Covid-19 : de nouvelles molécules anticoronavirus isolées à partir de l’argousier

Source: – By Céline Rivière, Professeure des Universités, Chimie des substances naturelles, Université de Lille

L’argousier contient des composés actifs contre les coronavirus. Joanna Boisse/Wikimedia Commons, CC BY-NC-SA

L’arsenal pharmaceutique dont nous disposons pour combattre les coronavirus demeure très limité. En raison de la grande diversité des composés qu’elles produisent, les plantes pourraient s’avérer de précieuses alliées pour l’étoffer. Y compris les plus communes d’entre elles : des composés anticoronavirus ont en effet été découverts dans l’argousier, un arbuste épineux qui peuple nos rivages.


Cinq ans après l’émergence du SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, très peu de molécules antivirales efficaces contre ce coronavirus sont disponibles pour soigner les patients. Malgré les efforts des équipes de recherche académique et pharmaceutiques à travers le monde, le repositionnement des médicaments existants n’a pas donné les résultats escomptés.

Même si la pandémie est désormais considérée comme terminée, et que les vaccins permettent de protéger les personnes les plus à risque de faire des formes sévères, il demeure important de poursuivre les recherches. En effet, les spécialistes s’accordent sur le fait que l’émergence d’autres coronavirus hautement virulents se produira dans le futur.

La poursuite des efforts pour identifier des molécules actives contre cette famille de virus s’impose donc, notamment parce qu’il est particulièrement difficile d’anticiper l’apparition de ces nouveaux épisodes infectieux.

C’est précisément l’objet des recherches que nous menons en collaboration depuis plusieurs années au sein de nos équipes respectives. Nos travaux ont pour but de diversifier les sources de molécules antivirales, d’identifier de nouvelles cibles virales ou cellulaires, ou de découvrir de nouveaux mécanismes d’action.

Ils nous ont permis d’identifier un composé anticoronavirus prometteur à partir d’une plante commune, l’argousier (Hippophae Rhamnoides L., Elaegnaceae). Si ces travaux sont encore préliminaires, ils démontrent l’intérêt d’explorer le potentiel antiviral des molécules présentes dans les végétaux.

Peu de molécules efficaces contre les coronavirus

Les coronavirus humains se divisent en deux groupes : les coronavirus « peu virulents », responsables de simples rhumes (tels que HCoV-229E, HCoV-HKU-1, ou HCoV-NL63, par exemple), et les coronavirus « hautement virulents ». On trouve parmi ces derniers non seulement le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de Covid-19, mais aussi le SARS-CoV-1, à l’origine en 2003 d’une épidémie qui avait contaminé plus de 8 000 personnes et entraîné près de 800 décès, ou encore le MERS-CoV, qui circule au Moyen-Orient.

Cinq ans après l’apparition du SARS-CoV-2, et malgré un effort international colossal en matière de recherche de molécules efficaces contre cet agent infectieux, un seul antiviral par voie orale est disponible sur le marché français, le Paxlovid. Celui-ci est basé sur l’association de deux composés : le nirmatrelvir, qui inhibe une enzyme nécessaire à la réplication du coronavirus SARS-CoV-2, et le ritonavir, un second inhibiteur d’enzyme qui permet, dans ce contexte, d’augmenter les concentrations sanguines du nirmatrelvir.

Un autre antiviral, le remdesivir, qui inhibe la polymérase virale (autre enzyme indispensable au virus pour se reproduire), est également disponible, mais par voie intraveineuse et seulement pour certains patients.

Cet arsenal limité souligne à quel point il est compliqué de mettre au point des molécules spécifiques dans des délais courts. La recherche d’antiviraux est un processus de longue haleine.

Les plantes, une réserve de substances actives à préserver

Les plantes représenteraient la seconde plus grande source de biodiversité de notre planète : on estime en effet que le nombre d’espèces végétales est compris entre 300 000 et 500 000. Parmi elles, de 20 000 à 50 000 sont employées en médecine traditionnelle.

Chaque plante a sa propre identité « phytochimique » : elle produit plusieurs centaines de composés dont les structures sont souvent uniques et complexes. Les végétaux constituent donc un réservoir majeur de molécules ayant potentiellement des activités biologiques très différentes les unes des autres.

De nombreux médicaments couramment utilisés à travers le monde s’appuient sur des principes actifs d’origine végétale. Ces derniers peuvent être utilisés après avoir été directement extraits de la plante, comme la morphine, extraite du pavot. Ils peuvent aussi être légèrement modifiés par réaction chimique, comme dans le cas du taxol (un anticancéreux obtenu par hémisynthèse, processus consistant à fabriquer une molécule à partir de composés naturels dont la structure chimique est déjà proche du composé souhaité) à partir d’un précurseur isolé de l’if européen ou des dérivés hémisynthétiques de l’artémisinine, une molécule à activité antipaludique extraite de l’armoise annuelle.

Cependant, à l’heure actuelle, seuls 15 à 20 % des plantes terrestres ont été évaluées pour leur potentiel pharmaceutique. En outre, jusqu’à présent, les molécules d’origine végétale ont été très peu étudiées par les scientifiques recherchant des antiviraux, qu’ils soient dirigés contre les coronavirus ou d’autres familles de virus.

En raison de leur grande diversité et des nombreuses molécules qu’elles produisent, les plantes constituent pourtant une source potentielle d’agents antiviraux très intéressante, pouvant être utilisés tels quels ou légèrement modifiés. Les composés produits par les plantes peuvent aussi inspirer la conception d’antiviraux obtenus par synthèse totale (autrement dit fabriqués entièrement artificiellement). Mais avant d’en arriver là, encore faut-il réussir à identifier les molécules actives, ce qui n’est pas une mince affaire.


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Des milliers de molécules à séparer

Identifier une molécule biologiquement active à partir d’organismes vivants n’est pas simple, en raison du très grand nombre de composés qui constituent ces derniers. Cela requiert de passer par un « fractionnement bioguidé » : il s’agit de tester l’activité biologique à chaque étape du processus de séparation des composés (fractionnement). Ce fractionnement peut être accéléré en combinant des approches analytiques et statistiques.

Concrètement, lorsque l’on cherche à identifier un composé actif dans un végétal, la plante concernée est d’abord broyée et mise en contact avec des solvants (eau, éthanol, solvants organiques…). Les filtrats récupérés (appelés « extraits ») sont ensuite séchés. Ils contiennent des centaines, voire des milliers de molécules.

Ces extraits sont ensuite testés sur différents modèles (comme des cultures de bactéries, de champignons, de virus, de cellules tumorales, etc) afin de détecter une activité biologique (on parle de « criblage »).

S’il s’avère qu’un extrait présente un effet, il va subir plusieurs étapes de purification successives, par des techniques dites de chromatographie préparative. Le but est de séparer les nombreux composés différents qu’il contient pour ne garder que celui (ou ceux) responsable(s) de l’activité.

À chaque étape, du début à la fin de ce processus, les nouveaux extraits produits (on parle de « fractions ») à partir de l’extrait précédent sont testés, afin de suivre l’activité biologique. La phase ultime de ce « fractionnement bioguidé » est d’obtenir une molécule active purifiée dont on pourra déterminer la structure par des techniques spectroscopiques.

Le potentiel antiviral des plantes adaptées à des conditions extrêmes

Nos deux équipes s’intéressent depuis plusieurs années aux plantes extrêmophiles, qui, comme leur nom l’indique, vivent dans des conditions extrêmes. Ces espèces végétales doivent, en partie, leur capacité à survivre dans des milieux difficiles à des molécules spécifiques qui leur permettent de s’y adapter. Nous avons étudié en particulier les plantes halophytes, autrement dit poussant sur des sols qui contiennent des teneurs en sel très élevées.

En 2019, nos travaux ont permis d’identifier un agent antiviral d’origine naturelle, actif contre la réplication du virus de l’hépatite C, nommé dehydrojuncusol ; ce composé phénanthrénique a été découvert dans le rhizome de jonc de mer (Juncus maritimus Lam.) suite au criblage d’une quinzaine d’extraits de plantes halophytes et à un fractionnement bioguidé. Le déhydrojuncusol possède un mécanisme d’action similaire à celui de médicaments efficaces utilisés dans le traitement de l’hépatite C en inhibant une protéine du virus nécessaire à sa réplication.

Cette étude in vitro était la preuve que les plantes halophytes pouvaient contenir des antiviraux puissants aux mécanismes d’action similaires à ceux issus de la chimie de synthèse.

Dans la continuité de ces travaux, vingt-deux plantes strictement halophytes ou tolérantes au sel ont ensuite été collectées sur le littoral des Hauts-de-France, en partenariat avec les gestionnaires de ses sites naturels, dans le but cette fois de rechercher une activité contre les coronavirus humains.

L’argousier, une source d’inspiration d’agents antiviraux ?

Les extraits réalisés à partir de ces vingt-deux nouvelles plantes, parmi lesquelles la salicorne, la criste marine, la matricaire maritime, l’argousier, l’euphorbe maritime, l’oyat, ou encore le saule des dunes, ont été testés contre le coronavirus HCoV-229E, responsables de rhumes bénins.

Ceux qui se sont révélés les plus actifs ont ensuite été testés contre le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19. Le but de ces recherches était en effet d’identifier des antiviraux capables de traiter plusieurs coronavirus humains.

Le meilleur candidat s’est avéré être un extrait d’argousier. Cette plante indigène, relativement tolérante au sel et à caractère envahissant, pousse dans les massifs dunaires de la région des Hauts-de-France.

Après un fractionnement bioguidé, des composés actifs ont pu être isolés et identifiés. Les plus prometteurs se sont avérés capables d’inhiber (in vitro) non seulement l’infection par le SARS-CoV-2, mais aussi par le HCoV-229E.

Quelle suite à ces travaux ?

Ces travaux ont permis de démontrer, au laboratoire, l’intérêt de molécules d’origine végétale dans la lutte contre les maladies humaines d’origine virale. Ils ne constituent cependant que l’étape préliminaire dans le long parcours semé d’embûches qui mène à la mise au point de nouveaux médicaments.

Après cette première étape de mise en évidence de molécules d’intérêt réussie, il faut ensuite poursuivre les essais, en passant notamment à des essais précliniques, autrement dit, sur des cellules humaines primaires isolées de biopsie de patients ou sur des animaux de laboratoire.

Si les résultats sont concluants, viendront ensuite les premières administrations chez l’humain, en général sur un petit nombre de volontaires sains (essais cliniques de phase I). La phase suivante (phase II) consiste à administrer le médicament à un plus grand nombre de patients afin de tester son efficacité, sa posologie et son devenir dans l’organisme (pharmacodynamique). Les essais de phase III portent sur un nombre encore plus grand de participants. Il faudra également les tester in vitro sur d’autres membres de la famille des coronavirus humains, tels que le MERS-CoV.

Toutes ces étapes nécessitent d’importants financements. Lorsqu’il s’agit d’identifier de nouveaux « candidats médicaments » (« drug candidate » en anglais), la finalisation de la recherche préclinique puis le passage en clinique reste le maillon faible, en raison du manque de moyens.

Il est cependant urgent aujourd’hui de trouver les moyens d’amener ces molécules d’intérêt à un stade plus avancé. En effet, dans l’optique de se préparer à une prochaine épidémie ou pandémie de coronavirus humains, disposer de médicaments actifs contre l’ensemble des coronavirus serait un atout majeur.

Rappelons qu’il faut en moyenne quinze ans pour qu’une molécule présentant un intérêt arrive sur le marché, et que le taux d’échec est très important (plus de la moitié des molécules qui arrivent en phase III échouent…). Il n’y a donc pas de temps à perdre. Actuellement, nos équipes continuent à chercher des composés antiviraux dans d’autres collections de plantes.

Nos travaux soulignent aussi que la découverte de molécules bioactives est très étroitement liée à la biodiversité végétale. La problématique de la dégradation des milieux naturels, qui s’est accentuée ces dernières décennies, doit donc être prise en considération dans le cadre des programmes de recherche qui ciblent le potentiel biologique des molécules d’origine naturelle.


Les autrices tiennent à remercier Malak Al Ibrahim, doctorante sur le projet (2021-2024, programme HaloHcoV PEARL), le Dr Gabriel Lefèvre (pour la sélection, la collecte et l’identification des différentes plantes testées), les gestionnaires de sites qui ont participé aux échanges et partagé leurs connaissances, ainsi que l’ensemble des membres des équipes de recherche.

The Conversation

Céline Rivière est membre de sociétés savantes (Association Francophone pour l’Enseignement et la Recherche en Pharmacognosie, Phytochemical Society of Europe). Elle est aussi experte pour l’ANSES. Elle a reçu des financements de la Région Hauts-de-France, de l’Union Européenne “Horizon 2020 Research and Innovation program” et I-Site ULNE (PEARL programme) et de l’ANR.

Karin Séron a reçu des financements de la Région Hauts-de-France, de l’Union Européenne “Horizon 2020 Research and Innovation program” et I-Site ULNE (PEARL programme) et de l’ANR.

ref. Covid-19 : de nouvelles molécules anticoronavirus isolées à partir de l’argousier – https://theconversation.com/covid-19-de-nouvelles-molecules-anticoronavirus-isolees-a-partir-de-largousier-250343

Passé 50 ans, quelle alimentation privilégier pour préserver et protéger ses muscles ?

Source: – By Patricia Yárnoz Esquíroz, Profesor Clínico Asociado, Universidad de Navarra

Hors pathologies, dans le cadre d’une vie quotidienne physiquement active, les apports nutritionnels sont couverts par une alimentation équilibrée ; il n’est pas nécessaire de prendre des compléments alimentaires. Prostock Studio/Shutterstock

Après 50 ans, la pratique d’une activité physique est recommandée pour compenser la perte naturelle de masse musculaire et osseuse. Pour la santé de ses muscles et de ses os, aussi pour éviter les blessures, elle doit s’accompagner d’une alimentation équilibrée qui apporte des protéines et nutriments essentiels. On fait le point.


Mieux vaut tard que jamais. De plus en plus de personnes envisagent de commencer la pratique d’activité physique après l’âge de 50 ans. Est-ce une bonne idée ? Les différents organismes dédiés à la santé s’accordent à dire que oui : l’activité physique n’est pas seulement essentielle pour prévenir des maladies, elle est également recommandée pour aider à la prise en charge de bon nombre de pathologies.




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Toutefois, commencer à bouger à ce stade de la vie nécessite de prendre certaines précautions. Surtout chez celles et ceux qui ne pratiquaient pas d’activité physique auparavant ou chez les personnes en surpoids ou obèses.

Il a en effet été prouvé que commencer à faire de l’exercice avec des routines trop exigeantes peut entraîner des blessures importantes, au niveau musculaire ou osseux, surtout si elles sont combinées à une alimentation inadaptée.

Ce risque est majoré après 50 ans, un âge où la perte de masse musculaire et osseuse est accentuée en raison du vieillissement naturel.

Par conséquent, avant de commencer tout programme d’activité physique, il est conseillé d’effectuer une analyse complète afin d’évaluer la nécessité d’une supplémentation en cas de carence en micronutriments.

(L’Agence nationale de sécurité sanitaire [Anses] indique : « Les déficits d’apport et a fortiori les carences en nutriments sont très rares dans la population générale et concernent principalement la vitamine D. De manière générale, en l’absence de pathologies, la couverture des besoins nutritionnels est possible par une alimentation variée et équilibrée dans le cadre d’une vie quotidienne physiquement active. La consommation de compléments alimentaires n’est alors pas nécessaire. » – ndlr.)

Le rôle clé joué par les protéines

En plus des micronutriments, le corps a besoin de macronutriments, c’est-à-dire de glucides, de graisses et de protéines. Ces derniers fournissent à l’organisme humain les acides aminés essentiels nécessaires au maintien et au développement de la masse musculaire et à la prévention de la sarcopénie – qui correspond à la perte de masse musculaire et de force liée à l’âge (généralement présentée comme une fragilité) –, de lésions musculaires et de l’ostéoporose.

Les besoins en protéines varient en fonction de la situation clinique de chaque individu. Chez les personnes actives de plus de 50 ans qui pratiquent une activité physique modérée, ces besoins varient entre 1 et 1,5 gramme par kilo de poids corporel et par jour.

Bien évidemment, il est conseillé de ne pas augmenter sa consommation si elle n’est pas accompagnée d’une activité physique qui nécessite cet apport. Un excès de protéines peut en effet avoir des effets contre-productifs, en particulier sur la santé des os, car il a été observé que cela peut augmenter l’élimination du calcium dans l’urine (calciurie), en raison d’une diminution de la réabsorption tubulaire du calcium.

D’origine végétale ou animale ?

Les sources de protéines doivent combiner des aliments d’origine végétale, comme le soja, le lupin, les graines de courge, les cacahuètes ou les lentilles, entre autres, et d’origine animale, à l’image des œufs, des produits laitiers, du poulet ou du poisson.




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Par ailleurs, bien que l’idéal soit de suivre un régime avec une présence équilibrée des deux sources de protéines, il a été démontré que suivre un régime alimentaire végétarien est compatible avec le sport de haut niveau grâce à un suivi médico-nutritionnel adapté.




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Enfin, la question du « Quand ? » compte aussi.

Répartir son apport en protéines tout au long de la journée est plus bénéfique que de le concentrer sur un seul repas. Dans la même ligne, en assurant un apport adapté durant les trente minutes qui précèdent ou qui suivent l’exécution des exercices physiques, l’absorption des protéines par l’organisme et leur disponibilité seront meilleures.

Micronutriments essentiels : magnésium, calcium et vitamine D

Quant aux micronutriments (vitamines et minéraux), certains jouent un rôle fondamental dans la pratique sportive à cet âge, comme le magnésium, le calcium et la vitamine D.

Le magnésium aide à la récupération musculaire et à la formation des os. Ce micronutriment peut être trouvé dans des aliments tels que le son de blé, le fromage, les graines de citrouille ou les graines de lin.


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Concernant le calcium, il est essentiel pour maintenir une minéralisation osseuse adéquate et éviter les pertes de densité minérale osseuse (ostéopénie) associées à des déficits de cet élément dans le sang.

Traditionnellement, la consommation de produits laitiers a été l’un des grands alliés de la santé des os, à la fois pour leur biodisponibilité (degré et vitesse avec lesquels un médicament passe dans le sang et atteint son site d’action) en calcium et pour leur teneur en vitamine D dans les versions de produits laitiers faites à partir de lait entier.

D’autres aliments d’origine végétale, comme la pâte de sésame, les amandes, les graines de lin, le soja ou les noisettes, sont également considérés comme des sources de calcium, mais leur teneur en phytate et en oxalate peut entraver leur absorption.

Enfin, les poissons gras (thon, bonite, sardine ou saumon, entre autres) et les jaunes d’œufs sont considérés comme des sources complémentaires de vitamine D, dans le cadre d’un régime alimentaire axé sur les personnes de plus de 50 ans qui pratiquent une activité physique.

Et il n’est pas moins important de maintenir une bonne hydratation avant, pendant et après l’exercice. La déshydratation et la surhydratation peuvent toutes deux affecter les performances et augmenter le risque de blessures musculaires.

Le type d’exercice pratiqué est-il important ?

Jusqu’à présent, nous avons vu comment l’alimentation influence les performances sportives et, finalement, le risque de blessures. Maintenant, l’équation comporte une autre inconnue : le type d’exercice effectué.

À ce stade, nous assistons actuellement à un débat intéressant sur le type d’exercices appropriés en fonction de l’âge, du sexe ou de la composition corporelle ; la question est de savoir s’il est préférable de privilégier les exercices de musculation, d’alterner avec des séances de cardio ou de faire les deux sur des jours différents.

Quoi qu’il en soit, et malgré les différentes théories à ce sujet, une chose est claire : faire de l’exercice de manière régulière, adapté aux capacités de chaque personne et avec un bon suivi médico-nutritionnel, réduit le risque de maladies multiples et améliore la qualité de vie.

The Conversation

Patricia Yárnoz Esquíroz est membre de CODINNA, SEEDO, IdiSNA, SENPE et collabore avec l’AECC.

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Détruire une carrière professionnelle, nouvelle forme de harcèlement moral

Source: – By Michel Naim, Enseignant chercheur de management, EBS Paris

En 2024, 35 % des actifs déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail. Certaines catégories sont particulièrement touchées, comme les moins de 35 ans et les femmes, même si les hommes n’en sont pas pour autant épargnés. PrazisImages/Shutterstock

La menace de détruire la carrière professionnelle se manifeste par des agissements répétés, qui altèrent la santé physique et/ou mentale. Une étude menée dans plus de dix pays analyse les mécanismes de ce phénomène insidieux, avec des codes aussi implicites qu’explicites. Quelles conclusions en tirer ? Quelles recommandations donner aux victimes ?


Le procès de trois anciens cadres d’Ubisoft, accusés notamment de harcèlement moral, s’est clos, à Bobigny, le 5 juin et le jugement est attendu pour le 2 juillet prochain. Une actualité qui illustre la question du harcèlement moral au travail.

Il « se manifeste par des agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits de la personne du salarié au travail et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».

Un phénomène qui est celui qui entraîne le plus de répercussions graves sur les individus, dans une moindre mesure sur les institutions.

Ce sujet est de plus en plus reconnu dans les milieux organisationnels. Une de ses formes n’a pas été étudiée de manière indépendante et approfondie : la menace de détruire la carrière professionnelle des autres.

À travers une étude (à paraître) qualitative de 26 entretiens avec des salariés, issus du secteur public ou privé, au Canada, en France, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Liban, en Égypte et en Irak, nous nous efforçons d’expliquer le mécanisme de ce phénomène.

Avec quelles conclusions à tirer ? Quelles différences entre pays développés et en développement ? Pour quelles recommandations ?

Environnement professionnel malsain

Ce harcèlement moral repose sur l’utilisation de l’autorité ou de l’influence pour infliger des dommages psychologiques. L’objectif ? Manipuler émotionnellement en menaçant de détruire la carrière d’autrui, ou de nuire réellement à l’avenir professionnel de la victime.

En 2002, les chiffres du baromètre national du harcèlement au travail sont édifiants : 35 % des salariés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail. Certaines catégories d’actifs sont particulièrement touchées, notamment les moins de 35 ans (43 %), les femmes (38 %), même si les hommes sont loin d’être épargnés (31 %).

Ce comportement toxique est souvent motivé par des conflits personnels, la peur de la concurrence, le leadership narcissique, la jalousie, la stigmatisation ou la discrimination, comme l’atteste un salarié interrogé :

« Simplement à cause de mes opinions politiques, on m’a clairement fait comprendre que si je ne m’alignais pas avec certaines vues, mon avenir dans l’entreprise serait compromis. C’est une forme de harcèlement insidieuse, où la liberté d’expression est étouffée sous prétexte de maintenir une “certaine ligne”. »

Les origines de ce type de harcèlement résident dans des environnements professionnels malsains, où les règles sont ambiguës et les relations sont tendues :

« Cette pression constante, associée aux menaces, m’a fait réaliser à quel point le harcèlement peut se manifester dans des espaces de travail où la communication et la confiance font défaut. »

Cette ambiguïté du management peut créer un climat où les salariés restent incertains quant aux attentes à leur égard, générant des tensions, des erreurs et même des conflits.

Menaces explicites et implicites

Ce type d’intimidation s’exerce souvent sous forme de pressions psychologiques, de manipulation émotionnelle ou de menaces voilées. La diffusion de rumeurs malveillantes est l’un des outils les plus courants. Elle vise à ternir la réputation de la victime et à semer le doute sur sa crédibilité. Saboter les projets clés ou retirer des opportunités importantes constitue une autre tactique, privant ainsi la victime des moyens de démontrer ses compétences.

« J’ai rapidement compris que certaines remarques et comportements étaient des menaces subtiles contre ma carrière. C’est une forme de pression insidieuse qui crée un climat de peur et de soumission. »




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Les évaluations professionnelles biaisées ou manipulées peuvent dégrader artificiellement les performances perçues de la personne ciblée. Elles faussent la perception des compétences et des contributions réelles de l’employé, impactant négativement sa trajectoire professionnelle. Des menaces explicites ou implicites de licenciement ou de réduction des avantages professionnels sont fréquemment utilisées pour instiller la peur. Ces méthodes sont souvent complétées par une marginalisation sociale, visant à isoler la victime de ses collègues.


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Chantage permanent

Ensemble, ces tactiques créent une atmosphère toxique qui mine la confiance et bloque tout épanouissement professionnel. La plus grande inquiétude de la victime reste la menace de ternir sa réputation après avoir quitté son travail, notamment auprès d’employeurs potentiels :

« Lors de la réunion au cours de laquelle mes employeurs m’ont dit que j’allais être licencié, sans aucune preuve, je leur ai parlé des organisations où je travaille à temps partiel. La responsable, totalement narcissique, a immédiatement pris le stylo et a commencé à écrire les noms des organisations avec un sourire diabolique sur le visage, dans une tentative apparente de me menacer de les contacter pour me discréditer. »

Voire même aller au-delà du préjudice professionnel… dans la sphère privée. Le harcèlement au travail peut conduire à des menaces judiciaires.

« Lorsque ils ont échoué à fournir une preuve prouvant que j’avais enfreint les règles du travail, ils m’ont soudainement informé qu’une dame se plaignait de moi, affirmant que je l’avais terrifiée en lui parlant. Ce qui est absolument faux. Puis ils ont insinué sournoisement la possibilité d’aller en justice. Bien que je sois innocent à cent pour cent, comparaître devant la justice pour des accusations fausses à mon encontre pourrait effectivement entraîner une décision judiciaire injuste à mon égard. C’est pourquoi, j’ai choisi de garder le silence. J’ai cessé d’affirmer que j’étais victime d’injustice. »

Pression et dépression

Les conséquences de la menace de destruction de carrière sont graves et multiples, affectant aussi bien la victime que l’organisation. Sur le plan psychologique, la victime subit un stress intense, une perte de confiance en soi, et parfois même des troubles émotionnels tels que l’anxiété ou la dépression. Professionnellement, cette pression peut entraîner un ralentissement de la progression de carrière, voire un départ forcé ou volontaire du poste, ou même des dommages à l’avenir professionnel. Pour l’organisation, ces comportements entraînent une baisse de la productivité globale, une augmentation du turnover et une difficulté à retenir ou à attirer les talents ; ce qui nuit à sa réputation et à sa performance.

« Ils ont suivi ma page LinkedIn pour savoir où je travaillerai, pour ruiner ma carrière. Ils sont vraiment cruels. Je n’ai commis aucune erreur. Le problème est que je suis en désaccord avec eux sur les opinions politiques et religieuses. »

Les conséquences pour les salariés dans les pays développés –  Canada, en France, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni – sont généralement moins sévères que dans les pays en développement – Liban, en Égypte et en Irak. En raison de systèmes sociaux et économiques plus robustes, les travailleurs dans les pays développés peuvent bénéficier de prestations de chômage et de réseaux de soutien pour les aider à surmonter le licenciement du travail, par exemple.

Réaction des victimes

Les réactions de la victime varient en fonction de sa personnalité, de son réseau de soutien et des circonstances sociales et professionnelles. Certaines peuvent adopter des stratégies de confrontation directe, tandis que d’autres préfèrent l’évitement ou la soumission.

« Je n’ai jamais gardé le silence. Je l’ai confronté et lui ai dit qu’il s’agissait d’une menace et d’une tentative de manipulation que je n’accepterais pas. »

Les différences entre pays en développement et pays développés sont multiples. Recourir à la justice dans les pays développés est plus sûr et facile si un salarié est exposé à de mauvais traitements au travail. Certains employés peuvent transformer la menace en opportunité en recherchant un meilleur emploi ou en devenant entrepreneurs.

Les conditions organisationnelles, telles que la culture de l’entreprise et les politiques en matière de gestion des conflits, jouent également un rôle crucial dans la manière dont la victime réagit et s’adapte à cette forme de harcèlement.

Pour éradiquer cette forme de harcèlement, les organisations doivent instaurer une culture de respect et de collaboration, mettre en place des politiques claires contre le harcèlement et proposer des canaux de signalement sécurisés pour les employés.

Notre étude tire quelques recommandations à destination de la victime : restez calme, évaluez la situation, documentez tout, communiquez, recherchez du soutien, envisagez une action en justice, concentrez-vous sur votre travail, pratiquez des activités qui vous aident à gérer le stress et planifier votre avenir.

The Conversation

Michel Naim ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Détruire une carrière professionnelle, nouvelle forme de harcèlement moral – https://theconversation.com/detruire-une-carriere-professionnelle-nouvelle-forme-de-harcelement-moral-252097

Mieux accompagner la santé mentale au travail : la stratégie des petits pas

Source: – By Tarik Chakor, Maître de conférences en sciences de gestion, Aix-Marseille Université (AMU)

Selon le baromètre Qualisocial-Ipsos 2025 sur la santé mentale au travail, 25 % des salariés estiment avoir une mauvaise santé mentale, avec une population féminine particulièrement touchée – 29 % des femmes, contre 21 % des hommes. PeopleImages-Yuri A./Shutterstock

Comment agir efficacement et de manière pérenne pour préserver la santé mentale des individus au travail et prévenir une détérioration de leur qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) ? Un credo : privilégier les petites victoires à une grande défaite. L’acteur clé : le manager de proximité.


La Semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) aura lieu du 16 au 20 juin 2025 sur tout le territoire français. Cette initiative, lancée par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) en 2004 a pour objectif de promouvoir le débat et de favoriser le partage de pratiques en santé au travail, notamment au niveau mental et psychologique.

Bien que présente dans le débat public et scientifique depuis le début des années 2000, notamment avec les travaux de la psychiatre Marie-France Hirigoyen autour du harcèlement moral, puis de la vague de suicides chez France Télécom dès 2006, la question de la santé mentale au travail se pose toujours au sein des organisations. Selon le baromètre Qualisocial-Ipsos 2025 sur la santé mentale au travail, 25 % des salariés estiment avoir une mauvaise santé mentale, avec une population féminine particulièrement touchée – 29 % des femmes, contre 21 % des hommes.

Malgré la succession de quatre plans Santé-Travail, de deux accords nationaux interprofessionnels (ANI) sur la QVT (en 2013 puis en 2020)
ou de multiples rapports officiels, une question semble rester en suspens : comment agir efficacement – et de manière pérenne – pour préserver la santé mentale des individus au travail et prévenir une détérioration de leur QVCT ?

Santé mentale au travail : de quoi parle-t-on ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé mentale correspond à « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté ». Elle n’est pas uniquement l’absence de troubles mentaux, mais plutôt un état dynamique pouvant être influencé par de nombreux facteurs. Les causes, mais également les manifestations peuvent varier d’une personne à une autre.

Dans la sphère professionnelle, de nombreux concepts en lien avec la santé mentale ont émergé depuis une vingtaine d’années : stress, risques psychosociaux, burnout, mais également bien-être, qualité de vie au travail (QVT) et QVCT plus récemment, dans une approche plus positive de la santé au travail. La santé mentale au travail concerne tous les niveaux hiérarchiques, tous secteurs d’activité confondus : direction, encadrement, management de proximité, exécutants mais aussi travailleurs indépendants.

« Greatwashing »

Les acteurs tels que l’Anact ou l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), ainsi que de nombreux articles scientifiques, notamment en gestion des ressources humaines, défendent depuis une dizaine d’années une approche spécifique de l’action en santé au travail.

Ils souhaitent débattre collectivement de l’activité réelle de travail, des conditions et du contenu du travail, garantir aux salariés une capacité d’expression et d’action autour de leur travail, co-construire le diagnostic de la situation de travail et proposer des dispositifs adaptés et partagés.




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La situation ne semble pas s’améliorer au sein des organisations, elle semble même empirer, notamment au sortir de la crise sanitaire et des épisodes de confinement. De multiples obstacles à la prévention en santé mentale au travail sont apparus :

  • le déni des salariés et/ou de leur encadrement, notamment dans un contexte de crise et d’instabilité économiques ;

  • la difficulté à mettre en mots les maux (pas de liens stricts de cause à effet entre des contextes de travail et des manifestations de dégradation de la santé mentale au travail) ;

  • la forte dimension subjective du vécu du travail et de ses risques.


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Plus largement d’autres obstacles émergent. Certains accords de prévention en entreprise sont scellés a minima. Ils questionnent peu ou pas l’organisation du travail avec des actions plus individualisées (cellules d’écoute, formations, etc.), une déresponsabilisation de l’organisation, privilégiant des actions visibles et sur le court terme, leur permettant de communiquer rapidement, voire d’améliorer leur marque employeur, jusqu’à potentiellement tomber dans le « greatwashing ».

Une autre limite identifiée est en lien avec le taux de rotation des personnels encadrants. Les actions et les résultats de courte durée sont préférés, dans une optique de carrière, plutôt que des actions sur le long terme, dont les résultats sont peu visibles, et donc peu valorisables.

Privilégier les petites victoires à une grande défaite

Nous pensons que, pour être efficace et pérenne, l’action en santé mentale au travail doit reposer sur deux piliers : le pragmatisme managérial et la subsidiarité.

Face aux difficultés telles que l’instrumentalisation de la prévention, les stratégies et rapports de force entre acteurs, la déresponsabilisation de l’organisation et l’individualisation des maux, nous défendons l’idée d’une action modeste, simple, identifiable et identifiée. Elle vise en priorité à agir sur ce qui est possible, faisable, et « au bon niveau », avec les parties prenantes concernées.

Cette stratégie des petits pas et des petits groupes, appliquée au management de la santé au travail, semble lever certains blocages. Elle permettrait aux acteurs de s’entendre plus facilement sur les termes employés, facilitant un diagnostic partagé, situé, dans un périmètre limité – un service, un groupe de travail, une équipe, etc. Cette stratégie faciliterait également l’instauration d’un dialogue et d’une saine conflictualité, ou la rendrait a minima moins complexe et risquée. Le principe de subsidiarité prendrait ici tout son sens, en réglant le problème là où il se pose, par et avec les personnes directement concernées.

Toute ambition démesurée en santé au travail nous semble perdue d’avance, voire contre-productive, la gestion de la santé mentale au travail pouvant paradoxalement dégrader cette dernière.

Le rôle du manager de proximité nous semble décisif : bien que la QVCT soit « l’affaire de toutes et de tous », elle nous semble être particulièrement l’affaire de ces encadrants, positionnés au plus proche du réel, en prise avec sa complexité et pouvant, plus que les autres, mettre en débat l’activité de travail.

The Conversation

Tarik Chakor ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Mieux accompagner la santé mentale au travail : la stratégie des petits pas – https://theconversation.com/mieux-accompagner-la-sante-mentale-au-travail-la-strategie-des-petits-pas-248922

Détricotage des politiques écologiques : le grand retour de bâton. Entretien avec François Gemenne

Source: – By François Gemenne, Chercheur en science politique, spécialiste du climat et des migrations, HEC Paris Business School

Alors que la troisième conférence de l’ONU sur l’océan vient de s’achever, en France, les reculs sur l’écologie se multiplient : « mise en pause » des aides à la rénovation thermique, restrictions des normes d’artificialisation des sols, autorisation de pesticides dangereux, suppression des zones à faible émission. Le « backlash » (retour de bâton) concernant l’écologie est spectaculaire, au niveau politique comme dans le monde des entreprises. Pourtant, l’opinion reste favorable à des choix écologiques ambitieux. Comment l’expliquer ? Comment y remédier ? Entretien avec le politiste François Gemenne.


The Conversation : Comment analysez-vous les choix politiques faits par le gouvernement Bayrou ou par des alliances parlementaires qui rassemblent généralement le centre, la droite et l’extrême droite – mais aussi LFI – pour la suppression des zones à faibles émission ?

François Gemenne : À l’évidence, il y a une tendance de fond, et elle est très inquiétante. Ces reculs témoignent du fait qu’en France, l’engagement écologique a été contraint et pas choisi. Il s’agissait de le faire parce que les scientifiques alertaient, parce que les militants alertaient, mais nous n’avons pas réussi à faire de l’écologie un vrai projet économique, social et démocratique.

Si l’on regarde du côté de la Chine, on constate que ce pays a fait de la transition un projet moteur pour dynamiser son économie (sur les marchés de la voiture électrique, du solaire, des batteries, du nucléaire) et pour gagner en puissance sur la scène internationale. Mais les Européens regardent surtout du côté de Washington, qui se désengage. Du coup, la transition est désormais perçue comme un frein à la compétitivité ou comme un engagement « woke ».

Emmanuel Macron s’est récemment exprimé en critiquant le gouvernement Bayrou sur l’écologie. Avec la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) qui se tenait à Nice, le président de la République a affiché une ambition écologique forte. Que pensez-vous de son action et de son bilan ?

F. G. : La conférence sur les océans était un exercice de communication et de diplomatie plutôt réussi de la part d’Emmanuel Macron, même si, au plan des résultats, le bilan est relativement modeste.

La conférence a permis de glaner les derniers signataires pour le traité sur la haute mer. Il a également permis de poser frontalement le sujet de l’exploitation minière des fonds marins, sur lequel rien n’est gagné.

Pour le reste – techniques de pêche, chalutage, aires marines protégées –, il y a eu très peu d’avancées.

Concernant les critiques formulées par Emmanuel Macron envers le « détricotage » des politiques écologiques par le gouvernement Bayrou, je rappellerai que le bilan du président est loin d’être spectaculaire en la matière. Il y a eu des avancées, mais souvent modestes et loin des ambitions affichées. Par ailleurs, le président Macron a une part de responsabilité dans les reculs : c’est lui qui a demandé une « pause » dans les normes environnementales européennes en mai 2023. Enfin, critiquer un gouvernement qu’il a choisi semble un peu facile.

Quel lien faites-vous entre le recul du consensus sur l’écologie et la montée en puissance de forces réactionnaires ou d’extrême droite ?

F. G. : Pour les forces réactionnaires, la transition écologique est devenue un totem à abattre. Or, cela n’a pas toujours été le cas. Souvenons-nous du consensus qui s’était formé au moment des marches pour le climat, portées par Greta Thunberg, vers 2018. Ce consensus s’est achevé vers 2023-2024 et, désormais, l’écologie est devenue un sujet très polarisé. Pourtant, ce consensus en faveur de l’écologie reste très fort dans la population : 85 % des Français disent vouloir davantage d’action de leurs gouvernements face au changement climatique, par exemple. Le débat public amplifie donc les voix des 15 % qui veulent en finir avec la transition.

Professeur à HEC, vous rencontrez de nombreux chefs d’entreprises. Quelle est leur position dans ce contexte de recul écologique ?

F. G. : Les entreprises réagissent aux mouvements de société. Certaines entreprises ont joué le jeu d’une mode, visant de nouveaux contrats, de nouveaux clients, de nouveaux marchés, à travers l’engagement écologique. Dès lors que la transition apparaît comme moins désirable et plus clivante, elles changent de cap : elles investissent dans l’intelligence artificielle, ou dans ce qu’elles perçoivent comme l’enjeu du moment – comme si ces enjeux étaient en concurrence entre eux.

D’autres entreprises maintiennent leur engagement écologique, mais n’en parlent plus, de crainte d’être accusées de « greenwashing » par des militants, ou par crainte de perdre des marchés, notamment aux États-Unis. Elles vont donc cacher leur action, comme si c’était quelque chose de honteux, laissant croire qu’il ne se passe plus rien.

Le PDG d’une très grande entreprise française de service me confiait récemment qu’il ne communiquait plus sur son engagement écologique pour protéger son marché, ou ses collaborateurs, aux États-Unis. Mais en Europe aussi, les entreprises sont prises entre deux feux. Le fait qu’une certaine gauche ait associé la transition à la « lutte des classes », par exemple, complique les choses pour embarquer les entreprises.

Au-delà des effets de mode, l’organisation actuelle des marchés permet-elle aux acteurs économiques de réellement s’engager dans la transition ?

F. G. : C’est le problème de fond. Le modèle économique ne permet pas aux entreprises d’aller au bout de leur démarche. Le bio dans l’agriculture recule, une partie de l’industrie européenne, notamment automobile ne parvient pas développer son offre électrique. Enfin, toute une série d’investissements dans la décarbonation n’ont pas vraiment été faits, et on a assisté à certaines faillites retentissantes comme celle de Northvolt. Finalement, de nombreuses entreprises qui voulaient pivoter n’ont pas réussi à trouver de vrais modèles économiques de rentabilité.

Nous avons un vrai problème de régulation macro-économique du côté des taux d’intérêt directeurs des investissements, ou dans la manière d’intégrer le coût carbone dans les productions. Tant que l’on n’intégrera pas les coûts environnementaux des biens et des services produits, la transition sera limitée.


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Un exemple frappant est celui de la législation européenne sur les normes comptables CSRD qui visait à juger de la performance des entreprises à l’aune de leurs résultats sociaux et environnementaux, et plus uniquement de leurs résultats financiers. Cette législation était largement imparfaite, mais elle allait dans le sens d’une régulation structurante. Or, aujourd’hui, l’Europe recule et donne un signal terrible aux entreprises. Celles qui ont investi des millions pour anticiper cette nouvelle comptabilité vont être pénalisées au détriment de celles qui n’ont rien fait.

Comment aborder le discours écologique pour qu’il redevienne audible ?

F. G. : Il faut se débarrasser du discours écologiste culpabilisant et donneur de leçons – a fortiori si ces leçons sont données par des individus nantis qui semblent vouloir régenter la vie des pauvres.

Par ailleurs, il faut mettre en avant les bénéfices associés à la transition, assumer un discours égoïste sur ce que chacun peut gagner concrètement : moins de dépenses en carburant ou en chauffage, un meilleur confort dans les habitats, une meilleure santé pour les individus ; une plus grande compétitivité et de nouveaux marchés pour les entreprises ; moins de dépendance énergétique à des dictatures comme la Russie et plus de puissance pour l’Europe…

Il semble également pertinent de communiquer sur les risques comme le fait le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. En substance, il répète que les risques environnementaux peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la finance et sur l’économie, et qu’il est irresponsable de les ignorer. C’est un discours hyperrationnel et très pragmatique, pas du tout politique ou moral.

Enfin, un discours constructif sur l’écologie peut être associé à un nouveau projet de société. En questionnant sans cesse ses choix et en doutant de ses actions, en louvoyant, selon l’air du temps, l’Europe, comme le gouvernement français, a du mal à fixer un cap et à construire. Or, la transition représente un modèle économique porteur, mais aussi un nouvel horizon politique et démocratique.


Propos recueillis par David Bornstein.

The Conversation

François Gemenne est président du Conseil scientifique de la Fondation pour la Nature et l’Homme, président du Sustainable Finance Observatory, président de l’Alliance pour la décarbonation de la route.

Ses projets de recherche ont reçu des financements des programmes Horizon, Twinning, Acronym, Habitable, Magyc.

ref. Détricotage des politiques écologiques : le grand retour de bâton. Entretien avec François Gemenne – https://theconversation.com/detricotage-des-politiques-ecologiques-le-grand-retour-de-baton-entretien-avec-francois-gemenne-259157

Peut-on vraiment prévenir les arrêts cardiaques avec du champagne ou du vin blanc ? Retour sur une étude aux résultats trompeurs

Source: – By Mickael Naassila, Professeur de physiologie, Directeur du Groupe de Recherche sur l’Alcool & les Pharmacodépendances GRAP – INSERM UMR 1247, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)

Une étude prétend que consommer du champagne ou encore utiliser son ordinateur réduirait le risque d’arrêt cardiaque soudain. Mais elle présente des biais méthodologiques majeurs ! Ses soi-disant résultats ne doivent donc pas être pris en compte.


Il y a des études scientifiques qui font sourire, d’autres qui interrogent, et certaines qui, bien qu’habillées du vernis de la rigueur, diffusent des conclusions aussi fragiles que les bulles d’un verre de champagne.

C’est le cas d’un article récemment publié dans le Canadian Journal of Cardiology qui conclut, entre autres, que la consommation de champagne et/ou de vin blanc pourrait protéger contre l’arrêt cardiaque soudain.

Ce n’est pas une blague, c’est le résultat d’une étude sérieuse… du moins en apparence.




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Un cocktail de données et d’algorithmes

L’étude, conduite par une équipe chinoise, repose sur l’analyse des données de la UK Biobank, une vaste base d’information médicale et comportementale rassemblée auprès de plus de 500 000 volontaires britanniques).

Les chercheurs ont sélectionné 125 « facteurs de risque modifiables » (comme la consommation d’alcool, le temps passé sur l’ordinateur ou les sentiments d’irritabilité) et ont évalué leur lien avec la survenue d’un arrêt cardiaque soudain, sur une période de près de quatorze ans.

Pourquoi 125 ? Pourquoi pas 300 ? Ou 28 859, qui correspond au nombre initial de variables ? On ne saura jamais. Ce choix arbitraire, filtré par des critères aussi opaques qu’un vin trop vieux, a permis de faire ressortir que les buveurs de champagne ou de vin blanc et les amateurs d’ordinateurs seraient mieux protégés des arrêts cardiaques.

Le tout repose sur une approche dite exposomique, qui vise à explorer sans a priori un grand nombre de facteurs environnementaux et comportementaux.




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Pour aller plus loin, les auteurs ont utilisé une méthode sophistiquée – la randomisation mendélienne –, censée permettre d’inférer un lien de causalité entre certains comportements et les arrêts cardiaques.

Le résultat : 56 facteurs seraient associés au risque d’arrêt cardiaque, dont 9 considérés comme causaux. Parmi les facteurs mis en avant comme protecteurs : la consommation de champagne ou de vin blanc, la consommation de fruits secs, ou encore le temps passé sur un ordinateur.

Au passage, six autres facteurs sont présentés comme ayant un lien délétère : le sentiment de ras-le-bol, la quantité et le taux élevés de masse grasse mesurés au bras, l’indice de masse corporelle (IMC), la pression artérielle systolique et un niveau d’éducation inférieur.

Quand la génétique s’égare

La randomisation mendélienne est une méthode puissante, souvent présentée comme un « essai clinique naturel » fondé sur la génétique. L’idée est la suivante : certaines variantes génétiques influencent nos comportements ou traits biologiques (comme l’indice de masse corporelle) et, en les étudiant, on peut tenter d’estimer l’effet causal de ces comportements sur la santé, sans les biais habituels des études observationnelles.




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Mais cette méthode repose sur trois hypothèses très fortes, qui doivent être absolument vérifiées pour pouvoir conclure :

  1. Les gènes choisis doivent être fortement liés au comportement étudié (ex. : boire du champagne).

  2. Ils ne doivent pas être associés à d’autres facteurs (pas de « confusion »). Or, il est peu probable que les buveurs de champagne aient exactement les mêmes conditions de vie que les autres.

  3. Ils doivent influencer l’arrêt cardiaque seulement via la consommation de champagne, et non par d’autres biais sociétaux ou comportementaux (pléiotropie horizontale).


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Une étude récente réalisée par la Société française d’alcoologie a, par exemple, montré que la consommation d’alcool a un lien causal démontré par la randomisation mendélienne sur de nombreuses pathologies : les cancers de la cavité buccale, de l’oropharynx, de l’œsophage, le cancer colorectal, le carcinome hépatocellulaire et le mélanome cutané, ainsi que sur les maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension, la fibrillation atriale (un trouble du rythme cardiaque qui accélère le cœur et le fait battre de manière irrégulière), l’infarctus du myocarde et les maladies vasculaires.

Dans l’étude publiée dans le Canadian Journal of Cardiology, plusieurs de ces hypothèses sont probablement faussées. Par exemple, les gènes supposés influencer la consommation de champagne ou de vin blanc pourraient tout aussi bien refléter un statut socio-économique élevé ou des préférences culturelles qui, eux-mêmes, sont liés au risque de maladies cardiovasculaires. C’est ce qu’on appelle la pléiotropie, un biais bien connu en génétique, (également évoqué plus haut dans l’article, ndlr).

L’étude repose en grande partie sur des données autodéclarées (consommation d’alcool, sentiments de ras-le-bol, usage de l’ordinateur), ce qui apporte un niveau de subjectivité supplémentaire. À cela s’ajoute une absence totale de prise en compte des changements dans le temps : boire du champagne à 55 ans n’implique pas qu’on en boira encore à 68, l’âge moyen des arrêts cardiaques dans cette cohorte.

Des résultats aussi exagérés que séduisants

Les résultats montrent un effet protecteur du champagne et de l’ordinateur. Sauf que… surprise ! Les méthodes de sensibilité, qui permettent de juger de la robustesse des résultats (randomisation mendélienne et médiane pondérée), ne trouvent souvent aucune significativité, voire un effet inversé.

La robustesse des résultats étant remise en cause, la prudence doit être de mise. Car les conclusions ne tiennent plus debout quand on change un peu les calculs et les hypothèses de départ. Cela révèle ainsi que ces résultats peuvent être influencés par des biais ou par des incertitudes cachées.

Le plus spectaculaire dans l’étude, ce n’est pas tant le champagne que les chiffres avancés : selon les auteurs, jusqu’à 63 % des arrêts cardiaques pourraient être évités si les facteurs de risque étaient corrigés. Ce chiffre impressionnant repose sur un calcul appelé « fraction de risque attribuable », qui suppose que l’on peut modifier les comportements sans que cela ne change rien d’autre dans la vie des personnes. Une hypothèse très contestable : améliorer son alimentation modifie aussi souvent le poids, le sommeil ou l’humeur.

Plus grave encore : seuls 9 des 56 facteurs identifiés seraient réellement causaux, selon les auteurs eux-mêmes. En d’autres termes, un lien de cause à effet ne serait avéré que pour 9 facteurs sur 56. Il est donc méthodologiquement incohérent de calculer une fraction de risque globale sur la base de données aussi incertaines.

Un cas d’école de surinterprétation

Le problème ici n’est pas l’utilisation des données massives ni des outils statistiques modernes. C’est la surinterprétation des résultats, l’usage approximatif des méthodes et la communication d’un message qui frôle le sensationnalisme scientifique.

En faisant croire qu’un verre de champagne ou quelques heures d’écran pourraient sauver des vies, on détourne l’attention des véritables leviers de prévention : l’arrêt du tabac, la réduction de l’hypertension, la lutte contre les inégalités sociales et l’accès aux soins.

Le risque est de promouvoir une vision naïve de la prévention centrée sur des comportements individuels anodins, au détriment des politiques de santé publique ambitieuses.

La science mérite mieux

Il est essentiel de rester critique face aux résultats trop beaux pour être vrais, surtout lorsqu’ils concernent des sujets graves comme l’arrêt cardiaque. La recherche épidémiologique a tout à gagner à la transparence méthodologique, à la prudence dans les interprétations, et à l’humilité dans la communication des résultats.




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Le champagne et le vin blanc ne sont pas des médicaments. Et une étude, même statistiquement sophistiquée, ne vaut que par la solidité de ses hypothèses.

Si vous voulez vraiment réduire votre risque cardiovasculaire, préférez une marche quotidienne à un verre de bulles, même si c’est moins festif.

The Conversation

Mickael Naassila est Président de la Société Française d’Alcoologie (SFA) et de la Société Européenne de Recherche Biomédicale sur l’Alcoolisme (ESBRA); Vice-président de la Fédération Française d’Addictologie (FFA) et vice-président junior de la Société Internationale de recherche Biomédicale sur l”Alcoolisme (ISBRA). Il est membre de l’institut de Psychiatrie, co-responsable du GDR de Psychiatrie-Addictions et responsable du Réseau National de Recherche en Alcoologie REUNRA et due projet AlcoolConsoScience

ref. Peut-on vraiment prévenir les arrêts cardiaques avec du champagne ou du vin blanc ? Retour sur une étude aux résultats trompeurs – https://theconversation.com/peut-on-vraiment-prevenir-les-arrets-cardiaques-avec-du-champagne-ou-du-vin-blanc-retour-sur-une-etude-aux-resultats-trompeurs-257257

Pourquoi Saint-Pierre-et-Miquelon a-t-il été pris pour cible par Donald Trump et Laurent Wauquiez ?

Source: – By Paco Milhiet, Visiting fellow au sein de la Rajaratnam School of International Studies ( NTU-Singapour), chercheur associé à l’Institut catholique de Paris, Institut catholique de Paris (ICP)

Après Donald Trump, qui a menacé l’archipel français d’être taxé à 50 % sur ses exportations de poisson, le député LR Laurent Wauquiez a proposé d’y envoyer les étrangers sous OQTF, le 9 avril. Victime de ce double « bad buzz », les autorités locales du territoire de 5000 habitants ont réagi avec humour à travers une campagne promotionnelle « OQTF » (On Quitte Tout Facilement pour vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon), mettant en avant sa qualité de vie et ses paysages exceptionnels.


Saint-Pierre-et-Miquelon est un petit archipel français situé au large de Terre-Neuve, dans la partie nord-ouest de l’océan Atlantique.

Une carte montre les îles au large de la côte de Terre-Neuve et sa zone économique exclusive
Carte de Saint-Pierre-et-Miquelon et de sa zone économique exclusive.
(Eric Gaba)

Le territoire ne s’étend que sur 244 kilomètres carrés et compte seulement 5 800 habitants. Il a néanmoins récemment fait parler de lui à l’échelle internationale, d’une part en raison de son inclusion dans une vague d’imposition de droits de douane par les États-Unis et, d’autre part, à cause d’une remarque controversée de Lurent Wauquiez, président du groupe parlementaire LR, suggérant d’y déporter des sans-papiers.

Ces événements sont l’occasion d’examiner les liens historiques et géopolitiques complexes qui concernent Saint-Pierre-et-Miquelon et qui impliquent la France, le Canada et les États-Unis.

Dernier territoire français dans la région

Visité par les peuples autochtones pendant près de 5 000 ans, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon a été découvert par des navigateurs européens à la fin du XVe siècle pour ensuite être officiellement revendiqué pour la France par Jacques Cartier en 1536.

L’archipel est rapidement devenu une base stratégique pour les pêcheurs français de morue et de baleine. Au cours des siècles suivants, la France et la Grande-Bretagne se sont âprement disputé ces îles, qui ont changé de mains à plusieurs reprises avant d’être définitivement rendues à la France en 1816.

Au XXe siècle, l’archipel a été le théâtre de conflits incessants entre le Canada et la France autour de la pêche.

Ces conflits ont atteint leur paroxysme en 1988 avec la saisie de navires de pêche, le rappel d’ambassadeurs et la violation d’accords. Malgré des droits historiques inscrits dans des traités, l’accès de la France aux zones de pêche a diminué après le moratoire sur la pêche à la morue décrété par le Canada en 1992, ainsi qu’une décision arbitrale accordant à Saint-Pierre-et-Miquelon une zone économique exclusive de seulement 38 kilomètres autour de l’archipel, à l’exception d’une bande de 16 kilomètres qui s’étend sur 320 kilomètres vers le sud.

Ces deux événements ont eu des répercussions économiques importantes pour Saint-Pierre-et-Miquelon

Des droits de douane exceptionnels

Aujourd’hui, l’économie locale est faible, représentant moins de 0,001 % du PIB de la France, et dépend fortement des fonds publics et des apports extérieurs, notamment du Canada voisin.

Néanmoins, le territoire a d’abord été inclus dans les cibles des tarifs douaniers dits du « jour de la libération », annoncés par le président américain Donald Trump en avril. Il a été soumis à des droits de douane de 50 %, ce qui en a fait temporairement un des territoires les plus taxés au monde, à l’égal du Lesotho, pays africain enclavé.

Si Trump a fait volte-face et ramené les droits de douane à 10 % quelques jours plus tard, la décision initiale laisse perplexe étant donné le poids économique minime de l’archipel et sa position géopolitique périphérique. Pourquoi l’administration Trump a-t-elle ciblé aussi brutalement ces îles ?

Flétan et géopolitique

Les relations commerciales entre Saint-Pierre-et-Miquelon et les États-Unis étaient équilibrées de 2010 à 2025, sauf en juillet 2024, où un écart marqué est apparu. Les États-Unis ont alors importé pour 3,4 millions de dollars de marchandises en provenance des îles, tandis que leurs exportations n’ont totalisé que 100 000 dollars sur toute l’année.

Le gouvernement américain a interprété ce déséquilibre commercial de 3 300 % pour l’année 2024 comme la preuve de l’imposition d’un droit de douane de 99 % par le territoire. Le même type de calcul erroné a été utilisé pour d’autres pays.

D’où vient cet écart en juillet 2024 ?

Selon plusieurs rapports, cette anomalie statistique est en fait le résultat d’un différend de longue date entre la France et le Canada au sujet des quotas de pêche dans les eaux bordant Saint-Pierre-et-Miquelon.

Historiquement, le territoire exporte principalement des produits de la mer vers la France et le Canada, et presque rien vers les États-Unis.

Pourtant, en juin 2024, un bateau français a déchargé plusieurs tonnes de flétan – un poisson cher et très prisé des gastronomes – à Saint-Pierre.

Bien que la prise ait été effectuée dans les eaux internationales et qu’elle soit techniquement légale, elle s’est déroulée dans un contexte de tensions entre la France et le Canada concernant les stocks de flétan et la durabilité de l’espèce dans la région.

En raison de ces tensions, le poisson a été redirigé vers le marché américain et vendu pour 3,4 millions de dollars, devenant ainsi la cause de l’imposition de droits de douane élevés par l’administration Trump.

La France et le Canada sont parvenus à une entente sur le flétan plus tard en 2024. Mais cette « guerre du flétan » n’est que le plus récent exemple des conflits récurrents entre les deux pays concernant les quotas de pêche au large des Grands Bancs de Terre-Neuve, une des zones de pêche les plus abondantes au monde.

Ainsi, les droits de douane élevés imposés par les États-Unis à l’archipel français, même s’ils ont été rapidement modifiés, étaient une conséquence indirecte des vieilles tensions entre la France et le Canada.

Un nouvel Alcatraz ?

Quelques jours après s’être remis du choc tarifaire, Saint-Pierre-et-Miquelon se retrouve à nouveau sur la sellette.

Laurent Wauquiez, l’un des prétendants LR à la présidence de la République, a proposé que les migrants faisant l’objet d’un ordre de quitter le territoire (OQTF) se voient offrir deux possibilités : être détenus à Saint-Pierre-et-Miquelon ou retourner dans leur pays d’origine.

Laurent Wauquiez lors d’une réunion des Républicains (LR) à Paris, le 9 février 2022.
Victor Velter

Ce n’est pas la première fois que des politiciens parlent d’expulser des prisonniers vers les territoires français d’outre-mer.

Cette suggestion s’inscrit dans la lignée de l’utilisation historique par la France de certains territoires comme sites de colonies pénitentiaires, notamment Cayenne, en Guyane française et la Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud.

Les propos de Laurent Wauquiez ont été largement condamnés pour leur ton méprisant et colonial, y compris par des membres du gouvernement.

En réponse, les autorités locales ont tenté de tirer parti de la controverse en lançant une campagne médiatique humoristique reprenant le sigle OQTF pour « On Quitte Tout Facilement pour vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon).

Trois publicités sur les réseaux sociaux
Annonces sur les réseaux sociaux de l’administration de Saint-Pierre-et-Miquelon inspirée par la proposition d’expulsion de Laurent Wauquiez.
(Compiled by Paco Milhiet)

Leur objectif était de changer le discours et de mettre en avant les attraits de l’archipel : faible taux de chômage, grande sécurité publique, paysages naturels exceptionnels et vie paisible et familiale, et ce, si possible, sans les lourds droits de douane américains.

The Conversation

Paco Milhiet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Pourquoi Saint-Pierre-et-Miquelon a-t-il été pris pour cible par Donald Trump et Laurent Wauquiez ? – https://theconversation.com/pourquoi-saint-pierre-et-miquelon-a-t-il-ete-pris-pour-cible-par-donald-trump-et-laurent-wauquiez-258262

L’océan est aussi l’affaire des élus locaux : exemples en Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie

Source: – By Gwenaël Leblong-Masclet, Chaire Mers, Maritimités et Maritimisations du Monde (4M), Sciences Po Rennes

À Lacanau, des projets de désurbanisation volontaire ont été lancés pour anticiper le recul du littoral, en concertation avec les habitants et les acteurs économiques. sylv1rob1/Shutterstock

La 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc 3) se tient à Nice à partir du 9 juin 2025. Elle met notamment en lumière un enjeu souvent sous-estimé : la place stratégique des collectivités territoriales dans la gouvernance maritime. Étude de cas à Lacanau en Aquitaine, au Parc naturel marin d’Iroise en Bretagne et au Parlement de la mer en Occitanie.


L’océan, théâtre des bouleversements de l’anthropocène, n’est pas une abstraction lointaine. Pour les territoires littoraux, il est une réalité concrète, quotidienne, faite de défis de submersion, d’érosion, d’aménagement, de développement portuaire ou encore d’adaptation des politiques touristiques. C’est depuis ces territoires que la préservation des océans peut – et doit – être repensée.

Dans un prochain article « Les politiques publiques locales au prisme de la maritimité » dans la revue Pouvoirs locaux, nous nous sommes demandé si, plutôt que de voir la mer comme un obstacle, nous la considérions comme un levier de transformation de l’action publique ?

Les élus au chevet du trait de côte

Les élus locaux sont les premiers à affronter les conséquences visibles du changement climatique : tempêtes plus fréquentes, recul du trait de côte, érosion accélérée. La compétence de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), confiée aux intercommunalités, les placent en première ligne.

À Lacanau, des projets de désurbanisation volontaire ont été lancés pour anticiper le recul du littoral, en concertation avec les habitants et les acteurs économiques. Au programme : suppression des parkings littoraux, aménagement d’un pôle d’échange multimodal plus à l’intérieur des terres, repositionnement des missions de secours ou encore le déplacement de certains commerces situés sur le front de mer.

Ce processus implique des arbitrages difficiles entre maintiens des activités touristiques, relocalisation des infrastructures, préservation des écosystèmes et accompagnement des habitants concernés. La loi Climat et résilience de 2021 a introduit des outils juridiques pour anticiper ce recul. Leur mise en œuvre concrète reste à parfaire. Sans action locale forte et coordonnée, les effets du changement climatique sur le littoral risquent d’être incontrôlables et, surtout, d’être une nouvelle source d’inégalités humaines et territoriales.

Gouverner un espace fragile

Si l’océan couvre 70 % de la planète, son interface avec la terre – le littoral – est l’un des espaces les plus disputés et les plus fragiles. Y coexistent des usages parfois antagonistes : tourisme, conchyliculture, urbanisation, activités portuaires, pêche, énergies marines renouvelables (EMR)… Cette multiplicité appelle une gouvernance intégrée, à la fois verticale – de l’échelon local à l’échelon international – et horizontale – entre acteurs publics, privés et citoyens.

Elle implique de penser une gouvernance écosystémique des littoraux, s’appuyant sur :

  • des mécaniques démocratiques multiscalaires (à plusieurs échelles),
  • les savoirs empiriques des communautés locales comme les pêcheurs,
  • les parties prenantes économiques.

Aux collectivités, mises en situation d’agir par la gestion intégrée des zones côtières ou par les documents stratégiques de façade, de savoir créer les espaces de négociation et de consensus entre ces acteurs.

Certaines collectivités ont déjà innové. En Bretagne, le Parc naturel marin d’Iroise a été conçu avec les pêcheurs locaux et les associations environnementales, permettant une cogestion efficace.

L’exemple de la Région Occitanie, avec son Parlement de la mer, lancé dès 2013, montre que les collectivités peuvent innover en matière de gouvernance maritime. Ce parlement régional fédère élus, professionnels, ONG et chercheurs pour co-construire une stratégie maritime partagée.

À Brest, la métropole a su capitaliser sur sa fonction portuaire et scientifique pour faire émerger une véritable « capitale des océans », mobilisant universités, centres de recherche, industriels et autorités portuaires autour d’une même ambition.

Laboratoire maritime… d’innovation territoriale

Acteurs traditionnellement davantage « terriens » que maritimes, les collectivités territoriales revendiquent aujourd’hui une place à la table des négociations sur les politiques océaniques.

À rebours d’une vision exclusivement étatique, les élus locaux portent une connaissance fine des dynamiques littorales, des conflits d’usages et des attentes citoyennes. Ces démarches incitent à penser la mer comme bien commun.

L’un des apports essentiels de la conférence Unoc 3 sera, du moins peut-on l’espérer, de rappeler que la protection des océans ne peut se faire sans la reconnaissance de l’ensemble des acteurs territoriaux.


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La mobilisation des territoires insulaires, par exemple au sein de l’ONG Smilo, contribue à une reconnaissance du rôle des initiatives locales comme levier de changement. L’insularité est le « laboratoire » d’un développement durable et concerté des stratégies territoriales.

Le développement des aires marines protégées (AMP) en est une bonne illustration : leur efficacité dépend en grande partie de l’implication des communautés locales, des pêcheurs, des associations. À ce titre, intégrer les savoirs empiriques dans les politiques de gestion maritime n’est pas un luxe, mais une nécessité. Ainsi, le rahui polynésien – interdiction temporaire d’exploitation d’une zone pour permettre sa régénération – inspire désormais les pratiques de préservation de la ressource halieutique, bien au-delà du seul triangle polynésien.

Recommandations de l’ONG Smilo pour tendre vers une gestion durable des ressources en milieu insulaire.
Fourni par l’auteur

Plus globalement, l’insularité, problématique récurrente dans les Outre-mer, implique de penser et d’accepter la différenciation des politiques publiques. Les élus d’Ouessant, de Mayotte ou des Marquises rappellent que les contraintes logistiques, la dépendance à la mer et la fragilité des écosystèmes appellent des réponses sur mesure, souvent loin des seuls standards gouvernementaux.

Penser global, agir local

Observer les politiques locales depuis le large permet d’inverser le regard. Le littoral, espace de contact entre l’humain et le vivant, devient alors un laboratoire d’innovation démocratique, écologique et institutionnelle, où se dessinent des formes renouvelées de coopération et d’engagement. L’Unoc 3 offre une occasion décisive de rappeler que la transition maritime ne se fera pas sans les territoires.

Il est donc temps de reconnaître pleinement le rôle des élus locaux dans cette dynamique. Ils sont les chevilles ouvrières d’une action publique renouvelée, plus proche du terrain, plus attentive aux équilibres écosystémiques et plus sensible aux savoirs citoyens.

Parce que la mer est ici – sur les plages, dans les ports, dans les écoles et les projets municipaux –, elle engage la responsabilité de tous, à commencer par celles et ceux qui construisent au quotidien les politiques publiques locales.

The Conversation

Je suis DGA de Brest métropole.

Romain Pasquier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. L’océan est aussi l’affaire des élus locaux : exemples en Aquitaine, en Bretagne et en Occitanie – https://theconversation.com/locean-est-aussi-laffaire-des-elus-locaux-exemples-en-aquitaine-en-bretagne-et-en-occitanie-257592

Repos le 1er Mai (et jours fériés) : que dit le droit ?

Source: – By Michel Miné, Professeur du Cnam, titulaire de la chaire Droit du travail et droits de la personne, Lise/Cnam/Cnrs, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Le code du travail prévoit 11 jours fériés, sans obligation de chômage pour les salariés ni de majoration de salaire en cas de travail. Pla2na/Shutterstock

Après une loi de 2004 instaurant une journée dite « de solidarité », de travail non rémunéré, initialement prévue le lundi de Pentecôte, le repos du 1er Mai est remis en cause par une récente proposition de loi. L’objectif : permettre aux employeurs de certains secteurs, notamment la boulangerie-pâtisserie, de faire travailler leurs salariés. Faire le point sur le droit applicable s’avère nécessaire.


Une proposition de loi, enregistrée au Sénat le 25 avril, vise à réduire le champ d’application de la règle du repos le 1er Mai. Le 28 avril, le Gouvernement a engagé la procédure accélérée pour faire adopter ce texte. La commission des affaires sociales du Sénat a désigné un rapporteur le 21 mai.

Cette proposition ne porterait-elle pas en germe la suppression généralisée dans le commerce du droit au repos le 1er Mai ? Permettre de faire travailler certains salariés le 1er Mai dans des commerces de proximité ne justifierait-il pas ensuite l’emploi de salariés ce jour-là, dans d’autres secteurs, au nom de la concurrence « libre et non faussée » ?

Le repos du 1er Mai s’inscrit dans la relation entre employeurs et salariés, mais trouve aussi sa raison d’être dans la nécessité de repères temporels dans la cité. Les « besoins du public », sous l’angle de la consommation, étant sans limites, doivent être contenus par des règles de droit.

Code du travail et accords collectifs

Le Code du travail prévoit 11 jours fériés. D’autres jours fériés sont prévus dans certains territoires, notamment les journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à Mayotte, à La Réunion, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin.

Le code du travail ne prévoit pas le chômage obligatoire de ces journées, ni une majoration de salaire en cas de travail. Le chômage de jours fériés ne peut entraîner aucune perte de salaire pour les salariés totalisant au moins 3 mois d’ancienneté dans l’entreprise. Les heures de travail perdues ne donnent pas lieu à récupération.

Ce sont les accords collectifs, d’entreprise ou, à défaut, de branche, qui déterminent les jours fériés chômés. À défaut d’accord, l’employeur fixe par décision unilatérale les jours fériés chômés dans l’entreprise. Lorsque le jour férié est travaillé, les accords collectifs peuvent prévoir une majoration de la rémunération, mais ce n’est pas obligatoire.

Le régime est donc inégalitaire entre les salariés, suivant les accords collectifs de branche et d’entreprise. Certains accords d’entreprise peuvent prévoir le repos de seulement trois jours fériés dans l’année et aucune majoration de salaire pour les jours fériés travaillés.

Si la loi pouvait utilement être modifiée, elle rendrait le régime légal des jours fériés plus protecteur pour tous les salariés en assurant de meilleures contreparties aux salariés obligés de travailler les jours fériés et l’égalité de traitement.

Régime exceptionnel du 1ᵉʳ Mai

Le régime des jours fériés connaît une exception : le 1er Mai.

Cette journée trouve sa source dans l’histoire du mouvement ouvrier au niveau international. Tout d’abord aux États-Unis, où les syndicats revendiquent à partir de 1884 la journée de travail de 8 heures. Ce mouvement revendicatif donnera lieu, en 1886 et en 1887, à des grèves, des manifestations et une sanglante répression. En 1889, la IIe Internationale socialiste, réunie à Paris, décidera de faire du 1er Mai la journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et des travailleurs. Il en est ainsi depuis 1890.

Bannière australienne au début du siècle pour revendiquer 8 heures de travail, 8 heures de loisir et 8 heures de repos.
Wikimediacommons

Le 1er Mai exprime la solidarité des travailleuses et des travailleurs au plan international avec la revendication de la réduction de la durée du travail, à l’origine la journée de 8 heures. La convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) n°1 de 1919 prévoit la journée de travail de 8 heures.


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Le 1er Mai est aujourd’hui un jour férié dans 24 des 27 États membres de l’Union européenne et dans la plupart des États du monde.

En France, depuis la loi n°47-778 du 30 avril 1947, « le 1er Mai est jour férié et chômé ». Le code du travail prescrit le repos, et ce repos ne peut être une cause de réduction de salaire. Il s’agit d’une disposition légale d’ordre public.

Exceptions limitées

Par exception, des établissements et services « ne peuvent interrompre le travail en raison de la nature de leur activité ». Il s’agit notamment des hôpitaux, des hôtels et des transports en commun. Les salariés qui y travaillent ont droit, en plus du salaire correspondant au travail effectué, à une indemnité égale au montant de ce salaire, à la charge de l’employeur.

« En instituant cette exception au chômage du 1er Mai, pour les établissements et services qui ne peuvent interrompre le travail en raison de la nature de leur activité, l’article L. 3133-6 du code du travail est rédigé en termes suffisamment clairs et précis pour permettre son interprétation, qui entre dans l’office du juge pénal, sans risque d’arbitraire », rappelle l’arrêt du 20 janvier 2015, de la Cour de cassation, Chambre criminelle.

Il convient d’analyser au cas par cas chaque situation de fait afin de déterminer si, en raison de la nature de l’activité, l’interruption du fonctionnement de l’entreprise le 1er Mai est ou non possible. Par conséquent, il n’y avait pas lieu de transmettre une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel.

Le repos ou, à défaut, le salaire doublé sont protégés par la loi : toute contravention aux dispositions relatives au 1er Mai est passible d’une amende de 750 €, appliquée autant de fois qu’il y a de salariés indûment employés ou rémunérés. En cas de poursuite pénale, il appartient à l’employeur, qui a fait travailler des salariés, de démontrer que la nature de son activité ne lui permettait pas d’interrompre le travail le 1er Mai.

À défaut, l’employeur est condamné pour infraction : arrêt de la Cassation criminelle du 25 juin 2013 et arrêt de la Cassation criminelle du 8 février 2000 pour les magasins de jardinerie, arrêt de la Cassation criminelle du 14 mars 2006 pour les location de DVD, etc.

Remise en cause

Une proposition de loi présentée au Sénat, fin avril, vise à réduire le champ d’application de la règle du repos le 1er Mai. Le 28 avril, trois jours après son enregistrement, le gouvernement a engagé une procédure accélérée pour faire adopter ce texte. La proposition en faisant référence à l’article L. 3132-12 vise à appliquer au repos du 1er Mai des dérogations existantes pour contourner le repos dominical.

Cette proposition « visant à permettre aux salariés de certains établissements et services de travailler le 1er Mai » est en réalité destinée à permettre aux employeurs de certains établissements et services de faire travailler les salariés le 1er Mai. Ainsi, aucune disposition ne prévoit le volontariat des salariés pour travailler ce jour, même si la notion de volontariat dans les très petites entreprises est à apprécier avec prudence.

Son article unique prévoit de modifier le code du travail comme suit : dans les établissements et services « dont le fonctionnement ou l’ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l’activité ou les besoins du public, mentionnés à l’article L. 3132-12 » les salariés occupés le 1er mai ont droit, en plus du salaire correspondant au travail accompli, à une indemnité égale au montant de ce salaire.

La proposition en faisant référence à l’article L. 3132-12 vise à appliquer au repos du 1er Mai des dérogations existantes pour contourner le repos dominical.

Interdiction de porter atteinte au repos des salariés

Cette proposition va à l’encontre de la jurisprudence de la Cour de cassation. Cette dernière rappelle de façon constante, notamment dans un arrêt de la Chambre criminelle du 14 mars 2006, que le code du travail n’institue aucune dérogation de principe au repos du 1er Mai en faveur des établissements et services bénéficiant du repos hebdomadaire par roulement.

L’exposé des motifs de cette proposition contenant plusieurs formulations ambiguës sur le plan juridique, certains points méritent d’être reprécisés.

« Ces règles sont d’ordre public, mais elles ne portent que sur les salariés. Ainsi, les personnes qui ne sont pas salariées et qui travaillent dans les boulangeries-pâtisseries peuvent naturellement faire le 1er Mai. », rappelle une réponse ministérielle du 20 mai 2025.

Sur la portée de l’interdiction de travail : ce qui est interdit par la loi, c’est de porter atteinte au repos des salariés. Il n’est pas interdit aux commerçants de travailler. Le boulanger peut ouvrir son commerce et vendre du pain s’il le souhaite, le fleuriste de même peut vendre du muguet. Dans l’entreprise familiale, le conjoint du chef d’entreprise peut également travailler ce jour-là.

Sur les dispositions conventionnelles applicables : la convention collective nationale de la boulangerie-pâtisserie mentionne « le 1erMai dont le régime est défini par la loi », sans contester le régime légal applicable.

Commerces et grandes surfaces

La proposition est présentée comme portant sur deux secteurs d’activité particuliers : les boulangeries et les fleuristes. Mais la formulation modifiée de l’article de loi envisagé va bien au-delà.

Comme indiqué dans la réponse ministérielle précitée :

« Le gouvernement est favorable à une évolution de la loi pour clarifier le cadre applicable et tenir compte à l’avenir, de manière pragmatique, des besoins sur certains secteurs spécifiques, dont fait partie le secteur de la boulangerie-pâtisserie. »

Une proposition de loi soutenue par le gouvernement remet en cause le repos du 1ᵉʳ Mai. Elle confirme la tendance, à la suite de la relaxe de cinq boulangers vendéens, le 25 avril 2O25, ayant fait travailler leurs salariés le 1ᵉʳ mai 2024.
PetrKovalenkov/Shutterstock

Cette proposition porte en germe la suppression généralisée dans le commerce du droit au repos le 1er Mai. Permettre de faire travailler les salariés le 1er Mai dans des commerces de proximité justifierait ensuite la demande d’ouverture et d’emploi de salariés par les grandes surfaces au nom de la concurrence « libre et non faussée ».

Une seconde proposition de loi concernant « les établissements de moins de dix salariés » s’inscrit dans la même démarche de remise en cause du repos.

Projet de société

Après la remise en cause du repos le dimanche, par la multiplication des dérogations depuis plusieurs années, après la facilitation du travail de nuit, l’ultime norme qui résiste encore serait à renverser pour satisfaire les besoins illimités du Marché.

Le repos le 1er Mai rappelle que la personne humaine ne peut être réduite à un Homo œconomicus, consommateur-travailleur. Ce temps de repos, prévu par le droit, permettant de pratiquer ses activités sociales, culturelles, de se consacrer à sa vie familiale, etc., signifie la nécessité d’une limite, la souveraineté de la limite pour faire société.

The Conversation

Michel Miné est membre de l’association RACSE – Réseau académique de la Charte sociale européenne

ref. Repos le 1er Mai (et jours fériés) : que dit le droit ? – https://theconversation.com/repos-le-1-sup-er-sup-mai-et-jours-feries-que-dit-le-droit-257404

Un recorrido por la larga y tortuosa relación entre EE. UU. e Irán

Source: The Conversation – France – By Jeffrey Fields, Professor of the Practice of International Relations, USC Dornsife College of Letters, Arts and Sciences

Varias personas observan el fuego y el humo provocados por un ataque aéreo israelí contra un depósito de petróleo en Teherán, el 15 de junio de 2025. Stringer/Getty Images

Con el bombardeo estadounidense de tres instalaciones nucleares en Irán, las relaciones entre ambos países han alcanzado posiblemente uno de los puntos más bajos de la historia moderna. Pero la enemistad entre ambos países no es nueva: Estados Unidos e Irán llevan décadas en conflicto, al menos desde que Estados Unidos ayudó a derrocar a un primer ministro demócrata, Mohammed Mossadegh, en agosto de 1953. A continuación, Estados Unidos apoyó el largo y represivo reinado del sah de Irán, cuyos servicios de seguridad brutalizaron a los ciudadanos iraníes durante décadas.

Los dos países han sido particularmente hostiles entre sí desde que los estudiantes iraníes tomaron la embajada estadounidense en Teherán en noviembre de 1979, lo que dio lugar a sanciones económicas y la ruptura de las relaciones diplomáticas oficiales.

Desde 1984, el Departamento de Estado de EE. UU. incluye a Irán en la lista de “países que patrocinan el terrorismo”, alegando que el Gobierno iraní proporciona a los terroristas entrenamiento, dinero y armas.

1953: Estados Unidos derriba a Mossadegh

Mohammed Mossadegh.
Wikimedia Commons

En 1951, el Parlamento iraní eligió un nuevo primer ministro, Mossadegh, quien llevó a los legisladores a votar a favor de tomar el control de la Anglo-Iranian Oil Company, expulsar a los propietarios británicos de la empresa y declarar que querían convertir los beneficios del petróleo en inversiones para el pueblo iraní. Estados Unidos temía que se interrumpiera el suministro mundial de petróleo y le preocupaba que Irán cayera presa de la influencia soviética. Los británicos temían perder el petróleo barato iraní.

El presidente Dwight Eisenhower decidió que lo mejor era deshacerse de Mossadegh. La Operación Ajax, una acción conjunta de la CIA y el Reino Unido, convenció al sah, el monarca del país, para que destituyera a Mossadegh y lo expulsara del poder por la fuerza. Mossadegh fue sustituido por un primer ministro mucho más favorable a Occidente, elegido personalmente por la CIA.

Manifestantes en Teherán exigen el establecimiento de una república islámica.
AP Photo/Saris

1979: Los revolucionarios derrocan al sha y toman rehenes

Tras más de 25 años de relativa estabilidad en las relaciones entre Estados Unidos e Irán, la población iraní estaba descontenta con las condiciones sociales y económicas que se desarrollaron bajo el régimen dictatorial del sah Mohammad Reza Pahlavi.

Pahlavi se enriqueció y utilizó la ayuda estadounidense para financiar al ejército, mientras que muchos iraníes vivían en la pobreza. La disidencia era a menudo reprimida violentamente por la SAVAK, el servicio de seguridad del sah. En enero de 1979, el sah abandonó Irán, aparentemente para recibir tratamiento contra el cáncer. Dos semanas después, el ayatolá Ruhollah Jomeini regresó del exilio en Irak y lideró una campaña para abolir la monarquía y proclamar un gobierno islámico.

Estudiantes iraníes en la embajada de Estados Unidos en Teherán muestran a la multitud un rehén estadounidense con los ojos vendados en noviembre de 1979.
AP Photo

En octubre de 1979, el presidente Jimmy Carter accedió a permitir que el sah viajara a Estados Unidos para recibir tratamiento médico avanzado. Estudiantes iraníes indignados asaltaron la embajada estadounidense en Teherán el 4 de noviembre, tomando como rehenes a 52 estadounidenses. Esto convenció a Carter de romper las relaciones diplomáticas con Irán el 7 de abril de 1980.

Dos semanas más tarde, el ejército estadounidense lanzó una misión para rescatar a los rehenes, pero fracasó y se estrellaron varios aviones, lo que causó la muerte de ocho militares estadounidenses.

El sah murió en Egipto en julio de 1980, pero los rehenes no fueron liberados hasta el 20 de enero de 1981, tras 444 días de cautiverio.

Un clérigo iraní, a la izquierda, y un soldado iraní llevan máscaras antigás para protegerse de los ataques con armas químicas iraquíes en mayo de 1988.
Kaveh Kazemi/Getty Images

1980-1988: Estados Unidos se pone tácitamente del lado de Irak

En septiembre de 1980, Irak invadió Irán, lo que supuso una escalada de la rivalidad regional y las diferencias religiosas entre ambos países: Irak estaba gobernado por musulmanes suníes, pero su población era mayoritariamente musulmana chií; Irán estaba liderado y poblado en su mayoría por chiíes.

Estados Unidos temía que el conflicto limitara el flujo de petróleo de Oriente Medio y quería asegurarse de que no afectara a su estrecho aliado, Arabia Saudí.

Estados Unidos apoyó al líder iraquí Saddam Hussein en su lucha contra el régimen iraní antiamericano. Como resultado, Estados Unidos hizo en gran medida la vista gorda ante el uso de armas químicas por parte de Irak contra Irán.

Los funcionarios estadounidenses moderaron su habitual oposición a esas armas ilegales e inhumanas porque el Departamento de Estado de EE. UU. no “quería hacerle el juego a Irán” alimentando su propaganda contra Irak. En 1988, la guerra terminó en un empate. Murieron más de 500 000 militares y 100 000 civiles.

1981-1986: Estados Unidos vende armas en secreto a Irán

EE. UU. impuso un embargo de armas después de que Irán fuera designado Estado patrocinador del terrorismo en 1984. Esto dejó al ejército iraní, en plena guerra con Irak, desesperado por conseguir armas, aviones y piezas de vehículos para seguir luchando.

La administración Reagan decidió que el embargo probablemente empujaría a Irán a buscar el apoyo de la Unión Soviética, rival de Estados Unidos en la Guerra Fría. En lugar de poner fin oficialmente al embargo, los funcionarios estadounidenses acordaron vender armas en secreto a Irán a partir de 1981.

El último envío, de misiles antitanque, se realizó en octubre de 1986. En noviembre de ese año, una revista libanesa reveló el acuerdo. Esta revelación desató el escándalo Irán-Contra en Estados Unidos, al descubrirse que funcionarios de la administración Reagan habían recaudado dinero de Irán para comprar las armas y enviado ilegalmente esos fondos a rebeldes antisocialistas (la contra nicaragüense).

En el funeral multitudinario de 76 de las 290 personas fallecidas en el derribo del vuelo 655 de Iran Air, los dolientes sostienen un cartel que representa el incidente.
AP Photo/CP/Mohammad Sayyad

1988: La Marina de los Estados Unidos derriba el vuelo 655 de Iran Air

En la mañana del 8 de julio de 1988, el USS Vincennes, un crucero lanzamisiles que patrullaba en aguas internacionales del Golfo Pérsico, entró en aguas territoriales iraníes mientras se encontraba en una escaramuza con lanchas artilladas iraníes.

Durante o justo después de ese intercambio de disparos, la tripulación del Vincennes confundió un avión civil de pasajeros Airbus que pasaba por allí con un caza F-14 iraní. Lo derribaron, matando a las 290 personas a bordo.

Estados Unidos lo calificó de “accidente trágico y lamentable”, pero Irán creyó que el derribo del avión fue intencionado. En 1996, Estados Unidos acordó pagar 131 millones de dólares en concepto de indemnización a Irán.

1997-1998: Estados Unidos busca el contacto

En agosto de 1997, un reformista moderado, Mohammad Khatami, ganó las elecciones presidenciales de Irán.

El presidente estadounidense Bill Clinton intuyó una oportunidad, y envió un mensaje a Teherán a través del embajador suizo en ese país en el que proponía conversaciones directas entre ambos gobiernos.

Poco después, a principios de enero de 1998, Jatamí concedió una entrevista a la CNN en la que expresó su “respeto por el gran pueblo estadounidense”, condenó el terrorismo y recomendó un “intercambio de profesores, escritores, académicos, artistas, periodistas y turistas” entre Estados Unidos e Irán.

Sin embargo, el líder supremo, el ayatolá Alí Jamenei, no estuvo de acuerdo, por lo que las gestiones mutuas no dieron muchos frutos cuando Clinton llegó al final de su mandato.

En su discurso sobre el estado de la Unión de 2002, el presidente George W. Bush calificó a Irán, Irak y Corea del Norte como un “Eje del Mal” que apoyaba el terrorismo y buscaba armas de destrucción masiva, lo que tensó aún más las relaciones.

Dentro de estos edificios de la instalación nuclear de Natanz, en Irán, los técnicos enriquecen uranio.
AP Photo/Vahid Salemi

2002: El programa nuclear de Irán despierta la alarma

En agosto de 2002, un grupo rebelde en el exilio anunció que Irán había estado trabajando en secreto en armas nucleares en dos instalaciones que no se habían revelado públicamente hasta entonces.

Esto constituía una violación de los términos del Tratado de No Proliferación Nuclear, que Irán había firmado y que exigía a los países revelar sus instalaciones relacionadas con la energía nuclear a los inspectores internacionales.

Una de esas instalaciones anteriormente secretas, Natanz, albergaba centrifugadoras para enriquecer uranio, que podía utilizarse en reactores nucleares civiles o enriquecerse aún más para fabricar armas.

A partir de 2005, ciberataques de los gobiernos de Estados Unidos e Israel se dirigieron contra las centrifugadoras de Natanz con un software malicioso creado a medida que se conoció como Stuxnet.

Esa iniciativa, que ralentizó el programa nuclear iraní, fue uno de los muchos intentos estadounidenses e internacionales, en su mayoría infructuosos, para frenar el avance de Irán hacia la construcción de una bomba nuclear.

2003: Irán escribe a la administración Bush

Un extracto del documento enviado desde Irán, a través del Gobierno suizo, al Departamento de Estado de EE. UU. en 2003, parece buscar conversaciones entre EE. UU. e Irán.
Washington Post via Scribd

En mayo de 2003, altos funcionarios iraníes se pusieron en contacto discretamente con el Departamento de Estado a través de la embajada suiza en Irán, en busca de “un diálogo en el respeto mutuo” que abordara cuatro grandes cuestiones: las armas nucleares, el terrorismo, la resistencia palestina y la estabilidad en Irak.

Los partidarios de la línea dura del Gobierno de Bush no estaban interesados en ninguna reconciliación importante, aunque el secretario de Estado Colin Powell se mostraba a favor del diálogo y otros funcionarios se habían reunido con Irán para tratar el tema de Al Qaeda.

Cuando el radical iraní Mahmud Ahmadineyad fue elegido presidente de Irán en 2005, la oportunidad se esfumó. Al año siguiente, Ahmadineyad hizo su propia apertura a Washington en una carta de 18 páginas dirigida al presidente Bush. La carta fue ampliamente rechazada.

Representantes de varias naciones se reunieron en Viena en julio de 2015 para ultimar el acuerdo nuclear con Irán.
Ministerio Federal de Europa, Integración y Asuntos Exteriores de Austria/Flickr

2015: Firma del acuerdo nuclear con Irán

Tras una década de intentos infructuosos por frenar las ambiciones nucleares de Irán, la Administración Obama emprendió una vía diplomática directa a partir de 2013.

Dos años de negociaciones secretas y directas, inicialmente bilaterales entre Estados Unidos e Irán y posteriormente con otras potencias nucleares, culminaron en el Plan de Acción Integral Conjunto, a menudo denominado acuerdo nuclear con Irán.

Irán, Estados Unidos, China, Francia, Alemania, Rusia y el Reino Unido firmaron el acuerdo en 2015. Este limitaba severamente la capacidad de Irán para enriquecer uranio y obligaba a inspectores internacionales a supervisar y hacer cumplir el acuerdo por parte de Irán.

A cambio, se concedió a Irán el levantamiento de las sanciones económicas internacionales y estadounidenses. Aunque los inspectores certificaron periódicamente que Irán cumplía los términos del acuerdo, el presidente Donald Trump se retiró del acuerdo en mayo de 2018.

2020: Drones estadounidenses matan al general iraní Qassem Soleimani

Una foto oficial del Gobierno iraní muestra al general Qassem Soleimani, asesinado el 3 de enero en un ataque con drones ordenado por el presidente Donald Trump.
Oficina de prensa del líder supremo iraní/Agencia Anadolu a través de Getty Images

El 3 de enero de 2020, un dron estadounidense disparó un misil que mató al general Qassem Soleimani, líder de la Fuerza Quds de élite iraní. Los analistas consideraban a Soleimani el segundo hombre más poderoso de Irán, después del líder supremo, el ayatolá Jamenei.

En ese momento, la administración Trump afirmó que Soleimani estaba dirigiendo un ataque inminente contra activos estadounidenses en la región, pero las autoridades no han proporcionado pruebas claras que respalden esa afirmación.

Irán respondió lanzando misiles balísticos que impactaron en dos bases estadounidenses en Irak.

2023: Los ataques del 7 de octubre contra Israel

El descarado ataque de Hamás contra Israel el 7 de octubre de 2023 provocó una temible respuesta militar por parte de Israel que continúa hoy en día y sirvió para debilitar gravemente a los aliados de Irán en la región, especialmente Hamás, autor de los ataques, y Hezbolá en el Líbano.

2025: Trump 2.0 e Irán

Trump vio la oportunidad de forjar un nuevo acuerdo nuclear con Irán y de buscar otros acuerdos comerciales con Teherán. Una vez investido para su segundo mandato, el presidente estadounidense nombró a Steve Witkoff, un inversor inmobiliario amigo del presidente, como enviado especial para Oriente Medio y para liderar las negociaciones.

Las negociaciones para alcanzar un acuerdo nuclear entre Washington y Teherán comenzaron en abril, pero los países no llegaron a un acuerdo. Estaban planeando una nueva ronda de conversaciones cuando Israel atacó Irán con una serie de ataques aéreos el 13 de junio, lo que obligó a la Casa Blanca a reconsiderar su posición.

En la madrugada del 22 de junio, Estados Unidos decidió actuar con contundencia en un intento de paralizar la capacidad nuclear de Irán, bombardeando tres instalaciones nucleares y causando lo que los responsables del Pentágono calificaron de “daños graves”. Irán prometió tomar represalias.

Este artículo ha sido actualizado para reflejar el bombardeo estadounidense de instalaciones nucleares iraníes el 22 de junio de 2025.


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The Conversation

Jeffrey Fields recibe financiación de la Carnegie Corporation de Nueva York y Schmidt Futures.

ref. Un recorrido por la larga y tortuosa relación entre EE. UU. e Irán – https://theconversation.com/un-recorrido-por-la-larga-y-tortuosa-relacion-entre-ee-uu-e-iran-259550