, les politiques de développement de nouvelles offres comme les réseaux cyclables et de tramway doivent être accompagnés de mesures restrictives de la circulation routière comme les zones à trafics limités (ZTL), la végétalisation des chaussées ou l’agrandissement des trottoirs. Ce type de mesures qui restreint tous les véhicules est non inégalitaire socialement et protège la santé et la sécurité des urbains.

Pour rappel, en France en 2023, 660 piétons et cyclistes ont été tués, la plupart en ville, et par des véhicules motorisés. Les communes ou les départements qui gèrent le réseau de voirie manquent de coordinations politiques pour proposer des politiques cohérentes et ambitieuses. L’intérêt des ZFE est aussi d’être à l’échelle des métropoles, un échelon territorial souvent plus pertinent pour prendre des décisions sur la mobilité. Elles pourraient ainsi être la première étape vers une redéfinition des compétences.

Les ZFE mettent en exergue ces inégalités et ces contraintes territoriales fortes qui dessinent des trajectoires de mobilité opposées entre centres, qui restreignent la voiture, et périphéries qui la défendent. Enterrer encore une fois les questions d’inégalités plutôt que d’améliorer le système de mobilité autour des ZFE ne fera que renforcer le ressentiment des Français. Ce débat autour de la restriction de la circulation des populations précaires n’est pas le signe d’un abandon total de la remise en cause des autres inégalités ?

La voiture serait le dernier lien avant le déclassement total. Reconstruire les autres liens et prendre à bras le corps les nombreuses autres inégalités réduiraient la tension autour de ce symbole qui, comme l’avion pour les plus riches, devra par anticipation ou par contrainte naturelle, être réduit aux usages les plus essentiels.

The Conversation

Alexis Poulhès ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Faut-il supprimer les zones à faibles émissions au nom de la justice sociale ? – https://theconversation.com/faut-il-supprimer-les-zones-a-faibles-emissions-au-nom-de-la-justice-sociale-259516

Sans diplôme, quelle carrière en entreprise ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Hédia Zannad, Associate professor, Neoma Business School

Pour les salariés sans diplôme ou les réfugiés sans qualification reconnue en France, l’intégration professionnelle peut être un chemin semé d’embûches. Une étude montre la possibilité de contourner l’absence de réseaux ou de titres académiques en misant sur son capital psychologique.


Si la centralité du diplôme dans le processus de recrutement est une affaire de bon sens, seules les compétences et les performances devraient être prises en compte par la suite. Or, c’est rarement le cas. Bienvenue en France, où prévaut la « tyrannie du diplôme initial ».

Notre article « Quand tout est à (re)construire : la dynamique des ressources de carrière en contexte préjudiciable » est le fruit hybride du croisement entre deux recherches menées et publiées indépendamment l’une de l’autre. La première s’intéresse à la carrière des salariés peu qualifiés d’une grande entreprise française de télécoms – que nous appellerons T par souci d’anonymisation. La seconde s’interroge sur le devenir professionnel des réfugiés en France en provenance de zones de conflit telles que la Syrie ou l’Afghanistan.

Ces deux populations ont en commun de souffrir d’un capital sociologique – ressources économiques, sociales et culturelles – déficient au regard de leur environnement professionnel. Les premiers sont désavantagés par l’insuffisance de titres dans un environnement qui valorise les diplômes d’excellence, les seconds par la disqualification de leur bagage culturel et la disparition de leurs réseaux sociaux dans l’exil.

Alors, comment comprendre que certains réussissent sur le plan professionnel malgré l’absence ou le manque de qualifications ?

Pour répondre à cette question, nous avons fait appel au concept de « ressources de carrière ». Cette notion est composée des ressources psychologiques et sociales – les réseaux de proches –, des ressources en capital humain – éducation, formation, expérience – et des ressources identitaires – conscience de son identité professionnelle – qu’un individu peut mobiliser au service de sa carrière. À la lueur de ce concept, nous nous sommes appuyées sur l’analyse de 42 entretiens menés auprès de 24 salariés et de 18 réfugiés, suivant la méthodologie des récits de vie. L’enjeu : comprendre comment ces individus parviennent à développer des ressources de carrière au service de leur réussite professionnelle, à partir d’un capital sociologique faible.

PsyCap ou capital psychologique

Nos résultats montrent que près de la moitié des personnes interrogées, peu diplômées – ou aux qualifications non reconnues en France –, sont parvenues à s’inscrire dans des trajectoires professionnelles plus ascendantes que ce qu’une analyse sociologique aurait pu laisser prévoir.

Comment ? En étant capables de transformer leurs ressources personnelles – capital psychologique et valeurs personnelles – en ressources pour faire carrière.

Ce que révèle notre étude, c’est la puissance du capital psychologique – également nommé « PsyCap » – pour initier ou relancer une carrière… même en l’absence de capitaux sociologiques traditionnels. Le PsyCap est défini dans le cadre de la psychologie positive comme l’ensemble des forces et capacités psychologiques qui peuvent être développées pour améliorer la performance professionnelle. Il est constitué de quatre dimensions selon le professeur de gestion Fred Luthans : la confiance, l’optimisme, l’espoir et la résilience.

  • La confiance se rapporte à la foi qu’a une personne en sa capacité à transformer ses efforts en succès pour relever un défi.

  • L’optimisme renvoie à une attribution positive à propos du succès présent ou à venir.

  • L’espoir signe l’orientation résolue en direction des objectifs fixés par l’individu et, si nécessaire, son aptitude à faire bifurquer les chemins qui y conduisent pour remplacer ceux qui ont été contrariés.

  • La résilience se réfère à l’aptitude à rebondir, et même au-delà, lorsque l’individu rencontre de l’infortune.

Qualités interpersonnelles

L’analyse des récits de salariés et de réfugiés interviewés révèle trois processus distincts pour faire carrière sans diplôme ou réseaux sociaux en France : la construction, l’activation et l’obstruction.


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La construction concerne des personnes sans diplôme qui s’appuient sur leurs ressources psychologiques – résilience, détermination, optimisme, confiance en soi – ainsi que sur leurs qualités éthiques – altruisme, gratitude, humilité – pour bâtir leur parcours. L’ensemble de ces ressources psychologiques et éthiques agissent comme autant de leviers pour se créer des opportunités et transformer des obstacles en tremplins professionnels. Samuel, entré chez T sans qualification, gravit les échelons grâce à des formations, une validation des acquis (VAE) et l’appui de son management, jusqu’à un poste de direction :

« Une de mes qualités, c’est d’être assez fiable et quelqu’un à qui on peut confier des choses. Des managers ont cru en moi au-delà de ce que j’avais montré. Ils m’ont ouvert des champs possibles. »

La trajectoire des personnes interviewées montre que leur engagement attire le soutien de leur entourage professionnel. Il leur permet de trouver un emploi stable, d’acquérir des compétences par l’expérience et de construire petit à petit un projet professionnel.

Travail de deuil

Le deuxième groupe de répondants, qui représente un tiers de notre échantillon, suit une autre forme de parcours. S’ils détiennent un bon capital initial – diplôme, expérience –, ils s’appuient sur leurs ressources psychologiques pour faire carrière, selon un processus que nous avons appelé « activation ». Par exemple, Sami, réfugié et ex-journaliste iranien, mobilise ses acquis et reprend des études après une période d’adaptation difficile en France :

« Je travaillais dans le journal le plus prestigieux d’Iran, au poste le plus prestigieux… J’étais reconnu dans mon domaine… Je suis arrivé ici et je n’ai été transféré vers personne, j’ai dû repartir de zéro. Je suis devenu professeur particulier pour deux enfants parce qu’on me rendait un service ! Après cinq-six mois, j’ai trouvé un emploi de journaliste… Après dix-neuf mois, ils m’ont proposé un CDI. »

Ce processus d’activation concerne notamment les réfugiés dotés d’un capital humain initial solide – maîtrise de la langue française, études supérieures dans le pays d’origine. Leur réussite professionnelle est fondée sur leurs ressources psychologiques qui les aident à alimenter des efforts soutenus dans le sens de leur intégration. Elles semblent faciliter le travail de deuil, préalable nécessaire pour redémarrer leur vie dans un nouveau contexte.

Focalisation sur les obstacles

Un quart de nos répondants éprouve un sentiment d’échec professionnel, alors qu’ils étaient pourtant dotés en capital sociologique.

Ils sont freinés par un état d’esprit négatif ou par un sentiment d’injustice, selon un mécanisme que nous avons appelé « obstruction ». Ils se focalisent sur les obstacles et refusent certaines opportunités. Certains réfugiés qui détenaient des positions privilégiées dans leur pays d’origine ne se résolvent pas à accepter un travail jugé trop sous-dimensionné par rapport à eux. On peut citer l’exemple de Néda, ingénieure, docteure et titulaire d’un MBA qui, malgré tous ses diplômes, perçoit sa carrière chez T de manière pessimiste, dénonçant des discriminations et rejetant le fonctionnement des réseaux internes :

« Ce ne sont pas les performances seulement : le réseau, la manière de se vendre, être au bon moment au bon endroit en discutant avec la bonne personne. À chaque fois que j’ai répondu à un poste ouvert sur Internet, il y avait toujours quelqu’un qui l’obtenait, cela me fait dire que tout le monde n’est pas égal. »

Pour le sociologue Pierre Bourdieu, l’institution scolaire contribue « à légitimer les trajectoires et les positions sociales » et à déterminer la place dans la division sociale du travail.
Wikimedia commons

Peut-on conclure de cette recherche que la théorie du capital sociologique de Bourdieu pêche par excès de pessimisme ?

Sa théorie de l’espace social souligne l’importance des facteurs culturels et symboliques dans la reproduction des hiérarchies sociales. Si on s’en tient à cette lecture, la réussite est essentiellement liée à la détention de capitaux culturels (compétences, titres, diplômes) et symboliques, c’est-à-dire toute forme de capital culturel, social ou économique ayant une reconnaissance particulière au sein de la société. Cette vision réduit les chances de ceux qui en sont démunis.

Notre étude montre que si les inégalités de départ pèsent lourd, elles ne sont pas une fatalité. À condition de disposer ou d’acquérir de ressources psychologiques telles que la confiance en soi, l’optimisme, l’espoir, la résilience, il est possible de contourner l’absence de réseaux ou de diplômes en misant sur sa capacité à rebondir, à apprendre, à espérer. Et, parfois, à réussir là où rien ne le laissait présager.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Sans diplôme, quelle carrière en entreprise ? – https://theconversation.com/sans-diplome-quelle-carriere-en-entreprise-258854

There’s gold trapped in your iPhone – and chemists have found a safe new way to extract it

Source: The Conversation – Canada – By Justin M. Chalker, Professor of Chemistry, Flinders University

A sample of refined gold recovered from mining and e-waste recycling trials. Justin Chalker

In 2022, humans produced an estimated 62 million tonnes of electronic waste – enough to fill more than 1.5 million garbage trucks. This was up 82% from 2010 and is expected to rise to 82 million tonnes in 2030.

This e-waste includes old laptops and phones, which contain precious materials such as gold. Less than one quarter of it is properly collected and recycled. But a new technique colleagues and I have developed to safely and sustainably extract gold from e-waste could help change that.

Our new gold-extraction technique, which we describe in a new paper published today in Nature Sustainability, could also make small-scale gold mining less poisonous for people – and the planet.

Soaring global demand

Gold has long played a crucial role in human life. It has been a form of currency and a medium for art and fashion for centuries. Gold is also essential in modern industries including the electronics, chemical manufacture and aerospace sectors.

But while global demand for this precious metal is soaring, mining it is harmful to the environment.

Deforestation and use of toxic chemicals are two such problems. In formal, large-scale mining, highly toxic cyanide is widely used to extract gold from ore. While cyanide can be degraded, its use can cause harm to wildlife, and tailings dams which store the toxic byproducts of mining operations pose a risk to the wider environment.

In small-scale and artisanal mining, mercury is used extensively to extract gold. In this practice, the gold reacts with mercury to form a dense amalgam that can be easily isolated. The gold is then recovered by heating the amalgam to vaporise the mercury.

Small-scale and artisanal mining is the largest source of mercury pollution on Earth, and the mercury emissions are dangerous to the miners and pollute the environment. New methods are required to reduce the impacts of gold mining.

A bucket full of telephone circuit board parts.
In 2022, humans produced an estimated 62 million tonnes of electronic waste.
DAMRONG RATTANAPONG/Shutterstock

A safer alternative

Our interdisciplinary team of scientists and engineers has developed a new technique to extract gold from ore and e-waste. The aim was to provide a safer alternative to mercury and cyanide and reduce the health and environmental impacts of gold mining.

Many techniques have previously been reported for extracting gold from ore or e-waste, including mercury- and cyanide-free methods. However, many of these methods are limited in rate, yield, scale and cost. Often these methods also consider only one step in the entire gold recovery process, and recycling and waste management is often neglected.

In contrast, our approach considered sustainability throughout the whole process of gold extraction, recovery and refining. Our new leaching technology uses a chemical commonly used in water sanitation and pool chlorination: trichloroisocyanuric acid.

When this widely available and low-cost chemical is activated with salt water, it can react with gold and convert it into a water-soluble form.

To recover the gold from the solution, we invented a sulphur-rich polymer sorbent. Polymer sorbents isolate a certain substance from a liquid or gas, and ours is made by joining a key building block (a monomer) together through a chain reaction.

Our polymer sorbent is interesting because it is derived from elemental sulphur: a low-cost and highly abundant feedstock. The petroleum sector generates more sulphur than it can use or sell, so our polymer synthesis is a new use for this underused resource.

Our polymer could selectively bind and remove gold from the solution, even when many other types of metals were present in the mixture.

The simple leaching and recovery methods were demonstrated on ore, circuit boards from obsolete computers and scientific waste. Importantly, we also developed methods to regenerate and recycle both the leaching chemical and the polymer sorbent. We also established methods to purify and recycle the water used in the process.

In developing the recyclable polymer sorbent, we invented some exciting new chemistry to make the polymer using light, and then “un-make” the sorbent after it bound gold. This recycling method converted the polymer back to its original monomer building block and separated it from the gold.

The recovered monomer could then be re-made into the gold-binding polymer: an important demonstration of how the process is aligned with a circular economy.

A long and complex road ahead

In future work, we plan to collaborate with industry, government and not-for-profit groups to test our method in small-scale mining operations. Our long-term aim is to provide a robust and safe method for extracting gold, eliminating the need for highly toxic chemicals such as cyanide and mercury.

There will be many challenges to overcome including scaling up the production of the polymer sorbent and the chemical recycling processes. For uptake, we also need to ensure that the rate, yield and cost are competitive with more traditional methods of gold mining. Our preliminary results are encouraging. But there is still a long and complex road ahead before our new techniques replace cyanide and mercury.

Our broader motivation is to support the livelihood of the millions of artisanal and small-scale miners that rely on mercury to recover gold.

They typically operate in remote and rural regions with few other economic opportunities. Our goal is to support these miners economically while offering safer alternatives to mercury. Likewise, the rise of “urban mining” and e-waste recycling would benefit from safer and operationally simple methods for precious metal recovery.

Success in recovering gold from e-waste will also reduce the need for primary mining and therefore lessen its environmental impact.

The Conversation

Justin M. Chalker is an inventor on patents associated with the gold leaching and recovery technology. Both patents are wholly owned by Flinders University. This research was supported financially by the Australian Research Council and Flinders University. He has an ongoing collaboration with Mercury Free Mining and Adelaide Control Engineering: organisations that supported the developments and trials reported in this study.

ref. There’s gold trapped in your iPhone – and chemists have found a safe new way to extract it – https://theconversation.com/theres-gold-trapped-in-your-iphone-and-chemists-have-found-a-safe-new-way-to-extract-it-259817

What’s the difference between an eating disorder and disordered eating?

Source: The Conversation – Canada – By Gemma Sharp, Researcher in Body Image, Eating and Weight Disorders, Monash University

PIKSEL/Getty

Following a particular diet or exercising a great deal are common and even encouraged in our health and image-conscious culture. With increased awareness of food allergies and other dietary requirements, it’s also not uncommon for someone to restrict or eliminate certain foods.

But these behaviours may also be the sign of an unhealthy relationship with food. You can have a problematic pattern of eating without being diagnosed with an eating disorder.

So, where’s the line? What is disordered eating, and what is an eating disorder?

What is disordered eating?

Disordered eating describes negative attitudes and behaviours towards food and eating that can lead to a disturbed eating pattern.

It can involve:

  • dieting

  • skipping meals

  • avoiding certain food groups

  • binge eating

  • misusing laxatives and weight-loss medications

  • inducing vomiting (sometimes known as purging)

  • exercising compulsively.

Disordered eating is the term used when these behaviours are not frequent and/or severe enough to meet an eating disorder diagnosis.

Not everyone who engages in these behaviours will develop an eating disorder. But disordered eating – particularly dieting – usually precedes an eating disorder.

What is an eating disorder?

Eating disorders are complex psychiatric illnesses that can negatively affect a person’s body, mind and social life. They’re characterised by persistent disturbances in how someone thinks, feels and behaves around eating and their bodies.

To make a diagnosis, a qualified health professional will use a combination of standardised questionnaires, as well as more general questioning. These will determine how frequent and severe the behaviours are, and how they affect day-to-day functioning.

Examples of clinical diagnoses include anorexia nervosa, bulimia nervosa, binge eating disorder and avoidant/restrictive food intake disorder.

How common are eating disorders and disordered eating?

The answer can vary quite radically depending on the study and how it defines disordered behaviours and attitudes.

An estimated 8.4% of women and 2.2% of men will develop an eating disorder at some point in their lives. This is most common during adolescence.

Disordered eating is also particularly common in young people with 30% of girls and 17% of boys aged 6–18 years reporting engaging in these behaviours.

Although the research is still emerging, it appears disordered eating and eating disorders are even more common in gender diverse people.

Can we prevent eating disorders?

There is some evidence eating disorder prevention programs that target risk factors – such as dieting and concerns about shape and weight – can be effective to some extent in the short term.

The issue is most of these studies last only a few months. So we can’t determine whether the people involved went on to develop an eating disorder in the longer term.

In addition, most studies have involved girls or women in late high school and university. By this age, eating disorders have usually already emerged. So, this research cannot tell us as much about eating disorder prevention and it also neglects the wide range of people at risk of eating disorders.

Is orthorexia an eating disorder?

In defining the line between eating disorders and disordered eating, orthorexia nervosa is a contentious issue.

The name literally means “proper appetite” and involves a pathological obsession with proper nutrition, characterised by a restrictive diet and rigidly avoiding foods believed to be “unhealthy” or “impure”.

These disordered eating behaviours need to be taken seriously as they can lead to malnourishment, loss of relationships, and overall poor quality of life.

However, orthorexia nervosa is not an official eating disorder in any diagnostic manual.

Additionally, with the popularity of special diets (such as keto or paleo), time-restricted eating, and dietary requirements (for example, gluten-free) it can sometimes be hard to decipher when concerns about diet have become disordered, or may even be an eating disorder.

For example, around 6% of people have a food allergy. Emerging evidence suggests they are also more likely to have restrictive types of eating disorders, such as anorexia nervosa and avoidant/restrictive food intake disorder.

However, following a special diet such as veganism, or having a food allergy, does not automatically lead to disordered eating or an eating disorder.

It is important to recognise people’s different motivations for eating or avoiding certain foods. For example, a vegan may restrict certain food groups due to animal rights concerns, rather than disordered eating symptoms.

What to look out for

If you’re concerned about your own relationship with food or that of a loved one, here are some signs to look out for:

  • preoccupation with food and food preparation

  • cutting out food groups or skipping meals entirely

  • obsession with body weight or shape

  • large fluctuations in weight

  • compulsive exercise

  • mood changes and social withdrawal.

It’s always best to seek help early. But it is never too late to seek help.


In Australia, if you are experiencing difficulties in your relationships with food and your body, you can contact the Butterfly Foundation’s national helpline on 1800 33 4673 (or via their online chat).

For parents concerned their child might be developing concerning relationships with food, weight and body image, Feed Your Instinct highlights common warning signs, provides useful information about help seeking and can generate a personalised report to take to a health professional.

The Conversation

Gemma Sharp receives funding from an NHMRC Investigator Grant. She is a Professor and the Founding Director and Member of the Consortium for Research in Eating Disorders, a registered charity.

ref. What’s the difference between an eating disorder and disordered eating? – https://theconversation.com/whats-the-difference-between-an-eating-disorder-and-disordered-eating-256787

‘Do not eat’: what’s in those little desiccant sachets and how do they work?

Source: The Conversation – Canada – By Kamil Zuber, Senior Industry Research Fellow, Future Industries Institute, University of South Australia

towfiqu ahamed/Getty Images

When you buy a new electronic appliance, shoes, medicines or even some food items, you often find a small paper sachet with the warning: “silica gel, do not eat”.

What exactly is it, is it toxic, and can you use it for anything?

The importance of desiccants

That little sachet is a desiccant – a type of material that removes excess moisture from the air.

It’s important during the transport and storage of a wide range of products because we can’t always control the environment. Humid conditions can cause damage through corrosion, decay, the growth of mould and microorganisms.

This is why manufacturers include sachets with desiccants to make sure you receive the goods in pristine condition.

The most common desiccant is silica gel. The small, hard and translucent beads are made of silicon dioxide (like most sands or quartz) – a hydrophilic or water-loving material. Importantly, the beads are porous on the nano-scale, with pore sizes only 15 times larger than the radius of their atoms.

Silica gel looks somewhat like a sponge when viewed with scanning electron microscopy.
Trabelsi et al. (2009), CC BY-NC-ND

These pores have a capillary effect, meaning they condense and draw moisture into the bead similar to how trees transport water through the channelled structures in wood.

In addition, sponge-like porosity makes their surface area very large. A single gram of silica gel can have an area of up to 700 square metres – almost four tennis courts – making them exceptionally efficient at capturing and storing water.

Is silica gel toxic?

The “do not eat” warning is easily the most prominent text on silica gel sachets.

According to health professionals, most silica beads found in these sachets are non-toxic and don’t present the same risk as silica dust, for example. They mainly pose a choking hazard, which is good enough reason to keep them away from children and pets.

However, if silica gel is accidentally ingested, it’s still recommended to contact health professionals to determine the best course of action.

Some variants of silica gel contain a moisture-sensitive dye. One particular variant, based on cobalt chloride, is blue when the desiccant is dry and turns pink when saturated with moisture. While the dye is toxic, in desiccant pellets it is present only in a small amount – approximately 1% of the total weight.

Two plastic containers, one with blue translucent beads, one with pink.
Indicating silica gel with cobalt chloride – ‘fresh’ on the left, ‘used’ on the right.
Reza Rio/Shutterstock

Desiccants come in other forms, too

Apart from silica gel, a number of other materials are used as moisture absorbers and desiccants. These are zeolites, activated alumina and activated carbon – materials engineered to be highly porous.

Another desiccant type you’ll often see in moisture absorbers for larger areas like pantries or wardrobes is calcium chloride. It typically comes in a box filled with powder or crystals found in most hardware stores, and is a type of salt.

Kitchen salt – sodium chloride – attracts water and easily becomes lumpy. Calcium chloride works in the same way, but has an even stronger hygroscopic effect and “traps” the water through a hydration reaction. Once the salt is saturated, you’ll see liquid separating in the container.

A shelf in a wardrobe with a purple box with white powder inside in the corner.
Closet and pantry dehumidifiers like this one typically contain calcium chloride which binds water.
Healthy Happy/Shutterstock

I found something that doesn’t seem to be silica gel – what is it?

Some food items such as tortilla wraps, noodles, beef jerky, and some medicines and vitamins contain slightly different sachets, labelled “oxygen absorbers”.

These small packets don’t contain desiccants. Instead, they have chemical compounds that “scavenge” or bond oxygen.

Their purpose is similar to desiccants – they extend the shelf life of food products and sensitive chemicals such as medicines. But they do so by directly preventing oxidation. When some foods are exposed to oxygen, their chemical composition changes and can lead to decay (apples turning brown when cut is an example of oxidation).

There is a whole range of compounds used as oxygen absorbers. These chemicals have a stronger affinity to oxygen than the protected substance. They range from simple compounds such as iron which “rusts” by using up oxygen, to more complex such as plastic films that work when exposed to light.

A pile of various sachets and sheets found inside products.
Some of the sachets in your products are oxygen absorbers, not desiccants – but they may look similar.
Sergio Yoneda/Shutterstock

Can I reuse a desiccant?

Although desiccants and dehumidifiers are considered disposable, you can relatively easily reuse them.

To “recharge” or dehydrate silica gel, you can place it in an oven at approximately 115–125°C for 2–3 hours, although you shouldn’t do this if it’s in a plastic sachet that could melt in the heat.

Interestingly, due to how they bind water, some desiccants require temperatures well above the boiling point of water to dehydrate (for example, calcium chloride hydrates completely dehydrate at 200°C).

After dehydration, silica gel sachets may be useful for drying small electronic items (like your phone after you accidentally dropped it into water), keeping your camera dry, or preventing your family photos and old films from sticking to each other.

This is a good alternative to the questionable method of using uncooked rice, as silica gel doesn’t decompose and won’t leave starch residues on your things.

The Conversation

Kamil Zuber does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. ‘Do not eat’: what’s in those little desiccant sachets and how do they work? – https://theconversation.com/do-not-eat-whats-in-those-little-desiccant-sachets-and-how-do-they-work-258398

How old are you really? Are the latest ‘biological age’ tests all they’re cracked up to be?

Source: The Conversation – Canada – By Hassan Vally, Associate Professor, Epidemiology, Deakin University

We all like to imagine we’re ageing well. Now a simple blood or saliva test promises to tell us by measuring our “biological age”. And then, as many have done, we can share how “young” we really are on social media, along with our secrets to success.

While chronological age is how long you have been alive, measures of biological age aim to indicate how old your body actually is, purporting to measure “wear and tear” at a molecular level.

The appeal of these tests is undeniable. Health-conscious consumers may see their results as reinforcing their anti-ageing efforts, or a way to show their journey to better health is paying off.

But how good are these tests? Do they actually offer useful insights? Or are they just clever marketing dressed up to look like science?

How do these tests work?

Over time, the chemical processes that allow our body to function, known as our “metabolic activity”, lead to damage and a decline in the activity of our cells, tissues and organs.

Biological age tests aim to capture some of these changes, offering a snapshot of how well, or how poorly, we are ageing on a cellular level.

Our DNA is also affected by the ageing process. In particular, chemical tags (methyl groups) attach to our DNA and affect gene expression. These changes occur in predictable ways with age and environmental exposures, in a process called methylation.

Research studies have used “epigenetic clocks”, which measure the methylation of our genes, to estimate biological age. By analysing methylation levels at specific sites in the genome from participant samples, researchers apply predictive models to estimate the cumulative wear and tear on the body.

What does the research say about their use?

Although the science is rapidly evolving, the evidence underpinning the use of epigenetic clocks to measure biological ageing in research studies is strong.

Studies have shown epigenetic biological age estimation is a better predictor of the risk of death and ageing-related diseases than chronological age.

Epigenetic clocks also have been found to correlate strongly with lifestyle and environmental exposures, such as smoking status and diet quality.

In addition, they have been found to be able to predict the risk of conditions such as cardiovascular disease, which can lead to heart attacks and strokes.

Taken together, a growing body of research indicates that at a population level, epigenetic clocks are robust measures of biological ageing and are strongly linked to the risk of disease and death

But how good are these tests for individuals?

While these tests are valuable when studying populations in research settings, using epigenetic clocks to measure the biological age of individuals is a different matter and requires scrutiny.

For testing at an individual level, perhaps the most important consideration is the “signal to noise ratio” (or precision) of these tests. This is the question of whether a single sample from an individual may yield widely differing results.

A study from 2022 found samples deviated by up to nine years. So an identical sample from a 40-year-old may indicate a biological age of as low as 35 years (a cause for celebration) or as high as 44 years (a cause of anxiety).

While there have been significant improvements in these tests over the years, there is considerable variability in the precision of these tests between commercial providers. So depending on who you send your sample to, your estimated biological age may vary considerably.

Another limitation is there is currently no standardisation of methods for this testing. Commercial providers perform these tests in different ways and have different algorithms for estimating biological age from the data.

As you would expect for commercial operators, providers don’t disclose their methods. So it’s difficult to compare companies and determine who provides the most accurate results – and what you’re getting for your money.

A third limitation is that while epigenetic clocks correlate well with ageing, they are simply a “proxy” and are not a diagnostic tool.

In other words, they may provide a general indication of ageing at a cellular level. But they don’t offer any specific insights about what the issue may be if someone is found to be “ageing faster” than they would like, or what they’re doing right if they are “ageing well”.

So regardless of the result of your test, all you’re likely to get from the commercial provider of an epigenetic test is generic advice about what the science says is healthy behaviour.

Are they worth it? Or what should I do instead?

While companies offering these tests may have good intentions, remember their ultimate goal is to sell you these tests and make a profit. And at a cost of around A$500, they’re not cheap.

While the idea of using these tests as a personalised health tool has potential, it is clear that we are not there yet.

For this to become a reality, tests will need to become more reproducible, standardised across providers, and validated through long-term studies that link changes in biological age to specific behaviours.

So while one-off tests of biological age make for impressive social media posts, for most people they represent a significant cost and offer limited real value.

The good news is we already know what we need to do to increase our chances of living longer and healthier lives. These include:

  • improving our diet
  • increasing physical activity
  • getting enough sleep
  • quitting smoking
  • reducing stress
  • prioritising social connection.

We don’t need to know our biological age in order to implement changes in our lives right now to improve our health.

The Conversation

Hassan Vally does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. How old are you really? Are the latest ‘biological age’ tests all they’re cracked up to be? – https://theconversation.com/how-old-are-you-really-are-the-latest-biological-age-tests-all-theyre-cracked-up-to-be-257710