BD : L’Héritage du dodo (épisode 10)

Source: The Conversation – France (in French) – By Mathieu Ughetti, Illustrateur, vulgarisateur scientifique, Université Paris-Saclay

La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Découvrez en exclusivité, le 10e et dernier épisode de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp. Dans cet épisode final, on fait le point sur ce qu’il nous reste à faire.


L’Héritage du dodo, c’est une bande dessinée pour tout comprendre à la crise du climat et de la biodiversité. Chaque semaine, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique mais aussi de déforestation, de pollution, de surexploitation… On y découvre à quel point nous autres humains sommes dépendants de la biodiversité, et pourquoi il est important de la préserver. On s’émerveille devant la résilience de la nature et les bonnes nouvelles que nous offrent les baleines, les bisons, les loutres…

On décortique les raisons profondes qui empêchent les sociétés humaines d’agir en faveur de l’environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté. En n’oubliant pas de citer les motifs d’espoir et les succès de l’écologie, car il y en a !

Retrouvez ici le dixième et dernier épisode de la série !

Ou rattrapez les épisodes précédents :

Épisode 1
Épisode 2
Épisode 3
Épisode 4
Épisode 5
Épisode 6
Épisode 7
Épisode 8
Épisode 9


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Merci d’avoir suivi L’Héritage du dodo. N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous. On a fait cette BD pour vous, on est curieux de savoir ce que vous en pensez.

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Une BD de Franck Courchamp & Mathieu Ughetti
Qui sommes-nous ?

Republication des planches sur support papier interdite sans l’accord des auteurs


Créé en 2007 pour accélérer et partager les connaissances scientifiques sur les grands enjeux sociétaux, le Fonds Axa pour la Recherche a soutenu près de 700 projets dans le monde entier, menés par des chercheurs originaires de 38 pays. Pour en savoir plus, consultez le site Axa Research Fund ou suivez-nous sur X @AXAResearchFund.

The Conversation

Cette BD a pu voir le jour grâce au soutien de l’Université Paris Saclay, La Diagonale Paris-Saclay et la Fondation Ginkgo.

Mathieu Ughetti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. BD : L’Héritage du dodo (épisode 10) – https://theconversation.com/bd-lheritage-du-dodo-episode-10-260124

Consommation sobre : un défi culturel autant qu’économique

Source: The Conversation – France (in French) – By Service Environnement, The Conversation France

Pour acheter moins et mieux, il s’agit par exemple de réapprendre à entretenir les objets et les réparer Sonja Filitz/Shutterstock

Pour rendre les modes de consommation sobres (durée de vie accrue des objets, réparation, réemploi…) plus désirables, il faut à la fois transformer leurs représentations sociales et mettre en place des dispositifs concrets pour mieux accompagner les consommateurs, expliquent Joël Ntsondé (ISTEC), Chloé Steux (Ecole polytechnique) et Franck Aggeri (Mines Paris – PSL).


Les Français se disent prêts à réduire leur consommation de biens matériels, selon une enquête de l’Agence de la transition écologique (Ademe). Ce qui n’a pas empêché sa campagne sur les « dévendeurs » de nourrir la controverse.

Ne pas associer sobriété et privation

Le marché de l’occasion, aujourd’hui considéré comme vertueux pour l’économie et l’environnement, montre comment l’évolution des représentations sociales peut favoriser de nouvelles pratiques de consommation. Une démarche à transposer à la sobriété, qui s’oppose à la possibilité d’une consommation et d’une production illimitée de biens matériels. La difficulté est aussi de ne pas associer sobriété et privation, sans parler des objectifs de croissance économique. Or, cela touche aux représentations individuelles, sociales et culturelles au fondement de nos sociétés.


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Pour rendre la sobriété désirable, on peut activer le levier des imaginaires sociaux. En effet, pour acheter moins et mieux, il faut un rapport différent au temps, à la possession et à l’accumulation de biens matériels. Il s’agit par exemple de réapprendre à entretenir les objets et les réparer. Il en va de même pour nos vêtements, dont les principales sources de séparation et de renouvellement sont l’usure et la lassitude. Les repriser ou les personnaliser nous aide à nous y attacher… et à les utiliser plus longtemps. C’est un changement systémique qui remettrait en cause les stratégies commerciales, renforcées par l’obsolescence esthétique et marketing, qui imprègnent nos imaginaires collectifs.

Pour cela, il faut renforcer la légitimité des pratiques de consommation sobres et agir sur les structures anthropologiques de l’imaginaire, les mythes, récits, symboles et croyances des acteurs. En ce sens, fabricants et distributeurs ont un rôle crucial à jouer, grâce à des offres commerciales détachées des logiques de volumes. Celles-ci peuvent être basées sur la réparabilité, la durabilité, ou encore l’économie de la fonctionnalité. Elles peuvent ainsi essaimer non seulement dans la tête des consommateurs, mais aussi chez les autres acteurs du marché.

Des « dispositifs de confiance »

Ce changement des imaginaires n’est toutefois pas suffisant : encore faut-il accompagner l’évolution des pratiques. Favoriser la réparation passe par le développement de ce que le sociologue Lucien Karpik appelle des « dispositifs de confiance », qui visent à rassurer les consommateurs sur la qualité de la réparation.

Ils peuvent prendre différentes formes : labels, guides, normes techniques… Nous pourrions envisager, à l’échelle nationale, la création d’un observatoire de la réparation. Il pourrait informer les consommateurs sur les acteurs qualifiés, la réparabilité des produits et des marques, les délais moyens ou les fourchettes de prix pratiqués. Cela améliorerait l’accès à ces activités sur le plan pratique, mais aussi leur image.

Ce texte est la version courte de l’article écrit par Joël Ntsondé (ISTEC), Chloé Steux (Ecole polytechnique) et Franck Aggeri (Mines Paris – PSL)

The Conversation

Cet article a été édité par le service Environnement de The Conversation à partir de la version longue écrite par Joël Ntsondé (ISTEC), Chloé Steux (Ecole polytechnique) et Franck Aggeri (Mines Paris – PSL).

ref. Consommation sobre : un défi culturel autant qu’économique – https://theconversation.com/consommation-sobre-un-defi-culturel-autant-queconomique-256635

Maladie d’Alzheimer et virus de l’herpès : que dit la science sur les liens possibles ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Benoît Delatour, Directeur de Recherche CNRS, Institut du cerveau (ICM), Sorbonne Université

Des études publiées dans des revues scientifiques de premier plan soutiennent l’hypothèse de liens entre la maladie d’Alzheimer et l’exposition au virus de l’herpès. Les travaux de recherche se poursuivent pour confirmer ou non ce scénario, sachant qu’Alzheimer est une pathologie complexe, très certainement déterminée par de multiples facteurs de risque.


La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui touche des sujets âgés dans sa forme la plus commune. On estime que 1 200 000 personnes souffrent de maladies neurodégénératives de type Alzheimer en France.

Découverte il y a un siècle, cette pathologie reste très largement énigmatique et les mécanismes exacts à l’origine de son déclenchement et de son évolution mal connus.

Parmi les hypothèses qui font l’objet de recherche, celle d’un lien entre Alzheimer et l’exposition au virus de l’herpès se voit renforcée par des publications récentes.

Des lésions cérébrales à l’origine d’un trouble cognitif majeur

La maladie d’Alzheimer est caractérisée par un ensemble de lésions microscopiques, initialement confinées dans certaines régions cérébrales. Les lésions se propagent ensuite, au fil de l’évolution de la maladie, dans de multiples aires du cerveau.


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Cette progression lente et stéréotypée des atteintes cérébrales s’accompagne de symptômes cliniques gradués (troubles de mémoire, perturbations du langage, difficulté à raisonner et planifier les actions, etc.). Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer vont ainsi développer un trouble neurocognitif majeur (le terme de démence est parfois utilisé) menant à la perte d’autonomie, à l’isolement social et à la disparition des facultés mentales les plus complexes, évoluées et représentatives de l’espèce humaine.

Les lésions cérébrales qui entrainent ces manifestations cliniques dramatiques sont schématiquement de deux types :

  • 1) Certaines lésions sont présentes à l’intérieur des neurones sous forme d’enchevêtrements fibrillaires (on parle de « dégénérescence neurofibrillaire ») constitués d’une protéine, la protéine tau, qui s’accumule sous une forme anormale.

  • 2) D’autres lésions sont identifiées dans l’espace extracellulaire du tissu cérébral, sous la forme de plaques, dont la nature chimique est principalement composée d’une protéine (le peptide amyloïde-ß ou Aß) : les plaques amyloïdes.

Les dégénérescences neurofibrillaires et les plaques amyloïdes constituent la signature neuropathologique de la maladie d’Alzheimer. Toutefois, d’autres lésions sont observées dans les cerveaux des patients.

À ce jour, aucun traitement préventif ou curatif

Concernant les mécanismes à l’origine de la maladie, une avancée importante s’est produite au tournant des années 90 avec l’identification, chez certains patients, de mutations génétiques impliquées dans la production du peptide Aß.

Ces découvertes ont permis d’ébaucher l’hypothèse de la « cascade amyloïde » qui propose que l’accumulation de peptide Aß dans le cerveau est un événement princeps et fondateur qui va entrainer l’ensemble des autres lésions cérébrales et mener à la démence.

Cependant, les mutations responsables d’une surproduction d’Aß ne concernent qu’une très faible minorité de patients (moins de 1 %) et il est vraisemblable qu’une multitude d’autres facteurs causaux sont à l’œuvre dans la maladie.

Sans connaissance approfondie des mécanismes responsables de la maladie d’Alzheimer, il n’est pas illogique de constater qu’aujourd’hui aucun traitement préventif ou curatif efficace ne soit disponible, malgré l’effort de recherche thérapeutique très conséquent.

L’identification des déterminants causaux à l’origine de la maladie d’Alzheimer et des facteurs qui viennent moduler le risque de développer cette maladie ou qui en modifient la trajectoire est une priorité et mobilise de nombreuses équipes de recherche.

Des liens possibles entre Alzheimer et le virus de l’herpès

Récemment, un article scientifique publié dans la prestigieuse revue Neuron a rapporté des données inédites. Cette étude a analysé deux cohortes de plusieurs milliers de sujets finlandais ou anglais et montré qu’une encéphalite virale (une inflammation du cerveau consécutive à une infection virale) augmentait de 20 à 30 fois le risque de développer ultérieurement une maladie d’Alzheimer.

Ces travaux faisaient suite à d’autres études, dans différents pays, qui indiquaient un risque accru de développer une maladie d’Alzheimer après infection au virus de l’herpès (HSV-1), un virus hautement neurotrope (c’est-à-dire capable de pénétrer dans le cerveau). Ces mêmes études soulignaient l’effet protecteur (une réduction du risque de maladie d’Alzheimer) d’un traitement antiviral.

Plus récemment et de façon encore plus convaincante des études quasi expérimentales en population humaine ont montré, au Pays de Galles, en Australie et aux USA, que la vaccination contre le virus de la varicelle-zona (VZV), un virus de la même famille que le virus de l’herpès (HSV-1), réduisait de façon significative le risque de développer une démence.

Une hypothèse déjà défendue il y a 40 ans

L’hypothèse d’un rôle des virus, en particulier des virus de l’herpès, dans la maladie d’Alzheimer n’est pas nouvelle. Elle a été défendue, il y a plus de 40 ans, par un neurologue canadien, Melvyn Ball, qui suggérait que les réactivations du virus de l’herpès HSV-1 (le fameux bouton de fièvre) pourraient s’accompagner d’une neuroinvasion (c’est-à-dire une pénétration du virus dans le cerveau) et d’une dégénérescence des tissus cérébraux déclenchant une démence de type maladie d’Alzheimer.

Des travaux de recherche sont venus par la suite étayer l’hypothèse, en identifiant des « signatures virales » (correspondant aux protéines ou au génome du virus) qui marquent la présence de virus de l’herpès (HSV-1) dans les cerveaux des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, notamment au niveau des plaques amyloïdes.

Ces observations, ainsi que les premières études épidémiologiques, peuvent cependant être critiquées : mettre en évidence une association entre infection et maladie d’Alzheimer n’est pas suffisant pour établir un lien de causalité !

On pourrait même postuler, de façon provocatrice, que c’est la maladie d’Alzheimer qui rend l’organisme permissif aux infections virales (et non l’inverse !), expliquant ainsi la présence de matériel viral dans les cerveaux des patients Alzheimer.

Alzheimer et HSV-1 : pourquoi la recherche rebondit aujourd’hui

L’hypothèse infectieuse de la maladie d’Alzheimer s’est néanmoins trouvée renforcée, plus récemment, par deux séries de résultats expérimentaux :

  • 1) la découverte que le peptide Aß qui précipite au cœur des plaques amyloïdes a des fonctions antimicrobiennes et pourrait ainsi participer à une réponse physiologique (immunitaire) en réaction à une infection virale,

  • 2) le fait de réussir à induire, après infection par le virus de l’herpès (HSV-1) in vitro (dans des cultures de cellules) ou in vivo chez l’animal, d’une surproduction de peptides Aß et de protéines tau pathologiques (la protéine tau étant, on le rappelle, l’autre marqueur moléculaire de la maladie d’Alzheimer).

L’hypothèse d’un scénario à plusieurs étapes

La compréhension des relations entre infections virales et maladie d’Alzheimer a donc progressé ces dernières années et de nouvelles hypothèses émergent.

Concernant HSV-1, le virus le plus étudié, un scénario en plusieurs étapes peut être proposé :

  • 1) l’infection au virus de l’herpès (HSV-1) est courante dans nos populations et le virus est capable d’entrer en sommeil (phase de latence) pendant plusieurs décennies dans certains ganglions nerveux,

  • 2) au cours du vieillissement l’organisme fait face à différents stress qui, combinés à une baisse d’efficacité des défenses immunitaires du sujet âgé, vont favoriser la sortie de latence du virus et sa propagation dans le cerveau,

  • 3) la présence de virus actifs dans le cerveau va engendrer une réponse Aß et tau locale, à bas bruit, dans les zones infectées,

  • 4) ces lésions Aß et tau, associées à une inflammation cérébrale, vont initier un cercle vicieux d’autoamplification menant à l’intensification et à la propagation des lésions dans d’autres régions cérébrales.

Ce scénario hypothétique va nécessiter un important effort de recherche pour être validé (ou déconstruit, ainsi va la science !). Des travaux expérimentaux sont nécessaires chez l’animal ou sur des préparations tissulaires tridimensionnelles (organoïdes cérébraux) pour étudier finement la relation causale entre infection et marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer.

Les études se poursuivent

Les études épidémiologiques, dans les populations humaines, se poursuivent également et cherchent à affiner l’impact des niveaux d’infection sur l’apparition ou l’aggravation des biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer.

Au final, c’est un ensemble de champs disciplinaires qui est convoqué et qui nécessite la communication et le partage de connaissances et d’idées entre virologues, neurologues, épidémiologistes, pathologistes, etc.

Confirmer le rôle d’agents viraux dans la maladie d’Alzheimer, mais aussi dans d’autres maladies neurodégénératives (comme la sclérose en plaques étroitement associée au virus Epstein-Barr, encore un herpès virus !) ouvrirait certainement la porte à de nouvelles pistes thérapeutiques préventives (vaccination) ou curatives (antiviraux).

Il faut néanmoins garder à l’esprit que la maladie d’Alzheimer est une pathologie extrêmement complexe et très certainement multidéterminée par différents éléments ou facteurs de risque, génétiques ou environnementaux.

Conclure à une cause unique de déclenchement de la maladie (comme celle d’une infection virale antérieure) est de toute évidence une ineptie. On rappellera à ce propos que bien qu’une grande partie (70-80 %) de la population humaine soit infectée par le virus de l’herpès (HSV-1), cette infection n’est pas une condition sine qua non pour développer la maladie !

The Conversation

Benoît Delatour a reçu une bourse de recherche de l’association France Alzheimer.

ref. Maladie d’Alzheimer et virus de l’herpès : que dit la science sur les liens possibles ? – https://theconversation.com/maladie-dalzheimer-et-virus-de-lherpes-que-dit-la-science-sur-les-liens-possibles-259811

Mexican flags flown during immigration protests bother white people a lot more than other Americans

Source: The Conversation – USA – By Edward D. Vargas, Associate Professor, School of Transborder Studies, Arizona State University

Protesters wave the Mexican flag in Los Angeles on June 9, 2025. Luke Johnson/Los Angeles Times via Getty Images

Agents with U.S. Immigration and Customs Enforcement conducted a series of raids throughout Los Angeles and Southern California in early June 2025, sparking protests in downtown Los Angeles and other cities, including New York, Chicago and Austin, Texas.

Some demonstrators expressed growing frustration with ICE by showcasing the Mexican flag, which has become the defining symbol of the protests in Los Angeles.

The use of the flag has also become the subject of intense debate in the media.

Some outlets have depicted the flag as symbolizing ethnic pride, solidarity with immigrants and opposition to the Trump administration.

Others have called it the “perfect propaganda” tool for Republicans and conservatives, some of whom have referred to the Mexican flag as the “confederate banner of the L.A. riots.” They point to its use as evidence of anarchy and a city taken over by immigrants.

But what do Americans think about protesters waving the Mexican flag, and why?

Much of our knowledge surrounding this question is based on the 2006 immigrant rights protests across the United States, which occurred in a much less politically polarized era. Additionally, a vast majority of protesters then brought U.S. flags compared with other national flags, including the Mexican flag.

Research published in 2010 found that even though the public was more likely to be bothered by protesters waving the Mexican flag than the U.S. flag, that difference was largely absent once you divided the public into subgroups, including white people, Latinos and immigrants.

To reexamine public attitudes toward protesters waving the Mexican flag, we conducted an online survey experiment among 10,145 U.S. adults in 2016.

As political scientists who specialize in Latino politics and immigration-related issues, we tested how exposure to the Mexican flag versus the American flag shaped opinion about protests during Trump’s first presidential campaign in 2016.

We found that even though much of the public continued to be less bothered by the American flag than the Mexican flag, there were also important and perhaps surprising differences in protest attitudes between white Americans and other racial and ethnic groups.

A man holds a Mexican flag in front of several police officers on motorcycles.
A demonstrator holds a Mexican flag in front of law enforcement during a protest on June 13, 2025, in Los Angeles.
AP Photo/Wally Skalij

More or less bothered

In the study, we randomly divided respondents into two groups: a treatment group and a control group. Respondents in the treatment group were shown an image of protesters waving a Mexican flag. Respondents in the control group were shown an image of protesters waving the U.S. flag. After viewing the image, respondents were then asked about the extent to which they supported or were bothered by the protests.

Overall, 41% of the respondents said they were bothered by protesters waving the Mexican flag, and 28% said protesters waving the U.S. flag bothered them.

Our results show important differences in opinion between racial and ethnic groups.

White respondents were more likely than any other racial and ethnic group to say they were bothered by protesters waving Mexican flags. Sixty-nine percent of white respondents said they were bothered, 31 percentage points more than the average of nonwhite respondents.

However, 51% of white respondents were also bothered by the image of protesters waving U.S. flags. By contrast, just 20% of Latinos, 33% of Black Americans and 34% of Asian Americans said they were bothered by protesters waving U.S. flags.

Put differently, large majorities of nonwhite respondents were supportive of showing U.S. flags at protests despite their more positive views toward Mexican flags.

What explains racial differences?

When taking a deeper look at what causes Americans to feel bothered about protesters waving Mexican flags, some clear patterns emerge.

On average, older Americans were more likely to be bothered relative to younger Americans. This was particularly true for Americans over 40 years of age compared with millennials, born between 1981 and 1996, and Gen Z respondents, born between 1997 and 2012.

However, there are some nuances when examining age groups and whether they had attended a protest, march or rally in the previous year.

Our findings suggest that older Americans who had not engaged in protests were most likely to be bothered when they saw images of protesters waving Mexican flags. Millennials and Gen Z respondents who participated in a protest were least likely to be bothered.

Given that this issue intersects nationality, race, ethnicity, gender and citizenship status, it’s logical that these factors explained why Americans supported or opposed the use of Mexican flags at immigration protests.

A woman carrying a Mexico-U.S. flag walks in front of soldiers.
A woman carrying a flag with details of the United States and Mexican flags walks past members of the United States Marine Corps on June 14, 2025, in Los Angeles.
Cristopher Rogel Blanquet/Getty Images

For example, racial minorities who have a stronger sense of ethnic or racial identity were more likely to be supportive of protesters waving Mexican and U.S. flags. In other words, group identity is a strong predictor of support for protests in general, regardless of what flag is being flown.

However, minorities who lack a sense of ethnic pride and identity were most likely to be upset when they saw others expressing their First Amendment right to peaceably assemble.

The reality is that recent immigration protests across the country are the first time many of the Latino youth who are citizens have participated in these types of protests. Anyone under age 22 would not have memory of, or been alive during, the last large pro-immigrant protests in 2006.

The Mexican flag represents more than nationalistic pride. It represents their parents’ heritage, hard work and their binational experience as Americans engaged in politics.

The Conversation

The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Mexican flags flown during immigration protests bother white people a lot more than other Americans – https://theconversation.com/mexican-flags-flown-during-immigration-protests-bother-white-people-a-lot-more-than-other-americans-259004

Invasive carp threaten the Great Lakes − and reveal a surprising twist in national politics

Source: The Conversation – USA – By Mike Shriberg, Professor of Practice & Engagement, School for Environment & Sustainability, University of Michigan

Invasive Asian carp are spreading up the Mississippi River system and already clog the Illinois River. AP Photo/John Flesher

In his second term, President Donald Trump has not taken many actions that draw near-universal praise from across the political spectrum. But there is at least one of these political anomalies, and it illustrates the broad appeal of environmental protection and conservation projects – particularly when it concerns an ecosystem of vital importance to millions of Americans.

In May 2025, Trump issued a presidential memorandum supporting the construction of a physical barrier that is key to keeping invasive carp out of the Great Lakes. These fish have made their way up the Mississippi River system and could have dire ecological consequences if they enter the Great Lakes.

It was not a given that Trump would back this project, which had long been supported by environmental and conservation organizations. But two very different strategies from two Democratic governors – both potential presidential candidates in 2028 – reflected the importance of the Great Lakes to America.

As a water policy and politics scholar focused on the Great Lakes, I see this development not only as an environmental and conservation milestone, but also a potential pathway for more political unity in the U.S.

A feared invasion

Perhaps nothing alarms Great Lakes ecologists more than the potential for invasive carp from Asia to establish a breeding population in the Great Lakes. These fish were intentionally introduced in the U.S. Southeast by private fish farm and wastewater treatment operators as a means to control algae in aquaculture and sewage treatment ponds. Sometime in the 1990s, the fish escaped from those ponds and moved rapidly up the Mississippi River system, including into the Illinois River, which connects to the Great Lakes.

Sometimes said to “breed like mosquitoes and eat like hogs,” these fish can consume up to 40% of their body weight each day, outcompeting many native species and literally sucking up other species and food sources.

Studies of Lake Erie, for example, predict that if the carp enter and thrive, they could make up approximately one-third of the fish biomass of the entire lake within 20 years, replacing popular sportfishing species such as walleye and other ecologically and economically important species.

Invasive carp are generally not eaten in the U.S. and are not desirable for sportfishing. In fact, silver carp have a propensity to jump up to 10 feet out of the water when startled by a boat motor. That can make parts of the Illinois River, which is packed with the invasive fish, almost impossible to fish or even maneuver a boat.

Look out! Silver carp fly out of the water, obstructing boats and hitting people trying to enjoy a river in Indiana.

The Brandon Road Lock and Dam solution

Originally, the Great Lakes and the Mississippi River were not connected to each other. But in 1900, the city of Chicago connected them to avoid sending its sewage into Lake Michigan, from which the city draws its drinking water.

The most complete way to block the carp from invading the Great Lakes would be to undo that connection – but that would recreate sewage and flooding issues for Chicago, or require other expensive infrastructure upgrades. The more practical, short-term alternative is to modify the historic Brandon Road Lock and Dam in Joliet, Illinois, by adding several obstacles that together would block the carp from swimming farther upriver toward the Great Lakes.

The barrier, estimated to cost US$1.15 billion, was authorized by Congress in 2020 and 2022 after many years of intense planning and negotiations. For the first phase of construction, the project received $226 million in federal money from the Bipartisan Infrastructure Law to complement $114 million in state funding – $64 million from Michigan and $50 million from Illinois.

On the first day of Trump’s second term, however, he paused a wide swath of federal funding, including funding from the Bipartisan Infrastructure Law. And that’s when two different political strategies emerged.

A brief documentary explains the construction of a connection between the Great Lakes and the Mississippi River basin.

Pritzker vs. Whitmer vs. Trump

Illinois, a state that has voted for the Democratic candidate in every presidential election since 1992, has the most financially at stake in the Brandon Road project because the project requires the state to acquire land and operate the barrier. When Trump issued his order, Illinois Gov. JB Pritzker, a Democrat, postponed the purchase of a key piece of land, blaming the “Trump Administration’s lack of clarity and commitment” to the project. Pritzker essentially dared Trump to be the reason for the collapse of the Great Lakes ecosystem and fisheries.

Another Democrat, Gov. Gretchen Whitmer of Michigan, a swing state with the most at stake economically and ecologically if these carp species enter the Great Lakes, took a very different approach. She went to the White House to talk with Trump about invasive carp and other issues. She defended her nonconfrontational approach to critics, though she also hid her face from cameras when Trump surprised her with an Oval Office press conference. When Trump visited Michigan, she stood beside him as they praised each other.

When Trump released the federal funding in early May, Pritzker kept up his adversarial language, saying he was “glad that the Trump administration heard our calls … and decided to finally meet their obligation.” Whitmer stayed more conciliatory, calling the funding decision a “huge win that will protect our Great Lakes and secure our economy.” She said she was “grateful to the president for his commitment.”

A woman shakes hands with a man in a blue suit wearing a red ballcap.
Michigan Gov. Gretchen Whitmer greets President Donald Trump as he arrives in her state in late April 2025.
AP Photo/Alex Brandon

Why unity on carp?

Whether coordinated or not, the net result of Pritzker’s and Whitmer’s actions drew praise from both sides of the aisle but was little noticed nationally.

Trump’s support for the project was a rare moment of political unity and an extremely unusual example of leading Democrats being on the same page as Trump. I attribute this surprising outcome to two key factors.

First, the Great Lakes region holds disproportionate power in presidential elections. Michigan, Wisconsin and Pennsylvania have backed the eventual winner in every presidential race for the past 20 years. This swing state power has been used by advocates and state political leaders to drive funding for Great Lakes protection for many years.

Second, Great Lakes are the uniting force in the region. According to polling from the International Joint Commission, the binational body charged with overseeing waterways that cross the U.S.-Canada border, there is “nearly unanimous support (96%) for the importance of government investment in Great Lakes protections” from residents of the region.

There aren’t any other issues with such high voter resonance, so politicians want to be sure Great Lakes voters are happy. For example, Vice President JD Vance has been particularly vocal about the Great Lakes. And Great Lakes restoration funding was one of the few things in the presidential budget that Democrats and Republicans agreed on.

Both Pritzker and Whitmer likely had state-based and national motivations in mind and big aspirations at stake.

Their combined effort has put the project back on track: As of May 12, 2025, Pritzker authorized Illinois to sign the land-purchase agreement he had paused back in February.

And perhaps the governors have identified a new area for unity in a divided United States: Conservation and environmental issues have broad public support, particularly when they involve iconic natural resources, shared values and popular outdoor pursuits such as fishing and boating. Even when political strategies diverge, the results can bring bipartisan satisfaction.

The Conversation

Mike Shriberg was previously the Great Lakes Regional Executive Director of the National Wildlife Federation, which entailed being a co-chair (and, for part of the time, Director) of the Healing Our Waters – Great Lakes Coalition.

ref. Invasive carp threaten the Great Lakes − and reveal a surprising twist in national politics – https://theconversation.com/invasive-carp-threaten-the-great-lakes-and-reveal-a-surprising-twist-in-national-politics-257707

Éducation à la sexualité : Sur les réseaux sociaux, apprendre à protéger son intimité

Source: The Conversation – France (in French) – By Prescillia Micollet, Doctorante en Sciences de l’Éducation et de la Formation , Université Lumière Lyon 2

Dans un contexte où les adolescents investissent de plus en plus tôt les réseaux sociaux et où les frontières entre vie privée et espace public se brouillent, l’éducation à la vie affective et sexuelle va de pair avec l’éducation aux médias. Il s’agit d’apprendre à prendre du recul sur les contenus qui circulent et à résister à la pression de groupe.


Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) prévoit, dès le CM2, un lien avec l’éducation aux médias et à l’information (EMI). On y aborde des notions comme la liberté d’expression en ligne, la vie privée, le droit à l’intimité, ou encore la prévention du cyberharcèlement. L’objectif est clair : « Faire en sorte que les élèves apprennent à devenir des citoyens responsables. »

En effet, les adolescents investissent les réseaux sociaux de plus en plus tôt, souvent sans accompagnement suffisant. Cela soulève des enjeux cruciaux, notamment celui de l’« extimité », concept défini par le psychiatre Serge Tisseron comme

« le désir de rendre visibles certaines facettes de son intimité, parfois même à son insu, au risque de susciter indifférence ou rejet ».


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À l’ère numérique, la frontière entre vie privée et espace public devient floue, rendant l’intimité exposable à tout moment, comme le rappelle Yaëlle Amsellem-Mainguy :

« L’accès facilité à la pornographie, l’exposition de la sexualité sur les réseaux sociaux ou le cyberharcèlement angoissent, car ils s’exerceraient dans des espaces incontrôlables. »

Dans ce contexte, quel rôle l’éducation entre pairs joue-t-elle dans la construction des comportements numériques adolescents ?

Pour explorer ces questions, appuyons-nous sur des observations en collège et sur une série d’entretiens qualitatifs dans 12 académies françaises auprès de formateurs intervenant dans l’éducation aux médias et l’éducation à la vie affective (infirmiers, conseillers principaux d’éducation, enseignants).

Insultes et moqueries sur les réseaux sociaux

« 75 % des jeunes de 11-12 ans utilisent régulièrement les réseaux sociaux. » Snapchat, Instagram, BeReal, WhatsApp ou TikTok ne sont plus de simples applications, mais des espaces de socialisation à part entière. Les adolescents y construisent leurs relations, leurs normes… et parfois leurs violences. Sur ces plateformes, les interactions sont rapides, souvent irréfléchies, avec un humour qui peut basculer dans l’humiliation.

Infirmière : « Mes camarades disent des choses méchantes sur moi sur les réseaux sociaux. Qu’en pensez-vous ? »

Un élève : « Il y a des insultes dans le groupe (WhatsApp), et quand on insulte, on t’affiche. »

Une élève : « Mes amis m’insultent et rigolent. »

Une autre : « Moi, je pense que ça fait partie de l’amitié, c’est pour taquiner. »

Un élève : « Avec mes potes, c’est drôle de faire ça. »

Insultes et moqueries deviennent des jeux anodins entre amis. L’écran agit comme un filtre émotionnel : il désinhibe, déresponsabilise. De plus « la plupart des mots sont violents et instaurent un climat malsain entre les sexes ». Les adolescents n’ont pas toujours conscience de la portée blessante de leurs paroles. Cette dynamique favorise aussi des propos sexistes.

Alors que certaines adolescentes pensaient l’égalité filles/garçons acquise, elles découvrent en ligne une forme de domination bien réelle. Comme le rappelle la sociologue Marie Duru-Bellat :

« Il y a encore la banalisation des moqueries sexistes sur le Net (avec par exemple la diffusion de vidéos à prétention humoristique donnant une représentation dégradante des femmes sur des plateformes comme TikTok), autant d’évolutions pointées par le Haut Conseil à l’égalité… Au total, 72 % des femmes de 15 à 24 ans considèrent que femmes et hommes ne sont pas traités de la même manière sur les réseaux sociaux. »

Une logique d’exposition

Un autre danger de cette socialisation numérique est le partage de photos intimes (« nudes ») qui sont vues comme une « normalisation » de pratiques par les adolescents. Beaucoup de jeunes sous-estiment les conséquences :

Un élève : « Il y a une personne, sa photo a circulé et c’est une photo intime. Un autre a demandé à plein de personnes de lui envoyer cette photo. »

Ce qui était perçu comme un échange privé devient une exposition massive, avec son lot de moqueries, de harcèlement et d’humiliation. Cette logique d’exposition est alimentée par l’imitation de modèles médiatiques, notamment issus de la téléréalité. Serge Tisseron l’exprime ainsi :

« Plus tu me regardes, plus tu crois me connaître, et moins tu en sauras. C’est à peu de chose près ce que chacun des candidats à la fameuse émission Loft Story, au printemps 2001, a dit et répété. »

Sur les réseaux, la socialisation entre pairs fonctionne par normes implicites : montrer, s’exposer, tout en risquant l’humiliation si l’on dépasse la « bonne » limite. Cette contradiction renforce une violence normalisée puisque les enfants et adolescents sont « submergés de données de toutes sortes sur la sexualité », souvent intégrées comme une manière ordinaire de faire groupe.

Réfléchir aux normes et à l’intimité

Pour amener les adolescents à réfléchir à leurs pratiques relationnelles, affectives et sexuelles, les professionnels de santé scolaire, les conseillers d’éducation ou encore les infirmières privilégient la discussion entre pairs afin « d’instaurer et assurer dans le groupe un climat de confiance » et d’inviter les élèves à respecter la parole de chacun, tant durant la séance qu’à son issue.

Interview de la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy (Conseil économique social et environnemental, 2023).

L’objectif est de permettre aux adolescents de réfléchir ensemble, à partir de leurs représentations, expériences et en fonction « de leur âge », tout en les aidant à développer leur résistance à la pression du groupe, y compris face à des sujets sensibles comme la sexualité, l’alcool ou l’usage de substances.

Les séances révèlent souvent la force de l’émulation entre adolescents, qui peut favoriser des prises de conscience… mais aussi amplifier les comportements problématiques comme des « comportements sexuels violents ».

L’éducation à la vie affective s’appuie donc sur des méthodes actives pour travailler des « compétences psychosociales clés » comme l’écoute, la prise de recul, l’expression des émotions, l’analyse critique et l’empathie, mais aussi « des valeurs humanistes ». Ces compétences sont indispensables pour lutter contre les violences « relationnelles et le sexisme » ordinaire, mais aussi pour mieux comprendre l’impact de la socialisation de et par les réseaux sociaux.

Car, à travers la discussion en groupe, les élèves peuvent déconstruire certaines normes ou pratiques vues comme « banales » en ligne, et prendre conscience des effets réels de leurs paroles et de leurs actes sur les autres.

The Conversation

Prescillia Micollet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Éducation à la sexualité : Sur les réseaux sociaux, apprendre à protéger son intimité – https://theconversation.com/education-a-la-sexualite-sur-les-reseaux-sociaux-apprendre-a-proteger-son-intimite-259740

Le nationalisme mène-t-il toujours au fascisme ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Xosé M. Núñez Seixas, Professor of Modern and Contemporary History, Universidade de Santiago de Compostela

Souvent associé à l’extrême droite, le nationalisme peut aussi servir des projets progressistes d’autodétermination. La spécificité du fascisme réside dans la réappropriation ethnique et autoritaire du nationalisme à des fins de domination et d’exclusion.


Le nationalisme est généralement considéré comme l’apanage de la droite politique, et il a longtemps été un pilier des gouvernements autoritaires et fascistes à travers le monde. Dans les pays démocratiques, le terme « nationalisme » est associé au chauvinisme national – une croyance en la supériorité inhérente de sa propre nation et de ses citoyens –, mais la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît.

Pour commencer, il y a peu de différence entre patriotisme et nationalisme, si ce n’est une question de degré d’intensité. La plupart d’entre nous reconnaissent cependant la distinction entre l’amour de son pays et les aspects plus durs, souvent exclusifs ou xénophobes, du nationalisme extrême. Le patriotisme est un nationalisme modéré, mais le nationalisme radical dérive souvent vers la xénophobie.

L’analyse devient encore plus complexe avec le nationalisme infra-étatique ou minoritaire, un phénomène tout à fait différent, souvent associé à des idéaux de gauche ou progressistes. De nombreux partis et idéologies – en Europe, dans les Amériques et ailleurs – utilisent le terme « nationaliste » sans connotation d’extrême droite. Ils présentent plutôt la nation comme une force d’émancipation visant l’autodétermination d’un territoire donné.

Ainsi, le National Party au Suriname, le Parti nationaliste basque, le Scottish National Party et le Bloc nationaliste galicien. Certains grands mouvements de gauche européens, comme le parti irlandais Sinn Féin, sont farouchement nationalistes, tandis que d’autres, comme le gallois Plaid Cymru, adhèrent à des principes éco-socialistes.

Cela ne signifie pas que les nationalismes minoritaires ou infra-étatiques soient à l’abri de l’influence de l’extrême droite. Le parti belge Vlaams Belang et l’Alliance catalane sont deux exemples contemporains de nationalisme minoritaire d’extrême droite. Si l’on remonte plus loin, l’Organisation des nationalistes ukrainiens et l’Union nationale flamande occupaient un espace politique similaire dans l’entre-deux-guerres.

Malgré ces nuances, l’idéologie nationaliste glisse souvent facilement vers le fascisme. La résurgence du nationalisme ethnique à la fin du XXe siècle a également renforcé cette association, souvent véhiculée par les concepts de nativisme et de populisme, donnant naissance à des mouvements aussi divers que le « Make America Great Again » de Trump, l’irrédentisme de Poutine ou le nationalisme hindou hindutva de Narendra Modi en Inde.

L’importance de la nation au sein du fascisme semble aller de soi, et le nationalisme constitue une base de toute idéologie fasciste. Cependant, la relation entre nationalisme et fascisme reste encore peu explorée. Mes recherches visent à combler cette lacune en étudiant de près le lien entre les diverses conceptions de la nation et le contenu idéologique du fascisme.

Nationalisme ethnique et naissance du fascisme

L’idéologie fasciste a souvent été comprise comme un prolongement inévitable des formes de nationalisme ethnique du XIXe siècle. Favorisé par l’impérialisme européen et la Première Guerre mondiale, le nationalisme est devenu de plus en plus chauvin, raciste et xénophobe.

Cette tournure ethnique du nationalisme a été déterminante pour en faire un instrument du fascisme, ainsi qu’un argument central pour diverses formes de droite radicale, allant d’un conservatisme « fascisé » à des régimes autoritaires plus affirmés.

Dans la plupart des théories sur le fascisme, le nationalisme est implicitement lié à une vision unifiée de la nation comme entité organique, avec des critères d’inclusion fondés sur des vérités « objectives » comme la langue, le sang et le sol, l’histoire et la tradition.

Cependant, des éléments comme l’ascendance, l’histoire et le territoire ne sont pas propres aux conceptions fascistes ou autoritaires de la nation. Beaucoup de ces composantes se retrouvent aussi dans des définitions libérales et républicaines de la nation, qui supposent l’existence d’une « communauté culturelle » au sein de laquelle la citoyenneté se construit.

En réalité, plusieurs mouvements progressistes en Europe – comme Sinn Féin en Irlande – s’enracinent dans un nationalisme radical au début du XXe siècle, et défendent aujourd’hui une vision tolérante et ouverte de la société, à l’opposé du fascisme.

Il est donc vrai que tout fasciste est nationaliste, mais tout nationaliste n’est pas nécessairement fasciste. Cela soulève la question suivante : comment le fascisme instrumentalise-t-il le nationalisme pour parvenir à ses fins ? À mon avis, il existe une conception et une utilisation spécifiquement fascistes du nationalisme.

Le nationalisme fasciste en cinq points

Les fascistes voient la nation comme une entité organique unique, unissant les personnes non seulement par leur ascendance, mais aussi par le triomphe de la volonté. Elle devient ainsi la force motrice et unificatrice des masses vers un objectif commun. Mais pour cela, les fascistes doivent réinterpréter le nationalisme à leur manière.

Pour servir le fascisme, le concept de nation doit s’aligner avec les principes fondamentaux de l’idéologie fasciste : l’idée de révolution, l’ordre social corporatiste, la pureté raciale (définie biologiquement ou culturellement) et la mise en avant de valeurs non rationnelles. La diversité des traditions nationalistes explique aussi la variété géographique du fascisme.

Bien que les éléments fournis par le nationalisme soient anciens, le fascisme les a recombinés pour créer quelque chose de nouveau. Cela a produit ce que l’on appelle une conception « générique » de la nation fasciste, qui peut être résumée en cinq points clés :

  1. Une vision paramilitaire des liens sociaux et du caractère national : la nation vit dans un état de mobilisation militaire permanente, où les valeurs martiales comme la discipline, l’unité de commandement et le sacrifice priment sur les droits individuels. L’ordre social tout entier et la nature de ses liens sont intégrés à un schéma paramilitaire, ce qui signifie que toute l’organisation sociale devient une sorte de caserne. Cela explique aussi la tendance expansionniste du fascisme, sa quête d’empire et ses guerres – autant de causes servant à garder la nation mobilisée en permanence et unie.

  2. Une vision darwinienne de la société nationale et internationale où survivent les meilleurs : cela entraîne l’exclusion des autres (définis selon la race, la langue, la culture, etc.), la croyance en la souveraineté absolue de sa nation, et la justification de la violence contre ses ennemis internes et externes. L’impérialisme devient la conséquence naturelle du nationalisme affirmatif.

  3. La nation au-dessus de tout, y compris la religion : les régimes fascistes se sont généralement déclarés indépendants de la religion. Là où ils sont arrivés au pouvoir, la plupart ont passé un accord avec l’Église, pourtant, le fascisme place toujours la nation au-dessus de Dieu et de la foi, de manière explicite ou implicite.

  4. L’unité de l’État, de la culture et de la nation : dans la vision fasciste, la nation ne domine ni ne sert l’État. Elle s’y identifie totalement tout en le dépassant : c’est ce qu’on appelle le national-étatisme.

  5. La croyance absolue dans un leader charismatique : la nation fasciste repose sur la confiance inconditionnelle envers un chef unique et tout-puissant. Dans l’Allemagne nazie, c’était le Führerprinzip selon lequel la parole du Führer surpassait toute loi écrite. Cette figure du chef fasciste transcende celle du héros national du XIXe siècle ou « père fondateur » de la nation. Le leader fasciste assimile et incarne les qualités de tous les héros nationaux qui l’ont précédé.

The Conversation

Xosé M. Núñez Seixas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le nationalisme mène-t-il toujours au fascisme ? – https://theconversation.com/le-nationalisme-mene-t-il-toujours-au-fascisme-259315

Detroit restaurants identified as ‘Black-owned’ on Yelp saw a slight drop in business ratings

Source: The Conversation – USA (2) – By Matthew Bui, Assistant Professor of Information and Digital Studies, University of Michigan

Yelp’s Black-owned tag was designed to help business owners like Don Studvent attract more customers. His restaurant closed in 2018 after nine years in business. AP Photo/Carlos Osorio

When the online review platform Yelp added a “Black-owned” tag in 2020, it boosted the visibility of Black-owned restaurants in Detroit. It also caused their ratings to drop, according to our recent study.

Both local and nonlocal reviewers who showed awareness of a restaurant’s Black ownership rated restaurants 3.03 stars on average. Those who did not acknowledge Black ownership gave a rating of 3.78 stars on average. The tag seems to have caused the average rating to drop by attracting more reviewers who were aware of Black ownership.

Why it matters

Technology companies often introduce new features and tools to influence user behavior and make their platforms more usable.

Although Yelp intended to support Black communities with the Black-owned tag, the design intervention was harmful to Black restaurant owners in Detroit because Yelp failed to consider platform and community-based factors that significantly shape user interactions.

Yelp’s user base is predominantly white, educated and affluent. Making Detroit’s Black-owned restaurants more visible to Yelp users may have amplified cross-cultural interactions and frictions. For example, non-Black users sometimes mentioned “slower” and “rude” service as justifications for lower ratings. Close readings of these reviews hinted at intercultural and communicative clashes.

Even if Black-owned restaurants businesses didn’t select the tag, they appeared in searches for “Black-owned restaurants,” in 2022 when we conducted the study and as recently as 2025. Businesses can remove the “Black-owned” tag, but Yelp doesn’t provide a way for them to opt out of search results.

How we did our work

To examine the local impacts of Yelp’s Black-owned tag, we collected over 250,000 Yelp reviews of Black- and non-Black-owned restaurants in Detroit and Los Angeles.

We identified Black-owned restaurants through community-sourced lists for Detroit and Los Angeles and then generated a random sample for the non-Black-owned restaurants.

We then identified reviews that explicitly noted “Black ownership” for closer analysis.

Detroit’s Black-owned businesses saw a greater loss in business compared with “ownership-unreported” restaurants during the COVID-19 pandemic. This means they also potentially had more to gain from the new tag.

We found the awareness of Black ownership on Yelp significantly increased following Yelp’s addition of the Black-owned tag in June 2020. A year after the tag was added, reviews in Detroit mentioned Black ownership 4.3% more often than a year before it was rolled out.

Detroit Black-owned restaurants also saw a small temporary spike in their number of reviews, largely around the time Yelp added the Black-owned tag. At the same time, the restaurants’ average star ratings dropped from 3.91 to 3.88. In contrast, non-Black-owned restaurants’ ratings stayed relatively steady at 3.90.

This metric is an aggregate of all Detroit restaurants’ Yelp reviews over their entire existence, so a .03-star rating change is small but significant.

Even minor changes to star ratings affect the number of diners restaurants attract, their earning potential and the likelihood they will sell out of food.

Adding obstacles in digital platforms serves to reproduce and amplify inequalities these businesses already face, rather than alleviate them. For example, Black-owned businesses have a harder time getting loans and are relatively underrepresented in Michigan as a whole.

These findings may seem surprising given that Detroit is a majority Black city. However, Black users on Yelp are a minority. Keeping in mind the skewed user base of Yelp, we hypothesize the lower reviews for businesses featuring a Black-owned tag reflect existing racial and digital divides in the city.

Generally, our study provides additional evidence that digital interventions are not “one-size-fits-all,” nor is digital visibility inherently positive for all businesses.

The Research Brief is a short take on interesting academic work.

_This article was updated to clarify how labels are added to profiles.

The Conversation

This research was supported by a research grant from the Ewing Marion Kauffman Foundation.

Matthew Bui does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

Cameron Moy does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Detroit restaurants identified as ‘Black-owned’ on Yelp saw a slight drop in business ratings – https://theconversation.com/detroit-restaurants-identified-as-black-owned-on-yelp-saw-a-slight-drop-in-business-ratings-256306

Des voiliers-cargos pour réimaginer le transport de marchandises

Source: The Conversation – France (in French) – By Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, Ingénieur de recherche et enseignant associé, Sciences Po Bordeaux

Long de 81 mètres et équipé de 3  000 m² de voilure, l’_Anemos_ de l’entreprise française TransOceanic Wind Transport (TOWT) est capable de transporter 1  200 palettes de marchandises. Ronan Gladu/TOWT

Depuis la fin du XIXe siècle, les marchandises voyagent à travers le monde grâce à des navires à moteur, alimentés par des combustibles fossiles. Pour décarboner le secteur, pourrait-on revenir à la voile ? C’est ce que proposent certaines entreprises, avec des voiliers-cargos modernisés, et l’objectif de changer les représentations du transport maritime.


Si elle a persisté à travers les sports nautiques et la navigation de plaisance, la voile se réinvente aujourd’hui dans le secteur du transport marchand pour répondre au triple enjeu de décarbonation, de réindustrialisation et de résilience.

Portée par des figures emblématiques de la course à la voile, de petites start-ups innovantes ou encore de grandes multinationales, elle apparaît comme un des choix technologiques les plus matures pour se projeter à long terme dans un contexte économique et géopolitique incertain. Le vent est une énergie verte, abondante et gratuite. En proposant un modèle alternatif, la voile inscrit le transport maritime dans un autre imaginaire, une autre modernité : celle de la sobriété.

Pour autant, l’alternative qu’elle propose n’est pas exempte de critiques. Pour ses défenseurs, le principal défi consiste à démontrer qu’elle a toute sa place dans un avenir décarboné. Dans un article publié en décembre 2024 dans la revue Développement durable et territoires, j’analyse comment le secteur doit proposer de nouveaux récits, adaptés à un monde écologiquement contraint.


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Un secteur dominé par l’imaginaire thermo-industriel

Utilisée dès l’Antiquité, la voile a connu un déclin croissant dès la fin du XIXe siècle dans le transport marchand, puis une disparition, au profit du moteur thermique, plus efficace dans le cadre du commerce international et des ambitions coloniales des nations occidentales.

Photo noir et blanc d’un voilier à quatre mâts
Le voilier France II inauguré en 1911. Long de 142 mètres, il fut le plus grand voilier du monde jusqu’en 1988.
State Library of Victoria, Malcolm Brodie shipping collection/Wikimedia

En poursuivant les imaginaires de puissance et de liberté, héritages des révolutions industrielles successives, le triptyque énergies thermique, chimique et électrique, structuré autour des énergies fossiles et fissiles, se définit toujours comme le modèle de référence, mais désormais sous un prisme écologique.

Aujourd’hui, le gaz naturel et les électro-carburants sont défendus par leurs promoteurs comme les solutions les plus rationnelles pour répondre aux objectifs de décarbonation des transports. Le cas emblématique est celui de l’hydrogène, totem de la croissance verte, entouré d’un imaginaire magique. L’énergie nucléaire, et son « mythe d’un monde affranchi de toutes contraintes naturelles » (à la différence des énergies renouvelables comme le vent), est aussi présentée comme solution technique pour le transport maritime de marchandises.

La filière au gaz naturel liquéfié (GNL) a connu un boom de 33 % entre 2023 et 2024, avec désormais plus de 700 navires en service dans le monde, dont un tiers de porte-conteneurs. Le GNL est devenu le carburant alternatif le plus employé dans le secteur maritime, et ceci, malgré les nombreuses études critiques soulignant ses limites écologiques.

Redéfinir le modèle du gigantisme…

Là où la complexité figure historiquement comme un gage de modernité technologique, la relative simplicité de la voile paraît hors sujet. Pour autant, comme mentionné par l’Ademe, « l’imaginaire dominant à l’origine de nos modes de vie modernes est aujourd’hui insoutenable puisqu’il met en péril l’habitabilité de la planète ».

Pour sortir de cette « fossilisation » des imaginaires, questionner la taille des navires du transport maritime devient légitime.

Les super-conteneurs sont devenus les emblèmes de l’industrie maritime moderne fondée sur les énergies fossiles. Artefacts répondant aux normes de « l’économie du gigantisme », ils incarnent un idéal de paix, porté par le « doux commerce » et son école de pensée libérale, et un idéal d’abondance : leur capacité de transport a été multipliée par plus de 20 en quarante ans.

Pour autant, ce modèle du gigantisme est aujourd’hui remis en question. Souvent, les ports secondaires ne sont pas équipés sur le plan logistique pour accueillir les mégacargos, qui font parfois plus de 400 mètres, ce qui représente un risque pour les infrastructures.

À l’inverse, les bateaux à voile font en moyenne entre 90 et 150 mètres. Citons, par exemple, le projet Windcoop et ses 91 mètres, ou encore le projet Neoline, considéré comme l’un des plus longs cargos à voile du monde, et ses 136 mètres.

La coopérative Windcoop lancera fin 2025 la construction d’un cargo à voile de 90 mètres de long, capable de transporter 210 conteneurs (environ 2 500 tonnes de marchandises). Le navire sera équipé de trois ailes rigides de 350 m² et pourra économiser jusqu’à 90 % de carburant selon ses promoteurs. Une mise à l’eau est envisagée pour mai 2027.
Windcoop

Le transport à voile visait jusqu’ici des produits à forte valeur ajoutée comme le vin, le café ou encore le chocolat. Mais l’arrivée de cargos à voile de plus en plus grands, à l’image du Williwaw de 160 mètres, annoncé par l’entreprise Zéphyr & Borée, permet d’augmenter les volumes de cargaison, de les diversifier et de réduire les coûts actuels par des économies d’échelle. La filière s’ouvre ainsi au transport de véhicules par exemple.

… et celui de l’hypervitesse

Le vent ne soufflant pas tout le temps, le transport maritime à voile reformule le paradigme de la grande vitesse contrôlée, qui figure comme une impasse énergétique : plus on va vite, plus on consomme. À titre indicatif, la majorité des porte-conteneurs actuels ont une vitesse de 15 à 23 nœuds (28 à 43 km/h), alors que le cargo à voile de Neoline de 136 mètres affichera une vitesse réduite de 11 nœuds (environ 20 km/h).

La résurgence du transport maritime à voile pose aussi la question du temps social, en repensant notre rapport au territoire et à nos rythmes de vie. D’ailleurs, à la différence des fantasmes qui ont émergé dans le monde du transport terrestre ou aérien avec, par exemple, l’Hyperloop ou l’avion supersonique, la vitesse n’est pas une question primordiale pour le transport maritime, l’enjeu de la ponctualité étant bien plus important.

À ce titre, l’ambition d’autonomie des cargos à voile (installation de grues de chargement/déchargement à bord pour gagner en fluidité, ouverture de lignes commerciales secondaires en dehors des grandes routes internationales congestionnées, etc.) remettrait en question l’hégémonie des méga porte-conteneurs thermiques dans cette course à la vitesse. Réduire la vitesse des navires est aussi une mesure en faveur de la biodiversité marine, puisque cela diminue le bruit sous-marin et les risques de collision avec des cétacés.

Une symbiose entre low-tech et high-tech

Avec la révolution des outils numériques disponibles à bord, des simulations en temps réel permettent de suivre les meilleures trajectoires. Déployer ou replier une voile se fait désormais de manière automatisée. Ces nouveaux cargos à voile sont des concentrés de technologies, et bien qu’ils exploitent une technique millénaire, ils s’appuient également sur des outils contemporains, à l’image de l’IA et des prévisions satellitaires qui permettent d’optimiser les trajectoires. Des technologies matures et éprouvées issues du secteur aéronautique et des sports nautiques (matériaux carbone) sont intégrées dans l’élaboration des nouveaux voiliers.

Le transport maritime à voile s’inscrit dans un choc de la vitesse. Le modèle de la décélération (à l’image aussi du retour des dirigeables dans le transport aérien de marchandises) côtoie de plus en plus celui de la grande vitesse. Pareillement, la filière connaît un choc de la conception innovante, où la low-tech (la voile) va s’associer avec la high-tech.

Le défi du changement d’échelle

Pour autant, l’incertitude et le risque associés au caractère pionnier de ces premiers cargos modernes rendent par nature la levée de fonds plus délicate.

Afin de s’assurer de la rentabilité économique du projet, les promoteurs des cargos à voile doivent trouver des clients (chargeurs ou logisticiens) qui s’engagent sur un nombre de conteneurs annuels pendant une durée généralement assez longue. Le processus de légitimation du transport à voile repose sur ces premiers clients qui parient sur la filière, parmi lesquels on peut trouver des start-ups/PME mais aussi des grands groupes.

Grand bateau blanc avec quatre mâts
Le cargo hybride Canopée amarré au port de Bordeaux en octobre 2024. Long de 121 mètres et conçu pour transporter la fusée Ariane-6, le navire est capable d’économiser de 30 à 40 % de carburant classique grâce à ses quatre mâts de 37 mètres de haut.
Sylvain Roche, Fourni par l’auteur

Le concours actif de ces premiers clients est dès lors crucial, tout comme le soutien des acteurs publics. Le moindre coût de carburant doit permettre d’amortir l’investissement supplémentaire propre à la construction de cargos à voile de nouvelle génération. Le processus de légitimation et d’innovation marketing oblige à jongler continuellement entre un imaginaire romantique véhiculé par les bateaux à voile au sein du grand public et un discours technique pragmatique de rentabilité financière.

Une réappropriation territoriale et citoyenne des échanges

Enfin, le changement de paradigme reste à effectuer en premier lieu du côté des citoyens et des consommateurs. Le surcoût lié à l’usage de la voile – la taille des méga porte-conteneurs thermiques permet des économies d’échelle – doit encore pouvoir être répercuté sur le prix des marchandises. Une évolution décarbonée du transport maritime se fera pour des raisons marchandes et citoyennes plus que technologiques.

L’évolution des usages et des mentalités est donc un élément structurant pour constituer un véritable marché. Le transport de marchandises restant un secteur opaque d’un point de vue social et environnemental, la voile pourrait lui donner une nouvelle éthique. À ce titre, de nombreux armateurs véliques ont fait le choix d’une rémunération juste de leurs marins.

En 2014, la navigatrice Isabelle Autissier rappelait que la mer est un vecteur de l’imaginaire où « le marin devient le porte-drapeau d’une humanité plus vraie et plus désirable ». Tout comme les éoliennes (avec toutes les controverses qu’elles provoquent), la résurgence des mâts des navires se présente dès lors comme un symbole paysager fort qui redonne à voir le monde maritime (les cargos étant les grands invisibles de la mondialisation) et le transport.

Sachant que la durée de vie d’un navire de commerce actuel est de vingt-cinq ans en moyenne, les bateaux en chantier aujourd’hui sont ceux qui devront réduire les émissions du secteur maritime dans le futur. Ainsi, bien que l’avenir énergétique du transport maritime se veuille pluritechnologique, une compétition est en cours autour de l’imaginaire du progrès.

The Conversation

Sylvain Roche ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Des voiliers-cargos pour réimaginer le transport de marchandises – https://theconversation.com/des-voiliers-cargos-pour-reimaginer-le-transport-de-marchandises-258344

Keeping brain-dead pregnant women on life support raises ethical issues that go beyond abortion politics

Source: The Conversation – USA (3) – By Lindsey Breitwieser, Assistant Professor of Gender & Women’s Studies, Hollins University

Laws such as Georgia’s LIFE Act can complicate ethical and legal decision-making in postmortem pregnancy.
Darya Komarova/Moment via Getty Images

Adriana Smith, a 30-year-old woman from Georgia who had been declared brain-dead in February 2025, spent 16 weeks on life support while doctors worked to keep her body functioning well enough to support her developing fetus. On June 13, 2025, her premature baby, named Chance, was born via cesarean section at 25 weeks.

Smith was nine weeks pregnant when she suffered multiple blood clots in her brain. Her story gained public attention when her mother criticized doctors’ decision to keep her on a ventilator without the family’s consent. Smith’s mother has said that doctors told the family the decision was made to align with Georgia’s LIFE Act, which bans abortion after six weeks of pregnancy and bolsters the legal standing of fetal personhood. A statement released by the hospital also cites Georgia’s abortion law.

“I’m not saying we would have chosen to terminate her pregnancy,” Smith’s mother told a local television station. “But I’m saying we should have had a choice.”

The LIFE Act is one of several state laws that have passed across the U.S. since the 2022 Dobbs v. Jackson decision invalidated constitutional protections for abortion. Although Georgia’s attorney general denied that the LIFE Act applied to Smith, there’s little doubt that it invites ethical and legal uncertainty when a woman dies while pregnant.

Smith’s case has swiftly become the focus of a reproductive rights political firestorm characterized by two opposing viewpoints. For some, it reflects demeaning governmental overreach that quashes women’s bodily autonomy. For others it illustrates the righteous sacrifice of motherhood.

In my work as a gender and technology studies scholar, I have cataloged and studied postmortem pregnancies like Smith’s since 2016. In my view, Smith’s story doesn’t fit straightforwardly into abortion politics. Instead, it points to the need for a more nuanced ethical approach that does not frame a mother and child as adversaries in a medical, legal or political context.

Birth after death

For centuries, Catholic dogma and Western legal precedent have mandated immediate cesarean section when a pregnant woman died after quickening, the point when fetal movement becomes discernible. But technological advances now make it possible sometimes for a fetus to continue gestating in place when the mother is brain-dead, or “dead by neurological criteria”– a widely accepted definition of death that first emerged in the 1950s.

The first brain death during pregnancy in which the fetus was delivered after time on life support, more accurately called organ support, occurred in 1981. The process is extraordinarily intensive and invasive, because the loss of brain function impedes many physiological processes. Health teams, sometimes numbering in the hundreds, must stabilize the bodies of “functionally decapitated” pregnant women to buy more time for fetal development. This requires vital organ support, ventilation, nutritional supplements, antibiotics and constant monitoring. Outcomes are highly uncertain.

Adriana Smith’s baby was delivered by cesarian section on June 13, 2025.

Smith’s 112-day stint on organ support ranks third in length for a postmortem pregnancy, with the longest being 123 days. Hers is also the earliest ever gestational age from which the procedure has been attempted. Because time on organ support can vary widely, and because there is no established minimum fetal age considered too early to intervene, a fetus could theoretically be deemed viable at any point in pregnancy.

Postmortem pregnancy as gender-based violence

Over the past 50 years, critics of postmortem pregnancy have argued that it constitutes gender-based violence and violates bodily integrity in ways that organ donation does not. Some have compared it with Nazi pronatalist policies. Others have attributed the practice to systemic sexism and racism in medicine. Postmortem pregnancy can also compound intimate partner violence by giving brain-dead women’s murderers decision-making authority when they are the fetus’s next of kin.

Fetal personhood laws complicate end-of-life decision-making in ways that many consider violent too. As I have seen in my own research, when the fetus is considered a legal person, women’s wishes may be assumed, debated in court or committee, or set aside entirely, nearly always in favor of the fetus.

From the perspective of reproductive rights advocates, postmortem pregnancy is the bottom of a slippery slope down which anti-abortion sentiment has led America. It obliterates women’s autonomy, pitting living and dead women against doctors, legislators and sometimes their own families, and weaponizing their own fetuses against them.

A medical perspective on rights

Viewed through a medical lens, however, postmortem pregnancy is not violent or violating, but an act of repair. Although care teams have responsibilities to both mother and fetus, a pregnant woman’s brain death means she cannot be physically harmed and her rights cannot be violated to the same degree as a fetus with the potential for life.

Medical practitioners are conditioned to prioritize life over death, motivating a commitment to salvage something from a tragedy and try to partially restore a family. The high-stakes world of emergency medicine makes protecting life reflexive and medical interventions automatic. Once fetal life is detected, as one hospital spokesperson put it in a 1976 news article in The Boston Globe, “What else could you do?”

This response does not necessarily stem from conscious sexism or anti-abortion sentiment, but from reverence for vulnerable patients. If physicians declare a pregnant woman brain-dead, patienthood often automatically transfers to the fetus needing rescue. No matter its age and despite its survival being dependent on machines, just like its mother, the fetus is entirely animate. Who or what counts as a legal person with privileges and protections might be a political or philosophical determination, but life is a matter of biological fact and within the doctors’ purview.

Black and white sonogram of a human fetus
The first baby born from a postmortem pregnancy was delivered in 1981.
Emmanuel Faure/The Image Bank via Getty Images

An ethics of anti-opposition

Both of the above perspectives have validity, but neither accounts for postmortem pregnancy’s ethical and biological complexity.

First, setting mother against fetus, with the rights of one endangering the rights of the other, does not match pregnancy’s lived reality of “two bodies, sutured,” as the cultural scholar Lauren Berlant put it.

Even the Supreme Court recognized this entangled duality in their 1973 ruling on Roe v. Wade, which established both constitutional protections for abortion and a governmental obligation to protect fetal life. Whether a fetus is considered a legal person or not, they wrote, pregnant women and fetuses “cannot be isolated in their privacy” – meaning that reproductive rights issues must strike a balance, however tenuous, between maternal and fetal interests. To declare postmortem pregnancy unequivocally violent or a loss of the “right to choose” fails to recognize the complexity of choice in a highly politicized medical landscape.

Second, maternal-fetal competition muddles the right course of action. In the U.S., competent patients are not compelled to engage in medical care they would rather avoid, even if it kills them, or to stay on life support to preserve organs for donation. But when a fetus is treated as an independent patient, exceptions could be made to those medical standards if the fetus’s interests override the mother’s.

For example, pregnancy disrupts standard determination of death. To protect the fetus, care teams increasingly skip a necessary diagnostic for brain death called apnea testing, which involves momentarily removing the ventilator to test the respiratory centers of the brain stem. In these cases, maternal brain death cannot be confirmed until after delivery. Multiple instances of vaginal deliveries after brain death also remain unexplained, given that the brain coordinates mechanisms of vaginal labor. All in all, it’s not always clear women in these cases are entirely dead.

Ultimately, women like Adriana Smith and their fetuses are inseparable and persist in a technologically defined state of in-betweenness. I’d argue that postmortem pregnancies, therefore, need new bioethical standards that center women’s beliefs about their bodies and a dignified death. This might involve recognizing pregnancy’s unique ambiguities in advance directives, questioning default treatment pathways that may require harm be done to one in order to save another, or considering multiple definitions of clinical and legal death.

In my view, it is possible to adapt our ethical standards in a way that honors all beings in these exceptional circumstances, without privileging either “choice” or “life,” mother or fetus.

The Conversation

This research was supported by a grant from The Institute for Citizens and Scholars.

ref. Keeping brain-dead pregnant women on life support raises ethical issues that go beyond abortion politics – https://theconversation.com/keeping-brain-dead-pregnant-women-on-life-support-raises-ethical-issues-that-go-beyond-abortion-politics-258457