De Tianjin à New York : comment la Chine cherche à reconfigurer la gouvernance mondiale

Source: The Conversation – in French – By Quentin Couvreur, Doctorant en science politique, Sciences Po

En septembre 2025, la Chine a organisé une grand-messe de l’Organisation de coopération de Shanghai et un immense défilé à l’occasion des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce fut l’occasion pour elle d’afficher sa volonté de réformer la gouvernance mondiale et de se poser en leader du « Sud global ». Dans le même temps, comme l’a démontré la dernière Assemblée générale de l’ONU, la République populaire cherche à s’imposer toujours davantage au sein des Nations unies, tout en rapprochant les institutions onusiennes des plateformes multilatérales qu’elle contrôle.


Dans un contexte marqué par l’unilatéralisme croissant des États-Unis de Donald Trump et par les incertitudes qui pèsent sur le système onusien, la Chine cherche à apparaître comme un pilier de la gouvernance mondiale tout en appelant à la réforme de celle-ci.

Au mois de septembre 2025, le double anniversaire de la victoire des Alliés (reddition de l’Allemagne en mai et du Japon en septembre 1945) et de la fondation de l’Organisation des Nations unies en octobre 1945 a offert à Pékin une séquence idéale pour promouvoir un système multilatéral plus étroitement aligné sur ses intérêts.

Le sommet de l’OCS et l’annonce de l’Initiative pour la gouvernance mondiale

La séquence s’est ouverte le 1er septembre à Tianjin, où la Chine organisait le 25e sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Fondée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre pays centrasiatiques, l’OCS était à l’origine une organisation régionale essentiellement vouée aux questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Elle s’est ensuite progressivement étendue, intégrant l’Inde et le Pakistan (2017) puis l’Iran (2023) comme nouveaux membres.

Aujourd’hui, l’organisation eurasiatique – la plus « grande organisation régionale du monde », comme aime à le rappeler Pékin – s’est muée en une plateforme stratégique au sein de laquelle la Chine promeut ses normes et son discours sur la nécessaire réforme de l’ordre international, tout en affichant son leadership au sein du « Sud global ».

À Tianjin, le président chinois Xi Jinping avait ainsi rassemblé une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le président russe Vladimir Poutine et le premier ministre indien Narendra Modi.

En présence du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, le président chinois a saisi l’occasion de ce sommet pour annoncer une Initiative pour la gouvernance mondiale (GGI, de l’anglais Global Governance Initiative), visant à « construire un système de gouvernance mondiale plus juste et plus équitable ». Déclinant cinq concepts clés, il a notamment souligné l’importance du respect de la souveraineté et du droit international, tout en appelant à renforcer le multilatéralisme face aux grands défis mondiaux.

Formulée en termes délibérément vagues et exempte de propositions concrètes, la GGI n’en esquisse pas moins la vision chinoise d’une gouvernance mondiale reconfigurée, dans l’objectif de pallier trois « défaillances » des organisations existantes : la sous-représentation des pays du Sud dans les enceintes internationales, l’érosion de l’autorité des Nations unies (incarnée par l’impuissance du Conseil de sécurité face à la situation à Gaza) et leur manque d’efficacité (démontré par le retard dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable).

Cette vision se caractérise par la centralité qu’elle accorde aux questions de développement économique, par son refus des alliances militaires au profit d’une sécurité commune, et par sa conception pluraliste de la « coexistence harmonieuse » entre civilisations, qui ne laisse aucune place à l’universalité des droits humains.

Ces thématiques avaient déjà été mises en avant par les trois initiatives globales lancées par Xi Jinping entre 2021 et 2023, portant respectivement sur le développement, sur la sécurité et sur la civilisation.

Une constellation d’organisations et de forums multilatéraux

Cette vision se manifeste également dans le choix du sommet de l’OCS pour annoncer la GGI. L’OCS incarne en effet la volonté de Pékin de reconfigurer la coopération multilatérale autour d’une constellation d’organisations, de forums et de mécanismes peu contraignants, dont le principal point commun est de promouvoir un monde multipolaire, tout en accordant une place prépondérante, voire centrale, à la Chine. S’appuyant sur son « cercle d’amis » parmi les pays en développement, Pékin entend bâtir des contrepoids aux institutions dominées par les pays occidentaux, comme le G7.

Cette constellation comprend en premier lieu l’OCS et les Brics+, dont l’élargissement récent était une priorité pour la Chine. Dans le domaine financier, elle inclut également la Nouvelle Banque de développement des Brics (NBD), mais aussi la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), établie en 2016. Surtout, elle s’étend via la multiplication des forums « multi-bilatéraux » sino-centrés, comme le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) ou le Sommet Chine-Asie centrale, dont la première édition a été organisée en 2023.

Si ces plateformes participent d’abord d’un « effet d’affichage », l’évolution de l’OCS traduit la volonté chinoise d’en faire un vecteur d’approfondissement des coopérations.

Invoquant la nécessité de mettre en œuvre des « actions concrètes », le président chinois a ainsi plaidé pour la création d’une banque de développement de l’OCS. Il a aussi annoncé la mise en œuvre d’une centaine de projets de développement en faveur des États membres, financés par un don de deux milliards de yuans (240 millions d’euros), de même qu’un renforcement de la coopération dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’intelligence artificielle.

Quel rôle pour l’ONU dans la diplomatie multilatérale chinoise ?

À la lumière de ces évolutions, la place accordée aux Nations unies dans la vision chinoise du multilatéralisme interroge. En effet, en 2015, pour le 70e anniversaire de l’ONU et pour son premier discours en tant que président de la Chine à la tribune de l’Assemblée générale, Xi Jinping avait mis en scène l’engagement multilatéral de son pays, présenté comme prêt à assumer davantage de responsabilités et à renforcer sa contribution à une organisation considérée comme « la plus universelle, la plus représentative et dotée de la plus haute autorité ».

Au cours des années suivantes, la Chine s’est affirmée comme une actrice majeure du système onusien, devenant sa quatrième contributrice financière et prenant la direction de plusieurs agences. Ambitionnant de transformer l’organisation depuis l’intérieur, elle s’est investie dans les Nations unies pour renforcer ses liens avec les pays en développement, diluer les normes libérales et redéfinir la conception des droits humains, tout en promouvant ses propres initiatives, en particulier les Nouvelles Routes de la soie.




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Dix ans plus tard, pour le 80e anniversaire de l’ONU, Xi Jinping n’a pas fait le déplacement à New York, préférant y dépêcher son premier ministre, Li Qiang. Cette absence n’est pas anodine, puisque c’est la première fois depuis 1985 qu’un président chinois ne se rend pas à un anniversaire décennal de l’organisation. De même, le choix de dévoiler la GGI au sommet de l’OCS plutôt qu’à la tribune de l’Assemblée générale peut être interprété comme une volonté de la Chine de privilégier et de renforcer des plateformes où elle peut plus aisément manœuvrer.

Néanmoins, l’ONU demeure une source essentielle de légitimité pour Pékin, qui continue de proclamer son soutien à l’organisation, en contrepoint du désengagement des États-Unis. Pékin renforce sa présence au sein des institutions onusiennes et a accru ses contributions financières volontaires en 2024, celles-ci atteignant leur plus haut niveau depuis 2016. Pour autant, ces contributions restent modestes au regard des besoins, et la Chine contribue elle-même à la grave crise de liquidités que traverse l’ONU, en s’acquittant de plus en plus tardivement de ses contributions obligatoires.

Revendiquer l’héritage de 1945

Au total, ces dynamiques ambivalentes ne suggèrent ni un désintérêt complet de Pékin pour le système onusien, ni une montée en puissance qui verrait la Chine entièrement supplanter les États-Unis en son sein, ni encore l’édification d’un ambitieux système alternatif. En réalité, elles reflètent plutôt la volonté chinoise d’arrimer plus étroitement le système onusien aux formats multilatéraux privilégiés par Pékin. En témoigne l’adoption par l’Assemblée générale, le 5 septembre 2025, d’une résolution sur la coopération entre l’ONU et l’OCS, malgré l’opposition ou l’abstention des pays occidentaux.

Cet arrimage vise in fine à faire apparaître la vision illibérale de la Chine comme conforme aux principes de la Charte des Nations unies. C’est en effet l’héritage de 1945 que la Chine revendique, comme l’illustre le télescopage temporel entre le sommet de l’OCS et le grand défilé militaire organisé à Pékin pour les commémorations du 80e anniversaire de la victoire dans la « Guerre mondiale antifasciste ». Pour le Parti communiste chinois, il s’agit de se poser en garant légitime des principes fondateurs de la gouvernance mondiale et de l’ordre international, réinterprétés à l’aune de ses préférences idéologiques. En cela, comme l’a reconnu Li Qiang dans son discours, l’ONU demeure pour l’heure « irremplaçable ».

The Conversation

Quentin Couvreur ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. De Tianjin à New York : comment la Chine cherche à reconfigurer la gouvernance mondiale – https://theconversation.com/de-tianjin-a-new-york-comment-la-chine-cherche-a-reconfigurer-la-gouvernance-mondiale-266806

Votre alimentation influence-t-elle vos rêves ? Ce que disent nos recherches sur la nourriture et les cauchemars

Source: The Conversation – in French – By Jade Radke, PhD Student, Behavioral Sustainability Lab, University of British Columbia

Vous êtes-vous déjà demandé si un rêve étrange était dû à quelque chose que vous aviez mangé la veille au soir ? Si oui, vous n’êtes pas seul. Nous faisons tous des rêves étranges de temps en temps et cherchons à comprendre pourquoi.

Depuis des siècles, on croit que l’alimentation et l’heure du repas influencent les rêves. Un exemple frappant se trouve dans la bande dessinée du début du XXe siècle intitulée Dream of the Rarebit Fiend (Rêve d’un fondu de fondue, en français), dans laquelle les personnages attribuent souvent leurs rêves étranges au fait d’avoir mangé un plat à base de fromage, comme le Welsh rarebit, la veille au soir.

Malgré ce folklore, les recherches scientifiques sur le lien entre alimentation et rêves restent limitées.

Quelques enquêtes exploratoires ont donné des résultats préliminaires et suggestifs. Une étude de 2007 a révélé que les personnes qui consommaient davantage d’aliments biologiques affirmaient faire des rêves plus vivants et plus étranges que celles qui consommaient davantage de restauration rapide.

De même, une enquête de 2022 a montré que certains aliments influencent les rêves : fruits pour des souvenirs plus fréquents, fruits et poisson pour des rêves lucides, sucreries pour davantage de cauchemars. Et dans notre étude de 2015, nous avons constaté que près de 18 % des participants pensaient que leur alimentation influençait leurs rêves. Parmi eux, les produits laitiers étaient les plus souvent cités comme responsables.

Dans le prolongement de cette étude, nous avons récemment mené une enquête en ligne auprès de 1082 étudiants canadiens en psychologie, auxquels nous avons posé des questions sur leurs habitudes alimentaires, leur état de santé général, la qualité de leur sommeil et leurs rêves. Nous avons testé plusieurs hypothèses sur la façon dont l’alimentation et les sensibilités alimentaires pourraient influencer les rêves, y compris leur influence possible sur la gravité des cauchemars.

Ce que nous avons découvert

Un peu plus de 40 % des participants nous ont dit que certains aliments aggravaient ou amélioraient la qualité de leur sommeil. Environ 5 % pensaient que l’alimentation avait une incidence sur leurs rêves, les desserts, les sucreries et les produits laitiers étant les coupables les plus fréquemment cités.

Les personnes allergiques ou intolérantes au gluten percevaient davantage que l’alimentation influençait leurs rêves. Celles intolérantes au lactose signalaient plus souvent que certains aliments perturbaient leur sommeil.

Nous avons également constaté que les participants souffrant d’une allergie alimentaire ou d’une intolérance au lactose signalaient des cauchemars plus fréquents et plus intenses. La fréquence des symptômes gastro-intestinaux, comme les douleurs abdominales et les ballonnements, était associée à la fois à l’intolérance au lactose et aux cauchemars, ce qui pourrait expliquer ce lien.

Ces résultats confirment un nombre croissant de preuves suggérant un lien entre le microbiome intestinal et le système nerveux central (l’axe intestin-cerveau). Pour la première fois, ils révèlent que les troubles intestinaux peuvent se manifester psychologiquement pendant le sommeil sous forme de cauchemars.

Cela rejoint les recherches en cours sur la relation entre l’alimentation et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), dont l’un des symptômes est la fréquence des cauchemars. Alors que travaux se sont concentrés sur la relation entre les habitudes alimentaires globales et le SSPT, nos résultats suggèrent que certains aliments spécifiques, tels que les produits laitiers et les sucreries, pourraient exacerber les cauchemars en particulier.

Dès lors, les traitements du SSPT pourraient gagner à inclure une évaluation des habitudes alimentaires, des allergies et des intolérances, ainsi que des changements de régime.

Nos recherches montrent un lien possible entre alimentation et rêves, mais les résultats restent corrélationnels. Des expériences sont nécessaires pour tester dans quelle mesure certains aliments peuvent avoir un impact sur les rêves.

Les prochaines étapes pourraient consister en expériences contrôlées pour tester l’effet de certains aliments déclencheurs, tels que du fromage contenant du lactose par opposition à du fromage sans lactose, en particulier chez les personnes intolérantes au lactose ou qui font fréquemment des cauchemars. Des expériences similaires pourraient être menées auprès de participants souffrant de divers types d’allergies alimentaires.

Quelques conseils pratiques

Nos résultats, corroborés par des recherches antérieures, suggèrent quelques mesures simples pour mieux dormir et rêver :

  1. Évitez de manger tard le soir, en particulier des aliments lourds, sucrés ou épicés. Nous avons constaté que manger le soir était associé à des rêves troublants et à une moins bonne qualité de sommeil.

  2. Si vous êtes intolérant au lactose, essayez d’éviter les produits laitiers avant de vous coucher ou optez pour des alternatives sans lactose. Par exemple, les fromages à pâte dure et affinés ont tendance à contenir moins de lactose que les fromages à pâte molle et frais.

  3. Si vous souffrez d’allergies alimentaires, pensez à réduire votre consommation d’aliments concernés avant de vous coucher. Les inquiétudes liées à d’éventuelles réactions allergiques pourraient s’immiscer dans vos rêves.

  4. Notez tous les aliments qui semblent influencer votre sommeil ou vos rêves, et essayez de les supprimer pendant des périodes intermittentes pour voir s’ils ont une incidence sur la qualité de votre sommeil ou de vos rêves.

En général, une alimentation équilibrée et riche en nutriments, comprenant des fibres, des fruits, des légumes et des protéines maigres, peut contribuer à améliorer la qualité du sommeil ou des rêves. Le principal enseignement à retenir ? Écoutez votre corps : si certains aliments ou habitudes perturbent vos nuits ou provoquent régulièrement de mauvais rêves, adaptez‑les en conséquence.

La Conversation Canada

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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Le développement des études supérieures entre « faux procès » et vraies questions…

Source: The Conversation – in French – By Marie Duru-Bellat, Professeure des universités émérite en sociologie, Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS), Sciences Po

Les études s’allongent, le niveau de diplôme progresse chez les jeunes. Mais cela se traduit-il vraiment par une hausse des compétences ? Et dans quelle mesure cet investissement apporte-t-il une plus-value sur le marché du travail ? Éclairages sur un débat qui invite à repenser les liens entre formation et emploi.


Dans un article intitulé « Le faux procès des études supérieures trop longues », et publié par The Conversation, l’économiste Guillaume Allègre revient sur les discours souvent idéologiques et les analyses, plus sérieuses, qui interrogent dans un sens critique le développement des études supérieures.

Ce développement est particulièrement marqué depuis le début du XXIe siècle (2,16 millions d’étudiants, dont 1,397 million à l’université, en 2000, contre 2,96 millions, dont 1,6 million à l’université, en 2023), accompagné, sur la longue période, de conséquences massives sur l’entrée dans la vie. En 1986, à l’âge de 21 ans, environ 20 % des jeunes étaient encore scolarisés, c’est le cas de près de la moitié d’entre eux, en 2021.

Pourtant, pour Guillaume Allègre, « en durée, les jeunes ne font pas plus d’études qu’avant », et l’accroissement du nombre de diplômés s’explique par la baisse des redoublements.

Des diplômes, mais quel « capital humain » ?

Les jeunes parviendraient donc à des niveaux de diplôme plus élevés du fait de carrières scolaires moins perturbées par des redoublements. La baisse du redoublement – en elle-même positive vu l’inefficacité, largement démontrée, de cette pratique – a été le fruit d’une politique volontariste. On a laissé passer plus facilement dans la classe supérieure, mais personne n’oserait dire que c’est parce que les élèves ou les étudiants étaient (tout simplement) meilleurs…

À l’école primaire, on observe une baisse du niveau des élèves, si l’on se réfère aux notes d’information de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation nationale, de 2008 à 2020.

Dans l’enseignement supérieur, où il n’existe pas de mesures standardisées de ce que savent les étudiants, certains chercheurs, constatant que « les règles de validation des enseignements par les compensations de notes n’ont jamais autant favorisé l’obtention des diplômes », suggèrent plutôt « une tolérance nouvelle, bon gré mal gré, à la fragilité des aptitudes scolaires des étudiants ».

On peut donc craindre que ces jeunes qui ont moins redoublé et qui font des études plus longues n’aient pas, malgré un niveau formel d’instruction plus élevé, des acquis proportionnellement plus importants. Certes, plus de jeunes qui vont plus loin, moins de jeunes qui font du surplace en redoublant, c’est en moyenne une hausse de leurs acquis, mais à niveau de diplôme identique, ils en savent moins, ce qui traduit une baisse d’efficacité de l’école.

Il y a donc de la marge entre le diplôme et le « capital humain » qu’il est censé certifier, ce qui devrait interroger les économistes dans leur a priori favorable à l’élévation du niveau d’éducation.

On constate ainsi que si la France compte autant, voire plus, de diplômés du supérieur que la plupart des pays voisins, leur niveau de compétences en littératie – la capacité à maîtriser l’écrit – n’est pas toujours très supérieur à celui de personnes moins diplômées d’autres pays. Par exemple, le niveau des Néerlandais dotés d’un diplôme de second cycle du secondaire est très proche de celui des Français diplômés de l’enseignement supérieur, selon les évaluations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Or,pour Guillaume Allègre, dès lors que le diplôme reste rentable, il est « individuellement utile ». Il l’est effectivement pour se placer : la rentabilité relative d’un diplôme, par rapport au diplôme immédiatement inférieur, est incontestable.

D’où vient alors ce leitmotiv des jeunes qui se plaignent de la situation qu’ils trouvent au sortir de leurs études, sur le mode de « Avec un master, t’as plus rien » ? Tout simplement du fait qu’ils considèrent également le rendement « absolu » du diplôme, le poste qu’il permet d’obtenir ; et là, le déclassement est réel et incontesté chez les économistes, par rapport à ce que le diplôme permettait d’obtenir dans un passé pas si lointain, à l’époque de leurs parents notamment.

Se former à entrer dans la vie…

Au-delà de cette quête de rendement économique, il faut se demander ce qu’ont appris ces étudiants, au-delà des savoirs académiques souvent pointus délivrés par les enseignants-chercheurs des universités (ceci est moins vrai des filières professionnalisées), en d’autres termes ce qu’on apprend à fréquenter longtemps et exclusivement l’enseignement supérieur.

Certaines enquêtes montrent que la quête d’un diplôme toujours plus élevé nourrit chez les étudiants des attitudes qui peuvent s’avérer dysfonctionnelles à l’heure de l’insertion. Lors de l’entrée sur le marché du travail, ils réalisent parfois que leur diplôme ne sera pas forcément apprécié dans un monde où la valorisation du savoir pour le savoir n’a pas cours.

Formés, dans les filières universitaires généralistes du moins, à des savoirs dont les applications concrètes sont rarement dégagées, ils découvrent que la vie professionnelle minimise de fait la valeur des connaissances théoriques au profit de ce qu’elles permettent de réaliser. Une véritable reconversion s’impose parfois pour désapprendre très vite ce qu’on a mis du temps à apprendre.




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Par contraste, quand ils ont combiné études et emploi, les étudiants estiment pour les trois quarts d’entre eux qu’un travail rémunéré occupé pendant leurs études apporte des compétences et des réseaux (même, à hauteur des deux tiers, quand il s’agit d’un travail non qualifié). D’après l’Observatoire de la vie étudiante, ils sont une minorité (18 %) à estimer que leur travail a un impact négatif sur leurs études, auquel s’ajoutent 30 % qui le jugent source de stress ; mais ils sont plus de 60 % à juger qu’il n’en est rien…

Au total, les enquêtes concluent que si le travail rémunéré ne favorise pas les résultats scolaires, il n’entraîne pas de handicap significatif en deçà d’un seuil hebdomadaire de quinze à vingt heures. Et, par ailleurs, il favoriserait plutôt l’insertion professionnelle.

Articuler formation et emploi

On peut donc se demander si la formation de jeunes adultes ne devrait pas s’efforcer de conjuguer le plus souvent possible études et expériences professionnelles. En France, le modèle de l’élève des classes préparatoires, entièrement absorbé par ses études, domine et, en arrière-plan, la conviction que ce que notre pays peut offrir de mieux à la jeunesse, c’est de rester le plus longtemps possible dans les enceintes scolaires.

La proposition de Guillaume Allègre développée dans un rapport de Terra Nova de 2010 s’inspire des dispositifs de type « allocation d’études » qui existent dans certains pays du Nord, pour favoriser l’autonomie des jeunes. Mais rappelons que ces pays sélectionnent à l’entrée du supérieur, et sont donc moins exposés que nous au risque de voir des étudiants s’engager dans des nasses sans débouchés.

Surtout, le cumul emploi-études est bien moins répandu dans notre pays que chez nombre de nos voisins – Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni ou Allemagne. On pourrait tout à fait imaginer des « emplois pour étudiants », adaptés à leur emploi du temps, comme il existe dans de nombreux campus américains. Les étudiants y gagneraient en diversité d’expériences – possiblement aussi formatrices que ce qu’on apprend en milieu universitaire – et en autonomie financière.




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Qu’en est-il pour le pays ? Sans verser dans la polémique sur le thème « les Français ne travaillent pas assez », il faut rappeler, sur la base notamment de la note 110 du Conseil d’Analyse économique, publiée en mars 2025, « Objectif “plein emploi” » que ce n’est pas la durée annuelle de travail des actifs qui distingue la France mais la faiblesse des taux d’emploi et des seniors et des jeunes.

Si la question du travail des « seniors » fait couler beaucoup d’encre, celle du travail des jeunes, en particulier des jeunes en cours d’études, s’avère des plus taboues : le « droit aux études » ne saurait se discuter… sachant qu’on parle en l’occurrence du droit aux études à temps plein.

Si l’on s’attache à la formation des jeunes adultes, favoriser la conjugaison études-emploi serait sans doute une piste intéressante, tout en étant également « rentable » en termes économiques, ce qui n’a pas de raison d’être négligé. Sans évidemment faire le « procès » des études supérieures, il est nécessaire de réfléchir à la formation que nous devons offrir à ces jeunes qui constituent à présent la majorité des générations montantes.

The Conversation

Marie Duru-Bellat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le développement des études supérieures entre « faux procès » et vraies questions… – https://theconversation.com/le-developpement-des-etudes-superieures-entre-faux-proces-et-vraies-questions-267336

La selección: la importancia de la educación financiera

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Elba Astorga, Editora de Economía, The Conversation

pogonici/Shutterstock

Muy pronto en la vida comienza nuestra relación con el dinero: desde las primeras monedas dejadas por Ratoncito Pérez a cambio de pequeños dientes de leche (compra-venta) a las pagas de padres y abuelos (rentas). Y bueno es aprender pronto a gestionarlo.

Empoderar para decidir

La educación financiera no es solo cuestión de concienciar y transmitir información, sino de empoderar a las personas para que se sientan capaces de tomar decisiones acertadas de ahorro e inversión.

Más allá de entender conceptos económicos básicos (inflación, tasas de interés, diversificación), la educación financiera también consiste en aprender a aplicar esos conocimientos en la vida cotidiana.

Para invertir es importante conocer y comprender las características de los productos de inversión y ahorro: cuentas, depósitos, fondos, acciones, bonos. Y, para ahorrar de manera consistente en el tiempo, disciplina: anticipar, o al menos monitorizar, y controlar los ingresos y gastos.

La condición humana

Un elemento que dificulta el ahorro es nuestra propia naturaleza: más allá del pensamiento racional, a la hora de tomar decisiones tendemos a elegir el gasto inmediato y su fogonazo de dopamina a postergar la recompensa del ahorro (y sus intereses). Caemos en la tentación del consumo y dejamos el guardar para más adelante.

La cuestión es que la llegada de las tecnologías financieras ha facilitado tanto los pagos que los usuarios han dejado de percibirlos como lo que son: gastos. Apenas un clic en el ordenador o pasar el teléfono inteligente por la terminal de pago aumentan el riesgo de hacer compras impulsivas y, por tanto, hacen caer la capacidad de ahorro.

La eficiencia fintech pone a prueba, pues, nuestra capacidad de tomar decisiones racionales en el uso de nuestro dinero.

Educación financiera para reducir la desigualdad y la pobreza

La educación financiera trasciende el bienestar de las familias, se globaliza y participa en la consecución de los objetivos de desarrollo sostenible (ODS). Tres ejemplos:

  • Es clave para alcanzar el objetivo 1, la erradicación de la pobreza, pues permite tomar decisiones financieras informadas.

  • La educación financiera de las mujeres es determinante si se quiere alcanzar la igualdad de género (objetivo 4): mejora las perspectivas de autonomía económica y acceso a recursos financieros (préstamos, ahorro, inversión).

  • El diseño y aplicación de programas de educación financiera puede ayudar a reducir la desigualdad económica (objetivo 10).

Las edades del ahorro

Lo cierto es que las decisiones de ahorro e inversión dependen de factores que van más allá del conocimiento, la racionalidad y la autoconfianza: las necesidades y posibilidades financieras no son las mismas comenzando el propio proyecto vital y profesional que alcanzada ya la edad de retiro.

Pero, además, hay que tomar en cuenta la aversión al riesgo, que va a depender del perfil del inversor (de más arriesgado a más conservador) y determinará qué instrumento financiero se adapta mejor a la relación entre su disposición a perder (riesgo) y sus expectativas de ganancias (rentabilidad).

Llegada la jubilación, haber tenido un ahorro planificado y haber sido capaz de tomar decisiones de inversión adecuadas ayudará a obtener unas rentas que, más allá de la pensión, permitan una buena calidad de vida durante un periodo que cada vez tiende a ser más largo.

The Conversation

ref. La selección: la importancia de la educación financiera – https://theconversation.com/la-seleccion-la-importancia-de-la-educacion-financiera-253591

Suplemento cultural: todos somos ‘otakus’

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Claudia Lorenzo Rubiera, Editora de Cultura, The Conversation

Imagen de _Guardianes de la noche: la fortaleza infinita_. Cortesía de Sony Pictures

Este texto se publicó por primera vez en nuestro boletín Suplemento cultural, un resumen quincenal de la actualidad cultural y una selección de los mejores artículos de historia, literatura, cine, arte o música. Si quiere recibirlo, puede suscribirse aquí.


Otoño, como todos los años, ha empezado fuertecito en las salas de cine. Se entrelazan varias razones: la vuelta a la rutina, la inmediatez de las entregas de premios, la saturación de festivales de cine… El caso es que, una vez presentados ante la crítica, los estrenos plagados de grandes estrellas esperan a que el público les eleve por encima del resto y produzca grandes beneficios.

Y eso ha ocurrido, aunque no como se predecía en los círculos más cinéfilos. Porque, hace unas semanas, en los primeros puestos de la recaudación emergió una sorpresa. O, al menos, una sorpresa para quien no lo tuviese en el radar: Guardianes de la noche: la fortaleza infinita. La película, secuela del anime televisivo del mismo nombre, se estrenaba con la idea de triunfar en salas, habida cuenta de que eso había hecho el anterior largometraje en 2020. Pero más que triunfar, ha arrasado, convirtiéndose en el anime más taquillero de la historia.

Eso, unido al hecho de que en las últimas semanas se ha visto cómo, por todo el mundo, los manifestantes de la generación Z enarbolaban la bandera pirata del manga (y también anime) One Piece, indica que el impacto de los dibujos animados japoneses ha alcanzado nuevas cotas. La puerta que se abrió en los 90 y de la que muchos fuimos televidentes -“Oliver, Benji, los magos del balón”- ha ido haciéndose cada vez más y más grande con ayuda, como explica Antonio Horno López, de un incremento de la calidad de los productos. Por eso, el anime ya no es solo cuestión de unos pocos otakus. Es un fenómeno mainstream.

Un Nobel para descubrirlos

“Todos los años igual”, pensamos. Quiniela arriba, quiniela abajo, hacemos predicciones del Premio Nobel de Literatura y, como también esperamos, no damos una. Pues no. No en 2025, cuando finalmente el galardón ha recaído en un nombre que llevaba días circulando: László Krasznahorkai. Para celebrarlo (y situarlo al margen de las apuestas) la profesora de Lengua y literatura húngaras en la Universidad de Barcelona, Emőke Jámbor, ha trazado el perfil de un autor que “combina la melancolía centroeuropea con una visión apocalíptica del mundo moderno”.

Otro Nobel que está de actualidad es el noruego Jon Fosse, cuya nueva novela, Vaim, acaba de publicarse en español. Una excusa tan buena como cualquier otra para repasar sus vínculos con el paisaje rural, mucho más que un telón de fondo en su obra.

50 años del fallecimiento de una memoria

La memoria a veces es traicionera. La memoria histórica de un país, repleta de vaivenes, conflictos y alteraciones, todavía más. Pero conviene saber que hace poco menos de un siglo España ardía creativamente y la modernidad era un tren imparable en el arte, la literatura y la música. Escribo esto mientras escucho a Rubén Lorenzo interpretar al piano las tres danzas de La romería de los cornudos, un ballet con argumento de Federico García Lorca y el dramaturgo Cipriano Rivas Cherif, coreografía original de “La Argentinita” y música compuesta por quien nos ocupa hoy: Gustavo Pittaluga González del Campillo.

De su muerte se acaban de cumplir 50 años -mal recordados por la sociedad española, como indica Juan Pablo Fernández-Cortés- a pesar de que no solo nos dejó su obra sino también sus esfuerzos en el exilio por recordar y mantener la memoria de la España que fue moderna.

La moda se renueva

Hablé no hace mucho de que la temporada no solo se inicia en las salas de cine, también en las pasarelas de moda. Este otoño desembarca una nueva generación de diseñadores (mayoritariamente, todo sea dicho, masculinos) que coparán la dirección de las grandes marcas. Uno de ellos es Jonathan Anderson, al frente de Dior. Sandra Bravo Durán explica a quienes, como yo, están menos familiarizados con la historia de la maison, por qué su llegada y su presentación han sido una bocanada de aire fresco no solo para Dior sino para todo el sector.

Pequeñas y grandes

Y no abandonamos las pantallas porque noticias no faltan.

Por un lado, tenemos el auge de las telenovelas turcas, que no solo sirve como promoción de una industria sino también de un país al completo. Si lo vemos y nos gusta, queremos ir a conocerlo en persona. Ahí están Irlanda del Norte y Juego de tronos para demostrarlo.

Y si, efectivamente, nos gusta y queremos ir a conocerlo en persona, también es cierto que, si lo escuchamos y nos apela, queremos profundizar en ello. Eso pasa con muchos monólogos, que entre risa y risa dejan un poso que hace pensar, lo que incomoda a los poderes políticos. Así lo están dejando claros los casos de Stephen Colbert y Jimmy Kimmel en Estados Unidos, no precisamente los primeros ejemplos de censura cómica en la historia de ese país.

En este 2025 que estamos de aniversario, apuesto a que, cuando Jane Austen escribió hace tres siglos sobre el señor Darcy, no imaginaba que se iba a convertir en el ideal romántico que actualmente es (aunque puede que funcione mejor en el papel que en la realidad).

La que seguro que tampoco se imaginó los derroteros que iba a tomar su personaje masculino cuando esbozó la personalidad de Heathcliff en Cumbres borrascosas es Emily Brontë. Sobre sus adaptaciones (y cómo se olvidan de medio libro) hablamos a propósito del tráiler de la última de ellas, que se estrenará el 14 de febrero de 2026 y que ya tiene haters. Aunque, en este 2025, ¿quién no los tiene?

The Conversation

ref. Suplemento cultural: todos somos ‘otakus’ – https://theconversation.com/suplemento-cultural-todos-somos-otakus-267231

L’IA m’a informé pendant un mois. Elle ne s’en est pas toujours tenue aux faits

Source: The Conversation – in French – By Jean-Hugues Roy, Professeur, École des médias, Université du Québec à Montréal (UQAM)

C’est quand même candide comme mensonge. Gemini a inventé un média d’information qui n’existe pas et il l’a baptisé exemplefictif.ca !

Le système d’IA générative offert par Google a notamment fait dire à son faux média qu’une grève des chauffeurs d’autobus scolaires avait été déclenchée le 12 septembre. Évidemment, cette grève est fictive elle aussi. C’est le retrait des bus de Lion Électrique qui perturbait plutôt le transport scolaire ce jour-là.

Cette hallucination journalistique est peut-être le pire exemple d’invention pure que j’aie obtenu dans une expérience qui a duré environ un mois. Mais j’en ai vu bien d’autres.




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J’ai testé un outil de détection de ChatGPT : j’ai perdu mon temps


Six pour cent des Canadiens s’informent avec l’IA 😱

Comme professeur de journalisme spécialisé en informatique, je m’intéresse à l’IA depuis de nombreuses années. C’est mon collègue Roland-Yves Carignan qui m’a souligné que 6 % des Canadiens ont inclus des chatbots d’IA générative en 2024 parmi leurs sources d’information.

J’étais donc curieux de voir dans quelle mesure ces outils étaient capables de m’informer. Allaient-ils me donner du solide, ou de la bouillie (AI slop) ?

Sept outils ; une même requête

Chaque matin de septembre, j’ai demandé à sept systèmes d’IA générative de me dire ce qui se passe dans l’actualité québécoise. Je leur ai toujours posé la même question :

Donnez-moi les cinq principaux événements de l’actualité d’aujourd’hui au Québec. Placez-les en ordre d’importance. Résumez chacun en trois phrases. Ajoutez un titre succinct à chacun. Donnez au moins une source pour chacun (URL précise de l’article, pas la page d’accueil du média consulté). Vous pouvez faire des recherches dans le web.

J’ai utilisé trois outils pour lesquels je paie (ChatGPT, Claude et Gemini), un outil fourni par mon employeur (Copilot) et trois outils dans leurs versions gratuites (Aria, DeepSeek et Grok).

Je me suis également servi de Perplexity, dans sa version gratuite, mais à une reprise seulement. J’ai enfin tenté d’inclure MetaAI, mais il ne répondait pas à mes requêtes.

Sources douteuses… voire imaginaires

J’ai obtenu 839 réponses que j’ai d’abord triées en fonction des sources indiquées. Puisqu’il était question d’actualités, il était normal de s’attendre à ce que les outils d’IA puisent dans des médias d’information.

Or, dans 18 % des cas, ils en ont été incapables, s’appuyant plutôt sur des sites gouvernementaux, des groupes de pression, ou inventant carrément des sources imaginaires, comme l’exemplefictif.ca mentionné plus haut.

Un média d’information était cité dans la majorité des réponses que j’ai reçues. Mais le plus souvent, l’URL fournie menait à une erreur 404 (URL erronée ou inventée) ou à la page d’accueil du média ou d’une section de ce média (URL incomplète). Cela rendait difficile de vérifier si l’information fournie par l’IA était fiable.

Les outils ont donc eu du mal à répondre à ma consigne pourtant claire de me fournir une URL complète. Ils n’y sont parvenus que dans 37 % des cas (311 réponses).

J’ai tout de même lu attentivement chacun des 311 articles journalistiques vérifiables pour voir si ce que l’IA me donnait correspondait à la source citée.

Le résumé produit par l’IA générative a été fidèle dans 47 % des cas, mais cela inclut cependant quatre cas de plagiat pur et simple. Un peu plus de 45 % des réponses étaient partiellement fidèles. Nous y reviendrons plus loin.

Car il faut d’abord parler des réponses erronées en tout ou en partie.

Erreurs sur le fond

La pire erreur a certainement été commise par Grok le 13 septembre. L’outil d’IA générative offert avec X, le réseau social d’Elon Musk, m’a signalé que des « demandeurs d’asile [ont été] mal traités à Chibougamau » :

Une vingtaine de demandeurs d’asile ont été envoyés de Montréal à Chibougamau, mais la plupart sont rentrés rapidement en raison de conditions inadéquates. Ils rapportent avoir été traités comme des « princes et princesses » ironiquement, mais en réalité avec un manque de soutien. L’incident soulève des questions sur la gestion des réfugiés au Québec.

Grok s’est basé sur un article de La Presse publié ce matin-là. Mais il l’a interprété à l’envers !

La Presse rapportait plutôt que le voyage a été un succès. Sur les 22 demandeurs d’asile, 19 ont eu des offres d’emploi à Chibougamau. Il n’y avait aucune ironie dans l’expression « princes et princesses ».

D’autres exemples :

  • Le 9 septembre, en relatant le procès la mère de la fillette retrouvée en bordure de l’autoroute 417, Grok (encore lui) a affirmé qu’elle avait abandonné sa fille « afin de partir en vacances », une information rapportée par personne.

  • Le 14 septembre, Aria m’a annoncé que le cycliste français « Julian Alaphilippe [avait] remporté [la] victoire au Grand Prix cycliste de Montréal ». C’est faux. Alaphilippe a remporté le Grand Prix de Québec. À celui de Montréal, c’est l’Américain Brandon McNulty qui a franchi le fil d’arrivée en premier.

  • Le 26 septembre, Claude a prétendu qu’on réclamait la destitution du président du Collège des médecins, Mauril Gaudreault. En réalité, des médecins souhaitaient plutôt adopter une motion de blâme.

  • Le 2 octobre, ChatGPT a rebaptisé l’Institut économique de Montréal le « Mouvement des entreprises d’innovation », appellation inventée de toutes pièces à partir de l’acronyme anglais du think tank, MEI (Montreal Economic Institute). Le même jour, il m’a aussi parlé de « commissions scolaires », des institutions pourtant remplacées en 2020 par les Centres de services scolaires dans les établissements francophones.

  • Le 3 octobre, Grok a affirmé que « les libéraux maintiennent une avance stable » dans un sondage de la firme Léger. Dans les faits, les libéraux arrivaient au deuxième rang. C’est le PQ qui était en avance.

Erreurs sur la forme

Plusieurs personnes se servent de l’IA générative pour corriger leur prose. Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée compte tenu des erreurs de français que j’ai régulièrement relevées :

  • ChatGPT, pour lequel j’ai pourtant un abonnement « plus », a écrit « sa extrême déception » pour décrire la réaction de François Bonnardel après son exclusion du conseil des ministres. Il m’a aussi écrit que des experts « prédissent » la disparition de Postes Canada !

  • Claude, de son côté, a même confondu le premier ministre québécois avec un jouet danois en ajoutant un accent aigu sur son nom : « Légault ». Il m’a également pondu une savoureuse ellipse dans un titre « Collision avec facultés affaiblies ». Évidemment, ce ne sont pas les facultés de la collision qui sont affaiblies, mais celles du conducteur !

Mais revenons au fond.

Interprétations erronées

Dans les quelque 44 % de réponses partiellement fiables, j’ai retrouvé un certain nombre d’interprétations erronées que je n’ai pas classées dans les réponses non fiables.

Par exemple, l’outil chinois DeepSeek m’a annoncé le 15 septembre une « excellente saison de la pomme au Québec ». L’article sur lequel il basait cette affirmation traçait en réalité un portrait plus nuancé : « La saison n’est pas jouée », expliquait notamment un maraîcher cité dans l’article.

Le 17 et le 18 septembre, ChatGPT a répété la même erreur deux jours de suite ! Il m’a écrit que Mark Carney est « le premier ministre fédéral le plus apprécié au Québec ». Bien sûr ! C’est le seul !


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A beau mentir qui vient de loin

Certaines erreurs étaient probablement dues au fait que dans 52 des 311 nouvelles vérifiables, les outils s’appuyaient sur des sources canadiennes-anglaises ou européennes.

Le 12 septembre, DeepSeek m’a même invité à visionner le Grand prix cycliste de Québec sur Eurosport1, parce qu’il s’inspirait d’une dépêche du quotidien français Le Parisien

Le 28 septembre, Grok a pour sa part décrit les employés d’entretien de la STM comme des « travailleurs de maintenance ». Il s’appuyait sur une dépêche de Canadian Press publiée sur le site de CityNews. Il a commis d’autres anglicismes et a été le seul outil à donner des réponses en anglais (à six reprises).

« Conclusions génératives »

Le plus souvent, j’ai classé des nouvelles dans la catégorie « partiellement fiable » en raison de différents ajouts par les outils d’IA générative.

Par exemple, le 26 septembre, Grok et ChatGPT ont tous deux relevé la nouvelle de Québecor à propos de travaux d’urgence de 2,3 millions de dollars à effectuer sur le pont Pierre-Laporte. Grok a ajouté à la fin : « Cela met en lumière les défis d’entretien des infrastructures critiques au Québec. » ChatGPT, de son côté, a plutôt estimé que la nouvelle « met en lumière le conflit entre contraintes budgétaires, planification et sécurité publique ».

Ce n’est pas faux. Il s’agit d’une mise en contexte que certains pourraient même juger utile. Cependant, ces conclusions ne sont appuyées sur aucune source. Personne dans les articles cités n’en parlait en ces termes.

Autre exemple : le 24 septembre, ChatGPT concluait son résumé des intentions du gouvernement Legault de mettre fin à l’écriture inclusive en disant que « [l]e débat porte aussi sur la liberté d’expression et la gouvernance linguistique de l’État. » Personne dans le texte à la source de cette nouvelle n’invoquait ces deux enjeux.

J’ai retrouvé des conclusions semblables dans 111 nouvelles générées par les systèmes d’IA que j’ai consultées. Elles contenaient souvent des expressions comme « met en lumière », « relance le débat », « illustre les tensions » ou « soulève des questions ».

Or, aucun humain n’avait parlé de tensions ou soulevé de questions. Les « conclusions génératives » imaginent des débats qui n’existent pas. J’y vois une porte ouverte à l’exagération, voire à la désinformation.

Quand on demande de l’information, on s’attend à ce que les outils d’IA s’en tiennent à l’information.

Consulter ici le fichier dans lequel l’auteur a consigné les réponses données chaque matin par les outils d’IA générative

La Conversation Canada

Jean-Hugues Roy est collaborateur avec La Presse et membre de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

ref. L’IA m’a informé pendant un mois. Elle ne s’en est pas toujours tenue aux faits – https://theconversation.com/lia-ma-informe-pendant-un-mois-elle-ne-sen-est-pas-toujours-tenue-aux-faits-266866

Baseball returns to a Japanese American detention camp after a historic ball field was restored

Source: The Conversation – USA (2) – By Susan H. Kamei, Adjunct Professor of History and Affiliated Faculty, USC Shinso Ito Center for Japanese Religions and Cultures, USC Dornsife College of Letters, Arts and Sciences

In a 2024 exhibition game at Manzanar, players – many of them descendants of internment camp detainees – donned custom 1940s-style uniforms. Aaron Rapoport, CC BY-SA

In the spring of 1942, 15-year-old Momo Nagano needed a way to fill her time.

She was imprisoned at the Manzanar Relocation Center along with approximately 10,000 other people of Japanese ancestry. When she’d arrived with her mother and two brothers, she’d been horrified.

The detention facility was located in the middle of the desert, about 225 miles northeast of Los Angeles. As I describe in my book “When Can We Go Back to America? Voices of Japanese American Incarceration during World War II,” barbed wire surrounded the perimeter and armed soldiers peered down from guard towers. The toilets and showers lacked partitions, and Nagano was forced to stand in long lines for hours in mess halls that served canned food. Her bed was a metal cot. She was directed to stuff straw into a bag for a makeshift mattress. She didn’t know whether she and her family would ever be able to return to their Los Angeles home.

Black and white photo of Asian female teenager smiling and wearing a blouse.
Momo Nagano, in a photograph taken during her time spent at the Manzanar Relocation Center.
Courtesy of Dan Kwong, CC BY-SA

One day, the teenager decided to pick up a glove and play softball. Her son, Dan Kwong, told me in an interview that Nagano ended up playing catcher for The Gremlins, one of the camp’s many women’s softball teams.

“In one game, a batter connected with the ball and then threw the bat, clocking my mom in the nose, breaking it,” he said. “But despite her injury, she still enjoyed playing, even though she didn’t think her team was very good.”

Eighty years later, the descendants of prisoners – such as Nagano’s son, Kwong – are playing baseball again in Manzanar. Thanks to an effort spearheaded by Kwong, a baseball field on the site has been restored as a way to both celebrate the resiliency of so many prisoners and memorialize this dark period in U.S. history.

A massive removal effort

After Japan attacked Pearl Harbor in 1941, the U.S. government wrongly assumed that Japanese-descended West Coast residents would be more loyal to Japan and presented an espionage risk.

So on Feb. 19, 1942, President Franklin D. Roosevelt issued an executive order that gave the U.S. Army the authority to forcibly remove all first-generation immigrants from Japan and their American-born descendants from their West Coast homes.

In March 1942, U.S. soldiers began transporting the detainees to temporary detention sites under Army jurisdiction. The Manzanar site opened on March 21, 1942, and it eventually became one of 10 long-term detention centers, colloquially known as “the camps.”

According to Duncan Ryȗken Williams, the director of The Irei Project, which has compiled the most comprehensive list of those detained, nearly 127,000 people of Japanese ancestry were incarcerated between 1942 and 1947, when the last camp closed. Two-thirds of them were American citizens. Most were imprisoned for the duration of the war, and all were held without hearings or charges leveled against them.

An Asian American boy swings a baseball bat at an approach ball as other boys watch in the background.
Sixth-grade boys play softball during recess at the Manzanar Relocation Center on Feb. 10, 1943.
Francis Leroy Stewart, courtesy of California State University Dominguez Hills Gerth Archives & Special Collections

A love of the game

Adjusting to their new grim reality, the detainees embraced the Japanese spirit of “gaman,” which means to endure hardship with dignity and resilience. They set up an education system and coordinated an array of activities. And they immediately organized baseball and softball games.

Many Japanese American families had already developed a passion for the two sports.

Horace Wilson, an educator from Maine, is credited with introducing baseball to Japan in the early 1870s. In 1872 the Yeddo Royal Japanese Troupe became the first Japanese people to play baseball on U.S. soil. When young Japanese men started immigrating to the U.S. in the late 19th century, they brought with them a love of America’s pastime.

Kerry Yo Nakagawa, the director of the Nisei Baseball Research Project, has written about the vanguards of Japanese American baseball. At a time when players of color were excluded from Major League Baseball, talented Japanese American ballplayers such as Kenichi Zenimura formed teams that barnstormed the country. They even played alongside Babe Ruth and Lou Gehrig in an exhibition game in Fresno, Calif., on Oct. 29, 1927.

A black and white photograph of six baseball players – four Asian Americans and two white Americans – posing on a diamond while wearing baseball uniforms.
Lou Gehrig, second from left, and Babe Ruth, third from right, pose with Japanese American ballplayers at an exhibition game. Kenichi Zenimura is third from left.
Frank Kamiyama, courtesy of the family of Taizo Toshiyuki and the Nisei Baseball Research Project

“Every pre-war Japanese American community had a baseball team and they brought their love of baseball with them to the assembly centers and their camps,” Nakagawa explained to me. Though Zenimura was forced to leave his Fresno home and go to a camp in Gila River, Arizona, he soon had a baseball diamond and a 32-team league up and running.

Patriotism on the diamond

At Manzanar, baseball was easily the most popular sport. According to Dave Goto, the Manzanar National Historic Site arborist, the camp had 10 baseball and softball diamonds on the grounds and more than 120 teams divided into 12 leagues. The camp newspaper, the Manzanar Free Press, provided detailed game recaps, and thousands turned out to watch the games at Manzanar’s “A” Field.

“Watching baseball played at a semi-pro level was entertainment and also gave them a sense of normalcy and community,” Nakagawa said.

Sepia toned photograph of Japanese Americans wearing baseball uniforms and posing for a team picture.
The ManzaKnights were one of the 100-plus teams formed at the Manzanar camp.
Courtesy of the Maruki Family/Manzanar Historic Site

But for those who felt their loyalty to the U.S. was unfairly questioned, baseball was also a powerful way to express their identity as Americans, especially for the U.S.-born children of Japanese immigrants. Takeo Suo, who was incarcerated at Manazarer, recalled, “Putting on a baseball uniform was like wearing the American flag.” Or, as Nakagawa put it,
“What could be more American than playing the all-American pastime?”

After the war was over and the camps closed, those who’d been imprisoned had to focus on rebuilding their lives. Many were unable to return to their prewar hometowns. For those who ended up back on the West Coast, baseball continued to play an important role.

As Japanese American journalist and sports historian Chris Komai explained in a program at the Japanese American National Museum, “Baseball was a way for them to reestablish their communities while they dealt with antagonism and discrimination. Through the games they stayed connected with their friends and relatives who were now scattered.”

Postwar community baseball gave rise to the Southern California Nisei Athletic Union Baseball Leagues and other leagues that still operate. Kwong began playing for the Nisei Athletic Union in 1971 and does so to this day.

Rebuilding a dusty field of dreams

Nagano instilled in her son a commitment not only to baseball but also to social justice. A performance artist, Kwong stages a one-man play, “Return of the Samurai Centerfielder,” to shed light on this episode in history through the lens of playing baseball at Manzanar. Two years ago, he set out to restore the main Manzanar ball field and to bring baseball back to the site as a tribute to his late mother and other Manzanar detainees.

Working with Goto, the site arborist, volunteer construction supervisor Chris Siddons, Manzanar archaeologist Jeff Burton and other Manzanar site staff, Kwong and his team have restored the field almost exactly as it was. They carefully scrutinized archival photos, some taken by famed landscape photographer Ansel Adams and others snapped by studio photographer Toyo Miyatake, who’d been imprisoned at Manzanar. Miyatake’s photos were provided by his grandson, Alan Miyatake.

Crowds of onlookers watch a baseball game on a dusty field.
Organizers used archival materials – such as this 1943 Ansel Adams photograph of a baseball game at the Manzanar camp – to restore the field.
Ansel Adams/Library of Congress

From November 2023 to October 2024, volunteers cleared sagebrush, dug post holes and poured concrete, enduring intense heat, strong winds and relentless dust.

On Oct. 26, 2024, baseball returned to Manzanar after more than 80 years before an invitation-only audience. In the inaugural game, Kwong’s Li’l Tokio Giants beat the Lodi JACL Templars. In the game that followed, players donned custom 1940s-style uniforms and used vintage baseball equipment lent by History For Hire prop house. Many of the players were descendants of Japanese Americans who’d been incarcerated at Manzanar and other camps.

That day, Kwong was emotional as he said, “Mom would have gotten such a kick out of this.”

Kwong’s team has completed an announcer’s booth in time for this year’s grand opening, a doubleheader open to the public. The games were originally scheduled for Oct. 18, 2025, but have been postponed due to the U.S. government shutdown.

A wood-framed, enclosed booth on wooden legs behind a baseball field backstop.
The new announcer’s booth under construction at the restored Manzanar ball field.
Dan Kwong, CC BY-SA

For Kwong, staging a historical reenactment of how detainees played ball behind barbed wire pays tribute to their resilience, connects camp survivors and descendants with their past, and allows them to share their story with the American public. He hopes the games can become an annual event, a recurring celebration.

His motto: “In this place of sadness, injustice, and pain, we will do something joyous, righteous, and healing. We will play baseball.”

The Conversation

Susan H. Kamei is a researcher with The Irei Project and is a member of the Japanese American National Museum.

ref. Baseball returns to a Japanese American detention camp after a historic ball field was restored – https://theconversation.com/baseball-returns-to-a-japanese-american-detention-camp-after-a-historic-ball-field-was-restored-265954

Los incendios disparan las emisiones de CO₂ y empañan los logros de la descarbonización

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Víctor Resco de Dios, Catedrático de Ingeniería Forestal y Cambio Global, Universitat de Lleida

Incendio en Guatemala en febrero de 2024. NASA, CC BY-NC-SA

Las concentraciones de dióxido de carbono (CO₂) atmosférico alcanzaron una nueva plusmarca en el 2024, según el último informe de la Organización Meteorológica Mundial (OMM). Las concentraciones medias mundiales en superficie de los principales gases de efecto invernadero alcanzaron máximos sin precedentes el año pasado, con el dióxido de carbono en 423,9 partes por millón (o ppm), el metano en 1942 partes por billón (ppb) y el óxido nitroso en 338 ppb.

En la década de 1960, el CO₂ se acumulaba en la atmósfera a razón de 0,8 partes por millón cada año (esto es, aumentos anuales del 0,00008 %). Este crecimiento se triplicó entre 2011 y 2020, situándose en los 2,4 ppm anuales. Y la tasa de crecimiento de dióxido de carbono entre 2023 y 2024 ha ascendido hasta los 3,5 ppm, el mayor incremento anual desde que comenzaron las mediciones modernas en 1957.

Aumento de las medias anuales de dióxido de carbono atmosférico.
WMO/NOAA/SIO, CC BY-NC-SA

Antes de dejarnos arrastrar por el tremendismo, vale la pena sumergirse en estos datos y bucear hasta entender las causas de estos incrementos. Nos encontraremos con varias sorpresas gratas que nos recordarán que todavía podemos mitigar el cambio climático y aunar el crecimiento económico con la descarbonización.

La economía se está descarbonizando

El aumento en las concentraciones de CO₂ depende del balance entre las emisiones y las absorciones de este gas (los “sumideros”). Esto es, las concentraciones pueden aumentar si lo hacen las emisiones, o si disminuye la capacidad de absorción, o de almacenaje, por parte de los sumideros. Aunque parezca difícil de creer, lo cierto es que la economía mundial se está descarbonizando: cada vez producimos con menos emisiones de CO₂.

La intensidad del carbono, esto es, las emisiones de CO₂ por dólar de PIB, alcanzaron su pico en 1920, y llevan cayendo de manera casi lineal desde 1968. Esto nos indica, por un lado, que las políticas destinadas a disminuir las emisiones han fracasado: las emisiones empezaron a disminuir décadas antes de conferencias como la de Río de Janeiro (1992) y del Protocolo de Kyoto (1997), y ese descenso no se ha acelerado a pesar de las incontables cumbres climáticas. Pero también cabe una lectura positiva: la descarbonización de la economía es una realidad imparable, a pesar de las zancadillas que tratan de imponer gobiernos y multinacionales negacionistas.

Por otro lado, estos datos muestran que los países emergentes pueden crecer con muchas menos emisiones que hace unas décadas. Estados Unidos, que siempre ha sido el principal emisor, llegó a generar 1,6 kg de CO₂ por cada dólar de PIB en 1917, cuando alcanzó su pico de intensidad de carbono. Sin embargo, el récord de emisiones en China se quedó en 1,1 kg CO₂ por dólar en 1960, cuando llegó a su máximo. India, que parece haber alcanzado su techo de crecimiento de emisiones por ahora, mostró una intensidad de carbono máxima de 0,73 kg por dólar en 1992.

Este resultado es muy importante porque nos indica que el crecimiento económico es cada vez más independiente de las emisiones, y que los países del sur global podrán mejorar sus estándares de vida con menos emisiones de las que requirieron los Estados ricos.

Por qué han subido las emisiones

Bajo esta realidad, cabe preguntarse por qué se han incrementado entonces las emisiones de dióxido de carbono. Las bajadas en la intensidad del carbono no impactarán sobre las emisiones si el PIB aumenta muy rápido. Esto es, de poco sirve que emitamos menos CO₂ por unidad de PIB, si el PIB no para de crecer. Las emisiones solo disminuirán si la descarbonización de la economía avanza más rápidamente que el crecimiento económico. Y aunque es cierto que la descarbonización sigue un ritmo más tibio de lo que a muchos nos gustaría, no es menos cierto que llevamos décadas en la imparable senda de la descarbonización económica.

Ahora bien, el fenómeno que está pulverizando los récords de crecimiento de emisiones, según el informe de la OMM, no lo encontramos en la actividad económica, sino en la actividad de los incendios. En 2023, Canadá sufrió la peor epidemia pírica de su historia, con 15 millones de hectáreas abrasadas: las emisiones asociadas a estos incendios fueron mayores a las de cualquier otro país (excepto las de los tres superemisores: EE. UU., China e India).

En 2024 nos encontramos nuevamente con unas emisiones desproporcionadas por los muchos incendios que afectaron a zonas tropicales como Brasil y Bolivia.

Imagen de satélite que muestra los incendios en Pantanal (Brasil) en septiembre de 2024.
NASA

Los incendios en este 2025 también nos ha dejado con unas emisiones de récord en países como España que, con una estimación de 19 millones de toneladas de CO₂ emitido, se acerca peligrosamente a las emisiones por generación eléctrica (25 Mt).




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Incendios en España: ¿por qué ahora? ¿Por qué allí?


Los incendios afectan al balance de dióxido de carbono de distintas formas. La más conocida es la liberación del carbono almacenado en los ecosistemas. Pero los efectos de los megaincendios se dejan notar durante muchos años porque dejan tras de sí amplias zonas con vegetación rala y, en consecuencia, áreas donde apenas hay fotosíntesis (el proceso por el que las plantas absorben CO₂ de la atmósfera).

La conjunción entre cambio climático e incendios forestales, por tanto, está creando un bucle peligroso: el cambio climático favorece a los megaincendios que, a su vez, liberan cantidades colosales de dióxido de carbono a la atmósfera, lo que aumenta la intensidad del cambio climático en un círculo vicioso.




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Los incendios forestales extremos son cada vez más intensos y se han duplicado en los últimos 20 años


La buena noticia

La buena noticia es que los incendios se pueden prevenir. Hace años advertíamos del advenimiento de la era de los fuegos que no se pueden apagar, debido a la intensidad creciente de los incendios. Este fenómeno se agrava año tras año, pero se puede evitar.

Para ello, necesitamos gestionar en torno al 5 % del territorio forestal. La ciencia e ingeniería forestal nos ha mostrado el camino, que ha demostrado su eficiencia en muchas regiones del mundo.

La descarbonización de la economía es un paso imprescindible para disminuir las emisiones, pero el esfuerzo resultará fútil si no viene acompañada de una gestión a gran escala del territorio. Las emisiones inducidas por megaincendios están contrarrestando las mejoras en la intensidad de carbono que ha desarrollado la economía mundial durante las últimas décadas. Ahora necesitamos ponernos manos a la obra desde la concordia y la evidencia, sustituyendo la ideología por el método científico, la ingeniería y el humanismo.

The Conversation

Víctor Resco de Dios recibe fondos de MICINN.

ref. Los incendios disparan las emisiones de CO₂ y empañan los logros de la descarbonización – https://theconversation.com/los-incendios-disparan-las-emisiones-de-co-y-empanan-los-logros-de-la-descarbonizacion-267644

AI-generated lesson plans fall short on inspiring students and promoting critical thinking

Source: The Conversation – USA (2) – By Torrey Trust, Professor of Learning Technology, UMass Amherst

When teachers rely on commonly used artificial intelligence chatbots to devise lesson plans, it does not result in more engaging, immersive or effective learning experiences compared with existing techniques, we found in our recent study. The AI-generated civics lesson plans we analyzed also left out opportunities for students to explore the stories and experiences of traditionally marginalized people.

The allure of generative AI as a teaching aid has caught the attention of educators. A Gallup survey from September 2025 found that 60% of K-12 teachers are already using AI in their work, with the most common reported use being teaching preparation and lesson planning.

Without the assistance of AI, teachers might spend hours every week crafting lessons for their students. With AI, time-stretched teachers can generate detailed lesson plans featuring learning objectives, materials, activities, assessments, extension activities and homework tasks in a matter of seconds.

However, generative AI tools such as ChatGPT, Gemini and Copilot were not originally built with educators in mind. Instead, these tools were trained on huge amounts of text and media drawn largely from across the internet and then launched as general-purpose chatbots.

As we started using these tools in our practice as educators, we noticed they often produced instructional materials and lessons that echoed the “recite and recall” model of traditional schooling. This model can be effective for memorizing basic facts, but it often fails to engage students in the active learning required to become informed citizens. We wondered whether teachers should be using these general-purpose chatbots to prepare for class.

For our research, we began collecting and analyzing AI-generated lesson plans to get a sense of what kinds of instructional plans and materials these tools provide to teachers. We decided to focus on AI-generated lesson plans for civics education because it is essential for students to learn productive ways to participate in the U.S. political system and engage with their communities.

To collect data for this study, in August 2024 we prompted three GenAI chatbots – the GPT-4o model of ChatGPT, Google’s Gemini 1.5 Flash model and Microft’s latest Copilot model – to generate two sets of lesson plans for eighth grade civics classes based on Massachusetts state standards. One was a standard lesson plan and the other a highly interactive lesson plan.

We garnered a dataset of 311 AI-generated lesson plans, featuring a total of 2,230 activities for civic education. We analyzed the dataset using two frameworks designed to assess educational material: Bloom’s taxonomy and Banks’ four levels of integration of multicultural content.

Bloom’s taxonomy is a widely used educational framework that distinguishes between “lower-order” thinking skills, including remembering, understanding and applying, and “higher-order” thinking skills – analyzing, evaluating and creating. Using this framework to analyze the data, we found 90% of the activities promoted only a basic level of thinking for students. Students were encouraged to learn civics through memorizing, reciting, summarizing and applying information, rather than through analyzing and evaluating information, investigating civic issues or engaging in civic action projects.

When examining the lesson plans using Banks’ four levels of integration of multicultural content model, which was developed in the 1990s, we found that the AI-generated civics lessons featured a rather narrow view of history – often leaving out the experiences of women, Black Americans, Latinos and Latinas, Asian and Pacific Islanders, disabled individuals and other groups that have long been overlooked. Only 6% of the lessons included multicultural content. These lessons also tended to focus on heroes and holidays rather than deeper explorations of understanding civics through multiple perspectives.

Overall, we found the AI-generated lesson plans to be decidedly boring, traditional and uninspiring. If civics teachers used these AI-generated lesson plans as is, students would miss out on active, engaged learning opportunities to build their understanding of democracy and what it means to be a citizen.

Why it matters

Teachers can try to customize lesson plans to their situation through prompts, but ultimately generative AI tools do not consider any actual students or real classroom settings the way a teacher can.

Although designed to seem as if they understand users and be in dialogue with them, from a technical perspective chatbots such as ChatGPT, Gemini and Copilot are machines that predict the next word in a sequence based on massive amounts of ingested text.

When teachers choose to use these tools while preparing to teach, they risk relying on technology not designed to enhance, aid or improve teaching and learning. Instead, we see these tools producing step-by-step, one-size-fits-all solutions, when what’s needed in education is the opposite – flexibility, personalization and student-centered learning.

What’s next

While our study revealed that AI-generated lesson plans are lacking in many areas, this does not mean that teachers should not use these tools to prepare for class. A teacher could use generative AI technologies to advance their thinking. In the AI-generated lesson plans we analyzed, there were occasional interesting activities and stimulating ideas, especially within the homework suggestions. We would recommend that teachers use these tools to augment their lesson-planning process rather than automate it.

By understanding AI tools cannot think or understand context, teachers can change the way they interact with these tools. Rather than writing simple, short requests – “Design a lesson plan for the Constitutional Convention” – they could write detailed prompts that include contextual information, along with proven frameworks, models and teaching methods. A better prompt would be: “Design a lesson plan for the Constitutional Convention for 8th grade students in Massachusetts that features at least three activities at the evaluate or create level of Bloom’s Taxonomy. Make sure to incorporate hidden histories and untold stories as well as civic engagement activities at the social action level of Banks’ four levels of integration of multicultural content model.”

Our study emphasizes the need for teachers to be critical users, rather than quick adopters, of AI-generated lessons. AI is not an all-in-one solution designed to address the needs of teachers and students. Ultimately, more research and teacher professional development opportunities are needed to explore whether or how AI might improve teaching and learning.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. AI-generated lesson plans fall short on inspiring students and promoting critical thinking – https://theconversation.com/ai-generated-lesson-plans-fall-short-on-inspiring-students-and-promoting-critical-thinking-265355

Trump administration’s layoffs would gut department overseeing special education, eliminating parents’ last resort

Source: The Conversation – USA (2) – By Joshua Cowen, Professor of Education Policy, Michigan State University

A sign marks the outside of the Department of Education headquarters in Washington, D.C. J. David Ake/Getty Images

A federal judge on Oct. 16, 2025, paused the Trump administration’s latest round of layoffs, which targeted more than 4,000 federal workers at a range of agencies, including 466 workers at the Department of Education.

U.S. District Judge Susan Illston said that the administration’s layoffs, which it has justified because of a lapse of funding during the government shutdown, are “both illegal and in excess of authority” and called them “arbitrary and capricious.” The Trump administration is expected to appeal the judge’s decision.

The Trump administration first eliminated about half of the Department of Education’s more than 4,200 positions in March 2025. This latest round of cuts would eliminate almost all of the work of the remaining Department of Education offices, including that of the Office of Special Education Programs. OSEP is responsible for ensuring children with disabilities across the U.S. receive a free, appropriate public education, as required by federal law.

Amy Lieberman, the education editor at The Conversation U.S., spoke with Josh Cowen, a scholar of education policy, to understand how these cuts would hinder the educational opportunities for children with special needs.

A large group of people hold yellow signs in front of a building. Some of the signs say
People rally in front of the Department of Education to protest budget cuts on March 13, 2025.
Kayla Bartkowski/Getty Images

What would these cuts mean for parents, children and schools?

With these cuts, we are talking about getting rid of some really important positions. People in these roles serve kids and families across the country. They help them answer questions about how school districts are providing for their children, in the way they are legally required to, if their child has special needs.

Special education is a very broad category. Under the Department of Education, it encompasses everything from dyslexia to a child who is blind. There is no educational need so severe that a child is not entitled to free and adequate education.

When navigating challenges related to your child’s special needs education, you really need an advocate – in the legal sense of the term rather than the political one. You need someone whose job it is to take your call and walk you through options, or just document your call and start an inquiry into your case.

What does the Office of Special Education Programs do?

The Office of Special Education Programs is part of the Department of Education’s Office of Special Education and Rehabilitative Services, which has about 179 employees. The government spent more than US$20 billion on its work from April 2024 through March 2025, making the broader Office of Special Education and Rehabilitation Services the third-largest branch of the Education Department, in terms of spending.

There are very strong federal legal obligations – and often state ones, too – for schools to serve kids with whatever need they have. This office’s main job is to be a resource to parents for their child’s education, particularly if parents feel they are not having these legal obligations met.

Let’s say a child with autism is in school. Their parent does not believe the school district is providing the accommodations that their child is legally entitled to. The school district disagrees and thinks the child is doing well in school. When things get fuzzy about what a child’s needs actually are, or parents feel they are being ignored, OSEP can help parents learn what their options are, and then can even become involved and serve as an arbitrator to figure out the best course of action.

Sometimes, public school districts and state departments of education have very clear, accessible ways for parents to receive information about their rights and obtain instructions for putting together an individualized education plan for their child. If those rights are not met, states may open an investigation into the matter to ensure compliance.

Throughout this process, parents may seek support and guidance from OSEP to make sure state investigations into special education cases are being done and being done well.

What could these investigations result in?

The Department of Education can help hold states and districts accountable and push districts and schools to be more responsive. In the best-case scenario, additional or tailored programming and support – whether it is a teacher’s aide or something else – can come from an OSEP investigation.

An older white woman wears a cream suit and sits at a table, with two men on either side of her.
U.S. Secretary of Education Linda McMahon, center, speaks during a cabinet meeting at the White House on Aug. 26, 2025.
Mandel Ngan/AFP via Getty Images

What does your research show about the impact of cutting services like these?

Well, we don’t really know what happens when you gut OSEP because no one has tried to gut OSEP before.

But it’s safe to say that parents will get really frustrated. I have been contacted by parents who have shared heartbreaking examples of the special education system not working over the past couple of years.

Feeling like the education system is really not serving you can push parents to leave the public school system and consider homeschooling or private options. In the long run, this may actually make parents even worse off because those sectors have have no obligation at all to serve students with special needs. So what’s happening at the U.S. Department of Education right now is not only creating more dissatisfaction and distrust in the system as it stands, but it’s also going to leave parents and kids with fewer options to get the support they need.

The Conversation

Josh Cowen ran for Congress as a Democrat prior to ending his campaign and returning to research and teaching during the fall of 2025.

ref. Trump administration’s layoffs would gut department overseeing special education, eliminating parents’ last resort – https://theconversation.com/trump-administrations-layoffs-would-gut-department-overseeing-special-education-eliminating-parents-last-resort-267684