Combien l’employeur doit-il payer pour attirer des cadres en dehors des zones urbaines ?

Source: The Conversation – France (in French) – By Pierre Fleckinger, Professeur d’économie, chercheur associé à Paris School of Economics, titulaire de la chaire etilab, Mines Paris – PSL

Pourquoi certaines régions, comme l’Île-de-France, continuent-elles à concentrer richesses et habitants, tandis que d’autres peinent à se développer ? La clé se trouve dans le cercle vertueux – ou vicieux – de la densité. Le prix de l’immobilier joue un rôle non négligeable dans cette problématique stratégique à l’heure d’une éventuelle ré-industrialisation.


La question du développement économique des territoires est avant tout une histoire de poule et d’œuf. Comme la poule est issue de l’œuf qu’a pondu… une poule, un territoire a besoin de travailleurs pour prospérer… mais ces mêmes travailleurs ne s’y installent que si le territoire est suffisamment attractif. Ainsi, un territoire dense offre de meilleures perspectives professionnelles mais aussi des commodités recherchées, comme des écoles, des hôpitaux, des théâtres, des transports ou encore des services publics… Autant de raisons pour les travailleurs de préférer les régions plus développées.

Nous avons étudié cette dynamique à travers une question précise : comment font les entreprises situées dans des territoires peu denses pour attirer malgré tout des talents ? Une réponse pzut être trouvée du côté de la théorie économique des « différences compensatrices », qui explique les écarts de salaires en fonction des professions et de l’hétérogénéité des territoires.

Quand la réalité dément la théorie…

Selon cette théorie des différences compensatrices, les écarts de salaires s’expliquent à la fois par les compétences des individus et par les conditions de travail – qui incluent la qualité de vie. Plus les conditions proposées sont difficiles, plus le salaire doit être élevé pour attirer des travailleurs. Dit autrement, imaginons deux individus possédant des compétences équivalentes, si l’un des deux vit dans une zone moins dense que l’autre, offrant moins de commodités, alors il devrait logiquement être mieux payé (pour compenser cet écart).




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Or, les données racontent une tout autre histoire. Au contraire, comme on l’observe dans le tableau 1 ci-dessous, les salaires moyens bruts horaires diminuent avec la densité. Pour les cadres, par exemple, ils passent de 43 euros dans les zones les plus denses à 35 euros dans les zones les moins denses – soit une différence de plus de 23 %.

Le prix de la densité

Mais ce constat est incomplet. Car les avantages liés à la densité ont un prix : logements plus chers, congestion urbaine, coût de la vie plus élevé… Les prix des logements, en particulier, comme l’illustre le tableau 2, passent de 1 357 euros par m2 dans les zones les moins denses à 3 042 euros par m2 dans les zones les plus denses, soit un rapport de plus de 1 pour 2 entre le premier et le dernier quartile.

Source : auteurs.
Fourni par l’auteur

Deux intuitions émergent de ces chiffres :

Le pouvoir d’achat immobilier constitue un facteur clé de compensation pour les ménages vivant dans des zones peu denses, car le logement représente une part importante du budget (environ 20 % en 2017) [Insee, Revenus et patrimoine des ménages, 2021] et son prix varie fortement selon la densité locale.

De plus, la baisse des prix immobiliers tend à jouer un rôle de compensation lorsque les autres avantages liés à la densité (prix à la consommation, qualité de vie, accès aux services, etc.) s’amenuisent. Cette compensation est donc plus marquée dans les zones les moins denses et pour les personnes qui valorisent particulièrement les bénéfices de la densité urbaine.

En somme, ce n’est pas tant le salaire en valeur absolue qui compense la faible densité, mais bien le niveau de vie relatif, que nous pouvons mesurer par le rapport entre revenu et prix de l’immobilier.

Moins dense mais meilleur niveau de vie

Comment vérifier que vivre dans une zone moins dense se traduise vraiment par un gain de niveau de vie, surtout pour les plus qualifiés ? Pour répondre à cette question, il faut comparer non plus seulement les salaires, mais le rapport entre revenu et coût de la vie – que nous avons estimé en intégrant le prix de l’immobilier.

C’est un exercice difficile, car de nombreux facteurs entrent en jeu : compétences individuelles (âge, diplôme, genre), caractéristiques du marché du travail (offre et demande d’emplois, organisation des entreprises, exportations, automatisation), et enfin éléments territoriaux (densité, infrastructures, effets d’agglomération). Si l’on ne prend pas systématiquement en compte ces variables, on risque de confondre l’effet réel de la densité avec d’autres déterminants.

Pour dépasser cet obstacle, nous avons mobilisé un volume de données considérable : l’ensemble des contrats de travail signés dans l’industrie manufacturière en 2019, enrichi de données d’entreprises et d’indicateurs locaux. Cette richesse statistique nous a permis d’isoler au mieux l’effet propre de la densité, en comparant des profils similaires à travers des territoires de différentes densités.

Un salaire qui progresse comme le prix de l’immobilier

Les résultats sont clairs. Plus la densité augmente, plus le salaire brut nominal progresse… mais le pouvoir d’achat immobilier recule. Une hausse de 1 % de la densité accroît de 0,15 % le temps de travail nécessaire pour acheter un mètre carré de logement. Autrement dit, les salaires montent avec la densité, mais pas assez pour compenser l’explosion des prix immobiliers.

Cet effet touche particulièrement les cadres. Ce sont eux qui voient le plus leurs salaires progresser dans les zones denses… mais ce sont aussi ceux qui perdent le plus en pouvoir d’achat immobilier. En choisissant de s’installer dans une zone moins dense, ils acceptent un sacrifice salarial, mais bénéficient d’un gain considérable sur le logement.

Pourquoi cette « prime » est-elle plus forte pour les cadres ? Dans une optique de différences compensatrices, notre résultat indique que les cadres sont les plus sensibles aux avantages liés à la densité, puisqu’ils sont prêts pour en bénéficier à perdre relativement plus en pouvoir d’achat immobilier.

BFM Business – 2022.

Un enjeu de politique publique

Nos résultats doivent toutefois être interprétés avec prudence. Plusieurs éléments méritent d’être approfondis :

Le niveau de formation des travailleurs : faute de données sur le niveau de formation, il est possible que les différences observées reflètent en partie une disparité de profils entre zones denses et moins denses. Si l’on pouvait isoler mieux l’effet de cette variable, la prime identifiée serait probablement encore plus marquée.

La dimension familiale : les décisions de mobilité se prennent rarement seul. L’attractivité d’un territoire dépend aussi des emplois pour le conjoint, des écoles pour les enfants, ou encore des infrastructures de santé.

L’évolution au cours de la vie : les priorités changent avec l’âge. La proximité d’un lycée importe peu sans enfants adolescents, tandis que l’accès aux soins devient crucial en vieillissant.

L’effet du Covid et du télétravail : les données mobilisées datent de 2019. Or, la crise sanitaire a modifié l’arbitrage entre grands centres et territoires moins denses, en donnant un nouvel élan au travail à distance.

Ceci étant rappelé, les zones moins denses sont des candidates naturelles à l’effort de réindustrialisation, ne serait-ce que pour des raisons foncières évidentes. Y attirer des travailleurs qualifiés est un enjeu de taille pour les entreprises. La politique publique se doit d’intégrer ces considérations d’attractivité de l’emploi selon la densité, tandis que les entreprises peuvent trouver un équilibre en s’y installant et bénéficiant du coût de la vie moins cher, à condition que les commodités et l’infrastructure ne soient pas dissuasives.

L’écart grandissant sur ce plan entre zones (très) denses et zones moins denses risque de priver durablement des espaces ayant pourtant un important potentiel de (re)développement industriel. Pour résoudre le problème de la poule et de l’œuf et enclencher des cercles vertueux, seule une coordination de la puissance publique et des entreprises au niveau local pourra permettre une réindustrialisation pérenne, qui bénéficiera aux employés, aux entreprises et aux territoires.

The Conversation

Antoine Prevet est directeur executif de l’etilab financé notamment par la Région Île-de-France, Crédit Agricole Île-de-France, Forvis Mazars ainsi que des ETI partenaires : Réseau DEF, Septodont, ETPO, SOCOTEC, Diot-Siaci, Acorus, Henner, Ceva, Prova, E’nergys et Hopscotch.

Pierre Fleckinger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Combien l’employeur doit-il payer pour attirer des cadres en dehors des zones urbaines ? – https://theconversation.com/combien-lemployeur-doit-il-payer-pour-attirer-des-cadres-en-dehors-des-zones-urbaines-264389

« L’Étranger » : pourquoi le roman de Camus déchaîne toujours les passions

Source: The Conversation – France (in French) – By Catherine Brun, Professeur de littérature de langue française, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3

Depuis sa publication en 1942, il y a plus de quatre-vingts ans, « l’Étranger », ce roman devenu un classique traduit en plus de 70 langues, best-seller des éditions Gallimard, n’a cessé de fasciner, de susciter des adaptations de tous ordres et de déclencher des polémiques. Comme s’il pouvait encore tendre à notre temps un miroir sagace et en révéler les fractures.


Ces dernières années, les essais se suivent pour dénoncer un Camus colonial sinon colonialiste. Et l’on répète volontiers ce que Mouloud Feraoun d’abord, Kateb Yacine ensuite, lui ont reproché, le premier « que parmi tous ces personnages de [la Peste] il n’y eût aucun indigène et qu’Oran ne fût à [ses] yeux qu’une banale préfecture française », et le second de s’en être tenu à une position « morale » plutôt que politique.

Un débat sans fin

Les analyses de l’universitaire, théoricien littéraire et critique palestino-américain Edward Saïd allaient dans ce sens : selon lui, outre que Camus « a eu tort historiquement puisque les Français ont abandonné l’Algérie et toute revendication sur elle », il a « ignor[é] ou néglig[é] l’histoire ».

Les récentes écritures fictionnelles de l’Étranger, dont la plus connue est à ce jour le Meursault, contre-enquête, de Kamel Daoud, qui fut précédé de peu par Aujourd’hui Meursault est mort, de Salah Guemriche, ont encore creusé ce sillon en faisant de l’anonymat de « l’Arabe » assassiné sur la plage l’objet d’un renversement nécessaire, et le symptôme de « la déshumanisation systématique » attachée au colonialisme, pour reprendre les termes du psychiatre, écrivain et et militant anticolonialiste Frantz Fanon, qui fut fortement impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

Les camusiens, eux, rappellent que Camus a voulu faire œuvre de dire « le moins », que l’écrivain ne fait que refléter dans son œuvre la tragique séparation des communautés et leur ignorance réciproque, et qu’un auteur ne doit pas à être confondu avec son personnage.

Le débat semble, toutefois, voué à la répétition. Aucun consensus ne se dégage quant aux véritables positions de l’auteur de l’Étranger en matière de fait colonial en général et d’Algérie coloniale en particulier. Chacun paraît attaché à « son » Camus, et l’Étranger, selon les lectures, est regardé comme le révélateur de la conscience ou de l’inconscience coloniale.

Une lecture passionnée

Car il s’agit moins de l’Étranger dans ces échanges – de sa composition, de son style, de ses images, de sa philosophie – que de ce qu’il incarne pour chacune des composantes de la société française postcoloniale – si l’on veut bien entendre, comme y invite la philosophe franco-algérienne Seloua Luste Boulbina, que la colonisation imprègne tout autant l’inconscient collectif du pays colonisateur que celui du pays colonisé – quoique de façon fort différente.

La matité de l’Étranger, son opacité nous révèlent à nous-mêmes. Ses énigmes nous parlent de nous : de ce que nous avons saisi du roman lorsque nous l’avons lu d’abord, de ce qu’on nous en a dit, de ce qu’on en a entendu, de ce que nous en percevons au fil du temps, du malaise qu’il a fait (ou pas) naître en nous. Avions-nous véritablement été heurtés par l’anonymat de l’Arabe, à la première lecture ? N’est-ce pas le drame de Meursault, identifié à l’étranger, que nous avions épousé d’abord ? N’avions-nous pas condamné l’inhumanité d’une société vouée à condamner ses réfractaires ? Et si, à l’inverse, nous avions d’emblée été sensibilisés aux enjeux (post)coloniaux du roman, cette lecture avait-elle été programmée par d’autres lecteurs ? Lesquels ? Et pour quoi faire ?

Comment s’étonner que la place de l’Étranger demeure sinon passionnelle, du moins éminemment embarquée en France? Comme l’a fait apparaître le chercheur en sciences politiques Paul Max Morin, sur la base d’une enquête menée auprès de 3 000 jeunes âgés de 18 ans à 25 ans et après une centaine d’entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de pieds-noirs, de harkis, de juifs d’Algérie, de militants du Front de libération nationale (FLN) ou de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), 39 % des jeunes Français déclarent « avoir un lien familial avec une personne ayant été […] concernée d’une façon ou d’une autre par la guerre d’Algérie ». Comment ne pas admettre que l’actualité de l’Étranger ou plutôt que ses actualités soient d’autant plus vives que son inactualité est grande et que le roman s’offre comme une surface de projection de nos rêves ou de nos refus de reconnaissance ?

Certes, il serait souhaitable de ne pas dissocier les textes de leurs contextes, et les travaux académiques se doivent de resituer ce qui peut l’être, de batailler contre les anachronismes et les amalgames. Mais peut-on, et doit-on, nier le caractère inévitablement situé, pour ne pas dire impliqué et passionné de nos démarches – même les plus savantes ? Sans cet ancrage vital, sans une vectorisation profonde de nos interrogations, que vaudrait notre besoin d’art ? Dans le même temps, une telle affectivité n’expose-t-elle pas à toutes les instrumentalisations politiques ? De quel « étranger » nous parle-t-on quand on nous parle, aujourd’hui, de l’Étranger ? Depuis quelle rive, et à quelles fins ?

De ce point de vue, rien ne vaut le retour aux textes, aux contextes : non pour prétendre opposer quelque objectivité ou quelque scientificité aux lectures manifestement subjectives, mais pour les border, les borner, les mettre en perspective et les prendre pour ce qu’elles sont – des témoignages de nos blessures, de nos vulnérabilités.

The Conversation

Catherine Brun ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. « L’Étranger » : pourquoi le roman de Camus déchaîne toujours les passions – https://theconversation.com/letranger-pourquoi-le-roman-de-camus-dechaine-toujours-les-passions-268911

Une nouvelle étude en Ouganda montre que des chimpanzés appliquent des insectes sur leurs blessures

Source: The Conversation – France in French (2) – By Kayla Kolff, Postdoctoral researcher, Osnabrück University

Observé par hasard, l’usage d’insectes par les chimpanzés pour soigner leurs blessures révèle leur capacité à faire face de manière inventive à la douleur, et à s’entraider.


Les animaux réagissent aux blessures de multiples façons. Jusqu’ici, les preuves d’un usage de substances biologiquement actives pour soigner leurs plaies restaient très rares. Pourtant, une étude récente a rapporté le cas d’un orang-outan appliquant une plante médicinale sur une blessure, ouvrant une piste prometteuse.

Chez les chimpanzés, on sait qu’ils lèchent leurs plaies et qu’ils y pressent parfois des feuilles, mais ces comportements demeurent encore mal compris. On ignore à quelle fréquence ils surviennent, s’ils relèvent d’un geste intentionnel, et jusqu’où les chimpanzés peuvent faire preuve d’inventivité pour se soigner.

De récentes observations de terrain menées en Ouganda, en Afrique de l’Est, apportent aujourd’hui des éclairages fascinants sur la manière dont les chimpanzés font face à leurs blessures.

En tant que primatologue, je m’intéresse de près à la vie cognitive et sociale de ces animaux, et à ce que leurs comportements liés à la maladie peuvent révéler sur les origines évolutives du soin et de l’empathie chez l’être humain. Les chimpanzés comptent parmi nos plus proches parents vivants, et mieux les comprendre, c’est aussi en apprendre davantage sur nous-mêmes.

Dans nos recherches menées dans le parc national de Kibale, en Ouganda, nous avons observé à cinq reprises des chimpanzés appliquant des insectes sur leurs propres plaies ouvertes, et une fois sur la blessure d’un congénère.

De tels comportements montrent que les chimpanzés ne restent pas passifs face à une blessure. Ils explorent leur environnement, parfois seuls, parfois en interaction avec d’autres. S’il est encore prématuré de parler de « médecine », ces observations révèlent leur capacité à réagir de manière inventive – et parfois coopérative – aux blessures.

Chaque nouvelle découverte enrichit notre compréhension des chimpanzés et nous offre un aperçu des racines évolutives partagées avec nos propres réponses face à la douleur et à l’instinct de soin.

Attraper d’abord l’insecte

Nous avons observé ces applications d’insectes par hasard, alors que nous suivions et filmions le comportement des chimpanzés en forêt, en portant une attention particulière à ceux qui présentaient des plaies ouvertes. Dans tous les cas recensés, la séquence d’actions semblait délibérée. Le chimpanzé attrapait un insecte volant non identifié, l’immobilisait entre ses lèvres ou ses doigts, puis le pressait directement sur sa blessure. Le même insecte pouvait être réappliqué plusieurs fois, parfois après avoir été brièvement tenu dans la bouche, avant d’être finalement rejeté. D’autres chimpanzés observaient parfois la scène avec attention, comme mus par la curiosité.

Le plus souvent, ce comportement était dirigé vers la propre plaie du chimpanzé. Toutefois, dans un cas rare, une jeune femelle a appliqué un insecte sur la blessure de son frère. Une étude menée sur la même communauté avait déjà montré que les chimpanzés pouvaient tamponner les plaies d’individus non apparentés à l’aide de feuilles, ce qui soulève la question de savoir si l’application d’insectes pourrait, elle aussi, s’étendre au-delà du cercle familial. Qu’ils visent un proche ou un individu extérieur, ces gestes de soin révèlent les bases précoces de l’empathie et de la coopération.

La séquence observée ressemble fortement aux applications d’insectes déjà documentées chez les chimpanzés du Gabon. Cette similitude laisse penser que ce comportement pourrait être bien plus répandu chez les chimpanzés qu’on ne l’avait supposé jusqu’ici.

La découverte réalisée dans le parc national de Kibale élargit notre compréhension des réactions des chimpanzés face aux blessures. Plutôt que de les laisser sans soin, ils adoptent parfois des comportements qui semblent délibérés et ciblés.

Premiers secours version chimpanzé ?

La question évidente est de savoir à quoi sert ce comportement. Nous savons déjà que les chimpanzés utilisent volontairement certaines plantes d’une manière bénéfique pour leur santé : en avalant par exemple des feuilles rugueuses qui aident à expulser les parasites intestinaux, ou en mâchant des tiges amères susceptibles d’avoir des effets antiparasitaires.

Les insectes, en revanche, posent une autre question. Rien ne prouve encore que leur application sur des plaies accélère la cicatrisation ou réduise le risque d’infection. De nombreux insectes produisent des substances antimicrobiennes ou anti-inflammatoires, ce qui rend l’hypothèse plausible, mais des tests scientifiques restent nécessaires.

Pour l’instant, on peut affirmer que ce comportement semble ciblé, structuré et volontaire. Le cas unique d’un insecte appliqué sur un autre individu est particulièrement intrigant. Les chimpanzés sont des animaux très sociaux, mais l’entraide active demeure relativement rare. À côté de comportements bien connus comme le toilettage, le partage de nourriture ou le soutien lors des conflits, l’application d’un insecte sur la blessure d’un frère suggère une autre forme de soin, qui dépasserait le simple maintien des liens sociaux pour peut-être améliorer concrètement l’état physique d’autrui.

Des questions en suspens

Ce comportement soulève de vastes interrogations. Si l’application d’insectes s’avère réellement médicinale, cela pourrait expliquer pourquoi les chimpanzés l’adoptent. Mais cela amène aussitôt une autre question : comment ce geste apparaît-il au départ ? Les chimpanzés l’apprennent-ils en observant leurs congénères, ou bien surgit-il de manière plus spontanée ?

Vient ensuite la question de la sélectivité : choisissent-ils certains insectes volants en particulier, et, si oui, les autres membres du groupe apprennent-ils à sélectionner les mêmes ?

Dans la médecine traditionnelle humaine, des insectes volants comme les abeilles ou les mouches vertes sont appréciés pour leurs effets antimicrobiens ou anti-inflammatoires. Reste à déterminer si les insectes utilisés par les chimpanzés procurent des bénéfices similaires.

Enfin, si les chimpanzés appliquent réellement des insectes dotés de propriétés médicinales, et qu’ils les placent parfois sur les blessures d’autrui, cela pourrait constituer une forme d’entraide active, voire de « comportement prosocial » – un terme qui désigne les actions profitant à autrui plutôt qu’à celui qui les accomplit.

Voir les chimpanzés du parc national de Kibale immobiliser un insecte volant pour le presser délicatement sur une plaie ouverte rappelle combien leurs capacités restent encore largement à découvrir. Cela s’ajoute aussi aux preuves croissantes que les racines des comportements de soin et de guérison plongent bien plus loin dans le temps de l’évolution. Si l’application d’insectes s’avère réellement médicinale, cela renforce l’importance de protéger les chimpanzés et leurs habitats, habitats qui préservent en retour les insectes qui peuvent contribuer à leur bien-être.

The Conversation

Kayla Kolff a reçu un financement de la Fondation allemande pour la recherche (DFG), projet n° 274877981 (GRK-2185/1 : Groupe de recherche en formation DFG « Situated Cognition »).

ref. Une nouvelle étude en Ouganda montre que des chimpanzés appliquent des insectes sur leurs blessures – https://theconversation.com/une-nouvelle-etude-en-ouganda-montre-que-des-chimpanzes-appliquent-des-insectes-sur-leurs-blessures-268681

Ce que les statues coloniales dans l’espace public racontent de la France

Source: The Conversation – France in French (3) – By Bertrand Tillier, Professeur d’histoire des patrimoines, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Que faire des statues coloniales dans l’espace public ? Y ajouter une plaque, discrète et rarement lue ? Les déboulonner, au risque de ne laisser qu’un vide qui n’aide guère à penser l’histoire ? À Nancy (Meurthe-et-Moselle), une œuvre collective, imaginée par Dorothée-Myriam Kellou pour le musée des Beaux-Arts, sera inaugurée le 6 novembre 2025.

Située face à la statue du sergent Blandan, figure de la conquête française de l’Algérie, cette Table de désorientation, invite le passant à interroger l’impensé colonial. Les contre-monuments de ce type offrent-ils une réponse pertinente ? Pour répondre à cette question, il est indispensable de saisir ce qu’ont représenté les statues coloniales.


Durant un siècle – posons des dates butoirs, puisqu’il le faut bien, même si elles pourraient être assouplies –, c’est-à-dire de la conquête de l’Algérie inaugurée en 1830 à la fastueuse célébration de son centenaire, la France fit ériger en métropole et sur le sol des territoires conquis (principalement sur le continent africain) un petit millier de statues monumentales figuratives. Ainsi distribuée dans l’espace physique et social, la statuaire publique peut être considérée comme un panthéon déconcentré et diffracté, déployé à l’échelle d’une nation et de son empire colonial.

Dans les Damnés de la terre, Frantz Fanon en a esquissé une typologie comprenant le militaire « qui a fait la conquête » (Blandan, Bugeaud, Faidherbe ou Lyautey) et « l’ingénieur qui a construit le pont » (Lesseps) : conquérir et bâtir étant des modalités complémentaires d’appropriation d’un territoire. À ces deux figures tutélaires, on peut en ajouter d’autres qui en sont comme des inflexions ou des extensions : l’aventurier érigé en explorateur et « découvreur » (Francis Garnier ou le sergent Bobillot en Indochine) ; l’administrateur civil, politique ou militaire (Joseph Galliéni en Afrique et en Asie, Joseph Gabard au Sénégal ou Jérôme Bertagna en Algérie et en Tunisie) ; le bienfaiteur, propriétaire foncier ou industriel (Borély de la Sapie en Algérie) ; l’homme d’Église occupé à convertir les populations autochtones (le cardinal Lavigerie en Algérie) ; le scientifique qui domine par le savoir (Paul Bert et Louis Pasteur en Indochine) et le créateur, artiste ou auteur (le peintre Gustave Guillaumet ou l’écrivain Pierre Loti), soucieux de valoriser les paysages, la culture, le pittoresque par son œuvre et par le rayonnement de celle-ci.

En louant ces figures, la statuaire publique procéda donc d’une double affirmation : celle des vertus de la colonisation et celle des mérites individuels de ses artisans les plus illustres.

Ces figures statufiées avaient vocation à symboliser et à signifier la colonisation à destination de la société française, qui devait s’enorgueillir de l’œuvre accomplie, et à celle des populations colonisées, qu’il fallait acculturer aux valeurs occidentales. On touche là à l’imaginaire du pouvoir performatif qu’on prêtait à la statuaire publique, dans un siècle à la fois statuomaniaque et statuophobe.

Une statue, deux lectures

Quand elle s’adressait aux Occidentaux, la statue monumentale proposait un héros, un destin exemplaire, un modèle de grandeur, un sujet d’admiration auquel on donnait un visage, un corps, une attitude et un récit ayant une valeur didactique citoyenne, puisque dans les territoires colonisés, les colons jouissaient pleinement de leurs droits civiques, à la différence des « indigènes » qui n’en avaient aucun.

En revanche, quand elle était destinée aux populations colonisées, la statue agissait moins dans cette économie exemplaire de la grandeur à imiter que dans la perspective d’une gestion de la force et même d’une affirmation de la terreur.

Une même statue était donc l’objet simultané d’un double régime de réception, qui se caractérisait par l’appartenance de ceux qui la regardaient, soit à la catégorie des colonisateurs (les vainqueurs et les dominateurs), soit à celle des colonisés (les vaincus et les asservis).

En somme, on pourrait dire que la statuaire publique établissait une partition fondée, d’un côté, sur la réception de ceux qui se reconnaissaient culturellement et idéologiquement dans le message, l’exemplarité ou les valeurs qu’elle transmettait et, de l’autre, sur la réception de ceux qui en étaient les spectateurs assujettis. Ces derniers continuaient à être contraints à un système de domination, où la statue prolongeait et rejouait les violences de la conquête et de la répression, en les inscrivant durablement dans le visible par le biais de la monumentalité.

Dans un cas comme dans l’autre, s’établit « la mission psychologique du monument » définie par l’historien Reinhart Koselleck : séduire, surprendre, élever ou impressionner – peut-être même terrifier – l’esprit de celles et ceux qui le regardaient.

Les rouages d’un système

Cette histoire de la statuaire publique comme instrument de l’empire colonial français ne saurait être déconnectée ni de l’histoire militaire des conquêtes et de leurs violences ni de l’histoire économique de l’exploitation forcée des populations colonisées et des spoliations des biens culturels ou des ressources naturelles.

En effet, l’entreprise coloniale reposa sur un ensemble de décisions, de pratiques, d’actes et de propos qui firent système, pour accaparer les territoires conquis par la brutalité afin d’en soustraire les richesses et d’en soumettre les populations dont les droits furent bafoués.

Les statues monumentales érigées dans l’espace public colonisé par les puissances coloniales participèrent donc de cette ambition totale, à laquelle faisait également écho l’odonymie) des rues et des communes.

En outre, cette histoire de la sculpture coloniale monumentale publique s’inscrit dans l’ensemble des politiques qu’on pourrait qualifier de politiques culturelles coloniales, qui recouvrent l’histoire de l’administration, de l’urbanisme, des institutions (par exemple, celle des musées d’art ou d’ethnologie, ou bien celle des expositions coloniales), de l’éducation, de la presse (qui fut un haut lieu de résonance et de promotion de la colonisation)… Sans oublier l’histoire des représentations, puisque les statues appartinrent à une écologie des images coloniales, où elles co-existèrent, circulèrent et furent données à voir avec des images de presse, des photographies, des cartes postales, des gravures de manuels scolaires ou des affiches de propagande.

Des effets miroirs entre l’espace métropolitain et l’espace colonisé

Entre 1830 et 1930, la politique de la statuaire coloniale française consista à transférer vers les territoires colonisés les modèles et les pratiques déjà en usage en métropole. On y reproduisit les mêmes types d’initiatives, les mêmes visées symboliques, et souvent les mêmes héros. Représentés selon des modalités stables, leurs statues étaient parfois reproduites à l’identique (répliques) ou conçues pour dialoguer avec d’autres (pendants), à l’image des effigies de Jules Ferry présentes à Paris, à Saint-Dié-des-Vosges, à Haïphong ou à Tunis.

Cette entreprise monumentale se fondait sur une volonté de constituer ce que le politiste et historien Benedict Anderson a théorisé comme des « communautés imaginées » scellées par des valeurs et une histoire décrétées communes, avec des effets miroirs entre l’espace métropolitain et l’espace colonisé, et leurs populations respectives.

Tous ces monuments, qui sont dans d’écrasantes proportions des objets figuratifs, relèvent du portrait (en médaillon, en buste ou en pied), de la figure en pied ou du type allégorique : les populations dites « autochtones », les races, la Patrie, la République, l’Histoire, la Liberté, l’Agriculture… et du bas-relief donnant à voir des épisodes narratifs sous la forme de tableaux-sculptures intégrés aux piédestaux, en complément de la figure principale nécessairement plus figée.

À ces répertoires iconographiques conjugués en vue d’augmenter la performativité didactique de la monumentalité, il convient d’ajouter le piédestal et son environnement solennisant d’emmarchements et de grilles. Celui-ci emprunte son langage opératoire à l’architecture et renvoie à cet imaginaire qui, fondé sur la puissance politique de bâtir, jouit d’un pouvoir de représentation sociale, de distribution spatiale et de légitimation symbolique.

En tant que combinaison d’éléments sculptés et architecturaux, la statuaire publique produit donc des représentations de la colonisation, au sens que le philosophe Louis Marin a donné à ce terme : représenter consiste à re-présenter, c’est-à-dire « exhiber, exposer devant les yeux/montrer, intensifier, redoubler une présence ». Ceci explique non seulement pourquoi, en grand nombre, les monuments érigés en Algérie furent « rapatriés » en France après l’indépendance de l’ancienne colonie (1962), mais aussi pourquoi ils furent réclamés par les autorités métropolitaines et comment ils s’inscrivirent alors sans susciter d’émoi dans de nouveaux contextes urbanistiques et mémoriels : le duc d’Orléans (d’Alger à Neuilly-sur-Seine en région parisienne), le général Juchault de Lamoricière (de Constantine à Saint-Philibert-de-Grand-Lieu en Loire-Atlantique) ou Jeanne d’Arc (d’Oran à Caen en Normandie).

L’histoire de la statue du sergent Blandan, de Boufarik (entre Alger et Blida) où elle fut inaugurée en 1887 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) où elle fut installée en 1963, en est l’emblème. L’inauguration, le 6 novembre 2025 d’un « contre-monument » érigé dans ses parages, conçu par Dorothée-Myriam Kellou, s’inscrit dans ce contexte d’une histoire polyphonique, où la négociation et la pédagogie l’emportent sur le déboulonnement et le retrait de l’espace public.

La Table de désorientation dans laquelle il a pris forme veut faire tenir ensemble les fils inextricables d’une histoire toujours vive, qui est celle de la colonisation et de la décolonisation, de leurs mémoires contradictoires et de leurs héritages complexes, dont l’espace public est le théâtre.

The Conversation

Bertrand Tillier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Ce que les statues coloniales dans l’espace public racontent de la France – https://theconversation.com/ce-que-les-statues-coloniales-dans-lespace-public-racontent-de-la-france-268697

African countries need strong development banks: how they can push back against narratives to weaken them

Source: The Conversation – Africa – By Misheck Mutize, Post Doctoral Researcher, Graduate School of Business (GSB), University of Cape Town

A quiet but consequential contest is playing out in the global financial architecture. One that could determine Africa’s ability to finance its own development.

In recent months, powerful voices from the International Monetary Fund (IMF), the Paris Club and US investment bank JP Morgan have questioned the preferred creditor status of African multilateral development finance institutions. These institutions include the Africa Export-Import Bank (Afreximbank) and the Trade and Development Bank (TDB).

Preferred creditor status is a long-standing practice in global finance. It gives multilateral development finance institutions priority in being repaid when a country faces financial distress. The idea is simple. These institutions lend to promote development. During crises, they step in with counter cyclical lending – increasing support when commercial creditors pull out.

This reliability depends on their strong credit ratings, which in turn rest on the assurance that they will be repaid even when others are not. That assurance is what the preferred creditor status guarantees. The World Bank, IMF and regional development banks in Asia and Latin America all enjoy this protection as a matter of practice. Borrowers respect it because breaching it would threaten their access to future concessional lending – loans offered on much lower interest rates and other terms.

The voices against African multilateral finance institutions argue that they are too small to deserve preferred creditor status. Or that, unlike the World Bank and IMF, they do not lend at concessional rates. JP Morgan has even warned that Africa’s development banks might lose their status altogether.

The debate about the preferred creditor status of Africa’s multilateral development finance institutions may sound technical. It is not. If left unchallenged, this narrative could justify the continued high interest rates Africa faces on international markets.

Drawing on decades of researching Africa’s capital markets and the institutions that govern them, I recommend that African governments must reaffirm and defend the preferred creditor status of multilateral development banks. African multilateral development banks must also act collectively to defend their credibility. And the African Union must embed the preferred creditor status of the continent’s development banks in its financial sovereignty agenda.

Unwritten privilege vs law

For the IMF, World Bank and Paris Club, the preferred creditor status is an unwritten privilege. For African multilateral development banks, it is law.

The founding treaties of Afreximbank, the African Development Bank and TDB explicitly enshrine this status. These treaties are registered under Article 102 of the UN Charter, making them binding under international law. African member states have also ratified them into law, domestically.

This makes the status of African multilateral development banks more legally secure than that of Bretton Woods institutions. Yet it is the African banks whose status is now described as “uncertain” or “controversial”.

African governments must correct this perception. The African Union and its members have already endorsed this principle, but stronger, coordinated public statements are needed, especially from finance ministers and central banks. The aim will be to reassure investors that these protections are real, enforceable and backed by political will.

Collective action

Institutions such as Afreximbank, the AfDB, TDB, Shelter Afriqué Development Bank and the Africa Finance Corporation have grown rapidly. Together, they hold more than US$640 billion in assets, expanding by about 15% a year. They have mobilised billions from global capital markets and stepped up lending when global finance withdrew. They have diversified into the panda bonds in China, proving their resilience and capacity to tap into nontraditional capital markets.

Their success, however, has attracted resistance. International creditors and rating agencies have started questioning their preferred creditor status, describing it as “weak” or “shaky”. This has real consequences. It weakens investor confidence. Investors demand higher returns, raising the cost of borrowing for the banks and, by extension, for African countries, based on a risk factor that does not exist.

To counter this, African multilateral development banks must coordinate their responses. The newly formed Association of African Multilateral Financial Institutions is a promising platform. It should be more active and become the unified voice defending the preferred creditor status. It should be used to issue joint legal opinions, engage directly with credit rating agencies and Paris Club members, and run global investor education campaigns that clarify the legal standing and strong performance of African multilateral development banks. The continent’s development banks must speak with one voice. Silence allows others to define their credibility.

Continent’s financial sovereignty

Protecting preferred creditor status is about more than technical finance. It is about sovereignty. Africa is building its own financial ecosystem through the African Credit Rating Agency. The other financial institutions in the ecosystem – which aren’t yet operational – are the African Central Bank, African Investment Bank and African Monetary Fund. Their purpose will be to reduce dependence on external actors and keep Africa’s development agenda in African hands.

A battle of perception

Global finance runs on perception which is shaped by narratives. Those who control the narratives control the cost of money. If the preferred creditor status of African multilateral development banks continues to be misrepresented, Africa’s access to affordable finance will remain hostage to external opinion rather than legal reality.

It will also weaken African development banks just as they are becoming more effective. Their ability to borrow cheaply and on favourable terms depends on their credit ratings, which rest on the assumption that they will be repaid first in case of distress. If that assumption is shaken, borrowing costs will rise.

By reaffirming the legal basis of the preferred creditor status of African multilateral development banks, coordinating their response and embedding this status in the AU’s financial sovereignty framework, African governments and multilateral development lenders can protect one of the most important tools for affordable development finance.

This is not just about defending institutions, it’s about defending Africa’s right to finance its own future on fair terms.

The Conversation

Misheck Mutize is affiliated with the African Union – African Peer Review Mechanism as a Lead Expert on credit ratings

ref. African countries need strong development banks: how they can push back against narratives to weaken them – https://theconversation.com/african-countries-need-strong-development-banks-how-they-can-push-back-against-narratives-to-weaken-them-267989

Social work is a serious profession – why not youth work? What South Africa needs to get right

Source: The Conversation – Africa – By Thulani Andrew Chauke, Lecturer, University of South Africa

About 3.5 million South Africans aged 15-24 are disengaged from the formal economy and education system. In the first quarter of 2025, 37.1% of young people were not in employment, education, or training.

These alarming figures highlight an urgent need for youth development.
Interventions such as skills and entrepreneurship development are needed to expertly guide young people towards participating in the mainstream economy.

Designing and running those interventions requires professional youth workers.

Youth work is an emerging profession within the social services sector. It aims to promote positive youth development through young people’s voluntary participation. The expertise needed in this work includes empathy, strong communication, and advocacy skills. It’s similar to social work but its main focus is the empowerment of young people. Examples include peer-to-peer literacy support and community-based drug prevention campaigns.

For youth work to be regarded as a profession, it must be organised and subject to regulations and standards that guide practice. This involves the establishment of a code of ethics and standardised formal training in the higher education sector.

In South Africa, much of this kind of work is done by non-profit organisations. It is often performed by a mix of qualified practitioners (people with a degree or diploma in youth development) and dedicated, yet unqualified, volunteers. The country does not have a database to indicate how many youth workers there are.

It’s often treated as voluntary or ancillary work. The result is that some practitioners are poorly remunerated and the field lacks the stature and regulation of other social services, such as social work.

South Africa does have policy and legislative frameworks to support youth work. These include the National Youth Policy 2015 and the National Youth Development Agency’s
2022 Integrated Youth Development Strategy.

So, given the need for youth work and the supporting policies, why hasn’t youth work been professionalised in South Africa? As an academic who researches youth development initiatives, I wanted to understand this better. In a recent study, my co-author Doris Kakuru (a social scientist in Canada) and I asked youth work stakeholders for their perspectives on the barriers to professionalisation.

We asked a selection of 30 people involved in youth development work, including qualified youth workers, a policymaker, and youth development experts from universities. They identified three main barriers:

  • lack of political will

  • absence of organised spaces for the profession

  • non-existence of a standardised curriculum.

Removing these barriers would result in a sector with formal ethics, qualifications and standards. This would protect the workers and the young people they work with, and make their work more effective.

South Africa’s youth work landscape

Unlike that of teachers or social workers, youth work remains unregulated. Practitioners are not required to hold accredited qualifications, there is no professional association representing them, and there is no uniform standard of practice.

The University of Venda in South Africa’s Limpopo province offers a four-year Bachelor’s degree in Youth Development and the University of South Africa (distance learning) previously offered a diploma. Many youth workers have been trained since 1999. But the field has not achieved full professional recognition: rules, ethics, formal training, standards, organisation.

To explore the reasons for this, our study used a qualitative research approach. The participants had a qualification in youth development, work experience in the sector, or teaching experience in youth development qualifications.

Our findings identified three main barriers to the professionalisation of youth work in South Africa:

The first is lack of political will. Despite policy acknowledgements, in practice there is no political commitment to regulating youth work. Respondents in our study said that individuals in positions of political authority fear that formal regulation, which would require formal qualifications, could jeopardise their own positions as “gatekeepers” in the sector.

The second barrier is an absence of advocacy spaces. Fragmentation within the sector means there is no organised, professional youth work association to advocate for regulation. Qualified practitioners are not sufficiently organised to champion their profession.

Thirdly, there is no standardised curriculum to train youth workers. This has weakened the professional identity of youth work. Universities use different programme titles (such as Diploma in Youth Development and BA in Youth in Development), making it difficult for graduates to be uniformly recognised as “youth workers”.

Strengthening the machinery of youth development must start with the formal recognition of youth work as a profession. For youth work to be regarded as a profession, it must be organised and subject to regulations and standards that guide youth work practice. This involves the establishment of a code of ethics and formal training in the higher education sector.

This step is crucial to ensuring that interventions are designed, coordinated and managed by skilled, accredited practitioners.

Benefits of recognition

Formal recognition of youth work in South Africa would deliver several benefits:

  • a code of ethics to guide practices, protecting both the youth workers and the young people they serve

  • formal qualifications, ensuring practitioners work with young people in an effective and professional manner

  • minimum standards for all individuals working with young people in informal education settings.

The way forward

To regulate youth work as a profession in South Africa, key stakeholders, including the government and civil society, must take decisive action:

  1. Establish a dedicated task team: The parliamentary portfolio committee on women, youth and persons with disabilities should set up a task team. This should be composed of senior government officials, heads of departments from institutions offering youth development qualifications, youth workers from NGOs, and experts in the field. The task force must oversee the translation of regulatory frameworks into concrete practices.

  2. Standardise curriculum and qualifications: Institutions of higher education must agree on what to teach. This will ensure that graduates share a common understanding of youth development work.

  3. Organise a professional association: Qualified youth workers must form an association. It could accommodate current practitioners (even those without formal qualifications), encouraging them to pursue training.

  4. Prioritise youth work in academia: Staff who teach, design curricula and supervise research must have postgraduate qualifications in youth development.

  5. Mandate qualifications: Qualifications should be a prerequisite for youth development positions in government departments, local government and civil society.

The professionalisation of youth work is not a mere bureaucratic formality; it is an economic and social imperative for the future of South Africa’s youth.

The Conversation

Thulani Andrew Chauke works for University of South Africa. He receives funding from the University through VKP to conduct this study.

ref. Social work is a serious profession – why not youth work? What South Africa needs to get right – https://theconversation.com/social-work-is-a-serious-profession-why-not-youth-work-what-south-africa-needs-to-get-right-267298

AI in the courtroom: the dangers of using ChatGTP in legal practice in South Africa

Source: The Conversation – Africa (2) – By Jacques Matthee, Senior Lecturer, University of the Free State

A South African court case made headlines for all the wrong reasons in January 2025. The legal team in Mavundla v MEC: Department of Co-Operative Government and Traditional Affairs KwaZulu-Natal and Others had relied on case law that simply didn’t exist. It had been generated by ChatGPT, a generative artificial intelligence (AI) chatbot developed by OpenAI.

Only two of the nine case authorities the legal team submitted to the High Court were genuine. The rest were AI-fabricated “hallucinations”. The court called this conduct “irresponsible and unprofessional” and referred the matter to the Legal Practice Council, the statutory body that regulates legal practitioners in South Africa, for investigation.

It was not the first time South African courts had encountered such an incident. Parker v Forsyth in 2023 also dealt with fake case law produced by ChatGPT. But the judge was more forgiving in that instance, finding no intent to mislead. The Mavundla ruling marks a turning point: courts are losing patience with legal practitioners who use AI irresponsibly.

We are legal academics who have been doing research on the growing use of AI, particularly generative AI, in legal research and education. While these technologies offer powerful tools for enhancing efficiency and productivity, they also present serious risks when used irresponsibly.

Aspiring legal practitioners who misuse AI tools without proper guidance or ethical grounding risk severe professional consequences, even before their careers begin. Law schools should equip students with the skills and judgment to use AI tools responsibly. But most institutions remain unprepared for the pace at which AI is being adopted.

Very few universities have formal policies or training on AI. Students are left with no guide through this rapidly evolving terrain. Our work calls for a proactive and structured approach to AI education in law schools.

When technology becomes a liability

The advocate in the Mavundla case admitted she had not verified the citations and relied instead on research done by a junior colleague. That colleague, a candidate attorney, claimed to have obtained the material from an online research tool. While she denied using ChatGPT, the pattern matched similar global incidents where lawyers unknowingly filed AI-generated judgments.

In the 2024 American case of Park v Kim, the attorney cited non-existent case law in her reply brief, which she admitted was generated using ChatGPT. In the 2024 Canadian case of Zhang v Chen, the lawyer filed a notice of application containing two non-existent case authorities fabricated by ChatGPT.

The court in Mavundla was unequivocal: no matter how advanced technology becomes, lawyers remain responsible for ensuring that every source they present is accurate. Workload pressure or ignorance of AI’s risks is no defence.

The judge also criticised the supervising attorney for failing to check the documents before filing them. The episode underscored a broader ethical principle: senior lawyers must properly train and supervise junior colleagues.

The lesson here extends far beyond one law firm. Integrity, accuracy and critical thinking are not optional extras in the legal profession. They are core values that must be taught and practised from the beginning, during legal education.

The classroom is the first courtroom

The Mavundla case should serve as a warning to universities. If experienced legal practitioners can fall into AI traps regarding law, students still learning to research and reason can too.

Generative AI tools like ChatGPT can be powerful allies – they can summarise cases, draft arguments and analyse complex texts in seconds. But they can also confidently fabricate information. Because AI models don’t always “know” when they are wrong, they produce text that looks authoritative but may be entirely false.




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For students, the dangers are twofold. First, over-reliance on AI can stunt the development of critical research skills. Second, it can lead to serious academic or professional misconduct. A student who submits AI-fabricated content could face disciplinary action at university and reputational damage that follows them into their legal career.

In our paper we argue that, instead of banning AI tools outright, law schools should teach students to use them responsibly. This means developing “AI literacy”: the ability to question, verify and contextualise AI-generated information. Students should learn to treat AI systems as assistants, not authorities.




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Universities can turn AI from a threat to an opportunity by teaching critical thinking


In South African legal practice, authority traditionally refers to recognised sources such as legislation, judicial precedent and academic commentary, which lawyers cite to support their arguments. These sources are accessed through established legal databases and law reports, a process that, while time-consuming, ensures accuracy, accountability and adherence to the rule of law.

From law faculties to courtrooms

Legal educators can embed AI literacy into existing courses on research methodology, professional ethics and legal writing. Exercises could include verifying AI-generated summaries against real judgments or analysing the ethical implications of relying on machine-produced arguments.

Teaching responsible AI use is not simply about avoiding embarrassment in court. It is about protecting the integrity of the justice system itself. As seen in Mavundla, one candidate attorney’s uncritical use of AI led to professional investigation, public scrutiny and reputational damage to the firm.

The financial risks are also real. Courts can order lawyers to pay costs out of their pockets, when serious professional misconduct occurs. In the digital era, where court judgments and media reports spread instantly online, a lawyer’s reputation can collapse overnight if they are found to have relied on fake or unverified AI material. It would also be beneficial for courts to be trained in detecting fake cases generated by AI.

The way forward

Our study concludes that AI is here to stay, and so is its use in law. The challenge is not whether the legal profession should use AI, but how. Law schools have a critical opportunity, and an ethical duty, to prepare future practitioners for a world where technology and human judgment must work side by side.

Speed and convenience can never replace accuracy and integrity. As AI becomes a routine part of legal research, tomorrow’s lawyers must be trained not just to prompt – but to think.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. AI in the courtroom: the dangers of using ChatGTP in legal practice in South Africa – https://theconversation.com/ai-in-the-courtroom-the-dangers-of-using-chatgtp-in-legal-practice-in-south-africa-267691

Taxer les aliments ultra-transformés : solution ou fléau ?

Source: The Conversation – in French – By Nina Klioueva, Université de Montréal

Les aliments ultra-transformés dominent désormais l’alimentation des Canadiens. Leur présence massive en épicerie, leurs prix bas et leur commodité en font des choix faciles, surtout pour les ménages pressés ou à faible revenu. Mais leur surconsommation accroît les risques de maladies chroniques. Une question s’impose : taxer ces produits pourrait-il vraiment améliorer la santé publique sans pénaliser les plus vulnérables ?

Au Canada, 46 % de l’apport calorique total provient d’aliments ultra-transformés, une proportion qui grimpe à 50 % chez les adolescents. Autrement dit, près de la moitié de ce que nous mangeons quotidiennement provient de produits industriels modifiés et enrichis d’additifs, de sucres libres, de gras saturés et de sodium. Ces aliments, conçus pour être hyperappétissants et se conserver longtemps, sont directement liés à une hausse de l’obésité, du diabète de type 2, des maladies cardiovasculaires et de certains cancers. Devant ces constats, plusieurs pays ont choisi d’agir : certains ont adopté des politiques réglementaires strictes, alors que d’autres misent sur la sensibilisation et la responsabilité volontaire des entreprises alimentaires.

Le débat autour de la taxation de ces produits s’inscrit dans un enjeu plus large d’équité sociale. D’un côté, les taxes nutritionnelles visent à réduire la consommation de produits nocifs pour la santé. De l’autre, elles risquent de frapper plus durement les ménages à faible revenu, qui dépendent souvent de ces aliments bon marché. Trouver un équilibre entre efficacité et justice sociale devient donc essentiel.

Des exemples internationaux inspirants

Certains pays ont déjà franchi le pas et démontrent que des mesures ambitieuses peuvent avoir un réel impact. Le Chili, souvent cité en exemple, a mis en œuvre dès 2016 une politique complète et cohérente. Celle-ci impose des étiquettes d’avertissement noires sur les produits contenant trop de sucre, de sel, de gras saturés ou de calories. Elle interdit la publicité de malbouffe destinée aux enfants entre 6 h et 22 h, bannit les boissons sucrées et les chips dans les écoles, et prohibe l’utilisation de personnages de dessins animés sur les emballages ciblant les moins de 14 ans. Résultat : la consommation de boissons sucrées a chuté de 24 % entre 2015 et 2017. Au-delà des chiffres, cette réforme a contribué à une prise de conscience collective et à une meilleure compréhension du lien entre alimentation et santé.

Le Mexique offre un autre exemple marquant. En 2014, il a instauré une taxe sur les produits dépassant 275 kcal pour 100 g, ainsi que sur les boissons sucrées. Cette mesure a entraîné une réduction moyenne de 17 % des achats parmi les ménages à faible revenu. Ces résultats démontrent qu’une taxation bien ciblée peut modifier les comportements alimentaires à court terme. Toutefois, elle met aussi en lumière ses limites sociales. En effet, les produits ultra-transformés demeurent souvent les plus accessibles sur le plan économique et logistique. Pour plusieurs familles, ces aliments représentent une source de calories bon marché et faciles à préparer.

Ainsi, une taxation seule ne suffit pas : elle doit être accompagnée d’initiatives favorisant l’accès à des aliments sains et abordables. Sans cela, elle risque de creuser davantage les inégalités alimentaires. L’instauration d’une taxe peut réduire les choix alimentaires des ménages les plus modestes, sans garantir un accès équivalent à des alternatives saines et abordables, comme les fruits et légumes. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la Santé cherche aujourd’hui à mieux définir la catégorie des aliments ultra-transformés, afin d’harmoniser les politiques publiques et de guider les pays dans leurs stratégies de prévention.

Le Canada à la croisée des chemins

Face à ces expériences étrangères, le Canada amorce lentement un virage, mais le cadre réglementaire reste en retard. Le pays prévoit d’introduire, en janvier 2026, un étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages, inspiré du modèle chilien. Cette mesure vise à aider les consommateurs à repérer d’un coup d’œil les produits riches en sucre, en sel ou en gras saturés. Elle constitue une étape importante vers une meilleure transparence alimentaire.

Cependant, la fiscalité alimentaire canadienne demeure inchangée depuis près de 35 ans. Le système actuel taxe ou exonère certains produits selon des critères désuets, comme la taille du format ou l’état prêt-à-consommer, plutôt que selon le degré de transformation ou la valeur nutritionnelle réelle. Résultat : certaines incohérences persistent. Par exemple, un grand format de boisson gazeuse peut être non taxé, alors qu’un repas sain et préparé à base d’ingrédients frais peut l’être. Ce paradoxe entretient la confusion chez les consommateurs et peut involontairement encourager la surconsommation de produits transformés à bas prix.


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Pour que la politique fiscale canadienne soutienne réellement la santé publique, une révision complète du système s’impose. Il serait souhaitable d’intégrer des critères nutritionnels clairs, alignés sur les recommandations de Santé Canada et sur les données scientifiques les plus récentes. De plus, une taxation efficace devrait s’accompagner de subventions ciblées favorisant l’achat de fruits, légumes, légumineuses et produits peu transformés.




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Vers une approche plus juste et équilibrée

La taxation des aliments ultra-transformés peut constituer un levier puissant pour améliorer la santé publique, mais son efficacité dépend du contexte dans lequel elle s’inscrit. Une politique isolée, centrée uniquement sur la taxe, risque d’être perçue comme punitive et injuste. En revanche, une stratégie intégrée, combinant taxation modérée, étiquetage clair, subventions pour les aliments sains et programmes d’éducation alimentaire, pourrait produire des effets durables et équitables.

Une telle approche permettrait de réduire la consommation de produits malsains tout en soutenant les populations les plus vulnérables. Elle éviterait de créer un paradoxe où une mesure de santé publique, conçue pour protéger la population, contribuerait en réalité à accentuer les inégalités sociales. Le défi du Canada est donc de repenser sa fiscalité alimentaire en s’appuyant sur les leçons des autres pays, tout en veillant à ne laisser personne derrière.

La Conversation Canada

Nina Klioueva a reçu des financements sous forme de bourse de maîtrise en recherche pour titulaires d’un diplôme professionnel – volet régulier du FRQ, ainsi qu’une Bourse d’études supérieures du Canada – maîtrise (BESC M) des IRSC.

Maude Perreault a reçu du financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

ref. Taxer les aliments ultra-transformés : solution ou fléau ? – https://theconversation.com/taxer-les-aliments-ultra-transformes-solution-ou-fleau-268051

SETI’s ‘Noah’s Ark’ – a space historian explores how the advent of radio astronomy led to the USSR’s search for extraterrestrial life

Source: The Conversation – USA – By Gabriela Radulescu, Guggenheim Postdoctoral Fellow, Smithsonian Institution

The planetary radar, built in 1960 in Crimea, from which the Morse signal ‘MIR, Lenin, USSR’ was sent in November 1962. National Radio Astronomy Observatory Archive

As humans began to explore outer space in the latter half of the 20th century, radio waves proved a powerful tool. Scientists could send out radio waves to communicate with satellites, rockets and other spacecraft, and use radio telescopes to take in radio waves emitted by objects throughout the universe.

However, sometimes radio telescopes would pick up the artificial radio signals from telecommunications. This interference threatened sensitive astronomy observations, causing inaccurate data and even damaging equipment. While this interference frustrated scientists, it also sparked an idea.

During the Cold War, a new field emerged at the intersection of radio astronomy and radio communications. It put forward the idea that astronomers could search for radio communications from possibly existing extraterrestrial civilizations. Astronomy usually dealt with observing the universe’s natural phenomena. But this new field made the detection of technologically, or artificially produced radio waves, the object of a natural science.

This field has continued today and is now called the search for extraterrestrial intelligence, or SETI. SETI encompasses all that scientists do to search for intelligent life beyond Earth. It includes one of the original uses of radio telescopes: to study signals from across the galaxy in hopes of detecting intelligent messages.

When the idea behind SETI was first proposed and pursued in the 1960s, only two countries, the U.S. and the USSR, had the technical capability for it. As the only space powers at the time, they were the key actors affected by radio frequency interference.

As a historian of science, I’ve worked to make sense of what happened throughout the history of Soviet SETI during the space race by analyzing a range of primary sources. SETI captured the scientific imagination of many prominent Soviet astronomers in the 1960s and early 1970s.

Astronomers have not yet confirmed any detection of radio signals – or any other kinds of signs – from extraterrestrial civilizations. But many scientists are still searching, even as their bold ideas run into obstacles. Some evidence suggests humans might be the only intelligent life in the universe.

Soviet SETI: The golden age of radio astronomy

SETI is intertwined with the profound changes brought by radio astronomy. Up until the second part of the 20th century, scientists could see astronomical objects and phenomena only in optical or visible light. Optical light is the same kind of light that the human eye is sensitive to.

After World War II, scientists figured out that they could peacefully use radar antennas, developed for use in that war, to detect radio signals coming from objects out in the universe. Deciphering these signals allowed researchers to study astronomical objects in the universe. They learned, for example, about the most abundant element: hydrogen.

In the former Soviet Union, the prominent radio astronomy pioneer Iosif Samuilovich Shklovsky played a key role in detecting radio signals from hydrogen.

Scientists knew that every chemical element would absorb certain wavelengths of light and reflect others, and the light signals that an object absorbed or reflected could tell astronomers what element it was. Most hydrogen could not be observed directly in optical light, so astronomers didn’t spot it out in space until they started looking beyond the visible light spectrum.

Shklovsky figured out how to detect hydrogen with radio waves, which helped astronomers map the distribution and motion of hydrogen gas in and between galaxies.

Historians generally consider the year 1960 the start of the golden age of radio astronomy. After the detection of hydrogen, astronomers discovered previously unknown types of stars, such as pulsars and quasars. These phenomena offered scientists new insights into the nature of astrophysical phenomena and fundamental physics.

A journal cover in Russian
The Priroda issue in which Shklovsky’s article ‘Is Communication with Intelligent Beings of Other Planets Possible?’ was published.
Priroda/RAS

Shklovsky later grew fascinated with the possibility of using radio waves to contact other intelligent beings in the universe. In 1960, he published an article on this topic in one of the country’s most prestigious scientific journals.

Shklovsky’s article soon expanded into a widely popular book called “Universe, Life, Intelligence,” published in 1962. That same year, the USSR’s Academy of Sciences sent its first radio message in the direction of Venus from a radar in Crimea.

The experiment involved bouncing radio signals off the surface of Venus to transmit the following words using Morse code: Lenin, USSR and mir, which in Russian means both world and peace. Even though statistically increasing radio interference risk, this message was mainly symbolic. The Soviet Union wanted to depict its technological might and wasn’t expecting to communicate with extraterrestrials. Soviet SETI was thus not yet a real pursuit.

A man sitting at a desk, writing with a pen.
Iosif S. Shklovsky at a SETI conference in Soviet Russia in 1975.
NRAO/AUI/NSF

Starting an organized search

Shklovsky and the majority of other radio astronomers pursuing the search for extraterrestrial intelligence were all located in central Russia at the time. The USSR Academy of Sciences was also located there. But this group needed more formal measures to move their search from a few initiatives into a coordinated effort.

Due to concerns over unwanted public attention, the scientists organized a conference far from Moscow, at the Byurakan Astrophysical Observatory in the Soviet Republic of Armenia, in 1964. At this conference, researchers formed a group specifically dedicated to studying artificial radio signals from space. With this group, SETI became a top-down, state-led activity.

A journal cover reading 'CETI' in Cyrillic – which stands for SETI in English – in big letters, with a picture of a galaxy
A 1971 Conference Proceedings volume focused on SETI (CETI in Cyrillic) and was published in Russian.

With this validation, scientists could now theoretically look for artificial signals, potentially from an alien origin. However, any discussions about artificial radio signals were subject to strict government surveillance, given the fact that military satellites depended on them, too.

Soviet scientists faced several obstacles. For example, their own government’s secrecy made coordination difficult. The Cold War also set limits on developing SETI internationally. However, they had a green light to search and study peculiar signals they suspected had artificial origin.

International collaboration

Efforts to collaborate internationally on artificial signals culminated in 1971 with a symposium, again at Byurakan. There, about 50 scientists – the majority from the U.S. and the USSR, but also some from Czechoslovakia, Hungary, the U.K. and Canada – agreed to disagree on how to best conduct SETI.

Some in attendance compared this gathering to Noah’s Ark, because an almost equal number of prominent scientists from East and West of the Iron Curtain managed to meet that year. And the gathering took place in Armenia at the foot of Mount Ararat, located in neighboring Turkey. This mountain is where archaeologists believe Noah’s Ark may have beached.

After almost a week of discussion at Byurakan, the two geopolitical blocks designated an official SETI group. That group still exists today, and it still connects researchers all around the world who conduct SETI research. Given the secrecy around radio signals in space, this international SETI group marked a momentous diplomatic achievement at the height of the Cold War.

A black and white photo of a group of people gathered by a large hill, and a black and white photo of writing reading 'Pamir Expedition, Search for Single pulses from Extra-ter. civilizations'
Postcard with Soviet scientists conducting SETI experiments in the Pamir region of Tajikistan, with a note on the back to their U.S. correspondent.
NRAO/AUI/NSF

SETI started in the Soviet Union with a few strong Moscow-based initiatives. It continued through group events in Armenia – from the first state-level Soviet conference to the international one.

SETI is the first and only domain of astronomy to study artificial radio signals themselves. It indirectly addressed radio frequency interference during a time when these frequencies were highly unregulated.

Stakeholder countries eventually addressed their radio frequency interference issues with international agreements on radio frequency usage and allocation. An international committee approved a feasible and comprehensive radio frequency allocation plan for the first time in the 1970s. This plan has been revised and renewed ever since. Today, space scientists and astronomers use an internationally agreed upon plan to minimize this interference.

Remarkably, SETI began even before this allocation plan. SETI continues its rich legacy today by continuing to search for signals – and along the way discovering new astrophysical objects and phenomena.

The Conversation

Gabriela Radulescu has received funding from the Smithsonian National Air and Space Museum as a Guggenheim Postdoctoral Fellow (2024-2025), from the American Institute of Physics for a Grant-in-Aid, as well as from the Elsa-Neumann Scholarship and the Technical University of Berlin Coordinating Office for Women’s Advancement and Gender Equality for her doctoral research.

ref. SETI’s ‘Noah’s Ark’ – a space historian explores how the advent of radio astronomy led to the USSR’s search for extraterrestrial life – https://theconversation.com/setis-noahs-ark-a-space-historian-explores-how-the-advent-of-radio-astronomy-led-to-the-ussrs-search-for-extraterrestrial-life-262402

2 ways you can conserve the water used to make your food

Source: The Conversation – USA (2) – By Huma Tariq Malik, Ph.D. Student in Soil and Crop Sciences, Colorado State University

Irrigation equipment waters an alfalfa field in Kansas. AP Photo/Charlie Riedel

As the world’s climate warms and droughts and water shortages are becoming more common, farmers are struggling to produce enough food. Farmers continue to adapt, but there are ways for you to help, too.

For decades, farmers have sought to conserve water in agriculture, with a focus on improving irrigation efficiency. That has included decreasing the practice of flood irrigation, in which water flows through trenches between rows of plants. Instead, many farmers are adopting more precise methods of delivering water to plants’ roots, such as sprinklers and drip systems.

In recent years, policymakers, researchers and consumers have come to look more closely at opportunities to conserve water throughout the entire process of growing, shipping, selling and eating food. Working with colleagues, we have identified several key ways to reduce water used in agriculture – some of which directly involve farmers, but two of which everyone can follow, to help reduce how much water is used to grow the food they eat.

Some work for farmers

Farmers can match crops to local land, water and climate conditions to reduce stress on scarce resources and make food production more sustainable in the long run. That could include reducing the amount of alfalfa and other hay crops used to feed livestock, or swapping out wheat and sorghum and instead planting corn and potatoes.

The condition of the soil also matters. Many farmers have focused on short-term productivity, relying on fertilizers or frequent tillage to boost yields from one season to the next. But over time, those practices wear down the soil, making it less fertile and less able to hold water.

Soil is not just a surface to grow things on. It is a living system that can be built and fed or depleted. Practices such as planting cover crops in the off-season to protect the soil, reducing tillage, applying compost and rotating different types of crops can all help soil hold more water and support crops even during droughts.

A choice for consumers

Adapting on-farm practices addresses only part of the water conservation effort. While crops are grown in fields, they move through a vast network of processors, distributors, supermarkets and households before being eaten, wasted or lost. At each link in this chain, consumers’ choices determine how much agricultural water is ultimately saved.

People’s dietary preferences, in particular, play a major role in agricultural water use. Producing meat requires significantly more water than growing plant-based foods.

Per capita, Americans consume nearly three times the global average amount of meat each year.

While eliminating meat altogether is not everyone’s goal, even modest shifts in diet, whether reducing overall meat consumption or selecting proteins that use less water to produce, can ease the strain. Producing a pound of beef requires an estimated 1,800 gallons of water, compared with about 500 gallons for a pound of chicken.

Replacing all meat with the equivalent quantities of plant-based foods with comparable nutrition profiles could cut the average American’s food-related water use by nearly 30%. Even replacing a small amount of meat with plant-based foods or meats that require less water can make a difference.

While a single meal may seem inconsequential, if multiplied across millions of households these choices translate into meaningful water savings.

Discarded food and plant waste sits in a pile.
How much water did it take to grow all this discarded food?
Sarah Reingewirtz/MediaNews Group/Los Angeles Daily News via Getty Images

A second savings opportunity

Perhaps the simplest and most powerful step people can take to save water used in agriculture is to cut back on food waste.

In the United States, 22% of total water use is tied to producing food that ultimately goes uneaten.

In developing countries, losses often result from limited storage and transportation, but in high-income nations like the United States, most waste happens at the retail and household level. In the U.S., households alone account for nearly 50% of all food discarded nationwide.

This creates a major opportunity for everyone to contribute to water conservation. Understanding the water embedded in different foods can make people more mindful about what ends up in the trash.

And on top of feeling good about helping the environment, there’s a financial reward: Wasting less food also means saving the money spent on food that would have gone to waste.

The Conversation

Huma Tariq Malik receives funding from USDA.

Thomas Borch receives funding from NSF, USDA, and NOAA.

ref. 2 ways you can conserve the water used to make your food – https://theconversation.com/2-ways-you-can-conserve-the-water-used-to-make-your-food-267501