Active Clubs : le corps comme champ de bataille de l’extrême droite

Source: The Conversation – in French – By Frédérick Nadeau, Anthropologue, professionnel de recherche, Université de Sherbrooke ; Université du Québec à Montréal (UQAM)

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Sur les réseaux sociaux, des photos de jeunes hommes torse nu, bras croisés devant des drapeaux aux symboles runiques ou celtiques, se multiplient. Ces images ne viennent pas de clubs de sport ordinaires : elles montrent un réseau d’extrême droite transnational, les Active Clubs.

Derrière l’apparence anodine du fitness et des appels à devenir « la meilleure version de soi-même », ces groupes mêlent camaraderie virile, nationalisme blanc et discours accélérationnistes. Leur credo : se forger un corps fort et discipliné pour préparer une guerre raciale et participer à la « reconquête » de la civilisation occidentale.

Quand le sport devient un terrain d’endoctrinement

Les Active Clubs sont nés aux États-Unis, inspirés par le Rise Above Movement, fondé en 2017 par Robert Rundo, militant néonazi californien. Exilé en Roumanie, Rundo a imaginé une constellation de clubs locaux et décentralisés dont le principe est simple : remplacer les grandes organisations hiérarchiques par des cellules autonomes, plus difficiles à réprimer, où la pratique sportive devient un outil de radicalisation.

Aujourd’hui, on retrouve des chapitres au Canada, en Europe et jusqu’en Australie. Selon l’organisation américaine Global Project Against Hate and Extremism, leur nombre aurait augmenté de 25 % depuis 2023 (187 clubs, dans 27 pays).

En s’entraînant ensemble, les membres développent une solidarité fondée sur l’effort, la discipline et la loyauté, des valeurs phares de l’idéologie fasciste. Le corps musclé, endurant, prêt au combat devient le symbole d’un ordre moral et racial à restaurer.

Le penseur d’extrême droite italien Julius Evola mis de l’avant par les Active Clubs.
(Message de Gym XIV sur le canal Telegram SoCal Active Club, juin 2025, consulté le 11 juin 2025), CC BY

Inspirée par la pensée « accélérationniste – une idéologie qui appelle à provoquer, voire à précipiter l’effondrement de la société libérale pour permettre la « renaissance » d’une civilisation blanche –, cette vision se traduit dans des milliers de publications diffusées sur des applications de messagerie sécurisée comme Telegram. Les vidéos, images et symboles partagés créent une culture visuelle unifiée : celle d’un nationalisme blanc 3.0, globalisé et esthétiquement séduisant.

Au Canada, certains membres des Active Clubs ont été liés à des organisations désignées terroristes comme AtomWaffen Division (AWD). Après la condamnation de son propagandiste Patrick Gordon MacDonald en 2025, plusieurs sympathisants d’AWD se sont réorientés vers les Active Clubs.

Le corps comme instrument de radicalisation

Les publications des Active Clubs montrent souvent des entraînements collectifs, des randonnées en forêt ou des séances de boxe en plein air. Les messages sur Telegram insistent sur la rigueur, la virilité et la fraternité. On peut lire sur un canal du réseau :

Nous rejetons la faiblesse, la passivité et la décadence de notre époque. À leur place, nous cultivons la préparation physique, la force mentale et un engagement indéfectible envers notre peuple et notre mission. Par l’entraînement, la discipline et l’épreuve partagée, nous devenons plus forts – individuellement et collectivement.

Ce discours illustre ce que nous appelons « l’engagement corporel » : une manière d’incarner politiquement ses convictions à travers le corps, le style de vie et les gestes du quotidien. Dans cette logique, le politique se vit d’abord comme un rapport à soi. Les militants sont encouragés à transformer leur alimentation, leur apparence, leurs loisirs, et même leurs relations intimes pour correspondre à l’idéal promu par le mouvement.

Cette stratégie donne une dimension sensible et émotionnelle à l’idéologie. Elle rend la radicalité expérientielle : on n’adhère pas seulement à des idées, on les vit, on les ressent, on les performe. C’est l’une des raisons rendant les Active Clubs séduisants pour certains jeunes hommes en quête de sens, de communauté et de modèles masculins.

Des hommes se battent
Les Active Clubs veulent donner un visage respectable à l’extrême droite.
(Canal Telegram AC x OFFICIAL), CC BY

Une sociabilité viriliste qui radicalise sans en avoir l’air

À la différence des organisations explicitement politiques, les Active Clubs investissent des espaces ordinaires. Sur les réseaux, ils se mettent en scène à l’entraînement, faisant du bénévolat ou nettoyant des lieux publics, des activités qui deviennent des rituels de socialisation et donnent l’image d’une jeunesse disciplinée et, surtout, fréquentable, loin des clichés du militant néonazi qui circulent dans la culture populaire. On peut lire sur le canal Telegram du SoCal Active Club :

Les Active Clubs ne devraient pas être menaçants ni effrayants ; cette image est dépassée et de mauvais goût. Les jeunes veulent avant tout s’épanouir à travers la fraternité et l’influence positive du modèle des Active Clubs

Des hommes se battent
Les Active Clubs font la promotion de l’action communautaire.
(Publiée sur le canal AC x OFFICIAL, consulté le 22 juillet 2025), CC BY

Sous couvert de sport et de camaraderie, les Active clubs opèrent un travail de politisation en douceur, inculquant progressivement des récits d’identité, de hiérarchie et de pureté morale et raciale. Leurs publications opposent systématiquement une distinction fréquente dans les idéologies fascistes entre les « forts » – sains, disciplinés – et les « faibles », décrits comme parasites à la morale décadente. Ces images produisent un sentiment d’appartenance fondé sur la fierté d’être du « bon côté » : celui des forts, des purs, des éveillés.




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Le fascisme sous le masque du bien-être

Ce qui rend les Active Clubs particulièrement dangereux, c’est leur capacité à déplacer la radicalisation politique vers le champ du quotidien, à la transformer en culture du bien-être. En reprenant le langage du dépassement de soi, de la fraternité et de la discipline, ils esthétisent la violence plutôt que de la rejeter. Là où les groupuscules néofascistes ou skinheads exhibaient une brutalité frontale et une esthétique marginale, les Active Clubs transforment cette violence en valeur morale, la présentant comme une expression de santé, d’honneur et de loyauté.


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Cette esthétisation du politique brouille les repères : elle rend la radicalité attirante, presque inspirante, en s’appuyant sur des émotions positives (le courage, la loyauté, l’accomplissement de soi) pour légitimer des idéaux autoritaires.

À travers une rhétorique et une esthétique empruntées au bien-être et à la performance, les Active Clubs transforment le fascisme en un mode de vie désirable.

Des hommes alignés tiennent une banderole
À travers les Active Clubs, on assiste à la transnationalisation du nationalisme blanc, écrivent les auteurs.
(Message repéré sur le canal Telegram Nationlist-13, 21 avril 2025, consulté le 3 juin 2025), CC BY

Déjouer la séduction viriliste de l’extrême droite

Pour comprendre ces nouvelles formes de radicalisation, il ne suffit plus d’étudier les discours ou programmes politiques ; il faut observer les corps, les gestes et les affects.

Les Active Clubs montrent que la bataille culturelle se joue désormais aussi dans les gyms, les stories Instagram et les podcasts de développement personnel. Pour changer le monde, il faut d’abord se changer soi.




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En donnant à la radicalité les apparences du dépassement personnel et de la camaraderie, les Active Clubs participent à une banalisation de l’extrême droite. Ils traduisent certains codes du fascisme – hiérarchie, pureté, virilisme – dans le langage néolibéral de la performance, du bien-être et de la santé. En fusionnant culte du corps et idéologie radicale, ils rendent le fascisme désirable, car compréhensible à travers des valeurs hégémoniques liées à l’individualisme. Ce faisant, ils contribuent à l’émergence d’un nouveau nationalisme blanc : moins frontalement politique, mais plus diffus, plus culturel, et donc plus difficile à repérer et à combattre pour les autorités policières, mais aussi pour les parents, les éducateurs et la société civile en général.

Reconnaître cette dimension corporelle et esthétique de l’extrême droite est essentiel, car c’est souvent dans les espaces les plus ordinaires du quotidien que s’opère la radicalisation.

La Conversation Canada

Frédérick Nadeau a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et des Fonds de recherche du Québec (FRQ).

Tristan Boursier a reçu des financements du Fonds de recherche du Québec (FRQ).

ref. Active Clubs : le corps comme champ de bataille de l’extrême droite – https://theconversation.com/active-clubs-le-corps-comme-champ-de-bataille-de-lextreme-droite-268338

Il y a cent ans, naissait le « New Yorker » sur une table de poker

Source: The Conversation – France (in French) – By Christopher B. Daly, Professor Emeritus of Journalism, Boston University

Le « New Yorker » a repoussé les frontières du journalisme s’intéressant à tout ce que les autres magazines avaient tendance à dédaigner. Design Uncensored

Lancé en 1925 par un dandy, Harold Ross, le « New Yorker » a imposé un ton, un style et une exigence littéraire qui ont redéfini la presse américaine.

Littéraire dans son ton, grand public dans sa portée et traversé d’un humour mordant, le New Yorker a apporté au journalisme américain une sophistication nouvelle – et nécessaire – lorsqu’il a été lancé il y a cent ans ce mois-ci.

En menant mes recherches sur l’histoire du journalisme américain pour mon livre Covering America, je me suis passionné pour l’histoire de la naissance du magazine et pour celle de son fondateur, Harold Ross.

Ross s’intégrait sans peine dans un milieu des médias foisonnant de fortes personnalités. Il n’avait jamais achevé ses études secondaires. Divorcé à plusieurs reprises et rongé par les ulcères, il affichait en permanence un sourire aux dents clairsemées et une chevelure en brosse caractéristique. Il consacra toute sa vie d’adulte à une seule et même entreprise : le magazine The New Yorker.

Pour les lettrés, par les lettrés

Né en 1892 à Aspen, dans le Colorado, Ross travailla comme reporter dans l’Ouest alors qu’il était encore adolescent. Lorsque les États-Unis entrèrent dans la Première Guerre mondiale, il s’engagea. Envoyé dans le sud de la France, il déserta rapidement et gagna Paris, emportant avec lui sa machine à écrire portable Corona. Il rejoignit alors le tout nouveau journal destiné aux soldats, le Stars and Stripes, qui manquait tellement de personnel qualifié que Ross y fut engagé sans la moindre question, bien que le journal fût une publication officielle de l’armée.

Harold Ross et Jane Grant en 1926
Harold Ross et Jane Grant en 1926.
Université d’Oregon

À Paris, Ross fit la connaissance de plusieurs écrivains, dont Jane Grant, première femme à avoir travaillé comme reporter au New York Times. Elle devint plus tard la première de ses trois épouses.

Après l’armistice, Ross partit pour New York et n’en repartit plus vraiment. Là, il fit la rencontre d’autres écrivains et rejoignit rapidement un cercle de critiques, dramaturges et esprits brillants qui se retrouvaient autour de la Table ronde de l’hôtel Algonquin, sur la 44e Rue Ouest à Manhattan

Au cours de déjeuners interminables et copieusement arrosés, Ross fréquentait et échangeait des traits d’esprit avec quelques-unes des plus brillantes figures du milieu littéraire new-yorkais. De ces réunions naquit aussi une partie de poker au long cours à laquelle participaient Ross et celui qui deviendrait son futur bailleur de fonds, Raoul Fleischmann, issu de la célèbre famille productrice de levure.

Au milieu des années 1920, Ross décida de lancer un magazine hebdomadaire consacré à la vie métropolitaine. Il voyait bien que la presse magazine connaissait un essor considérable, mais n’avait aucune envie d’imiter ce qui existait déjà. Il voulait publier un journal qui s’adresserait directement à lui et à ses amis – de jeunes citadins ayant séjourné en Europe et lassés des platitudes et des rubriques convenues qui remplissaient la plupart des périodiques américains.

Mais avant tout, Ross devait établir un business plan.

Le type de lecteurs cultivés qu’il visait intéressait également les grands magasins new-yorkais, qui y virent une clientèle idéale et manifestèrent leur volonté d’acheter des encarts publicitaires. Sur cette base, le partenaire de poker de Ross, Fleischmann, accepta de lui avancer 25 000 dollars pour démarrer – soit l’équivalent d’environ 450 000 dollars actuels.

Ross fait tapis

À l’automne 1924, installé dans un bureau appartenant à la famille Fleischmann, au 25 West 45th Street, Ross se mit au travail sur la plaquette de présentation de son magazine :

« The New Yorker sera le reflet, en mots et en images, de la vie métropolitaine. Il sera humain. Son ton général sera celui de la gaieté, de l’esprit et de la satire, mais il sera plus qu’un simple bouffon. Il ne sera pas ce que l’on appelle communément radical ou intellectuel. Il sera ce que l’on appelle habituellement sophistiqué, en ce qu’il supposera chez ses lecteurs un degré raisonnable d’ouverture d’esprit. Il détestera les balivernes. »

Ross ajouta cette phrase devenue célèbre : « Le magazine n’est pas conçu pour la vieille dame de Dubuque. » Autrement dit, le New Yorker ne chercherait ni à suivre le rythme de l’actualité, ni à flatter l’Amérique moyenne. Le seul critère de Ross serait l’intérêt d’un sujet – et c’est lui seul qui déciderait de ce qui méritait d’être jugé intéressant. Il misait tout sur l’idée, audacieuse et improbable, qu’il existait assez de lecteurs partageant ses goûts – ou susceptibles de les découvrir – pour faire vivre un hebdomadaire à la fois élégant, impertinent et plein d’esprit.

Ross faillit échouer. La couverture du premier numéro du New Yorker, daté du 21 février 1925, ne montrait ni portraits de puissants ni magnats de l’industrie, aucun titre accrocheur, aucune promesse tapageuse. Elle présentait à la place une aquarelle de Rea Irvin, ami artiste de Ross, représentant un personnage dandy observant attentivement – quelle idée ! – un papillon à travers son monocle. Cette image, surnommée Eustace Tilly, devint l’emblème officieux du magazine.

Le magazine trouve son équilibre

À l’intérieur de ce premier numéro, le lecteur découvrait un assortiment de blagues et de courts poèmes. On y trouvait aussi un portrait, des critiques de pièces et de livres, beaucoup de potins et quelques publicités.

L’ensemble n’était pas particulièrement impressionnant, donnant plutôt une sensation de patchwork, et le magazine eut du mal à démarrer. Quelques mois à peine après sa création, Ross faillit même tout perdre lors d’une partie de poker arrosée chez Herbert Bayard Swope, lauréat du prix Pulitzer et habitué de la Table ronde. Il ne rentra chez lui que le lendemain midi, et lorsque sa femme fouilla ses poches, elle y trouva des reconnaissances de dettes atteignant près de 30 000 dollars.

Fleischmann, qui avait lui aussi participé à la partie mais s’en était retiré à une heure raisonnable, entra dans une colère noire. Nul ne sait comment mais Ross réussit à le convaincre de régler une partie de sa dette et de le laisser rembourser le reste par son travail. Juste à temps, le New Yorker commença à gagner des lecteurs, bientôt suivis par de nouveaux annonceurs. Ross finit par solder ses dettes auprès de son ange gardien.

Une grande part du succès du magazine tenait au génie de Ross pour repérer les talents et les encourager à développer leur propre voix. L’une de ses premières découvertes majeures fut Katharine S. Angell, qui devint la première responsable de la fiction du magazine et une source constante de bons conseils. En 1926, Ross recruta James Thurber

et E.B. White, qui accomplissaient toutes sortes de tâches : rédaction de « casuals » – de courts essais satiriques –, dessin de caricatures, rédaction de légendes pour les dessins des autres, reportage pour la rubrique Talk of the Town et commentaires divers.

À mesure que le New Yorker trouvait sa stabilité, les rédacteurs et les auteurs commencèrent à perfectionner certaines de ses marques de fabrique : le portrait fouillé, idéalement consacré à une personne qui ne faisait pas l’actualité mais méritait d’être mieux connue ; les longs récits de non-fiction nourris d’enquêtes approfondies ; les nouvelles et la poésie ; et bien sûr les dessins humoristiques en une case ainsi que les comic strips.

D’une curiosité insatiable et d’un perfectionnisme maniaque en matière de grammaire, Ross était prêt à tout pour garantir l’exactitude. Les auteurs récupéraient leurs manuscrits couverts de remarques au crayon exigeant des dates, des sources et d’interminables vérifications factuelles. L’une de ses annotations les plus typiques était : « Who he ? » (NDT : « C’est qui, lui ? »).

Durant les années 1930, alors que le pays traversait une implacable crise économique, le New Yorker fut parfois critiqué pour son indifférence apparente à la gravité des problèmes nationaux. Dans ses pages, la vie semblait presque toujours légère, séduisante et plaisante.

C’est pendant la Seconde Guerre mondiale que le New Yorker trouva véritablement sa place, tant sur le plan financier qu’éditorial. Il finit par découvrir sa voix propre : curieuse, ouverte sur le monde, exigeante et, en fin de compte, profondément sérieuse.

Ross découvrit également de nouveaux auteurs, parmi lesquels A.J. Liebling, Mollie Panter-Downes et John Hersey, qu’il débaucha du magazine Time d’Henry Luce. Ensemble, ils produisirent certains des plus grands textes de la période, notamment le reportage majeur de Hersey sur l’usage de la première bombe atomique dans un conflit.

Un joyau du journalisme

Au cours du siècle écoulé, le New Yorker a profondément marqué le journalisme américain. D’une part, Ross a su créer les conditions permettant à des voix singulières de se faire entendre. D’autre part, le magazine a offert un espace et un encouragement à une forme d’autorité non académique : un lieu où des amateurs éclairés pouvaient écrire des articles sur les manuscrits de la mer Morte, la géologie, la médecine ou la guerre nucléaire, sans autre légitimité que leur capacité à observer avec attention, raisonner avec clarté et construire une phrase juste.

Enfin, il faut reconnaître à Ross le mérite d’avoir élargi le champ du journalisme bien au-delà des catégories traditionnelles que sont le crime, la justice, la politique ou le sport. Dans les pages de ce magazine, les lecteurs ne trouvaient presque jamais ce qu’ils pouvaient lire ailleurs. À la place, les lecteurs du New Yorker pouvaient y découvrir à peu près tout le reste.

The Conversation

Christopher B. Daly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Il y a cent ans, naissait le « New Yorker » sur une table de poker – https://theconversation.com/il-y-a-cent-ans-naissait-le-new-yorker-sur-une-table-de-poker-268957

Comment expliquer l’éternel retour du roller

Source: The Conversation – France (in French) – By Alexandre Chartier, Doctorant en Sciences et techniques des activités physiques et sportives, enseignant vacataire, Université de Bordeaux

La randonnée Rollers et Coquillages (2013) Alexandre Chartier/FFRS

Accessoires de spectacle dès le XVIIᵉ siècle, les patins à roulettes ont vu le jour en Europe, dans l’ombre du patinage sur glace. Aux grandes modes aristocratiques et mondaines à l’aube du XXᵉ siècle, ont succédé de multiples périodes d’engouements, aux formes et aux modalités renouvelées. Pourtant, le roller n’est jamais parvenu véritablement à s’installer en France comme « fait culturel ».


La pandémie de Covid-19 et les confinements ont déclenché un regain d’intérêt pour le roller. Entre 2020 et 2022, les ventes de patins ont bondi de 300 % aux États-Unis et ont suivi les mêmes tendances en France. À travers des influenceuses, telles qu’Ana Coto ou Oumi Janta, la génération TikTok a réinvesti les rues et les places. Les marques n’ont pas tardé à relancer des modèles au look à la fois vintage et modernisé.

Cet engouement récent ne surgit cependant pas du néant. Il s’inscrit dans une longue histoire de modes successives du patinage à roulettes en France et dans le monde. C’est en les reconvoquant, en questionnant le rôles des acteurs et leurs représentations que l’on peut mieux saisir pourquoi le roller peine encore à s’imposer comme un fait culturel durable et fonctionne donc par effraction, par mode.

Une première vague : la « rinkomanie » de 1876

La première grande mode du patinage à roulettes remonte aux alentours de 1876. La vogue du skating, incarnée par les patins à essieux de James Leonard Plimpton, traverse l’Atlantique et atteint l’Europe. Henry Mouhot dépeint cet engouement sans précédent dans son ouvrage la Rinkomanie (1875).

En France, près de 70 patinoires à roulettes, les skating-rinks, ouvrent leurs portes en l’espace de trois ans. Majoritairement fréquentés par l’aristocratie, la haute bourgeoisie et « l’élite voyageuse », ils deviennent des lieux incontournables de sociabilité urbaine et cosmopolite.

Le patinage à roulettes est alors considéré comme une alternative au patinage sur glace dont il reproduit les attitudes et les techniques corporelles. A contrario de son aïeul sur lames, il permet de pratiquer toute l’année.

Pourtant, malgré les aspirations hygiénistes, l’anglomanie et le caractère de nouveauté, la mode décroît rapidement sous l’influence de plusieurs facteurs : un matériel innovant mais largement perfectible demandant une maîtrise technique importante, la fragilité des entreprises commerciales, la mauvaise fréquentation des rinks, l’absence d’institutionnalisation ou encore la concurrence d’autres pratiques, telles que la vélocipédie.

1910 : de la pratique loisir mondaine à la « sportivisation »

Une série d’innovations technologiques notables, tels que les roulements à billes, combinée à des conditions d’accès plus strictes aux patinoires, contribuent à relancer l’intérêt pour le patinage à roulettes à la veille de la Première Guerre mondiale. Sam Nieswizski (1991) avance que l’imminence du conflit a incité la bourgeoisie au divertissement. Près de 130 skating-rinks sortent de terre entre 1903 et 1914, à Paris et en province. Ils sont édifiés particulièrement sur la Côte Atlantique et dans les lieux de villégiature du tourisme britannique.

À l’instar du ping-pong, loisir mondain et élégant, le patinage à roulettes fonde ses premiers clubs de hockey sur patin à roulettes, de course et de figures. La « sportivisation » du patinage à roulettes en tant que « processus global de transformation des exercices physiques et des pratiques ludiques anciennes en sport moderne » a débuté à la fin du XIXe siècle. La Fédération des patineurs à roulettes de France voit le jour en 1910.

Dans le même temps, la pratique populaire et enfantine en extérieur se développe, non sans susciter la répression policière. À Paris, la préfecture tente de contenir le déferlement des patineurs sur la voie publique en prenant un arrêté qui interdit la pratique aux alentours du jardin du Luxembourg. Elle déclenche de vives réactions de journaux, comme le Matin ou l’Humanité, qui se mobilisent pour défendre la pratique populaire face à la conception bourgeoise du patinage en skating-rink.

La mode de 1910 s’avère pourtant structurante : elle amorce la popularisation et la sportivisation de la pratique qui se prolongent dans l’entre-deux-guerres avec la création de la fédération internationale et avec les premiers championnats d’Europe et du monde. Le déclenchement du conflit et les résistances institutionnelles pourraient pour partie expliquer qu’il n’ait pas existé en France une période d’ancrage culturel aussi profonde que celle observée durant la Roller Skate Craze américaine des années 1920-1950.

Le skating-rink de l’Alhambra à Bordeaux (Gironde), en 1903.
Archives de Bordeaux Métropole

Des résurgences cycliques au cours du XXᵉ siècle

L’entre-deux-guerres voit l’émergence du roller-catch : l’ancêtre professionnel de l’actuel roller derby investit le Vélodrome d’hiver en 1939. Plus spectacle que sport, la pratique est rejetée par la fédération internationale, mue par les valeurs de l’amateurisme. Elle renaîtra sous une forme modernisée et féministe au début des années 2000.

Durant les années 1950 et jusqu’aux années 1980, clubs et compétitions se développent dans la confidentialité. En parallèle, la production à faible coût de patins à roulettes réglables en longueur favorise la pratique enfantine.

À la fin des années 1970, l’avènement des roues en uréthane rend la glisse plus confortable, fluide et ouvre de nouvelles perspectives techniques. Les roller-skates au look de chaussure sport d’un seul tenant accompagnent la vague roller-disco. Des films comme La Boum ou Subway montrent alors deux représentations antinomiques mais coexistantes du patinage à roulettes. À partir de 1981, les milliers de patineurs de Paris sur roulettes investissent dans les rues de la capitale, à tel point que les piétons demandent leur interdiction. Taxés de marginaux, ils préfigurent la conquête de la ville des années 1990-2000.

La série Stranger Things (1983-1987) convoque l’imaginaire collectif avec une scène mémorable dans un skating-rink qui montre l’importance du patinage à roulettes dans la culture américaine.

À l’aube du XXIe siècle, des marques emblématiques, comme Rollerblade, sont à l’initiative du boom du roller « inline » et rajeunissent l’image surannée du patin à essieux. Le roller devient cool, branché, écologique. Il s’inscrit dans la lignée des sports californiens et s’envisage même en tant que mode de transport : des grèves londoniennes de 1924 aux grèves de 1995, il n’y a qu’une poussée.

Il acquiert une dimension plus respectable, malgré les représentations négatives de sa dimension agressive (roller acrobatique et freestyle de rue) qui demeure incomprise, au même titre que le skateboard. Les autorités oscillent entre acceptation et répression dans un discours ambivalent. En Belgique, le roller trouve sa place dans le Code de la route, alors qu’en France, les préconisations du Livre blanc du Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques (Certu) restent lettre morte.

En 2010, le film Bliss/Whip it ! marque le renouveau du roller derby. Durant quelques années, les journaux scrutent avec intérêt la réappropriation de cette pratique par les femmes. Le patin à essieux y connaît une nouvelle jeunesse tout comme entre 2016 et 2018 poussé par le marketing mondial de Disney qui promeut la série adolescente Soy Luna.

Quatre ans plus tard, la même génération de pratiquantes se libère du confinement en réanimant la roller-dance, prolongement modernisé d’une roller-disco restée dans l’imaginaire collectif.

Pourquoi ces cycles se répètent-ils ?

Ainsi, lors de chaque mode, le patinage à roulettes repart avec force. À l’instar des vogues vestimentaires et dans une logique d’imitation/distinction, les pratiquants et pratiquantes se réapproprient les signes du passé pour mieux les détourner et affirmer leur singularité.

L’analyse historique et sociologique permet de dégager plusieurs ressorts d’émergence et d’alimentation des modes liés aux différents acteurs en lice dans le champ activités physiques et sportives : les innovations technologiques poussées par les fabricants (roulements, roues uréthane) et les distributeurs, le marketing et la communication (Soy Luna), les médias et les influenceurs (confinement), les aspirations des pratiquants, les techniques corporelles, des lieux de pratique adaptés ou encore l’influence des institutions étatiques et fédérales. Des facteurs inhibiteurs viennent toutefois perturber ces vogues et limiter leur ancrage sociétal durable, en particulier lorsque les objectifs des acteurs divergent.

Ainsi, l’histoire des modes du patinage à roulettes en France nous enseigne que l’enthousiasme ne suffit pas à en produire. Il faut un écosystème actif aux intérêts convergents : fabricants, médias, infrastructures, institutions. En d’autres termes : ce n’est pas seulement parce qu’on roule que l’on devient un fait culturel.

The Conversation

Je suis webmaster du site associatif rollerenligne.com.

ref. Comment expliquer l’éternel retour du roller – https://theconversation.com/comment-expliquer-leternel-retour-du-roller-263580

Zohran Mamdani’s child care plan could transform New York and beyond

Source: The Conversation – USA – By Simon Black, Associate Professor of Labour Studies, Brock University

Assembly member Zohran Mamdani attends a news conference on universal child care at Columbus Park Playground on Nov. 19, 2024, in New York City. Michael M. Santiago/Getty Images

Zohran Mamdani, the 34-year-old New York State Assembly member and democratic socialist, was elected New York City’s mayor on Nov. 4, 2025, after pledging to make the city more affordable through policies that include freezing rents, providing free public buses and a network of city-owned grocery stores.

During his campaign, Mamdani’s promises clearly resonated with New Yorkers struggling with the high cost of living.

Of all of Mamdani’s campaign commitments, free high-quality child care for every New Yorker from 6 weeks to 5 years old – while boosting child care workers’ wages to match that of the city’s public school teachers – could be the most transformative.

The cost of child care in New York City is expensive. More than 80% of families with young children cannot afford the average annual cost of US$26,000 for center-based care. A recent study found that families with young children are twice as likely to leave the city as those without children. The study identified housing and child care costs as key drivers of migration out of the city.

New York’s child care problem mirrors a nationwide system that is seen by many experts as broken. U.S. families spend between 8.9% and 16% of their median income on full-day care for one child. And prices have been rising: Between 1990 and 2024, the cost of day care and preschool rose 263%, much faster than overall inflation.

Despite high prices, child care workers are poorly paid: In 2024, the median pay for child care workers, who are mostly women and often women of color, was $15.41 an hour, or $32,050 a year. That’s nearly at the bottom of all occupations when ranked by annual pay. Additionally, child care programs face high turnover, and it’s difficult for them to recruit and retain qualified staff. Program quality suffers as a result.

As a feminist scholar who has written extensively about child care, I believe Mamdani’s promise of free universal child care, with decent pay for child care staff, could transform the politics and the reality of child care in New York and beyond.

An example to the nation

During the Great Depression, the Works Projects Administration, a New Deal agency created to combat unemployment, established 14 emergency nursery schools in New York. Opened between 1933 and 1934, these schools were primarily intended to offer employment opportunities to unemployed teachers, but they also became a form of de facto child care for parents employed on various work-relief projects.

With the onset of World War II, rising numbers of women took up jobs in the city’s war industries.

In 1941, the lack of adequate child care prompted the administration of Mayor Fiorello La Guardia to fund a handful of already existing nursery schools, including the New Deal nurseries whose federal funding had dried up. New York became the only U.S. city to provide publicly subsidized child care services.

New York provided an example to the nation, and between 1943 and 1945, wartime child care centers were established in hundreds of cities under the federal government’s Lanham Act of 1941. It’s the closest the U.S. has come to establishing a universal child care system.

While most wartime child care centers were shuttered at war’s end, in New York a citywide grassroots mobilization of parents forced the city to keep its centers operating. It marked the first peacetime allocation of municipal tax dollars for child care programs.

People hold signs at a news conference.
People hold signs as they attend a news conference at Columbus Park Playground, Nov. 19, 2024, in New York City.
Michael M. Santiago/Getty Images

Building blocks

In the 1960s, under the liberal administration of Mayor John Lindsay, public child care in New York City was expanded, and in 1967 child care workers organized a union, AFSCME Local 205 Day Care Employees.

After a bitter three-week strike in 1969 to protest low wages and poor working conditions, child care workers won a contract that included a wage scale comparable to that of elementary school teachers in the city’s public school system. The contract also included a training program that allowed them to upgrade their skills and get credit for it.

When President Richard Nixon vetoed federal child care legislation in 1971 that would have provided federal funding for child care programs across the nation, New York’s child care movement took to the streets to demand universal child care, even if the federal government refused to fund it. Groups like the Day Care Forum and the Committee for Community Controlled Child Care staged demonstrations on the city’s Triborough Bridge – since renamed the Robert F. Kennedy Bridge – and set up a one-day “model day care center” on the lawn of City Hall.

Public child care services survived the city’s fiscal crisis of 1975, largely due to the activism of working-class communities who fought against day care closures.

Though far from universal, the child care system in New York today boasts the largest publicly supported system in the country, and can serve as the building blocks for Mamdani’s plan.

Transformative beyond New York

Mamdani’s campaign estimated that his universal child care plan would cost $6 billion annually. To fund his policies, Mamdani has proposed an increase of the state’s corporate tax rate and raising the city’s income tax by 2 percentage points on New Yorkers earning more than $1 million a year. While Mamdani will need the assistance of Gov. Kathy Hochul to raise taxes, Hochul supports universal child care, even if she disagrees on how to pay for it.

Universal child care has positive economic impacts, including more women in the workforce and more money in the pockets of parents to spend in the economy. Research from the liberal Center for American Progress concluded that the availability of affordable high-quality child care would lead 51% of stay-at-home parents to find work, and about a third of employed parents to work more hours.

In New York, the disposable income of families could increase by up to $1.9 billion due to the avoidance of child care costs.

One year from the U.S. midterms, Americans remain worried about the cost of basic needs. And majorities of both Democrat and Republican voters say the cost of child care is a major problem, and they want government to prioritize helping families pay for it.

If he can find the money to pay for it, with universal child care, Mamdani could blaze a trail that other policymakers follow.

The Conversation

Simon Black does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Zohran Mamdani’s child care plan could transform New York and beyond – https://theconversation.com/zohran-mamdanis-child-care-plan-could-transform-new-york-and-beyond-268462

Les lycées français à l’étranger, acteurs historiques de la diplomatie ?

Source: The Conversation – France (in French) – By Antoine Vermauwt, Doctorant en Histoire de l’Éducation, enseignant au Lycée français de Stockholm (Suède), Université Lumière Lyon 2

C’est un réseau qui fait la fierté du Quai d’Orsay. On le dit immense, on le dit d’excellence. Le réseau scolaire dont a hérité l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) est en pleine expansion depuis le début des années 2000. Quels en sont les enjeux historiques ? Dans quelle mesure concourt-il au rayonnement de la France ?


Dans 138 pays et 612 établissements, plus de 400 000 élèves suivent un enseignement français, par la langue principale d’enseignement utilisée comme par les programmes scolaires appliqués. En mars 2018, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé un « cap 2030 » avec l’ambition affichée de doubler les effectifs scolaires du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) pour 2030, soit un objectif de 700 000 élèves.

Rien n’est sans doute moins désintéressé que la présence d’un État hors de ses frontières, quand bien même cette présence n’est que scolaire.

Mais de quoi cette diplomatie scolaire est-elle le nom ? À quoi sert-elle aujourd’hui et comment concourt-elle à la puissance française ?

Un réseau qui s’étend au XIXᵉ siècle

La présence scolaire française à l’étranger est très ancienne. Le réseau actuel est en partie l’héritier d’une histoire longue et féconde de mieux en mieux connue. Il s’étend surtout au XIXe siècle sous la triple impulsion des acteurs diplomatiques, des missions religieuses et des élites économiques françaises expatriées.

Le XIXe siècle, c’est encore le temps du primat des acteurs privés, même si, comme le rappelle Ludovic Tournès dans son Histoire de la diplomatie culturelle dans le monde parue cet automne, les frontières entre le privé et le public ont toujours été très poreuses. Ce n’est qu’au siècle suivant que se dessinent les contours d’une action vraiment publique : en matière d’action scolaire extérieure, l’État ne seconde plus, il se fait État-pilote.

Il faut dire qu’après 1945, l’inquiétude morale gagne les esprits dans un pays qui paraît à tous égards diminué. Comment peser encore, sinon par ce que la France pense faire de mieux : par sa langue d’abord, à laquelle on prête toutes les vertus, par son école ensuite, enfin et surtout, par sa culture ? Les autorités françaises en sont convaincues : la diplomatie scolaire et culturelle est la condition même de la puissance française dans le monde, d’autant plus que le pays doit tourner la page coloniale de son histoire.

Jean Basdevant, chef de la diplomatie culturelle au sein du Quai d’Orsay, l’assure en 1962 :

« Chaque Français doit désormais être bien conscient de ce que l’expansion de notre langue et de notre culture n’est plus un plaisant passe-temps mondain, mais constitue un des éléments essentiels de la puissance française dans le monde. »

Diversité du réseau et sentiment d’appartenance

L’État, qui subventionne l’AEFE à hauteur de 559 millions d’euros en 2024, le fait au titre de l’action extérieure, convaincu qu’il est qu’il en va de l’intérêt même de la nation. Instituée par une loi du 6 juillet 1990, l’AEFE a surtout permis une mise en réseau de l’ensemble des établissements scolaires français de l’étranger.

Bien que sa gouvernance soit quelquefois remise en cause et qu’elle soit aujourd’hui en situation de déficit budgétaire, l’AEFE a toutefois contribué à l’émergence d’un véritable sentiment d’appartenance au sein du réseau, au travers d’un agenda culturel d’année en année toujours plus rempli (programmes de mobilité, Orchestre des lycées français du monde, Semaine des lycées français du monde…).


Fourni par l’auteur

Mais comment unir un réseau marqué par une infinie diversité ? Divers par leurs effectifs qui peuvent aller de quelques dizaines à plusieurs milliers d’élèves, des petites structures d’Asie centrale aux énormes machines administratives que sont les lycées du Maroc, divers par les niveaux scolaires enseignés (certains ne dispensent qu’un enseignement primaire, d’autres vont de la maternelle aux classes préparatoires), ces établissements diffèrent enfin par leur mode de gestion.

Certains – largement subventionnés – sont des « établissements en gestion directe » (EGD), d’autres sont « conventionnés », d’autres enfin sont dits « partenaires » et sont homologués par le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse sans être subventionnés.

De cette diversité même découle une évidence : la diplomatie scolaire est une pratique diplomatique complexe, qui échappe à toute réduction simpliste, tant ses motifs sont pluriels, et, disons-le, parfois ambivalents. Elle est tout à la fois l’expression d’une diplomatie de la langue, d’une diplomatie d’influence, d’un soft power français, le moyen commode de se constituer des clientèles étrangères (deux tiers des élèves du réseau ne sont pas français), enfin la réponse à un besoin de continuité scolaire de la part des Français qui émigrent temporairement ou durablement.

Pour de nombreuses familles – on compte environ 2 millions de Français de l’étranger –, l’expatriation n’est pensable ni possible que si elles sont assurées de pouvoir donner une éducation française à leurs enfants.

Un langage diplomatique en soi

Historiquement, toute diplomatie scolaire comporte en réalité des aspects culturels, linguistiques, économiques, politiques, géopolitiques, voire militaires. Elle ne peut manquer de s’inscrire plus généralement dans une diplomatie d’influence, qui, elle-même, va de pair avec une diplomatie du rayonnement et du prestige.

Cette diplomatie s’inscrit dans une stratégie culturelle globale qui, de concerts en tournées théâtrales, de campagnes médiatiques en cours de langue française, est marquée par une volonté de projection extérieure.

Elle est du reste quasiment un langage diplomatique en soi. Or ce langage est éminemment symbolique : l’école est utilisée comme un outil au service de l’affermissement d’une relation bilatérale ou, à l’inverse, comme le marqueur d’une détérioration.

Outil de rapprochement d’abord : la construction européenne suscite au lendemain du traité de Rome de 1957 une vague de créations scolaires, dont le lycée français Stendhal de Milan, qui existait officieusement depuis une dizaine d’années mais qui fait l’objet d’une inauguration symbolique en 1959 pour le centenaire de la bataille de Solférino.

Symptôme de tensions ensuite. Le recul de la France au Sahel ? Il se manifeste par la fermeture du lycée français de Niamey, au Niger, en 2024. La même année, l’aggravation des tensions diplomatiques entre l’Azerbaïdjan et une France trop arménophile selon Bakou provoque la fermeture du lycée français de la capitale azérie.

Des établissements soumis aux vents géopolitiques

Toute politique, dit-on, se mesure à ses résultats. La France est assurément l’un des pays inventeurs de la diplomatie scolaire, mais quels fruits en a-t-elle tirés depuis le XIXe siècle ? C’est la question qui obsède le ministère des affaires étrangères (MAE) depuis les origines mêmes de cette pratique diplomatique.

Peut-on en quantifier, peut-on en qualifier les résultats ? C’est une démarche possible et salutaire, mais elle est fragile, et sans cesse compliquée non seulement par la pluralité des missions qui sont assignées à la diplomatie scolaire, mais par sa nature même : on peut évaluer l’évolution d’effectifs scolaires, mais beaucoup moins mesurer le rôle d’un lycée français dans la création durable et à long terme d’affinités francophiles et de communautés francophones.

La diplomatie scolaire, le lycée français de l’étranger sont et resteront, qu’on le veuille ou non, des créations fragiles, soumises à tous les vents géopolitiques.

À l’heure où l’on demande à cette diplomatie de rehausser la « marque France » dans un monde toujours plus concurrentiel, à l’heure où l’éducation est de plus en plus une offre et où s’affirme partout le marketing scolaire, à l’heure surtout où est mise à l’épreuve la solidité de la démocratie, il est urgent de faire de ces établissements des sentinelles de valeurs à la fois démocratiques et pacifiques : au service donc non seulement de la France, mais du monde, mais de l’humanité.

The Conversation

Antoine Vermauwt est enseignant détaché auprès de l’AEFE.

ref. Les lycées français à l’étranger, acteurs historiques de la diplomatie ? – https://theconversation.com/les-lycees-francais-a-letranger-acteurs-historiques-de-la-diplomatie-265916

Del grafeno al cepillo de dientes: celebramos el Día Mundial de los Materiales

Source: The Conversation – (in Spanish) – By José Ygnacio Pastor Caño, Catedrático de Universidad en Ciencia e Ingeniería de los Materiales, Universidad Politécnica de Madrid (UPM)

metamorworks/Shutterstock

Cada mañana, al despertar, estamos rodeados por una orquesta silenciosa de materiales que sostienen nuestra vida: el grafito que favorece la ventilación y regulación térmica en colchones y almohadas; cerámica avanzada que sirve para prótesis para las articulaciones y dentales, o el bioplástico reforzado con fibras vegetales del cepillo de dientes, que promete desintegrarse sin dejar huella.

Los materiales, antes discretos y secundarios, han dejado de ser meros soportes para convertirse en auténticos protagonistas del cambio tecnológico y ambiental.

El origen de la fiesta

El interés por estos avances ha crecido tanto que la Federación Europea de Sociedades de Materiales (FEMS) impulsó el Día Mundial de los Materiales (DMM), que el 5 de noviembre de 2025 conmemora su vigesimotercera edición. El objetivo es celebrar los descubrimientos, concienciar sobre su importancia y destacar los retos éticos y ecológicos asociados a su uso. La Universidad Politécnica de Madrid ha sido pionera, ininterrumpidamente durante estos veintitrés años, de esta iniciativa.

En la primera edición (sobre todo simbólica), se presentaron pequeños fragmentos de cerámica de última generación, metales hasta entonces inexistentes, polímeros, biomateriales… Nadie sabía entonces que serían el punto de partida de una odisea científica que nos ha llevado hasta hoy.

Hitos recientes

En los últimos años, la ingeniería de los materiales se ha incorporado a los objetos más comunes. Los avances recientes permiten imaginar –y fabricar– productos más eficientes, duraderos y sostenibles:

Las posibilidades van del espectáculo técnico a transformaciones concretas:

Eficiencia energética: materiales con conductividad optimizada y menor masa reducen el consumo en transporte y electrónica.

Durabilidad radical: la autoreparación estructural implica menos fallos catastróficos en infraestructuras críticas.

Elección basada en el ciclo de vida: con el reciclaje atómico, el fin de vida deja de ser desecho y se convierte en materia prima de nuevo.

Innovación funcional cotidiana: ropa que regula la temperatura activamente, envases que se degradan de forma controlada, sensores embebidos en objetos comunes…

Reducción de residuos tóxicos: el uso de materiales biocompatibles o reciclables minimiza la huella química de nuestra tecnología.

Los materiales no solo son soporte pasivo, sino también protagonistas del cambio hacia una sociedad más eficiente, circular y resiliente.

Del laboratorio al futuro

Desde el ya casi legendario grafeno, aquel “átomo de carbono en dos dimensiones”, la lista de materiales disruptivos crece sin parar:

Materiales bidimensionales: con atractivos nombres como fosforeno, dicalcogenuros y carbinos, han ampliado la paleta, permitiendo sorprendentes propiedades eléctricas, térmicas y ópticas que prometen construir nuestro futuro.

Aleaciones metálicas ligeras con memoria y autorreparación: metales con complejas estructuras jerárquicas que reaccionan cerrando microgrietas que se forman en su interior por fatiga, como nos pasa a los humanos.

Materiales híbridos, bioinspirados y biomateriales: consiguen integrar proteínas, nanocelulosa y polímeros naturales para lograr sostenibilidad y funcionalidad.

El reciclaje atómico: permite grandes avances para la economía circular a escala molecular. Se trata de romper enlaces químicos selectivamente para reconstruir materiales sin sacrificar su rendimiento.

Materiales para energía: electrodos de óxidos nanoporosos para baterías ultrarrápidas, supercondensadores de grafeno y catálisis para captación de CO₂ .

Materiales “vivientes” o adaptativos: estructuras capaces de modificar sus propiedades en respuesta a estímulos del entorno, gracias a la integración de sensores y mecanismos de autorregulación en su propia composición.

Cada hito no ha sido un destello aislado, sino una constelación que reconfigura cómo diseñamos y usamos materiales.

De adorno a imperativo

La sostenibilidad ya es una función de diseño obligatoria, no una opción cosmética. Imaginemos un material híbrido reciclable de alta conductividad: una matriz de polímero biodegradable reforzada con nanofibras de celulosa modificadas, que podrían proceder de residuos agrícolas.

Este tipo de material podría emplearse, por ejemplo, en carcasas de dispositivos electrónicos o componentes de vehículos eléctricos. Su estructura permite una reciclabilidad molecular, capaz de romper y regenerar los enlaces bajo condiciones controladas sin perder propiedades. Su capacidad de autorreparación alarga su vida útil, evitando reemplazos frecuentes.

Así, la innovación en materiales se convierte en una vía concreta para un diseño verdaderamente sostenible.

Este desarrollo es coherente con el imperativo de que toda innovación debe pensarse desde su ciclo de vida: origen, uso, y desecho o reutilización.

Objetos cotidianos que podrían transformarse

¿Qué cosas cotidianas podrían cambiar gracias a los materiales?

Las baterías de teléfonos y ordenadores portátiles serían ultraligeras, recargables en cuestión de minutos y plenamente reciclables, sin recurrir a metales tóxicos. La indumentaria deportiva ajustaría de forma activa su temperatura al entorno y, al final de su vida útil, podría reincorporarse a nuevos ciclos textiles. Las pantallas y los dispositivos wearables se presentarían como láminas delgadas y flexibles, con una huella ambiental sensiblemente menor.

En el ámbito de la automoción, los componentes se autorrepararían y prolongarían de manera significativa su vida útil. Incluso los envases alimentarios monitorizarían en tiempo real el estado del producto (regularían la humedad y detectarían gases de descomposición) y, tras su uso, se reintroducirían en los ciclos productivos sin dejar residuos nocivos.

El Día Mundial de los Materiales

Y así, como todo buen experimento que termina donde empezó, la historia vuelve al origen: aquellos fragmentos simbólicos depositados en un laboratorio en el primer Día Mundial de los Materiales, apenas fragmentos translúcidos, han acabado infiltrándose en la vida cotidiana.

Hoy ese mismo espíritu late en los objetos que nos rodean: en los teléfonos que vibran, en los coches que aprenden, en la ropa que promete ser más inteligente incluso que nosotros.

Nada se pierde, todo se transforma… y, con suerte, se recicla.

¡Feliz Día Mundial de los Materiales!

The Conversation

José Ygnacio Pastor Caño no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Del grafeno al cepillo de dientes: celebramos el Día Mundial de los Materiales – https://theconversation.com/del-grafeno-al-cepillo-de-dientes-celebramos-el-dia-mundial-de-los-materiales-268372

¿Qué queda del referéndum del Sáhara Occidental tras la reciente resolución 2797 de la ONU?

Source: The Conversation – (in Spanish) – By María López Belloso, Profesora e Investigadora de la Facultad de Ciencias Sociales y Humanas de la Universidad de deusto, Universidad de Deusto

Manifestación a favor de la independencia del Sáhara Occidental en el campamento de refugiados de Tinduf (Argelia) en 2008. Natalia de la Rubia/Shuttersock

Desde la ruptura del alto el fuego en Guerguerat –el principal puesto fronterizo que conecta el Sáhara Occidental con Mauritania– en noviembre de 2020, el conflicto del Sáhara Occidental transita una fase de hostilidades de baja intensidad y diplomacia intermitente.

Esta misma fase quedó marcada por el reconocimiento, en diciembre de 2020, de la soberanía marroquí por parte de la Administración Trump, encajado en la lógica de los Acuerdos de Abraham: un paquete de medidas para normalizar las relaciones árabe-israelíes al que se sumaron Emiratos Árabes Unidos, Baréin y, más tarde, Marruecos y Sudán. Lanzado en 2020, combinó incentivos políticos y estratégicos.

En el caso marroquí, la normalización con Israel –con reapertura de oficinas de enlace y cooperación en seguridad, tecnología y economía– se correspondió con el respaldo de Washington a la posición de Rabat sobre el Sáhara. Desde entonces, la propuesta de “autonomía bajo soberanía marroquí” de 2007 ha escalado como opción “realista” para varios actores influyentes, mientras el referéndum de autodeterminación se ha ido desdibujando en la práctica.

A partir de entonces, varios actores recalibraron públicamente su enfoque: estados del Golfo reforzaron su apoyo al plan de autonomía, mientras que Francia y Alemania lo definieron como “serio y creíble”. Llamó sobre todo la atención el viraje de España –potencia administradora del territorio pendiente de descolonización–, quien pasó en 2022 a señalar la propuesta marroquí como “la base más seria, realista y creíble” para una solución en un polémico giro del Gobierno.

Contenido de la resolución

La resolución 2797, adoptada el 31 de octubre de 2025, llega precisamente en ese clima y lo consolida: renueva un año más el mandato de la Misión de las Naciones Unidas para el Referéndum del Sáhara Occidental (MINURSO) y ordena una revisión estratégica en seis meses.

El texto preserva la presencia de la ONU sobre el terreno y su función de verificación, pero evita abrir nuevas vías sustantivas –en derechos humanos o en la dimensión electoral que, en origen, debía sustentar el referéndum–, lo que redunda en continuidad operativa con poco oxígeno político.

Esta resolución renueva la MINURSO y ordena una revisión en seis meses, pero el corazón del texto late en otra parte: el lenguaje consagra la autonomía marroquí como horizonte “realista” y omite el referéndum. No es un simple matiz; es un desplazamiento del marco. La “solución mutuamente aceptable” ya no incluye, de facto, la opción independentista, y eso reconfigura el sentido del proceso auspiciado por la ONU.

De ahí nace la paradoja central: se sostiene la misión creada para organizar una consulta que el propio Consejo ha sacado del guion. La MINURSO mantiene la verificación y la mínima estabilidad en el terreno, pero sin una salida política coherente con el mandato original. La revisión semestral, lejos de ser una palanca evidente de cambio, podría funcionar como válvula de escape: ajustes técnicos y poco más, mientras la pregunta incómoda –qué significa hoy “autodeterminación” sin consulta– queda sin respuesta.

El texto evita reforzar dos pilares sensibles: un componente robusto de derechos humanos y las capacidades electorales que darían credibilidad a cualquier mecanismo de decisión futura. En un escenario de hostilidades de baja intensidad, esa omisión deja huecos de protección y reduce los incentivos para contener abusos a ambos lados del muro.

La aritmética diplomática

Estados Unidos impulsa el encuadre y varios países europeos lo acompañan, como España, cuya condición de potencia administradora pivotó en 2022 y calificó la autonomía como la base “más seria y realista”, movimiento que arrastró el debate europeo.

Rusia y China se abstienen: no dinamitan la continuidad de la misión, pero marcan distancia ante un texto inclinado hacia Rabat.

Argelia optó por ausentarse para subrayar que, a su juicio, el expediente del Sáhara Occidental sigue siendo un proceso de descolonización pendiente, cuya solución debe pasar por un mecanismo de autodeterminación auténtico –incluida la opción de independencia– y no por la consagración de la autonomía marroquí como único horizonte “realista”.

Argel denunció, además, que el texto desnaturaliza el mandato original de MINURSO al renovar la misión sin referéndum ni refuerzo de derechos humanos; ignora el dictamen de la Corte Internacional de Justicia de 1975 y las resoluciones de la Asamblea General sobre el estatus del territorio; y refleja el viraje político. Son factores que, en su lectura, vacían de contenido jurídico el marco de la ONU y perpetúan el statu quo bajo una pátina de estabilidad.

Consecuencias para las partes

El efecto neto en los incentivos es claro. Para Marruecos, validación incremental: estabilidad operativa y consagración política de la autonomía, sin contrapartidas sustantivas nuevas. Para el Frente Polisario, el mensaje es que la vía plebiscitaria ha quedado fuera del escenario.

Con la resolución 2797 el Consejo de Seguridad completa un viraje que venía gestándose desde 2020: del marco jurídico de descolonización, centrado en el referéndum, a un marco político de arreglo que privilegia la autonomía marroquí.

La misión se renueva alejada de su proposito; el instrumento jurídico (la consulta) se diluye y el resultado es claro: prevalece la realpolitik –la estabilidad y los alineamientos– sobre la vigencia operativa del derecho internacional en este conflicto.

La Unión Europea contribuye también a esta deriva. Pese a que el Tribunal de Justicia de la UE confirmó en octubre de 2024 que los acuerdos de comercio y pesca no pueden aplicarse al Sáhara Occidental sin el consentimiento de su pueblo, Bruselas ha explorado fórmulas para mantener flujos comerciales y pesqueros, desde nuevas negociaciones ad hoc hasta arreglos interinos con Marruecos que tensan el cumplimiento estricto de las sentencias. Es una búsqueda de puentes regulatorios que, en la práctica, bordea el fallo judicial en nombre del interés económico y la estabilidad con Rabat.

En suma, la resolución 2797 consagra el paso del derecho a la política como gramática dominante de la resolución del conflicto. Para el Sáhara Occidental, eso significa una ONU que gestiona el statu quo y una UE que busca atajos alrededor de sus propios fallos cuando chocan con intereses estratégicos. El mensaje de fondo –también para otras crisis– es incómodo: la fuerza del derecho cede terreno ante el derecho de la fuerza diplomática.

The Conversation

María López Belloso recibe fondos de distintas organizaciones públicas para la financiación de los proyectos de investigación (HEUROPE, Agencia Estatal de Investigación; Kutxa Fundazioa).

ref. ¿Qué queda del referéndum del Sáhara Occidental tras la reciente resolución 2797 de la ONU? – https://theconversation.com/que-queda-del-referendum-del-sahara-occidental-tras-la-reciente-resolucion-2797-de-la-onu-268871

Las diatomeas, una caja de sorpresas químicas para sobrevivir en la oscuridad

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Juan Rodríguez-Márquez, Investigador predoctoral, Universidad de Cádiz

Fotografía a microscopía electrónica de barrido de una cadena de células de la especie de diatomea céntrica _Skeletonema pseudocostatum_ aislada en la bahía de Cádiz. Juan Rodríguez-Márquez y Ana Bartual.

Las diatomeas son pequeñas algas unicelulares protegidas por una cápsula de sílice (frústula). Hablamos de organismos clave en los ecosistemas marinos, responsables de un 20 % de la fijación de carbono global.

Fotografía a microscopía electrónica de barrido de la frústula de una diatomea céntrica de la especie Thalassiosira eccentrica (foto izquierda) donde se puede apreciar el patrón de su diseño (foto derecha).
Ana Bartual.

Forman parte del fitoplancton marino, base de la red trófica de la que dependen seres vivos de todos los tamaños, desde diminutos copépodos hasta grandes depredadores.

Además, son ubicuas y cosmopolitas: habitan desde regiones polares hasta tropicales, tanto en aguas abiertas como en zonas costeras. El registro fósil de sus frústulas de sílice evidencia que existen desde el Jurásico (hace entre unos 200 y 145 millones de años), si bien fue durante el Cretácico (hace entre 145 y 66 millones de años) cuando comenzaron a diversificarse y a convertirse en un componente fundamental del plancton marino.

¿Por qué son tan exitosas?

Las diatomeas poseen una alta capacidad de división, algo que, que unido a una eficiente capacidad de incorporar nutrientes del agua, les permite aprovechar rápidamente los recursos disponibles. Esto facilita la aparición de floraciones masivas en las zonas costeras.

Cuando los nutrientes se agotan, las diatomeas se hunden al fondo marino, permaneciendo en la oscuridad. Y cuando las condiciones vuelven a ser favorables, es decir, hay de nuevo nutrientes, pueden reactivarse y reflorecer. Esta ventaja adaptativa es típica en distintas especies de diatomeas polares durante los meses de noche polar.

Secretos químicos para sobrevivir

En las últimas décadas, se ha observado que las diatomeas presentan un complejo y variado arsenal químico que les da ventajas adaptativas. El papel que estos compuestos juegan en el medio natural es tan diverso como diversas son las especies que los producen.

Entre los compuestos químicos que producen, están los aldehídos poliinsaturados (PUAs), cuya función biológica es aún objeto de estudio. Una de las funciones propuestas –y testada experimentalmente– es que estos compuestos actúan como defensa química de las diatomeas frente a sus depredadores.

La forma en la que los PUAs protegen a estos organismos es mermando la capacidad de reproducción de sus depredadores, fundamentalmente, los copépodos, un tipo de crustáceos de pequeño tamaño. Estudios recientes muestran que elevadas concentraciones de aldehídos pueden llegar a ser perjudiciales también para larvas de distintas especies de peces, como es el caso del pez cebra. Además, estos compuestos químicos pueden funcionar desplazando a otras especies competidoras del fitoplancton, lo que podría explicar el éxito de las diatomeas en el océano actual.

Comunicación silenciosa

Funcionan, además, como señales de comunicación intercelular, es decir, entre diatomeas. También para la comunicación con su entorno e, incluso, con otros organismos, como las bacterias que interaccionan con ellas.

Es decir, las diatomeas emplean estás moléculas para transmitir información entre ellas mismas o con el resto de células del entorno. De hecho, se ha comprobado que permiten sincronizar el comportamiento de muchas diatomeas, facilitando respuestas colectivas frente a cambios ambientales, por ejemplo, en respuesta a situaciones de estrés, como la escasez de nutrientes.

Esta falta de nutrientes es común al final de las floraciones y se ha comprobado experimentalmente que, en dicha situación, los aldehídos poliinsaturados pueden actuar como señales químicas que inducen la muerte celular programada. En floraciones naturales, cuando esto ocurre, las diatomeas sedimentan hacia el lecho marino: escapan de la zona iluminada de la columna de agua y entran en un área de total oscuridad.

¿Qué efecto tiene la oscuridad sobre la producción de estos aldehidos?

Para estudiar este efecto, simulamos en el laboratorio las floraciones de dos especies de diatomeas, Cyclotella cryptica y Skeletonema pseudocostatum, sometiéndolas posteriormente a completa oscuridad durante 75 días. Tras este periodo, indujimos su refloración y nos centramos en estudiar cómo crecían y cuántos PUAs producían tras ese proceso. Los PUAs se analizaron mediante una técnica denominada cromatografía de gases/masas.

Observamos que, tras este periodo de latencia y oscuridad, las diatomeas crecieron de nuevo óptimamente y no se redujo su capacidad de producir PUAs. Por el contrario, su arsenal químico aumentó: fueron capaces de producir hasta el doble de aldehídos que los que habían producido antes del periodo de oscuridad.

Una estrategia de supervivencia inesperada

Nuestro estudio reveló un aspecto desconocido hasta ahora de las diatomeas. Aunque su capacidad para permanecer en la oscuridad ya era un hecho conocido, se desconocía por completo que ese estado pudiera afectar a la producción de PUAs de forma tan significativa.

Fotografía a microscopía óptica de distintas especies de diatomeas de la bahía de Cádiz.
Ana Bartual.

Este hallazgo muestra que la latencia en oscuridad es una estrategia mucho más compleja de lo que se pensaba y que apoya, en parte, el notable éxito ecológico de las diatomeas en los océanos. Al incrementar su producción de PUAs durante los periodos de oscuridad, no solo refuerzan sus defensas químicas frente a depredadores, sino que también potencian su capacidad de comunicación y coordinación colectiva.

Nuestros resultados muestran que la oscuridad, como parte del ciclo de vida de las diatomeas, tiene un efecto estimulador sobre la producción de PUAs. Este descubrimiento profundiza en la comprensión de uno de los productores primarios más importantes del planeta y revela detalles clave sobre su interacción con el medio y los organismos que les rodean.

The Conversation

Juan Rodríguez-Márquez recibe fondos de Ministerio de Ciencia, Innovación y Universidades (Formación de Profesorado Universitario 2023 – Plan Estatal de Investigación Científica y Técnica y de Innovación 2021-2023).
Esta investigación se realizó bajo el marco del proyecto FICOEXPLORA (Ref.RTI2018-101272-B-I00).

Ana Bartual Magro ha recibido fondos de la Agencia Estatal de Investigación del Ministerio de Economía, Industria y Competitividad del Gobierno de España para el desarrollo del proyecto FICOEXPLORA (Ref.RTI2018-101272-B-I00).

ref. Las diatomeas, una caja de sorpresas químicas para sobrevivir en la oscuridad – https://theconversation.com/las-diatomeas-una-caja-de-sorpresas-quimicas-para-sobrevivir-en-la-oscuridad-265418

¿Amar es destruir? Rosalía, ‘Berghain’ y la (de)construcción del amor romántico

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Antonio Jesús Tinedo-Rodríguez, Profesor Ayudante Doctor, Universidad de Córdoba, Universidad de Córdoba

Fotograma del videoclip de ‘Berghain’ de Rosalía. Rosalía/YouTube

¿Qué es el amor? En lingüista estadounidense George Lakoff probablemente respondería afirmando que ‘el amor es un viaje’. Esto es lo que en Lingüística se conoce como metáfora conceptual, porque se describe una experiencia que es concreta –como un viaje– para hablar de otra más abstracta e intangible –el amor–.

Estas metáforas se manifiestan en la lengua a través de expresiones. Cuando una pareja dice que sus integrantes “han tomado caminos distintos”, el marco conceptual para explicar que se han separado es el de dos viajeros que han compartido parte del trayecto y ahora eligen nuevos destinos. Es decir, la metáfora subyacente es que el amor se conceptualiza como viaje.

Al hablar de amor, es interesante pensar en cómo se crea esta idea. Especialmente el ideal del amor romántico que asocia elementos como la dominación y los celos a las relaciones de pareja. Bajo este tipo de construcciones del amor hay metáforas como: ‘el amor es destrucción’, ‘el amor es posesión’ o ‘el amor es sufrimiento’. Estas conceptualizaciones forman parte de la cultura profunda y se manifiestan en expresiones como “quien bien te quiere te hará sufrir”.

Una pareja se coge de las manos mientras pasea en bici en el atardecer.
El lenguaje va muy entrelazado con la forma en la que entendemos las relaciones.
Everton Vila/Unsplash

Para deconstruir este elemento cultural, conviene tener en cuenta la hipótesis de Sapir-Whorf, o hipótesis de la relatividad lingüística, que sostiene que la lengua influye en la manera en la que pensamos. En su versión fuerte propone que la lengua determina el pensamiento, mientras que en su versión débil plantea que simplemente lo condiciona. Y cuando hablamos de lengua, necesariamente nos referimos al binomio lengua-cultura porque son realidades indisociables, dos caras de una misma moneda.

En este sentido, la música es un elemento clave de la cultura. Hay artistas, como Rosalía, que poseen un dominio excepcional de las lenguas, los sonidos y las culturas. Gracias a ello la cantante catalana –junto con su equipo– logra articular con la precisión de una cirujana de los pentagramas distintos elementos semióticos, creando significados que funcionan como un espejo para la sociedad y actúan como un revulsivo.

Así es como ha tejido las bases de LUX, su nuevo álbum, un ejemplo de plurilingüismo e interculturalidad que además se inspira en la mística femenina a través de la asociación de mujeres a lenguas y culturas (por ejemplo: Juana de Arco al francés o Sun Bu’er al chino). Su primer sencillo, “Berghain”, es una declaración de intenciones de lo que se podrá escuchar en la obra completa.

Pero ¿cómo se conceptualiza el amor en “Berghain”? Hablemos de la lingüística del amor en Rosalía.

‘El amor es comunión’: Sein Blut ist mein Blut

La canción comienza en alemán con paralelismos de la construcción “Seine [X] ist meine [X]” (“Su [X] es mi [X]”) en la que se manifiesta claramente la dimensión espiritual de la obra mediante la completa identificación de los amantes.

Se fusionan identidades donde la voz lírica asume la identidad de la persona amada haciendo propios sus miedos, su ira, su forma de amar y hasta lo biológico, su sangre. Estas manifestaciones lingüísticas tienen como elemento subyacente la metáfora conceptual de ‘el amor es unión’, pero dada la naturaleza espiritual y carnal con la que se formula, probablemente lo más acertado sería repensar la metáfora como ‘el amor es comunión’.

Con maestría, Rosalía rompe con esa conceptualización del amor romántico con una metáfora muy poderosa en el verso “Wie ein Blei-Teddybär…, Deshalb ist mein Herz so schwer”, al crear un contraste con el “osito de peluche” y “el osito de plomo” con quien se identifica para afirmar que su corazón pesa mucho por todo lo que guarda en él.

De esta forma, se activa una nueva metáfora (‘las emociones son cargas físicas’) que interactúa con la anterior, deconstruyendo el ideal de amor romántico. Concebir el amor como comunión puede convertirse, paradójicamente, en una carga para el cuerpo y el alma.

‘El amor es transmutación’: Solo soy un terrón de azúcar

Tras la liturgia viene la confesión, y para ello Rosalía usa el español. Estos versos retoman la metáfora anterior y hay manifestaciones lingüísticas que forman parte de metáforas ligadas al marco generado por ‘el amor es comunión’. En el verso “Sé que me funde el calor”, la metáfora subyacente es ‘el amor es transformación’; el calor que da el amor transforma pero, en este caso, la transformación se enmarca dentro un marco negativo: la fundición, es decir, la pérdida de la propia identidad.

Además, cuando afirma ser “solo un terrón de azúcar” se realza esto porque el amor puede ser dulzura, pero a su vez fragilidad. Es decir, el yo poético experimenta la transmutación por el amor; un amor tóxico que carga y que destruye.


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‘El amor es posesión’: I’ll fuck you till you love me

La lengua inglesa rompe con la liturgia y la divinidad. El verso “I’ll fuck you till you love me” (“Te follaré hasta que me ames”) probablemente sea el más complejo de toda la canción porque encarna una contradicción que rompe con le metáfora de ‘el amor es comunión’.

Si bien el amor es la unión de almas y cuerpos, aquí ambos se disocian porque el sentimiento se conceptualiza como una dominación del alma a través del cuerpo. Esto alude claramente a las relaciones en las que se busca generar dependencia emocional con el sexo, es decir, realmente es una deconstrucción de la metáfora ‘el amor es dominación’. La frase no tiene un carácter sexual, sino que busca desmontar el amor romántico.

Así, el verso actúa como un acto de habla que no es eficaz por su propia contradicción. La intención y el medio se contradicen reactivando el marco religioso que atraviesa la canción. Lo “diabólico” no reside en los usos de un registro vulgar, sino en la perversión del ideal amoroso: el amor que promete la salvación termina, paradójicamente, siendo una condena terrenal.

The Conversation

Antonio Jesús Tinedo-Rodríguez no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. ¿Amar es destruir? Rosalía, ‘Berghain’ y la (de)construcción del amor romántico – https://theconversation.com/amar-es-destruir-rosalia-berghain-y-la-de-construccion-del-amor-romantico-268907

¿Voy a morir inmediatamente o estoy exagerando mis síntomas al buscar en internet?

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Bárbara Badanta Romero, PDI. Departamento de Enfermería, Universidad de Sevilla

Ayer fui al médico. Me mandaron unas pruebas y me darán los resultados en un mes. ¡SOS! No puedo esperar. No saber si podría tener “algo malo” me consume por dentro. Quizás Google, ChatGPT o Twitter puedan ayudarme.

Esta historia podría ser la de cualquiera: una vecina, un amigo o usted mismo. Es muy habitual cuando nos enfrentamos a listas de espera interminables, dificultades de acceso a especialistas, lenguaje técnico incomprensible, atención apresurada o experiencias negativas previas. Lo que empieza como una búsqueda inocente acaba en un mar de diagnósticos posibles y angustia creciente.

Un círculo vicioso

A la búsqueda repetida de información sobre la salud en internet que, en lugar de tranquilizar, dispara la ansiedad se le llama cibercondría. Cuanto más buscamos, más ansiedad sentimos; y cuanta más ansiedad, más buscamos. Un círculo vicioso que incluso puede agravar problemas de salud ya existentes e impactar en la vida diaria. Así, la obsesión por comprobar síntomas puede llevar a descuidar el trabajo, los estudios o las relaciones personales. La vida cotidiana pierde prioridad frente a la búsqueda compulsiva de información.

Este término apareció en artículos periodísticos de finales de los noventa y principios de los 2000, cuando se hablaba con tono alarmista de los riesgos de internet. Un punto de inflexión llegó en 2009, cuando los investigadores de Microsoft Ryen White y Eric Horvitz demostraron que las búsquedas sobre salud podían intensificar las preocupaciones personales y fomentar el autodiagnóstico. Desde entonces, la investigación científica empezó a tomarse este fenómeno en serio.

Por su parte, la pandemia de covid-19 dio un gran impulso a la cibercondría. La incertidumbre, el bombardeo de información y el uso intensivo de internet fueron el terreno ideal para que creciera. Lo que la Organización Mundial de la Salud (OMS) llamó “infodemia” (un exceso de información, parte fiable y parte no, que dificulta encontrar fuentes seguras cuando se necesita) disparó la ansiedad, debilitó la confianza en las instituciones y favoreció conductas como automedicarse, rechazar vacunas o hacer compras compulsivas por pánico.

Hoy, millones de personas recurren a internet para entender sus síntomas o lo que creen padecer, especialmente los jóvenes. El problema es que no siempre distinguen entre lo fiable y lo engañoso, algo que puede afectar a su salud física y psicológica.

Factores que alimentan la cibercondría

Varios elementos podrían ayudarnos a entender si estamos cayendo en este bucle o en otros problemas de salud relacionados:

  • Intolerancia a la incertidumbre. Quien no soporta “no saber” busca una y otra vez hasta imaginar el peor escenario. Este pensamiento descontrolado, donde impera la ansiedad y el miedo, se relaciona con la cibercondría y también con el trastorno obsesivo compulsivo (TOC), lo que a su vez favorece un uso problemático de internet. Y es que la búsqueda online se convierte en un mecanismo para calmarse que rara vez funciona. Algunas personas se tranquilizan y otras no, y quienes no lo logran siguen buscando en un esfuerzo por encontrar seguridad. Este proceso se refuerza con la necesidad de explicaciones definitivas y la sobrecarga de información.

  • Dificultad para distinguir fuentes fiables. No siempre es fácil reconocer qué información es científica (verificada) y cuál procede de influencers o productos milagro, de dudosa veracidad. Además, cuesta manejar la enorme cantidad de datos disponibles en poco tiempo, algo altamente presente en las nuevas herramientasde inteligencia artificial (IA), como ChatGPT. Estos chats conversacionales presentan textos de acceso inmediato y con contenido fácilmente “aceptable”, pero a su vez carecen de certeza diagnóstica y de responsabilidad ante los errores. Cuando somos incapaces de identificar la credibilidad de información en línea, pero desarrollamos dependencia de ella misma, se produce angustia psicológica, favoreciendo la cibercondría.

  • El poder del algoritmo. Muchas personas no saben cómo se decide lo que aparece en los primeros lugares al buscar algo en internet. Los buscadores priorizan resultados llamativos y no siempre equilibrados: escribir “dolor de cabeza” puede acabar dando como resultados “tumor cerebral” en cuestión de segundos, exagerando la gravedad del problema y aumentando la preocupación de quien busca.

¿La cibercondría significa entonces que internet es “el enemigo”?

No exactamente. La OMS reconoce grandes beneficios de la salud digital, como la telemedicina, los chatbots o la mensajería móvil, que pueden salvar millones de vidas. Pero es clave entender que la red no tiene todas las respuestas en materia de salud. Más datos no siempre significa más comprensión, y recurrir al “Dr. Google” para autodiagnosticarse puede aumentar la ansiedad y favorecer la cibercondría.

La clave está en aprender a navegar de forma crítica con las siguientes pautas:

  • Confiar en fuentes oficiales y profesionales sanitarios.

  • Desconfiar de promesas milagrosas o información sin referencias.

  • Recordar que los algoritmos priorizan lo llamativo, no necesariamente lo verdadero.

  • Usar internet como complemento, nunca como sustituto de la consulta sanitaria.

Trucos para evaluar críticamente la información en la red

¿Qué podemos hacer, en concreto, para manejar la enorme cantidad de datos sobre salud que circulan en la red? Una estrategia clave es fortalecer la alfabetización en salud y, concretamente, en salud electrónica. Esto significa, desarrollar habilidades críticas para buscar, seleccionar, evaluar y utilizar la información disponible en línea.

La idea es no aceptar todo lo que encontramos sin más, sino detenernos a reflexionar. Un buen recurso es hacerse siempre unas preguntas que nos ayuden a distinguir si la información es realmente útil y segura. Para recordarlas con facilidad, pensemos en la palabra “CRIBA”:

  • C: “¿Cuándo se revisó esta noticia o información por última vez? ¿Está actualizada?” La información médica debe estar al día, porque la ciencia avanza a gran velocidad.

  • R: “¿Por qué razón existe esta web, cuenta de red social, blog o artículo? ¿Quieren venderme algo?” Conviene desconfiar de los contenidos ligados a productos o tratamientos concretos, ya que pueden tener un interés comercial.

  • I: “¿Qué institución o identidad lo publica? ¿Es una fuente reconocida?” Resulta fundamental comprobar la autoría: la información debe venir de profesionales o instituciones competentes (institutos de investigación, organismos internacionales, ministerios, investigadores del ámbito universitario…).

  • B: “¿Está respaldado por estudios o basado en la evidencia científica?” En salud, lo fiable son los datos y la investigación. Aunque no siempre podamos leer artículos científicos, basta con que los contenidos remitan a fuentes sólidas.

  • A: “¿Cuáles son las afirmaciones? ¿Promete algo demasiado bueno para ser verdad?” La regla es sencilla: si parece milagroso, probablemente no lo es.

En definitiva, internet puede ser un gran aliado para informarnos, pero también un arma de doble filo. La cibercondría nos recuerda que, en la era digital, el pensamiento crítico es tan necesario como cualquier medicina para aprender a navegar con seguridad en este océano de información.

The Conversation

Las personas firmantes no son asalariadas, ni consultoras, ni poseen acciones, ni reciben financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y han declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado anteriormente.

ref. ¿Voy a morir inmediatamente o estoy exagerando mis síntomas al buscar en internet? – https://theconversation.com/voy-a-morir-inmediatamente-o-estoy-exagerando-mis-sintomas-al-buscar-en-internet-265505