Qu’est-ce que le 13-Novembre a changé à la politique de mémoire parisienne ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Sarah Gensburger, Directrice de recherche au CNRS, Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po Paris, Sciences Po

Dix ans après les attaques du 13-Novembre, Paris s’apprête à inaugurer un jardin en hommage aux victimes, place Saint-Gervais, derrière l’Hôtel de Ville (Paris Centre). Longtemps absente des politiques municipales, la commémoration du terrorisme s’est construite pas à pas, au fil des décennies, sous l’impulsion d’associations et, plus récemment, de la Ville elle-même. De la rue Copernic (1980) au Bataclan (2015), l’histoire de ces plaques et monuments raconte aussi celle d’une lente reconnaissance publique des victimes et du rôle de la capitale dans la mémoire nationale.


Le 13 novembre prochain aura lieu l’inauguration officielle du jardin en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, place Saint-Gervais derrière l’Hôtel de Ville de Paris (Paris Centre). Celui-ci a vocation à être un « lieu de recueillement à la mémoire des victimes » et un « oasis de calme et d’apaisement en hommage à la vie et à la résilience ». Il marque l’aboutissement d’une politique publique de mémoire municipale investie dans la commémoration du 13-Novembre dans l’espace public. Dès le premier anniversaire des attaques, des plaques avaient en effet été apposées sur chacun des lieux touchés.

Cet investissement municipal dans la commémoration du terrorisme est pourtant récent. Il est possible d’en retracer l’évolution. En effet, jusqu’en 2015, aucune des plaques commémoratives rappelant des attentats survenus dans l’espace parisien n’avait été posée à l’initiative de la Ville.

Les premières plaques commémoratives et l’action des associations

Les deux premières plaques relatives à des actes de terrorisme contemporain à avoir été apposées à Paris sont dues à la mobilisation d’organisations de la communauté juive en référence aux deux attentats antisémites survenus le 3 octobre 1980 contre la synagogue de la rue Copernic (dans le XVIᵉ arrondissement) et le 9 août 1982 contre le restaurant casher Jo Goldenberg, rue des Rosiers (IVe). Rue Copernic comme rue des Rosiers, les textes reprennent à l’époque la forme mémorielle traditionnelle de la lecture des noms. Elle commence par l’expression canonique : « À la mémoire de… »

La Ville de Paris n’est pas davantage à la manœuvre pour la pose de la plaque sur la façade du magasin Tati, rue de Rennes, frappé en 1986. Posée en 1989, celle-ci est due à l’initiative de la principale association de victimes du terrorisme existant à l’époque, SOS Attentats. La pose de la plaque s’inscrit ainsi dans la stratégie de mobilisation de l’association pour l’obtention de droits pour les victimes du terrorisme par les pouvoirs publics. Seul le nom du président François Mitterrand y est ainsi mentionné, comme un symbole de l’investissement attendu de l’État dans la prise en charge des victimes. Les sept personnes décédées dans l’attaque restent, elles, anonymes pour les passants. Du point de vue de SOS Attentats, c’est la cause des victimes qu’il s’agit de promouvoir et non le destin, tragique, de telle ou tel.

Les attentats commis dans le RER B en juillet 1995 et en décembre 1996 occupent à cet égard une position intermédiaire. Là non plus, la Ville de Paris n’est pas à la manœuvre. Les quais et couloirs du métro sont en effet de la responsabilité de la RATP. D’ailleurs, au cours des longs débats consacrés à ces deux attentats et à ses conséquences pour la ville qui ont lieu lors du Conseil municipal qui se tient en septembre 1995, aucun orateur, quel que soit son bord politique, n’évoque une éventuelle commémoration de ces événements, sous une forme ou une autre.

Vingt ans après, pourtant, immédiatement après l’attaque contre le journal satirique Charlie Hebdo, le Conseil municipal s’accorde d’emblée sur le principe de sa commémoration. En janvier 2016, pour le premier anniversaire des attentats de janvier, des plaques commémoratives sont apposées sur la façade de l’immeuble de la rue Nicolas-Appert (XIᵉ) et sur celle de l’Hyper Casher porte de Vincennes (XXᵉ). Ce jour-là, au coin de la place de la République, dans sa partie nord-ouest, côté Xe arrondissement, un « chêne du souvenir » est également inauguré accompagné d’une plaque qui rend hommage aux victimes de janvier et à celle de novembre. En novembre 2016 enfin, chacun des lieux touchés par les attentats du 13 novembre 2015 se voit doté d’une plaque commémorative qui porte le nom de victimes décédées.

Plaque commémorative inaugurée au pied du chêne du souvenir, place de la République (Paris), janvier 2016.
S. Gensburger, Fourni par l’auteur

Le restaurant Goldenberg : vers une prise en charge municipale de la mémoire

Comment expliquer ce changement dans la politique municipale en matière de mémoire du terrorisme ? Le premier changement opère en réalité avant la séquence de 2015.

Depuis le début des années 1990, la Ville de Paris développe un programme de préservation du souvenir des noms des victimes juives de la Shoah, notamment des enfants, dans l’espace public. Cette politique publique va inspirer l’investissement municipal dans la commémoration des attentats. Parce qu’elle commémore un attentat antisémite dans un quartier, celui du Marais, emblématique de la persécution des Juifs sous l’Occupation, la plaque en hommage aux victimes de l’attentat du restaurant Goldenberg, rue des Rosiers en constitue le premier terrain d’action.

En effet, cette plaque, à l’origine donc associative, disparaît en 2007. Comme, trois plus tard, l’expliquera Christophe Girard, élu parisien et alors adjoint à la culture, lors d’un débat sur la question au sein du Conseil de Paris :

« La plaque était une plaque privée. Ce n’était pas une plaque apposée par la Ville. Elle a été enlevée à la suite de travaux du restaurant, qui n’existe plus, comme vous le savez, et qui a été remplacé par une boutique de vêtements. En 2008, le maire de Paris (Bertrand Delanoë, ndlr) a exprimé son souhait qu’une plaque rappelant cette tragédie soit apposée sur la façade de l’immeuble. Depuis, les contacts entre la direction des affaires culturelles et le syndic de l’immeuble ont été multiples, mais avec, je dois le dire, des réticences du côté de l’immeuble et des propriétaires privés. Nous sommes en attente de l’accord écrit du propriétaire du nouveau magasin, qui ne devrait plus tarder, pour que nous puissions délibérer et apposer enfin cette plaque que la Ville de Paris prendra en charge, bien entendu. »

En 2011, une nouvelle discussion a lieu pour voter la délibération proposée. Le propriétaire des lieux ayant accepté entre temps le principe de la pose d’une nouvelle plaque. Karen Taïeb, adjointe à l’histoire de Paris, prend alors la parole :

« “Ne pas oublier, c’est aussi rester vigilant”, avait déclaré le président François Mitterrand venu en personne témoigner “de sa solidarité et de sa fidélité au souvenir”, lors du premier anniversaire de cette triste commémoration. Aussi, pour être fidèle au souvenir, la mention “Attentat antisémite au restaurant Goldenberg” va figurer en titre sur cette plaque commémorative, c’est ainsi qu’il est inscrit dans la mémoire collective et je me félicite donc de voir cette délibération ainsi amendée avec cette précision historique. »

Catherine Vieu-Charier, adjointe elle à la mémoire qui a joué un rôle important dans la mise en œuvre des plaques en souvenir des enfants juifs déportés dans les écoles parisiennes depuis le milieu des années 1990, prend à son tour la parole. Elle fait alors le lien direct entre les deux formes de commémoration :

« Je voudrais rappeler aussi que cette rue des Rosiers a été particulièrement frappée le 16 juillet 1942 et que des enfants qui ont échappé à la dramatique rafle nous ont raconté combien il était poignant de voir jeter par terre toutes les photos et tous les documents qui jonchaient le sol. On est donc bien dans un lieu où l’âme juive dont a parlé Karen était très forte, et qui disparaît effectivement. Il nous semblait important de recontextualiser et de rappeler que c’était bien au restaurant Goldenberg, et non pas sur une boutique qui s’appelle “Le Temps des cerises” et qui n’a pas grand-chose à voir avec le Pletzl et toute sa culture. »

La nouvelle plaque est inaugurée le 29 juin 2011.

Une accélération de la mémorialisation des attentats

Lorsque surviennent les attentats de janvier et de novembre 2015, cette nouvelle plaque de la rue des Rosiers est encore la seule à avoir été posée par la Ville. Son format fournit alors un cadre à la manière desquelles les plaques liées aux attaques de 2015 vont être rédigées. Le développement du principe de l’inclusion des listes de noms de victimes de la Shoah au cours des années 1990-2000 d’une part, l’ampleur inédite des attentats de 2015 de l’autre, entraînent en effet la mise en place d’une nouvelle politique publique municipale qui se caractérise par l’accélération de la mise en mémoire dans l’espace public.

Les attentats du 13 novembre 2015 marquent ainsi un net raccourcissement du délai moyen entre la survenue de l’attentat et son rappel dans l’espace public. La plaque qui rappelle l’attentat de 1986 de la rue de Rennes comme celle qui rend hommage aux victimes de l’attentat de 1982 de la rue des Rosiers avaient, toutes deux, été apposées à l’occasion du troisième anniversaire des attaques. Le délai est désormais d’une année seulement.

Cette accélération, depuis 2015, de la mémorialisation des attentats dans l’espace public parisien va de pair avec une plus grande solennité. Depuis leur installation en 2016, les plaques commémoratives du 13-Novembre ont ainsi connu des aménagements successifs pour les rendre davantage solennelles, à la hauteur du drame dont elles doivent rappeler le souvenir.

Ce nouveau registre d’action publique n’est toutefois pas rétroactif. Il participe de la construction tant d’une mémoire publique que d’un trou de mémoire pour ce qui concerne les attentats antérieurs à 2015 et qui sont très nombreux. En 2017, le capitaine de police Xavier Jugelé est poignardé sur les Champs-Élysées lors d’une attaque terroriste. Un an plus tard, la Ville de Paris y inaugure une plaque à sa mémoire. Les débats au Conseil municipal insistent alors sur l’importance du lieu :

« Français et étrangers, touristes et Parisiens, petits et grands passeront devant cette plaque commémorative. Elle rappellera pour ne jamais oublier qu’en ces lieux un odieux attentat terroriste est survenu. »

Il n’est pourtant pas rappelé, ni dans les débats ni dans l’espace public, qu’un attentat est survenu à la Galerie Point Show sur la même avenue, le 20 mars 1980, faisant deux morts et vingt-neuf blessés.

Des lieux de mémoire à distance : entre recueillement et vie quotidienne

Pourtant, la Ville de Paris a exprimé à plusieurs reprises son intention de rendre visible des attaques antérieures à 2015 qui sont aujourd’hui invisibles. Elle s’est alors heurtée à la réticence des propriétaires ou exploitants, comme évoquée par Christophe Girard dès 2008. Dans le cas des attaques terroristes, l’apposition de plaques commémoratives a en effet ceci de particulier qu’elle est toujours le produit d’une tension entre l’importance de se souvenir du drame et des victimes et la nécessité de continuer à vivre et de reprendre une activité sociale normale, notamment économique, dans les lieux touchés, et ce alors que précisément la menace du terrorisme n’est jamais totalement révolue.

Cette tension n’échappe pas à l’apposition de plaques concernant les attentats du 13 novembre 2015, et c’est d’ailleurs une différence majeure avec celles qui rappellent les attaques de janvier 2015. L’attentat antisémite du 9 janvier 2015 contre l’Hyper Casher est rappelé par une plaque sur la façade même du bâtiment qui a certes également une vocation économique. Mais sa nature le fait s’inscrire dans une histoire propre, qui est celle de la mémoire de l’antisémitisme, et justifie que la plaque s’y trouve. De même, c’est bien sur les murs de l’immeuble de la rue Nicolas-Appert qui abritait les bureaux du journal Charlie Hebdo que figure la plaque commémorative de l’attaque contre la rédaction du journal. C’est, en effet, non une entreprise privée ou un particulier mais la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), bailleur social en lien avec la municipalité, qui en est propriétaire.

Il en va différemment des plaques commémoratives consacrées au 13-Novembre. Chaque lieu touché compte sa propre plaque avec les noms des victimes mortes en ce lieu. Toutefois, et contrairement cette fois-ci à la pratique habituelle en matière de plaque commémorative dont les textes débutent d’ordinaire par « Ici… », « En ce lieu… », « Dans [ou devant] cet immeuble… », aucune de ces plaques inaugurées à Paris, en novembre 2016, à l’occasion du premier anniversaire des attentats n’a été accrochée sur les murs des lieux mêmes où les tueries se sont déroulées. Elles sont toutes installées à distance.

Les cafés La Bonne Bière et Casa Nostra comme la salle de concert du Bataclan ne disposent pas, face à eux, d’un bâtiment public sur lequel poser une plaque. Des parcs ont donc été choisis. Dans le premier cas, la grille extérieure du square a servi de support. Dans l’autre, l’intérieur du square sert d’écrin à la stèle commémorative. Pour les autres lieux, le mur de l’hôpital Saint-Louis, celui du Palais de la femme ou encore un poteau de lampadaire accueillent la plaque. Volontariste, la politique publique municipale systématisée depuis le 13 novembre 2015 doit ainsi composer avec deux logiques différentes, celle du deuil et celle du retour à la normale.

À cet égard, la forme de jardin mémoriel qui a été choisie pour servir de monument du 13-Novembre articule de belle manière ces deux pratiques sociales d’hommage aux victimes, d’une part, et d’usage ordinaire de l’espace public, de l’autre. Elle marque l’aboutissement d’une politique publique certes récente mais volontariste.

À lire aussi, de la même autrice, l’article Du Drugstore Publicis au 13-Novembre : Paris face à ses attentats, une mémoire partielle

The Conversation

Sarah Gensburger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Qu’est-ce que le 13-Novembre a changé à la politique de mémoire parisienne ? – https://theconversation.com/quest-ce-que-le-13-novembre-a-change-a-la-politique-de-memoire-parisienne-269049

Du Drugstore Publicis au 13-Novembre : Paris face à ses attentats, une mémoire partielle

Source: The Conversation – France in French (3) – By Sarah Gensburger, Directrice de recherche au CNRS, Centre de Sociologie des Organisations Sciences Po Paris, Sciences Po

Attaques contre la synagogue de la rue Copernic (1980), contre le restaurant Jo Goldenberg de la rue des Rosiers (1982), le magasin Tati rue de Rennes (1986), le RER B aux stations Saint-Michel (1995) et Port-Royal (1996)… sur près de 150 attentats survenus depuis 1974 à Paris ou au départ de la capitale, seuls quelques-uns ont trouvé place dans la mémoire urbaine. Comment expliquer que tant d’attaques passées restent invisibles ?

Le 13 novembre prochain, dix ans jour pour jour après les attaques de Paris et de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), aura lieu l’inauguration officielle du jardin en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, place Saint-Gervais derrière l’Hôtel de Ville de Paris (Paris Centre). Ce nouveau site de mémoire, particulièrement soigné et original, s’ajoute aux plaques commémoratives qui, dès novembre 2016, ont été inaugurées devant les lieux visés. Certaines victimes voient aussi, depuis plusieurs années déjà, leur nom honoré dans d’autres espaces. Il en est, par exemple, ainsi de Lola Salines et Ariane Theiller, qui travaillaient dans le milieu de l’édition et dont une plaque disposée dans le hall intérieur du Centre national du livre, dans le VIIe arrondissement de Paris, porte le nom.

L’espace public parisien a été profondément transformé par les attaques du 13-Novembre. Si les plaques commémoratives d’attentat y sont désormais plus nombreuses et quasi systématiques, elles mettent simultanément en lumière le trou de mémoire qui entoure la majeure partie des attaques terroristes qui ont frappé la ville depuis 1974.

Mémoire collective et trou de mémoire

À Paris, près de 20 plaques qui rappellent le souvenir d’attentats survenus dans la ville, et rendent hommage à celles et ceux qui en furent victimes, sont aujourd’hui visibles dans l’espace public. Elles se répartissent dans sept arrondissements différents. Elles concernent les attaques du 3 octobre 1980 contre la synagogue de la rue Copernic (XVIe arrondissement) ; du 9 août 1982 contre le restaurant casher Jo Goldenberg, rue des Rosiers (IVe) ; du 17 septembre 1986, contre le magasin Tati, rue de Rennes (VIe) et les deux explosions qui ont visé le RER B, le 25 juillet 1995 à la station Saint-Michel (Ve) et le 3 décembre 1996 à Port-Royal (Ve).

Le reste de ces plaques renvoient aux attentats de janvier (XIe et XIIe arrondissements) et surtout du 13 novembre 2015 (Xe et XIe arrondissements) à l’exception de celles commémorant les attaques, postérieures, contre Xavier Jugelé, survenues le 20 avril 2017 sur l’avenue des Champs-Élysées (VIIIe), et contre Romain Gosnet, le 12 mai 2018 rue Marsollier (IIe).

Plaques commémoratives des attentats du 13-Novembre.
Fourni par l’auteur

Si elle donne à voir une volonté de commémoration, cette mémoire urbaine met aussi en lumière le véritable trou de mémoire qui entoure la majeure partie des attaques terroristes à être survenues à Paris dans la période contemporaine.

1974 : l’attaque du Drugstore Publicis, point de départ du terrorisme contemporain

En France, l’État a institué l’année 1974 comme le point de départ du terrorisme contemporain. C’est, en effet, cette date qui marque le début de la période que l’exposition permanente du futur Musée mémorial du terrorisme a pour vocation de couvrir. Et les « victimes du terrorisme », qui sont notamment définies par leur droit à l’attribution d’une médaille particulière, sont celles touchées par des attentats survenus depuis cette même année 1974. Celle-ci renvoie à l’attaque contre le Drugstore Publicis Saint-Germain-des-Prés qui a eu lieu à Paris (149, boulevard Saint-Germain, VIᵉ arrondissement), le 15 septembre de cette année-là. Cette borne chronologique peut bien sûr être discutée, comme tout découpage temporel. Elle est toutefois prise ici comme une donnée.

Depuis 1974 donc, dans le cadre du travail de préfiguration du Musée mémorial du terrorisme, l’historienne Jenny Raflik-Grenouilleau a recensé près de 150 attentats à Paris ou au départ de Paris. Sur ce total, 130 attaques ont fait au moins un ou une blessée et un peu plus de 80 ont entraîné le décès d’au moins une victime. Selon le lieu où chacun souhaite placer le curseur de ce qui est digne d’être commémoré – des morts jusqu’aux seules atteintes aux biens, c’est plus de 80 attentats et jusqu’à près de 150 qui, à Paris, pourraient potentiellement avoir donné lieu à un rappel permanent dans l’espace public.

Les 17 plaques existantes ne concernent donc qu’une toute petite minorité des actes terroristes qui ont eu lieu dans la ville. À cet égard, à Paris, le constat rejoint celui dressé par Kenneth Foote dans son étude pionnière : elles sont à la fois sources de mémoire et productrices d’oubli. Ainsi, l’attentat qui a frappé le Drugstore Publicis Saint-Germain en 1974 a fait deux morts et trente-quatre blessés. Alors qu’il fait donc figure de point de départ de la séquence contemporaine du terrorisme, aucune plaque ne mentionne l’événement aux passants, Parisiens comme touristes, nombreux à emprunter chaque jour ce carrefour très fréquenté de Saint-Germain-des-Prés.

Récits sélectifs et invisibilisation des responsables

Qu’ont donc en commun les quelques plaques commémoratives parisiennes qui rappellent, rarement donc, des attentats survenus dans la capitale ?

Il apparaît tout d’abord que ce sont les attentats les plus meurtriers qui sont rappelés au souvenir et au premier rang desquels, évidemment, ceux du 13 novembre 2015. Tous les attentats qui ont fait au moins quatre victimes décédées sont signalés dans l’espace public. Ce fait ne compte qu’une exception. En juin 1976, une explosion fait quatre morts boulevard Sébastopol (IIIe). L’attentat à la bombe est le fait d’une « brigade révolutionnaire » qui a visé une agence d’intérim pour dénoncer la précarisation de l’emploi. La concierge de l’immeuble et sa fille ainsi que deux habitants trouvent la mort.

Par contre, seuls deux attentats qui ont fait un mort unique sont commémorés : il s’agit des plus récents, survenus en 2017 et en 2018, dont les victimes ont été nommées plus haut. Les attaques qui ont conduit à moins de quatre décès sont invisibles.

Ensuite, les plaques existantes ne font référence qu’à des attentats qui sont le fait d’organisations islamistes (Groupe islamique armé, Al-Qaida, Daesh…), d’une part, ou qui ont été revendiqués au nom de la défense de la cause palestinienne, de l’autre. À cet égard, les plaques existantes sont d’abord le reflet de la nature infiniment plus criminelle des attaques portées par ces groupes comme de leur présence majoritaire. Il n’en reste pas moins qu’elles ne portent, en conséquence, que deux visages du terrorisme.

Des terrorismes divers mais une mémoire partielle

Ceux-ci ont pourtant été divers depuis 1974. Sont par exemple absentes de l’espace public la mémoire des terrorismes d’extrême gauche et, dans une moindre mesure, celle d’extrême droite, qui ont pourtant été des faits importants des années 1970 et 1980 à Paris et qui ont fait plusieurs morts et de nombreux blessés.

C’est ainsi que, dans un attentat fomenté par Action directe, en 1983, Françoise Rudetzki, créatrice de l’association SOS Attentats qui a permis de faire advenir la prise en charge des victimes du terrorisme par les pouvoirs publics telle qu’on la connaît aujourd’hui, est grièvement blessée alors qu’elle dîne au restaurant Le Grand Véfour. Encore aujourd’hui, aucune mention de cet attentat n’existe pourtant sur les murs de l’immeuble en question du Ier arrondissement.

Ce trou de mémoire interroge d’autant plus que les justifications mises en avant par ces attentats invisibles n’ont pas disparu. Entre les 5 et 21 juillet 1986, le groupe Action directe, toujours, réalise successivement trois attentats à la bombe. L’attaque du 9 juillet vise la brigade de répression du banditisme, tue un policier et fait 22 blessés. La revendication fait mention de Loïc Lefèvre, jeune tué par un membre des forces de l’ordre à Paris quatre jours auparavant, qu’il s’agissait de « venger ». En octobre 1988, ce sont cette fois-ci des intégristes catholiques qui attaquent le cinéma Saint-Michel, qui projette le film qu’ils jugent blasphématoire la Dernière Tentation du Christ, de Martin Scorsese, et font 14 blessés. Ces deux exemples montrent à quel point certaines des attaques demeurées invisibles dans l’espace public n’en résonnent pas moins avec des thèmes encore très présents dans le débat public contemporain : des « violences policières » à la « liberté d’expression ».

Enfin, cette différenciation quant à l’identité de leurs responsables entre les attentats mentionnés dans la ville et ceux qui ne le sont pas se dissout dans le fait qu’aucune plaque ne mentionne les motivations des auteurs de l’attentat.

Qu’elles aient été posées en 1989 ou en 2018, ces plaques rendent hommage « aux victimes du terrorisme » ou rappellent un « acte de terrorisme », sans précision. Là aussi, une exception à cette règle existe et, à son tour, permet de réfléchir en creux à travers un cas limite. Les plaques commémorant l’attentat de 1982 contre le restaurant casher Jo Goldenberg, rue des Rosiers, ou celui de 2015 contre l’Hyper Casher, avenue de la porte de Vincennes, sont les seules à ajouter un adjectif épithète, en l’espèce « antisémite », à la mention de l’attentat tandis que la plaque apposée rue Copernic, visée par une bombe en 1980, renvoie à « l’odieux attentat perpétré contre cette synagogue », précisant ainsi la raison de l’attaque. À ce jour, seuls les attentats antisémites sont nommés comme tels.

Plaque commémorative de l’attentat contre le restaurant Jo Goldenberg, rue des Rosiers.
Fourni par l’auteur

Les pratiques mémorielles dans l’espace public parisien

Produisant à la fois mémoire et oubli, ce sont donc une infime partie des actes terroristes commis à Paris depuis 1974 qui sont aujourd’hui signalés au passant. La question de savoir quels usages sont faits de ces rappels du passé dans l’espace public parisien reste ouverte.

Si la question n’est pas propre à la commémoration des attentats, elle se pose avec une acuité particulière pour les plaques qui y font référence, puisque celles-ci renvoient à un événement – « le terrorisme » – qui, contrairement à une guerre – qui a un début et un fin –, est un processus continu dont il est délicat de considérer qu’il est terminé. En 1996, lorsque la RATP avait été sollicitée par les familles de victimes de l’attentat du RER B pour faire figurer leurs noms sur une plaque, celle-ci avait dans un premier temps fait part de ses hésitations. Elle disait redouter des attroupements, dangereux, sur un quai de métro trop étroit. Ces craintes se sont révélées sans fondement. Très peu de voyageurs lèvent effectivement les yeux pour regarder la plaque.

À cet égard, le nouveau jardin mémoriel du 13-Novembre crée une forme inédite de commémoration qui laisse ouverte la possibilité de nouvelles pratiques mémorielles, au croisement des usages d’un parc urbain et de la participation à l’entretien du souvenir.

À lire aussi, de la même autrice, l’article Qu’est-ce que le 13-Novembre a changé à la politique de mémoire parisienne ?

The Conversation

Sarah Gensburger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Du Drugstore Publicis au 13-Novembre : Paris face à ses attentats, une mémoire partielle – https://theconversation.com/du-drugstore-publicis-au-13-novembre-paris-face-a-ses-attentats-une-memoire-partielle-269046

Brewery waste can be repurposed to make nanoparticles that can fight bacteria

Source: The Conversation – USA – By Alcina Johnson Sudagar, Research Scientist in Chemistry, Washington University in St. Louis

Some compounds in waste produced in the brewing process could be repurposed for antibacterial drugs. Iuri Gagarin/iStock via Getty Images

Modern beer production is a US$117 billion business in the United States, with brewers producing over 170 million barrels of beer per year. The brewing process is time- and energy-intensive, and each step generates large amounts of waste.

Solid components such as used grains and yeast from this waste end up in landfills, where harmful compounds can leach into the soil. Brewing wastewater that makes it into aquatic ecosystems can contaminate streams and lakes, decrease oxygen levels in those environments and threaten organisms.

To keep this waste from going into the environment, scientists like me are exploring how to manufacture beer brewing waste into useful products. I’m a chemist, and my research team and I are interested in figuring out how to recycle and repurpose brewery waste into tiny particles that can be used to make new types of prescription drugs.

The brewing process

The brewing process takes raw cereal grain – usually from barley – and converts its starch and proteins into simpler chemicals by malting. Brewers initiate this process by adding water, which wakes the seed from dormancy, and then keeping the seeds at a controlled temperature to sprout the grain.

During this time, important enzymes are released that can convert the starch and proteins in the grains to fermentable sugars and amino acids. They then heat up the resulting product, called the malt, to dry it out and stop further sprouting. After this malting process, they add hot water and mash the malt to release the compounds that give the beer its iconic flavor.

A diagram showing the stages of beer brewing -- and flagging four sources of waste: brewer's spent grains, hot trub, brewer's spent yeast and filtrate.
The brewing process produces waste at four main stages.
Alcina Johnson Sudagar, CC BY-SA

The brewers then separate the sweet malt extract, called wort, and the leftover solid is removed as waste, called brewer’s spent grains. About 30% of the weight of the raw grain ends up as spent grain waste. This waste is either used as animal feed or discarded. About 30 million tons of spent grain is generated annually.

Brewers add a cone-shaped flower of the Humulus lupulus plant, called hops, to the wort, then boil and clarify it. The hops flower is the key ingredient that gives beer its bitterness and aroma. The undissolved hops and proteins get collected during clarification to form hot trub, the second major waste from breweries. Roughly 85% of the hops are removed as waste material.

The clear wort is then cooled and fermented by adding yeast. The yeast filtered out after fermentation, called brewer’s spent yeast, forms the third type of waste that breweries generate. The spent yeast is one of the major byproducts of the brewing industry. This waste has a large quantity of water and solid material: 100 liters of beer generate 2 to 4 kilograms (4.4 to 8.8 lbs.) of spent yeast.

Finally, the fermented beer is filtered before entering the production line, where the beer is bottled for consumption. The wastewater generated at this last stage forms the filtration waste. A medium-size brewery generates about 8 tons of dense sludge and five to seven times – or 40 to 56 tons – of wastewater as filtration waste monthly. Several tons of waste from breweries remain largely underused due to their low economic value.

The brewery waste problem

These wastes have several compounds, such as carbohydrates, proteins, amino acids, minerals and vitamins that can potentially be repurposed. Scientists have tried to reuse the wastes in creative ways by creating biofuels and vegan leather using either some compounds extracted from the waste or the entire waste.

Breweries can send their solid wastes to farms that repurpose it as soil fertilizer, compost or animal feed, but a major fraction of it industrywide is discarded as landfill. The wastewater is discharged into the sewage lines, which can challenge sewage treatment systems, as they contain more than 30 times higher pollutants than the typical residential sewage.

Although breweries are becoming more aware of their waste and moving toward sustainable approaches, demand for beer has continued to rise, and a large amount of waste remains to be dealt with.

Repurposing waste in nanoparticles

In my research, I’m interested in determining whether compounds from brewery waste can help create nanoparticles that are compatible with human cells but fight against bacteria. Nanoparticles are extremely tiny particles that have sizes in the range of one-billionth of a meter.

A size scale going as small as 0.1 nm, the size of a molecule, up to 1 m, the size of a guitar. Nanoparticles are between 1 and 100 nm.
Nanoparticles are smaller than bacteria – they can be the size of viruses or even human DNA.
Alcina Johnson Sudagar, CC BY-SA

In medicine, when the same antibiotics are used over and over, bacteria can evolve resistance against them. One potential use of nanoparticles is as an active component in certain antibiotic drugs. These nanoparticles could also work as disinfectants and cleaning chemicals.

My team and I developed nanoparticles coated with some of the compounds found in brewery waste – an invention which we have since patented but are not actively commercializing. We created the particles by adding waste from any stage of brewing to a metal source.

When we added a chemical containing silver – for example, silver nitrate – to the waste, a combination of processes converted silver compound into nanoparticles. One process is called reduction: Here, compounds found in the brewery waste undergo a chemical reaction that converts the silver ions from the silver nitrate to a metallic nanoparticle.

The other process, called precipitation, is similar to how chalky soap scum forms in your sink when soap reacts with minerals such as calcium in hard water. Oxide and phosphate from the brewery waste combine with a silver ion from the silver nitrate, causing the silver to form a solid compound that makes up the nanoparticle’s core.

The organic compounds from the brewing waste such as proteins, carbohydrates, polyphenols and sugars form a coating on the nanoparticles. This coating prevents any other reaction from happening on the surface of these particles, which is very important for making the nanoparticles stable for their applications. These nanoparticles prepared from brewery waste were made of three components: silver metal, silver oxide and silver phosphate.

The steps involved in the creation of green nanoparticles using brewery wastes from different stages of brewing
Nanoparticles preparation using one-pot method.
Alcina Johnson Sudagar, CC BY-SA

Environmentally friendly processes that reduce the use of hazardous chemicals and minimize harmful side products are known as green chemistry. Because our procedure was so simple and did not use any other chemicals, it falls into this green chemistry category.

Nanoparticle safety

My colleague Neha Rangam found that the coating formed by the brewery waste compounds makes these nanoparticles nontoxic to human cells in the lab. However, the silver from these nanoparticles killed Escherichia coli, a common bacterium responsible for intestinal illness around the world.

We found that a special type of nanoparticle containing high amounts of silver phosphate worked against E. coli. It appeared that this silver phosphate nanoparticle had a thinner coating of the organic compounds from the brewery waste than silver metal and oxides, which led to better contact with the bacteria. That meant enough silver could reach the bacteria to disrupt its cellular structure. Silver has long been known to have an antimicrobial effect. By creating nanoparticles from silver, we get lots of surface area available for eliminating bacteria.

Several nanoparticles have been in clinical trials and some have been FDA approved for use in drugs for pain management, dental treatment and diseases such as cancer and COVID-19. Most research into nanoparticles in biotechnology has dealt with carbon-based nanoparticles. Scientists still need to see how these metal nanoparticles would interact with the human body and whether they could potentially cause other health problems.

Because they’re so tiny, these particles are difficult to remove from the body unless they are attached to drug carriers designed to transport the nanoparticles safely. Before doctors can use these nanoparticles as antibacterial drugs, scientists will need to study the fate of these materials once they enter the body.

Some engineered nanoparticles can be toxic to living organisms, so research will need to address whether these brewery waste-derived nanoparticles are safe for the human body before they’re used as a new antibacterial drug component.

The Conversation

Alcina Johnson Sudagar received funding from the European Union’s Marie Curie Horizon 2020 program for this work. Part of the work has been patented, Polish patent valid since August 2020 (Patent no: P.435084)

ref. Brewery waste can be repurposed to make nanoparticles that can fight bacteria – https://theconversation.com/brewery-waste-can-be-repurposed-to-make-nanoparticles-that-can-fight-bacteria-264847

A brief history of congressional oversight, from Revolutionary War financing to Pam Bondi

Source: The Conversation – USA – By Gibbs Knotts, Professor of Political Science, Coastal Carolina University

U.S. Sen. Amy Klobuchar of Minnesota speaks at an oversight hearing before the Senate Judiciary Committee on Oct. 7, 2025. AP Photo/Allison Robbert

Routine congressional oversight hearings usually don’t make headlines. Historically, these often low-key events have been the sorts of things you catch only on C-SPAN – procedural, polite and largely ignored outside the Beltway.

But their tone has shifted dramatically during the second Trump administration.

When Attorney General Pam Bondi appeared before the Senate Judiciary Committee on Oct. 7, 2025, what took place was a contentious, highly partisan, made-for-TV-and-social-media confrontation.

The hearing occurred on the heels of the indictment of former FBI Director James Comey, which many legal experts view as an example of a president targeting his political enemies. Bondi came ready to fight. She refused to answer many questions from Democrats, instead launching personal attacks against these members of the U.S. Senate.

When Illinois Sen. Dick Durbin, a Democrat, asked about the deployment of National Guard troops in Chicago, Bondi retorted, “I wish you loved Chicago as much as you hate President Trump.” The clip went viral, as Bondi likely intended.

From our perspective as political scientists who study the U.S. Congress, congressional oversight has played an important role in American democracy. Here’s a brief history.

Congressional oversight hearings help keep executive branch agencies accountable to the public.

Inquisitory powers

In simple terms, oversight is the ability of Congress to ensure that the laws it passes are faithfully executed. This generally means asking questions, demanding information, convening hearings and holding the executive branch accountable for its actions.

Oversight isn’t specifically mentioned in the Constitution. Article 1, Section 8, which lists the powers of Congress, includes the power “to make all laws which shall be necessary and proper,” without identifying an oversight role. Once laws are enacted, Article 2, Section 3, states that the president “shall take Care that the Laws be faithfully executed.”

However, the framers viewed congressional oversight as a key component of legislative authority. They wanted presidents to take Congress seriously and structured the Constitution to ensure that the executive would be accountable to the legislature. As James Madison urged in Federalist 51, the separate branches of government should have the power to keep each other from becoming too powerful. “Ambition must be made to counteract ambition,” Madison wrote.

The framers drew from the examples of the British Parliament and Colonial legislatures. In 1621, Sir Francis Bacon was charged with corruption and impeached as Lord High Chancellor after an investigation by a committee of the British Parliament. And in 1768, the Massachusetts Assembly conducted an investigation of Gov. Francis Bernard that led to a formal request to the King of England for his removal.

At the Federal Convention in 1787 that produced the Constitution, Delegate George Mason noted that members of Congress possessed “inquisitory powers” and “must meet frequently to inspect the Conduct of public officials.” Even though this idea was never written down, it was a habit of self-government that early Congresses put into practice.

A white-haired man, wearing glasses and holding a sheet of paper, sits at a dais speaking into a microphone.
Sen. Sam Ervin, chair of the Senate Watergate Committee, announces on July 23,1973, that the committee has decided to subpoena White House tapes and documents related to the Watergate burglary and cover-up.
AP Photo

Early oversight hearings

Congressional oversight began almost as soon as the first Congress met. In 1790, Robert Morris, the superintendent of finances during the Continental Congress and a financier of the American Revolution, asked Congress to investigate his handling of the country’s finances and was exonerated of any wrongdoing.

During this period, congressional investigations were often referred to select committees – bodies created to perform special functions. These panels had the power to issue subpoenas and hold individuals in contempt. Since there was no official record of debates and proceedings, the public relied on newspaper accounts to learn about what had happened.

In March 1792, congressional oversight exposed businessman William Duer, who signed contracts with the War Department but failed to furnish the needed military supplies. This shortfall contributed to a stunning U.S. military defeat against a confederation of Native American tribes in the Northwest Territory.

Congress eventually removed the quartermaster general from his role for mismanaging the contracts. Duer was simultaneously involved in perhaps the first American economic bubble, which burst at the same time as Congress’ hearings. He ended up in a debtor’s prison, where he died in 1799.

Throughout the 19th century, Congress continued to quietly exercise this power. The work was often invisible to the public, but the issues were important. Hearings from December 1861 to May 1865 on the conduct of the U.S. Civil War produced a detailed record of the war, exposed military wrongdoing and condemned slavery. In 1871, the Senate created a select committee to investigate Ku Klux Klan violence during Reconstruction.

Investigating corruption and criminal acts

Congress started to use its oversight power more aggressively in the 1920s with the Senate Committee on Public Land and Surveys’ high-profile investigations into the Teapot Dome scandal.

Hearings revealed that Interior Secretary Albert Bacon Fall had secretly leased federal oil reserves in Wyoming to two private corporations and had received personal loans and gifts from the companies in return.

The investigation found clear evidence of corruption. Fall was indicted and became the first U.S. Cabinet member to be convicted of a felony.

The U.S. Supreme Court helped to shape the legal foundation of congressional oversight. In McGrain v. Daugherty, decided in 1927, the court held that congressional committees could issue subpoenas, force witnesses to testify and hold them in contempt if they fail to appear. Two years later, in Sinclair v. United States, the court ruled that witnesses who lied to Congress could be charged with perjury.

These cases granted the judicial branch’s sanction to what had long been an implied legislative power, cementing the constitutionality of congressional oversight.

Oversight highs and lows

The modern era of congressional oversight has produced some very important reforms – and some truly regrettable spectacles.

The most important example of bipartisan congressional oversight came in response to reporting by The Washington Post’s Carl Bernstein and Bob Woodward. The two journalists wrote about the 1972 burgling of Democratic National Committee offices in Washington, D.C.’s Watergate Hotel and subsequent cover-up efforts by the Nixon administration.

On Feb. 7, 1973, the U.S. Senate voted 77-0 to establish a Select Committee on Presidential Campaign Activities, which brought together Democrats and Republicans to investigate what came to be known as the “Watergate scandal.” The committee’s work spurred action in Congress to impeach President Richard Nixon, leading to Nixon’s resignation in 1974 and to the enactment of legal reforms to provide an institutional check on presidential power.

Another high point for congressional oversight came after the 9/11 terrorist attacks in 2001. Seeking to learn how the deadliest terrorist strike on American soil had occurred, Democratic Sen. Bob Graham and Republican Rep. Porter Goss, who chaired the Senate and House Intelligence committees, formed a joint committee to investigate intelligence failures before and after the attacks.

This inquiry produced several important recommendations that were ultimately adopted, including the creation of a director of national intelligence and a Department of Homeland Security, as well as better information sharing among law enforcement agencies.

Firefighters train hoses over the rubble at the former site of the World Trade Center towers in New York City.
After the Sept. 11, 2001, attacks on the World Trade Center in New York City, shown here, and targets in Washington, D.C., a congressional committee investigated intelligence failures that had impeded detection of the terrorist plot.
Universal History Archive/UIG via Getty Images

Congress’ oversight can extend beyond the executive branch when the actions of private actors raise questions about existing laws or spur the need for new ones. As examples, investigations into medical device safety and Enron’s 2001 collapse examined malfeasance in the private sphere that existing regulations failed to prevent.

However, the power to expose corruption can also be used as a tool to score partisan points and generate outrage, rather than holding the executive branch accountable for actual malfeasance. Notably, in the 1950s, Wisconsin Sen. Joseph McCarthy turned oversight into inquisition and used the power of media to amplify his accusations of communist influence within the federal government.

Democracy needs oversight

Congressional oversight has strengthened the democratic system at many points. But hearings like Bondi’s recent session before the Senate Judiciary Committee aren’t the first, and likely won’t be the last, to substitute sound bites for substance.

As we see it, the problem with allowing oversight to become political theater is that it distracts Congress from quieter and more meaningful oversight work. Slow, procedural work isn’t likely to go viral, but it helps keep government accountable. The task of a deliberate legislative body is to reconcile those very different impulses.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. A brief history of congressional oversight, from Revolutionary War financing to Pam Bondi – https://theconversation.com/a-brief-history-of-congressional-oversight-from-revolutionary-war-financing-to-pam-bondi-267623

Trump’s White House renovations fulfill Obama’s prediction, kind of

Source: The Conversation – USA – By Chris Lamb, Professor of Journalism, Indiana University

The facade of the East Wing of the White House is seen on Oct. 20, 2025. Kevin Dietsch/Getty Images

President Barack Obama famously chided Donald Trump in April 2011 during the annual White House correspondents’ dinner. The reality show star had repeatedly and falsely claimed that Obama had not been born in the United States and was therefore ineligible to be president.

Trump’s demands that Obama release his birth certificate had, in part, made Trump a front-runner among Republican hopefuls for their party’s nomination in the following year’s presidential election.

Obama referred to Trump’s presidential ambitions by joking that, if elected, Trump would bring some changes to the White House.

Obama then called attention to a satirical photo the guests could see of a remodeled White House with the words “Trump” and “The White House” in large purple letters followed by the words “hotel,” “casino” and “golf course.”

Obama’s ridicule of Trump that evening has been credited with inspiring Trump to run for president in 2016.

My book, “The Art of the Political Putdown,” includes Obama’s chiding of Trump at the correspondents’ dinner to demonstrate how politicians use humor to establish superiority over a rival.

Obama’s ridicule humiliated Trump, who temporarily dropped the birther conspiracy before reviving it. But Trump may have gotten the last laugh by using the humiliation of that night, as some think, as motivation in his run for the president in 2016.

There is a further twist to Obama joking about Trump’s renovations to the White House if Trump became president. Trump has fulfilled Obama’s prediction, kind of.

The Trump administration has razed the East Wing, which sits adjacent to the White House, and will replace it with a 90,000-square-foot, gold-encrusted ballroom that appears to reflect the ostentatious tastes of the president.

The US$300 million ballroom will be twice the size of the White House.

It’s expected to be big enough to accommodate nearly a thousand people. Design renderings suggest that the ballroom will resemble the ballroom at Mar-a-Lago, the president’s private estate in Palm Beach, Florida.

“I don’t have any plan to call it after myself,” Trump said recently. “That was fake news. Probably going to call it the presidential ballroom or something like that. We haven’t really thought about a name yet.”

But senior administration officials told ABC News that they were already referring to the structure as “The President Donald J. Trump Ballroom.”

The renovation will have neither a hotel, casino nor golf course, as Obama mentioned in his light-hearted speech at the 2011 correspondents’ dinner.

A video is shown depicting a fictitious White House.
A video is shown as President Barack Obama speaks about Donald Trump at the White House Correspondents’ Association dinner in Washington on April 30, 2011.
AP Photo/Manuel Balce Ceneta

Obama pokes fun at Trump

In the months before the 2011 correspondents’ dinner, Trump had repeatedly claimed that Obama had not been born in Hawaii but had instead been born outside the United States, perhaps in his father’s home country of Kenya.

The baseless conspiracy theory became such a distraction that Obama released his long-form birth certificate in April 2011.

Three days later, Obama delivered his speech at the correspondents’ dinner with Trump in the audience, where he said that Trump, having put the birther conspiracy behind him, could move to other conspiracy theories like claims the moon landing was staged, aliens landed in Roswell, New Mexico, or the unsolved murders of rappers Biggie Smalls and Tupac Shakur.

“Did we fake the moon landing?” Obama said. “What really happened at Roswell? And where are Biggie and Tupac?”

Obama then poked fun at Trump’s reality show, “The Apprentice,” and referred to how Trump, who owned hotels, casinos and golf courses, might renovate the White House.

When Obama was finished, Seth Meyers, the host of the dinner, made additional jokes at Trump’s expense.

“Donald Trump has been saying that he will run for president as a Republican – which is surprising, since I just assumed that he was running as a joke,” Meyers said.

Trump gets the last laugh

The New Yorker magazine writer Adam Gopnik remembered watching Trump as the jokes kept coming at his expense.

Trump’s humiliation was as absolute, and as visible, as any I have ever seen: his head set in place, like a man on a pillory, he barely moved or altered his expression as wave after wave of laughter struck him,” Gopnik wrote. “There was not a trace of feigning good humor about him.”

A man in a tuxedo and woman in a dress pose for photos.
Donald Trump and Melania Trump arrive for the White House correspondents’ dinner in Washington on April 30, 2011.
AP Photo/Alex Brandon, File

Roger Stone, one of Trump’s top advisers, said Trump decided to run for president after he felt he had been publicly humiliated.

“I think that is the night he resolves to run for president,” Stone said in an interview with the PBS program “Frontline.” “I think that he is kind of motivated by it. ‘Maybe I’ll just run. Maybe I’ll show them all.‘”

Trump, if Stone and other political observers are correct, sought the presidency to avenge that humiliation.

“I thought, ‘Oh, Barack Obama is starting something that I don’t know if he’ll be able to finish,’” said Omarosa Manigault, a former “Apprentice” contestant who became Trump’s director of African American outreach during his first term.

“Every critic, every detractor, will have to bow down to President Trump,” she said. “It is everyone who’s ever doubted Donald, whoever disagreed, whoever challenged him – it is the ultimate revenge to become the most powerful man in the universe.”

The notoriously thin-skinned Trump did not attend the White House correspondents’ dinner during his first presidency. He also did not attend the dinner during the first year of his second presidency.

Although Trump has never publicly acknowledged the importance of that event in 2011, a number of people have noted how pivotal it was, demonstrating how the putdown can be a powerful weapon in politics – even, perhaps, extending to tearing down the White House’s East Wing.

The Conversation

Chris Lamb does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Trump’s White House renovations fulfill Obama’s prediction, kind of – https://theconversation.com/trumps-white-house-renovations-fulfill-obamas-prediction-kind-of-268458

Comment les boomers vivront-ils leur fin de vie au Québec ?

Source: The Conversation – in French – By Jean-Ignace Olazabal, Responsable de programmes, Université de Montréal

Les personnes âgées de 65 ans et plus (environ 2 250 000 personnes en 2033) représenteront 25 % de la population du Québec au début des années 2030, les enfants du baby-boom composant dès lors la presque totalité de la population aînée.

Le taux de mortalité augmentera cela dit progressivement à partir de 2036, avec plus de 100 000 décès par année, et dépassera de loin le nombre de naissances, maintenant le Québec dans un contexte de post-transition démographique qui pourrait provoquer un déclin de la population globale.

Quoi qu’il en soit, l’augmentation de la longévité prévue fera que ces nouveaux vieux, les enfants du baby-boom, seront plus nombreux à devenir octogénaires et nonagénaires que ceux des générations précédentes. En effet, les 80+ pourraient représenter près de 8 % de la population en 2033, alors que l’espérance de vie prévue par Statistique Canada sera de 82 ans pour les hommes et de 86 ans pour les femmes.

Il est clair que la balise 65+ n’est plus la même qu’il y a 50 ans, et que la vieillesse est désormais un cycle de vie long, avec les enjeux et défis que cela comporte. Or, paradoxe remarquable, alors que le Québec figure au palmarès des sociétés où l’espérance de vie est la plus haute, elle est également celle où la demande d’aide médicale à mourir est la plus importante.

Anthropologue de la vieillesse et du vieillissement, je suis responsable de la formation en vieillissement à la Faculté de l’apprentissage continu (FAC) de l’Université de Montréal et je m’intéresse aux aspects sociaux du vieillissement des enfants du baby-boom au Québec.


Cet article fait partie de notre série La Révolution grise. La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.


Des vieux nouveaux genres ?

Si le baby-boom est un phénomène démographique englobant les personnes nées entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 1960, il est convenu, ici comme en France ou aux États-Unis, de réserver le nom baby-boomers aux personnes nées entre 1946 (1943 au Québec) et 1958.

Dans son livre intitulé Le fossé des générations, publié en 1971, l’anthropologue Margaret Mead disait des baby-boomers états-uniens qu’ils constituaient une génération préfigurative, en ce sens qu’ils ont inversé les termes de la transmission intergénérationnelle, les jeunes instruisant leurs aînés et, du coup, leurs pairs, plutôt que l’inverse, défiant ainsi la tradition.




À lire aussi :
La génération des boomers a profondément changé la société… et continue de le faire


Cette inscription en faux contre les valeurs parentales et ancestrales aura permis l’essor de la contreculture dans les années 1960-1970, comme l’expliquent les sociologues Jean-François Sirinelli dans le cas de la France et Doug Owram dans celui du Canada, à travers des valeurs jeunes (la musique pop, la consommation de drogues récréatives ou l’amour libre par exemple). Elle aura également permis de rompre avec la traditionnelle transmission des rôles et des statuts au sein de la famille, comme le souligne le sociologue québécois Daniel Fournier.

Un effet de génération

On parle ici d’un effet de génération au sens sociologique du terme. Au Québec, les baby-boomers seraient, selon le sociologue québécois Jacques Hamel, ceux qui constituent cette fraction des enfants du baby-boom ayant souscrit au slogan « qui s’instruit, s’enrichit » et qui détiennent ces « diplômes universitaires, expression par excellence de cette modernisation » que connut le Québec dans les années 1960.

Ces derniers auront fomenté, sous l’égide des aînés ayant réfléchi la Révolution tranquille (soit les René Lévesque, Paul Gérin-Lajoie et autres révolutionnaires tranquilles), des transformations majeures au sein d’institutions sociales et d’idéaux aussi fondamentaux que la famille (en la réinventant), la nation (en la rêvant) ou la religion catholique (en la reniant de façon massive).

Le sociologue américain Leonard Steinhorn reconnaît dans cette génération des personnes aux valeurs progressistes ayant tendance à une plus grande reconnaissance de la diversité culturelle, des nouvelles mœurs (comme la légalisation du mariage homosexuel, de l’aide médicale à mourir, ou du cannabis récréatif), ou de l’égalité entre les hommes et les femmes, par rapport aux générations précédentes.


Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de La Conversation. Et vous ? Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.


Mais ce qui distingue surtout ces baby-boomers vieillissants des générations de personnes âgées d’antan, c’est la persévérance dans la conviction de la primauté du sujet, par delà les conventions sociales, même dans la dépendance et la fin de vie.

L’effet de génération, bien qu’il diffère chez chacun des membres d’un même ensemble générationnel, est un produit de l’histoire et des conditionnements sociohistoriques auxquels le sujet aura été exposé au cours des premières décennies de sa vie. Les premières générations du baby-boom ont dès leur jeune âge adulte participé activement à la laïcité de l’État et de l’espace public et privé, et souscrit à l’État technobureaucratique promu par la Révolution tranquille, libérant le sujet des attaches communautaristes pour le rendre autonome.

Les enfants du baby-boom et la fin de vie

L’affranchissement des contraintes religieuses chez les Québécois d’origine canadienne-française, le difficile accès aux soins palliatifs pour les personnes âgées et, surtout, la volonté de contrôler sa propre destinée, sont autant de facteurs qui risquent d’influer sur la fin de vie et la mort des enfants du baby-boom au Québec.

En 2023, 7 % des personnes décédées au Québec – majoritairement des personnes âgées – ont choisi la mort médicalement assistée, dans un contexte d’acceptation sociale presque unanime. En effet, 90 % de la population québécoise appuie la loi sur l’aide médicale à mourir, selon un sondage Ipsos, soit le plus haut taux au Canada.

La détresse existentielle face à la fin de vie et le refus de la souffrance et de l’agonie pourraient expliquer l’engouement des enfants du baby-boom pour ce qu’ils considèrent une mort digne.

Or le grand volume de personnes qui constituent l’ensemble des cohortes du baby-boom, soit les personnes nées entre 1943 et 1965, invite à réfléchir au sort qui sera réservé à beaucoup d’entre eux et elles quant à la qualité et à la quantité des soins et des services publics qui leur seront alloués. Étant donné le contexte plutôt critique du Réseau québécois de la santé et des services sociaux, se pose la question des conditions dans lesquelles se dérouleront ces nombreux décès, estimés à plus de 100 000 par année dès 2036.

Pas tous égaux devant la vieillesse

Certes, une bonne proportion de personnes parmi ce grand ensemble populationnel seront effectivement à l’aise financièrement et jouiront d’un bon état de santé grâce à leur niveau d’éducation, à de généreuses pensions et autres fonds de retraite, à de saines habitudes de vie, et à la biomédecine. Cela étant dit, une proportion non négligeable vieillira appauvrie et malade. Les inégalités sociales de santé demeureront importantes au sein de ces nouvelles générations de personnes âgées.

Les hommes bénéficieront globalement d’un avantage sur les femmes en termes de conditions de retraite et de qualité de vie, tout comme les natifs par rapport aux immigrants, soulignent les démographes Patrik Marier, Yves Carrière et Jonathan Purenne dans un chapitre de l’ouvrage Les vieillissements sous la loupe. Entre mythes et réalités. Cela aura une incidence sur les conditions d’habitation et de résidence, sur les coûts privés en santé et sur la qualité du vieillissement en général.

Ces inégalités sociales de santé feront que les dernières années de vie de plusieurs, des femmes surtout, risquent de l’être en mauvaise santé, appauvries et sans forcément un entourage de qualité. Mais vivre plus longtemps à n’importe quel prix n’est pas le souhait de beaucoup parmi les enfants du baby-boom, et ce indépendamment de leur statut socioéconomique.

L’aide médicale à mourir deviendra-t-elle, dès lors, un acte médical ordinaire, alors que le système public de santé et de services sociaux connaîtra une pression accrue ? Quoi qu’il en soit, ce geste médical ultime devrait toujours jouir d’une popularité incontestable parmi les nouveaux vieux Québécois, du moins ceux d’origine canadienne-française qui ont rompu avec le catholicisme, ce qui pourrait contribuer à freiner l’augmentation de l’espérance de vie au Québec.

Mais encore faut-il que la fin de vie se déroule également dans la dignité.

La Conversation Canada

Jean-Ignace Olazabal a reçu des financements du CRSHC, IRSC.

ref. Comment les boomers vivront-ils leur fin de vie au Québec ? – https://theconversation.com/comment-les-boomers-vivront-ils-leur-fin-de-vie-au-quebec-252148

L’espace-temps n’existe pas, mais c’est un cadre qui permet de comprendre notre réalité

Source: The Conversation – in French – By Daryl Janzen, Observatory Manager and Instructor, Astronomy, University of Saskatchewan

L’espace-temps fournit une description puissante de la manière dont les événements se produisent. (MARIOLA GROBELSKA/Unsplash), CC BY

La question de l’existence de l’espace-temps ne devrait pas prêter à controverse, ni même poser de problème conceptuel, si l’on tient compte des définitions des termes « espace-temps », « événement » et « instant ». L’idée que l’espace-temps existe n’est pas plus valable que la vieille croyance concernant l’existence d’une sphère céleste : dans les deux cas, il s’agit de modèles centrés sur l’observateur, efficaces et pratiques pour décrire le monde, mais qui ne représentent pas véritablement la réalité.

Pourtant, du point de vue de la physique moderne, de la philosophie, de la vulgarisation scientifique et des thèmes familiers de la science-fiction, il peut être controversé d’affirmer que l’espace-temps n’existe pas.

Mais qu’est-ce que cela signifierait pour un monde où tout ce qui s’est déjà produit ou se produira d’une manière ou d’une autre « existe » actuellement en tant que partie intégrante d’un réseau entrelacé ?

Les événements ne sont pas des lieux

Il est facile d’imaginer que les événements passés, comme la perte d’une dent ou l’annonce d’une bonne nouvelle, existent quelque part. Les représentations fictives de voyages dans le temps illustrent bien cette idée : les voyageurs temporels modifient les événements et perturbent la ligne du temps, comme si le passé et le futur étaient des lieux que l’on pouvait visiter grâce à une technologie appropriée.

C’est souvent ainsi que les philosophes présentent les choses. L’éternalisme affirme que tous les événements de toutes les époques coexistent. La théorie de l’univers-bloc en croissance propose que le passé et le présent existent, tandis que l’avenir n’existe pas encore. Pour les adeptes du présentisme, seul le présent existe, tandis que le passé a existé et que le futur existera. Et la relativité générale présente un continuum à quatre dimensions qui se courbe et se déforme – on peut facilement imaginer ce continuum d’événements comme existant réellement.

La confusion provient du sens que l’on donne au mot « exister ». Dans le cadre de l’espace-temps, on a tendance à appliquer ce terme sans discernement à une description mathématique des événements, transformant ainsi un modèle en une théorie ontologique sur la nature de l’être.

Le physicien Sean Carroll explique les concepts de présentisme et d’éternalisme.

Un ensemble d’événements

En physique, l’espace-temps désigne l’ensemble continu des événements qui se produisent dans l’espace et dans le temps, d’ici à la galaxie la plus éloignée, du big bang à un avenir lointain. Cela constitue une carte en quatre dimensions qui indique et mesure le lieu et le moment de chaque événement. En physique, un événement est un phénomène qui a lieu à un endroit et à un moment précis.

Un instant est l’ensemble tridimensionnel d’événements séparés dans l’espace qui se déroulent « en même temps » (avec la précaution habituelle de la relativité, selon laquelle la simultanéité dépend de l’état de repos relatif de chacun).

L’espace-temps est l’ensemble continu de tous les événements qui se produisent.

C’est également le moyen le plus efficace de cataloguer les événements. Ce catalogage est indispensable. D’autre part, les mots et les concepts que nous utilisons pour l’effectuer ont leur importance.

Il existe une infinité de points dans les trois dimensions de l’espace et, à chaque instant, un événement unique se produit à chaque endroit.

Positionnement au fil du temps

Les physiciens décrivent une voiture roulant en ligne droite à vitesse constante à l’aide d’un simple diagramme de l’espace-temps, avec l’emplacement sur un axe et le temps sur l’autre. Les instants s’accumulent pour former un espace-temps bidimensionnel. La position de la voiture correspond à un point pour chaque instant, et ces points se rejoignent pour constituer une ligne d’univers, c’est-à-dire un relevé complet de la position de la voiture tout au long de l’intervalle de temps. La pente de cette ligne représente la vitesse de la voiture.

Le mouvement réel est bien plus complexe. La voiture roule sur une Terre en rotation qui tourne autour du Soleil, lequel tourne autour du centre de la Voie lactée, qui dérive dans l’univers local. Pour déterminer la position de la voiture à chaque instant, il faut donc recourir à un espace-temps à quatre dimensions.

L’espace-temps est la carte qui indique où et quand les événements se produisent. Une ligne d’univers est l’enregistrement de tous les événements tout au long de la vie d’une personne. Il reste à savoir si la carte – ou l’ensemble des événements qu’elle recense – doit être considérée comme existant de la même manière que les voitures, les personnes et les lieux qu’elles atteignent.

Les objets existent

Réfléchissons à la signification du mot « exister ». Les objets, les bâtiments, les personnes, les villes, les planètes, les galaxies existent : ce sont des lieux ou ils occupent des lieux, et ils perdurent pendant un certain temps. Ils survivent aux changements et peuvent être observés à plusieurs reprises.

Considérer les occurrences comme des choses qui existent entraîne une confusion dans notre langage et nos concepts. Si l’on analyse l’espace-temps, est-ce que les événements, les instants, les lignes d’univers ou même l’espace-temps dans son ensemble existent au même titre que les lieux et les personnes ? Ou est-il plus juste de dire que les événements se produisent dans un monde qui existe ?

De ce point de vue, l’espace-temps est la carte qui enregistre ces événements, nous permettant de décrire les relations spatiales et temporelles entre eux.


Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de La Conversation. Et vous ? Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.


L’espace-temps n’existe pas

Les événements n’existent pas, ils se produisent. Par conséquent, l’espace-temps n’existe pas. Les événements surviennent à différents endroits au cours de l’existence, et l’occurrence d’un événement est fondamentalement différente de l’existence de quoi que ce soit, qu’il s’agisse d’un objet, d’un lieu ou d’un concept.

D’abord, il n’existe aucune preuve empirique qu’un événement passé, présent ou futur « existe » de la même manière que les choses qui nous entourent. Pour vérifier l’existence d’un événement en tant qu’objet continu, il faudrait disposer d’une machine à remonter le temps afin de l’observer en ce moment. Même les événements présents ne peuvent être examinés en tant que choses qui existent.

En revanche, les objets matériels existent. Les paradoxes liés au voyage dans le temps reposent sur l’idée erronée que les événements sont des lieux que l’on peut revisiter. Reconnaître la différence fondamentale entre occurrence et existence permet de résoudre ces paradoxes.

Ensuite, cette constatation redéfinit la philosophie du temps. Au cours du siècle dernier, de nombreux débats ont considéré les événements comme des choses qui existent. Les philosophes se sont concentrés sur leurs propriétés temporelles : un événement est-il passé, présent ou futur ? S’est-il produit avant ou après tel autre événement ?

une pipe peinte au pochoir sur un mur en béton avec les mots « ceci n’est pas une pipe » en dessous
Reproduction au pochoir de La Trahison des images, tableau de René Magritte réalisé en 1929, dans lequel l’artiste met en évidence le fait que la représentation d’un objet n’est pas l’objet lui-même.
(bixentro/Wikimedia)

Ces discussions reposent sur l’hypothèse que les événements sont des choses existantes qui possèdent ces propriétés. De là, il n’y a qu’un pas à franchir pour conclure que le temps est irréel ou que le passage du temps est une illusion, en partant du principe que le même événement peut être qualifié différemment selon les points de vue. Mais on a perdu de vue la distinction ontologique dès le départ : les événements n’existent pas, ils se produisent. Le temps et l’ordre sont des caractéristiques de la manière dont les événements s’articulent dans un monde existant, et non des propriétés d’objets existants.

Pour finir, parlons de la relativité. Cette théorie mathématique décrit un continuum espace-temps à quatre dimensions. Il ne s’agit pas d’une théorie sur une chose à quatre dimensions qui, dans le cours de son existence, se courberait et se déformerait sous l’effet de la gravité.

Clarté conceptuelle

La physique ne peut pas réellement décrire l’espace-temps lui-même comme une entité qui existe réellement ni expliquer les changements qu’il pourrait subir.

En revanche, l’espace-temps fournit une description éloquente de la manière dont les événements se produisent : comment ils s’ordonnent les uns par rapport aux autres, comment les séquences d’événements sont mesurées dans leur déroulement et comment les longueurs sont mesurées dans différents cadres référentiels. Si nous cessons d’affirmer que les événements – et l’espace-temps – existent, nous retrouvons une clarté conceptuelle sans sacrifier la moindre prédiction.

La Conversation Canada

Daryl Janzen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. L’espace-temps n’existe pas, mais c’est un cadre qui permet de comprendre notre réalité – https://theconversation.com/lespace-temps-nexiste-pas-mais-cest-un-cadre-qui-permet-de-comprendre-notre-realite-268044

How the US cut climate-changing emissions while its economy more than doubled

Source: The Conversation – USA (2) – By Valerie Thomas, Professor of Industrial Engineering, Georgia Institute of Technology

Wind power near Dodge City, Kan. Halbergman/iStock/Getty Images Plus

Countries around the world have been discussing the need to rein in climate change for three decades, yet global greenhouse gas emissions – and global temperatures with them – keep rising.

When it seems like we’re getting nowhere, it’s useful to step back and examine the progress that has been made.

Let’s take a look at the United States, historically the world’s largest greenhouse gas emitter. Over those three decades, the U.S. population soared by 28% and the economy, as measured by gross domestic product adjusted for inflation, more than doubled.

Yet U.S. emissions from many of the activities that produce greenhouse gases – transportation, industry, agriculture, heating and cooling of buildings – have remained about the same over the past 30 years. Transportation is a bit up; industry a bit down. And electricity, once the nation’s largest source of greenhouse gas emissions, has seen its emissions drop significantly.

Overall, the U.S. is still among the countries with the highest per capita emissions, so there’s room for improvement, and its emissions haven’t fallen enough to put the country on track to meet its pledges under the 10-year-old Paris climate agreement. But U.S. emissions are down about 15% over the past 10 years.

Here’s how that happened:

US electricity emissions have fallen

U.S. electricity use has been rising lately with the shift toward more electrification of cars and heating and cooling and expansion of data centers, yet greenhouse gas emissions from electricity are down by almost 30% since 1995.

One of the main reasons for this big drop is that Americans are using less coal and more natural gas to make electricity.

Both coal and natural gas are fossil fuels. Both release carbon dioxide to the atmosphere when they are burned to make electricity, and that carbon dioxide traps heat, raising global temperatures. But power plants can make electricity more efficiently using natural gas compared with coal, so it produces less emissions per unit of power.

Why did the U.S. start using more natural gas?

Research and technological innovation in fracking and horizontal drilling have allowed companies to extract more oil and gas at lower cost, making it cheaper to produce electricity from natural gas rather than coal.

As a result, utilities have built more natural gas power plants – especially super-efficient combined cycle gas power plants, which produce power from gas turbines and also capture waste heat from those turbines to generate more power. More coal plants have been shutting down or running less.

Because natural gas is a more efficient fuel than coal, it has been a win for climate in comparison, even though it’s a fossil fuel. The U.S. has reduced emissions from electricity as a result.

Significant improvements in energy efficiency, from appliances to lighting, have also played a role. Even though tech gadgets seem to be recharging everywhere all the time today, household electricity use, per person, plateaued over the first two decades of the 2000s after rising continuously since the 1940s.

Costs for renewable electricity, batteries fall

U.S. renewable electricity generation, including wind, solar and hydro power, has nearly tripled since 1995, helping to further reduce emissions from electricity generation.

Costs for solar and wind power have fallen so much that they are now cheaper than coal and competitive with natural gas. Fourteen states, including most of the Great Plains, now get at least 30% of their power from solar, wind and battery storage.

While wind power has been cost competitive with fossil fuels for at least 20 years, solar photovoltaic power has only been competitive with fossil fuels for about 10 years. So expect deployment of solar PV to continue to increase, both in the U.S. and internationally, even as U.S. federal subsidies disappear.

Both wind and solar provide intermittent power: The sun does not always shine, and the wind does not always blow. There are a number of ways utilities are dealing with this. One way is to use demand management, offering lower prices for power during off-peak periods or discounts for companies that can cut their power use during high demand. Virtual power plants aggregate several kinds of distributed energy resources – solar panels on homes, batteries and even smart thermostats – to manage power supply and demand. The U.S. had an estimated 37.5 gigawatts of virtual power plants in 2024, equivalent to about 37.5 nuclear power reactors.

Charts show cost decline compared with fossil fuels.
Globally, the costs of solar, onshore wind and EV batteries fell quickly over the first two decades of the 2000s.
IPCC 6th Assessment Report

Another energy management method is battery storage, which is just now beginning to take off. Battery costs have come down enough in the past few years to make utility-scale battery storage cost-effective.

What about driving?

In the U.S., gasoline consumption has remained roughly constant and electric vehicle sales have been slow. Some of this could be due to the success of fracking: U.S. petroleum production has increased, and gasoline and diesel prices have remained relatively low.

People in other countries are switching to electric vehicles more rapidly than in the U.S. as the cost of EVs has fallen. Chinese consumers can buy an entry-level EV for under US$10,000 in China with the help of government subsidies, and the country leads the world in EV sales.

In 2024, people in the U.S. bought 1.6 million EVs, and global sales reached 17 million, which was up 25% from the year before.

The unknowns ahead: What about data centers?

The construction of new data centers, in part to serve the explosive growth of artificial intelligence, is drawing a lot of attention to future energy demand and to the uncertainty ahead.

Data centers are increasing electricity demand in some locations, such as northern Virginia, Dallas, Phoenix, Chicago and Atlanta. The future electricity demand growth from data centers is still unclear, though, meaning the effects of data centers on electric rates and power system emissions are also uncertain.

However, AI is not the only reason to watch for increased electricity demand: The U.S. can expect growing electricity demand for industrial processes and electric vehicles, as well as the overall transition from using oil and gas for heating and appliances to using electricity that continues across the country.

The Conversation

Valerie Thomas receives funding from the US Department of Energy

ref. How the US cut climate-changing emissions while its economy more than doubled – https://theconversation.com/how-the-us-cut-climate-changing-emissions-while-its-economy-more-than-doubled-268763

Chatbots don’t judge! Customers prefer robots over humans when it comes to those ’um, you know’ purchases

Source: The Conversation – USA (2) – By Jianna Jin, Assistant Professor of Marketing at Mendoza College of Business, University of Notre Dame

When it comes to inquiring about – ahem – certain products, shoppers prefer the inhuman touch.

That is what we found in a study of consumer habits when it comes to products that traditionally have come with a degree of embarrassment – think acne cream, diarrhea medication, adult sex toys or personal lubricant.

While brands may assume consumers hate chatbots, our series of studies involving more than 6,000 participants found a clear pattern: When it comes to purchases that make people feel embarrassed, consumers prefer chatbots over human service reps.

In one experiment, we asked participants to imagine shopping for medications for diarrhea and hay fever. They were offered two online pharmacies, one with a human pharmacist and the other with a chatbot pharmacist.

The medications were packaged identically, with the only difference being their labels for “diarrhea” or “hay fever.” More than 80% of consumers looking for diarrhea treatment preferred a store with a clearly nonhuman chatbot. In caparison, just 9% of those shopping for hay fever medication preferred nonhuman chatbots.

This is because, participants told us, they did not think chatbots have “minds” – that is, the ability to judge or feel.

In fact, when it comes to selling embarrassing products, making chatbots look or sound human can actually backfire. In another study, we asked 1,500 people to imagine buying diarrhea pills online. Participants were randomly assigned to one of three conditions: an online drugstore with a human service rep, the same store with a humanlike chatbot with a profile photo and name, or the same store with a chatbot that was clearly botlike in both its name and icon.

We then asked participants how likely they would be to seek help from the service agent. The results were clear: Willingness to interact dropped as the agent seemed more human. Interest peaked with the clearly machinelike chatbot and hit its lowest point with the human service rep.

Why it matters

As a scholar of marketing and consumer behavior, I know Chatbots play an increasingly large part in e-retail. In fact, one report found 80% of retail and e-commerce business use AI chatbots or plan to use them in the near future.

When it comes to chatbots, companies want to answer two questions: When should they deploy chatbots? And how should the chatbots be designed?

Many companies may assume the best strategy is to make bots look and sound more human, intuiting that consumers don’t want to talk to machines.

But our findings show the opposite can be true. In moments when embarrassment looms large, humanlike chatbots can backfire.

The practical takeaway is that brands should not default to humanizing their chatbots. Sometimes the most effective bot is the one that looks and sounds like a machine.

What still isn’t known

So far, we’ve looked at everyday purchases where embarrassment is easy to imagine, such as hemorrhoid cream, anti-wrinkle cream, personal lubricant and adult toys.

However, we believe the insights extend more broadly. For example, women getting a quote for car repair may be more self-conscious, as this is a purchase context where women have been traditionally more stigmatized. Similarly, men shopping for cosmetic products may feel judged in a category that has traditionally been marketed to women.

In contexts like these, companies could deploy chatbots – especially ones that clearly sound machinelike – to reduce discomfort and provide a better service. But more work is needed to test that hypothesis.

The Research Brief is a short take on interesting academic work.

The Conversation

Jianna Jin does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Chatbots don’t judge! Customers prefer robots over humans when it comes to those ’um, you know’ purchases – https://theconversation.com/chatbots-dont-judge-customers-prefer-robots-over-humans-when-it-comes-to-those-um-you-know-purchases-266105

The unraveling of workplace protections for delivery drivers: A tale of 2 workplace models

Source: The Conversation – USA (2) – By Daniel Schneider, Professor of Social Policy, Harvard Kennedy School

American households have become dependent on Amazon.

The numbers say it all: In 2024, 83% of U.S. households received deliveries from Amazon, representing over 1 million packages delivered each day and 9 billion individual items delivered same-day or next-day every year. In remarkably short order, the company has transformed from an online bookseller into a juggernaut that has reshaped retailing. But its impact isn’t limited to how we shop.

Behind that endless stream of packages are more than a million people working in Amazon fulfillment centers and delivery vehicles. Through its growing dominance in retail, Amazon has eclipsed its two major competitors in the delivery business, UPS and FedEx, in terms of package volume.

What is life like for those workers? Between Amazon’s rosy public relations on the one hand and reporters’ and advocates’ troubling exposés on the other, it can be hard to tell. Part of the reason is that researchers like us don’t have much reliable data: Workers’ experiences at companies such as Amazon, UPS and FedEx can be a black box. Amazon’s arm’s-length relationship with the drivers it depends on for deliveries makes finding answers even harder.

But that didn’t stop us. Using unique data from the Shift Project, our new study, co-authored with Julie Su and Kevin Bruey, offers the first direct, large-scale comparison of working conditions for drivers and fulfillment employees at Amazon, UPS and FedEx based on survey responses by more than 9,000 workers.

What we found was deeply troubling – not only for Amazon drivers but also for the future of work in the delivery industry as a whole.

2 models, 2 realities

For nearly a century, driving delivery trucks has been a pathway to the middle class, as epitomized by unionized jobs at UPS. UPS drivers, who have been members of the Teamsters union for decades, are employees with legal protections and a collective-bargaining contract.

In contrast, Amazon has embraced a very different model. Most important is that Amazon does not directly employ nearly any of its delivery drivers.

Instead, its transportation division, Amazon Logistics, relies on two methods to deliver most of its shipments: Amazon Flex, a platform-like system that treats drivers like independent contractors, and Amazon DSP, a franchise-like system that uses subcontractors. DSP subcontractors are almost all nonunion, and the company has cut ties with DSP contractors whose drivers have attempted to unionize. These practices place downward pressure on the wages and working conditions of drivers throughout the industry.

The impact on workers is stark.

Delivery workers at Amazon receive significantly lower wages than at UPS and FedEx, we found. Wage gaps are especially large between the delivery workers at Amazon, who earn US$19 an hour on average, and the unionized drivers at UPS, who make $35.

We also found that unionized UPS drivers have a clear pathway to upward mobility, while Amazon drivers don’t. At UPS, wages increase sharply the longer a worker has been on the job. Pay starts at $21 an hour, reaching nearly $40 an hour for drivers who’ve been with the company for at least 10 years – which is more than half of them.

At Amazon, wages start at $17 an hour and don’t increase with tenure. Nearly half of workers have less than a year on the job.

Between lower wages, more unstable schedules, fewer benefits and limited protections from employment laws, Amazon drivers struggle to make ends meet. More than 1 in 4 told us they had gone hungry because they couldn’t afford enough to eat within the past month, and 33% said they couldn’t cover their utility bills. Compared to drivers at UPS and FedEx, Amazon drivers face significant financial instability.

On top of that, Amazon drivers face intense workplace surveillance and speed tracking – as do workers at the company’s fulfillment centers. Sixty percent of both types of Amazon workers received frequent feedback on the speed of their work from a technological device, and more than two-thirds said that Amazon monitors the quality of their work using technology. That degree of technological surveillance and tracking far outpaces what UPS and FedEx workers told us they were exposed to, representing an extreme case of worker monitoring and performance assessment.

Using nonemployee drivers contributed to the exponential growth of Amazon as a package delivery company. In 2023, Amazon for the first time delivered more packages than UPS, making it the second-largest parcel carrier in the country – surpassed only by the U.S. Postal Service.

By building an online retail empire with the capacity to deliver the majority of its own shipments, Amazon’s expansion continues. UPS, by contrast, has seen drops in its revenues, stock value and market capitalization. Amazon’s sheer size and giglike approach are therefore changing industry standards, putting downward pressure on wages, benefits and job stability across the delivery sector.

The contrast between Amazon and UPS drivers isn’t just about two companies using different models for package delivery – it represents two competing futures for work. As the second-largest retail company and now largest private delivery company in the U.S., Amazon exerts market power that impacts the working conditions of workers beyond its own delivery drivers. Recent reporting indicates that UPS has been experimenting with using gig deliveries, much to the consternation of the union that represents three-quarters of its workforce.

In the post-World War II era, increasing unionization led to better wages and conditions across much of the economy, including nonunionized sectors. The continuing expansion of Amazon’s business model could signal the unraveling of wages, benefits and protections for working people more generally.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. The unraveling of workplace protections for delivery drivers: A tale of 2 workplace models – https://theconversation.com/the-unraveling-of-workplace-protections-for-delivery-drivers-a-tale-of-2-workplace-models-268164