La culture rave et ses multiples dimensions

Source: The Conversation – in French – By Cristina Pérez-Ordóñez, Profesora e investigadora, Universidad de Málaga

Une scène de rave-party au Maroc dans le film _Sirat_, d’Oliver Laxe, lauréat du Prix du jury à Cannes en 2025. FilmAffinity

À l’origine illégales, les raves se voulaient des espaces d’expérimentation musicale et communautaire, aux marges de la société. Si certaines ont aujourd’hui été récupérées par l’industrie des festivals, d’autres persistent dans l’ombre, portées par une culture alternative aux codes bien établis. Un phénomène où musique électronique, spiritualité, engagement politique et contestation sociale se rencontrent.


« Notre état émotionnel est l’extase, notre nourriture est l’amour, notre addiction la technologie, notre religion la musique. Notre choix pour l’avenir, c’est la connaissance et, pour nous, la politique n’existe pas. »

C’est ainsi que débute ce que l’on appelle le Manifeste rave, publié au milieu des années 1990 sur le forum Alt.Rave. Ce texte est né en réaction à une campagne médiatique de dénigrement qui s’abattait alors sur ces fêtes. Il s’inspire des propos d’un DJ new-yorkais Frankie Bones, figure majeure de l’introduction de la culture rave aux États-Unis. L’essence de la philosophie du mouvement se résume en quatre mots : paix, amour, unité et respect (plus connus sous l’acronyme PLUR, pour Peace, Love, Unity, Respect).

Qu’est-ce qui pousse des millions de personnes à vouloir participer à ce type de fêtes ?

Le terme « rave » signifie « délire » en anglais. Ces fêtes permettent, à travers une musique manipulée électroniquement, de transcender l’individualité au profit du collectif. C’est ce que le sociologue Émile Durkheim appelait « l’effervescence collective », un phénomène également observable dans d’autres événements de musique live.

De l’esprit libertaire aux fêtes capitalistes

Les raves sont nées dans les années 1980. Les toutes premières étaient des fêtes illégales organisées dans des entrepôts désaffectés de Londres. Influencées par les free festivals et les new travellers (deux mouvements libertaires liés aux festivals artistiques et musicaux), ces free parties s’étiraient alors jusqu’à l’aube, au son du hip-hop, du groove puis, de plus en plus, de la house et de la techno venues de Chicago et Détroit.

Foule autour de monuments prehistoriques
Free Festival à Stonehenge (Grande-Bretagne) en 1989.
Salix alba/Wikimedia, CC BY-SA

En 1989, le Royaume-Uni connaît ce que l’on appellera le « Second Summer of Love ». Cette période est marquée par des fêtes clandestines où la jeunesse célèbre le collectif à travers la musique électronique et l’expérimentation psychotrope. Peu après, en mai 1992, le collectif Spiral Tribe organise une rave illégale d’ampleur à Castlemorton, réunissant quelque 20 000 personnes.

Malgré la répression policière et les tentatives d’interdiction par le gouvernement de Margaret Thatcher, le phénomène est déjà enraciné dans les pratiques festives de la jeunesse.

Rapidement, de nombreux clubs et discothèques britanniques intègrent des soirées électroniques à leur programmation. Légalement encadrées, ces soirées marquent l’émergence d’un second modèle de raves : les raves institutionnalisées. Elles se diffusent ensuite à travers l’Europe et le reste du monde, connaissant un véritable essor et devenant peu à peu un produit du capitalisme culturel : des fêtes commercialisées, mondialisées et peu différenciées les unes des autres.

Danseurs dans une discothèque au milieu des années 1990
Rave au Sanctuary Music Arena de Milton Keynes, au Royaume-Uni, en 1994.
Altlondon/Wikimedia, CC BY-SA

Le cas de l’Espagne

Ce modèle inspire, par exemple, un mouvement emblématique de l’Espagne des années 1990 : la Ruta del Bakalao, un ensemble d’une dizaine de discothèques géantes à Valence. Ces clubs – Barraca, Espiral, NOD, ACTV, The Face, Spook, Puzzle, Heaven ou Chocolate – ouvrent quasiment en continu durant soixante-douze heures lors du week-end, accueillant des milliers de jeunes amateurs de musique mákina.

Comme au Royaume-Uni, la Ruta sombre dans l’oubli au milieu des années 1990. Mais avec la prolifération des festivals musicaux, les raves commerciales reviennent en force.

En Espagne, elles occupent désormais une place centrale dans les programmations, voire en deviennent l’élément principal, comme c’est le cas des festivals Dreambeach, Monegros, Medusa ou Sónar.

Quant aux raves clandestines, elles attendent le début du XXIe siècle pour gagner en popularité en Espagne. On en trouve notamment à Madrid (dans le tunnel de Boadilla ou au monastère de Perales del Río), en Andalousie (Grenade, Almería) ou en Catalogne.

Intro du court-métrage documentaire Cultura rave andaluza (2024), d’Alexia Rodríguez Pérez.

De plus en plus de « ravers » ?

Plus largement, depuis le début du XXIe siècle, particulièrement depuis la pandémie de Covid-19, le mouvement raver ne cesse de gagner des adeptes. Ses partisans sont attirés par sa forme de loisir contre-culturelle et hédoniste, aux accents parfois rituels, voire quasi religieux.

Aujourd’hui, les deux grandes tendances coexistent : les raves commerciales (intégrées à la culture clubbing et festivalière) et les clandestines, ou free parties. Ce sont ces dernières qui suscitent le plus de controverses. Organisées par des collectifs appelés sound systems, elles sont secrètes, autogérées, non lucratives (les recettes servent à financer la fête), durent souvent plusieurs jours et se tiennent à l’écart des centres urbains pour éviter les conflits.

Elles exigent une logistique importante : tours de haut-parleurs, générateurs, essence, câblages, décors et éclairages sophistiqués. Ces fêtes ont toujours intégré une dimension visuelle et scénique forte.

Elles constituent aussi des espaces communautaires en rupture avec la vie quotidienne : des hétérotopies ou zones liminales où l’amour, la paix, l’unité et le respect sont les règles du vivre-ensemble. Elles se veulent des espaces sûrs, non violents, où les femmes sont respectées et non sexualisées.

Cette philosophie s’étend aussi à la défense de l’environnement comme en témoigne la parade berlinoise Rave The Planet, à la justice sociale comme lors des manifestations de Beyrouth en 2019, ou à l’engagement contre les conflits armés comme les raves organisées dans le désert israélien en protestation contre l’occupation de la Palestine.

Et ce, malgré la consommation de drogues associée à ces événements, où le cannabis et l’ecstasy – liés à la danse et à la fusion avec la musique – sont préférés au tabac, au LSD, à la cocaïne ou à l’alcool, dont la consommation peut parfois être mal vue.

Rave the Planet, à Berlin en juin 2023
Rave the Planet (Berlin, juin 2023).
Leonhard Lenz/Wikimedia

Sur le plan sociologique, les raves se distinguent par leur hétérogénéité et leur diversité. Selon leur style musical prédominant (techno, hardtechno, électronique, house, psychedelic trance, breakcore), elles attirent qui des clubbers, qui des punks, qui des hippies ou encore d’autres tenants de subcultures urbaines contemporaines. Et comme l’indique le Manifeste rave, tout le monde y est le bienvenu :

« Nous sommes une entité massive, un village tribal, global, qui dépasse toutes les lois établies par l’homme, ainsi que la géographie et le temps lui-même. Nous sommes innombrables. Nous sommes un. »

The Conversation

Cristina Pérez-Ordóñez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La culture rave et ses multiples dimensions – https://theconversation.com/la-culture-rave-et-ses-multiples-dimensions-258491

La Syrie post-Assad : se reconstruire à travers l’art

Source: The Conversation – in French – By Albane Buriel, Associate lecturer, Université Rennes 2

Debout sur la statue renversée de Hafez Al-Assad, qui surplombait la ville de Deir Atiyeh, dans le Qalamoun (ouest du pays)… _La Chute_, de Mohamad Khayata, installation-photo. Mohamad Khayata, Fourni par l’auteur

À l’issue d’un récent séjour sur le terrain, Albane Buriel, chercheuse spécialisée en science de l’éducation, dresse un portrait ethnographique de la scène artistique syrienne depuis la chute du régime de Bachar Al-Assad en décembre 2024. Des initiatives et des collectifs émergent, de Damas à Alep en passant par Homs. Les artistes se réapproprient les lieux, les visages et les souvenirs, pour rendre hommage aux victimes du régime. L’art s’impose comme un outil essentiel sur le chemin vers la reconstruction.


Ce séjour était mon troisième en Syrie, mais le premier dans un contexte de bascule. Entre mai et juin 2025, j’ai mené un terrain ethnographique à Damas, Homs et Alep, dans un pays suspendu entre chute autoritaire et recomposition fragile. La chute du régime Assad, survenue le 8 décembre 2024, ouvre une période de recomposition politique marquée par la libération du pays. J’ai tenté de comprendre ce que signifie « reconstruire une société » après quatorze ans de guerre.

J’ai vu un pays traversé par des dynamiques discrètes de recomposition, où l’art, la mémoire et la parole réinventent des formes de vie et de justice. À travers les gestes et les récits d’artistes et de collectifs, j’ai observé la réémergence d’une parole publique, fragile, mais puissante, souvent située dans les interstices du politique et du sensible.

De la révolution confisquée aux mots qui cherchent de l’espace

Pour comprendre l’effervescence actuelle, il faut revenir sur le long silence imposé dans le pays. Avant 2011, la scène artistique syrienne était vivante, mais étroitement surveillée. Quelques artistes formulaient des critiques feutrées, mais les lignes rouges du régime bridaient l’expression.

En 2011, la révolution change tout : slogans, banderoles, vidéos clandestines, théâtre de rue surgissent. L’art sort dans l’espace public. Très vite, la répression est brutale. L’expression devient un acte de survie. Les lieux culturels ferment, l’exil s’intensifie. Une scène artistique se recompose, souvent hors du pays.

Depuis la chute du régime, un souffle de liberté traverse l’espace public. Certains parlent enfin sans peur, circulent librement, exposent. Mais la libération reste fragile. Les blessures sont vives, les récits dissonants, les attentes multiples. Cette libération s’accompagne d’un appel à la reconnaissance : il s’agit de faire en sorte que la Syrie soit regardée autrement, non comme une terre d’exil ou de ruines, mais comme une société vivante, en quête de dignité. L’art redevient espace de deuil, de projection, de partage.

Réinvestir les lieux : mémoire populaire et héritage révolutionnaire

Lors de mon séjour, l’ancienne gare de Hijaz à Damas a accueilli une exposition consacrée aux célèbres pancartes de Kafranbel, ville du Nord-Ouest syrien devenue, dès 2011, le cœur visuel de la révolution.

Chaque vendredi, jour des manifestations, des habitants y créaient des affiches illustrées, drôles et acérées, appelant à la liberté et à la justice. Kafranbel était un véritable laboratoire de créativité populaire. L’exposition, conçue par de jeunes artistes syriens, proposait une relecture scénographiée de ces slogans iconiques. Présentés dans un espace patrimonial, les messages ne sont ni figés ni dépolitisés, mais restitués dans toute leur force. L’exposition affirmait ainsi un attachement à la mémoire populaire de la révolution, en permettant aux passants de la capitale de la redécouvrir dans un cadre poétique et accessible.

Exposition des banderoles de Kafranbel, gare de Hijaz, Damas.
Albane Buriel, CC BY

Autre lieu, autre geste. Au Musée national de Damas, l’exposition « Les détenus et les disparus », portée par la plateforme Mémoire créative de la révolution syrienne, retrace quatorze années de créations nées du soulèvement et de l’oppression : affiches, pancartes, slogans calligraphiés, poèmes, vidéos, peintures murales et visuels militants.

Une scénographie chronologique donne à voir les imaginaires politiques d’une révolution confisquée, depuis les slogans révolutionnaires jusqu’aux récits des détentions, des formes de résistance, des disparitions forcées, puis des procès de 2020 pour crimes contre l’humanité, engagés en Allemagne.

La photographie The Fall (la Chute), de Mohamad Khayata, clôt l’exposition comme elle clôt une époque (image présentée en tête de l’article, ndlr). Elle montre la statue renversée de Hafez Al-Assad, qui a longtemps surplombé la ville de Deir Atiyeh, dans le Qalamoun (ouest du pays). Sur le visage de la statue renversée, une femme se tient debout enveloppée dans une couverture traditionnelle. Cela ne s’apparente pas simplement à une fin, mais à un basculement d’imaginaire. Comme si cette énorme figure de béton, écrasée dans les gravats, laissait enfin place à autre chose.

En juin dernier, à la suite de cette exposition, l’artiste syrienne Rania Al-Najdi a présenté Origami Birds : For Those Who Will Not Be Forgotten (Oiseaux en origami : Pour ceux qui ne seront pas oubliés), une installation de 1 500 oiseaux de papier en hommage aux disparus syriens.

Ancienne prisonnière politique en 2013, Rania a conçu cette œuvre comme un acte de mémoire et de justice, en collaboration directe avec des familles des détenus. Chaque oiseau représente une vie volée, un inconnu de la liste du rapport « César ». Publié en 2014, il rassemble 55 000 photos exfiltrées par un déserteur de la police militaire syrienne, documentant la torture et l’exécution de milliers de détenus dans les prisons du régime Assad. Une absence devenue présence. L’exposition mêle éclairages sensibles, témoignages, sons et vidéos.




À lire aussi :
Le massacre de Tadamon : une enquête secrète de chercheurs sur la politique d’extermination en Syrie


L’exposition a réuni familles, citoyens et représentants d’institutions en quête de vérité. Rania rappelle :

« Ils ne sont pas que des prénoms. Nous devons rendre justice aux martyrs et aux détenus. »

Des familles syriennes brandissent les portraits de leurs proches disparus, pour que leurs visages ne tombent pas dans l’oubli.
Ali Hajsuleiman, CC BY

Des collectifs pour une mémoire vivante

Si ces expositions réinvestissent des lieux centraux, d’autres gestes se déploient en marge, dans les villes ou les interstices de l’institutionnel.

À Damas et Alep, la fondation MADAD, fondée par l’artiste Buthayna Ali, transforme des lieux abandonnés en scènes contemporaines. Depuis la chute du régime Assad, MADAD déploie des projets artistiques plus audacieux, visibles dans l’espace public et porteurs de récits longtemps refoulés.

L’exposition « Path » (avril 2025) est présentée dans le bâtiment abandonné Massar Rose à Damas. Elle réunit 29 artistes autour des thèmes de la mémoire, du pardon et du retour. Certaines œuvres – comme une épée d’argile fichée dans le sol ou des lettres brûlées – évoquent l’abandon de la violence et la transmission interrompue. Une volonté explicite de traiter les blessures du conflit dans un espace urbain reconquis.

« Embed », de Rala Tarabishi, rassemble 300 épées suspendues en argile. Elles symbolisent les émotions violentes et les blessures.
Ahmad Shhibar, CC BY

Aujourd’hui, MADAD prolonge cette démarche avec Unseen, un concours destiné aux jeunes artistes du nord du pays, explique Kinana Alkoud, une artiste investie dans le processus de sélection. L’exposition finale, prévue dans un hammam restauré à Alep, explorera ces choses que l’on voit sans regarder : gestes quotidiens, souvenirs enfouis, peurs silencieuses.

Homs : créer malgré l’instabilité

Homs, marquée par les destructions et les fractures communautaires, reste une ville à vif, où la mémoire divise encore.

Depuis 2020, le Harmony Forum développe des projets artistiques de consolidation de la paix. Son programme Beyond Colors 3 (2023–2024) a réuni vingt jeunes issus de confessions diverses. Peinture, installation, performance : les œuvres produites explorent la perte, l’exil, la reconstruction intime. Présentées dans une tente sur une place centrale, ces créations ont touché de nombreux visiteurs. Une artiste se souvient :

« Les gens racontaient leurs propres histoires. Leurs souvenirs faisaient écho à ce que nous avions voulu dire. »

Harmony Forum
Vue de l’installation « Un rêve temporaire », de Layla Al-Hashemy et Mario Butrus, dans la première tente.
Harmony Forum, CC BY

À Homs, un volontaire décrit un basculement depuis décembre 2024. Faute de sécurité suffisante, les expositions publiques ont laissé place à des films documentaires. Deux projets sont en cours : Revival, sur la mémoire de Homs et de sa campagne, et Fanjan, consacré au café arabe comme symbole de paix et de transmission. Une manière discrète, mais profonde de continuer à tisser du lien, malgré l’instabilité. Là où se réunir autour de la mémoire peut encore être perçu comme un risque.

Madaniya : pour une mémoire politique de la transition

Dans un registre plus explicitement politique, le collectif syrien Madaniya, fondé en 2023, en exil à l’époque, réunit artistes, chercheurs, militants et écrivains autour d’un même refus : celui d’une normalisation qui ne s’accompagnerait pas de justice rendue aux victimes. Ils défendent une reconstruction centrée sur la vérité, la mémoire et la réparation, où la culture devient un levier citoyen.

Leur programme, « Dialogue syrien sur la justice, la vérité et la réparation », multiplie les ateliers mêlant artistes, survivants et juristes pour penser les contours d’une justice post-conflit enracinée dans l’écoute et la vérité. Théâtre-témoignage, installations, archives visuelles : autant d’outils pour penser une justice sensible, partagée, en dehors des cadres classiques.

En mai dernier, à Damas, une veillée rendait hommage à Bassel Shehadeh, un jeune documentariste et journaliste tué en mai 2012 à Homs, devenu aujourd’hui l’un des symboles de la révolution. L’événement, conçu sous forme de veillée-performance, mêlait lectures poétiques, projection de vidéos d’archives, exposition de portraits et moment de silence collectif.

Témoignages des proches de Bassel Shehadeh durant la soirée-hommage.
Albane Buriel, CC BY

À travers cette diversité d’actions, Madaniya entend maintenir vivante une mémoire politique des soulèvements de 2011, et rappeler que la reconstruction ne peut se limiter à des infrastructures ou à des accords diplomatiques. Le collectif propose ainsi une vision critique et profondément incarnée de la transition, dans laquelle l’art devient un acte de résistance, de reconnaissance, et d’avenir.

Dans les marges, un futur à inventer

Ces exemples ne prétendent pas représenter toute la Syrie. Une large part de la population reste à distance : peur, précarité, silence. L’accès inégal à l’expression, la censure ou l’indifférence creusent les fractures. Ces dynamiques restent localisées, fragiles. Et pourtant, dans les marges, quelque chose se dit. Là où les institutions manquent, des gestes surgissent. L’art ne reconstruit pas un pays, mais il ouvre des brèches : pour dire, pour pleurer, pour résister. Il ne remplace ni les procès ni les réparations, mais offre un espace pour réhabiter le présent, comme en témoigne, par exemple, Romain Huët dans ses « Chroniques d’Ukraine : L’art face à la guerre » (The Conversation, 2022).

Dans un article publié en juin 2025 sur Al-Jumhuriya, un site d’analyse politique, Yassin al-Haj Saleh, écrivain et opposant politique au régime de Bachar Al-Assad, appelait à une justice existentielle. Il mettait en garde : sans vigilance, la transition pourrait favoriser une culture aseptisée, coupée de la mémoire du conflit.

Mais, selon lui, un apprentissage politique souterrain s’est tissé dans les ruines – une maturation lente qui pourrait fonder les bases d’une justice réparatrice, non seulement juridique, mais aussi culturelle et symbolique. Raison de plus pour prêter attention à ces signaux faibles. Sur les murs d’Alep, dans les ateliers de Homs ou les galeries de Damas, une autre Syrie se dessine – une Syrie qui tente, par fragments, de faire récit ensemble.

Mais ces signes d’ouverture restent ambivalents. Le nouveau régime, issu d’une matrice sécuritaire et militaire, tolère certaines formes d’expression artistique – tant qu’elles ne remettent pas en cause les équilibres fragiles du moment : cohésion communautaire, contrôle des récits sur la guerre, image de stabilité à l’international. La surveillance persiste, les lignes rouges demeurent floues, et les artistes pratiquent souvent une autocensure prudente, sans connaître clairement les limites à ne pas franchir. Les dénonciations explicites des crimes passés restent rares, et les récits sur les exactions commises par les différents camps – y compris ceux aujourd’hui au pouvoir – peinent à trouver leur place dans l’espace public. La mémoire, en Syrie, reste un terrain miné.

The Conversation

Albane Buriel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La Syrie post-Assad : se reconstruire à travers l’art – https://theconversation.com/la-syrie-post-assad-se-reconstruire-a-travers-lart-260652

Communautés en ligne : (re)connecter les personnes en quête de perte de poids et les professionnels de santé

Source: The Conversation – in French – By Steffie Gallin, Professeur Assistant, Montpellier Business School

Les personnes désireuses de perdre du poids se rassemblent de plus en plus dans des communautés en ligne. À l’heure où certains influenceurs font la promotion de méthodes amaigrissantes risquées allant jusqu’à l’usage détourné de médicaments, ces espaces numériques pourraient – s’ils étaient encadrés par des professionnels de santé – devenir un complément utile à l’accompagnement médical traditionnel.


Un Français sur deux est en situation de surpoids ou d’obésité. Pour tenter de perdre du poids, les personnes concernées ne font plus seulement appel aux professionnels de santé.

Il existe notamment des communautés en ligne consacrées au soutien à la perte de poids, qui proposent d’échanger avec des « pairs », des personnes « comme nous », qui rencontrent la même problématique.

Des communautés en ligne, sur les réseaux, entre patients…

Tantôt rattachées à une marque (à l’image de la très connue communauté Weight Watchers), tantôt lancées à l’initiative d’internautes sur des sites de santé généralistes (par exemple, Doctissimo) ou sur des réseaux sociaux, disposant parfois d’un comité scientifique composé de médecins (à l’image de certaines communautés entre patients, par exemple Carenity), ces communautés perdurent et continuent d’attirer de nouveaux membres.

Comment expliquer leur succès ? Peuvent-elles constituer un levier vers des comportements alimentaires plus équilibrés ? Comment concilier leur approche avec la prise en charge proposée par des professionnels de santé ?

La place prise par les influenceurs autour des régimes amaigrissants

La perte de poids est un parcours du combattant. C’est ce qui ressort des témoignages recueillis dans notre étude. De nature qualitative, elle a été menée auprès de 25 utilisateurs de communautés en ligne.

Annie, 43 ans, indique par exemple :

« J’aime bien la bonne cuisine, mais je me reprends en main du coup. Je pense que ce régime, ce sera jusqu’à la fin de ma vie, ça m’a aidée à prendre conscience que le surpoids se gère, mais c’est une attention de tous les jours. »

Différentes stratégies sont mises en œuvre pour perdre du poids : par exemple, se rendre dans le cabinet d’un professionnel de santé ou entreprendre un régime hypocalorique à l’instar du célèbre programme Weight Watchers (la marque a cessé ses activités en France fin 2024).

Mais désormais, certaines personnes qui souhaitent maigrir suivent des influenceurs santé/bien-être sur les réseaux sociaux. Cela témoigne d’une nouvelle ère pour les régimes dans laquelle les influenceurs sont particulièrement écoutés.

Les risques liés à la promotion d’usages détournés de médicaments

Actuellement, les influenceurs font une large promotion des sémaglutides tels que l’Ozempic, hors de tout contrôle médical, ce qui présente des risques contre lesquels les autorités de santé ont alerté. Ozempic est en effet un médicament contre le diabète qui est détourné de manière illégale de son usage initial parce qu’il induit une perte de poids.

À noter qu’il existe désormais une version de la même molécule, commercialisée sous le nom de Wegovy, indiquée cette fois pour traiter l’obésité dans des situations très précises. Ce nouveau médicament n’est disponible que sur ordonnance et les prescriptions sont très encadrées.




À lire aussi :
Ozempic et perte de poids : les risques derrière le mauvais usage de cet antidiabétique


Des « communautés de soutien » avec des personnes qui « nous ressemblent »

De nombreuses personnes se tournent également vers des communautés pour partager leur parcours de perte de poids et s’entraider.

Sabah, 35 ans, témoigne :

« Juste le fait de partager nos difficultés, je pense que ça fait quelque chose. Ça peut remonter le moral. »

Ces communautés aident à maintenir sa motivation, au travers des échanges avec des personnes qui ont le même vécu.

Lise, 53 ans, explique :

« Il y a une chose qui m’a toujours paru assez difficile, c’est d’être conseillée pour maigrir par des personnes qui sont filiformes. Quelque part, est-ce qu’elles savent vraiment ce que c’est qu’un régime et le vécu d’un régime ? […] Il y a une compréhension dans ces communautés qu’on n’a pas forcément avec un professionnel. »

Le corps médical ne peut donc plus omettre l’existence de ces lieux de rassemblement, de même que l’écoute et l’empathie dont les patients ont besoin et que ces professionnels n’ont pas toujours le temps de donner.

Ces communautés en ligne créées pour perdre du poids sont désignées par les participants comme des « communautés de soutien ». Le partage est au cœur de ces communautés.

Estelle, 32 ans, analyse :

« Je pense que quand on fait cette démarche-là d’aller sur les forums, on cherche à partager, à se soutenir. »

Ce soutien peut être de nature informationnelle, lorsque les utilisateurs échangent des conseils et des astuces, mais aussi de nature émotionnelle.

Jennifer, 22 ans, rapporte :

« Ça fait plaisir quand on dit qu’on a perdu du poids ou qu’on a fait un excès. C’est bien de se voir écrire “Continue, courage”. »

Les participants cherchent à échanger avec des personnes et « des profils qui [leur] ressemblent ». « Dans la même galère », « des personnes qui sont comme moi », « se trouver des points communs » constituent autant de façons de faire référence à des personnes que l’on pense être comme nous, auxquelles on s’identifie.

Un espace de partage pour manger mieux ?

Notre seconde étude, quantitative, menée auprès de 335 utilisateurs de communautés, montre que plus l’utilisateur se sent soutenu, plus il s’identifie aux membres de la communauté. Cependant, dans tout rassemblement social, des règles doivent être respectées pour que les échanges soient les plus sereins et profitables possibles.

Les règles ou normes qui régissent les communautés sont nombreuses : ne pas juger les autres, afficher sa perte de poids chaque semaine, être sincère, afficher ses menus, ne pas suivre de régime restrictif, participer tous les jours à la communauté ou encore se fixer un objectif précis.

Notre étude montre que plus les participants se conforment à ces règles, plus leur auto-efficacité augmente, ce qui se traduit notamment par une plus grande consommation de fruits et légumes, conformément aux recommandations officielles et à la littérature scientifique. Cette stratégie est reconnue comme efficace pour perdre du poids.

Claude, 70 ans, lorsqu’elle parle d’un partage de recettes sur la communauté, indique également :

« C’était un gratin de pâtes au saumon. Avec un poisson. Ça m’a donné une idée, car je n’ai pas l’habitude de faire ça. »

Myriam, 32 ans, ajoute :

« J’ai intégré le chocolat par exemple dans mon régime alimentaire alors que je ne mange pas du tout de chocolat de base. Je suis plutôt grignotage salé. Le fait d’avoir intégré le chocolat, je me rends compte que ça m’aide à tenir le coup sur une journée. C’est un petit moment de plaisir et ça, c’est un conseil que j’ai eu sur les forums. »

Un accompagnement supplémentaire pour les patients

Alors qu’une de nos précédentes recherches menée auprès de 23 experts en nutrition avait montré la défiance des professionnels de santé vis-à-vis de ces communautés en ligne (informations erronées possibles, trop de croyances, incitation à entreprendre des régimes restrictifs par exemple), ces experts pourraient en tirer parti pour une prise en charge multidimensionnelle du surpoids et de l’obésité.

Le recours à ces communautés pourrait constituer un accompagnement complémentaire dans le contexte actuel, dans lequel l’accent est mis sur le traitement des causes, et non seulement des conséquences de l’obésité, en faisant appel à des experts en nutrition mais aussi à des psychologues, des cardiologues et d’autres professionnels.

Alternatives aux communautés qui prônent des régimes décriés pour leur côté restrictif, des communautés développées, alimentées et encadrées par des professionnels de santé pourraient être source de bien-être psychologique pour leurs patients.




À lire aussi :
L’illusion perdue des régimes amaigrissants


Il reste encore du chemin à parcourir pour mieux (re)connecter patients et professionnels de santé. Le soutien doit être au cœur de la prise en charge du surpoids et de l’obésité, car il permet d’atteindre plus facilement ses objectifs.

The Conversation

Laurie Balbo a reçu des financements de l’ANR.

Marie-Christine Lichtlé et Steffie Gallin ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

ref. Communautés en ligne : (re)connecter les personnes en quête de perte de poids et les professionnels de santé – https://theconversation.com/communautes-en-ligne-re-connecter-les-personnes-en-quete-de-perte-de-poids-et-les-professionnels-de-sante-255233

Sylvia Plath’s ‘fig tree analogy’ from The Bell Jar is being misappropriated

Source: The Conversation – UK – By Elisha Wise, English, University of Sheffield

In chapter seven of Sylvia Plath’s The Bell Jar (1963), protagonist Esther Greenwood imagines her life branching out before her like a green fig-tree. Each individual fig on the branches represents a different “wonderful future” – a family, a successful career, romance, travel, fame, etc.

High-achieving Esther has innumerable figs she can choose from, yet she envisages herself “starving to death” in the crook of the tree because she can’t make up her mind on which of the figs she should choose.

Her indecision stems from the knowledge that choosing one wonderful future means losing out on the other, equally appealing opportunities. She wants to experience all of them, but knows she cannot, and, in the end, spends so long deciding that every single fig rots and falls to the ground, dead.

By wanting to do everything, Esther misses her chance to do anything at all. This is a metaphor about wasted potential, fears of choosing the wrong pathway, and feeling rushed into making decisions before you truly know what you want. There is little wonder that it appeals to teenagers.

The “fig tree analogy”, as it is known online, is beloved by gen Z and has become a TikTok staple over the last three years. It was first discussed on the platform as part of the 2023 “Roman Empire” meme, with female users citing it as an example of something they constantly think about.

It then reached a new peak in early 2024 thanks to the “my fig tree” trend, in which users (again, predominantly young women) wrote future hopes and dreams onto a stock image of a fig branch in videos featuring accompanying audio of the passage being read aloud.


Looking for something good? Cut through the noise with a carefully curated selection of the latest releases, live events and exhibitions, straight to your inbox every fortnight, on Fridays. Sign up here.


This trend was, in essence, a way for people to share their dream jobs – with career pathways as varied as “surgeon” and “influencer” sometimes appearing on a single branch. But it also allowed young users to express their anxieties about planning for the future.

In one video, “I can’t help but wonder if I’m going to be truly happy in [my chosen career] forever” is written beside a beautifully illustrated fig tree. I remember feeling this way myself when I read The Bell Jar for the first time in the middle of university applications and big life choices.

When you are young, it can feel like you have only one choice and can never remake it, which is why Plath’s words spoke to me then and seem to be speaking to hundreds now.

But why exactly is this metaphor resonating so strongly with gen Z?

The girls who are participating in the “my fig tree” trend are not subject to the same binary choice of marriage or career that Esther faced. It is now possible to have loads of lovers and then a husband and family, and neither disqualifies you from also being a “brilliant professor” or “amazing editor” or anything else you wish to be.

In The Bell Jar, Plath treats these things as distinct because they would truly have felt that way in Esther’s time of enforced purity and nuclear families. She was, after all, writing pre-second-wave feminism.

So why, in our fourth-wave feminist world, do women still feel their options are so narrow? It could be because women workers are disproportionately at risk of being displaced by AI, or because other TikTok sensations like the “trad wife” are promoting to young women the very purity culture that Plath rallied against.

Perhaps, for this generation, it really seems urgent to grasp hold of one fig before all are lost.

However, as the “fig tree analogy” goes more and more viral, it is at risk of being removed from its original context. The signs of this are already visible on TikTok, as the passage has in the last month been used to soundtrack #romanticisinglife content and promote fig-themed homeware at a garden centre.

It was also referenced in a recent episode of reality dating show Love Island, where it was incorrectly named the “fig theory” and not attributed to Plath.

All of this suggests that the passage has now reached an audience of people who have not read The Bell Jar and see the analogy more as some generic life wisdom than a literary device. Indeed, TikTok videos by self-styled philosophers encouraging watchers to pick any or every fig off the tree instead of being paralysed by indecision like Esther are gaining traction.

While these may prove helpful to Zoomers unsure about their future pathway, I feel that the conversation around this metaphor is increasingly overlooking the fact that Esther is unable to choose a fig because she is depressed.

The real meaning of the fig tree analogy

The Bell Jar may be a novel about coming of age as a woman, but it’s also, at its core, the story of a woman having a breakdown. In the pages preceding the “fig tree analogy”, Esther calls herself “dreadfully inadequate” and claims that “I was only purely happy until I was nine years old”.

So, in the context of the novel, the metaphor can be read as a product of depressive thinking. It is not meant to be a universal truth.

Instead, it represents the subjective thoughts of a narrator who feels herself a failure, despite her plentiful opportunities, because she is mentally ill. Turning Plath’s prose into a theory or philosophy or meme minimises its darker aspects, particularly as the popular TikTok audio that accompanies “fig tree analogy” videos often cuts off before the figs fall, due to the app’s preference for short content.

Some users may well have participated in the “my fig tree” trend without even realising that the quotation ends with Esther losing everything.

Perhaps it should be concerning so many young people relate to a narrator who becomes so overwhelmed by her conflicting ambitions that she attempts to kill herself. I certainly wonder how Plath would feel about her words now being treated as emblematic of a collective female experience. If nothing else, I am sure she would be disappointed at how little has changed in 60 years.


This article features references to books that have been included for editorial reasons, and may contain links to bookshop.org. If you click on one of the links and go on to buy something from bookshop.org The Conversation UK may earn a commission.

The Conversation

Elisha Wise will receive funding from the White Rose College of Arts and Humanities (ARCH) from October 2025.

ref. Sylvia Plath’s ‘fig tree analogy’ from The Bell Jar is being misappropriated – https://theconversation.com/sylvia-plaths-fig-tree-analogy-from-the-bell-jar-is-being-misappropriated-261597

The A to K of vitamins: what you need and where to get it

Source: The Conversation – UK – By Dan Baumgardt, Senior Lecturer, School of Physiology, Pharmacology and Neuroscience, University of Bristol

SpeedKingz/Shutterstock

The late, great comedian Barry Humphries (of Dame Edna fame) once spoke whimsically about the health benefits of kale. Just one fistful, he joked, contained enough essential vitamins, minerals and trace elements to keep you in a sedentary position in the bathroom for two whole days. Apparently, it wasn’t tasty enough to justify a second helping.

In a world where “superfoods” are relentlessly marketed for their supposed ability to deliver all the nutrients we need, it’s worth asking: which vitamins really are essential? And aside from kale (which I actually rather like), what foods help us meet our daily needs?

Vitamin A

Let’s start at the top. Vitamin A – also known as retinol – is found in foods like eggs, oily fish and dairy products. It plays a crucial role in keeping your skin and immune system healthy.

But it’s probably most famous for supporting vision. Vitamin A binds with light-sensitive pigments in the rod and cone cells of your retina, helping you to see, particularly in low light.

A deficiency in vitamin A, though uncommon in wealthy countries, can lead to serious vision problems and even blindness. Another source of vitamin A is beta-carotene, found in colourful fruits and vegetables like carrots, peppers, spinach and pumpkin. Your body converts beta-carotene into vitamin A, which is why we associate carrots with seeing in the dark.

Vitamin B

The B vitamins are a family of eight different nutrients, each with its own number and role.

B1 (thiamin) helps the nervous system and aids digestion. People with chronic alcoholism are especially at risk of deficiency, which can lead to Wernicke-Korsakoff syndrome, a serious neurological disorder that affects memory and movement.

B2 (riboflavin) and B3 (niacin) support similar functions, while B9 (folate) and B12 (cobalamin) are essential for red blood cell production. A lack of either can lead to anaemia.

Folate is especially important in early pregnancy, helping to prevent neural tube defects like spina bifida. That’s why it’s recommended for people who are pregnant or trying to conceive.

You’ll find B vitamins in everything from beans and legumes to meat, fish and dairy; a wide-ranging family of nutrients in a wide-ranging variety of foods.

Vitamin C

The go-to vitamin when we’re under the weather, whether from a virus or a hangover, vitamin C (ascorbic acid) is known as the “healing” vitamin for good reason. It promotes wound healing, supports tissue repair and helps maintain blood vessels and bones.

A deficiency in vitamin C causes scurvy – a condition once common among sailors – with symptoms like fatigue, bruising, depression and gum disease.

Fortunately, vitamin C is found in many different fruits and vegetables, especially citrus fruits. That’s why 19th-century British sailors were given limes to prevent scurvy, earning them the nickname “limeys”.

Vitamin D

Vitamin D is essential for bones, teeth and muscles. It can be absorbed through diet, especially from oily fish, eggs and meat, but your body also makes it in the skin, thanks to sunlight.

In the summer, most people get enough vitamin D from being outside. But in the winter months, diet and, if needed, supplementation become more important.

Deficiency is more common, especially in areas with limited sun exposure. It can lead to soft, weakened bones and symptoms like bone pain, fractures and deformities – including the classic bow-legged appearance. In children, this condition is known as rickets; in adults, it’s called osteomalacia.

Vitamin E

Often overlooked, vitamin E helps protect cells, supports vision and bolsters the immune system. You’ll find it in nuts, seeds and plant oils and it’s usually easy to get enough through a varied diet.

Vitamin F (Sort of)

Not actually a vitamin, “vitamin F” is just a nickname for two omega fatty acids: alpha-linolenic acid (ALA) and linoleic acid (LA). These essential fats support brain function, reduce inflammation, and help maintain healthy skin and cell membranes. Since they’re technically not vitamins, we’ll let them quietly bow out.

Vitamin K

No, you didn’t miss vitamins G through J: they were renamed over the years. But vitamin K is real, and crucial for blood clotting.

Deficiencies are more common in children, and can lead to bruising and bleeding that’s hard to stop. Supplements are effective and given after birth.

Most adults get enough through foods like leafy greens and grains.

And the winner is…

All these vitamins are important – and all are found in a wide range of everyday foods. But which single food provides the widest variety?

Kale, oily fish and eggs come in strong at second, third and fourth. But number one is: liver.

Yes, liver. The stuff of childhood dread and overcooked school dinners. But it’s also rich in vitamins A, B, D and K. So rich in Vitamin A, in fact, that it’s advised to eat it only once a week to avoid vitamin A toxicity, and not at all if you’re pregnant. Sometimes, you just can’t win.

The Conversation

Dan Baumgardt does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. The A to K of vitamins: what you need and where to get it – https://theconversation.com/the-a-to-k-of-vitamins-what-you-need-and-where-to-get-it-261209

What are education and health care plans and why are parents worried about them being scrapped?

Source: The Conversation – UK – By Jonathan Glazzard, Rosalind Hollis Professor of Education for Social Justice, University of Hull

Drazen Zigic/Shutterstock

For children in England with special educational needs and disabilities, an education and health care plan (EHCP) is a central pillar of support. The government is due to set out its educational strategy for children with special educational needs and disabilities in the autumn, though, and has not ruled out scrapping ECHPs. Their removal would signal radical change in how the system works in England.

ECHPs are individualised plans that set out the needs of a particular child and the support they should receive – from education, health services and social care – in order have the best opportunity to thrive. But demand for ECHPs is soaring and providing support is proving financially catastrophic for local authorities.

One of the criticisms of EHCPs is that they prioritise providing children with individual models of support, rather than developing inclusive cultures within schools and within the broader education system. Education secretary Bridget Phillipson has outlined a vision of building a system where more children with special educational needs and disabilities can attend mainstream schools.

But removing ECHPs leads to the possibility of children who need more specialist support missing out.


Get your news from actual experts, straight to your inbox. Sign up to our daily newsletter to receive all The Conversation UK’s latest coverage of news and research, from politics and business to the arts and sciences.


To secure an ECHP, local authorities carry out a statutory assessment to determine whether a child’s needs warrant additional support. An assessment does not always lead to an EHCP, but if one is issued, it must outline how the child’s needs will be met and the additional resources needed to do so.

These resources might include funding to provide a child with a teaching assistant, funding for equipment and transport to school, or funding to go to a specialist school. This system of support helps school leaders ensure that children and young people have the right support, at the right time.

According to a report published earlier this year, the demand for EHCPs has risen by 140% since 2015. Recent data shows that there are 482,640 children and young people in England with an EHCP.

Many more children have special educational needs, but do not have an ECHP. These pupils are classed as receiving special educational needs support. The percentage of pupils with an EHCP has increased to 5.3%, from 4.8% in 2024. The percentage of pupils with special educational needs support has increased to 14.2%, from 13.6% in 2024.

Despite government investment of £10.7 billion to local authorities in 2024-25, a House of Commons committee report outlines that long waiting times for assessments, as well as to access support such as speech and language therapy, has led to parents losing confidence in the system.

Boy in one to one class
Support may include equipment or additional sessions.
ABO PHOTOGRAPHY/Shutterstock

Funding is allocated to each local authority from central government to fund provision in their areas. It is for local authorities, in consultation with their schools, to determine the individual allocation to schools. However, local authorities are struggling to meet the increased demand for EHCPs. Even when funding is allocated through EHCPs, it is not always sufficient to address the needs of those with complex needs.

And funding is not sufficient to meet demand. Local authorities have accumulated huge deficits due to spending exceeding funding, placing some at risk of going bankrupt.

Future plans

Bridget Phillipson has refused to be drawn on whether EHCPs will be axed. “What I can say very clearly,” she has said, “is that we will strengthen and put in place better support for children.”

Building more inclusive schools is obviously one way of achieving this vision. If scrapping EHCPs means less funding for children for special educational needs and disabilities, though, this cannot be the answer. Children need more support, not less, to enable them to thrive.

The solution is for the government to work out what models of inclusion work well in mainstream schools and to decide how these can be resourced and evaluated. Clarity is also needed on inclusion in mainstream schools can be measured in order to assess whether it is working.

Making more support in mainstream schools work also requires an adequate supply of knowledgeable, well-trained teachers. The government is prioritising this through revision to initial teacher education courses, with an emphasis on all teachers being teachers of special educational needs.

If the government doesn’t get this right, the result may be poorer educational and long-term outcomes for pupils with special educational needs and disabilities. It may also lead to issues with teacher recruitment and retention in mainstream schools, particularly if teachers feel that they do not have the level of support in place that they need to meet the needs of their pupils.

The Conversation

Jonathan Glazzard does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. What are education and health care plans and why are parents worried about them being scrapped? – https://theconversation.com/what-are-education-and-health-care-plans-and-why-are-parents-worried-about-them-being-scrapped-260622

Dog thefts: what really happened during the COVID pandemic

Source: The Conversation – UK – By Daniel Allen, Animal Geographer, Keele University

smrm1977/Shutterstock

Dog theft can be a devastating crime. During the COVID pandemic, newspapers suggested there was an epidemic of “dognapping” in the UK. If you have a dog, the reports may have alarmed you at a time when there were already many reasons to feel afraid.

There are mixed views on whether or not lockdown triggered an increase in dog ownership. Animal welfare charity Battersea attributed a 53% increase in dog adoption to lockdown, and online pet adoption service Pets4Homes said in their 2022 report that demand for puppies rose 104% at the peak of lockdown in May 2020.

But animal charity PDSA said its survey data pointed to a gradual increase in dog ownership since 2011 rather than a dramatic surge during lockdown. However, we do know lockdown saw inflated prices for dogs, with some fashionable breeds going for £9,000.

In terms of criminal activity, social distancing restrictions seemed to lead to a decline in some forms of crime, including shoplifting and burglary. But many media outlets reported the number of dog thefts had increased up to 250% during the pandemic.


Get your news from actual experts, straight to your inbox. Sign up to our daily newsletter to receive all The Conversation UK’s latest coverage of news and research, from politics and business to the arts and sciences.


We wanted to explore if the data supported claims of a dognapping epidemic and whether patterns in dog theft could suggest ways to help reduce it. Our recent study found new insights into dog theft patterns and showed the situation was more complicated than it seemed at first glance.

Under the Theft Act 1968, dog theft is not a specific offence. It comes under other theft offences, such as burglary or theft from a person.

This means police records on dog theft were not included in crime statistics. The only way to access such information is through Freedom of Information (FOI) requests to individual police forces. There are 45 territorial and three special police forces in the UK, and each has its own reporting and recording practices.

Although police FOI data for dog theft must be approached with caution, it is useful. Previous studies exploring police FOI data found an upward trend in recorded dog thefts in England and Wales: rising nearly 20% from 2015 (1,545) to 2018 (1,849) for 41 police forces combined; and up 3.5% year on year from 2019 (1,452) to 2020 (1,504) for 33 police forces.

DogLost, a UK online community for reuniting lost and stolen dogs with their owners, reported a 170% increase in stolen dogs (with Crime Reference Numbers) registered on their website in 2020 (465), compared to 2019 (172). This figure was widely quoted as a national increase “since lockdown started” by the media.

The 250% increase figure first quoted in December 2020 was actually a comparison of two seven-month periods (January-July 2019 and 2020) for only one police force.

Patterns and trends

Our study found the data for the period covering the COVID pandemic is also incomplete. Data was provided by 32 forces (71%) for 2020, by 27 forces (60%) for 2021, and 23 forces (51%) for 2022.

Patterns and trends do, however, emerge. Between 2020 and 2022, the available data shows a 3.7% rise in dog thefts in the UK, from 1,573 to 1,631. When making adjustments for the number of police forces providing data (which decreased over the period), the estimated national figures suggest there may have been more significant rise of up to 44.2%.

While we cannot assume that the forces who supplied data are representative of all 45 regional forces, if this were the case, it would equate to 2,212 recorded dog thefts in 2020, 2,645 in 2021, and 3,191 in 2022.

There was a lot of variation between different areas. For example, Cambridgeshire, Gwent and Northumbria police forces experienced increases of 36%, 49% and 80% respectively in the number of recorded dog thefts between 2020 and 2021.

Monthly analysis of data from regional police forces and DogLost, show that the number of reports of stolen dogs started to go up when the UK entered its first national lockdown and again during part of the third lockdown. But the average number of police-recorded dog thefts was actually slightly higher outside of lockdown periods than during them between 2020 and 2022.

However, in contrast with police trends, DogLost data shows a 65.2% drop in dogs reported stolen on DogLost’s website in 2022 compared to 2020. Lower DogLost numbers may reflect limited visibility or presence of their networks, the use of alternative lost and stolen dog services, or reluctance to share personal details online due to scams targeting dog theft victims.

Close up of dog looking out of a window
Dogs are often stolen from inside their own homes.
GoodFocused/Shutterstock

Our study found that, overall, there probably was an increase in dog theft from
2020 to 2022, following already identified increases in the preceding years. This rise was probably driven by a combination of opportunity (more dogs, higher value) and situational factors (accessibility, dogs unattended in gardens while owners were inside).

Our evidence does not support the notion of a widespread epidemic as portrayed by the media. However, increased media interest probably amplified awareness of the issue, and influenced the creation of the Pet Theft Taskforce, a UK government initiative set up in May 2021 to investigate and tackle dog thefts.

New research appears to confirm the idea that dog abduction has significant welfare effects on both dogs and their owners. We also know that few dog thefts are successfully resolved, with under a quarter of stolen dogs likely to be returned and around 1%-5% of reported dog thefts result in someone being charged.

However, there is potential good news. Our ongoing research suggests the number of police-recorded dog thefts decreased slightly in 2023, and again in 2024. This is supported by research from pet insurer Direct Line, which has estimated a 21% decrease in the number of stolen dogs from 2,290 in 2023 to 1,808 in 2024 in the UK.

The Conversation

Daniel Allen is founder of Pet Theft Reform and patron of the Stolen and Missing Pets Alliance (Sampa).

Melanie Flynn is a member of the Research Advisory Committee of the Vegan Society (UK).

John Walliss does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Dog thefts: what really happened during the COVID pandemic – https://theconversation.com/dog-thefts-what-really-happened-during-the-covid-pandemic-252061

People with MS and other fluctuating health conditions are often forced to quit their jobs when they want to work

Source: The Conversation – UK – By Alice Martin, Head of Research, Work Foundation, Lancaster University

Andrey_Popov/Shutterstock

Plans to cut health-related benefits in the UK continue to give the government political grief – as well as being a huge worry for claimants. Underpinning the controversy are government plans to move more people into work with a long-term ambition of 80% employment.

But cutting welfare costs is a blunt and unhelpful way to face the challenge of increasing employment among people with long-term health conditions.

For people with fluctuating and often invisible conditions such as multiple sclerosis (MS), welfare and work are not opposed. They are usually part of the same life journey – one that is rarely linear and requires systems and supports that are flexible, not punitive.

This was the focus of a recent study led by my research colleague Aman Navani and the MS Society. It is a major UK survey of people with MS with more than 1,100 respondents, and highlights systemic failures in workplace support and welfare systems.


Get your news from actual experts, straight to your inbox. Sign up to our daily newsletter to receive all The Conversation UK’s latest coverage of news and research, from politics and business to the arts and sciences.


Because of its fluctuating nature, MS can act as an important case study to understand how work should accommodate people’s evolving health needs. It also offers lessons that are relevant to a wide array of other conditions.

Cases of MS are rising globally. Around 150,000 people in the UK live with the condition, which affects the central nervous system and causes pain, mobility problems, cognitive issues and fatigue.

Women are more likely to have MS, which is usually diagnosed in people in their 30s or 40s. These, of course, are peak working years.

The vast majority of people with MS (96%) who participated in our study reported that their condition has affected their ability to work. This is because MS can make commuting and navigating workplace environments challenging, and physical and mental health impacts often overlap.

Managing symptoms such as cognitive changes, pain and restricted mobility can contribute to anxiety and depression. All of these things put additional strain on the working lives of those affected.

For a quarter of respondents (24%), MS had such a severe effect that they felt unable to work at all. Worryingly, one in two people said they have compromised their health by staying in a job.

For many, leaving work is the only solution they can see. More than one-quarter (26%) cited unmanageable workloads, 19% could not afford to stay in work due to low pay, 20% lacked flexible hours, and for 22% the flexibility they were offered did not meet their needs.

Just 8% said their employer helped them adapt their job to suit their health, and only 2% had progression opportunities tailored to their condition. But nearly half (45%) of those who left work said they could have stayed if their employer had understood their condition better.

Almost half (46%) of respondents who were in work had used the personal independence payment (Pip) as a lifeline. This is an allowance that helps people with the extra living costs associated with having a disability. Under the government’s plans, conditions will be tightened for new claimants.

Designing better jobs

Living with a fluctuating condition requires constant adaptation, from coping with exhaustion to managing the extra time and cost of daily activities. As such, the way jobs are designed matters.

A government report has said that one-quarter of those who are out of work and claiming health and disability benefits might be able to work if they could do so from home.

The rise of remote and hybrid work has indeed been a lifeline for some disabled workers. A recent major study of people who are classified as disabled highlights just how vital this change has been for them: 85% said remote or hybrid work was essential or very important when job hunting, and 79% wouldn’t apply for roles without it.

Among those working fully remotely, 64% said their physical health improved. Homeworking was valued by those with fluctuating conditions such as MS, and for disabled women and carers in particular, full-time homeworking was their preference.

But these gains are precarious. Growth in hybrid roles has stalled and some employers are grabbing headlines with “return-to-office” mandates even at the risk of losing key members of their workforce.

woman using a wheelchair commuting on public transport
Return-to-office mandates can force some workers to navigate a challenging commute.
AlvaroRT/Shutterstock

Nearly one in four working-age people in the UK are disabled. Work and welfare must be designed from the perspective of this growing and diverse cohort – ensuring financial security for people with health conditions, both in work and out of work.

Expanding and protecting access to secure and flexible jobs is key, including remote and hybrid roles, baking these models into more sectors of the economy. The government could lead by example with public sector workers, and protect jobs from knee-jerk employer mandates.

In January this year, only 3.8% of vacancies on the Department for Work and Pensions jobs portal included an option for hybrid or remote work.

Finally, it’s vital to improve job design and in-work support, with effective occupational health systems, consultation with workforces, normalising shorter working weeks and time off.

This would enable people with fluctuating conditions to attend appointments, recuperate and even take career breaks without harming their careers. For this, the UK needs a benefits system that supports movement in and out of work, avoiding financial cliff edges.

Too many people with MS and similar conditions who can and want to work are forced to leave jobs early due to inadequate support. They face a trade-off between progressing their working life and managing their health. The challenge for government and employers now is to remove this tension.

The Conversation

Alice Martin works for the Work Foundation think tank at Lancaster University, which received funding from MS Society to conduct the research.

ref. People with MS and other fluctuating health conditions are often forced to quit their jobs when they want to work – https://theconversation.com/people-with-ms-and-other-fluctuating-health-conditions-are-often-forced-to-quit-their-jobs-when-they-want-to-work-259083

Voir la planète respirer depuis l’espace, ou comment mesurer les gaz à effet de serre par satellite

Source: The Conversation – France in French (2) – By Carole Deniel, Responsable des programmes de composition atmosphérique et Climat, Centre national d’études spatiales (CNES)

Les activités humaines dégagent du CO<sub>2</sub>. Mais les arbres, les tourbières et les autres écosystèmes sont aussi capables d’en rejeter ou d’en stocker. ©CNES/ill. Oliver Sattler, 2021, Fourni par l’auteur

La quantité de CO2 dans l’atmosphère varie à cause des activités humaines, mais aussi en réponse au fonctionnement des écosystèmes, comme les arbres, qui absorbent et émettent du CO2 en respirant.

Grâce aux satellites, on peut ainsi voir la planète « respirer ». La nouvelle mission MicroCarb du Cnes doit décoller le 25 juillet de Guyane et vient rejoindre d’autres programmes pour suivre de près ce facteur important du changement climatique.


Les satellites sont devenus des outils indispensables pour suivre l’évolution du climat. En effet, les mesures denses et continues de la teneur en CO2 permettent d’identifier les sites d’émission ou au contraire d’absorption par les écosystèmes et les activités humaines.

Avec le lancement de la mission MicroCarb, qui est consacrée à la mesure précise de la concentration du CO2 atmosphérique, la France va apporter une contribution inédite à l’amélioration de notre connaissance du cycle du carbone.

Le rôle du CO₂ dans l’effet de serre

Le dioxyde de carbone (CO2) est le principal moteur du changement climatique actuel. Sa concentration dans l’atmosphère a fortement augmenté depuis le début de l’ère industrielle, à cause de la combustion des énergies fossiles et des changements d’usage des terres (en particulier la déforestation).

Ce gaz joue un rôle fondamental dans l’effet de serre, le phénomène naturel par lequel certains gaz atmosphériques absorbent une partie du rayonnement infrarouge émis par la Terre. Le CO2 contribue ainsi à réchauffer la surface. Si cet effet est indispensable à la vie sur notre planète, son amplification par les activités humaines entraîne les modifications du climat dont nous ressentons déjà les conséquences et qui vont encore s’accentuer.




À lire aussi :
« Dis-moi, pourquoi il y a le réchauffement climatique ? »



Tous les quinze jours, de grands noms, de nouvelles voix, des sujets inédits pour décrypter l’actualité scientifique et mieux comprendre le monde. Abonnez-vous gratuitement dès aujourd’hui !


Le changement climatique entraîne déjà des impacts majeurs : élévation du niveau des mers, intensification des événements extrêmes, réduction des glaciers, modification des régimes de précipitations, et bouleversements pour les écosystèmes et les sociétés humaines.

Le cycle du carbone : des mécanismes d’échange entre les écosystèmes déstabilisés par les émissions issues des activités humaines

Mais au-delà de son rôle moteur du changement climatique, le CO2 intervient aussi dans des rétroactions complexes au sein du cycle du carbone.

Malheureusement, les perturbations sur le cycle du carbone interrogent. Aujourd’hui, environ 55 % des émissions de CO2 sont absorbés naturellement par les océans (où il se dissout) et par la végétation terrestre (via la photosynthèse), qui jouent le rôle de « puits de carbone ». Cette absorption atténue partiellement l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère. Or, ces puits de carbone (océan et végétation) sont sensibles au changement climatique lui-même, ce qui conduit donc à des « rétroactions » entre climat et cycle du carbone.

foret et zone humide
Les forêts et les tourbières absorbent et stockent le dioxyde de carbone, mais le changement climatique affecte leur capacité à mitiger ainsi l’effet de ce gaz à effet de serre.
Juan Davila, Unsplash, CC BY



À lire aussi :
La mission Biomass, un satellite pour mieux comprendre comment les forêts stockent (et émettent) du carbone


Par exemple, quelles seront les conséquences s’ils deviennent moins efficaces du fait, par exemple, de la sécheresse récurrente qui atténue la capacité d’une forêt à absorber le carbone, ou d’autres impacts négatifs du changement climatique sur les écosystèmes ? De même, le réchauffement climatique entraîne des conditions favorables aux incendies, qui peuvent ainsi devenir des sources additionnelles et significatives de CO2 vers l’atmosphère.

Les États signataires de l’accord de Paris (2015) se sont engagés à réduire leurs émissions dans le but de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C, et même de rester aussi proche que possible de 1,5 °C. En 2024, les objectifs apparaissent difficiles à atteindre car, même si les émissions de certains pays ont commencé à décroître, les émissions continuent de croître globalement.

Dans ce cadre, il apparaît nécessaire, d’une part, de disposer d’un système indépendant pour suivre les émissions de CO2 aux échelles nationales et, d’autre part, de suivre l’évolution des flux naturels en réponse au changement climatique. Cela passe par une observation dense et continue des concentrations atmosphériques de CO2.

Mesurer les absorptions et émissions de carbone à l’échelle planétaire est un défi technique

Aujourd’hui, on mesure la concentration atmosphérique de CO2 proche de la surface, sur une centaine de stations très inégalement réparties sur la Terre. La série de données la plus iconique est celle de Mauna Loa, au sommet d’une des îles de l’archipel d’Hawaï, qui décrit la composition atmosphérique en continu depuis 1958. Depuis, plusieurs réseaux d’observation ont été mis en place et regroupés pour l’Europe dans le programme ICOS en 2015.

Quelques campagnes de mesures spécifiques apportent, par ailleurs, une description résolue sur la verticale depuis la surface jusqu’à près de 30 kilomètres d’altitude.

Malgré ces observations, la densité d’observations reste très insuffisante pour les objectifs scientifiques et sociétaux décrits ci-dessus. C’est pourquoi les satellites apportent un complément nécessaire, avec une mesure certes moins précise que celles des observations in situ, mais avec une densité très largement supérieure.

décollage de Véga-C
Le lanceur léger européen décollera dans la nuit du 25 au 26 juillet 2025 du Centre spatial guyanais pour placer en orbite les satellites d’observation français MicroCarb et CO3D (ici pris en photo lors du décollage avec la mission Biomass à bord).
©CNES/ESA/Optique Vidéo CSG/S. Martin, 2025, Fourni par l’auteur

Une dynamique internationale depuis quinze ans

Dans les rapports internationaux intergouvernementaux GEO (intergovernmental Group on Earth Observations) ou des agences spatiales du CEOS (Committee on Earth Observation Satellites), les groupes d’experts sont unanimes pour reconnaître le besoin de mesure de CO2 depuis l’espace.

Ainsi, la Jaxa (Japon) puis la Nasa (États-Unis) se sont lancé, dès 2009, dans la mesure du CO2 depuis l’espace.

Depuis quelques années, la Chine dispose également d’un programme spécifique ambitieux, avec de nombreux capteurs utilisant diverses technologies déjà en orbite, mais dont malheureusement les données restent très peu distribuées à la communauté internationale (communication entre agences).

En Europe, la Commission européenne a étendu son programme spatial de surveillance environnementale opérationnelle (appelé Copernicus, dont l’implémentation a été confiée à l’Agence spatiale européenne, l’ESA) – dont les missions de surveillance du CO₂ atmosphérique sont une priorité. Ainsi, les données de la mission européenne CO2M sont attendues d’ici fin 2027 pour permettre de mieux surveiller depuis l’espace les émissions anthropiques de CO2 grâce à une résolution spatiale de quatre kilomètres carrés et une fauchée de plus de 200 kilomètres permettant d’obtenir une image des panaches issus des émissions intenses localisées.

Avec le lancement prévu cet été de sa mission MicroCarb, développée en collaboration avec l’Agence spatiale du Royaume-Uni et la Commission européenne, le Centre national d’études spatiales (Cnes) va ouvrir la voie en Europe à des données précises de concentration de CO2.

La mission MicroCarb

MicroCarb est un microsatellite d’environ 200 kilogrammes équipé d’un spectromètre. Celui-ci mesure le rayonnement solaire réfléchi par la surface terrestre, après une double traversée dans l’atmosphère. La mesure à très haute résolution spectrale permet d’identifier les raies d’absorption du CO2, dont les intensités peuvent être reliées à la quantité de CO2 dans l’atmosphère.

Avec des outils sophistiqués qui prennent en compte l’ensemble de la physique de l’interaction entre le rayonnement solaire et les molécules de l’atmosphère, on peut en déduire une estimation de la concentration atmosphérique de CO2 avec une précision d’environ 0,25 % sur une surface d’environ 40 kilomètres carrés.

simulation du mode exploratoire pour observer les villes
Le satellite Microcarb va tester un nouveau mode de fonctionnement, qui permet de zoomer fortement pour avoir une résolution de l’ordre de 2 x 2 kilomètres carrés. Cette fonctionnalité est dite exploratoire.
©CNES, Fourni par l’auteur

Le satellite est sur une orbite héliosynchrone pour faire des mesures autour de midi, ce qui permet d’avoir un éclairement solaire d’une intensité nécessaire à la mesure. Cette mission va donc assurer une continuité avec les missions précédentes, en particulier celle de la Nasa dont la poursuite semble fortement compromise suite au budget prévisionnel du gouvernement Trump pour 2026, notamment pour les sciences de la Terre.

Par ailleurs, le spectromètre de MicroCarb est fondé sur un concept optique innovant par sa compacité permise par l’utilisation d’un seul détecteur pour l’ensemble des canaux de mesures et d’une bande spectrale inédite pour l’amélioration de la précision de mesure. En fonction des performances de MicroCarb, ces innovations pourraient être reprises pour les prochaines missions déjà en préparation.

The Conversation

Carole Deniel travaille à l’Agence Spatiale Francaise, le CNES.

François-Marie Bréon est Responsable Scientifique de la mission MicroCarb. Il est professeur invité au Collège de France sur l’année universitaire 2024-2025. Par ailleurs, il a une implication citoyenne en tant que vice-président et porte-parole de l’Association Française pour l’Information Scientifique (Afis).

ref. Voir la planète respirer depuis l’espace, ou comment mesurer les gaz à effet de serre par satellite – https://theconversation.com/voir-la-planete-respirer-depuis-lespace-ou-comment-mesurer-les-gaz-a-effet-de-serre-par-satellite-260931

There is no known cure for ALS, but medical tourism exploits desperation for profit

Source: The Conversation – Canada – By Judy Illes, Professor, Neurology, University of British Columbia

Amyotrophic lateral sclerosis (ALS) is a devastating neurological disorder of unknown cause, in which motor nerve cells of the brain and spinal cord that transmit signals to muscles progressively degenerate. This weakens limbs and affects speech, swallowing and ultimately the ability to breathe, resulting in death, typically within just a few years.

Each year in Canada, approximately two people per 100,000 are diagnosed with ALS, amounting to about 1,000 cases based on the current population. In British Columbia, where we are located, the rate is estimated at just over three per 100,000 or roughly 190 new cases per year.

This equates to approximately 4,000 Canadiansand 400 British Columbians — living with ALS at any given time.

Rigorous ALS research is underway locally, nationally and internationally to slow — and ideally reverse — the relentless progression of this disease. Significant advances in understanding the genetic and environmental drivers of ALS are providing genuine hope that motor neuron diseases will one day be defeated.

As experts in neurology and ethics, we are committed to delivering the best available health care and information throughout B.C. and across Canada. Trust in science and informed hope are essential to achieving the best possible outcomes and the longest possible trajectories in enjoying life when facing the overwhelming odds of ALS.

A disturbing case

In June, CBC’s The National reported on the case of Geoff Sando, a person living with ALS who pursued an unproven intervention for his condition. Sando travelled to Moose Jaw, Sask., to seek treatment at a clinic that claims to provide a cure for ALS.

CBC’s The National reports on a Saskatchewan clinic claiming to offer ALS treatments.

The ALS Society of Saskatchewan and the provincial New Democrat Party allege the clinic attended by Sando and several other patients is a form of medical tourism — travelling elsewhere to seek treatment — that can prey on the most vulnerable in society: those whose quality of life is deteriorating, and whose futures are tragically cut short.

Medical tourism for a wide variety of other health-related conditions is not new. For example, treatments for cancer, strokes and orthopedic conditions have been available abroad for decades.

In the United States and Mexico, unfounded stem cell interventions for ALS have been advertised for years. But until recently, it had been unusual to find such offerings in Canada. Their emergence speaks to the need for Health Canada to revisit its guidance on both regulated health and unregulated wellness products, including all forms of treatments, medications and device-based approaches.




Read more:
Giving patients the ‘right to try’ experimental drugs is a political maneuver, not a lifesaver


We understand the urgency and desire to pursue any thread of hope in the face of desperation, but claims of dramatic improvement or cures from ALS by unregulated clinics that seem too good to be true are likely just that.

Before investing in alternative treatments, we recommend that patients conduct their due diligence by consulting with their health-care team and their provincial ALS society for guidance. Ineffective interventions can jeopardize not only recipients, but also caregivers, especially when financial resources are drained.

Trusted sources

Developing approved therapies for ALS has been painfully slow, as evidenced by the failure of more than 95 per cent of ALS clinical trials in the past 28 years. Only three drugs — riluzole, edaravone and tofersen — have been approved by Health Canada and the U.S. Food and Drug Administration.

Although riluzole and edaravone are only modestly effective, they remain the only widely approved pharmacological options for all forms of ALS. Tofersen is the first gene therapy recently approved to treat hereditary ALS caused by SOD1 gene abnormalities. Other treatments are being evaluated worldwide.

This marks only the beginning of such treatment approaches to not only hereditary ALS but also non-hereditary ALS, which makes up about 90 per cent of all cases.




Read more:
A promising new study could lead to a reduction in symptoms of amyotrophic lateral sclerosis (ALS)


For those affected by ALS and their families, ample resources are provided by various organizations, including ALS Canada and related provincial organizations, including the ALS Society of BC.

Future hope

Canadians generally trust science and scientists more than citizens of other countries and, on the whole, value science and believe in our government’s support for the work that scientists do.

But in this time of geopolitical upheaval, vast incursions of disinformation and reversals of prior evidence-based human and health rights abroad means keeping up this level of trust — trust that leads to hope — will only become more challenging.

The disproportionate suffering and impact on people who are marginalized by serious health conditions will only grow if dubious treatment offerings become normalized in Canada.

The Conversation

Erik P Pioro consults for MT Pharma, which manufactures edaravone (Radicava) and for Biogen, which manufactures tofersen (Qalsody). He has received funding support for ALS research from the ALS Association and the National Institutes of Health.

Judy Illes does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. There is no known cure for ALS, but medical tourism exploits desperation for profit – https://theconversation.com/there-is-no-known-cure-for-als-but-medical-tourism-exploits-desperation-for-profit-261057