La troublante actualité du nouvel album de Woody Guthrie, sorti 58 ans après sa mort

Source: The Conversation – in French – By Daniele Curci, PhD Candidate in International and American History, University of Florence

Sorti cet été, l’album posthume de Woody Guthrie, figure emblématique de la musique folk des années 1940-1960, résonne puissamment avec la situation actuelle des États-Unis : plusieurs des titres qu’il contient, consacrés à l’expulsion de migrants mexicains, à une justice raciste ou encore aux injustices économiques, auraient pu être écrits ces derniers mois…


Le 14 août est sorti Woody at Home, Vol.1 & 2, le nouvel album de Woody Guthrie (1912-1967), probablement l’artiste folk américain le plus influent, auteur de la célèbre « This Land Is Your Land » (1940), qui dans cet album est proposée avec de nouveaux vers.

L’album contient des chansons – certaines déjà connues, d’autres inédites – que Guthrie enregistra avec un magnétophone offert par Howie Richmond, son éditeur, entre 1951 et 1952 et qui sont désormais publiées grâce à une nouvelle technologie qui a permis d’en améliorer la qualité sonore.

« Deportee »

La parution de l’album a été précédée par celle du single « Deportee (Plane Wreck at Los Gatos) », une chanson dont on ne connaissait jusqu’ici que le texte, que Guthrie écrivit en référence à un épisode survenu le 28 janvier 1948, lorsqu’un avion transportant des travailleurs saisonniers mexicains, de retour au Mexique, s’écrasa dans le canyon de Los Gatos (Californie), provoquant la mort de tous les passagers.

Un choix qui n’est pas anodin, comme l’a expliqué Nora Guthrie – l’une des filles du folk singer, cofondatrice des Woody Guthrie Archives et longtemps conservatrice de l’héritage politico-artistique de son père – lors d’un entretien au Smithsonian Magazine, dans lequel elle a souligné combien le message de son père reste actuel, au vu des expulsions opérées par l’administration de Donald Trump et, plus généralement, de ses tendances autoritaires, un thème déjà présent dans « Biggest Thing That Man Has Ever Done », écrite pendant la guerre contre l’Allemagne nazie.

Tout cela montre la vitalité de Woody Guthrie aux États-Unis. On assiste à un processus constant d’actualisation et de redéfinition de la figure de Guthrie et de son héritage artistique, qui ne prend pas toujours en compte le radicalisme du chanteur, mais qui en accentue parfois le patriotisme.

Un exemple en est l’histoire de « This Land Is Your Land » : de la chanson existent des versions comportant des vers critiques de la propriété privée, et d’autres sans ces vers. Dans sa première version, « This Land » est devenue presque un hymne non officiel des États-Unis et, au fil des années, a été utilisée dans des contextes politiques différents, donnant parfois lieu à des appropriations et des réinterprétations politiques, comme en 1960, lorsqu’elle fut jouée à la convention républicaine qui investit Richard Nixon comme candidat à la présidence ou, en 1988, lorsque George H. W. Bush utilisa la même chanson pour sa campagne électorale.

Guthrie lut le compte rendu de la tragédie du 28 janvier 1948 dans un journal, horrifié de constater que les travailleurs n’étaient pas appelés par leur nom, mais par le terme péjoratif de « deportees ».

Ce célèbre cliché pris par la photographe Dorothea Lange en Californie, en 1936, intitulé « Migrant Mother », montre Florence Thompson, 32 ans, alors mère de sept enfants, native de l’Oklahoma et venue dans le Golden State chercher du travail.
Dorothea Lange/Library of Congress

Dans leur histoire, Guthrie vit des parallèles avec les expériences vécues dans les années 1930 par les « Oakies », originaires de l’Oklahoma, appauvris par les tempêtes de sable (dust bowls) et par des années de crise socio-économique, qui se déplaçaient vers la Californie en quête d’un avenir meilleur. C’était un « Goin’ Down The Road », selon le titre d’une chanson de Guthrie, où ce « down » signifiait aussi la tristesse de devoir prendre la route, avec toutes les incertitudes et les difficultés qui s’annonçaient, parce qu’il n’y avait pas d’alternative – et, en effet, le titre complet se terminait par « Feeling Bad ».

Parmi les difficultés rencontrées par les Oakies et les Mexicains, il y avait aussi le racisme et la pauvreté face à l’abondance des champs de fruits, comme lorsque les Mexicains se retrouvaient à cueillir des fruits qui pourrissaient sur les arbres (« The crops are all in and the peaches are rotting ») pour des salaires qui leur permettaient à peine de survivre (« To pay all their money to wade back again »).

Et, en effet, dans « Deportee », d’où sont extraites ces deux citations, Guthrie demandait avec provocation :

« Is this the best way we can grow our big orchards ?
Is this the best way we can grow our good fruit ?
To fall like dry leaves to rot on my topsoil
And be called by no name except “deportees” ? »

Est-ce la meilleure façon de cultiver nos grands vergers ?
Est-ce la meilleure façon de cultiver nos bons fruits ?
Tomber comme des feuilles mortes pour pourrir sur ma terre arable
Et n’être appelés que par le nom de « déportés » ?

Visions de l’Amérique et radicalisme

« We come with the dust and we go with the wind », chantait Guthrie dans « Pastures of Plenty » (1941, également présente dans Woody at Home), l’hymne qu’il écrivit pour les migrants du Sud-Ouest, dénonçant l’indifférence et l’invisibilité qui permettaient l’exploitation des travailleurs.

Guthrie, de cette manière, mesurait l’écart qui séparait la réalité du pays de la réalisation de ses promesses et de ses aspirations. Dans le langage politique des États-Unis, le terme « America » désigne la projection mythique, de rêve, de projet de vie qui entrelace l’histoire de l’individu avec celle de la Nation. En ce sens, pour Guthrie, les tragédies étaient aussi une question collective permettant de dénoncer la façon dont une minorité (les riches capitalistes) privait la majorité (les travailleurs) de ses droits et de son bien-être.

La vision politique de Guthrie devait beaucoup au fait qu’il avait grandi dans l’Oklahoma des années 1920 et 1930, où l’influence du populisme agraire de type jeffersonien – la vision d’une république agraire inspirée par Thomas Jefferson, fondée sur la possession équitable de la terre entre ses citoyens – restait très ancrée, et proche du Populist Party, un parti de la dernière décennie du XIXe siècle qui critiquait ceux qui gouvernaient les institutions et défendait les intérêts du monde agricole.

C’est également dans ce cadre qu’il faut situer le radicalisme guthrien qui prit forme dans les années 1930 et 1940, périodes où les discussions sur l’état de santé de la démocratie américaine étaient nombreuses et où le New Deal de Franklin Delano Roosevelt cherchait à revitaliser le concept de peuple, érodé par des années de crise économique et de profonds changements sociaux.

Guthrie apporta sa contribution en soutenant le Parti communiste et, à différentes étapes, le New Deal, dans la lignée du syndicat anarcho-communiste des Industrial Workers of the World (IWW) dont il avait repris l’idée selon laquelle la musique pouvait être un outil important de la militance. Dans le Parti, Guthrie voyait le ciment idéologique ; dans le syndicat, l’outil d’organisation des masses, car ce n’est qu’à travers l’union – un terme disposant d’un double sens dont Guthrie a joué à plusieurs reprises : syndicat et union des opprimés – qu’on parviendrait à un monde socialisant et syndicalisé.

« White America ? »

L’engagement de Guthrie visait également à surmonter les discriminations raciales. Ce n’était pas chose acquise pour le fils d’un homme que l’on dit avoir été membre du Ku Klux Klan et fervent anticommuniste, qui avait probablement participé à un lynchage en 1911.

D’ailleurs, le même Woody, à son arrivée en Californie dans la seconde moitié des années 1930, portait avec lui un héritage raciste que l’on retrouve dans certaines chansons comme dans la version raciste de « Run, Nigger Run », une chanson populaire dans le Sud que Guthrie chanta à la radio, dans le cadre de sa propre émission, en 1937. Après cela, Guthrie reçut une lettre d’une auditrice noire exprimant tout son ressentiment quant à l’utilisation du terme « nigger » par le chanteur. Guthrie fut tellement touché qu’il lut la lettre à la radio en s’excusant.

Il entreprit alors un processus de remise en question de lui-même et de ce qu’il croyait être les États-Unis, allant jusqu’à dénoncer la ségrégation et les distorsions du système judiciaire qui protégeaient les Blancs et emprisonnaient volontiers les Noirs. Ces thèmes se retrouvent dans « Buoy Bells from Trenton », également présente dans « Woody at Home », qui se réfère à l’affaire des Trenton Six : en 1948, six Noirs de Trenton (New Jersey) furent condamnés pour le meurtre d’un Blanc, par un jury composé uniquement de Blancs, malgré le témoignage de certaines personnes ayant vu d’autres individus sur les lieux du crime.

« Buoy Bells from Trenton » a probablement été incluse dans l’album pour la lecture qu’on peut en faire sur les abus de pouvoir et sur les « New Jim Crow », expression qui fait écho aux lois Jim Crow (fin XIXe–1965). Celles-ci imposaient dans les États du Sud la ségrégation raciale, légitimée par l’arrêt Plessy v. Ferguson (1896) de la Cour suprême, qui consacrait le principe « séparés mais égaux », avant d’être abolies par l’arrêt Brown v. Board of Education (1954), le Civil Rights Act (1964) et le Voting Rights Act (1965).

Popularisée par Michelle Alexander dans le livre The New Jim Crow (2010), la formule désigne le système contemporain de contrôle racial à travers les politiques pénales et l’incarcération de masse : en 2022, les Afro-Américains représentaient 32 % des détenus d’État et fédéraux condamnés, alors qu’ils ne constituent que 12 % de la population états-unienne, chiffre sur lequel plusieurs études récentes insistent. Cette chanson peut ainsi être relue, comme le suggère Nora Guthrie, comme une critique du racisme persistant, sous des formes institutionnelles mais aussi plus diffuses. Un exemple, là encore, de la vitalité de Guthrie et de la manière dont l’art ne s’arrête pas au moment de sa publication, mais devient un phénomène historique de long terme.

The Conversation

Daniele Curci ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La troublante actualité du nouvel album de Woody Guthrie, sorti 58 ans après sa mort – https://theconversation.com/la-troublante-actualite-du-nouvel-album-de-woody-guthrie-sorti-58-ans-apres-sa-mort-265032

Pionnières de la parité politique : qui étaient les députées de 1945 ?

Source: The Conversation – in French – By Anne-Sarah Bouglé-Moalic, Chercheuse associée au laboratoire HISTEME (Histoire, Territoires, Mémoires), Université de Caen Normandie

En octobre 1945, en France, 33 femmes font leur entrée sur les bancs de l’Assemblée nationale. Qui sont-elles ? Dans quelle mesure leur entrée au Parlement bouscule-t-elle un imaginaire républicain très masculin ? Retour sur le parcours de ces pionnières alors qu’on célèbre également les 25 ans de la loi pour la parité politique.


Le 21 octobre 1945, des élections législatives sont organisées en France. Elles doivent permettre de nommer une assemblée constituante pour la IVe République. La France n’a plus connu d’élections législatives depuis neuf ans – les dernières avaient amené le Front populaire au pouvoir, en 1936.

Mais ce n’est pas la seule particularité de cette échéance de l’immédiat après-guerre. Pour la première fois dans son histoire, l’Assemblée nationale peut accueillir des femmes, non plus dans les balcons, mais bien au cœur de l’hémicycle. La réforme du 21 avril 1944, accordant aux femmes les mêmes droits politiques qu’aux hommes, leur permet en effet non seulement de devenir électrices, mais aussi de se porter candidates aux suffrages de leurs concitoyens.

C’est la deuxième fois, en 1945, que les Françaises peuvent prendre part au jeu politique, après les élections municipales des 29 avril et 13 mai. Mais l’enjeu est différent. Le mandat municipal est celui de la proximité, de la bonne gestion familiale que l’on associe sans trop de difficulté à l’image des femmes. Le mandat parlementaire incarne lui le peuple, la République ; il est aussi réputé plus violent.

Le Parlement est un monde d’hommes. Comment les femmes y ont-elles fait leur entrée ? Qui étaient-elles, ces grandes inconnues qui ont été les premières à représenter une démocratie enfin posée sur ses deux pieds ?

Avant 1945, des préjugés et des expériences locales

En 1945, la question de l’éligibilité des femmes n’est pas nouvelle dans la société française. Nombreuses sont les féministes à avoir utilisé leur candidature à diverses élections pour populariser la cause suffragiste. La première d’entre elles est Jeanne Deroin, en 1849 ! Le processus a été repris ensuite à de multiples reprises, comme par Louise Barberousse ou Eliska Vincent, dans les années 1880 et 1890, et très régulièrement au XXe siècle. On se souvient particulièrement de la candidature de la journaliste Jeanne Laloë, aux élections municipales de 1908 à Paris, ou de la campagne de Louise Weiss et de l’association la Femme nouvelle en 1935.

Des femmes ont d’ailleurs été élues à plusieurs reprises. Aux élections municipales de 1925, les communistes positionnent des femmes en haut de liste, rendant presque automatique leur élection en cas de succès. Elles sont une dizaine à être élues, et plusieurs à siéger plusieurs mois, jusqu’à l’invalidation de leurs élections. On peut citer Joséphine Pencalet, sardinière de Douarnenez (Finistère), Émilie Joly et Adèle Métivier à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), Mme Tesson à Bobigny (alors dans le département de la Seine)…

D’autres expériences sont menées par des maires sensibles au suffragisme et souhaitant contourner la loi, tout en restant dans la légalité : ils nomment de conseillères municipales officieuses, siégeant au Conseil mais avec des droits restreints. Trois villes – Villeurbanne (Rhône), Dax (Landes) et Louviers (Eure) – organisent même des élections pour donner davantage de légitimité à ces conseillères.

Histoire du vote des femmes (INA Politique, 2012).

Les préjugés sur l’immixtion des femmes en politique étaient encore tenaces, à la fin de la IIIe République. Certains, notamment des sénateurs, avancent que les hommes perdront leur énergie virile au contact des femmes dans l’hémicycle, tandis que d’autres estiment que la nature faible, nerveuse, impressionnable des femmes est trop risquée. Soit les femmes en pâtiraient gravement, soit elles se transformeraient en hommes, soit elles provoqueraient un coup d’État en se laissant emporter par le plus fort.

Malgré tout, à l’automne 1945, les femmes sont bien appelées à devenir députées : un changement majeur pour permettre à la démocratie française de se déployer pleinement, mais dont les conséquences restent minimes.

Des élues aux profils variés

Les élections municipales de 1945 sont difficiles à décrypter. Les mauvaises conditions administratives font qu’on ignore le nombre de candidates tout comme le nombre d’élues réelles. Tout au plus pouvons-nous proposer des estimations : moins de 1 % de femmes maires et sans doute environ 3 % de conseillères municipales.

Il est plus facile d’observer l’élection du 21 octobre 1945. Elle est organisée au scrutin de liste, car il s’agit d’une élection à la proportionnelle. 310 femmes sont officiellement candidates. Au soir de l’élection, 33 d’entre elles sont élues. Elles représentent alors 5,6 % de l’Assemblée nationale : un chiffre bas, mais qui reste indépassé jusqu’en 1986.

La plupart de ces femmes ont été oubliées. Seuls quelques noms sont encore familiers, comme ceux de Germaine Poinso-Chapuis et de Marie-Madeleine Dienesch, toutes deux ministres, ou de Jeannette Vermeersch-Thorez, compagne du secrétaire général des communistes.

Les profils des élues sont très variés. Beaucoup ont une profession à une époque où être femme au foyer n’est pas rare. Elles sont ouvrières, avocates, institutrices, agrégées, employées, journalistes, infirmières… Elles ont entre 29 ans (Denise Bastide) et 56 ans (Marie Texier-Lahoulle). Elles sont élues dans toute la France, de la Guadeloupe à la Nièvre, même si elles sont relativement plus nombreuses à être élues dans la Seine.

Leurs appartenances politiques sont bien représentatives du spectre politique qui se dessine au début de cette nouvelle république : elles sont 17 communistes, 6 socialistes, 9 MRP et une de droite. Il est intéressant de constater que, alors que les opposants du vote agitaient le cléricalisme féminin et leur conservatisme, la majorité des femmes élues sont de gauche. C’est le fruit d’une politique de ces partis longtemps en faveur de l’émancipation des femmes. L’Union des femmes françaises (UFF), association émanant du Parti communiste français, créée en 1943, rassemble environ 600 000 adhérentes en 1945 : un vivier d’électrices autant que de candidates.

Des femmes engagées dans la Résistance

Le point commun qui unit la majorité de ces élues est leur rôle dans la Résistance. Femmes engagées pendant la guerre, elles se sont créées une aura politique qui a pu encourager certaines à se présenter… ou à être repérées par les partis en place lors de la constitution des listes de candidats. Ainsi, 27 d’entre elles ont mené des actions diverses de renseignement, de sabotage, d’accueil… Quelques-unes ont d’ailleurs été déportées. Plusieurs sont décorées de la Croix de guerre ou de la médaille française de la Résistance.




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On trouve parmi ces 33 députées quelques épouses d’hommes politiques ou de résistants. Il faut noter que cela n’est pas l’unique raison pour laquelle elles se sont présentées. Leur mérite personnel ne doit pas être diminué du fait de leurs connexions.

D’ailleurs, la plupart des élues de 1945 sont actives au Parlement. Ni potiches ni marionnettes, elles agissent avec les moyens qui sont les leurs sur des sujets qui leur tiennent à cœur. Par exemple, Émilienne Galicier, communiste résistante, est l’autrice de propositions de loi pour l’amélioration de la condition ouvrière, pour l’égalité des salaires femmes/hommes, la semaine de travail à quarante heures ou encore deux jours consécutifs de repos pour les femmes.

Francine Lefebvre, résistante catholique et membre du Mouvement républicain populaire (MRP), travaille au statut des délégués du personnel au sein des entreprises, elle réussit à obtenir les congés payés pour les femmes de vieux travailleurs, deux jours de congés payés supplémentaires pour les vendeuses des grands magasins condamnées à la station debout, ainsi que le relogement de familles nombreuses entassées dans des taudis.

Des pionnières à réinscrire dans l’imaginaire républicain

Si les premières élections de 1945 sont plutôt favorables aux femmes (elles font une entrée timide, mais remarquée), leur nombre décroît dans toutes les instances représentatives dès les années 1950, amorçant une rapide décrue et une stagnation au plus bas pendant les quinze premières années de la Ve République. Ainsi, 25 des 33 élues de 1945 siègent ainsi pendant les deux assemblées constituantes, de 1945 à 1946. Et 11 d’entre elles siègent pendant toute la IVe République, de 1946 à 1958 – un nombre important quand on sait que la deuxième législature, de juin 1951 à janvier 1956, ne comprend que 22 députées.

Seules trois siègent pendant au moins un mandat de la Ve République, démontrant une vraie longévité politique. Germaine Poinso-Chapuis marque l’histoire en étant la première femme ministre de plein exercice. Elle est nommée par Robert Schuman, ministre de la santé publique et de la population en 1947. Marie-Madeleine Dienesch est la deuxième femme occupant un poste gouvernemental sous la Ve République, entre 1968 et 1974, en tant que secrétaire d’État à l’éducation nationale, puis aux affaires sociales, puis à l’action sociale et à la réadaptation.

Elles étaient 33 en 1945, elles sont 208 en 2025. En quatre-vingts ans, l’accession des femmes aux fonctions électives a beaucoup progressé, en particulier depuis la loi sur la parité qui célèbre, en 2025, son quart de siècle. Alors que l’histoire des femmes a elle aussi vivement avancé ces dernières années, il semble important de redonner à ces 33 pionnières toute leur place dans l’imaginaire républicain, alors que celui-ci peut encore être considéré comme teinté de masculinité.

Peu connues, ces femmes devraient faire l’objet de davantage de recherches pour mieux connaître leur parcours et approfondir, peut-être, les difficultés auxquelles elles ont pu être confrontées. Leur rendre cette justice serait aussi une manière de compléter notre connaissance de l’histoire de la République, tout en célébrant leur audace.

The Conversation

Anne-Sarah Moalic Bouglé est membre de Démocrates et Progressistes.

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Former French President Nicolas Sarkozy handed five-year prison term for criminal conspiracy over Gaddafi money

Source: The Conversation – France – By Vincent Sizaire, Maître de conférence associé, membre du centre de droit pénal et de criminologie, Université Paris Nanterre – Alliance Paris Lumières

Former French President Nicolas Sarkozy has been found guilty of criminal conspiracy in a case related to the Libyan funding of his 2007 presidential campaign. Sentenced to five years in prison, he is due to appear in court on 13 October to learn the date of his incarceration. The unprecedented ruling marks a turning point in the practices of the French justice, which has gradually freed itself from political power. It also enshrines the Republican principle of full and complete equality of citizens before the law, which was proclaimed in 1789 but long remained theoretical, writes Vincent Sizaire.

As might be expected, the guilty verdict against Nicolas Sarkozy on Thursday 25 September over the transfer of millions of euros of illicit funds from the late Libyan leader Col Muammar Gaddafi to finance his 2007 election campaign, drew anger from a large part of the political class.

It’s perfectly legitimate to argue against the ruling on the grounds that is unfair and unfounded. This applies first and foremost to the defendants, who have every right to appeal the judgement. However, the context in which these outcries take place is a political tinderbox: indeed, in April, the leader of the far-right National Rally, Marine Le Pen, was already sentenced to a five-year ban on running for public office after she was found guilty of helping to embezzle €2.9m (£2.5m) of EU funds for use by her party. Following on its heels, Sarkozy’s latest sentence provides yet another opportunity for a large section of the ruling classes to stir controversy over what the French describe as the “government of judges” and others would dub “juristocracy”.

Sarkozy will soon be the first post-war president of France to be imprisoned

Admittedly, the sentence may seem particularly severe: a €100,000 fine, five years of ineligibility and, above all, five years’ imprisonment with a deferred warrant of arrest which, combined with provisional enforcement, forces the convicted person to begin serving their prison sentence even if they appeal.

But if we take a closer look at the offences at play, the penalties hardly appear disproportionate. The facts are undeniably serious: organising the secret financing of an election campaign with funds from a corrupt and authoritarian regime, Libya – whose responsibility for an attack on an airplane that killed more than 50 French nationals has been recognised by the courts – in return for championing it on the international stage.

Given the maximum sentence is ten years in prison, the penalty can hardly be considered as too harsh. But what is being contested is the very principle of the conviction of a political leader by the courts, which is seen and presented as an intolerable attack on the institutional balance.

If we take the time to put this into historical perspective, however, we see that the judgments handed down in recent years against members of the ruling class are, in fact, part of a movement to liberate the judiciary from other powers, particularly the executive. This emancipation finally allows the judiciary to fully enforce the requirements of the republican legal system.

Equality of citizens before the law, a republican principle

It should be remembered that the revolutionary principle proclaimed on the night of 4 to 5 August 1789 was that of full and complete equality before the law, leading to the corresponding disappearance of all special laws – ‘privileges’ in the legal sense of the term – enjoyed by the nobility and the high clergy. The Penal Code of 1791 went even further: not only could those in power be held accountable before the same courts as other citizens, but they also faced harsher penalties for certain offences, particularly those involving corruption.

The principles on which the republican legal system is based could not be clearer: in a democratic society, where every person has the right to demand not only the full enjoyment of their rights, but also, more generally, the application of the law, no one can claim to benefit from a regime of exception – least of all elected officials. It is because we are confident that their illegal actions will be effectively punished, in the same way as other citizens and without waiting for a highly hypothetical electoral sanction, that they can truly call themselves our representatives.

When the law favored the powerful

For a long time, however, this requirement for legal equality remained largely theoretical. Taken over and placed in a more or less explicit relationship of subordination to the government during the First Empire (1804-1814), the judiciary remained under the influence of the executive at least until the middle of the 20th century. This is why, until the end of the last century, the principle of equality before the law came up against a singular privilege of ‘notability’ which, except in exceptional situations or particularly serious and highly publicised cases, guaranteed relative impunity for members of the ruling classes whose criminal responsibility was called into question.

The situation only began to change following the humanist awakening of the liberation in 1940s. From 1958, magistrates were recruited by open competition and benefited from a relatively shielded status, as well as a dedicated school, the National School for the Judiciary. The latter gradually took up a demanding code of ethics, encouraged in particular by the recognition of judicial trade unionism in 1972. A new generation of judges emerged, who now took their mission seriously: to ensure, in complete independence, that the law was properly enforced, regardless of the background of those in the dock.

Bernard Tapie, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy …

It was in this context that something that had been unthinkable a few decades earlier came to pass: the prosecution and conviction of prominent figures on the same basis as the rest of the population. From the mid-1970s, the movement gained momentum in the following decades with the conviction of major business leaders, such as Adidas and football tycoon Bernard Tapie, and then national political figures, such as former conservative minister, Alain Carignon, or the Lyon mayor and deputy, Michel Noir. The conviction of former presidents of the Republic from the 2010s onwards – Jacques Chirac in 2011, Nicolas Sarkozy for the first time in 2021 – completed the normalisation of this trend or, rather, put an end to the democratic anomaly of giving preferential treatment to elected officials and, more broadly, to the ruling classes.

This movement, which initially stemmed from changes in judicial practices, was also supported by certain changes to French law. One example is the constitutional revision of February 2007, which enshrines the jurisprudence of the Constitutional Council according to which the President of the Republic cannot be subject to criminal prosecution during his term of office, but which allows proceedings to be resumed as soon as he leaves office. We can also mention the creation, in December 2013, of the National Financial Prosecutor’s Office, which, although it does not enjoy statutory independence from the executive branch, has been able to demonstrate its de facto independence in recent years.

Any talk of “judicial tyranny” is intended to take aim at this historical development. This rhetoric seeks less to defend the sovereignty of the people than that of the oligarchic rulers.

The Conversation

Vincent Sizaire ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Former French President Nicolas Sarkozy handed five-year prison term for criminal conspiracy over Gaddafi money – https://theconversation.com/former-french-president-nicolas-sarkozy-handed-five-year-prison-term-for-criminal-conspiracy-over-gaddafi-money-266170

La fièvre de la vallée du Rift sévit au Sénégal : ce qu’il faut savoir sur cette maladie

Source: The Conversation – in French – By Marc Souris, chercheur, Institut de recherche pour le développement (IRD)

La fièvre de la vallée du Rift sévit actuellement dans le nord du Sénégal. Depuis l’apparition de l’épidémie, le 21 septembre dernier, le bilan ne cesse s’alourdir. Le dernier communiqué du gouvernement fait état de 78 cas confirmés et 11 décès. Maladie virale transmise par les moustiques et touchant principalement le bétail, elle peut également infecter l’humain. Si la plupart des cas humains restent bénins, la maladie entraîne de lourdes pertes économiques et sanitaires dans les élevages et constitue un risque pour les populations exposées.

En tant que chercheur, j’ai contribué à plusieurs études sur cette zoonose virale transmise par les moustiques et affectant principalement les ruminants et les humains. J’explique ici ce qu’est la fièvre de la vallée du Rift, comment elle est traitée et comment elle peut être contrôlée.

Comprendre la fièvre de la vallée du Rift

La fièvre de la vallée du Rift (FVR) est une zoonose (maladie affectant des animaux et pouvant se transmettre à l’humain) causée par le virus RVF, un phlebovirus de la famille des Phenuiviridae (ordre des Bunyavirales). La maladie touche en particulier certains animaux domestiques, principalement les bovins, les ovins, les caprins, mais aussi camélidés et autres petits ruminants. Mais elle peut occasionnellement infecter les humains.

Chez les animaux, la maladie provoque une importante morbidité: baisse de la production de lait, forte mortalité néonatale, avortements massifs chez les femelles gestantes, et mortalité dans 10 à 20 % des cas. Elle entraîne ainsi des pertes économiques considérables pour les éleveurs.

Chez les humains, la plupart des infections sont asymptomatiques ou bénignes (simple syndrome grippal), mais l’infection peut provoquer des symptômes graves dans un petit pourcentage de cas : affections oculaires, encéphalite, fièvre hémorragique. Le taux de mortalité chez les personnes infectées est de 1% environ.

Comment se transmet-elle ?

Chez les animaux, la maladie est principalement transmise par les piqûres de moustiques infectés (au moins 50 espèces de moustiques sont vecteurs du virus FVR, notamment les Aedes, mais aussi Culex, Anopheles, Mansonia, ainsi que d’autres insectes. Les moustiques s’infectent en piquant des animaux infectés et en phase de virémie (présence de particules virales dans le sang), et vont ensuite transmettre le virus en se nourrissant sur d’autres animaux. Chez les Aedes, la transmission verticale (œufs infectés par le virus) est également possible, ce qui pourrait contribuer à la survie du virus dans l’environnement.

Chez l’humain, dans la plupart des cas l’infection résulte d’un contact avec du sang ou des organes d’animaux contaminés, notamment au cours d’interventions vétérinaires ou de découpage de carcasses d’animaux infectés. Des contaminations directes par piqûre de moustiques ou de mouches infectés par le virus FVR ont également été rapportées, mais aucune transmission interhumaine n’a jusqu’à présent été constatée.

L’origine de la maladie

La maladie a été identifiée pour la première fois en 1931 dans la vallée du Rift, au Kenya, lors d’une épidémie humaine de 200 cas. Le virus responsable a été isolé en 1944 en Ouganda.

Depuis, de nombreuses flambées de la maladie ont été signalées en Afrique subsaharienne : en Egypte (1977), à Madagascar (1990, 2021), au Kenya (1997,1998), en Somalie (1998), en Tanzanie (1998), avec une extension en 2000 au Yemen et à l’Arabie saoudite, aux Comores (2007-2008) et à Mayotte (2018-2019). En Afrique de l’Ouest, les principales épidémies ont touché la Mauritanie (1987, 1993, 1998, 2003, 2010, 2012), le Sénégal (1987, 2013-2014) et le Niger (2016).

La maladie est donc historiquement présente en Afrique de l’Est, mais son extension au Sahel et en Afrique de l’Ouest s’est faite progressivement via le mouvement d’animaux et lors de conditions environnementales favorables, notamment lors de précipitations exceptionnelles. A ce jour, une trentaine de pays ont déclaré des cas animaliers et/ou humains sous la forme de foyers ou de flambées épidémiques.

Pourquoi et comment la maladie réapparaît

La maladie réémerge régulièrement en Afrique tous les cinq à quinze ans. En Afrique de l’Est, des foyers apparaissent et la maladie se propage lorsque les conditions climatiques sont propices, notamment lors de fortes précipitations ou d’inondations dans des zones naturellement arides. Par exemple, en 1998-1999 l’apparition de nombreux foyers en Afrique de l’Est a coïncidé avec les fortes précipitations liées au phénomène El Niño.

Dans le Sahel, la corrélation pluie-épidémie est moins systématique. L’émergence de foyers dans des zones peu surveillées montre que la FVR peut émerger dans des lieux inattendus. Des analyses sur les souches virales en Mauritanie ont également suggéré des introductions génétiques ou des mouvements viraux interrégionaux.

Le virus se maintient dans l’environnement sans que l’on en connaisse exactement le processus. Le virus est maintenu dans l’environnement par un réservoir animal sauvage hétérogène (antilopes, cerfs, reptiles, etc.) qui, à ce jour, n’est pas encore complètement identifié.

Comme pour de nombreuses maladies virales, les épidémies se propagent à partir d’un foyer principal vers des foyers secondaires. La diffusion est favorisée par le déplacement des troupeaux (notamment dans les zones pastorales du Sahel), par la dispersion accidentelle de moustiques infectés, et par les conditions environnementales propices au développement des vecteurs.

Symptômes cliniques et traitements

Chez les animaux, l’apparition de nombreux avortements et d’une mortalité très importante parmi les jeunes animaux est caractéristique de l’infection. Les animaux adultes sont aussi touchés : les bovins et ovins peuvent souffrir d’écoulement nasal, d’hypersalivation, d’anorexie, d’asthénie ou de diarrhée. La mortalité est de 20 % chez les ovins, 10 % chez les bovins. Les femelles gestantes avorteront systématiquement (80-100 %).

Chez l’humain, après une période d’incubation de deux à six jours, la plupart des infections sont asymptomatiques ou bénignes (simple syndrome grippal), et les symptômes durent alors en général de quatre à sept jours. Les individus ayant contracté la FVR acquièrent une immunité naturelle.

Dans un faible pourcentage de cas, la maladie est beaucoup plus sévère :

• Lésions oculaires (jusqu’à 10% des cas symptomatiques), apparaissant généralement une à trois semaines après les premiers symptômes. La maladie peut guérir spontanément, mais peut également entraîner une cécité définitive.

• Ménigo-encéphalite (inflammation cérébro-méningée, 2 à 4% des cas symptomatiques), apparaissant une à quatre semaines après les premiers symptômes. Le taux de mortalité est faible, mais les séquelles neurologiques sont courantes.

• Fièvre hémorragique (moins d’1% des cas symptomatiques), survenant deux à quatre jours après l’apparition de symptômes. Le taux de mortalité est de 50 % environ. Le décès intervient généralement trois à six jours après l’apparition des symptômes.

Il n’y a pas de traitement spécifique pour les cas graves de Fièvre la vallée du Rift chez les humains.

Surveillance, prévention et contrôle

Une surveillance vétérinaire permettant une notification immédiate en cas de détection de la maladie et le suivi de l’infection dans les populations animales sont des éléments essentiels au contrôle de la maladie. En cas d’épizootie, l’abattage sanitaire et le contrôle des déplacements des animaux d’élevage est le moyen le plus efficace pour ralentir la propagation du virus.

Comme pour toutes les arboviroses (maladies virales transmises par des arthropodes), la lutte contre la population vectorielle (moustiques pour FVR) est une mesure de prévention efficace mais difficile à mettre en œuvre, notamment en zone rurale.

Pour prévenir l’émergence de foyers épizootiques, il est possible de vacciner préventivement les animaux dans les zones d’endémicité. Il existe un vaccin à virus vivant modifié qui ne requiert qu’une seule dose et qui confère une immunité à long terme, mais il n’est pas recommandé pour des femelles gestantes en raison des risques d’avortement qu’il comporte. Il existe également un vaccin à virus inactivé ne présentent pas ces effets indésirables, mais qui nécessite plusieurs doses pour obtenir une protection immunitaire.

Menace, vulnérabilités et risques sanitaires

Chez les humains, les éleveurs, les agriculteurs, les employés des abattoirs, les vétérinaires sont les groupes professionnels les plus exposés au risque d’infection. Un vaccin inactivé à usage humain a été mis au point, mais ce vaccin n’est pas homologué et n’a été utilisé qu’à titre expérimental.

La sensibilisation aux facteurs de risque lorsque le virus réémerge est le seul moyen de diminuer le risque d’infection chez les humains. Les facteurs de risques de transmission de l’animal à l’humain sont principalement :

• Les pratiques d’élevage et d’abattage, notamment lors de la manipulation d’animaux malades ou de leurs tissus, ainsi que durant l’abattage;

• La consommation de sang frais, de lait cru ou de viandes;

• Les piqûres de moustique.

Un respect de quelques règles sanitaires est donc nécessaire lors d’une émergence de la fièvre de la vallée du Rift : hygiène des mains, protections adaptées lors de la manipulation d’animaux et de l’abattage, cuisson de tous les produits d’origine animale (sang, viande et lait), utilisation systématique de moustiquaires ou de produits répulsifs.

The Conversation

Marc Souris receives funding from government research agencies.

ref. La fièvre de la vallée du Rift sévit au Sénégal : ce qu’il faut savoir sur cette maladie – https://theconversation.com/la-fievre-de-la-vallee-du-rift-sevit-au-senegal-ce-quil-faut-savoir-sur-cette-maladie-266724

¿Preparados para lo inesperado? Así respondieron los ciudadanos españoles al apagón de abril

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Raquel González del Pozo, Profesora ayudante doctora. Departamento de Economía Aplicada, Universidad de Valladolid

Un policía local regula el tráfico en Cartagena (Murcia) durante el apagón del pasado 28 de abril. Los semáforos dejaron de funcionar, lo que creó problemas en muchas ciudades españolas. P4K1T0/Wikimedia Commons, CC BY

Entre pandemias, olas de calor, crisis energéticas y ciberataques a infraestructuras y sistemas básicos, actualmente las emergencias son más probables que excepcionales. Sin embargo, ¿estamos preparados para lo inesperado? La evidencia sugiere que no: seguimos confiando en que, si algo pasa, alguien vendrá rápidamente a solucionarlo.

Aunque se haya avanzado en infraestructuras y respuesta institucional, la preparación ciudadana sigue siendo mínima. De hecho, desde la Unión Europea se ha insistido en los últimos meses en la importancia de que cada hogar disponga de un pequeño kit de supervivencia para afrontar posibles emergencias.

El apagón del 28 de abril: una prueba real

El 28 de abril de 2025 a las 12.32 del mediodía, un apagón masivo dejó sin electricidad a buena parte de la península ibérica. En pocos minutos, miles de hogares y negocios quedaron desconectados.

El corte duró solo unas horas pero bastó para paralizar los transportes, dejar sin cobertura a millones de personas y generar una sensación generalizada de desconcierto. Y, aunque a principios de abril un estudio del Centro de Investigaciones Sociológicas (CIS) señalaba que el 69 % de los españoles se consideraba preparado para subsistir 72 horas en caso de catástrofe, lo cierto es que el apagón demostró lo contrario.

La mayoría de los hogares no disponía de linternas, pilas, radio, efectivo ni provisiones básicas –como agua o alimentos que pudieran conservarse y consumirse sin electricidad–. Además, pocos tenían un plan familiar para actuar en caso de emergencia.




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Miedo, confianza y falta de previsión

Ante una emergencia, las reacciones no son las mismas, pues intervienen factores como la edad, el género, el entorno o incluso el nivel educativo. Se han identificado varios perfiles altamente vulnerables a las situaciones de emergencia: las personas mayores de 65 años, los turistas, las personas con un nivel socioeconómico bajo y los hogares con niños. También la situación de incomunicación contribuye a aumentar la vulnerabilidad.

A partir de los datos recopilados por el CIS en la encuesta flash sobre el apagón eléctrico, he analizado la respuesta de los ciudadanos españoles a dicha emergencia. Los resultados ofrecen una radiografía clara del comportamiento social ante una crisis imprevista.

Casi uno de cada tres encuestados reconoció haber sentido miedo durante el apagón, un porcentaje especialmente alto entre las mujeres (29,7 % frente al 14,4 % de los hombres) y las personas jóvenes. Esta diferencia también se aprecia por grupos de edad; paradójicamente, en porcentaje, los mayores de 54 años se mostraron menos afectados por la caída de la energía.

Dificultades y carencias

Durante el incidente, los ciudadanos señalaron diversas dificultades relacionadas con la falta de suministros y recursos básicos. Entre los principales problemas destacaron la ausencia de una fuente de energía no eléctrica para cocinar (36,3 %), la falta de un aparato de radio (16,7 %) y la imposibilidad de comunicarse (14,1 %).

Este último aspecto estuvo estrechamente vinculado con las emociones experimentadas durante la crisis. El miedo fue mayor entre quienes no lograron acceder a información durante las primeras horas, lo que refleja la importancia de la conectividad digital incluso en contextos de emergencia. Centrándonos en este aspecto, más de la mitad de los encuestados (55,3 %) indicó que una de las principales cosas que echó en falta fue el funcionamiento de los teléfonos y uno de cada cuatro mencionó la falta de conexión a internet o de acceso a las redes sociales (26,5 %).

La preparación material fue igualmente limitada. La mayoría de los hogares carecía de recursos básicos y pocos habían previsto cómo actuar en caso de emergencia. Según los datos del CIS, solo un 33,6 % de los encuestados declaró disponer de algún tipo de kit o material de emergencia. Por otra parte, el acceso a la información también resultó determinante: el 59,6 % consideró insuficiente la información proporcionada por el Gobierno español.

En definitiva, el estudio pone de manifiesto que, aunque la sociedad se perciba preparada, su reacción ante la emergencia muestra falta de previsión.




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Prepararse también es cultura

En los últimos años, España ha sufrido una pandemia, inundaciones, una tormenta de nieve, incendios forestales y un apagón general que han afectado a amplias zonas del territorio. Todo esto en un contexto internacional marcado por crisis energéticas, tensiones geopolíticas y amenazas cibernéticas. Estos episodios, distintos entre sí en naturaleza pero similares en consecuencias, muestran que las emergencias ya no son hechos aislados sino una realidad recurrente que pone a prueba tanto la capacidad institucional como la preparación ciudadana.

Más allá del impacto inmediato, el apagón del 28 de abril puso de relieve la falta de una cultura de prevención. Si en España la preparación ante emergencias sigue viéndose como algo lejano o innecesario, en otros países europeos –como Alemania, Suiza o los países nórdicos– las campañas de autoprotección y los simulacros forman parte de la vida cotidiana. Por ejemplo, en Alemania se promueven planes familiares de emergencia y campañas para almacenar agua y alimentos; en Suiza la ley garantiza, desde 1963, que cada persona disponga de una plaza en un refugio subterráneo, y en los países nórdicos los gobiernos distribuyen manuales y guías ciudadanas que explican cómo actuar ante apagones o crisis.




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Sin alarmismos

Contar con una linterna, una radio o una reserva mínima de agua, medicinas y alimentos no es alarmismo sino una muestra de responsabilidad. Aprender a prever riesgos, a comunicarse cuando falla la tecnología y a apoyarse en la solidaridad vecinal no implica vivir con miedo, sino actuar con conciencia.

Las catástrofes naturales y emergencias de los últimos tiempos ponen de manifiesto que la seguridad no está garantizada y que requiere anticipación, responsabilidad y una respuesta ciudadana calmada y solidaria.

The Conversation

Raquel González del Pozo recibe fondos del proyecto: PID2021-122506NB-I00 (Ministerio de Ciencia, Innovación y Universidades / Agencia Estatal de Investigación).

ref. ¿Preparados para lo inesperado? Así respondieron los ciudadanos españoles al apagón de abril – https://theconversation.com/preparados-para-lo-inesperado-asi-respondieron-los-ciudadanos-espanoles-al-apagon-de-abril-266607

Premio Nobel de Física a los experimentos pioneros que allanaron el camino para las computadoras cuánticas

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Rob Morris, Professor of Physics, School of Science and Technology, Nottingham Trent University

El Premio Nobel de Física 2025 ha sido otorgado a tres científicos por el descubrimiento de un efecto que tiene aplicaciones en dispositivos médicos y computación cuántica.

John Clarke, Michel Devoret y John Martinis llevaron a cabo una serie de experimentos hace unos 40 años que terminaron moldeando nuestra comprensión de las extrañas propiedades del mundo cuántico. Es un premio muy oportuno, ya que en 2025 se cumple el centenario de la formulación de la mecánica cuántica.

En el mundo microscópico, una partícula puede a veces atravesar una barrera y aparecer al otro lado. Este fenómeno se denomina efecto túnel cuántico. Los experimentos de los galardonados demostraron el efecto túnel en el mundo macroscópico, es decir, el mundo visible a simple vista. Y corroboraron que podía observarse en un circuito eléctrico experimental.

El efecto túnel cuántico tiene posibles aplicaciones futuras en la mejora de la memoria de los teléfonos móviles y ha sido importante para el desarrollo de los qubits, que almacenan y procesan información en ordenadores cuánticos. También tiene aplicaciones en dispositivos superconductores, capaces de conducir la electricidad con muy poca resistencia.

John Clarke, nacido en Gran Bretaña, es profesor de Física en la Universidad de California, Berkeley. Michel Devoret nació en París y es profesor F. W. Beinecke de Física Aplicada en la Universidad de Yale. John Martinis es profesor de Física en la Universidad de California, Santa Bárbara.

¿Qué es el efecto túnel cuántico?

El efecto túnel cuántico es un fenómeno contraintuitivo por el cual las diminutas partículas que componen todo lo que podemos ver y tocar pueden aparecer al otro lado de una barrera sólida, que en otras circunstancias se esperaría que las detuviera.

Desde que se propuso por primera vez, en 1927, se ha observado en partículas muy pequeñas y es responsable de nuestra explicación de la desintegración radiactiva de átomos grandes en átomos más pequeños y en algo bautizado como partícula alfa. Sin embargo, también se predijo que podríamos ver este mismo comportamiento en cosas más grandes: es lo que se denomina efecto túnel cuántico macroscópico.

¿Cómo podemos ver el efecto túnel cuántico?

La clave para observar este efecto túnel macroscópico es algo llamado unión Josephson, que consiste en una especie de un cable roto sofisticado. El cable no es un cable típico como el que se utiliza para cargar el teléfono, sino que es un tipo especial de material conocido como superconductor. Un superconductor no tiene resistencia, lo que significa que la corriente puede fluir a través de él indefinidamente sin perder energía. Los superconductores se utilizan, por ejemplo, para crear campos magnéticos muy fuertes en los escáneres de resonancia magnética (RM).

¿Cómo nos ayuda esto a explicar este extraño comportamiento de túnel cuántico? Si colocamos dos cables superconductores uno al lado del otro, separados por un aislante, creamos nuestra unión Josephson. Normalmente se fabrica en un solo dispositivo que, con unos conocimientos básicos de electricidad, no debería conducir la electricidad. Sin embargo, gracias al túnel cuántico, podemos ver que la corriente puede fluir a través de la unión.

Los tres galardonados demostraron el efecto túnel cuántico en un artículo publicado en 1985 (es habitual que transcurra tanto tiempo antes de que se concedan los premios Nobel). Anteriormente se había sugerido que el efecto túnel cuántico estaba causado por una avería en el aislante. Los investigadores comenzaron enfriando su aparato experimental hasta una fracción de grado del cero absoluto, la temperatura más fría que se puede alcanzar.

El calor puede proporcionar a los electrones de los conductores la energía suficiente para atravesar la barrera. Por lo tanto, tendría sentido que cuanto más se enfriara el dispositivo, menos electrones escaparan. Sin embargo, si se produce el efecto túnel cuántico, debería haber una temperatura por debajo de la cual el número de electrones que escapan ya no disminuiría. Los tres galardonados descubrieron precisamente esto.

¿Por qué es importante?

En aquel momento, los tres científicos intentaban demostrar mediante experimentos esta teoría en desarrollo sobre el efecto túnel cuántico macroscópico. Incluso durante el anuncio del premio de 2025, Clarke restó importancia al descubrimiento, a pesar de que ha sido fundamental en muchos avances que se encuentran a la vanguardia de la física cuántica actual.

La computación cuántica sigue siendo una de las oportunidades más interesantes que se vislumbran para un futuro próximo y es objeto de importantes inversiones en todo el mundo. Esto conlleva mucha especulación sobre los riesgos para nuestras tecnologías de cifrado.

También resolverá en última instancia problemas que están fuera del alcance incluso de los superordenadores más grandes de la actualidad. Los pocos ordenadores cuánticos que existen hoy en día se basan en el trabajo de los tres premios Nobel de Física de 2025 y, sin duda, serán objeto de otro premio Nobel de Física en las próximas décadas.

Ya estamos aprovechando estos efectos en otros dispositivos, como los dispositivos superconductores de interferencia cuántica (SQuID), que se utilizan para medir pequeñas variaciones en los campos magnéticos de la Tierra, lo que nos permite encontrar minerales bajo la superficie. Los SQuID también tienen usos en medicina: pueden detectar los campos magnéticos extremadamente débiles que emite el cerebro. Esta técnica, conocida como magnetoencefalografía o MEG, puede utilizarse, por ejemplo, para encontrar el área específica del cerebro desde la que emanan las crisis epilépticas.

No podemos predecir si tendremos ordenadores cuánticos en nuestros hogares, o incluso en nuestras manos, ni cuándo. Sin embargo, una cosa es segura: la velocidad de desarrollo de esta nueva tecnología se debe en gran parte a los ganadores del premio Nobel de Física de 2025, que demostraron el efecto túnel cuántico macroscópico en circuitos eléctricos.

The Conversation

Rob Morris no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Premio Nobel de Física a los experimentos pioneros que allanaron el camino para las computadoras cuánticas – https://theconversation.com/premio-nobel-de-fisica-a-los-experimentos-pioneros-que-allanaron-el-camino-para-las-computadoras-cuanticas-266986

Así podría influir el consumo de alimentos ultraprocesados en el comportamiento violento

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Carmen María León Márquez, Profesora e Investigadora en Criminología, Universidad de Castilla-La Mancha

Los ultraprocesados ocupan buena parte de los anaqueles en los supermercados. Leona Octavii/Shutterstock

El intento de explicar las causas de la violencia suele centrarse en factores sociales, económicos o psicológicos: la desigualdad, la exclusión, los traumas infantiles o el consumo de sustancias… Pero ¿y si algo tan cotidiano como la alimentación también influyera en cómo regulamos nuestro comportamiento?

La creciente presencia de alimentos ultraprocesados en nuestra dieta, caracterizados por su pobre valor nutricional y su alto contenido en azúcares añadidos, grasas transgénicas y aditivos, está transformando nuestros hábitos alimentarios. Y aunque su impacto en enfermedades metabólicas como la obesidad o la diabetes está bien documentado, investigaciones recientes sugieren que también podrían influir en funciones cerebrales relacionadas con el control emocional y la impulsividad, dos dimensiones vinculadas al comportamiento violento.




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Cerebro y alimentación: una relación compleja

Numerosos estudios han demostrado que la nutrición tiene un efecto directo sobre el funcionamiento del sistema nervioso central. Dietas ricas en ultraprocesados y pobres en nutrientes esenciales se asocian con alteraciones en la microbiota intestinal, inflamación crónica y disfunciones en regiones clave, como la corteza prefrontal, implicada en el control de impulsos y la toma de decisiones.

Por ejemplo, un estudio publicado en The American Journal of Psychiatry encontró que hábitos de vida poco saludables –como una dieta deficiente en nutrientes esenciales y la falta de actividad física– se asocian con un aumento de marcadores inflamatorios, los cuales pueden afectar negativamente a la salud mental.

Desde una perspectiva psicológica, diversos trabajos han vinculado el consumo habitual de ultraprocesados con síntomas como impulsividad, hostilidad y malestar emocional.

Así, un estudio longitudinal realizado con adultos con sobrepeso y síndrome metabólico en 2019 reveló que niveles más altos de impulsividad se relacionaban con una menor adherencia a patrones dietéticos saludables y una mayor preferencia por dietas occidentales, caracterizadas por alimentos ultraprocesados ricos en grasas transgénicas y azúcares.

Aunque estos factores no implican violencia de manera directa, sí aumentan su probabilidad, especialmente en contextos de vulnerabilidad.

Como ejemplo de esto, un estudio con adolescentes españoles encontró que un mayor consumo de alimentos ultraprocesados se asociaba con un incremento en dificultades emocionales y conductuales, como ansiedad, problemas de atención y comportamientos disruptivos. Aunque los resultados son correlacionales (es decir, no permiten establecer una relación causa-efecto), sugieren que ciertos hábitos alimentarios pueden afectar la estabilidad emocional y la capacidad de autorregulación, elementos clave en el surgimiento de conductas conflictivas.




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Intervenciones nutricionales en entornos carcelarios

Pero ¿puede la alimentación promover directamente comportamientos violentos? Algunos estudios pioneros han explorado esta relación en contextos controlados, como las prisiones.

En uno de los primeros ensayos clínicos realizados en Reino Unido, los investigadores administraron suplementos nutricionales (vitaminas, minerales y ácidos grasos esenciales) a un grupo de jóvenes adultos en prisión. Los resultados fueron sorprendentes: quienes recibieron esos suplementos cometieron un 26,3 % menos de infracciones disciplinarias en comparación con el grupo placebo. Además, en los participantes que tomaron los suplementos durante al menos dos semanas, la reducción promedio alcanzó un 35,1 %.

Este estudio fue replicado años más tarde en los Países Bajos con una muestra más amplia, obteniendo resultados similares: la administración de suplementos redujo significativamente las infracciones disciplinarias en prisión. La hipótesis que sustenta estos hallazgos es que un mejor aporte nutricional favorece una función cerebral más óptima, mejorando la autorregulación y disminuyendo la reactividad emocional.

Es importante subrayar que estas investigaciones no implican que una alimentación de baja calidad nutricional cause directamente la violencia, sino que puede actuar como un factor modulador del comportamiento, especialmente en individuos con condiciones preexistentes de impulsividad, estrés crónico o deterioro emocional.




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Ultraprocesados y patrones de consumo adictivo

Parte del problema es que los alimentos ultraprocesados no solo tienen un pobre valor nutricional, sino que también pueden generar patrones de consumo adictivo. Su diseño industrial, hiperpalatable (que resulta sumamente grato al paladar), con combinaciones específicas de aditivos artificiales, grasas transgénicas y azúcares añadidos, activa los circuitos de recompensa del cerebro del mismo modo que lo hacen ciertas sustancias psicoactivas, como la cocaína.

Esto puede dar lugar a una relación compleja que derive en compulsividad y falta de control sobre el consumo de estos productos.

Una vía para la prevención

Si lo que comemos influye en nuestra regulación emocional, entonces la nutrición podría ser una herramienta complementaria para prevenir el comportamiento violento. Esta idea ya se está aplicando en algunos contextos, desde programas piloto en prisiones hasta intervenciones en escuelas ubicadas en zonas vulnerables, con el objetivo no solo de mejorar la salud física, sino también el bienestar socioemocional.

No se trata de caer en reduccionismos: la violencia es un fenómeno complejo, y ningún enfoque por sí solo puede explicarla o erradicarla. Sin embargo, ignorar el papel de la alimentación supondría omitir un factor clave en el análisis criminológico.

Entonces, ¿somos lo que comemos?

Tal vez no del todo, pero sí más de lo que creemos. Nuestra alimentación influye directamente en la manera en que pensamos, sentimos y actuamos. En un mundo donde los ultraprocesados predominan en la dieta de millones de personas, quizás debamos empezar a preguntarnos si una parte de la violencia que nos rodea podría estar gestándose, en silencio, en nuestros platos.

The Conversation

Carmen María León Márquez no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Así podría influir el consumo de alimentos ultraprocesados en el comportamiento violento – https://theconversation.com/asi-podria-influir-el-consumo-de-alimentos-ultraprocesados-en-el-comportamiento-violento-266115

¿Por qué tiene tildes el español y por qué nos cuesta tanto usarlas bien?

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Enrique Balmaseda Maestu, Profesor Titular de Lengua Española en la Universidad de La Rioja, Universidad de La Rioja

Cuando hablamos cualquier idioma, pronunciamos con mayor intensidad determinadas sílabas de la cadena de palabras. A dicha intensidad se la llama acento prosódico y a las palabras que lo contienen, tónicas. En español, lengua de acento libre, las palabras tónicas pueden portar su acento en diversas posiciones silábicas (NÚmero / nuMEro / numeRÓ). Por el contrario, el francés, de acento fijo, siempre lo lleva en su última sílaba (comMENT, exacteMENT).

Ahora bien, solo en algunas lenguas se marca la vocal tónica con una tilde o acento gráfico (´) para destacarla visualmente de las otras. Y dentro de estas, el español se rige por una serie de reglas que limita el uso de dichas marcas. No escribimos “dáme ún póco de léche”, sino “dame un poco de leche”. Las normas ortográficas para el uso de tildes tienen en cuenta que la mayoría de las palabras del español son llanas (es decir, su sílaba tónica es la penúltima) y terminan en “n”, “s” o vocal, por lo que ninguna de las palabras que tienen estas características necesitan tilde.

Si este “manual de instrucciones” para usar la tilde correctamente es relativamente sencillo, ¿por qué cometen tantos errores los estudiantes? En las últimas oposiciones de Enseñanza Secundaria en España, realizadas en julio de 2025, las faltas de ortografía han sido uno de los factores más polémicos del alto porcentaje de suspensos. Solo en Andalucía se han invalidado por su causa 4000 exámenes, incluida la ausencia o descolocación del acento gráfico.

¿Cómo de importantes son las tildes?

En una comunicación básica, quizá no pasa nada especialmente grave si, por desconocimiento o descuido, se omite la tilde o se coloca incorrectamente, porque nuestra gramática interna o mental nos permite interpretar correctamente enunciados de escritura incorrecta como Papa la tomo de la mano.

A eso parecía referirse García Márquez en su famoso discurso del Congreso de Zacatecas (1997): “Nadie ha de leer lagrima donde diga lágrima ni confundirá revólver con revolver”. Ciertos estudios lo corroboran al constatar que el tiempo de fijación de la mirada en palabras aisladas es igual tanto si llevan tilde como si no la llevan.

Eficacia comunicativa

¿Por qué entonces conviene usar las tildes adecuadamente? Por varias razones: unas, digamos, por autoimagen y prestigio cultural; otras, por competencia y eficacia comunicativa. Frente a la provocación de García Márquez, lo cierto es que un texto bien redactado y sin errores ortográficos denota rigor mental, disciplina intelectual, elegancia… La precisión acentual también es indicio del gusto por el detalle y el buen hacer.

Por otra parte, la acentuación correcta, cuando se trata de enunciados y no de palabras aisladas, nos ayuda a comprender lo leído más deprisa y a deshacer posibles ambigüedades. Y también a pronunciar bien otras voces poco conocidas (buerdégano, barbián, bahorrina…) o variantes lingüísticas del español (tú cantas / vos cantás, cóctel / coctel, vídeo / video, etc.).

Además, la funcionalidad y economía de las reglas de acentuación en nuestra lengua contribuyen a la unidad lingüística en el registro formal de todo el ámbito hispanohablante. En definitiva, tildar correctamente nos permite distinguir las palabras y entender e interpretar la escritura adecuadamente, con precisión y con mínimo esfuerzo mental.

El origen de las reglas actuales

La primera Ortografía académica (1741) fijó unas normas de acentuación gráfica donde ya prevalecía el principio de economía basado en las características acentuales del español: es decir, las normas se diseñaron para que las palabras con tilde fueran las menos posibles.

Como la mayor parte de sus palabras son llanas (62 %) y agudas (29 %), al tiempo que las sílabas suelen terminar en vocal (69 %) y en –n o –s, la RAE estableció unas reglas básicas para escribir sin tilde casi todas las palabras: las monosílabas, las llanas terminadas en vocal, –n y –s, y las agudas que acaben en consonantes que no sean las anteriores (Los peces nadan con calma en el mar azul). El resto debían ser tildadas (El biólogo encontró un fósil junto a un camarón en el océano).




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¿Todas las lenguas usan tildes?

Podría haber sido de otra manera. No hay más que echar un vistazo a la escritura de otras lenguas: en inglés no se marca ninguna tilde, salvo en unos pocos extranjerismos, por lo que es preciso saber previamente la pronunciación de las voces (por ejemplo, animal o acupuncture, donde el acento recae sobre la primera a).

El italiano, aún más parco en tildes que el español, solo marca las palabras agudas, distinguiendo el grado de abertura vocálica (caffè / perché) y unas pocas monosílabas ( ‘da’ / da ‘de’), mientras que no aparece en las esdrújulas (fabbrica) ni en las sobreesdrújulas (lasciatemelo).

Por el contrario, el griego moderno marca con tilde todos los acentos prosódicos (παιδί ‘niño’, βιβλιοθήκη ‘biblioteca’), salvo las palabras monosílabas, aunque también en estas se usa tilde diacrítica para distinguir las tónicas de las átonas.

¿Por qué se cometen errores?

Entre docentes existe la idea generalizada de que muchos estudiantes preuniversitarios, e incluso universitarios, muestran una ortografía mala o mejorable, en particular, respecto a las tildes, algo corroborado por algunos estudios.

Las causas apuntadas son varias: desconocimiento de las reglas, desdén hacia la escritura correcta por prejuicios diversos, falta de lecturas valiosas y de atención al escribir, pérdida de prestigio de las normas académicas, influencia de ciertas convenciones asociadas a la tecnología, tipo de relación con los destinatarios de los escritos, etc.

Pero también influye la ineficacia de los métodos de enseñanza, excesivamente memorísticos, que ponen el foco en el error y generan dudas ante los huecos en blanco.




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Competencias necesarias para usar bien las tildes

Las reglas generales de acentuación, aparentemente sencillas, requieren automatizar competencias complejas: discriminar las palabras tónicas de las átonas, separarlas en sílabas, apreciar el acento de intensidad, determinar el tipo de palabra según la sílaba en que recaiga… Y, teniendo en cuenta su terminación, aplicar dichas reglas para poner o no las tildes.

A todo ello se añaden particularidades como la acentuación de hiatos, diptongos y triptongos, la de los adverbios en -mente, la variedad de porqués o la mencionada tilde diacrítica.

Y qué decir de la confusión y reticencia de muchos hispanohablantes cuando la norma ortográfica contradice nuestra intuición (como, por ejemplo, cuando se nos dice que palabras como guion o truhan no deben llevar tilde por ser monosílabas, a efectos ortográficos); cuando establece distinciones sutiles (la opción de tildar o no ciertos pronombres según su función sintáctica: qué/que, quién/quien, dónde/donde…); o, frente a una costumbre muy arraigada, indica que no debemos tildar el adverbio solo y los demostrativos este, ese o aquel (y sus flexiones).

Acentuar gráficamente las palabras implica articular un conjunto de competencias que van más allá de la simple memorización: adquirir saberes y técnicas para ejercitarlos de manera automática. Pero, como en toda disciplina intelectual, se pueden alcanzar aunando voluntad, reflexión, práctica y métodos didácticos adecuados.

The Conversation

Las personas firmantes no son asalariadas, ni consultoras, ni poseen acciones, ni reciben financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y han declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado anteriormente.

ref. ¿Por qué tiene tildes el español y por qué nos cuesta tanto usarlas bien? – https://theconversation.com/por-que-tiene-tildes-el-espanol-y-por-que-nos-cuesta-tanto-usarlas-bien-260455

Se cumplen 50 años de la muerte de Gustavo Pittaluga, el compositor que protegió la memoria de España en el exilio

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Juan Pablo Fernández-Cortés, Profesor investigador. Departamento Interfacultivo de Música, Universidad Autónoma de Madrid

Gustavo Pittaluga (en el centro, de pie), junto al ‘Grupo de los cinco’ (de izquierda a derecha): Julián Bautista, Rodolfo Halffter, Fernando Remacha y Salvador Bacarisse. Biblioteca Virtual de Prensa Histórica, CC BY

El 8 de octubre de 1975, pocas semanas antes de la muerte de Franco, fallecía en Madrid Gustavo Pittaluga González del Campillo (1906-1975). Su entierro en el Cementerio Civil fue sobrio, sin homenajes. Como si con él se sepultara también la memoria de una modernidad interrumpida por la guerra y la dictadura.

En su biografía se cruzan nombres esenciales de la cultura española –su amigo Federico García Lorca, el cineasta Luis Buñuel o el poeta Rafael Alberti, entre otros– y el itinerario compartido por una generación que hizo de la creación artística un acto de resistencia y de libertad. El exilio llevó a Pittaluga de París a Estados Unidos, Cuba, México y otros países de América Latina, donde mantuvo viva la llama de la cultura de la República.

Medio siglo después, su figura, aún pendiente de un estudio riguroso, reclama su lugar en la memoria cultural de la España del siglo XX.

Los años de la guerra

Retrato de un hombre de traje apoyado en una balaustrada.
Retrato de Gustavo Pittaluga González del Campillo.
Miquelopezgarcia/Wikimedia Commons, CC BY-SA

Antes del estallido de la Guerra Civil, Pittaluga era ya una de las voces más prometedoras de la renovación musical española. Discípulo de Manuel de Falla y cofundador del Grupo de los Ocho, compartía escena con los hermanos Ernesto y Rodolfo Halffter, Fernando Remacha, Salvador Bacarisse o Rosa García Ascot en la defensa de una música abierta a la modernidad europea y alejada del academicismo. Dirigía conciertos, escribía críticas, componía ballets exitosos como La romería de los cornudos –fruto de su colaboración con García Lorca y el también dramaturgo Cipriano Rivas Cherif para la bailarina “La Argentinita”– y proyectaba y difundía en París y Madrid la música de los jóvenes compositores españoles.

Todo se quebró con la sublevación militar. Pittaluga abandonó su actividad artística e ingresó como diplomático en el Ministerio de Estado. Poco después, en el verano de 1937 fue destinado a Washington como secretario de la embajada dirigida por Fernando de los Ríos. Allí defendió la legitimidad del gobierno republicano y, en silencio, comenzó a concebir un homenaje a su amigo Lorca, asesinado en Granada el año anterior, un lamento íntimo que cristalizaría en una obra musical de alto contenido simbólico.

Nueva York: Lorca y Calder en el MoMA

En 1941 llega a Nueva York y se reencuentra con Luis Buñuel, que trabajaba en el departamento de cine del Museum of Modern Art (MoMA). Allí, se integró en su equipo como adaptador cinematográfico, una labor discreta que le permitió acceder al circuito cultural neoyorquino y establecer vínculos con las vanguardias internacionales.

En ese mismo espacio Pittaluga estrenó su Llanto por Federico García Lorca. Escrita para voz recitada y orquesta de cámara a partir de fragmentos de Bodas de sangre, es una partitura madurada en silencio durante los años más inciertos de la guerra y el exilio.

El estreno, del que hasta ahora se desconocía la fecha y el lugar, tuvo lugar el 27 de abril de 1943 en el ciclo Serenade, organizado por la violinista y mecenas Yvonne Giraud, marquesa de Casa Fuerte, bajo la dirección de Vladimir Golschmann con el título abreviado de Elegy. La obra compartió programa con Profiteroles, del compositor estadounidense Theodore Chanler, y la primera interpretación en Nueva York de Les Danses Concertantes de Ígor Stravinsky, lo que situó de manera explícita el homenaje lorquiano en el corazón mismo del debate musical contemporáneo.

Mientras el franquismo imponía el silencio sobre Lorca, Pittaluga lo rescataba en Estados Unidos y convertía su memoria en un acto de resistencia y un puente hacia la modernidad.

Fuentes hemerográficas que han pasado inadvertidas hasta la fecha, revelan otro episodio desconocido de la estancia neoyorquina de Pittaluga: la participación, en 1944, en el documental Sculpture and Constructions dedicado al escultor Alexander Calder. Para este cortometraje, producido por el MoMA, el compositor escribió una breve partitura para piano, de gran economía expresiva, que apoyaba el movimiento rítmico e inestable de los móviles de Calder.

El documental Sculpture and Constructions, dirigido por Herbert Matter.

Muchas de las obras que Pittaluga compuso en los primeros años de su exilio muestran también su diálogo con la literatura contemporánea y su empeño por mantener viva la memoria republicana. Sobre poemas de Rafael Alberti escribió Metamorfosis del clavel (1943), un ciclo de canciones para voz y guitarra. Poco después creó el Homenaje a Díez Canedo (1944), basado en el poema Merendero del escritor extremeño Enrique Díez-Canedo, exiliado y fallecido ese mismo año en México. En esta obra, recitador y piano dialogan en clave expresionista sobre ritmos de chotis y habanera que traducen las tensiones del deseo, el desarraigo y la vida urbana del exilio.

Latinoamérica

Tras instalarse en México en 1945, el camino de Gustavo Pittaluga volvió a cruzarse con el de su amigo Luis Buñuel, esta vez en el cine. La música de Los olvidados (1950) y Subida al cielo (1952) lleva su firma –aunque en los créditos de la primera apareció acompañada de Rodolfo Halffter para sortear trabas sindicales–. En Los olvidados, la sonoridad áspera y tensa potencia la crudeza del retrato de la miseria urbana; en Subida al cielo, reelabora con ironía moderna las músicas populares rurales, fundiendo tradición y vanguardia.

Dos hombres mirando los fotogramas de una película en una imagen en blanco y negro.
Gustavo Pittaluga (derecha) en una imagen de 1950.
Archivo Emilio Casares/Base de datos de Iconografía Musical

El largo exilio de Pittaluga sigue siendo uno de los capítulos menos explorados de su biografía. En La Habana, Lima, Guatemala, Buenos Aires, Brasil o Ciudad de México desplegó una actividad incansable como conferenciante, director y divulgador. En cada escenario combinaba en sus programas a Isaac Albéniz, Enrique Granados y Falla con estrenos de sus obras y de otros autores españoles, trazando un puente entre la tradición y las nuevas corrientes de la modernidad.

El retorno

En 1958 Pittaluga volvió a España. El regreso, sin embargo, no significó la reintegración plena. La dictadura franquista imponía silencios y él optó por trabajar al margen de las instituciones oficiales. Se refugió en la música para teatro, cine y ballet, con colaboraciones discretas pero significativas como la banda sonora para El baile de Edgar Neville (1960) o la selección musical realizada para Viridiana de Buñuel (1961).

En 1960, la familia de García Lorca le confió la edición de las Canciones del teatro de García Lorca, reconstruidas a partir de los recuerdos de Concha e Isabel García Lorca y del escenógrafo Santiago Ontañón. El gesto era, además, un acto de reparación simbólica.

“He aquí los textos impresos. Tremendo es no tener los verbales”, escribió Pittaluga al prologar la edición de las Canciones españolas antiguas que se publicaron un año después. Ese mismo año armonizó canciones para Yerma, dirigida por Luis Escobar, primera representación comercial de Lorca en la España franquista. Le siguieron Bodas de sangre (1962) y La zapatera prodigiosa (1965), todas con música incidental suya.


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En los últimos años de su vida, se enfrentó a una profunda crisis personal y emocional. Según relató Rafael Alberti en una entrevista con Max Aub en 1969, Pittaluga se encontraba en un estado de grave deterioro físico y mental, “muy borracho, muy enfermo, muy perdido”. Alberti recordó también haberlo visto en Buenos Aires en una situación de descontrol, llegando a romper los cristales del hotel donde vivía y a tener que pagar constantemente por los daños ocasionados.

Su tumba en el Cementerio Civil de Madrid resume su destino: sencillo y coherente. Un final que contrasta con la intensidad de una vida atravesada por guerras, exilios y pérdidas, pero fiel hasta el final a la música, a sus amigos y a la memoria republicana.

The Conversation

Juan Pablo Fernández-Cortés no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

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Cuando Colón confundió lo que era una milla y llegó a América

Source: The Conversation – (in Spanish) – By J. Guillermo Sánchez León, Instituto Universitario de Física Fundamental y Matemáticas (IUFFyM), Universidad de Salamanca

Pintura romántica de la llegada de Cristóbal Colón a América (Dióscoro Puebla, 1862). Museo del Prado / Wikimedia Commons.

En 1999, la sonda espacial Mars Climate Orbiter de EE. UU. se precipitó sobre Marte al utilizar sus programadores, por error, el pie en lugar del metro. Colón tuvo más suerte: cinco siglos antes asignó un valor equivocado a la milla árabe y el error le llevó descubrir un nuevo continente.

Un marino en Salamanca

A finales de 1486, Cristóbal Colón se trasladó a Salamanca, sabiendo que los Reyes Católicos residirían temporalmente en esta ciudad. En aquella época, la corte no tenía una sede fija. Esperaba convencerles de que apoyasen su proyecto de alcanzar las Indias siguiendo una ruta directa a través del Atlántico, como alternativa al itinerario portugués que bordeaba África. Esta misma propuesta ya se la había presentado al rey de Portugal Juan II, que la había rechazado, probablemente aconsejado por el astrónomo salmantino Diego Ortiz de Calzadilla (o de Villegas).

En la biografía Vida y viajes de Cristóbal Colón (1828), Washington Irving cuenta que, en Salamanca, el navegante se enfrentó “a una imponente hilera de maestros, frailes y dignatarios eclesiásticos” que ridiculizaron su idea de la redondez de la Tierra: “¿Habrá alguno tan necio que crea que hay antípodas con los pies opuestos a los nuestros…?”. Sin embargo, los profesores de Salamanca en el siglo XV no cuestionaban que la Tierra era esférica, pero sí tenían motivos para desaconsejar la propuesta de Colón.

La Tierra era una esfera

Desde al menos el siglo VI a. e. c., filósofos y astrónomos griegos como Pitágoras, Platón y Aristóteles sostenían que la Tierra era una esfera, tanto por razones filosóficas (la esfera era considerada la figura geométrica perfecta), como por evidencias empíricas.

Durante los eclipses de Luna, la sombra de la Tierra era siempre circular. Además, los marinos observaban que, en la ruta desde el sur de Grecia a Alejandría, iban apareciendo en el horizonte nuevas constelaciones, lo que era explicable en una Tierra redonda.

El método de Eratóstenes.
Francesco De Lorenzo / Sociedad Geográfica Española (Boletín 76 ), CC BY

El reto de medir su tamaño

Eratóstenes de Cirene (276–194 a. C.) fue más lejos: midió el tamaño de la Tierra, comparando, en el solsticio de verano, las sombras del Sol al mediodía en Siena (actual Asuán) y en Alejandría. En Siena, el Sol estaba en el cénit y no proyectaba sombra, mientras que en Alejandría un gnomon –aguja que marca la sombra en un reloj de sol– sí la proyectaba, formando un ángulo cincuenta veces menor que el de una circunferencia.

Para calcular el perímetro de la Tierra solo tenía que multiplicar por 50 la distancia entre Siena y Alejandría –que estimó en 5 000 estadios–, con lo que obtuvo un total de 250 000 estadios (unidad de medida de longitud en la Antigüedad). Frecuentemente se dice ese valor es muy próximo al real.

En cualquier caso, su medida no fue la que se popularizó. Durante siglos, el tamaño de la Tierra aceptado fue el descrito por Claudio Ptolomeo (siglo II d. C.) en su Geographia. Le otorgó un perímetro de 180 000 estadios egipcios (unos 28 350 km, un 30 % menor que el real), basado en las medidas de Posidonio (c. 100 a. e. c.).

Este había observado que la estrella Canopus se veía en el horizonte en Rodas, mientras que en Alejandría se encontraba en un ángulo equivalente a 1/48 la longitud de la circunferencia. Multiplicando 48 por la distancia entre ambas ciudades, que se estimó en 3 750 estadios, resultan los 180 000 estadios.

El mundo según Ptolomeo (reconstrucción de Johannes de Armsshein. Ulm.1482).
Wikipedia, CC BY

Los errores de Colón

En el siglo IX, el astrónomo persa Al-Farghānī, al servicio del califa Al-Mamun, escribía en su Compendio de Astronomía: “la longitud de un grado en la circunferencia de la Tierra es de 56 millas y dos tercios de una milla […]. Este cálculo fue aceptado y validado por numerosos sabios. Por lo tanto, cuando multiplicamos la longitud de un grado de la circunferencia por el total del círculo, es decir, 360 grados, obtenemos que la circunferencia total de la Tierra es de 20 400 millas”.

Colón consideró relevante esta información, como hace constar en una nota manuscrita a su ejemplar del Imago mundi de Pedro d’Ailly (disponible en la Biblioteca Colombina).

El problema surge al interpretar el valor de 1 milla. Al-Farghānī empleaba la unidad árabe de Al-Mamun, que sabemos equivale a 1 973 metros (m). Por tanto, 20 400 millas son 40 248 km, muy próximo al real (unos 40 000 km).

En la Europa medieval, a menudo, se interpretó erróneamente esa milla como romana (1 481 m), con lo que el perímetros equivaldría según estos calculos a 30 212 km.

Colón, por su parte, empleó una equivalencia de unos 1 250 m, similar a la usada en las cartas portulanas o manuales de navegación medieval, como recoge Adan Szaszdi en su ensayo La legua y la milla de Colón (1958). Ello reducía la circunferencia terrestre a 25 500 km.

Reconstrucción del Mapa de por un autor alemán en 1867.
Wikipedia

De Canarias a Japón

Aunque menor a los 30 000 km, valor más aceptado en su época, lo que hacía distinta la propuesta de Colón era su convicción de que Asia se extendía hacia el este más de lo que entonces se creía y que, tras ella, se encontraba Cipango (Japón). Pensó que podía llegar a Asia navegando hacia el oeste en pocos miles de kilómetros. Esta idea probablemente la había tomado de Toscanelli.

Los profesores de Salamanca no aceptaban esta heterodoxa propuesta; en consecuencia, desaconsejaron el viaje. Sin embargo, el dominico fray Diego de Deza, catedrático de Prima de Teología y maestro del príncipe don Juan, le brindó su apoyo. Mientras estuvo en Salamanca, Colón se hospedó en el convento dominico de San Esteban. En los años siguientes, la influencia de Deza fue decisiva para que lograse finalmente el respaldo de Isabel la Católica, lo que le abriría el camino hacia el Nuevo Mundo.

Colón había supuesto un tamaño de la Tierra menor del real, pero no muy distinta a la que sus contemporáneos asumían. Su error fundamental fue atribuir a Asia una extensión mucho mayor de la que tiene, lo que reducía sustancialmente la distancia a navegar. Pocas meteduras de pata en la historia han tenido consecuencias tan trascendentales. Habría que esperar a la vuelta al mundo de Magallanes-Elcano para conocer la verdadera dimensión de la Tierra.

The Conversation

J. Guillermo Sánchez León no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Cuando Colón confundió lo que era una milla y llegó a América – https://theconversation.com/cuando-colon-confundio-lo-que-era-una-milla-y-llego-a-america-266086