Quand les personnes âgées perdent l’appétit : le rôle central de la dentition

Source: The Conversation – in French – By Juan Carlos Gavira Tomás, Doctorando en Ciencias de la Salud, Universidad de Castilla-La Mancha

Prêter attention aux difficultés de mastication des personnes âgées peut être déterminant pour leur éviter de nombreux troubles physiques ou psychologiques. buritora/Shutterstock

La perte d’appétit est un mal très répandu chez les personnes âgées, et l’une de ses principales causes est la perte progressive de certaines fonctions physiques essentielles, comme la capacité à mâcher. Or, ce simple geste a des conséquences profondes sur la santé, la digestion, le moral et même les relations sociales.


Les troubles alimentaires sont une réalité complexe et souvent sous-estimée. Ils sont généralement associés à des adolescents et des jeunes adultes souffrant de problèmes psychologiques liés à une insatisfaction de leur image corporelle, ce qui peut déclencher des pathologies telles que la boulimie ou l’anorexie.

Mais les personnes âgées peuvent également connaître d’importants bouleversements dans leur rapport à la nourriture. Dans ce groupe, l’image passe au second plan et la perte des facultés physiques due à l’âge joue un rôle très important. Les changements sociaux et économiques liés à cette étape de la vie ont également une influence.

Lorsqu’une personne âgée ne mange pas, il est facile de penser qu’elle n’aime rien ou qu’elle est devenue très difficile. Techniquement, elle peut souffrir d’une perte d’appétit caractéristique des personnes âgées qui peut avoir de multiples causes : psychologiques (anxiété, dépression…), physiologiques (altération des sens du goût et de l’odorat, effets de diverses maladies…), etc.

Nous allons maintenant nous intéresser à l’un des facteurs les plus déterminants : la difficulté à bien mâcher.

« Une dent vaut bien plus qu’un diamant »

Dans Don Quichotte, Miguel de Cervantes exprime, par la bouche du chevalier Hidalgo Don Quichotte de la Manche, l’importance de conserver ses dents. Nous pouvons le voir dans l’épisode qui raconte la rude bataille avec des bergers au cours de laquelle sa dentition, jusque-là parfaite, est sérieusement abîmée.

« En toute ma vie, on ne m’a pas tiré une dent de la bouche, et je n’en ai perdu ni de carie ni de pituite », s’exclame Don Quichotte. Qui demande alors à l’écuyer Sancho de lui tâter l’intérieur de la bouche avec les doigts pour savoir combien de dents il lui reste. Devant l’ampleur des dégâts, Don Quichotte se lamente :

« Oh ! malheureux que je suis ! J’aimerais mieux qu’ils m’eussent enlevé un bras, pourvu que ce ne fût pas celui de l’épée ; car il faut que tu saches, Sancho, qu’une bouche sans dents est comme un moulin sans meule, et une dent vaut bien plus qu’un diamant. »

Comparer, comme le fait le chevalier à la Triste Figure, la valeur de ses dents à celle de son bras armé n’est pas une exagération. En effet, avec les glandes salivaires et les muscles, elles constituent les organes fondamentaux de la mastication, la première phase du processus d’alimentation.

En mâchant, nous broyons les aliments et stimulons la sécrétion de salive, qui contribue à savourer ce que nous mangeons. Les repas réduisent le stress et améliorent le bien-être. C’est un moment très important de la journée qui permet de renforcer les relations humaines.

Quand on est jeune, on ne pense pas qu’avec le temps, notre organisme va inévitablement se détériorer, qu’on va peut-être perdre des dents et, avec elles, la faculté de mâcher. On n’a pas conscience que, pour de nombreux aînés, le moment du repas, qui devrait rester un plaisir et un lien avec les autres, devient parfois une épreuve silencieuse et douloureuse.

Peu de visites chez le dentiste

Il ne faut pas oublier que les personnes de plus de 65 ans ont vécu des circonstances très particulières. Restons en Espagne, le pays de Miguel de Cervantes.

En 1960, l’Espagne comptait 1 469 dentistes, contre plus de 42 000 aujourd’hui. La culture de l’hygiène dentaire n’existait pas. Les visites chez le dentiste étaient rares et, dans la plupart des cas, elles se soldaient par l’extraction pure et simple de dents.

(En France, le nombre de dentistes est comparable à celui de l’Espagne. Ils étaient 47 600 au 1ᵉʳ janvier 2025, ndlr).

S’ajoute le fait que l’espérance de vie est plus longue et, avec l’usage, « les pierres du moulin », pour reprendre l’expression de Don Quichotte, se détériorent.

À première vue, cela semble insignifiant. Pourtant, cela déclenche une cascade de conséquences dans l’organisme. Plus la détérioration est importante, plus les réactions sont fortes et plus elles affectent la santé générale et l’humeur.

La perte des dents empêche de broyer les aliments, et l’absence de mastication empêche la stimulation des glandes responsables de la production de salive. Les aliments mal mâchés sont constitués de gros morceaux qui ne sont pas mélangés à la salive, ce qui ralentit la digestion et l’assimilation.

Les aliments passent alors rapidement dans l’estomac, où les acides gastriques doivent redoubler d’efforts pour que les nutriments soient disponibles et puissent remplir leur fonction de régénération et de réparation cellulaire.

Les conséquences sont les suivantes : dysphagie due à des difficultés à avaler (aggravée par certaines maladies neurologiques, telles que la maladie de Parkinson), manque de salive (aggravé par certains médicaments), acidité ou météorisme. Cela provoque un malaise physique et un découragement au moment des repas.

Une réparation parfois impossible

La solution consiste à remplacer les dents perdues par des prothèses. Cependant, chez les personnes âgées, cette réparation est souvent impossible pour plusieurs raisons : perte ou détérioration des tissus buccaux, déménagement dans une maison de retraite ou faible montant de la pension.

De plus, l’organisme réagit à l’absence de dents par une récession des mâchoires qui rend difficile le maintien adéquat de la prothèse. La résorption de l’os maxillaire fait que le canal nerveux dentaire se trouve à un endroit très superficiel, et la pression de la restauration peut provoquer des blessures et une douleur insupportable lors de la mastication.

Toutes ces circonstances font que, pour les personnes âgées, le moment important du repas, censé être un plaisir, devient une torture. Cela amène à modifier le régime alimentaire, en privilégiant des produits plus faciles à mâcher, mais moins nutritifs. Cela affecte également les relations sociales, en raison de la gêne ressentie à montrer ses difficultés à manger. Ainsi, les conséquences physiques et psychologiques ne sont pas à prendre à la légère.

Le rituel du repas

Prêter attention aux difficultés de mastication des personnes âgées peut être déterminant pour éviter de nombreux problèmes physiques et psychologiques. Les troubles alimentaires peuvent avoir des conséquences graves, telles que la malnutrition, la perte de masse musculaire, l’affaiblissement du système immunitaire et la détérioration de la qualité de vie.

Il est essentiel de reconnaître, d’évaluer et de traiter la capacité à mâcher. Participer au rituel du repas favorise la santé et l’état émotionnel. Une vieillesse saine et digne nécessite de partager ce moment important de la journée.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Quand les personnes âgées perdent l’appétit : le rôle central de la dentition – https://theconversation.com/quand-les-personnes-agees-perdent-lappetit-le-role-central-de-la-dentition-262550

Rajeunissement numérique : les stars hollywoodiennes à l’épreuve de leur propre mythe

Source: The Conversation – in French – By Jules Lasbleiz, Doctorant en études cinématographiques, Université Rennes 2

Dans « Indiana Jones et le Cadran de la destinée », comme dans d’autres récents opus de « Terminator » ou « Tron », Hollywood semble faire la guerre au temps. Walt Disney Company

De Tron : L’Héritage (2010) à Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023), en passant par Terminator Genisys (2015), les franchises hollywoodiennes utilisent régulièrement les images de synthèse pour rajeunir des stars vieillissantes. Or, plus qu’un simple outil narratif ou attractionnel, le de-aging interroge également le statut de ces stars au crépuscule de leur carrière.


Le vieillissement inéluctable de la star hollywoodienne est une thématique qui, depuis les années 1950 et la désuétude des premières stars des années 1920-1930, intéresse le cinéma. Des films comme Boulevard du crépuscule (Billy Wilder, 1950) ou Une étoile est née (George Cukor, 1954) abordent, à ce titre, très frontalement, cette idée de dépérissement de la star dans une industrie ne voulant plus d’elle, et ce en mettant justement en scène des vedettes vieillissantes, voire des vedettes qui, à ce moment de leur carrière, sont sur le déclin.

Si ces films ont pu traiter de la question de l’obsolescence de la star de façon métatextuelle, c’est-à-dire en représentant la star en tant que star au sein même de leur diégèse, d’autres ont pu le faire de manière plus sous-jacente, en mettant en parallèle l’âge des personnages représentés et celui de leurs interprètes. Ainsi, depuis une quinzaine d’années, cette thématique du vieillissement des personnages/stars semble notamment s’incarner au sein d’un certain nombre de films issus de franchises développées initialement dans les années 1980-1990. Or, une partie de ces films a régulièrement recours à la technique dite de de-aging (rajeunissement par les images de synthèse) pour conférer à certains personnages iconiques une apparence juvénile – similaire à celle précédemment représentée au sein de la saga correspondante. Cette technique semble dès lors interroger le vieillissement de ces personnages, mais surtout de leurs interprètes, de manière tout à fait inédite.

« Je suis vieux, pas obsolète »

À l’image de certains héros vieillissants de westerns dits « crépusculaires » qui, comme leurs interprètes, reprennent du service pour accomplir une ultime mission qui viendra asseoir leur statut de légende, les icônes des franchises cinématographiques apparues à la fin du siècle dernier se sont vues, depuis quelque temps, réinvesties dans l’optique de réaffirmer leur importance culturelle dans un contexte contemporain. C’est en tout cas le projet porté par un film comme Terminator Genisys (Alan Taylor, 2015), dans lequel la star bodybuildée des années 1980-1990 Arnold Schwarzenegger réinterprète son personnage iconique de T-800, alors littéralement usé et rouillé par le temps mais néanmoins, et comme il ne cesse de le rappeler tout au long du film, « pas obsolète ». Plus que cela, le film donne même à voir une image de l’acteur embrassant pleinement sa vieillesse, en lui faisant notamment affronter (et surtout vaincre) une version rajeunie de lui-même, ayant l’apparence du T-800 du Terminator de 1984 réalisé par James Cameron. Ici, le rajeunissement numérique de la star lui permet d’assumer et affirmer son âge avec force – le Schwarzenegger de 2015 supplantant le Schwarzenegger de 1984. La fin du film tend d’ailleurs à vouloir démontrer une bonne fois pour toutes cette idée de vieillesse comme forme de modernité (plutôt que de décrépitude), en conférant au robot T-800 usé les capacités protéiformes d’un modèle T-1000 plus récent.

Le film Tron : L’Héritage (Joseph Kosinski, 2010) repose sur des motifs narratif et discursif similaires à ceux de_ Terminator Genisys_. Durant son dernier acte, le long métrage fait par exemple s’affronter le personnage de Kevin Flynn, alors (ré)interprété par un Jeff Bridges d’une soixantaine d’années, et son clone virtuel, ayant l’apparence de l’acteur lorsqu’il incarnait le personnage pour la première fois en 1982 dans le film Tron (Steven Lisberger). L’intérêt de cette séquence réside dans le fait que le vieux Kevin Flynn triomphe de son double virtuel en l’absorbant pour ne (re)faire qu’un avec lui. Plus encore que la victoire de l’humain sur la machine, le personnage réaffirme ainsi l’idée selon laquelle le corps « réel » de la star serait unique et – il le souligne au cours de cette séquence – que sa perfection résiderait dans ses imperfections, signes du passage du temps.

Selon la professeure en études sur le genre Sally Chivers, cette vision positive de la vieillesse des personnages/stars – qui n’auraient rien à envier à leurs « Moi » d’antan – se serait particulièrement développée dans les films issus de franchises sortis après les années 2000 2010.

On retrouve à nouveau cette idée dans Indiana Jones et le Cadran de la destinée (James Mangold, 2023), au sein duquel Harrison Ford réincarne le célèbre archéologue et où, dans une séquence introductive d’une vingtaine de minutes, celui ci est rajeuni numériquement afin que son apparence corresponde à celle que l’on retrouve dans les films de la franchise « Indiana Jones » réalisés durant les années 1980.

« De-aging » d’Harrison Ford.

Le reste du film consiste à nous prouver que le personnage d’Indy – malgré son pessimisme sur la question – est, comme son interprète, encore capable d’assurer des missions pour le moins aventureuses, semblables à celles qu’il accomplissait dans sa jeunesse. De ce point de vue, le film pourrait presque servir d’illustration à la thèse énoncée par le sociologue Edgar Morin selon laquelle stars et personnages se contamineraient réciproquement. Quoi qu’il en soit, le de-aging du début du film sert une fois de plus à renforcer, par une mise en parallèle avec le reste du récit, cette idée d’une vieillesse qui ne serait pas synonyme d’obsolescence.

Rajeunissement factice vs vieillesse assumée : les paradoxes d’un discours

Comme l’explique la professeure en études cinématographiques Philippa Gates, ce type de discours sur le « bien vieillir » des stars tend en réalité à faire croire au spectateur que « vieillir dépendrait davantage de choix personnels que de conditions matérielles et d’inégalités sociales ». Son ambiguïté réside également – et logiquement – dans le fait d’utiliser une technique comme le de-aging pour tenter d’en développer la portée symbolique. Un paradoxe évident se dessine : étant donné le rajeunissement par le numérique de la star, sa vieillesse est-elle véritablement assumée ? D’autant plus que, malgré le discours porté par le film le mettant en scène, ce rajeunissement donne à voir une image fantasmée de la star. Le de-aging est en effet – et de façon évidente – utilisé pour que la star vieillissante réponde à des critères de beauté et/ou de jeunisme qui autrefois pouvaient la caractériser. Comme dans la plupart des œuvres cinématographiques faisant usage des technologies numériques pour porter un discours – souvent critique – sur les nouvelles technologies (fictives ou réelles), une contradiction apparaît ainsi entre le fond (le discours sur le « bien vieillir ») et la forme (le recours au de-aging) des films.

Pour un historien du cinéma comme Richard Dyer, ce type de contradiction est à la base de ce qui caractérise la star. Celle-ci mène à la fois une existence réelle, soumise comme tout un chacun aux affres du temps, et artificielle, liée au monde de l’image, de la fiction. Qu’il soit assumé ou non, l’âge de la star serait donc en partie illusoire, notamment car sa représentation est presque nécessairement standardisée.

Cette ambiguïté résulte également d’une mise en tension entre l’image « actuelle » de la star et celle de ses rôles passés. Ainsi, plutôt que d’opérer un changement radical dans la manière de représenter la star vieillissante, le de-aging permet en fait de réactualiser des enjeux thématiques anciens, similaires à ceux de certains films des années 1950, au sein desquels ancienne et nouvelle star s’opposent. Le rajeunissement numérique ne fait finalement que pousser ces enjeux au bout de leur logique (via, entre autres_, _une forme nouvelle de capitalisation de la nostalgie).

Mais au-delà de cela, n’y a-t-il pas également dans les films étudiés ici une volonté de faire coïncider cette technique avec le modèle narratif – et économique – des franchises, si présentes aujourd’hui, et auxquelles ces films sont rattachés ? Les logiques de variation (par l’utilisation de l’imagerie numérique en tant que telle) et de répétition (par l’utilisation de l’imagerie numérique afin de reproduire quelque chose du passé) du de-aging semblent en effet, et à ce titre, bien proches de celles propres aux franchises cinématographiques.

The Conversation

Jules Lasbleiz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Rajeunissement numérique : les stars hollywoodiennes à l’épreuve de leur propre mythe – https://theconversation.com/rajeunissement-numerique-les-stars-hollywoodiennes-a-lepreuve-de-leur-propre-mythe-261490

Rousseau, penser le peuple souverain

Source: The Conversation – in French – By Mazarine Pingeot, Professeur agrégée de philosophie, Sciences Po Bordeaux

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), auteur _Du contrat social_, en 1762. Allan Ramsay, 1766, Everett Collection

Notre démocratie est en crise, comment la réinventer ? Que nous enseignent ceux qui, au cours des âges, furent ses concepteurs ? Quatrième volet de notre série consacrée aux philosophes et à la démocratie avec Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Pour Rousseau, la légitimité du pouvoir ne se trouve pas dans la religion ou dans la tradition, mais dans le consentement de chacun à former un corps social soumis à la loi, expression de la volonté générale.


Jean-Jacques Rousseau fut le grand penseur moderne de la République, et, par un glissement de sens auquel il n’aurait peut-être pas souscrit, de la démocratie moderne, si l’on considère qu’elle se définit avant tout par la souveraineté du peuple et l’égalité des individus. Il faut en effet distinguer la démocratie comme type de gouvernement (au même titre que la monarchie ou l’aristocratie), de la démocratie comme forme de société. C’est ce qui distingue la notion antique de la notion moderne de démocratie.

Rousseau est à la croisée des chemins. Il parle encore de « démocratie » au sens antique du terme, mais sa révolution conceptuelle se loge dans le « contrat social », qui, pour nous, est au principe de la démocratie moderne alors qu’au XVIIIe siècle, il fondait plutôt la République.

En effet, c’est le philosophe qui – après Hobbes – rompt radicalement avec toute hétérogénéité de la source de légitimité du pouvoir : elle ne se trouve ni dans la religion, ni dans la tradition, ni même dans la nature. Chez Rousseau, la seule légitimité est celle qui naît du consentement de chacun à former un corps social soumis à la loi, expression de la volonté générale. La forme du gouvernement lui importe moins (il peut être démocratique, monarchique ou aristocratique), dès lors que le contrat social fonde les institutions politiques.

Néanmoins, si l’on considère avec Tocqueville que la démocratie n’est plus seulement une forme de gouvernement, mais un mouvement profond de l’histoire qui tend vers l’égalité des droits et des statuts et si l’on définit a minima la démocratie moderne comme reposant avant tout sur l’égalité civile, alors on peut affirmer, nonobstant l’anachronisme, que Rousseau en est en quelque sorte le père fondateur.

Qu’est-ce qui légitime le pouvoir ?

Rousseau n’est ni historien ni sociologue, il est philosophe : ce qui l’intéresse, ce ne sont pas les faits mais le droit. Au nom de quoi un pouvoir est-il légitime sans relever d’un principe transcendant ? Dès lors que le pouvoir ne s’appuie plus sur la tradition, sur la filiation, sur Dieu ou sur la nature comme pour les penseurs du droit naturel, sur quoi peut-il reposer ? Qu’est-ce qui légitime l’obéissance que je lui dois, moi ou tout autre, puisque nous sommes égaux à l’état de nature ?

Cette question radicale trouvera son chemin jusqu’à la Révolution française qui abolira les ordres et les anciennes hiérarchies, et substituera à la souveraineté du roi, celle de la nation – traduction par Sieyès de l’idée ambivalente de « peuple ».

À la question de la souveraineté (Qui détient le pouvoir auquel j’obéis ?), s’ajoute celle de la raison supérieure pour laquelle je consens à obéir. Or deux raisons constituent la dialectique permanente de la démocratie moderne : la sécurité et la liberté. Je peux obéir pour être protégé, c’est un échange de bons procédés, un calcul rationnel inhérent à tout contrat, je donne quelque chose contre autre chose. Ce sera la solution de Hobbes : démocratique en son principe, puisque ce sont les individus qui contractent, mais autocratique en son fonctionnement, le Léviathan étant un souverain tout-puissant, les individus lui ayant aliéné leur liberté.

Mais je peux également choisir d’être libre. L’équation devient plus compliquée : comment être libre en obéissant ?

Rousseau est critique du pouvoir établi, quel qu’il soit. Aussi faut-il trouver

« une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et le bien de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant » (Du contrat social).

Voilà la martingale qui va conduire sa construction politique.

Soigner la société par un renouvellement des principes mêmes de l’association sur laquelle elle repose. Renouveler le lien social, puisque c’est le lien social qui engendre tous les maux, ce lien social dont on dit aujourd’hui qu’il est disloqué. Le rôle des institutions politiques est donc de contenir l’homme et de favoriser les bonnes passions (la culture, les échanges et les arts) plutôt que les mauvaises (le désir de gloire, la compétition, l’égoïsme).

Sans égalité des individus, pas de démocratie

Le premier enseignement que l’on pourrait tirer de ces éléments introductifs est l’articulation de deux principes sans lesquels il n’y a pas de démocratie. Tout d’abord, l’égalité des individus est la condition fondamentale pour penser une démocratie. Puisqu’on ne la rencontre jamais, on est donc contraint de la fictionner : c’est le sens de la fameuse fiction de l’état de nature. L’égalité est le principe qui permet de penser l’idée d’un contrat social qui ne soit pas la reconduction d’anciennes formes de domination. Si les individus sont égaux à l’état de nature, ils ne peuvent vouloir l’inégalité. Contraints par la raréfaction des ressources naturelles et l’accroissement démographique (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes), ils doivent vivre ensemble. Mais il n’y a qu’une façon de vivre ensemble sans abandonner ni l’égalité ni la liberté, c’est le contrat social, qui permet de demeurer libre en intégrant la liberté d’autrui.

On peut alors en conclure que pour continuer à être libre, il faut continuer à être égal et que pour continuer à être égal, il faut des institutions qui le garantissent. C’est à cette seule condition que le contrat peut garder le nom de contrat.

Si l’on ose une traduction contemporaine de ce principe de Rousseau (le droit du plus fort n’est pas un droit mais « un galimatias »), en considérant, de façon parfaitement anachronique, que les réseaux sociaux sont devenus l’espace où s’expriment les individus, on pourrait dire qu’accepter les conditions d’utilisation décidées par une multinationale pour participer au « public » n’est pas un contrat au vrai sens du terme : le rapport de force en présence est clairement inégal et, pourtant, il est invisible puisque s’exprimer sur les réseaux semble être une liberté individuelle. Si l’on s’en tient au principe d’égalité comme condition de la démocratie, cet espace privé-public que sont les réseaux sociaux n’est pas démocratique (au sens de républicain, res publica, la chose publique). Rétablir la démocratie consisterait en premier lieu à créer une technologie compatible avec ses impératifs : égalité, consentement, réglementation qui vaille pour tous, règne de la loi et non de la jungle, éducation. La condamnation du « droit du plus fort » comme contradiction dans les termes permet d’être attentif à toutes les conditions d’inégalités rendues invisibles sous couvert de consentement.

Le second enseignement, c’est précisément que le contrat social est la première forme politique qui repose sur le consentement. Avant de devenir un mot fondateur et normatif des relations hommes-femmes, le consentement est au principe de la démocratie rousseauiste. C’est la clé du contrat, on l’a vu, au rebours de ces contrats biaisés construits sur un rapport de force. Les individus libres et égaux contractent tous ensemble pour constituer un corps politique qui les oblige. Les conditions de départ se retrouvent à l’arrivée, bien que transformées, et c’est l’unique critère d’un contrat véritable : nul n’est lésé.

« Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède », écrit Rousseau dans Du contrat social, I, 8.

Voici la troisième leçon rousseauiste : la liberté politique, c’est obéir à la loi, expression de la volonté générale. Autrement dit, la liberté est une contrainte que je me donne. Et cette contrainte est inhérente au concept même de liberté. Dans l’usage courant, on dirait que ma liberté s’arrête là où celle de l’autre commence. L’autre n’est pas une limite extérieure, il fait partie de ma liberté, elle n’a de sens que par rapport à lui. On est loin du « droit illimité », cher aux libertariens américains représentés par le président Trump et qui n’est pas compatible avec la démocratie.

Où est le peuple dans les sociétés contemporaines ?

Pour autant, le contrat social qui irrigue l’imaginaire collectif de la démocratie n’est pas sans poser de problèmes. Pierre Rosanvallon les a parfaitement décrits dans le Peuple introuvable. Histoire de la représentation démocratique en France (1998) :

« Si la démocratie présuppose qu’il y a un sujet que l’on peut appeler “peuple” et que ce peuple est susceptible d’exprimer sa volonté, comment, alors, le définir et comment le reconnaître ? Toute la difficulté réside dans l’écart entre un principe politique – l’affirmation de la suprématie de la volonté générale – et une réalité sociologique. Le principe politique consacre la puissance d’un sujet collectif dont le principe sociologique tend à dissoudre la consistance et à réduire la visibilité. »

C’est sans doute cette tension que le contrat social ne permet pas de résoudre : le pacte que les individus passent entre eux crée le « peuple ». Celui-ci ne lui préexiste pas. Il est constitué. Le problème est alors celui de la diversité et de la conflictualité inhérentes aux démocraties modernes fondées sur la pluralité d’opinions, et qui constituent ce que Karl Popper appelle des « sociétés ouvertes ». Comment, dès lors, penser ensemble l’unité du peuple et la pluralité ?

Et ce, a fortiori dans ce que les philosophes libéraux Walter Lippmann ou John Dewey ont nommé la « grande société ». Non seulement il est difficile de penser l’unité sous la diversité, mais, encore, la complexité du monde sous l’effet de la mondialisation a transformé le « public » en public « fantôme », autrement dit en spectateurs incapables de prendre position de manière éclairée y compris pour eux-mêmes. Derrière cela, c’est la question de la souveraineté qui est en cause. Qui est souverain si le peuple est traversé par des enjeux qui le dépassent et qui dépassent également ses moyens d’action ? Qui est le peuple, si la société s’affranchit des frontières et des communautés ?

Rousseau peut néanmoins nous indiquer la voie : si le contrat social ne répond plus aux conditions politiques actuelles, il rappelle pourtant que le local est sans doute la bonne échelle du politique et la condition même d’une participation active de ce qui se constitue alors comme « peuple », étant entendu que le local n’est pas hermétique au global qui s’y manifeste nécessairement.

D’autre part, la solution rousseauiste résiste à la tentation qui séduit Lippmann, à savoir celle d’un gouvernement technocratique, seul à même d’appréhender la complexité des interdépendances. À la crise démocratique, Rousseau enjoindrait sans doute de répondre par plus de démocratie, là où le retrait hors de la démocratie semble être le chemin majoritairement emprunté.

The Conversation

Mazarine Pingeot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Rousseau, penser le peuple souverain – https://theconversation.com/rousseau-penser-le-peuple-souverain-259289

3 reasons Republicans’ redistricting power grab might backfire

Source: The Conversation – USA – By Charlie Hunt, Associate Professor of Political Science, Boise State University

Texas state lawmakers board a bus following a press conference at the DuPage County Democratic Party headquarters in Carol Stream, Ill., on Aug. 3, 2025. Scott Olson/Getty Images

The gerrymandering drama in Texas – and beyond – has continued to unfold after Democratic state legislators fled the state. The Democrats want to prevent the Republican-controlled government from enacting a mid-decade gerrymander aimed at giving Republicans several more seats in Congress.

The Texas GOP move was pushed by President Donald Trump, who’s aiming to ensure he has a GOP-controlled Congress to work with after the 2026 midterm elections.

Other Republican states such as Missouri and Ohio may also follow the Texas playbook; and Democratic states such as California and Illinois seem open to responding in kind.

But there are a few factors that make this process more complicated than just grabbing a few House seats. They may even make Republicans regret their hardball gerrymandering tactics, if the party ends up with districts that political scientists like me call “dummymandered.”

President Trump asserts that his party is ‘entitled’ to five more congressional districts in Texas.

Democrats can finally fight back

Unlike at the federal level, where Democrats are almost completely shut out of power, Republicans are already facing potentially consequential retaliation for their gerrymandering attempts from Democratic leaders in other states.

Democrats in California, led by Gov. Gavin Newsom, are pushing for a special election later this year, in which the voters could vote on new congressional maps in that state, aiming to balance out Democrats’ losses in Texas. If successful, these changes would take effect prior to next year’s midterm elections.

Other large Democratic-controlled states, such as Illinois and New York – led by Gov. J.B. Pritzker and Gov. Kathy Hochul, respectively – have also indicated openness to enacting their own new gerrymanders to pick up seats on the Democratic side.

New York and California both currently use nonpartisan redistricting commissions to draw their boundaries. But Hochul recently said she is “sick and tired of being pushed around” while other states refuse to adopt redistricting reforms and gerrymander to their full advantage. Hochul said she’d even be open to amending the state constitution to eliminate the nonpartisan redistricting commission.

It’s unclear whether these blue states will be successful in their efforts to fight fire with fire; but in the meantime, governors like Hochul and Pritzker have welcomed the protesting Democratic legislators from Texas, in many cases arranging for their housing during their self-imposed exile.

Dummymandering

Another possible problem for either party looking to gain some seats in this process stems from greediness.

In responding to Democrats’ continued absence from Texas, Gov. Greg Abbott threatened even more drastic gerrymanders. “If they don’t start showing up, I may start expanding,” Abbott said. “We may make it six or seven or eight new seats we’re going to be adding on the Republican side.”

But Abbott might think twice about this strategy.

Parties that gerrymander their states’ districts are drawing lines to maximize their own advantage, either in state legislatures or, in this case, congressional delegations.

When parties gerrymander districts, they don’t usually try to make them all as lopsided as possible for their own side. Instead, they try to make as many districts as possible that they are likely to win. They do this by spreading groups of supportive voters across several districts so they can help the party win more of these districts.

But sometimes the effort backfires: In trying to maximize their seats, a party spreads its voters too thin and fails to make some districts safe enough. These vulnerable districts can then flip to the other party in future elections, and the opposing party ends up winning more seats than expected.

This phenomenon, commonly referred to as “dummymandering,” has happened before. It even happened in Texas, where Republicans lost a large handful of poorly drawn state legislative districts in the Dallas suburbs in 2018, a strong year for Democrats nationwide.

With Democrats poised for a strong 2026 midterm election against an unpopular president, this is a lesson Republicans might need to pay attention to.

There’s not much left to gerrymander

One of the main reasons dummymandering happens is that there has been so much gerrymandering that there are few remaining districts competitive enough for a controlling party to pick off for themselves. This important development has unfolded for two big reasons.

First, in terms of gerrymandering, the low-hanging fruit is already picked over. States controlled by either Democrats or Republicans have already undertaken pretty egregious gerrymanders during previous regular redistricting processes, particularly following the 2010 and 2020 censuses.

Republicans have generally been more adept at the process, particularly in maximizing their seat shares in relatively competitive states such as Wisconsin and North Carolina that they happen to control.

But Democrats have also been successful in states such as Maryland, where only one Republican serves out of nine seats, despite the party winning 35% of the presidential vote in 2024. In Massachusetts, where Democrats hold all eight seats, Republicans won 37% of the presidential vote in 2024.

There’s also the fact that over the past half-century, “gerrymanderable” territory has become more difficult to find regardless of how you draw the boundaries. That’s because the voting electorate is more geographically sorted between the parties.

This means that Democratic and Republican voters are segregated from each other geographically, with Democrats tending toward big cities and suburbs, and Republicans occupying rural areas.

As a result, it’s become less geographically possible than ever to draw reasonable-looking districts that split up the other party’s voters in order to diminish the opponents’ ability to elect one of their own.

Regardless of how far either party is willing to go, today’s clash over Texas redistricting represents largely uncharted territory. Mid-decade redistricting does sometimes happen, either at the hands of legislatures or the courts, but not usually in such a brazen fashion.

And this time, the Texas attempt could spark chaos and a race to the bottom, where every state picks up the challenge and tries to rewrite their electoral maps – not in the usual once-a-decade manner, but whenever they’re unsatisfied with the odds in the next election.

The Conversation

Charlie Hunt does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. 3 reasons Republicans’ redistricting power grab might backfire – https://theconversation.com/3-reasons-republicans-redistricting-power-grab-might-backfire-262553

Le « Travel Retail » à l’aéroport, ou quand le luxe s’invite dans nos bagages à main

Source: The Conversation – in French – By Daouda Coulibaly, PhD, Professeur-Associé, EDC Paris Business School

Ils sont devenus des moments à part entière du voyage. Dans les aéroports internationaux, les magasins de marques de luxe font désormais partie du voyage. Le secteur du luxe a, en effet, investi ces lieux du tourisme moderne. Jusqu’où cela affecte-t-il leur modèle d’affaires ?


Le concept de Duty Free (hors taxes ou encore zone franche) est né en Irlande dans la seconde moitié des années 1940. Désormais, ce terme désigne l’ensemble des produits vendus sans application des taxes locales et exclusivement disponibles dans des zones internationales comme les aéroports, les ports ou certaines gares. Le Duty Free permet aux voyageurs et ceux en transit de bénéficier de prix théoriquement plus attractifs. Au fil du temps, ces zones franches se sont transformées en boutiques, en espaces de shopping, en Malls, en coins éphémères… où on loue ou achète des produits ou des services de haut de gamme voire de luxe.

En quelques années, les maisons et marques de luxe s’y sont activement déployées et se sont quasiment imposées dans ces espaces de voyage. En se transformant, le duty free a fait évoluer l’offre et l’architecture des enceintes des aéroports.

Désormais, les parfums, la cosmétique, les vins et spiritueux, les produits de mode, la confiserie, la gastronomie fine, la joaillerie et horlogerie, le tabac, les produits électroniques… sont exposés et vendus dans les aéroports, que ce soit à Paris, Singapour, Dubaï, Londres, Séoul… Les aéroports se sont métamorphosés de fait en véritables centres commerciaux spécialisés dans les produits de luxe. Les maisons transforment les temps d’attente en moments de découverte, de distraction, de plaisir et in fine d’achat. Une vraie stratégie de shopping mêlant voyage, expériences, émotions, achat et luxe. Le travel retail devient une réalité dans l’expérience de voyage.




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Une nouvelle expérience de voyage

Le Travel Retail est défini comme l’ensemble des activités d’achat et de vente de luxe réalisées dans des espaces dédiés aux voyages. Pour le luxe, le Travel Retail est un canal stratégique puisqu’il offre une opportunité unique de toucher une clientèle diversifiée et internationale en un même lieu. De plus, avec un temps moyen de 1h45 disponible avant l’embarquement (étude menée dans le cadre d’une recherche), les voyageurs sont plus enclins à se « laisser aller ». Ces derniers aiment découvrir et n’hésitent pas à consommer ou à vivre des expériences… bref, à jouer le jeu.

Face à cet écosystème favorable où le plaisir et les émotions se mêlent, l’industrie du luxe redouble d’innovation et d’ingéniosité en matière de merchandising, de marketing et de communication. Avec des vendeurs aguerris (formés et très smarts), des promotions excessivement alléchantes, des dispositifs interactifs, des vitrines digitales et des expériences immersives, les voyageurs rentrent dans une bulle où la consommation et l’achat sont implicitement conditionnés.

Et l’aéroport devint un hub multisensoriel

Dans certains aéroports, on pousse encore plus loin le travel shopping en intégrant des services (spa, massage, coiffure, etc.), des activités (zoo, sport, visites, etc.) et même des évènements (concerts, spectacles, etc.) en fonction de l’année.

Le Travel retail est une stratégie théorisée, pensée, organisée et déployée sur un grand nombre d’aéroports dans le monde. Il devient un véritable hub d’expériences polysensorielles où le luxe se réinvente. Ce dernier offre aux consommateurs des moments privilégiés certes, mais dope ses chiffres et renforce son image à l’international.

Le « Travel retail » a atteint des chiffres records estimés à plus 79 milliards de dollars en 2024 malgré un arrêt drastique avec la crise de la Covid. Toutefois, depuis la réouverture des aéroports en 2022, les chiffres ne cessent de décoller et de surprendre. Le nombre de fréquentations des aéroports et par ricochet, des boutiques de luxe, ne cesse de progresser.

Des zones chaudes

L’industrie du luxe dresse des zones chaudes (animées) avec un parcours client atypique, ludique et polysensoriel (les 5 sens du corps). Le dessein est de dresser un merchandising séduisant et efficace où le client accède à une espace extraordinaire au sens propre : il sort de l’ordinaire. Ainsi, l’environnement est propice à la consommation.

L’industrie du luxe mise aussi sur le digital, Internet aussi bien que les réseaux sociaux. Le smartphone est ainsi devenu l’outil d’achat et de consommation le plus mobilisé dans nos sociétés modernes. Ainsi, dans les aéroports, le téléphone, le QR code, la tablette, les objets connectés (lunettes, montres, écouteurs, etc.) sont des facteurs clés dans le succès du travel retail. Dans les grands aéroports, le système de WIFI est particulièrement boosté pour permettre aux voyageurs et clients d’avoir des connexions efficaces et surpuissantes.

BFM 2024.

L’industrie du luxe a désormais intégré le « Travel retail » comme un canal à part entière dans le dispositif de distribution (vente) et de communication. Autrement dit, l’aéroport constitue pour les marques et maisons de luxe un pilier incontournable dans leur stratégie de distribution, mais aussi, un levier dans la valorisation et dans la légitimation de leur capital marque.

Déjà des limites

Cette stratégie de « Travel retail » soulève naturellement de nombreux débats. D’abord sur l’image de marque car elle continue d’amplifier l’idée d’un luxe trop accessible et ouvert à tous. La logique du luxe business (rentabilité à outrance) ébranle aujourd’hui un grand nombre de marques et de maisons.

La surconsommation est également un phénomène qui affecte les achats en travel retail. La surabondance de produits est frappante et confirme l’idée d’un « luxe masstige », contraire à l’ADN du secteur dont la spécificité a toujours été la rareté, la discrétion et l’inaccessibilité.

Enfin le sentiment d’agacement ou l’effet de saturation de la part des voyageurs, et plus particulièrement, des voyageurs réguliers, constitue un ultime danger.

The Conversation

Daouda Coulibaly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le « Travel Retail » à l’aéroport, ou quand le luxe s’invite dans nos bagages à main – https://theconversation.com/le-travel-retail-a-laeroport-ou-quand-le-luxe-sinvite-dans-nos-bagages-a-main-260425

Trump’s tariffs have finally kicked in, so what happens next?

Source: The Conversation – UK – By Maha Rafi Atal, Adam Smith Senior Lecturer in Political Economy, School of Social and Political Sciences, University of Glasgow

Donald Trump’s new international trade tariffs have landed. Some are lower than others, some deals have been done, but overall they are the highest they have been in 100 years.

They are also unprecedented in the era of the rules-based trade system that has been in place since 1945.

So what happens next? That’s a tricky question to answer given that the US president has already pressed the pause button on this economic policy before.

But assuming that doesn’t happen again straight away, we can make some confident predictions about the consequences.

First off, the immediate economic effect will be felt by American consumers. JP Morgan, the biggest bank in the US, estimates that 60% of the cost of Trump’s tariffs will be passed directly on to his fellow citizens.

And that’s just the start. Most goods bought in the US, whether they’re electrical items, cars, medical devices, processed foods or makeup sets, are made up of dozens of components, sourced from multiple countries. A finished product may therefore be “tariffed” several times before it reaches the shelf, adding to the final price rise.

Medium-sized businesses are likely to feel the most pain. They have neither the global reach to reorganise their supply chains quickly nor the deep margins to absorb new costs. That means higher prices for the goods they produce.

As a result of all of this, things will get more expensive and consumer spending will fall. It’s too early to quantify the drop, but survey data shows that households are already cutting back.

Businesses will also cut or delay investment in new plants, staff and product lines, as more of their revenue goes on covering higher import taxes.

These effects will be inflationary, pushing prices up. They will also be “recessionary” – in other words, they could cause a recession by cooling demand and investment.

Trump card

The political irony here is striking. Trump’s election victory was fuelled in part by voter frustration over high inflation early in Joe Biden’s presidency.

By the time of the election in November 2024, inflation had eased – but the perception that Biden was linked to higher prices (often discussed with reference to the price of eggs in the grocery store) lingered.

Now Trump’s policy choices look set to drive up prices again, while also risking a significant economic downturn.

A US recession would have global consequences. Mexico, China, Canada, Germany and Japan – the countries which export the most goods to the US – are particularly exposed. Together with the US, these economies account for roughly half of global GDP. If US economic activity slows, and its key suppliers follow, that would be enough to trigger a global contraction.

Eggs in an egg box.
The price of eggs can rise and fall.
ArturTona/Shutterstock

There’s also the risk of renewed supply chain delays. Faced with uncertainty about demand, companies will slow or stop new orders.

Then, when consumers start buying again, the components needed may not be in stock, delaying production and pushing up costs further. These disruptions tend to cascade through multiple sectors, meaning the impact will be widely felt around the globe.

So how long can this tariff regime hold? In April, Trump’s so-called “liberation day” tariffs were rolled back within days under pressure from American businesses that were suddenly paying more for vital imports.

Since then, very few countries have signed deals with the US, and the ones that have secured broad agreements rather than binding treaties. That means the political backlash from businesses and consumers could once again force the administration to retreat.

For now, the US is testing how far it can push this experiment in protectionism. But the risks are clear: higher prices at home, slower global growth, and a political gamble that may prove costly.

The Conversation

Maha Rafi Atal does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Trump’s tariffs have finally kicked in, so what happens next? – https://theconversation.com/trumps-tariffs-have-finally-kicked-in-so-what-happens-next-262843

Donald Trump to chair new Olympic taskforce in bid to allay international visitor concerns ahead of 2028 Los Angeles Games

Source: The Conversation – UK – By Richard Hargy, Visiting Research Fellow in International Studies, Queen’s University Belfast

The US president, Donald Trump, signed an executive order on August 5 to set up a government taskforce to manage the 2028 Summer Olympics in Los Angeles. During the White House announcement, Trump said: “We’ll do anything necessary to keep the Olympics safe, including using our National Guard or military.”

This move may go some way to addressing international concern over the Trump administration’s tough immigration polices, which include a travel ban on 12 countries. There were fears that this could make it difficult for some international supporters to attend the games (although athletes and coaches are exempt).

A report earlier this year by the US Travel Association also flagged concerns over the US’s ability to logistically manage an event on this scale.

The upcoming Fifa World Cup in 2026 will be seen as a dry run for the Olympics in terms of handling large numbers of international visitors. Thousands of supporters are likely to travel between co-hosts, the US, Canada and Mexico, to attend different matches.

Victor Matheson, a professor at College of Holy Cross in Massachusetts, who specialises in sports economics, has said: “You could have significant immigration problems with fans and players going across borders.”




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There are, however, a number of political factors at play in Trump’s decision to create a special task force. Its formation comes in the wake of Trump’s contentious decision in June 2025 to order the deployment of National Guard troops and US Marines onto the streets of Los Angeles. This was in response to protests against immigration raids launched by US Immigration and Customs Enforcement (Ice) across the city.

Since then, relations between the Trump administration and Los Angeles municipal officials, including the mayor Karen Bass, have been fairly frosty. After arrests by federal authorities in LA, Bass accused Trump of “ratcheting up chaos”, and perpetuating a “political agenda of provoking fear and terror”. Trump referred to Bass as “not very competent” during the recent White House event.

At a separate event, administration spokesperson Tammy Bruce said the task force would “coordinate across federal, state and local agencies to ensure streamlined visa processes, robust security and efficient transportation”.

It is not unprecedented for a US administration to assume this type of role over a major event. The military and National Guard have previously provided support to state and municipal agencies when US cities have hosted major sporting fixtures.

This will partly be about the memory of what happened at the Altanta games in 1996, when a bomb attack killed two people and injured 111. The 2028 Summer Olympic and Paralympic Games had already been designated a “national security event”.

The scale of security planning for the Los Angeles Olympics will be huge. And Trump’s One Big Beautiful Bill Act has already set aside US$1 billion (£745,190,000) in federal government funding for security at the 2028 games.

Trump announces the task force for the Olympics.

Jules Boykoff, a professor of politics and government at Pacific University, has said that designating Los Angeles 2028 a national security special event gives the federal government broader latitude to have control over the organisation of the games, and that he expects to see “President Trump flexing like that more and more, the closer that we get to the Olympic Games”.

Boykoff also warned that the national special security event status now given to the LA Olympics may provide an opportunity for further crackdowns in the city.

There are also political risks for the Trump administration if immigration policies throw up issues for people attending the games, or it is not seen as successful. The president has made reducing immigration a priority policy, but his way of doing this and sending in masked Ice agents is losing support.

William A. Galston, a senior fellow at the Brookings Institution, pointed out recently that the way it is being carried out is not necessarily popular. Galston pointed to a YouGov poll taken in July which found that 52% of Americans said Trump’s immigration policy was “too harsh”, while 54% said Ice agents have gone “too far” in enforcing immigration laws.

In dealing with international apprehension about who can attend and travel restrictions, the White House has said that the new task force will “streamline visa processing and credentialing” for participants and media. Despite this assurance, there are concerns from some Los Angeles officials that the administration’s immigration policies could deter tourists and complicate the issuing of visas for Olympic teams.

Earlier this year, the man in charge of the Los Angeles Olympics, Casey Wasserman, sought to allay these worries. In an address to the International Olympic Committee in Pylos, Greece, Wasserman said that he had received assurances from Trump and the US secretary of state, Marco Rubio, and that he did not “anticipate any problems from any country to come and participate and have their delegations in full force.”

Trump clearly wants to host a triumphant Los Angeles 2028, and hopes that a successful games will boost his popularity. He will expect his new task force to smooth the way for that to happen.

The Conversation

Richard Hargy does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Donald Trump to chair new Olympic taskforce in bid to allay international visitor concerns ahead of 2028 Los Angeles Games – https://theconversation.com/donald-trump-to-chair-new-olympic-taskforce-in-bid-to-allay-international-visitor-concerns-ahead-of-2028-los-angeles-games-262831

A new global ruling shows states are legally responsible for tackling climate change

Source: The Conversation – UK – By Amelia Hadfield, Founding Director, Centre for Britain and Europe, Department of Politics and International Relations, University of Surrey

mentalmind/Shutterstock

Sovereign states are not only responsible for tackling fossil fuel damage, they have to make redress, according to a recent ground-breaking ruling by the International Court of Justice (ICJ). The ruling makes clear that the court believes states must actively prevent harm to the world’s climate system. States that fail to act accordingly may have to pay compensation, restore damaged ecosystems, rebuild infrastructure or face further legal challenges.

The ruling came in the form of an advisory opinion, which is a legal interpretation provided by a high-level court or tribunal with a special mandate, in response to a specific question of law. Simply put, an advisory opinion is not legally binding in the way a court judgment between two nations would be.

However, as an expert in international relations, I believe the consequences of this ruling are significant, both legally and politically.

Politically, states are now in the firing line as the main agents of harm. States and the public and private sector energy companies that states contract, licence or subsidise are now more visible in terms of the kind of climate harm they permit.

As stated by the ICJ president, Yūji Iwasawa, the advisory opinion emphasises the “urgent existential threat” affecting nature and people, alongside the disproportionately intense effect upon vulnerable countries, including small island states, that brought the claim on the basis of years of campaigning.

For climate campaigners the ruling that “states do have legal obligations to act on climate change” is a definitive win. It’s also only the first step in a much larger challenge to prompt real change around fossil fuel usage and damage.




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The possibility of big emitters being successfully sued is certainly the most tangible takeaway from the ruling.

But from an international relations standpoint, the question is the degree to which the ruling works with similar judgments to shift international behaviour overall. States can choose to make immediate changes in upcoming climate negotiations, but also within the fabric of global environmental governance overall.

Legally, the ruling itself is potentially seismic. First, for those regarding international rules on climate change as unimportant in law, the ICJ’s advisory opinion will be a wake-up call. This ruling may be advisory but it indicates the rules on climate change are legal, enforceable and substantive in the eyes of the court.

Second, states failing to abide by international rules on climate change can now be held to account. For national governments, this means that countries should no longer treat climate change rules as aspirational or discretionary. Instead, the ruling pushes each state to treat the 1.5°C target for limiting global warming as fixed, however challenging.

While advisory opinions are not legally binding, they represent a unanimous opinion on the key issues from the ICJ, and effectively gather together all previous rulings and law. In doing so, such rulings arguably drive forward climate change law – and litigation – now a growth industry in its own right.

Even for states that are not signatories to various climate treaties or party to various international courts, the ICJ ruling makes for tough reading. States do have legal obligations to act on climate change, regardless of the treaties that have been signed.

The ICJ’s ruling is vital in this respect, because it outlines how countries that are not part of climate change treaties still have to show that their climate policies and practices are consistent with other parts of international law.

In doing so, the ICJ makes clear that a whole range of treaties now applies to states (from the UN convention on the law of the sea to the Vienna convention for the protection of the ozone layer) and that principles such as intergenerational equity must be upheld.

The political implications for states arising from this advisory opinion are twofold: states can be sued as fossil fuel emitters, and countries can sue harm-inducing emitters for failure to comply.

A turning point

I argue the ICJ ruling represents a turning point. It illustrates a growing difference between international judicial attitudes to climate change, and the attitudes of individual states.

The ruling also aligns with similar judgments emerging from other international courts, including the International Tribunal for the Law of the Sea and the Inter-American Court of Human Rights. They show a consistent approach and clarity on the question.

Last year, the European Court of Human Rights declared that Switzerland had “failed to comply with its duties” and violated the right to respect for private and family life by failing to combat climate change.

Some state governments remain largely defiant. The US has withdrawn from the Paris agreement and global plastics treaty negotiations. Brazil is progressing a devastation bill that allows projects classified as having “medium” polluting potential to obtain an environmental licence through a self-declared online form and could lead to lead to vast deforestation.




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The ICJ ruling pushes states to sensibly redesign their systems of energy, trade and investment with justice and equity at the forefront, helping move towards a just transition to greener energy. The opinion opens legal space for vulnerable nations and displaced communities to seek remedy and restitution.

It could also affect international laws on everything from human rights and ocean health to the ozone layer and desertification. And have a knock-on effect on treaties currently under negotiation such as the global plastics treaty.

Can the ICJ ruling become a practical framework for accountability, and truly support UN Secretary General António Guterres’ vision of “energy security and people’s security”? The jury on that is still out.


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Amelia Hadfield is working with environmental law researchers Rosalind Malcolm and Feja Lesniewska to explore both the political and legal implications of the ICJ’s recent ruling on state behaviour at national and global levels.

ref. A new global ruling shows states are legally responsible for tackling climate change – https://theconversation.com/a-new-global-ruling-shows-states-are-legally-responsible-for-tackling-climate-change-261896

Today’s humanoid robots look remarkable, but there’s a design flaw holding them back

Source: The Conversation – UK – By Hamed Rajabi, Director of Mechanical Intelligence (MI) Research Group, London South Bank University

Time for a rethink? Wikimedia, CC BY-SA

Watch Boston Dynamics’ Atlas robot doing training routines, or the latest humanoids from Figure loading a washing machine, and it’s easy to believe the robot revolution is here. From the outside, it seems the only remaining challenge is perfecting the AI (artificial intelligence) software to enable these machines to handle real-life environments.

But the industry’s biggest players know there is a deeper problem. In a recent call for research partnerships, Sony’s robotics division highlighted a core issue holding back its own machines.

It noted that today’s humanoid and animal-mimicking robots have a “limited number of joints”, which creates a “disparity between their movements and those of the subjects they imitate, significantly diminishing their … value”. Sony is calling for new “flexible structural mechanisms” – in essence, smarter physical bodies – to create the dynamic motion that is currently missing.

The core issue is that humanoid robots tend to be designed around software that controls everything centrally. This “brain-first” approach results in physically unnatural machines. An athlete moves with grace and efficiency because their body is a symphony of compliant joints, flexible spines and spring-like tendons. A humanoid robot, by contrast, is a rigid assembly of metal and motors, connected by joints with limited degrees of freedom.

To fight their body’s weight and inertia, robots have to make millions of tiny, power-hungry corrections every second just to avoid toppling over. As a result, even the most advanced humanoids can only work for a few hours before their batteries are exhausted.

To put this in perspective, Tesla’s Optimus robot consumes around 500 watts of power per second for a simple walk. A human accomplishes a more demanding brisk walk using only around 310 watts per second. The robot is therefore burning nearly 45% more energy to accomplish a simpler task, which is a considerable inefficiency.

Diminishing returns

So, does this mean the entire industry is on the wrong path? When it comes to their core approach, yes. Unnatural bodies demand a supercomputer brain and an army of powerful actuators, which in turn make robots heavier and thirstier for energy, deepening the very problem they aim to solve. The progress in AI might be breathtaking, but it leads to diminishing returns.

Tesla’s Optimus, for instance, is smart enough to fold a t-shirt. Yet the demonstration actually reveals its physical weakness. A human can fold a t-shirt without really looking, using their sense of touch to feel the fabric and guide their movements.

Optimus, with its relatively rigid, sensor-poor hands, relies on its powerful vision and AI brain to meticulously plan every tiny motion. It would likely be defeated by a crumpled shirt on a messy bed, because its body lacks the physical intelligence to adapt to the unpredictable state of the real world.

Boston Dynamics’ new, all-electric Atlas is even more impressive, with a range of motion that seems almost alien. But what the viral acrobatics videos don’t show is what it can’t do. It could not walk confidently across a mossy rock, for instance, because its feet cannot feel the surface to conform to it. It could not push its way through a dense thicket of branches, because its body cannot yield and then spring back.

This is why, despite years of development, these robots mostly remain research platforms, not commercial products.

Why aren’t the industry’s leaders already pursuing this different philosophy? One likely reason is that today’s top robotics firms are fundamentally software and AI companies, whose expertise lies in solving problems with computation. Their global supply chain is optimised to support this with high-precision motors, sensors and processors.

Building physically intelligent robot bodies requires a different manufacturing ecosystem, rooted in advanced materials and biomechanics, which is not yet mature enough to operate at scale. When a robot’s hardware already looks so impressive, it’s tempting to believe the next software update will solve any remaining issues, rather than undertaking the costly and difficult task of redesigning the body and the supply chain required to build it.

Autonomous bodies

This challenge is the focus of mechanical intelligence (MI), which is being researched by numerous teams of academics around the world, including mine at London South Bank University. It derives from the observation that nature perfected intelligent bodies millions of years ago. These were based on a principle known as morphological computation, meaning bodies can perform complex calculations automatically.

A pine cone’s scales open in dry conditions to release seeds, then close when it’s damp to protect them. This is a purely mechanical response to humidity with no brain or motor involved.

The tendons in the leg of a running hare act like intelligent springs. They passively absorb shock when the foot hits the ground, only to release the energy to make its gait stable and efficient, without requiring so much effort from the muscles.

Hare running
Hare today …
Colin Edwards Wildside

Think about the human hand. Its soft flesh has the passive intelligence to automatically conform to any object it holds. Our fingertips act like a smart lubricator, adjusting moisture to achieve the perfect level of friction for any given surface.

If these two features were incorporated into an Optimus hand, it would be able to hold objects with a fraction of the force and energy currently required. The skin itself would become the computer.

MI is all about designing a machine’s physical structure to achieve passive automatic adaptation – the ability to respond to the environment without needing active sensors or processors or extra energy.

The solution to the humanoid trap is not to abandon today’s ambitious forms, but to build them according to this different philosophy. When a robot’s body is physically intelligent, its AI brain can focus on what it does best: high-level strategy, learning and interacting with the world in a more meaningful way.

Researchers are already proving the value of this approach. For instance, robots designed with spring-like legs that mimic the energy-storing tendons of a cheetah can run with remarkable efficiency.

My own research group is developing hybrid hinges, among other things. These combine the pinpoint precision and strength of a rigid joint with the adaptive, shock-absorbing properties of a compliant one. For a humanoid robot, this could mean creating a shoulder or knee that moves more like a human’s, unlocking multiple degrees of freedom to achieve complex, life-like motion.

The future of robotics lies not in a battle between hardware and software, but in their synthesis. By embracing MI, we can create a new generation of machines that can finally step confidently out of the lab and into our world.

The Conversation

Hamed Rajabi does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Today’s humanoid robots look remarkable, but there’s a design flaw holding them back – https://theconversation.com/todays-humanoid-robots-look-remarkable-but-theres-a-design-flaw-holding-them-back-262720

Un tourisme durable est-il possible ?

Source: The Conversation – in French – By Christine PETR, Professeur des Université en Marketing – Sciences de Gestion et du Management, Université Bretagne Sud (UBS)

Le surtourisme est d’autant moins une fatalité, que le secteur s’adapte sous l’influence des voyageurs. Une demande pour un autre tourisme, plus respectueux de l’environnement, moins intensif, émerge depuis quelques années. Cette « douce » pression amène le secteur à se métamorphoser. Trop lentement, estimeront certains. Profondément, rétorqueront les autres.


En raison des coûts environnementaux des déplacements des visiteurs et de pratiques peu respectueuses des lieux, des espaces sensibles, et des communautés locales, le tourisme est souvent pointé du doigt. Cette description est encore noircie par la médiatisation croissante des mouvements anti-touristiques d’habitants inquiets ou épuisés par la pression touristique de leurs lieux de vie. Penser que le tourisme n’a pas su évoluer serait pourtant réducteur. Bien au contraire, il y a une évolution croissante dans la prise en considération des enjeux de durabilité depuis la naissance du tourisme de masse.

Ce cadre intégrateur nommé « l’échelle de progression de la durabilité touristique » est l’occasion de rappeler que le tourisme n’est pas un phénomène déshumanisé. Le tourisme est le résultat d’une accumulation de pratiques individuelles de déplacement, d’attentes d’expériences et d’exploration, de désirs, de moments de détente et de rencontres, qui est portée par des voyageurs et des vacanciers, c’est-à-dire ce que nous sommes tous. Le tourisme est fait par les touristes (nous !), et comme les préoccupations des touristes évoluent (nous évoluons dans nos vies et dans nos aspirations !), le tourisme ne cesse de se réinventer, et cela en étant profondément engagé sur une trajectoire de durabilité (Figure 1).

L’échelle de progression de la durabilité touristique

Surtourisme, tourismophobie et recettes touristiques

Depuis les années 1950, l’industrie mondiale du tourisme connaît une forte croissance qui n’a été que provisoirement impactée par les épisodes de confinements et de restrictions de la Covid-19. Ces dynamiques d’expansion touristique nationales et internationales ont mis en lumière le phénomène de surtourisme, défini comme une affluence de touristes dépassant la capacité d’accueil d’une destination. Considéré en termes de vécu subjectif plus que de chiffres objectifs, ce sentiment de débordement engendre des impacts négatifs pour les habitants, les visiteurs et les écosystèmes locaux.

Les impacts négatifs d’une fréquentation non maîtrisée peuvent également engendrer une aversion pour le tourisme, appelée tourismophobie, qui est marquée par la crainte, l’hostilité et le rejet social, souvent liés à des pratiques touristiques de masse non durables.




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Parce que le tourisme est aussi une source de revenus économiques, de développements, d’échanges culturels et de pacification entre les peuples, il devenait urgent de repenser les pratiques touristiques pour limiter les effets délétères du développement du tourisme.

Un défi majeur et une priorité

Face aux enjeux environnementaux et aux menaces pesant sur les habitats naturels partagés par touristes et locaux, le tourisme durable apparaît comme un défi majeur et une priorité pour l’industrie contemporaine. Il repose notamment sur la consommation durable, définie comme « la consommation de biens et de services répondant aux besoins essentiels sans compromettre ceux des générations futures ».

Pour promouvoir l’adoption de comportements touristiques respectueux de l’environnement, il est important d’identifier combien les touristes sont motivés par les dimensions vertueuses de l’éthique et du durable. En effet, les préoccupations relatives à la santé de la planète et à l’assurance de délivrer un héritage de qualité pour les générations futures sont devenues essentielles. Les propositions touristiques qui proposent de s’engager et de se connecter à la nature sont celles désormais jugées à très forte valeur par les touristes car au-delà des bénéfices immédiats pour l’environnement, elles offrent des bénéfices individuels en termes de santé mentale et physique.

L’émergence du tourisme lent

Encore peu étudié par les chercheurs, le tourisme lent est une tendance touristique en émergence. Représentant une forme plus achevée que le tourisme durable, le tourisme lent permet de ralentir non seulement physiquement, mais aussi mentalement, et d’échapper au mode de vie pressé que les touristes adoptent avant de voyager.

Le flux temporel est une dimension importante de l’expérience touristique. La décélération chez les voyageurs fait référence à la recherche par les individus d’opportunités pour échapper au rythme trépidant de la vie et s’engager dans diverses formes de consommation lente que ce soit pour se déplacer, se nourrir et s’occuper. Des recherches internationales approfondies définissent l’expérience du tourisme lent comme « des vacances au cours desquelles les touristes prennent plus de temps et font preuve de plus de flexibilité pour, tout en cherchant l’harmonie avec la nature, les communautés locales, leurs habitants et leur culture, s’engager plus intensément et personnellement dans la découverte des offres touristiques ».


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L’élément au cœur de l’expérience du tourisme lent est la notion du rythme de la consommation. Un tourisme plus ralenti est alors perçu comme vertueux et suscite des sentiments positifs sachant qu’il faut que les contraintes environnementales soient faibles pour qu’il y ait intention de voyage ou de revisite.

Pour évaluer si une offre touristique s’inscrit dans la tendance du tourisme lent, les auteurs proposent un cadre théorique construit sur 6 continuums :

  • Flexibilité (de haute à basse),

  • Engagement social sur place (de riche à superficiel),

  • Consommation de la localité (de l’attachement au détachement),

  • Expérience concrète de la destination (de riche à superficielle),

  • Perceptions de la valeur (de haute à basse),

  • et Vivre le moment (de intensément à faiblement).

Outre l’apport théorique, ce cadre donne des consignes concrètes pour concevoir des offres touristiques du tourisme lent.

Le tourisme régénératif

En mettant l’accent sur la réparation, la restauration et la reconstruction, le tourisme régénératif marque un tournant stratégique pour le secteur du tourisme et constitue une réponse prometteuse pour transformer, reconsidérer et réduire les dommages environnementaux du tourisme conventionnel. Le tourisme régénératif offre à l’industrie un solide potentiel de transformation qui constitue une nouvelle étape vers la réflexion et le développement durable. Le tourisme régénérateur consiste à « proposer aux visiteurs des activités qui permettront aux destinations de guérir, tout en contrebalançant les impacts sociaux, économiques et environnementaux du tourisme ».

Du point de vue des prestataires touristiques, il existe cinq dimensions clés pour décrypter le tourisme régénérateur :

  • la durabilité,

  • l’harmonie avec les communautés,

  • la restauration des ressources,

  • la compensation carbone

  • les économies d’énergie.

Ces clés sont les leviers que les praticiens et les fournisseurs du tourisme doivent activer pour restaurer concrètement les destinations et façonner un avenir touristique durable.

Une source d’inspiration

Le tourisme régénérateur comprend deux dimensions essentielles du point de vue des consommateurs : la durabilité et la restauration. Le tourisme régénérateur est perçu comme une source d’inspiration et a un impact positif à la fois sur l’héritage personnel et sur la volonté des touristes de participer à nouveau. L’héritage personnel des touristes fait référence au sentiment de responsabilité qu’ils éprouvent à l’égard des générations futures et à leur désir de changer le monde en mieux et de laisser un impact durable sur ce monde qui aidera les générations futures et aura un effet positif durable sur la société.

France 24 – 2023.

En outre, les aspects moraux interviennent de la manière suivante : les touristes à la moralité élevée sont plus enclins à s’engager dans des activités de tourisme régénératif. Leur souci de « bien faire » pour les générations futures plutôt que pour eux-mêmes se traduit par un sens moral plus fort, qui les amène à s’attendre à un héritage personnel moins important et qui reflète leur nature altruiste.

Inversement, d’autres sont plus motivés pour « se montrer » et créer une image positive d’eux-mêmes sur le moment. Ces conclusions orientent sur la manière de promouvoir le tourisme régénérateur auprès de tous les touristes : insister pour les uns sur les avantages d’une cause altruiste et à long terme et, pour les autres, sur les avantages de la gratification instantanée et la communication de soi suite à cet engagement régénérateur qui est socialement valorisé. Quelle que soit la voie choisie, l’objectif final et sain de la transformation peut alors être atteint !

La prochaine étape : une vision circulaire et automotivante du tourisme

Signe d’une nouvelle phase d’évolution du tourisme, de futures recherches vont rapidement porter sur l’économie circulaire dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Il s’agit par exemple de la consommation d’aliments locaux aux hôtels et restaurants neutres en CO2. La gestion des déchets alimentaires dans le domaine du tourisme et de l’hôtellerie est aussi une voie de recherche prometteuse. Il faut aussi approfondir le rôle du tourisme dans la préservation et la régénération de la flore et de la faune locales en s’appuyant sur l’analyse internationale des situations reconnues de succès et de « best pratices ».

Enfin, l’analyse et la validation des indicateurs de « visites nettes zéro » dans les destinations est une piste importante, tout comme les recherches sur la signification personnelle et le pouvoir de développement et de transformation personnels que représentent, pour un individu, les pratiques de ces tourismes vertueux.

Qu’il soit durable, lent ou régénérateur, quels sont les bénéfices ressentis par l’individu voyageur lorsqu’il adopte ces pratiques durables, et comment faire en sorte que ces expériences touristiques soient l’ancrage et le ciment à partir duquel le voyageur ne désire plus autre chose que ces expériences plus vertes et plus vertueuses ?

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Un tourisme durable est-il possible ? – https://theconversation.com/un-tourisme-durable-est-il-possible-260860