De Katmandou à Casablanca : la révolte d’une génération sous surveillance

Source: The Conversation – in French – By Amani Braa, Assistant lecturer, Université de Montréal

En 2025, des mobilisations portées par la jeunesse ont éclaté du Maroc au Népal, en passant par Madagascar et l’Europe. Partout, une génération refuse le silence face à la précarité, la corruption et le manque de démocratie.

Nées dans des contextes très différents, ces colères rencontrent pourtant les mêmes réponses : répression, mépris, et suspicion envers une jeunesse jugée irresponsable.

Mobilisation sur plusieurs continents

Au Maroc, le mouvement #Gen212, né sur les réseaux sociaux, dénonce la vie chère, les violences policières, le musellement de la société civile et l’absence de perspectives. Cette mobilisation, d’abord numérique sur des plates-formes telles que Discord, a rapidement débordé les écrans pour s’incarner dans des actions concrètes dans plusieurs villes du pays.

À Madagascar, c’est dans un climat de fortes tensions préélectorales que la jeunesse est descendue dans la rue pour réclamer un véritable changement dès la fin du mois de septembre, avant d’être violemment réprimée. Au Népal, des milliers de jeunes occupent l’espace public, exigeant une démocratie authentique et la fin de la corruption qui mine le pays.

En Europe aussi, la jeunesse se mobilise face aux dérives autoritaires et aux inégalités persistantes. En Italie, en France ou en Espagne, les jeunes descendent dans la rue contre les violences sexistes, les réformes impopulaires, les répressions policières ou encore pour la reconnaissance des droits politiques.

Malgré la diversité des contextes, ces mobilisations traduisent une même volonté : refuser l’injustice et faire entendre des voix trop souvent marginalisées.




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Jeunesse immature et irrationnelle, aux yeux des autorités ?

Ces mouvements sont souvent traités comme des élans émotionnels passagers, alors même qu’ils expriment des revendications politiques structurées : plus de justice sociale, de liberté, de sécurité économique, d’accès à la dignité et à la participation.

Pourtant, la réponse des États semble suivre un autre chemin : celui du durcissement. Les jeunes manifestants et manifestantes sont surveillés, arrêtés, stigmatisés, parfois accusés de trahison ou d’être manipulé par des puissances étrangères.

Au Maroc, par exemple, depuis septembre 2025, près de 2500 jeunes ont été poursuivis, dont plus de 400 condamnés — parmi eux 76 mineurs. Les chefs d’accusation incluent la « rébellion en groupe », l’« incitation à commettre des crimes » ou encore la participation à des rassemblements armés. Plus de 60 peines de prison ferme ont été prononcées, certaines allant jusqu’à 15 ans.

Cette judiciarisation massive d’un mouvement pacifique a été dénoncée par Amnesty International, qui pointe un usage excessif de la force et une criminalisation croissante de la protestation.

À Madagascar, la réponse a été tout aussi brutale : au moins 22 morts, plus de 100 blessés et des centaines d’arrestations arbitraires recensées lors des mobilisations de la jeunesse contre la corruption et les irrégularités électorales. Selon les Nations unies, les forces de l’ordre ont eu recours à des balles en caoutchouc et à des gaz lacrymogènes pour disperser les foules. La crise a culminé avec la fuite du président Andry Rajoelina, confirmant que cette répression n’a pas désamorcé le conflit, mais révélé la fragilité des institutions face à une jeunesse politisée.

Un discours qui renvoie à la responsabilité des parents

Les jeunes interpellés lors des récentes mobilisations ont souvent été renvoyés à la responsabilité parentale dans un discours profondément moralisateur. Au Maroc, par exemple, le ministère de l’Intérieur a appelé les parents à surveiller et encadrer leurs enfants. Que ce soit en Indonésie, aux Philippines, au Pérou, ou au Népal, les autorités ont régulièrement appelé les parents à surveiller, encadrer ou retenir leurs enfants, déplaçant ainsi le conflit politique vers la sphère familiale.

Ce mouvement illustre ce que la chercheuse Fatima Ahdash nomme la « familialisation » du politique : au lieu de traiter les causes sociales, économiques et idéologiques des mobilisations, les gouvernements dépolitisent, individualisent et privatisent les contestations en en faisant un problème d’éducation domestique. Les familles deviennent alors le prisme par lequel les conduites politiques des jeunes sont interprétées, évaluées, et parfois sanctionnées.

Ce réflexe répressif n’est pas nouveau, mais il prend aujourd’hui une ampleur inédite dans un contexte global de fragilisation démocratique et de recentrage autoritaire du pouvoir, marqué par la restriction des libertés, le contrôle de la contestation et la criminalisation des mouvements sociaux. Les États adoptent une posture défensive, percevant l’engagement de la jeunesse non comme une ressource civique, mais comme une menace à neutraliser. Ce durcissement révèle un malaise plus profond : une génération qui refuse de se satisfaire de promesses creuses et de compromis imposés, face à des pouvoirs qui peinent à reconnaître la légitimité de sa colère et de ses aspirations.

Des réflexes répressifs pour faire taire la critique

La répression, en réponse à la critique, devient alors une manière d’éviter la remise en question. Mais cette stratégie est de plus en plus fragile. D’abord parce qu’elle nie la légitimité des colères exprimées. Ensuite, parce qu’elle ignore une réalité de fond : ces colères sont ancrées dans des expériences collectives de déclassement, de discrimination, d’impuissance politique. Ce ne sont pas des colères vides. Elles expriment une demande de transformation — sociale, politique, environnementale — que les institutions peinent à saisir.

Contrairement aux mobilisations comme les « printemps arabes » de 2011, les mobilisations actuelles portées par la génération Z sont horizontales, sans leaders identifiables, décentralisées et ancrées dans l’urgence du présent. Elles naissent sur les réseaux, s’organisent en micro-cellules autonomes, rejettent les récits idéologiques structurants, et privilégient une politique du quotidien : refus de la précarité, dignité immédiate, justice concrète. Leur esthétique est fluide, empruntant aux codes numériques — memes, mangas, remix visuels — et leurs formes circulent par affinités d’émotions plus que par imitation. Ce qui les rend insaisissables pour les pouvoirs, mais puissamment virales.


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Ces mobilisations activent des émotions politiques (la colère, mais aussi l’espoir), des langages nouveaux, des pratiques numériques, et des formes d’engagement souvent en dehors des partis traditionnels. Un élément visuel fédérateur revient sans cesse : le drapeau noir à tête de mort coiffée d’un chapeau de paille, symbole tiré du manga One Piece. Plus qu’un clin d’œil à la pop culture, ce Jolly Roger incarne une soif de justice, de liberté et de révolte partagée par une jeunesse globalisée, de Katmandou à Rome.

En Serbie, par exemple, début 2025, un soulèvement étudiant sans leader visible a rassemblé des milliers de personnes autour d’un mot d’ordre simple : plus de démocratie. Le mouvement s’est étendu à d’autres générations, sans parti ni hiérarchie, défiant un gouvernement qui a tenté d’étouffer la contestation par la force et la stigmatisation. De leur côté, les jeunes de Cuba Decide mobilisent sur les plates-formes numériques pour exiger un référendum démocratique, malgré une surveillance constante. Grâce à des outils chiffrés et des alliances à l’étranger, ils déjouent la censure et amplifient leurs voix au-delà des frontières.

La criminalisation de la jeunesse et des mobilisations peut certes ralentir les élans, mais elle ne résout rien. Elle dégrade le contrat social, alimente le désenchantement politique, et renforce la polarisation. Plus encore, elle risque de transformer des revendications réformistes en posture de rupture.

Les mobilisations récentes nous rappellent une évidence : les jeunes ne sont pas « l’avenir », mais des acteurs politiques du présent. Et ce que les gouvernements devraient entendre, ce n’est pas seulement le bruit de la contestation, mais la clarté des demandes : justice, dignité, représentativité, avenir.

La Conversation Canada

Amani Braa a reçu des financements des Fonds de Recherche du Québec – Sociétés et Culture (FRQ-SC).

ref. De Katmandou à Casablanca : la révolte d’une génération sous surveillance – https://theconversation.com/de-katmandou-a-casablanca-la-revolte-dune-generation-sous-surveillance-268837

La vitamina D podría ser una clave para acabar con los miomas uterinos

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Ana Corachán García, Investigadora Postdoctoral en Medicina Reproductiva, Instituto de Investigación Sanitaria La Fe

Una de cada tres mujeres en edad reproductiva presenta miomas uterinos, unos tumores que crecen en la capa muscular del útero. A pesar de ser benignos, causan síntomas que afectan notablemente a la calidad de vida. En concreto, las personas afectadas experimentan reglas abundantes y dolorosas, anemia, dolor en la parte baja del abdomen, incontinencia urinaria, infertilidad y aborto recurrente.

Aunque existen distintos tratamientos, como terapias hormonales y procedimientos quirúrgicos, no hay ninguno totalmente eficaz ni sin efectos secundarios. Pero ¿y si algo tan sencillo e inocuo como la vitamina D fuera la solución? Veamos primero cómo se aborda actualmente este extendido problema.

Los límites de los tratamientos

El tratamiento más habitual es la cirugía. Existen dos opciones: la eliminación solo de los miomas, conocida como miomectomía, o la extirpación del útero completo, lo que se conoce como histerectomía. Este último es el único método capaz de eliminarlos por completo, pero también impide que las pacientes puedan quedarse embarazadas en el futuro.

En cuanto a la miomectomía, más de la mitad de las mujeres vuelve a presentar miomas en los cinco años posteriores a la cirugía. Por tanto, a pesar de ser un tratamiento muy invasivo, no es efectivo. Además, estas intervenciones suponen un alto coste a los sistemas de sanidad: el gasto anual estimado es de 34 000 millones de dólares en Estados Unidos, 348 millones de euros en Alemania y 120 millones en Francia.

Como alternativa, existe la opción de los medicamentos. Para comprender cómo funcionan, debemos tener en cuenta que son las hormonas sexuales, los estrógenos y la progesterona, los que controlan el crecimiento de los miomas. Basándose en esto, los fármacos bloquean la acción de dichas hormonas.

Ahora bien, las hormonas sexuales tienen un papel clave en la reproducción femenina. Esto quiere decir que los medicamentos que las bloquean producen síntomas similares a la menopausia como sofocos, osteoporosis e infertilidad. Por este motivo, no pueden administrase durante periodos largos, lo cual conlleva que los miomas vuelvan a crecer cuando se deja el tratamiento. Además, al causar infertilidad, tampoco son una opción en mujeres que quieran quedarse embarazadas.

Siguiendo la pista de la vitamina D

En la búsqueda de alternativas terapéuticas llamó la atención uno de los factores de riesgo: las mujeres con miomas presentan niveles de vitamina D más bajos que las mujeres sin miomas. Entonces, ¿podría este compuesto frenar su desarrollo? Es la misma pregunta que se hizo la comunidad científica, y comenzó a investigar en profundidad.

Pero en primer lugar, ¿qué es la vitamina D? Conocida como “la vitamina del sol”, ya que la mayor parte se produce naturalmente en la piel con la exposición a la luz solar, se trata de un nutriente esencial para que el cuerpo humano funcione correctamente. Su cometido principal reside en ayudar al organismo a absorber el calcio, un proceso necesario para tener huesos fuertes y sanos.




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Aunque eso no es todo. También resulta indispensable para el adecuado funcionamiento del sistema inmunitario, muscular y nervioso. De hecho, los niveles bajos de vitamina D se relacionan con multitud de enfermedades.

Experimentos prometedores

Para averiguar si la vitamina D puede ser un tratamiento viable de los miomas, el primer paso fue estudiar su efecto en el laboratorio. Los primeros experimentos demostraron que frenaba el crecimiento de las células de mioma cultivadas in vitro. Después, se confirmó que reducía el tamaño de estos tumores en un modelo animal de ratón, sin efectos secundarios sobre su salud.

Esos resultados sentaron las bases para evaluar el tratamiento en mujeres con miomas y déficit de vitamina D. En primer lugar, los investigadores comprobaron que cuando las afectadas eran tratadas con dosis altas de esa vitamina, el crecimiento de los miomas se frenaba.

Sin embargo, hay que tener en cuenta que un exceso de vitamina D es malo: puede causar náuseas, vómitos, debilidad o fallo en el funcionamiento de los riñones. Teniendo esto en cuenta, un estudio reciente ha demostrado que dosis bajas de la vitamina reducen también el tamaño de los miomas. Estos confirma que no hace falta usar cantidades tan elevadas para frenar su crecimiento, reduciendo los posibles efectos secundarios de la terapia.

Como hemos comentado, los medicamentos actuales causan infertilidad en las pacientes con miomas, y tal vez se está preguntando si eso también ocurriría con la vitamina D. Pues bien, lo que se sabe hasta la fecha es que no solo no influye negativamente en la fertilidad, sino que incluso puede mejorarla.

Los resultados son esperanzadores, pero hay que tener en cuenta que el efecto de la vitamina D solo se ha probado en mujeres con niveles de este nutriente por debajo de la normalidad. Esto quiere decir que no se sabe si reduciría el tamaño de los miomas en mujeres con niveles normales.

Por último, es importante recordar que el tratamiento siempre debe ser prescrito por personal sanitario cualificado, dado el riesgo de ingerir dosis elevadas de esa vitamina. Además, cada mujer y cada mioma son únicos, por lo que los tratamientos pueden variar de una persona a otra.

En resumen, la vitamina D podría frenar el crecimiento de los miomas o incluso prevenir su aparición. Es un tratamiento seguro, sin efectos negativos sobre la fertilidad y, además, económico. Su uso podría mejorar la calidad de vida de muchas mujeres y reducir los costes para los sistemas de salud públicos. Aunque todavía se necesitan más estudios, parece que podría ser una clave para acabar con los miomas.

The Conversation

Ana Corachán García recibe fondos del Instituto de Salud Carlos III (CD23/00157) y la Conselleria de Educación, Cultura, Universidades y Empleo (Comunidad Valenciana) (CIGE/2023/072).

Hortensia Ferrero recibe fondos del Instituto de Salud Carlos III, Cofundado por el Fondo Social Europeo (FSE) «Invertir en tu futuro» a través del Programa Miguel Servet (CP20/00120); (PI21-00184) y (PI24/00961), así como del Ministerio de ciencia e Innovación y Universidades (CNS2024-154868).

ref. La vitamina D podría ser una clave para acabar con los miomas uterinos – https://theconversation.com/la-vitamina-d-podria-ser-una-clave-para-acabar-con-los-miomas-uterinos-267754

Suplemento cultural: lo de la Rosalía

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Claudia Lorenzo Rubiera, Editora de Cultura, The Conversation

Fotograma del videoclip ‘Berghain’ de Rosalía. Rosalía/YouTube

“Lo segundo es chingarte, lo primero es Dios” cantaba Rosalía en “Hentai” hace más de tres años, un tema erótico que levantó ampollas y provocó alabanzas. En esa y otras referencias anteriores ya quedaba claro que para la artista la religión es algo importante en su proceso creativo (y probablemente personal). Por eso, aunque ahora se haya sumado estéticamente a la santidad, la búsqueda espiritual de Rosalía no es frívola y viene de lejos.

Se acaba de publicar LUX, su nuevo álbum, uno de los lanzamientos que más expectación ha causado desde que hace poco más de dos semanas Rosalía lo presentase al mundo en Times Square, Nueva York, y la madrileña plaza de Callao. Después del rugido internacional que fue Motomami, la cantante se ha dedicado a leer, investigar, componer y mezclar idiomas para elaborar una obra majestuosa en la que en vez de mirar hacia fuera ha decidido mirar hacia dentro, inspirándose, entre otras, en místicas cristianas.

Además de la música, Rosalía siempre ha cuidado la precisión de las letras que incluye en sus canciones. Y lo ha hecho sonoramente (en “Chicken Teriyaki” la voz era un instrumento más de percusión) y lingüísticamente (adaptándose al lenguaje del género en el que canta). Pero también lo ha hecho literariamente. Como queda patente ya en su primer single, “Berghain”, todo lo que escribe, cada referencia, cada metáfora, tiene un porqué.

El movimiento MABA

En cambio, hay otras decisiones que se toman y que nadie sabe muy bien de dónde vienen. La afición del presidente estadounidense Donald Trump por reconstruir Washington es una de ellas. Uno de sus empeños en esta segunda legislatura es el de hacer que su país vuelva a ser “bello” (‘Make America Beautiful Again’) y por lo visto se ha encomendado a los romanos para lograrlo, aunque en Estados Unidos no haya ningún tipo de vínculo histórico con esa Antigüedad. Pero, como nunca nos cansamos de decir, cualquier cosa que queramos hacer ya fue barruntada y ejecutada por los romanos… y los poderosos lo saben.

Viajar y dejar huella

Esta semana hice un viaje: con mochila, asiento de avión apretado, horarios justos, tensión a la hora del embarque y todas esas pequeñas rutinas a las que nos hemos acostumbrado en el siglo XXI.

Sin embargo, en el XVII, el príncipe Cosimo III de Medici se movía de otra forma. Así se recorrió la península ibérica con un séquito de veintisiete personas, en el que se encontraban un diplomático, encargado de escribir la crónica de su viaje, y un pintor florentino, que plasmaba, en tinta negra sobre papel, las vistas de los lugares que iban visitando.

Ahora, un equipo de académicos españoles ha iniciado un proyecto de investigación en el que analizarán algunas de las imágenes de ese artista: Pier Maria Baldi. Lo hacen, entre otras cosas, porque esos dibujos, además de dar testimonio de un viaje, desvelan secretos de localizaciones que no han llegado a nuestros días.

La magia del cine

Volvemos al cine (y a la literatura) porque está estrenándose en varios países (con cuentagotas y gran expectación) la nueva adaptación de la novela del argentino Manuel Puig, El beso de la mujer araña. Esta vez el filme adopta el formato musical (porque bebe de la representación que se hizo en Broadway en los 90) y tiene en Jennifer Lopez a su mejor embajadora.

Como hay todavía muchos lugares en los que la fecha de estreno está pendiente, Laura Martínez Català, experta en la figura del autor, nos sumerge en los atractivos de la novela para animar a quien todavía no la haya leído a que no espere más. Y si alguien se pregunta, con cansancio, si estamos ante el enésimo remake hollywoodiense, Martínez Catalá tiene una reflexión: cómo podría dejar de ser revisitado un libro “que quiebra esquemas, desafía discursos intransigentes y nos sacude el alma tan suave como dolorosamente”.

De palabras y signos

Y acabamos como empezamos: hablando de lenguaje (no de Rosalía, aunque el álbum probablemente traiga cola), una facultad humana tan práctica como mágica.

Por ejemplo, leyendo los comentarios de este artículo sobre la diferencia que hay entre los subtítulos y el doblaje de un producto audiovisual aprendí de su autora que leer palabras agresivas o malsonantes nos resulta más violento que escucharlas. Por eso a veces en un idioma no sale escrito exactamente lo que el actor acaba de decir en otro. Esas y muchas otras razones son las que explica Marta González Quevedo a la hora de analizar las diferencias de traducción que existen en las películas y las series.

Otro ejemplo de la maleabilidad del lenguaje lo analiza Iván Ramírez Sánchez al explicar cómo el español comienza a beber de los términos utilizados en el mundo de los videojuegos, un “idioma” que provoca la creación de verbos tan desconocidos para mí como ‘farmear’, ‘kitear’ o ‘mainear’.

Y por último, uno de mis artículos favoritos de todos los tiempos: ¿por qué usamos metáforas espaciales cuando queremos hablar del paso del tiempo?

The Conversation

ref. Suplemento cultural: lo de la Rosalía – https://theconversation.com/suplemento-cultural-lo-de-la-rosalia-269021

Por qué perdimos el hábito dormir en dos turnos y cómo modificó nuestra percepción del tiempo

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Darren Rhodes, Lecturer in Cognitive Psychology and Environmental Temporal Cognition Lab Director, Keele University, Keele University

Albert Joseph Moore/Shutterstock

El sueño continuo es un hábito moderno, no un fruto natural de nuestra evolución. Y eso ayuda a explicar por qué muchos de nosotros seguimos despertándonos a las 3 de la madrugada y nos preguntamos si algo va mal. Puede ser útil saber que se trata de una experiencia profundamente humana.

Durante la mayor parte de la historia de la humanidad, dormir ocho horas seguidas no era lo habitual. En cambio, la gente solía descansar en dos turnos cada noche, a menudo denominados “primer sueño” y “segundo sueño”. Cada uno de estos periodos duraba varias horas, separadas por un intervalo de vigilia de una hora o más en mitad de la noche. Los registros históricos de Europa, África, Asia y otros lugares describen cómo, al caer la noche, las familias se acostaban temprano y luego se despertaban alrededor de la medianoche durante un rato antes de volver a dormir hasta el amanecer.

Dividir la noche en dos partes probablemente cambió la percepción del tiempo. El intervalo de silencio daba a las noches un punto medio claro, lo que puede hacer que las largas tardes de invierno parezcan menos continuas y sean más fáciles de soportar.

El intervalo de medianoche no era tiempo muerto, sino tiempo consciente, que determinaba cómo se experimentan las largas noches. Algunas personas se levantaban para ocuparse de tareas como avivar el fuego o cuidar de los animales. Otras se quedaban en la cama para rezar o reflexionar sobre los sueños que acababan de tener. Las cartas y los diarios de la época preindustrial mencionan que la gente aprovechaba las horas de tranquilidad para leer, escribir o incluso socializar tranquilamente con la familia o los vecinos. Y muchas parejas aprovechaban este despertar de medianoche para tener relaciones íntimas.

La literatura de épocas tan lejanas como la de Homero y Virgilio contiene referencias a una “hora que pone fin al primer sueño”, lo cual indica lo habitual que era la noche de dos turnos.

Cómo perdimos el “segundo sueño”

La desaparición del segundo sueño se produjo a lo largo de los dos últimos siglos debido a profundos cambios sociales. La iluminación artificial es uno de ellos. En los siglos XVIII y XIX, las lámparas de aceite, la iluminación de gas y, finalmente, la luz eléctrica comenzaron a convertir la noche en un tiempo de vigilia más aprovechable. En lugar de acostarse poco después de la puesta del sol, la gente empezó a quedarse despierta hasta más tarde bajo la luz de las lámparas.

Desde el punto de vista biológico, la luz brillante por la noche también modificó nuestros relojes internos (nuestro ritmo circadiano) e hizo que nuestros cuerpos fueran menos propensos a despertarse después de unas pocas horas de sueño. El momento en que se expone a la luz es importante. La luz normal de una habitación antes de acostarse suprime y retrasa la melatonina, lo que a su vez retarda la llegada del sueño.

La Revolución Industrial transformó no solo la forma de trabajar de las personas, sino también la forma de dormir. Los horarios de las fábricas fomentaban un único bloque de descanso. A principios del siglo XX, la idea de ocho horas ininterrumpidas había sustituido al ritmo centenario de dos periodos de sueño.

En estudios del sueño de varias semanas de duración que simulan las largas noches de invierno en la oscuridad y prescinden de los relojes o la luz del atardecer, las personas que participan suelen acabar adoptando dos periodos de sueño con un intervalo de vigilia tranquilo. Un estudio de 2017 sobre una comunidad agrícola de Madagascar sin electricidad descubrió que la mayoría de las personas seguían durmiendo en dos segmentos, levantándose alrededor de la medianoche.

Mujer durmiendo en un sofá con un vestido de seda.
¿Soñando con un segundo sueño?
John Singer Sargent/Shutterstock

Inviernos largos y oscuros

La luz regula nuestro reloj interno e influye en la rapidez con la que percibimos el paso del tiempo. Cuando esas señales se desvanecen, como en invierno o bajo la luz artificial, nos desorientamos.

En invierno, la luz matutina más tardía y más débil dificulta la sincronización circadiana. Esa luz de la mañana es especialmente importante para regular los ritmos circadianos porque contiene una mayor cantidad de luz azul, que es la longitud de onda más eficaz para estimular la producción de cortisol por parte del cuerpo y suprimir la melatonina.

En laboratorios de aislamiento temporal e investigaciones en cuevas, las personas estudiadas han vivido durante semanas sin luz natural ni relojes, o incluso en oscuridad constante. Pues bien, muchos individuos contaron mal el paso de los días, lo que demuestra lo fácil que es perder la noción del tiempo sin señales luminosas.

Distorsiones similares se producen en el invierno polar, donde la ausencia de amaneceres y atardeceres puede hacer que el tiempo parezca suspendido. Las personas nativas de latitudes altas y los residentes de larga duración con rutinas estables suelen adaptarse mejor a los ciclos de luz polares que los visitantes de corta duración, pero esto varía según la población y el contexto. Los residentes se adaptan mejor cuando su comunidad comparte un horario diario regular, por ejemplo. Y un estudio de 1993 sobre la población islandesa y sus descendientes que emigraron a Canadá reveló que estas personas presentaban índices inusualmente bajos de trastorno afectivo estacional en invierno. El estudio sugirió que la genética podría ayudar a esta población a lidiar con el largo invierno ártico.

Las investigaciones del Laboratorio de Cognición Temporal Ambiental de la Universidad de Keele (Inglaterra), del que soy director, muestran lo fuerte que es este vínculo entre la luz, el estado de ánimo y la percepción del tiempo. En una realidad virtual de 360 grados, los participantes vieron seis clips con escenas del Reino Unido y Suecia de unos dos minutos de duración. Estos voluntarios consideraron que las grabaciones duraban más en las escenas nocturnas o con poca luz que en las escenas diurnas o con más luz. El efecto fue más pronunciado en los participantes que declararon tener un estado de ánimo bajo.

Una nueva perspectiva sobre el insomnio

Los médicos especialistas en sueño señalan que los despertares breves son normales y suelen producirse en las transiciones entre fases, incluida la fase cercana al sueño REM, que se asocia con sueños vívidos. Lo importante es cómo respondemos.

La percepción de la duración en el cerebro es elástica: la ansiedad, el aburrimiento o la escasez de luz tienden a alargar el tiempo, mientras que el compromiso y la calma pueden comprimirlo. Sin ese intermedio en el que antiguamente nos levantábamos y hacíamos algo o charlábamos con nuestra pareja, despertarse a las 3 de la madrugada a menudo hace que el tiempo discurra con lentitud. En este contexto, la atención se centra en el paso del tiempo y los minutos que pasan pueden parecer más largos.

La terapia cognitivo-conductual para el insomnio (TCC-I) aconseja a las personas que se levanten de la cama después de unos 20 minutos tras despertarse, realicen una actividad tranquila con luz tenue, como leer, y luego vuelvan cuando tengan sueño.

Los expertos en sueño también sugieren tapar el reloj y dejar de medir el tiempo cuando se tiene dificultad para dormir. Aceptar con calma el estado de vigilia, junto con la comprensión de cómo nuestra mente percibe el tiempo, puede ser la forma más segura de volver a descansar.

The Conversation

Darren Rhodes no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Por qué perdimos el hábito dormir en dos turnos y cómo modificó nuestra percepción del tiempo – https://theconversation.com/por-que-perdimos-el-habito-dormir-en-dos-turnos-y-como-modifico-nuestra-percepcion-del-tiempo-269513

Les cigognes et les goélands transportent des centaines de kilos de plastique depuis les décharges jusqu’aux zones humides d’Andalousie

Source: The Conversation – in French – By Julián Cano Povedano, PhD student, Estación Biológica de Doñana (EBD-CSIC)

Cigognes et goélands se nourrissant dans une décharge. Enrique García Muñoz (FotoConCiencia), CC BY-ND

Le plastique ne se déplace pas seulement par le vent ou la mer. En Andalousie, des milliers d’oiseaux en deviennent les livreurs involontaires, reliant les décharges humaines aux zones naturelles protégées.


L’image d’oiseaux envahissant les décharges et se nourrissant de nos déchets suscite des inquiétudes quant à ce qu’ils mangent réellement. On sait, par exemple, que ces animaux peuvent mourir après avoir ingéré du plastique. Mais ce qui est moins connu, c’est ce qu’il advient ensuite de ces plastiques avalés et comment ils peuvent affecter d’autres organismes partageant le même écosystème.

Notre groupe de recherche étudie depuis plusieurs années le transport de graines et d’invertébrés par les oiseaux aquatiques. Cependant, nous trouvions souvent du plastique, du verre et d’autres produits d’origine anthropique dans les pelotes de réjection – des boules rejetées contenant des restes organiques non digestibles – et dans les fientes que nous analysions. Nous nous sommes donc demandé : et s’ils transportaient aussi du plastique ?

La pollution plastique est l’une des menaces auxquelles notre société est confrontée. Si elle a été largement étudiée dans les écosystèmes marins, les informations sur la provenance et l’impact du plastique dans les zones humides, comme les lacs ou les marais, restent limitées.

Comment les oiseaux transportent-ils les plastiques ?

Dans de nombreux endroits, des oiseaux comme les cigognes, les goélands ou les hérons garde-bœufs effectuent chaque jour le même trajet. Ils se nourrissent dans les décharges puis se déplacent vers les zones humides pour se reposer. Là, ces espèces régurgitent des pelotes contenant le matériel impossible à digérer, comme les plastiques. Elles agissent ainsi comme des vecteurs biologiques, et leur comportement entraîne une accumulation de plastiques dans les zones humides utilisées pour le repos.

Mais quelle est l’ampleur de ce phénomène ?

Pour répondre à cette question, nous nous sommes concentrés sur trois espèces d’oiseaux courantes dans les décharges andalouses : le goéland brun, le goéland leucophée et la cigogne blanche. Nous avons suivi des individus équipés de GPS et prélevé des pelotes de réjection dans les zones humides reliées aux décharges par leurs déplacements.

Après avoir quantifié le plastique en laboratoire, nous avons finalement combiné les données GPS, les recensements des espèces et l’analyse des pelotes de réjection afin d’estimer la quantité de plastique transportée par l’ensemble de la population. Le travail et le traitement des échantillons réalisés dans le cadre du projet ont été présentés dans un documentaire consacré au transport de plastique par les oiseaux vers les zones humides aquatiques.

Des centaines de kilos de plastique chaque année

La lagune de Fuente de Piedra, à Málaga, est célèbre pour sa colonie de flamants roses. Il s’agit d’une lagune endoréique, c’est-à-dire que l’eau y entre par des ruisseaux mais n’en sort pas, ce qui entraîne une concentration de sels et de tout polluant qui y pénètre, y compris les plastiques.

En hiver, des milliers de goélands bruns venus se reproduire dans le nord de l’Europe s’y rassemblent. Nous estimons que cette population importe en moyenne 400 kg de plastique par an vers cette zone humide classée Ramsar, provenant des décharges des provinces de Málaga, Séville et Cordoue.

Une autre étude récente menée dans le Parc naturel de la baie de Cadix nous a permis de comparer les trois espèces mentionnées, qui fréquentent les mêmes décharges et partagent le parc naturel comme zone de repos. Au total, nous avons constaté que ces espèces transportaient environ 530 kg de plastique par an vers les marais de la baie de Cadix, mais chacune le faisait d’une manière légèrement différente.

Différences entre cigognes et goélands

La cigogne, plus grande, transporte davantage de plastique par individu que les goélands, car ses pelotes de réjection sont plus volumineuses. Cependant, le facteur le plus déterminant pour évaluer l’impact de chaque espèce reste le nombre d’individus effectuant le trajet entre la décharge et la zone humide. Dans notre étude, c’est encore une fois le goéland brun qui déplaçait le plus de plastique (285 kg par an), en raison de son abondance durant l’hiver.

La corrélation directe entre la fréquence des visites aux décharges et la distance à celles-ci est évidente, tant chez les goélands que chez les cigognes. Les écosystèmes situés à proximité des décharges sont donc les plus exposés à ce problème.

Notre étude montre également que les différences spatio-temporelles propres à chaque espèce se traduisent dans leur manière de transporter le plastique. Par exemple, nous avons observé que la zone de la baie de Cadix la plus exposée aux plastiques provenant du goéland leucophée se situe autour de ses colonies de reproduction. De plus, cette espèce transportait du plastique tout au long de l’année, tandis que les deux autres ne le faisaient qu’en lien avec leur passage migratoire.

Enfin, nous avons relevé certaines différences dans les types de plastiques transportés : la cigogne était la seule espèce à rapporter des morceaux de silicone depuis les décharges, pour des raisons encore inconnues.

Goélands et cigognes sur le sol terreux d’une décharge
Goélands et cigognes dans une décharge.
Enrique García Muñoz, CC BY-ND

Impact et solutions

Les plastiques et leurs additifs peuvent causer de nombreux problèmes, non seulement pour les oiseaux eux-mêmes, mais aussi pour les organismes avec lesquels ils partagent leur écosystème – que ce soient des plantes ou d’autres oiseaux. Par exemple, les plastiques de grande taille peuvent provoquer des étranglements ou obstruer leurs systèmes digestifs.

Les effets des plastiques plus petits, ainsi que ceux de leurs additifs et des contaminants qui s’y fixent, passent souvent plus inaperçus : ils agissent notamment comme des perturbateurs endocriniens et entraînent des troubles métaboliques et reproductifs. De plus, ils peuvent entrer dans la chaîne alimentaire – passant d’un organisme à celui qui le consomme – et s’y accumuler progressivement à mesure qu’on en gravit les niveaux, affectant ainsi divers maillons de l’écosystème.

Résoudre ce problème n’est pas simple. Une directive européenne (1999/31/CE) prévoit l’utilisation de mesures dissuasives visant à limiter la fréquentation des décharges par ces oiseaux. Cependant, un débat persiste quant à leurs effets possibles sur les populations aviaires.

D’un autre côté, il existe une solution à notre portée, qui n’implique pas les oiseaux et que chacun peut appliquer : celle des célèbres trois « R » – réutiliser, réduire et recycler les plastiques que nous utilisons.

The Conversation

Julián Cano Povedano a reçu un financement du ministère espagnol de la Science, de l’Innovation et des Universités (bourse FPU). Les travaux réalisés ont également reçu le soutien financier de la Junta de Andalucía dans le cadre du projet de R&D+i GUANOPLASTIC (réf. PY20_00756).

Andrew J. Green a été le chercheur principal du projet « Aves acuáticas como vectores de plásticos y nutrientes entre vertederos y humedales andaluces : GuanoPlastic », financé par la Junta de Andalucía (réf. PY20_00756), mené d’octobre 2021 à mars 2023.

ref. Les cigognes et les goélands transportent des centaines de kilos de plastique depuis les décharges jusqu’aux zones humides d’Andalousie – https://theconversation.com/les-cigognes-et-les-goelands-transportent-des-centaines-de-kilos-de-plastique-depuis-les-decharges-jusquaux-zones-humides-dandalousie-269304

Avec son nouveau plan quinquennal, la Chine prend un pari très risqué

Source: The Conversation – in French – By Shaoyu Yuan, Adjunct Professor, New York University; Rutgers University

En adoptant en octobre le quinzième plan quinquennal du pays, Xi Jinping renforce le modèle dirigé par l’État, misant sur la technologie et la défense plutôt que sur la consommation des ménages. Un pari à haut risque…*


A intervalle régulier, depuis 1953, le gouvernement chinois dévoile une nouvelle stratégie directrice pour son économie : le très important plan quinquennal. Dans l’ensemble, ces feuilles de route ont eu pour objectif de stimuler la croissance et l’unité du pays alors qu’il se transformait d’une économie rurale et agricole en une puissance urbaine et développée.

La tâche à laquelle les dirigeants chinois étaient confrontés lorsqu’ils se sont réunis début octobre 2025 pour élaborer leur quinzième plan de ce type se heurtait cette fois à deux difficultés majeures : la faiblesse de la croissance intérieure et l’intensification des rivalités géopolitiques.

Leur solution ? Miser sur les mêmes recettes. En promettant d’assurer un « développement de haute qualité » grâce à l’autonomie technologique, à la modernisation industrielle et à l’expansion de la demande intérieure, Pékin renforce son pari sur un modèle dirigé par l’État, celui-là même qui a alimenté son essor ces dernières années. Le président Xi Jinping et les autres responsables ayant finalisé le plan 2026-2030 parient sur le fait qu’une croissance industrielle tirée par l’innovation pourrait garantir l’avenir de la Chine, même si des interrogations persistent sur la faiblesse des dépenses de consommation et sur les risques économiques croissants.

En tant qu’expert de l’économie politique de la Chine, je considère le nouveau plan quinquennal chinois autant comme un instrument de pouvoir que comme un outil économique. En réalité, il s’agit avant tout d’une feuille de route destinée à naviguer dans une nouvelle ère de compétition. Ce faisant, il risque toutefois de ne pas s’attaquer au fossé grandissant entre une capacité industrielle en plein essor et une demande intérieure atone.

Des rêves high-tech

Au cœur du nouveau plan on trouve des orientations plaçant l’industrie et l’innovation technologique au premier plan. Concrètement, cela signifie moderniser les usines traditionnelles, automatiser et « verdir » l’industrie lourde, tout en favorisant l’émergence de « secteurs d’avenir » tels que l’aérospatiale, les énergies renouvelables ou l’informatique quantique.

En faisant migrer l’économie vers le haut de la chaîne de valeur, Pékin espère échapper au piège du revenu intermédiaire et consolider son statut de superpuissance technologique autosuffisante. Pour protéger la Chine des contrôles à l’exportation instaurés par d’autres pays afin de freiner son ascension, Pékin redouble d’efforts pour « internaliser » les technologies critiques, en injectant massivement des fonds dans les entreprises nationales tout en réduisant la dépendance envers les fournisseurs étrangers.

Cette quête d’autosuffisance ne relève pas uniquement de considérations économiques : elle est explicitement liée à la sécurité nationale. Sous la direction de Xi Jinping, la Chine a poursuivi avec détermination ce que le Parti communiste chinois appelle la « fusion militaro-civile », c’est-à-dire l’intégration de l’innovation civile aux besoins militaires. Le nouveau plan quinquennal devrait institutionnaliser cette fusion comme principal levier de modernisation de la défense, garantissant que toute avancée dans l’intelligence artificielle ou la puissance de calcul civiles profite automatiquement à l’Armée populaire de libération.

Restructurer le commerce mondial

L’offensive chinoise, pilotée par l’État, dans les industries de haute technologie porte déjà ses fruits, et le nouveau plan quinquennal vise à prolonger cette dynamique. Au cours de la dernière décennie, la Chine s’est hissée au rang de leader mondial des technologies vertes – panneaux solaires, batteries et véhicules électriques – grâce à un soutien massif du gouvernement. Pékin entend désormais reproduire ce succès dans les semi-conducteurs, les machines de pointe, la biotechnologie et l’informatique quantique.

Une telle ambition, si elle se concrétise, pourrait redessiner les chaînes d’approvisionnement mondiales et les normes industrielles à l’échelle planétaire.

Mais cette stratégie accroît également les enjeux de la rivalité économique qui oppose la Chine aux économies avancées. La maîtrise chinoise de chaînes d’approvisionnement complètes a poussé les États-Unis et l’Europe à évoquer une réindustrialisation afin d’éviter toute dépendance excessive vis-à-vis de Pékin.

En promettant de bâtir « un système industriel moderne fondé sur une industrie manufacturière de pointe » et d’accélérer « l’autosuffisance scientifique et technologique de haut niveau », le nouveau plan indique clairement que la Chine ne renoncera pas à sa quête de domination technologique.

Un rééquilibrage insaisissable

Ce à quoi le plan accorde en revanche une attention relativement limitée, c’est au manque de dynamisme de la demande intérieure. Le renforcement de la consommation et des conditions de vie ne reçoit guère plus qu’un assentiment de principe dans le communiqué publié à l’issue du plénum au cours duquel le plan quinquennal a été élaboré.

Les dirigeants chinois ont bien promis de « stimuler vigoureusement la consommation » et de bâtir « un marché intérieur solide », tout en améliorant l’éducation, la santé et la protection sociale. Mais ces objectifs n’apparaissent qu’après les appels à la modernisation industrielle et à l’autosuffisance technologique – signe que les priorités anciennes continuent de dominer.

Et cela ne manquera pas de décevoir les économistes qui appellent depuis longtemps Pékin à passer d’un modèle ouvertement tourné vers les exportations à un modèle de croissance davantage porté par la consommation des ménages.

La consommation des ménages ne représente encore qu’environ 40 % du produit intérieur brut, bien en deçà des standards des économies avancées. En réalité, les ménages chinois se remettent difficilement d’une série de chocs économiques récents : les confinements liés au Covid-19 qui ont ébranlé la confiance des consommateurs, l’effondrement du marché immobilier qui a anéanti des milliers de milliards de richesse, et la montée du chômage des jeunes, qui a atteint un niveau record avant que les autorités n’en suspendent la publication.

Avec des gouvernements locaux enchevêtrés dans la dette et confrontés à de fortes tensions budgétaires, le scepticisme est de mise quant à la possibilité de voir émerger prochainement des politiques sociales ambitieuses ou des réformes favorables à la consommation.

Puisque Pékin renforce son appareil manufacturier tandis que la demande intérieure demeure faible, il est probable que l’excédent de production soit écoulé à l’étranger – notamment dans les secteurs des véhicules électriques, des batteries et des technologies solaires – plutôt qu’absorbé par le marché domestique.

Le nouveau plan reconnaît la nécessité de maintenir une base industrielle solide, en particulier dans des secteurs industriels en difficulté et d’autres, anciens, peinant à rester à flot. Cette approche peut ainsi éviter, à court terme, des réductions d’effectifs douloureuses, mais elle retarde le rééquilibrage vers les services et la consommation que de nombreux économistes jugent nécessaire à la Chine.

Effets en cascade

Pékin a toujours présenté ses plans quinquennaux comme une bénédiction non seulement pour la Chine, mais aussi pour le reste du monde. Le récit officiel, relayé par les médias d’État, met en avant l’idée qu’une Chine stable et en croissance demeure un « moteur » de la croissance mondiale et un « stabilisateur » dans un contexte d’incertitude globale. Le nouveau plan appelle d’ailleurs à un « grand niveau d’ouverture », en conformité avec les règles du commerce international, à l’expansion des zones de libre-échange et à l’encouragement des investissements étrangers – tout en poursuivant la voie de l’autosuffisance.

Pourtant, la volonté de la Chine de gravir l’échelle technologique et de soutenir ses industries risque d’intensifier la concurrence sur les marchés mondiaux – potentiellement au détriment des fabricants d’autres pays. Ces dernières années, les exportations chinoises ont atteint des niveaux record. Cet afflux de produits chinois à bas prix a mis sous pression les industriels des pays partenaires, du Mexique à l’Europe, qui commencent à envisager des mesures de protection. Si Pékin redouble aujourd’hui de soutien financier à la fois pour ses secteurs de pointe et ses industries traditionnelles, le résultat pourrait être une surabondance encore plus forte de produits chinois à l’échelle mondiale, aggravant les tensions commerciales.

Autrement dit, le monde pourrait ressentir davantage la puissance industrielle de la Chine, sans pour autant bénéficier suffisamment de son pouvoir d’achat – une combinaison susceptible de mettre à rude épreuve les relations économiques internationales.

Un pari risqué sur l’avenir

Avec le quinzième plan quinquennal de la Chine, Xi Jinping mise sur une vision stratégique à long terme. Il ne fait aucun doute que le plan est ambitieux et global. Et s’il réussit, il pourrait propulser la Chine vers des sommets technologiques et renforcer ses prétentions au statut de grande puissance.

Mais ce plan révèle aussi la réticence de Pékin à s’écarter d’une formule qui a certes généré de la croissance, mais au prix de déséquilibres ayant pénalisé de nombreux ménages à travers le vaste territoire chinois.

Plutôt que d’opérer un véritable changement de cap, la Chine tente de tout concilier à la fois : rechercher l’autosuffisance tout en poursuivant son intégration mondiale, proclamer son ouverture tout en se fortifiant, et promettre la prospérité au peuple tout en concentrant ses ressources sur l’industrie et la défense.

Mais les citoyens chinois, dont le bien-être est censé être au cœur du plan, jugeront en fin de compte de son succès à l’aune de la progression de leurs revenus et de l’amélioration de leurs conditions de vie d’ici 2030. Et ce pari s’annonce difficile à tenir.

The Conversation

Shaoyu Yuan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Avec son nouveau plan quinquennal, la Chine prend un pari très risqué – https://theconversation.com/avec-son-nouveau-plan-quinquennal-la-chine-prend-un-pari-tres-risque-269422

Who speaks for the dead? Rethinking consent in ancient DNA research

Source: The Conversation – Africa (2) – By Victoria Gibbon, Professor in Biological Anthropology, Division of Clinical Anatomy and Biological Anthropology, University of Cape Town

Would you choose to have a part of your body live on after you died? How might your choice affect your relatives – or even your entire community?

The first is a question people face when they donate organs. The second comes up when they participate in genetic research. This is because DNA from even a single individual can reveal a web of relationships, even helping law enforcement to solve crimes committed by distant relatives they have never met. And as you continue to go back in time, the web becomes ever more tangled.

DNA is the unique genetic material of every living being on the planet. It can be “immortalised” for an unforeseeably long time in digital genetic libraries which contain the genomic information not only of that person, but also their ancestors and descendants.

Ancient DNA (referred to as aDNA) involves the study of genetic material from organisms that lived long ago, including humans. Geneticists, archaeologists, anthropologists and historians are using aDNA research to gain unprecedented insights into human history, but the knowledge benefits different groups of people unevenly. Also, it can be destructive because aDNA is normally extracted from small samples of bones or teeth. And who can give permission on behalf of people who lived many generations in the past? Once spoken for, what measures can be used to ensure their wishes continue to be honoured?

Africa is the ancient origin of all humans, as evidenced by having the highest human genetic diversity of any continent or region found today. In other words, all humans carry DNA from deeply rooted shared African ancestry. This makes African DNA (ancient and modern) a rich resource to draw on to understand what makes us human. However, understanding human variation and our origins involves research embedded within living communities and communities are the solution to conservation and the future of work in our disciplines.

Once it is decoded, the genetic information can last forever, so it could be used by anyone, for any purpose, for generations to come. Companies in the pharmaceutical industry, for example, could use it. As this science advances at an astonishing pace, ethical and legal frameworks guiding it struggle to keep up. No country has standards applying specifically to the field of aDNA. Therefore, ethical guidelines appropriate for this work need to protect past, present and future generations.

Consent is not yet universally mandated nor typically obtained in aDNA research, despite growing awareness of its importance over the past two decades. What is more, the concept of “informed consent” as developed in the clinical medical world is deeply rooted in a western idea of individual autonomy. It assumes that most medical decision-making occurs by individuals, rather than communities. And there are challenges applying it to people who are no longer alive.

That’s why, in our recent paper, we argue for using “informed proxy consent” or “relational autonomy consent” in human aDNA research. This is when living people through relation and/or relationship to a deceased person or people can make decisions and provide consent on their behalf, as a proxy or stand-in. The relationship could be through gender, race, religion, sociopolitical or sociocultural identities, or biological. DNA is also susceptible to data mining, machine learning and statistical analysis to uncover patterns and other valuable information. The deceased may be represented by living people who are affected by the research.

Different social, political, cultural and economic contexts make it impossible to create a universal set of specific guidelines. But four principles can apply: honesty, accountability, professionalism, and stewardship.

In our paper, we outline a set of considerations for obtaining proxy informed consent for the long deceased. A system of consent could enrich research by using it in potent new ways, empowering people affected by research, protecting researchers from ethical breaches and building long-term, equitable partnerships.

The solution

We propose that consent for the use of human aDNA in research should be a community-driven process. Instead of individuals signing off on behalf of the deceased, living people connected to the deceased persons, whether through ancestry, geography, cultural knowledge, or custodianship, act as representatives. This recognises that people are part of communities, and that authority to consent must reflect social and cultural context, not just individual choice.

This kind of approach was applied in South Africa’s Sutherland Nine Restitution, when nine San and Khoekhoe ancestors were taken from their graves in the 1920s and sent to the University of Cape Town for medical education and research. Almost 100 years later, they were finally brought home to their community.

In the Malawi Ancient Lifeways and Peoples Project, one way archaeological research results are communicated to community members is through site visits such as the one below, which included traditional authorities, local and national government officials, academics and students. Community consultation became so normalised through this work that some traditional leaders began to ask researchers how aDNA might aid their own goals of restitution and historical reconstruction.

How it would work

One major lesson from studying the past is that things can change a lot. We do not expect that there will be clear cultural or biological continuity in every place or every time. And identifying appropriate descendant communities and determining who has the authority to consent can be complex. But local communities are often invested in research results, and they have a right to high-quality information about its consequences. Consent should be treated as a process, not a one-off event.

This begins in the planning stage, with researchers sharing a draft proposal and revising it based on community input. They must be transparent about who is funding the project, what techniques will be used and what the possible risks and benefits are. This is not only for science, but for the people connected to the deceased persons.

Clear communication is vital, and information should be provided in local languages and formats that are easy to understand. Communities should be given time to reflect without researchers present. Feedback must be taken seriously, and projects adapted accordingly. Crucially, communities need retain control over how data is stored, used and shared.

Finally, engagement should continue throughout the life of the project. Researchers should share findings before publication and return for fresh consent if using data in new ways.

We recognise that the process is demanding. It requires time and financial resources for pre-research consultation and ongoing engagement, which can be slower than academic expectations for rapid publication. But funders and research institutions need to understand that the time taken to build community partnerships with living descendant communities is an essential and enriching foundation for ethical research.

The Conversation

Victoria Gibbon receives funding from the South African National Research Foundation.

Jessica Thompson has received funding from the U.S. National Science Foundation, Leakey Foundation, Wenner-Gren Foundation, and National Geographic Society.

Sianne Alves does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Who speaks for the dead? Rethinking consent in ancient DNA research – https://theconversation.com/who-speaks-for-the-dead-rethinking-consent-in-ancient-dna-research-265539

How Nigeria’s grazing law also shapes land divisions and violence

Source: The Conversation – Africa (2) – By Victor Onyilor Achem, Researcher, University of Ibadan

When Nigeria’s Benue State Anti‑Open Grazing Law was passed in 2017, it brought hope that pastoralist herders would move to ranches, farmers would gain peace, and violent conflict between herders and farmers would ease.

The law banned the open grazing of livestock and required herders to establish ranches instead. It introduced fines, jail terms, and a livestock-guard task force to monitor compliance, shifting livestock management from communal routes to fenced ranches.

For decades, tensions between farming and herding communities across Nigeria’s Middle Belt have erupted into deadly violence.

As farmland shrinks and grazing routes disappear, competition over land, water and survival has intensified. Thousands have been killed, and more than two million people have been displaced. These conflicts are not just about cattle or crops; they are about identity, belonging and the struggle for power in a nation where religion and ethnicity often overlap with politics.

I study these dynamics as a sociologist whose work cuts through identity-driven conflicts and local peacebuilding. In a recently published study I show that the outcome of the Benue State Anti‑Open Grazing Law has been far more complicated than envisaged.

My research involved 40 interviews and focus groups in Benue’s most affected districts. It found that while the law against open grazing reduced crop destruction, it also deepened mistrust and exclusion. Farmers saw it as protection; herders saw it as punishment.

Based on my findings, I argue that the crisis is a governance failure amplified by politicised faith narratives and elite opportunism. A local land-use dispute has been reimagined internationally as evidence that Nigeria is fracturing along religious lines. Unless policy becomes more inclusive, this perception could grow, risking new waves of division and violence.

Why the law faltered

The anti-open grazing law in Benue was intended to curb the roaming of cattle across farmlands, reduce conflict, and protect sedentary farming communities. But the design overlooked key issues: it expected herders – many of them nomadic, landless and low-capital – to invest in ranches with minimal support.

Meanwhile, the enforcement architecture exhibited weakness. Livestock guards lacked resources, and coordination between Benue state government and the federal government broke down, leading to a strained relationship between levels of government.

The challenge is that agriculture and policing fall under shared jurisdiction in Nigeria. The state could legislate but not easily enforce without federal backing. The federal government, led at the time by a Fulani president, saw the law as discriminatory, while Benue leaders viewed federal hesitation as betrayal. The standoff left the law largely unenforced.

Even when enforced, the law punished mobility but offered scant alternatives. My field data showed herders feeling criminalised, farmers feeling abandoned, and both sides interpreting the law through existential lenses. Both farmers and herders saw it as a struggle for survival, one group fighting to defend ancestral land, the other to preserve livelihood and identity.

When land becomes identity

In contexts like central Nigeria, land is more than soil: it is identity, history and power. Farmers, mostly Christian crop growers, view the grazing law as an instrument of protection. Herders, often Fulani and Muslim, perceive it as a threat to their way of life. The herders have followed transhumant grazing routes for centuries, moving with the seasons. Their mobility predates Nigeria’s borders and remains vital to their culture and economy.

When open grazing is punished, and when governance fails to bridge the divide, disputes over pasture and farmland become charged with religious and ethnic meaning.

In this terrain, the narrative of a “religious genocide” gains traction, a narrative that coincides with the US designation of Nigeria as a country that fails to protect religious freedom. US president Donald Trump threatened military action unless Nigeria “stops the killing of Christians”.

But the truth on the ground is more nuanced. Analysts point out that both Christian and Muslim communities have suffered repeated attacks across different regions. Conflict over land, pastoral mobility and weak governance often overlap with religious fault lines, but are driven by deeper forces like land scarcity, climate stress, and weak governance. Religion explains the rhetoric, not the root cause.

How grazing policy and faith conflict connect

The grazing law’s failure matters because it becomes part of the faith conflict story. When the state is seen to favour one set of communities, the other sees exclusion.

When violence between farmers and herders is portrayed in religious terms, such as “Christians under siege” and “Muslim herders as invaders”, the law meant to protect becomes a symbol of division.

In other words, the anti-grazing law was never only about cattle. It became a law about belonging, rights, who gets to claim the land, and whose identity is recognised.

The US reaction exacerbates this division by implying that one group is the victim and the other is the perpetrator. That framing may help some voices gain global attention, but it can also harden local fault lines.

What must change

If Nigeria and its states are to prevent this conflict from becoming a faith-war, several things must shift:

  • Inclusive policy-making: Pastoralists must be genuinely part of policy design, not just regulated. Mobility, traditional rights and modern ranching must be reconciled.

  • Stronger federal-state cooperation: Nigeria’s constitution splits agricultural and policing powers. States can legislate but depend on federal agencies for enforcement. Clearer coordination and funding are essential.

  • Narrative formation: Policymakers, media and international actors must avoid reducing complex land and livelihood struggles into simple faith wars. Accurate data, inclusive language and community voices matter.

  • Trust building at the local level: Mechanisms such as locally led peace committees, shared grazing agreements and conflict-sensitive land-use planning have to be empowered.

Why it matters globally

Nigeria is Africa’s most populous country, a multi-faith, multi-ethnic democracy, and a test case for how modern states negotiate change, tradition and identity.

The US decision to label Nigeria a “country of particular concern” has grabbed headlines, but the core of the issue lies in how Nigerians farm, herd, travel, claim land, and build peace.

If Nigeria fails to turn its land and livelihood fault lines into inclusive governance, then the risk is not simply more violence, it is a deeper fracture in which laws become weapons of identity, and international declarations feed local fears.

Conflict won’t stop because rhetoric picks up speed; it will stop when policy, law and identity converge in a way that recognises everyone’s belonging.

In the end, the question is not simply whether more laws are passed or whether the US sanctions Nigeria. It is whether communities in Nigeria feel protected or whether laws and external pressure leave them feeling excluded.

The Conversation

Victor Onyilor Achem does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. How Nigeria’s grazing law also shapes land divisions and violence – https://theconversation.com/how-nigerias-grazing-law-also-shapes-land-divisions-and-violence-268923

How number systems shape our thinking, and what this means for learning, language and culture

Source: The Conversation – Canada – By Jean-Charles Pelland, Postdoctoral Researcher, Department of Psychosocial Science, University of Bergen

Most of us have little trouble working out how many millilitres are in 2.4 litres of water (it’s 2,400). But the same can’t be said when we’re asked how many minutes are in 2.4 hours (it’s 144).

That’s because the Indo-Arabic numerals we often use to represent numbers are base-10, while the system we often use to measure time is base-60.

Expressing time in decimal notation leads to an interaction between these two bases, which can have implications at both the cognitive and cultural level.

Such base interactions and their consequences are among the important topics covered in a new issue of the Philosophical Transactions of the Royal Society journal, which I co-edited with colleagues Andrea Bender (University of Bergen), Mary Walworth (French National Centre for Scientific Research) and Simon J. Greenhill (University of Auckland).

The themed issue brings together work from anthropology, linguistics, philosophy and psychology to examine how humans conceptualize numbers and the numeral systems we build around them.

What are bases, and why do they matter?

Despite using numeral bases on a daily basis, few of us have reflected on the nature of these cognitive tools. As I explain in my contribution to the issue, bases are special numbers in the numeral systems we use.

Because our memories aren’t unlimited, we can’t represent each number with its own unique label. Instead, we use a small set of numerals to build larger ones, like “three hundred forty-two.”

That’s why most numeral systems are structured around a compositional anchor — a special number with a name that serves as a building block to form names for other numbers. Bases are anchors that exploit powers of a special number to form complex numerical expressions.

The English language, for example, uses a decimal system, meaning it uses the powers of 10 to compose numerals. So we compose “three hundred and forty-two” using three times the second power of 10 (100), four times the first power of 10 (10) and two times the zeroth power of 10 (one).

This base structure allows us to represent numbers of all sizes without overloading our cognitive resources.

Languages affect how we count

Despite the abstract nature of numbers, the degree to which numeral systems transparently reflect their bases has very concrete implications — and not just when we tell time. Languages with less transparent rules will take longer to learn, longer to process and can lead to more calculation and dictation errors.

Take French numerals, for example. While languages like French, English and Mandarin all share the same base of 10, most dialects of French have what could politely be called a quirky way of representing numbers in the 70-99 range.




Read more:
How counting by 10 helps children learn about the meaning of numbers


Seventy is soixante-dix in French, meaning “six times 10 plus 10,” while 80 uses 20 as an anchor and becomes quatre-vingts, meaning “four twenties” (or “four twenty,” depending on the context). And 90 is quatre vingt dix, meaning “four twenty ten.”

French is far from being alone in being quirky with its numerals. In German, numbers from 10 to 99 are expressed with the ones before the tens, but numbers over 100 switch back to saying the largest unit first.

Even in English, the fact that “twelve” is said instead of “ten two” hides the decimal rules at play. Such irregularities spread far beyond languages.

How bases shape learning and thought

Base-related oddities are spread out across the globe and have very real implications for how easily children learn what numbers are and how they interact with objects such as blocks, and for how efficiently adults manipulate notations.

For example, one study found that lack of base transparency slows down the acquisition of some numerical abilities in children, while another found similar negative effects on how quickly they learn how to count.

Another study found that children from base-transparent languages were quicker to use large blocks worth 10 units to represent larger numbers (for example, expressing 32 using three large blocs and two small ones) than children with base-related irregularities.

While Mandarin’s perfectly transparent decimal structure can simplify learning, a new research method suggests that children may find it easier to learn what numbers are if they are exposed to systems with compositional anchors that are smaller than 10.

In general, how we represent bases has very concrete cognitive implications, including how easily we can learn number systems and which types of systems will tend to be used in which contexts.

A group of people in white protective suits and head protectors stand in front of a robotic spacecraft
Technicians lower the Mars Climate Orbiter onto its work stand in the Spacecraft Assembly and Encapsulation Facility-2 in 1998.
(NASA)

At a cultural level, base representation influences our ability to collaborate with scientists across disciplines and across cultures. This was starkly illustrated by the infamous Mars Climate Orbiter incident, when a mix-up between metric and imperial units caused a $327 million spacecraft to crash into Mars in 1999.

Why understanding bases matters

Numeracy — the ability to understand and use numbers — is a crucial part of our modern lives. It has implications for our quality of life and for our ability to make informed decisions in domains like health and finances.

For example, being more familiar with numbers will influence how easily we can choose between retirement plans, how we consider trade-offs between side-effects and benefits when choosing between medications or how well we understand how probabilities apply to our investments.

And yet many struggle to learn what numbers are, with millions suffering from math anxiety. Developing better methods for helping people learn how to manipulate numbers can therefore help millions of people improve their lives.

Research on the cognitive and cultural implications of bases collected in the Philosophical Transactions of the Royal Society journal can help make progress towards our understanding of how we think about numbers, marking an important step towards making numbers more accessible to everyone.

The Conversation

Jean-Charles Pelland’s work has been made possible by financial support from the ‘QUANTA: Evolution of Cognitive Tools for Quantification’ project, which has received funding from the European Research Council (ERC) under the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme (grant agreement No 951388).

ref. How number systems shape our thinking, and what this means for learning, language and culture – https://theconversation.com/how-number-systems-shape-our-thinking-and-what-this-means-for-learning-language-and-culture-268168

To survive today’s economy, university students are using circus-like tactics

Source: The Conversation – Canada – By Alison Taylor, Professor, Department of Educational Studies, University of British Columbia

The skills “every student needs” for the 21st century include competencies in technology, problem solving and communication — and character qualities like adaptability and grit.

This is according to the World Economic Forum, but by now, we should be familiar with this kind of rhetoric. Think tanks, employers and policymakers amplify similar ideas around what graduates need to get good jobs and contribute to economic growth.

Such discourse and policy put pressure on universities to be more responsive to a labour market that is more precarious than the one faced by previous generations.

In turn, university students feel pressure to make the best decisions. It’s small wonder that more students are adjusting their study and career plans in efforts to secure their futures.

My recent book, Juggling Rhythms, frames university students’ diverse tactics (and survival skills) as “circus arts.” This way of examining student experiences is deeply informed by what I heard in interviews with students, and reveals aspects of their experiences that would not otherwise be apparent.

Working while studying full-time

I gained insight into these questions during a research study that I led between 2018 and 2023, which focused on undergraduate students who work while studying full-time at two research-intensive universities in Canada.

We approached this research aware of the plethora of advice for students to make themselves employable. We wondered: What do students themselves think? How are they feeling about their future careers — excited and eager, anxious and pessimistic or somewhere in between?

More than half of undergraduates engage in term-time work while studying and many pursue other forms of work-integrated learning as well.

Undergraduates are recognizing the importance of 21st century “circus arts” as they labour to learn in today’s economy, characterized by extreme wealth inequality, globalization and the dominance of multinational corporations.

Circus arts metaphors

The “circus arts” metaphors were sparked by qualitative research with 57 students at one university between 2020 and 2022. Our methods included focus group interviews, life maps, audio diaries and one-on-one follow-up interviews.

Of these 57 students, 39 identified as female, 40 were racialized, 16 were international and 17 were first-generation Canadian. They were enrolled in a range of programs across campus, many in the largest faculties of arts and science.

In my book, I consider how students are concerned with:

• How to manipulate different “objects” (juggling)

• How to adjust and recalibrate their activities and expectations (high-wire walking)

• How to learn their limits and bend in ways that don’t compromise care for self and others (contortion); and

• How to expend energy instrumentally and avoid burnout (sword swallowing).

Varying degrees of freedom and ease

Different students take up these “circus arts” in varied ways and degrees of freedom and ease. For instance, many students juggle more than paid work and studies.

Women are more likely to juggle volunteer work required for admission into feminized professional programs as well as care work in families. International students add the labour of acclimatizating to a new country with employment to offset disproportionately high tuition.

I observe that the art of high-wire walking tends to be less challenging for students who enter university with varied experiences and who have strong safety nets provided by families.

In contrast, financially insecure students, especially those who are racialized or live with disabilities, navigate more cautiously as they try to anticipate obstacles.

For example, one interviewee, Lucy, relayed how her disability required her to adjust studies and work when she was close to the point of burning out. First-generation student, Michael, had little room for error as he lived “paycheque to paycheque” on earnings from his retail job while pursuing full-time studies.

Costs of contortion and competition

Dominant discourses frame youth as autonomous, independent decision-makers who exhibit Gumby-like capacities to stretch and compress themselves into education and employment systems.

However, I observe that the “art of contortion” also involves discovering the costs of hyper-flexibility and limits on the ability to stretch in different directions.

For example, Kay came “pretty close to dropping out” because of mental health issues that were exacerbated by the competitive climate on campus. Fortunately, support from her parents and a sympathetic employer on campus helped her persevere.

Similarly, Janice, a racialized international student, compared her cohort to a “herd of lions trying to kill each other.” Her perception of steep competition for work placements coupled with her challenges to “fit in” to Canadian systems led to her realization that “there’s only so much we can take” and “you don’t have to take the path that every other person takes.”




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Sword swallowing

Students learn their limits as they bump up against the rigidity of demanding education and employment systems and as they navigate family expectations.

Pressure to take on too much can be irresistible in a context where a bachelor’s credential is no longer seen as sufficient and the smorgasbord of extra-credential activities is dizzying.

The dangers of sword swallowing — which involves suppressing one’s natural defence mechanisms — are reflected in students’ comments about burnout, exhaustion and poor mental health.

For example, Helena’s disability meant that she was always playing “catch up” despite the long hours she put into her studies. When combined with a retail employer who wasn’t accommodating, she reflected, “my mental health isn’t that great” and “my personal battery is dead.”

Erosion of familiar pathways

Participants in the study perceived an imperative to be planful, employable and productive (what I call “PEP talk”) because of the erosion of familiar institutional pathways and institutional safety nets coupled with the uncertain value of university credentials.

What could universities do to reduce the time pressure on students who experience the most precarity? There are calls to tie universities even more closely to job markets: mandating work-integrated learning, adding micro-credentials and packing more into programs.

I’m not convinced these approaches will do the trick. Instead, I think we need to move away from universities trying to meet the demands of constantly shifting global labour markets by producing graduates who can “hit the ground running.”

Paradigm shift needed

A paradigm shift is needed for three main reasons. First, the timescale of universities is (and should be) longer than the economic quarter. Innovation and responsiveness to communities does not mean reacting to every report on business.

Second, everything is not up to universities. Employers must take more responsibility for creating rewarding and sustainable entry-level positions with training. This does not mean adding more unpaid internships.

Finally, more institutional supports are needed to create the space and time for students to decide who they aspire to be, explore possible directions for work and career and discover what they value (including things beyond economic returns on educational investments.

This could mean lower tuition, more financial support for financially insecure students and the equitable distribution of work opportunities on campus.

It also means instructors and researchers modelling the kind of patient and careful scholarship that will help us see our way forward in a complex and crisis-prone world.

The Conversation

Alison Taylor received funding from the Social Sciences and Humanities Research Council of Canada.

ref. To survive today’s economy, university students are using circus-like tactics – https://theconversation.com/to-survive-todays-economy-university-students-are-using-circus-like-tactics-264839