La démographie, frein au développement ? Retour sur des décennies de débats acharnés

Source: The Conversation – France in French (3) – By Serge Rabier, Chargé de recherche Population et Genre, Agence Française de Développement (AFD)

L’aide au développement fournie par les pays occidentaux, que ce soit via leurs structures étatiques ou à travers diverses organisations internationales ou fondations caritatives, a mis en avant, au cours des dernières décennies, des priorités variées. En matière de démographie, on a observé une certaine constance : de nombreuses actions ont été entreprises pour aider – ou inciter – les pays les moins développés à réduire leur natalité.


En février 2025, l’une des premières mesures de la nouvelle administration Trump a été de purement et simplement supprimer l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID), avec pour conséquence de couper des financements représentant plus de 40 % de l’aide humanitaire mondiale.

L’arrêt de la contribution majeure des financements américains destinés au développement invite à un retour historique sur le rôle et l’influence des États-Unis en matière de définition et de déploiement de l’aide publique au développement, en particulier à travers le prisme démographique.

L’instrumentalisation de la démographie dans les agendas successifs du développement

Depuis près de soixante ans, l’agenda international du développement a connu des orientations prioritaires variées, le primat ayant été donné successivement à l’industrialisation, à la lutte contre la pauvreté, aux programmes d’ajustement structurel puis au développement humain et aux enjeux de gouvernance et de droits humains (y compris ceux des femmes et des filles) à l’ère de la mondialisation. À partir de 2000 et jusqu’à aujourd’hui, cet agenda a mis l’accent sur d’autres thématiques : lutte contre les inégalités, urgences climatique et environnementale, finance durable.

Toutes ces orientations prioritaires se sont traduites dans des narratifs démographiques spécifiques : démographie et géopolitique ; démographie et droits humains ; démographie et crise climatique, pour n’en prendre que trois.

Dans le premier cas, les tendances de la fécondité dans les pays en développement ont justifié le soutien financier et logistique à des programmes de contrôle des naissances au nom de la défense des valeurs occidentales contre l’expansionnisme de l’URSS. Dans le deuxième cas, l’affirmation de l’approche par les droits a voulu minorer les dynamiques démographiques en privilégiant la reconnaissance des droits des personnes à décider en matière de droits sexuels et reproductifs. Dans le troisième cas, le plus contemporain, l’argument du poids encore croissant de la population mondiale, et donc de sa limitation nécessaire, serait une (voire la) réponse à la crise climatique, oubliant au passage la cause principale que représente le « modèle » du développement extractiviste et consumériste actuel.

La démographie :un levier de l’engagement international des États-Unis pour le développement

Dans le quatrième point de son discours d’investiture du 20 janvier 1949, le président Harry Truman présente la nécessité d’un « programme nouveau et courageux pour rendre accessibles les résultats bénéfiques de nos avancées scientifiques et de notre progrès industriel en vue des progrès et de la croissance dans les nations sous-développées ».

Au-delà de l’aspect généreux de l’engagement présidentiel dans la lutte contre « l’ignorance, la maladie et la misère » ainsi que les nécessités, plus intéressées, de reconstruction économique, en particulier de l’Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale, il faut aussi voir dans ce programme le poids des néomalthusiens inquiets des risques selon eux liés à l’explosion démographique dans les pays du tiers-monde, de l’Asie en particulier.

Ainsi, à l’orée de la décennie 1950, le facteur démographique apparaît à la fois, d’une part, comme une justification pour soutenir le développement des pays pauvres qui, processus de décolonisation aidant, deviendront des États indépendants ; et d’autre part, comme une composante majeure de la politique étrangère des États-Unis que leur statut de « super-puissance » de plus en plus évident leur imposait.

En effet, outre l’argument souvent mis en avant (à juste titre) de l’engagement économique (Plan Marshall) et politique (le début de la guerre froide) des autorités gouvernementales, il faut souligner le rôle d’éminents démographes tels que Kingsley Davis (The Population of India and Pakistan (1951)), Hugh Everett Moore (The Population Bomb (1954)), ou encore Ansley J. Coale et Edgar M. Hoover (Population Growth and Economic Development in Low-Income Countries (1958)).

En étudiant l’impact de la croissance démographique (présentée comme excessive et donc néfaste) sur le développement économique, ils sont au fondement des débats ultérieurs sur l’articulation entre population et développement, ainsi que des financements publics des politiques de planification familiale de nombreux bailleurs bilatéraux (États-Unis, Royaume-Uni et Suède notamment) et multilatéraux (Banque mondiale, ONU).

Enfin, la mise à l’agenda de l’explosion démographique du tiers-monde a été rendue possible par la conjonction de certains travaux de la communauté académique et de l’engagement de grandes fondations à but non lucratif des États-Unis, qui a contribué à proposer et à financer des programmes de recherche et de terrain en matière de contrôle et de limitation des naissances, de promotion de la contraception et de la planification familiale.

De fait, la puissance d’imposition d’un tel agenda a bénéficié de facteurs déterminants : capacité financière des fondations privées Rockefeller, Ford, MacArthur rejointes dans les décennies 1990/2000 par, entre autres, la William and Flora Hewlett Foundation, la David and Lucile Packard Foundation ou encore la Bill and Melinda Gates Foundation ; implication d’universités et d’institutions scientifiques privées, parmi lesquelles le Population Reference Bureau (1929), le Population Council (1952), Pathfinder (1957) et plus tard, le Guttmacher Institute (1968) ; et enfin, quelques années plus tard, les financements institutionnels massifs de l’USAID.

Ces financements permettront aussi à des bureaux de consultants américains de devenir des intermédiaires incontournables dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de planification familiale : Futures Group, 1965 ; Management Science for Health, 1969 ; Population Services International, 1970 ; Family Health International, 1971 ; John Snow Inc., 1975.

« Le meilleur contraceptif, c’est le développement »

C’est au cours de la conférence mondiale de Bucarest (1974) (Conférence mondiale sur la population des Nations unies) que s’affrontent les tenants de deux approches opposées du développement au regard des enjeux, réels ou supposés, de la démographie.

D’un côté, il y a les pays développés à régimes démocratiques libéraux, inquiets des conséquences économiques, alimentaires, environnementales de l’évolution démographique du monde – une inquiétude qui se trouve au cœur du livre alarmiste de Paul R. Erhlich, The Population Bomb (paru en français sous le titre La Bombe P) et du texte de l’écologue Garrett Hardin sur la tragédie des biens communs, tous deux parus en 1968. De l’autre, il y a les pays ayant récemment accédé à l’indépendance, souvent non alignés et rassemblés sous l’appellation « tiers-monde » : pour la plupart d’entre eux (surtout sur le continent africain), la maîtrise de la croissance de la population n’est pas la priorité.

À travers le slogan « Le meilleur contraceptif, c’est le développement », ce sont la croissance et les progrès économiques qui sont mis en avant comme préalables à la nécessaire articulation des enjeux démographiques et économiques.

Les politiques de population au service du développement

La Conférence internationale sur la population et le développement (Le Caire, 1994) représente le moment de bascule entre des objectifs gouvernementaux strictement démographiques en termes de contrôle de la fécondité (au prix souvent de fortes mesures incitatives voire coercitives, voire d’eugénisme social telles que l’Inde a pu en connaître) et l’affirmation du droit des femmes à contrôler librement leur santé et leur vie reproductive ainsi que celui des ménages à décider de manière informée du nombre d’enfants qu’ils souhaitent avoir (ou non) et de l’espacement entre les naissances de ceux-ci.

Le vice-président des États-Unis Al Gore (deuxième à partir de la gauche) s’adresse aux délégués lors de la Conférence du Caire en 1994.
UN Photo

Ainsi, avec le « consensus du Caire », la problématique du développement n’est plus simplement affaire d’objectifs démographiques quantifiables ; elle acte que l’approche fondée sur les droits doit contribuer aux agendas du développement, successivement les Objectifs du millénaire pour le développement (2000-2015) puis les Objectifs du développement durable (2015-2030).

Le financement et la mise en place de programmes de soutien à la planification familiale, qui avaient été conçus pour limiter le déploiement incontrôlé d’une sorte de prolétariat international pouvant servir de réservoir démographique au bloc communiste, se sont déployés en particulier avec le soutien financier massif des fondations précédemment évoquées.

Ces programmes, sous le nouveau vocable de « politiques de population », se sont progressivement inscrits dans l’agenda du développement international des gouvernements américains successifs. C’est au cours des années 1960-1980 que les États-Unis assument le leadership du financement international des politiques de population en Asie, en Afrique et en Amérique latine avec l’USAID, tout en soutenant fortement la création en 1969 du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), devenant ainsi un acteur clé du financement des politiques de population, avec une part variant entre 30 % et 40 % des financements mondiaux dans ce domaine.

De fait, à partir des années 1980, l’USAID est le principal canal de financement des enquêtes démographiques et de santé ou EDS (plus connues sous leur acronyme anglais DHS pour Demographic and Health Surveys), qui permettent, de façon régulière, aux pays en développement de bénéficier des données socio-démographiques nécessaires à la définition et à la mise en place de certaines politiques publiques en matière de population, d’éducation, de santé et d’alimentation.

Une inflexion à cet « activisme » démographique au nom des valeurs conservatrices survient en 1984, lorsque le président Ronald Reagan instaure la politique dite du « bâillon mondial » (« Mexico City Policy »), supprimant les financements états-uniens aux organisations de la société civile qui font, supposément ou non, la promotion de l’avortement. Cette politique sera tour à tour supprimée et ré-installée au rythme des présidences démocrates et républicaines jusqu’à aujourd’hui avec, en point d’orgue, la suppression de l’USAID dès les premiers jours de la seconde présidence Trump.

Une nouvelle ère ?

Les dynamiques démographiques actuelles, marquées par la baisse universelle de la fécondité (à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne), l’allongement de l’espérance de vie, la remise en cause des droits en matière de fécondité, la politisation des migrations internationales et le vieillissement de la population mondiale dans des proportions jusqu’ici inconnues vont dessiner un tout autre paysage démographique d’ici à 2050.

Enfin, le retour des concurrences exacerbées de puissances, la fin de la mondialisation dite « heureuse », la résurgence du néo-mercantilisme et, surtout, la nécessité désormais incontournable de l’adaptation au changement climatique, sont autant d’enjeux qui, tous ensemble, vont requestionner radicalement le nexus démographie-développement.

The Conversation

Serge Rabier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. La démographie, frein au développement ? Retour sur des décennies de débats acharnés – https://theconversation.com/la-demographie-frein-au-developpement-retour-sur-des-decennies-de-debats-acharnes-259393

Au Moyen-Orient, que reste-t-il de l’« esprit des accords d’Alger » ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Myriam Benraad, Senior Lecturer in International Politics, Negotiation & Diplomacy, Sciences Po

Mohammad Reza Pahlavi (à gauche), Houari Boumediène (au centre) et Saddam Hussein en Algérie en 1975.

Lutte pour l’hégémonie régionale, la non-reconnaissance des frontières post-coloniales, la vulnérabilité des minorités ethno-confessionnelles ou contre l’escalade de la violence et les calculs déstabilisateurs des parties extérieures au conflit… Toutes ces problématiques, d’une grande actualité aujourd’hui au Moyen-Orient, se trouvaient déjà au cœur des accords signés à Alger, le 6 mars 1975, par l’Iran du chah et l’Irak de Saddam Hussein. Retour sur un moment d’espoir pour la région, vite douché : cinq ans plus tard, les deux pays entraient dans une guerre longue et terriblement meurtrière.


Le 6 mars 1975, en marge d’un sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) tenu dans la capitale de l’Algérie, à l’issue d’une médiation du président Houari Boumédiène, l’Irak de Saddam Hussein et l’Iran de Mohammed Reza Pahlavi signent les accords d’Alger. Ces textes doivent permettre aux deux États de résoudre leurs différends, au premier rang desquels la délimitation de leurs frontières terrestres et fluviales (Basse-Mésopotamie, plaines et piémonts centraux, Kurdistan), dans le cadre d’une solution jugée « globale ».

La satisfaction affichée par les parties concernées est toutefois de courte durée : dans les faits, il n’y aura jamais ni reconnaissance par Bagdad et Téhéran de l’inviolabilité des frontières du pays voisin, ni respect de l’obligation de non-ingérence dans leurs affaires intérieures respectives. Au contraire, les accords d’Alger créent une impasse. Cinq ans plus tard, ce sera le déclenchement entre l’Iran et l’Irak d’une guerre de huit longues années (1980-1988) qui fera près d’un demi-million de morts de chaque côté.

Cet échec de la diplomatie, qui n’est pas le premier dans l’histoire du Moyen-Orient, n’est pas sans faire écho à la trajectoire récente, voire immédiate, de la région. Il illustre la persistance des conflits frontaliers dans cette partie inflammable du monde – de la bande de Gaza au Liban, en passant par le Yémen et la Syrie.

Saddam Hussein et le chah d’Iran s’embrassent lors des accords d’Alger en 1975.

L’abandon des Kurdes

En 1975, les États-Unis souhaitaient le renforcement de leur influence et de celle de l’Iran – alors un allié – dans le Golfe pour contrer l’Union soviétique. Ils n’hésitèrent pas à sacrifier les aspirations kurdes dans le Nord irakien, selon un scénario qui fait songer à la manière dont plus tard, dans la foulée de la guerre contre l’État islamique, Washington abandonna à leur sort ses partenaires kurdes en Syrie.

Comme en 1975 pour leur frères irakiens, les Kurdes de Syrie sont en effet, aujourd’hui, prisonniers d’un jeu géopolitique complexe qui engage leur survie, entre pressions grandissantes de la Turquie, abandon de leur vieux rêve d’indépendance et intégration incertaine à l’appareil militaro-sécuritaire érigé par un djihadiste « repenti », Ahmed al-Charaa.

Au milieu des années 1970, après quatorze ans de lutte révolutionnaire, le mouvement de libération kurde s’effondre en Irak. Le chah d’Iran avait établi des liens étroits avec le leader kurde irakien Mustafa Barzani depuis le milieu des années 1960, et fourni à ses hommes un armement considérable. Après l’arrivée au pouvoir à Bagdad des baasistes en 1968, Téhéran avait encore accru son appui militaire et financier, incité en ce sens par Richard Nixon et Israël.

Dès lors, les difficultés de l’Irak pour réprimer le soulèvement kurde, qui menaçait de faire chuter le régime, furent telles que Saddam Hussein – alors vice-président, mais déjà homme fort de Bagdad – s’était résolu à un compromis, soit une cession de territoires à l’Iran. Il va sans dire que cet épisode laissa un goût amer au Kurdistan, abandonné par Téhéran et Washington dès les premières heures ayant suivi la signature des accords d’Alger, puis immédiatement attaqué par l’armée de Saddam Hussein.

Une « nouvelle ère » qui fait long feu

Pis, rien ne fut fondamentalement réglé entre l’Irak et l’Iran dans la mesure où aucun de ces deux États n’avait renoncé à l’intégralité de ses revendications. De ce point de vue, les accords d’Alger étaient sans doute trop généraux dans leur formulation. Du côté irakien, ils suscitèrent ainsi indignation et sentiment d’humiliation, conduisant paradoxalement à une aggravation des tensions alors qu’ils étaient supposés les calmer. Les Irakiens estimaient que leurs droits avaient été bradés au profit de l’Iran, en particulier dans le détroit d’Ormuz alors occupé par la marine impériale du chah, par lequel transitent 20 % du pétrole mondial actuel et que la République islamique a menacé de fermer à la suite de la « guerre des 12 jours » avec Israël.

De fait, n’était-ce pas de façon superficielle que les accords d’Alger postulaient l’existence de « liens traditionnels de bon voisinage et d’amitié » entre ces pays ? Qu’en était-il vraiment ? Ces États pivots du Moyen-Orient partageaient-ils un intérêt justifiant une telle coopération à leur frontière ? Saddam Hussein arriva à la table des pourparlers résolu à écraser ses adversaires, tandis que le chah convoitait une extension de son influence régionale.

Il n’y aura pas de visite du monarque en Irak, comme la prévoyaient initialement ces accords, ou de déplacement de Saddam Hussein en Iran. La « nouvelle ère dans les relations irako-iraniennes en vue de réaliser les intérêts supérieurs de l’avenir de la région » évoquée sur le papier ne se matérialise pas.

S’ils ne modifiaient que partiellement le tracé de la frontière terrestre, les accords d’Alger ne s’embarrassaient pas d’attentions juridiques quant au volet fluvial de la dispute. Ils accordaient aux Iraniens ce qu’ils avaient longtemps recherché dans la zone du Chatt al-’Arab (« rivière des Arabes », baptisée Arvandroud en persan), cet exutoire à la confluence du Tigre et de l’Euphrate qui se jette dans le Golfe persique. Les Irakiens resteront emplis de rancœur face à ce transfert de territoire vers leur voisin ennemi, qu’ils estiment arbitraire.

Comme l’écrira le politologue Hussein Sirriyeh, en l’absence de confiance réciproque,

« c’est la question du Chatt al-’Arab et les problèmes frontaliers qui semblent avoir été les principaux enjeux du conflit irako-iranien avant et après l’effondrement du traité de 1975 ».

En octobre 1979, peu après l’avènement de la République islamique à Téhéran, l’Irak dénonce les accords et somme l’Iran de quitter son sol. Puis, en mai 1980, Saddam Hussein annonce que les accords d’Alger sont nuls et non avenus. En septembre 1980, les forces irakiennes envahissent l’Iran avec l’assentiment de nombreux États du Golfe, qui redoutent une exportation de la révolution islamique au sein de leurs frontières. Cette étape fait muter une guerre des mots en une guerre tangible aux conséquences dévastatrices dans un camp comme dans l’autre.

Nationalisme arabe et impérialisme perse

Les accords d’Alger, qui devaient façonner une coexistence pacifique entre l’Irak et l’Iran, sont donc enterrés. Les répudier revient aussi pour Saddam Hussein à rejeter en bloc la notion d’inviolabilité des frontières du Moyen-Orient post-colonial, comme en attestera par la suite sa décision d’annexer le Koweït en 1990.

Mais ce nationalisme à la fois arabe et irakien ne remonte pas aux seuls accords d’Alger. On en trouve la trace dans le traité d’Erzeroum de 1847, sur lequel l’Irak, province ottomane à cette époque, fonde ses exigences. Rappelons que les chahs de Perse étaient entrés en conflit avec les sultans ottomans après que Sélim Ier, dit « le Terrible », (1470-1520) eut repoussé les frontières de l’empire vers l’est et fait passer l’Irak sous sa tutelle.

Dans l’entre-deux-guerres, les exigences irakiennes resurgissaient dans les débats de la Société des nations, comme en 1934 et 1935 lorsque le général Nouri al-Saïd, ministre des affaires étrangères, avait accusé les Ottomans d’avoir permis à Téhéran d’établir de nombreux ports le long du Chatt al-’Arab, contre un seul pour Bagdad. Cette conception d’un Irak arabe lésé par un Iran perse n’évoluera plus. Elle tend même à s’exacerber.

En 1990, un échange renouvelé de lettres entre Bagdad et Téhéran montre d’ailleurs que le conflit est loin d’être résolu. Puis, à partir de 2003 et de l’intervention militaire des États-Unis en Irak, il devient évident que la non-application des accords d’Alger ouvre la porte aux appétits territoriaux, politiques, mais également pétroliers, d’une République islamique débarrassée de son adversaire existentiel Saddam Hussein.

Indirectement, le legs laissé par les accords d’Alger est par ailleurs exploité par des acteurs non étatiques. On songe par exemple aux références des djihadistes à l’« ennemi safavide », lequel constituerait un danger pour tout le Moyen-Orient, mais aussi à la propagande virulente des milices irakiennes concernant les actions et les guerres de l’Occident. Sur fond de délitement de l’« Axe de la résistance » qu’avaient établi dès 2003 les mollahs, ces milices chiites, véritable « État dans l’État », convoiteraient-elles in fine une reprise en main plus pérenne des provinces du Sud irakien et notamment de la région du Chatt al-’Arab ?

Les effets au long cours de cet « arrangement » en définitive éphémère entre l’Irak et l’Iran en 1975 n’ont, dans tous les cas, pas fini de faire parler d’eux. Que reste-t-il, en effet, de cet « esprit des accords d’Alger » auquel se référait le texte originel, sinon des décennies de sanctions et de conflagrations ? N’est-ce pas plutôt un esprit de vengeance tous azimuts qui a fini par l’emporter ?

The Conversation

Myriam Benraad ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Au Moyen-Orient, que reste-t-il de l’« esprit des accords d’Alger » ? – https://theconversation.com/au-moyen-orient-que-reste-t-il-de-l-esprit-des-accords-dalger-259520

AI is advancing even faster than sci-fi visionaries like Neal Stephenson imagined

Source: The Conversation – USA (2) – By Rizwan Virk, Faculty Associate, PhD Candidate in Human and Social Dimensions of Science and Technology, Arizona State University

In Stephenson’s novel ‘The Diamond Age,’ a device called the Young Lady’s Illustrated Primer offers emotional, social and intellectual support. Christopher Michel/Wikimedia Commons, CC BY-SA

Every time I read about another advance in AI technology, I feel like another figment of science fiction moves closer to reality.

Lately, I’ve been noticing eerie parallels to Neal Stephenson’s 1995 novel “The Diamond Age: Or, A Young Lady’s Illustrated Primer.”

“The Diamond Age” depicted a post-cyberpunk sectarian future, in which society is fragmented into tribes, called phyles. In this future world, sophisticated nanotechnology is ubiquitous, and a new type of AI is introduced.

Though inspired by MIT nanotech pioneer Eric Drexler and Nobel Prize winner Richard Feynman, the advanced nanotechnology depicted in the novel still remains out of reach. However, the AI that’s portrayed, particularly a teaching device called the Young Lady’s Illustrated Primer, isn’t only right in front of us; it also raises serious issues about the role of AI in labor, learning and human behavior.

In Stephenson’s novel, the Primer looks like a hardcover book, but each of its “pages” is really a screen display that can show animations and text, and it responds to its user in real time via AI. The book also has an audio component, which voices the characters and narrates stories being told by the device.

It was originally created for the young daughter of an aristocrat, but it accidentally falls into the hands of a girl named Nell who’s living on the streets of a futuristic Shanghai. The Primer provides Nell personalized emotional, social and intellectual support during her journey to adulthood, serving alternatively as an AI companion, a storyteller, a teacher and a surrogate parent.

The AI is able to weave fairy tales that help a younger Nell cope with past traumas, such as her abusive home and life on the streets. It educates her on everything from math to cryptography to martial arts. In a techno-futuristic homage to George Bernard Shaw’s 1913 play “Pygmalion,” the Primer goes so far as to teach Nell the proper social etiquette to be able to blend into neo-Victorian society, one of the prominent tribes in Stephenson’s balkanized world.

No need for ‘ractors’

Three recent developments in AI – in video games, wearable technology and education – reveal that building something like the Primer should no longer be considered the purview of science fiction.

In May 2025, the hit video game “Fortnite” introduced an AI version of Darth Vader, who speaks with the voice of the late James Earl Jones.

Older Black man wearing suit jacket poses on red carpet next to sinister-looking, costumed person wearing a black mask and black cape.
The estate of James Earl Jones gave Epic Games permission to use the late actor’s voice for an AI Darth Vader.
Jim Spellman/WireImage via Getty Images

While it was popular among fans of the game, the Screen Actors Guild lodged a labor complaint with Epic Games, the creator of “Fortnite.” Even though Epic had received permission from the late actor’s estate, the Screen Actors Guild pointed out that actors could have been hired to voice the character, and the company – in refusing to alert the union and negotiate terms – violated existing labor agreements.

In “The Diamond Age,” while the Primer uses AI to generate the fairy tales that train Nell, for the voices of these archetypal characters, Stephenson concocted a low-tech solution: The characters are played by a network of what he termed “ractors” – real actors working in a studio who are contracted to perform and interact in real time with users.

The Darth Vader “Fortnite” character shows that a Primer built today wouldn’t need to use actors at all. It could rely almost entirely on AI voice generation and have real-time conversations, showing that today’s technology already exceeds Stephenson’s normally far-sighted vision.

Recording and guiding in real time

Synthesizing James Earl Jones’ voice in “Fortnite” wasn’t the only recent AI development heralding the arrival of Primer-like technology.

I recently witnessed a demonstration of wearable AI that records all of the wearer’s conversations. Their words are then sent to a server so they can be analyzed by AI, providing both summaries and suggestions to the user about future behavior.

Several startups are making these “always on” AI wearables. In an April 29, 2025, essay titled “I Recorded Everything I Said for Three Months. AI Has Replaced My Memory,” Wall Street Journal technology columnist Joanna Stern describes the experience of using this technology. She concedes that the assistants created useful summaries of her conversations and meetings, along with helpful to-do lists. However, they also recalled “every dumb, private and cringeworthy thing that came out of my mouth.”

AI wearable devices that continuously record the conversations of their users have recently hit the market.

These devices also create privacy issues. The people whom the user interacts with don’t always know they are being recorded, even as their words are also sent to a server for the AI to process them. To Stern, the technology’s potential for mass surveillance becomes readily apparent, presenting a “slightly terrifying glimpse of the future.”

Relying on AI engines such as ChatGPT, Claude and Google’s Gemini, the wearables work only with words, not images. Behavioral suggestions occur only after the fact. However, a key function of the Primer – coaching users in real time in the middle of any situation or social interaction – is the next logical step as the technology advances.

Education or social engineering?

In “The Diamond Age,” the Primer doesn’t simply weave interactive fairy tales for Nell. It also assumes the responsibility of educating her on everything from her ABCs when younger to the intricacies of cryptography and politics as she gets older.

It’s no secret that AI tools, such as ChatGPT, are now being widely used by both teachers and students.

Several recent studies have shown that AI may be more effective than humans at teaching computer science. One survey found that 85% of students said ChatGPT was more effective than a human tutor. And at least one college, Morehouse College in Atlanta, is introducing an AI teaching assistant for professors.

There are certainly advantages to AI tutors: Tutoring and college tuition can be exorbitantly expensive, and the technology can offer better access to education to people of all income levels.

Pulling together these latest AI advances – interactive avatars, behavioral guides, tutors – it’s easy to envision how an AI device like the Young Lady’s Illustrated Primer could be created in the near future. A young person might have a personalized AI character that accompanies them at all times. It can teach them about the world and offer up suggestions for how to act in certain situations. The AI could be tailored to a child’s personality, concocting stories that include AI versions of their favorite TV and movie characters.

But “The Diamond Age” offers a warning, too.

Toward the end of the novel, a version of the Primer is handed out to hundreds of thousands of young Chinese girls who, like Nell, didn’t have access to education or mentors. This leads to the education of the masses. But it also opens the door to large-scale social engineering, creating an army of Primer-raised martial arts experts, whom the AI then directs to act on behalf of “Princess Nell,” Nell’s fairy tale name.

It’s easy to see how this sort of large-scale social engineering could be used to target certain ideologies, crush dissent or build loyalty to a particular regime. The AI’s behavior could also be subject to the whims of the companies or individuals that created it. A ubiquitous, always-on, friendly AI could become the ultimate monitoring and reporting device. Think of a kinder, gentler face for Big Brother that people have trusted since childhood.

While large-scale deployment of a Primer-like AI could certainly make young people smarter and more efficient, it could also hamper one of the most important parts of education: teaching people to think for themselves.

The Conversation

Rizwan Virk owns shares of investments funds which own stock in various private AI companies such as Open AI and X.ai. He owns public stock in Google and Microsoft. Virk has family members who work for a wearable AI company.

ref. AI is advancing even faster than sci-fi visionaries like Neal Stephenson imagined – https://theconversation.com/ai-is-advancing-even-faster-than-sci-fi-visionaries-like-neal-stephenson-imagined-257509

Le Palais de la découverte menacé de fermeture : quelle place pour la culture scientifique en France ?

Source: The Conversation – France in French (2) – By Bastien Fayet, Doctorant en géographie – UMR 6590 ESO, Université d’Angers

La mythique cage de Faraday du Palais de la découverte a permis à des milliers d’enfants de comprendre les principes de la conductivité électrique, en toute sécurité N Krief EPPDCSI, CC BY-ND

Fermé depuis quatre ans, le Palais de la découverte pourrait ne jamais rouvrir ses portes. Cette incertitude dépasse la seule question d’un musée parisien : elle met en lumière les fragilités d’un secteur culturel essentiel mais discret, celui de la culture scientifique.


Une question tient actuellement en haleine les professionnels et amateurs de culture scientifique : le Palais de la découverte va-t-il fermer ? Rouvrir ? Être déplacé ?

Le Palais de la découverte est un musée de culture scientifique. Ce champ d’activité propose des actions de médiation pour mettre en relation la société avec les connaissances scientifiques, grâce à des expositions, des ateliers, des conférences ou d’autres activités à destination des enfants et des adultes. Le Palais de la découverte est sous la tutelle principale du ministère de la Culture et celle, secondaire, de l’Enseignement supérieur, tout comme la Cité des Sciences et de l’Industrie, un autre centre de culture scientifique parisien. Ces deux structures ont d’ailleurs été regroupées dans la même entité administrative, Universcience, en 2009, pour faciliter leur gestion. Le Palais de la découverte est hébergé au sein du Grand Palais, dans l’aile ouest.

En rénovation depuis 4 ans, il devait rouvrir en 2026, avec une exposition temporaire et des événements de préouverture le 11 juin 2025. Cette préouverture a été annulée, sur fond de tension avec le ministère de la Culture, mais aussi avec le directeur du Grand Palais qui souhaiterait voir le Palais de la découverte être déplacé.

Depuis, le directeur d’Universcience, Bruno Maquart, a été limogé par le gouvernement, une pétition des salariés pour sauver le Palais de la découverte a été lancée et plusieurs tribunes de soutien ont été publiées, comme par des institutions scientifiques internationales, le Collège de France et le réseau national de la culture scientifique (AMCSTI). Le 19 juin, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Philippe Baptiste c’est dit favorable au maintien du Palais de la découverte au sein du grand palais, mais le ministère de la Culture, tutelle principale du Palais, ne s’est toujours pas positionné, laissant encore planer une incertitude.

Pour des personnes extérieures à ce champ d’activité, les problèmes du Palais de la découverte peuvent sembler quelque peu parisiano-centrés ou peu importants par rapport à d’autres problématiques actuelles. Et pourtant, la question soulevée est plus globale qu’il n’y paraît.

Un symbole de l’évolution de la culture scientifique

Le Palais de la découverte est né dans le cadre de l’exposition internationale de 1937, d’une idée du peintre André Léveillé et du physicien et homme politique Jean Perrin.

Le Palais de la découverte, depuis 1937 temple de la vulgarisation scientifique.

Le Front Populaire au pouvoir porte les premières grandes politiques culturelles et Perrin voit dans le projet proposé par Léveillé un moyen de rendre la science accessible à tous et de favoriser des vocations. Il disait à propos du Palais de la découverte :

« S’il révélait un seul Faraday, notre effort à tous serait payé plus qu’au centuple ».

Perrin parviendra à pérenniser l’institution au-delà de l’exposition. À cette époque, difficile de parler de culture scientifique et de médiation : il s’agit surtout d’un temple de la science, important pour les scientifiques en période d’institutionnalisation de la recherche et de justification de sa légitimité.

Le Palais va par la suite faire évoluer son fonctionnement pour s’adapter aux changements sociaux. Des actions de médiation plus proches des formes contemporaines apparaissent dans les années 1960, en parallèle du développement du champ de la culture scientifique.

Ainsi, le Palais propose dans ces années des expositions itinérantes – traduisant la volonté d’aller au-delà des murs du musée – des conférences et de l’animation culturelle de clubs de jeunes. Dans les années 1970, les démonstrations et les conférences sont progressivement remplacées par des expériences interactives, et dans les années 1980 les activités pédagogiques avec les écoles, en complément des enseignements scolaires jugés souvent insuffisants, sont fréquentes.

En 1977, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing valide l’aménagement de la Cité des Sciences et de l’Industrie à la Villette. Là où le Palais se veut plus proche des sciences académiques, la Cité est pensée pour faire le lien entre sciences, techniques et savoir-faire industriels. On parlera ainsi de l’électrostatique et des mathématiques dans le premier, par exemple, quand le deuxième proposera une exposition sur la radio.

Expérience démontrant le principe de l'électrostatisme au Palais de la découverte
Expérience démontrant le principe de l’électrostatisme au Palais de la découverte.
A Robin EPPDCSI, CC BY-ND

La diversité de la culture scientifique en France

Décentrons le regard de Paris. La culture scientifique est loin de se limiter à la capitale et au Palais de la découverte. Avec l’effervescence des revendications sociales des années 1960, des associations émergent pour diffuser la culture scientifique dans l’ensemble du territoire national.

L’institutionnalisation de ces structures de culture scientifique a lieu dans les années 1980, sous la présidence de François Mitterrand, avec la volonté d’encadrer le travail de médiateur scientifique et de créer des Centres de Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CCSTI) permettant de diffuser cette culture dans l’ensemble du territoire.

Aujourd’hui, les acteurs de la culture scientifique sont marqués par leur grande diversité, si bien qu’il est difficile de les dénombrer. Entre les lieux de médiation centrés sur les sciences techniques ou de la nature, ceux sur le patrimoine, les associations d’éducation populaire, les musées et muséums ou encore les récents festivals, tiers-lieux culturels et médiateurs indépendants – sans parler des collectifs moins institutionnels et des groupements informels d’amateurs passant sous les radars, la culture scientifique est un champ culturel d’une grande diversité.


Du lundi au vendredi + le dimanche, recevez gratuitement les analyses et décryptages de nos experts pour un autre regard sur l’actualité. Abonnez-vous dès aujourd’hui !


Culture scientifique et justice sociale : mission impossible

Cette diversité d’acteurs propose des actions de médiation scientifique dans un contexte fort en enjeux sociaux : crises démocratiques et écologiques, désinformation, inégalités d’accès aux métiers et filières d’études scientifiques…L’accès à l’information scientifique est un enjeu de lutte contre les injustices sociales – défini par la philosophe Iris Marion Young comme ce qui constituent des contraintes institutionnelles au développement personnel (oppression), ou à l’auto-détermination (domination).

Mais plusieurs chercheurs français ou internationaux ont étudié l’incapacité de la culture scientifique à répondre aux enjeux de justice sociale qui lui sont attribués. En partie à cause de projets trop descendants, trop courts ou peu adaptés aux publics les plus marginalisés des institutions culturelles.

Le Palais de la découverte est peut-être là encore un symbole de son temps, car plusieurs critiques peuvent lui être adressées, par exemple concernant la sociologie de ces publics plutôt aisés et diplômés, au détriment des groupes sociaux marginalisés. Certes, on trouve davantage de catégories sociales défavorisées dans les musées de sciences que de ceux d’art, mais les populations précaires et racisées restent minoritaires.

Le Palais essayait tout de même de s’améliorer sur cette question, par exemple à travers les « relais du champ social », visant à faciliter la visite de personnes en précarité économique.

Mais les résultats de ce type d’actions inclusives, que l’on retrouve ailleurs en France, sont globalement mitigés. Développer des projets qui répondent réellement aux besoins des publics marginalisés nécessite du temps et des moyens financiers. Or les pouvoirs publics ne semblent pas financer la culture scientifique à la hauteur de ces besoins, d’après les professionnels du secteur. Ce n’est pas uniquement le cas pour les structures nationales mais aussi pour celles locales. Par exemple, Terre des sciences, CCSTI de la région Pays de la Loire, a récemment annoncé la fermeture de son antenne de la ville moyenne de Roche-sur-Yon, ouverte depuis 15 ans, faute de financement suffisant.

La situation du Palais de la découverte n’est donc pas un problème isolé. En tant qu’institution nationale de la culture scientifique, il est le symbole d’une histoire des relations entre les sciences et la société depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Et à travers la crise actuelle qu’il traverse, la question à poser est peut-être celle de la culture scientifique que nous voulons, partout en France

The Conversation

Bastien Fayet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le Palais de la découverte menacé de fermeture : quelle place pour la culture scientifique en France ? – https://theconversation.com/le-palais-de-la-decouverte-menace-de-fermeture-quelle-place-pour-la-culture-scientifique-en-france-260125

Robots bio-inspirés : quand l’IA a une prise sur le réel

Source: The Conversation – France in French (2) – By Olivia Chevalier, Ingénieur de recherche, Institut Mines-Télécom Business School

L’intelligence artificielle, aussi fascinante qu’elle puisse être, se cantonne largement au monde numérique. En d’autres termes, elle ne modèle pas directement la réalité physique. À moins d’être embarquée dans un objet capable d’agir sur le monde… comme un robot par exemple.

Des roboticiens et chercheurs en sciences sociales nous expliquent comment l’avènement de l’IA permet de changer la manière de penser les robots. En particulier, en leur permettant de mieux percevoir et d’interagir avec leur environnement.


En quelques décennies, les nouvelles méthodes informatiques regroupées sous l’appellation d’« intelligence artificielle » ont révolutionné le traitement automatisé de l’information. Certaines de ces méthodes s’inspirent du fonctionnement du cerveau, en reproduisant son architecture en réseau de neurones et les processus cognitifs humains tels que l’apprentissage.

En robotique, l’utilisation de telles approches laisse espérer des progrès rapides dans l’autonomisation des robots humanoïdes. L’essor de la vision par ordinateur, reposant sur ces nouvelles architectures de réseaux de neurones, a, par exemple, permis d’améliorer considérablement l’interaction des robots avec leur environnement, notamment pour éviter les obstacles et pour manipuler des objets. Néanmoins, une limite demeure aux avancées de l’IA en robotique : les robots humanoïdes peinent encore à atteindre la fluidité et la précision des mouvements humains, notamment en ce qui concerne la bipédie et la préhension.

En effet, la coordination des fonctions motrices nécessaires au mouvement ne se résume pas à une simple planification mécanique, comparable à une succession de coups dans une partie d’échecs. En réalité, le mouvement humain et, plus largement, le mouvement animal reposent sur un enchevêtrement complexe d’opérations et d’interactions impliquant des composantes internes à l’individu, telles que le contrôle moteur (l’équivalent de l’IA chez le robot), le système sensoriel ou la biomécanique, ainsi que des composantes externes, comme les interactions physiques avec l’environnement.

Par exemple, un joggeur amateur est capable de maintenir son regard globalement stable malgré les irrégularités du terrain et la fatigue, en tirant parti de propriétés passives du corps humain (de l’articulation plantaire au mouvement des hanches), de réflexes, ainsi que d’un contrôle moteur fin des muscles oculaires et cervicaux. Nos systèmes musculosquelettiques et nerveux ont ainsi évolué de manière conjointe pour relever les défis posés par des environnements hétérogènes et imprévisibles.

En comparaison, pour accomplir des tâches qui exigent un ajustement continu entre l’action et son objectif, les robots disposent d’un nombre limité d’actionneurs (en d’autres termes, de moteurs) et plus encore de capteurs.

Dans ce contexte de contraintes matérielles, peut-on réellement espérer que la puissance de calcul des IA et leurs capacités d’apprentissage suffisent à atteindre les performances motrices observées chez les humains et chez les animaux ?

L’approche dite « incarnée » prend justement le contrepied de l’approche purement calculatoire en ne dissociant pas les composantes algorithmiques et physiques du robot. Elle vise au contraire à explorer les synergies possibles entre le corps et le contrôle, entre les mécanismes passifs et actifs, pour qu’une « intelligence motrice » ou « incarnée » émerge aussi de ces interactions. Cet article examine ainsi les limites et perspectives des synergies entre l’intelligence artificielle, le robot et son environnement.

Vers des robots autonomes : deux phases dans l’histoire de la robotique

Rodney Brooks, ancien directeur du laboratoire d’IA au Massachusetts Institute of Technology (MIT), y a dirigé pendant des années un programme de recherche intitulé : « The Cog Project : Building a Humanoid Robot ». Brooks distingue deux phases dans l’histoire de la recherche en robotique. Au cours de la première phase (années 1970-1980), la recherche est fondée sur le fait que le programme du robot contient les données du milieu dans lequel il évolue, ou plutôt où il n’évolue pas. Lors de la seconde phase, à partir des années 1990, la recherche se fonde précisément sur l’interaction avec l’environnement.


Tous les quinze jours, de grands noms, de nouvelles voix, des sujets inédits pour décrypter l’actualité scientifique et mieux comprendre le monde. Abonnez-vous gratuitement dès aujourd’hui !


Ce rapport dynamique à l’environnement permet de voir dans quelle mesure les robots se complexifient et s’auto-organisent, ou s’autonomisent au fil de l’histoire de la recherche en robotique. Comme le dit Brooks, « l’intelligence humanoïde requiert des interactions humanoïdes avec le monde ». Il s’agit par conséquent de développer des programmes capables de se modifier eux-mêmes en fonction des interactions avec l’environnement.

La seconde robotique, ou comment les systèmes d’IA peuvent rendre les robots plus autonomes

Les recherches de la seconde robotique visent donc à développer un « behaviour-based robot » (robot fondé sur un modèle comportemental), dont une des exigences intéresse notre propos : pour que l’action du robot soit proche de la nôtre, on doit entre autres la supposer « non planifiée ».

C’est, précisément, d’abord là que les progrès en IA se révèlent fructueux. Mais dans quelle mesure l’IA peut-elle permettre de réduire le fossé entre les comportements des robots et ceux, extrêmement complexes, qu’on cherche à leur faire reproduire ? Parce que l’IA joue un grand rôle dans la conception des robots, dans la fabrication des matériaux dont ils sont faits et évidemment dans la simulation et la modélisation, elle offre les moyens de cette approche incarnée.

Un des principaux objectifs de cette approche est l’autonomie des robots, c’est-à-dire leur capacité à prendre des décisions et à s’adapter à leur environnement.

Pour mieux comprendre ce point, on peut opposer l’approche physicaliste à celle de l’IA incarnée. Ainsi, l’approche traditionnelle (aussi qualifiée de « physicaliste » ou « objectiviste ») ne donne pas les moyens de savoir si une machine peut sentir ou comprendre, tandis l’approche de l’IA incarnée pose le problème de l’autonomie de la machine en des termes qui permettraient en principe de vérifier cette hypothèse de la possibilité pour une machine de sentir ou comprendre. En effet, en considérant, d’une part, que le tout – le corps – est plus que l’addition des parties (les composants) et, d’autre part, que les phénomènes qui nous intéressent (conscience phénoménale, compréhension, sensation, par exemple) sont le produit émergeant de ce tout immergé dans l’environnement, cette seconde approche offre les moyens de tester cette hypothèse.

La robotique souple (dans sa version bio-inspirée) semble ainsi plus apte que les autres approches robotiques évoquées ci-dessus à se rapprocher de cet objectif de l’approche incarnée. En effet, en s’inspirant des comportements des organismes biologiques et en essayant d’en reproduire certains aspects, elle vise à construire des robots qui s’adaptent au milieu et construisent leur autonomie dans leur interaction avec lui.

Un autre imaginaire du rapport entre humains et machines

Le couplage de la robotique et de l’IA préfigure potentiellement un autre imaginaire du rapport entre humains et machines et de la technique à la nature que celui qui a prévalu à l’ère industrielle.

En effet, dès les années 1940, la théorie cybernétique, avec le concept d’« homéostasie » (autorégulation de l’organisme avec son milieu), aux sources de l’actuelle IA, était déjà une pensée de l’insertion des machines dans le milieu. L’association cybernétique entre capteurs et traitement du signal avait ouvert la voie au rapprochement de l’intelligence machinique (qu’on peut définir brièvement comme intelligence principalement régie par des algorithmes) avec celle des êtres vivants dans le monde naturel. L’autonomie des machines était toutefois toujours pensée sur le modèle de la capacité des organismes vivants à maintenir leurs équilibres internes en résistant aux perturbations de l’environnement, c’est-à-dire en accordant la priorité à tout ce qui permet de réduire ce « désordre » externe.

Les recherches actuelles en robotique semblent infléchir ce rapport en considérant que les perturbations du milieu représentent des potentialités et des ressources propres qui méritent d’être comprises et appréhendées en tant que telles.

Il ne s’agit pas seulement aujourd’hui d’insérer un robot dans un environnement neutre ou déjà connu par lui, mais de faire de cet environnement – imprévisible, souvent inconnu – un composant de son comportement. Ces recherches se concentrent ainsi sur les interactions du corps ou du système mécatronique avec le monde physique – c’est-à-dire avec les forces de contact et les processus de traitement de l’information mis en œuvre dans l’expérience sensible par les êtres vivants.

Soft robotique, robotique molle, bio-inspirée, intelligence incarnée sont des déclinaisons possibles de ces nouvelles approches et révèlent l’importance du rôle joué par l’IA dans l’ouverture de la robotique à d’autres problématiques que celles qui étaient traditionnellement les siennes, en apportant des éclairages ou en levant certains verrous scientifiques.

La nouvelle robotique ne fait donc pas que déboucher sur un renouveau de l’intérêt pour le vivant. Les conceptions de la machine dont elle est porteuse – une machine immergée dans son environnement, qui en dépend profondément – résonnent fortement avec les nouvelles approches du vivant en biologie qui définissent celui-ci principalement à partir de ses interactions. Le nouveau dialogue qui s’instaure entre robotique et biologie contribue ainsi à repenser les frontières qui séparent le vivant du non-vivant.

Dès lors, l’approche incarnée de la robotique pourrait-elle permettre de combler l’écart entre machine et vivant ?


Le projet ANR-19-CE33-0004 est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.

The Conversation

Olivia Chevalier a reçu des financements du PEPR O2R

Gérard Dubey a reçu des financements du PEPR O2R.

Johann Hérault a reçu des financements de ANR (Project-ANR-19-CE33-0004) , du PEPR O2R et de la région Pays de La Loire.

ref. Robots bio-inspirés : quand l’IA a une prise sur le réel – https://theconversation.com/robots-bio-inspires-quand-lia-a-une-prise-sur-le-reel-257280

Lego : plus que des jouets, un marché de collection

Source: The Conversation – France (in French) – By David Moroz, Associate professor, EM Normandie

Les Lego ne sont pas uniquement des jouets : ils sont devenus de véritables objets de collection, portés par un marché de seconde main particulièrement dynamique. Qu’est-ce que la marque Lego nous enseigne sur les marchés de collection et sur toutes ses homologues qui cherchent à susciter chez leurs clients le désir de collectionner ?


Depuis quelques années, le groupe Lego ne cesse d’enregistrer des records de vente. En 2024, il enregistre un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’euros, porté par 1 069 magasins dans le monde et 28 000 salariés. Du canard en bois, en 1935, au Millenium Falcon de Star Wars™ en passant par la réplique du Titanic, le groupe n’a cessé de multiplier les thèmes de construction, couvrant un public croissant d’acheteurs.

Si certains thèmes ciblent davantage les enfants, d’autres visent spécifiquement un public adulte, intéressé par le fait de posséder et d’exposer un objet de collection. La marque offre de quoi alimenter l’appétit de chacune de ses communautés de collectionneurs, quel que soit le thème de la collection : Star Wars™, Harry Potter™, Minecraft® ou Super Mario™. En ce sens, elle fait partie des marques, comme Hermès avec ses sacs à main, ayant pour objectif de susciter chez leurs clients l’envie de s’engager dans une collection.

Clients-collectionneurs

Lorsqu’une telle marque arrête la vente d’un produit, les clients-collectionneurs peuvent espérer compléter leur collection sur le marché de l’occasion sur des plateformes de vente en ligne. Pour les passionnés de Lego, la plus connue est BrickLink, acquise par le groupe en 2019.

C’est précisément sur les Lego revendus sur cette plateforme que nous avons conduit une étude. Notre objectif était de comprendre les dynamiques de prix des Lego sur le marché de seconde main ; plus particulièrement déterminer, à la différence des analyses précédemment menées, si l’arrêt de production d’un thème, ou son arrêt anticipé, pouvait avoir un impact sur les prix.


Du lundi au vendredi + le dimanche, recevez gratuitement les analyses et décryptages de nos experts pour un autre regard sur l’actualité. Abonnez-vous dès aujourd’hui !


Sur le marché de l’art, à la suite du décès d’un artiste, différents travaux ont relevé ce que l’on nomme, bien sombrement, un « effet de mort ». Le prix d’une œuvre a tendance à augmenter suite au décès de son créateur, voire avec la diminution de son espérance de vie. Ces toutes dernières étapes de la vie d’un artiste fixent de facto une limite à la quantité de ses œuvres en circulation sur le marché et impactent donc la rareté de ces dernières.

Figurine et diversité de pièces

Pour mener cette étude, nous avons collecté les données de 7 585 sets différents, relevant de 107 thèmes différents et représentant 227 920 lots disponibles à la vente. Ces données ont été collectées en 2019, peu de temps avant l’acquisition de BrickLink par le groupe Lego. Par conséquent, ce marché était encore vierge de l’influence d’éventuelles stratégies de l’entreprise ou d’effets d’annonce liés à cette acquisition.

Pour chaque set, nous avons pris en compte plusieurs variables : nombre total de pièces d’un set, thème lego d’appartenance – Star Wars™, Technic, City –, diversité des pièces, présence et nombre de figurines, nombre de lots en vente, nombre d’acheteurs potentiels ayant ajouté le set à leur liste de souhaits. Nous avons examiné les performances historiques des thèmes – croissance annuelle moyenne des prix –, leur statut de production – en vente ou non sur le site du groupe Lego au moment de la collecte des données –, et leur ancienneté – date de la première année de mise en vente par le groupe Lego.

Lego star wars
Depuis son lancement en 1999, la gamme Lego Star Wars™ s’est imposée comme un incontournable pour les collectionneurs.
Shutterstock

Nos analyses confirment que le prix d’un set sur le marché de l’occasion est fonction croissante de son nombre de pièces. Elles n’étonneront nullement l’amateur de Lego, appréciant les plaisirs du montage d’un set regorgeant de pièces et avec un temps d’assemblage relativement long. Nous avons également observé, ce que n’évaluaient pas les précédentes analyses, que la diversité des pièces d’un set avait un impact positif sur son prix. Un set de 1 000 pièces peut très bien contenir 50 types de briques différents comme 150. Dans ce dernier cas, il sera jugé plus riche, plus complexe, plus gratifiant à assembler ; ce qui se traduit par un prix plus élevé.

Un type spécifique de pièces a un impact sur le prix d’un set : les figurines. Celles-ci n’ont aucun lien avec la difficulté d’assemblage d’un set et pourtant, leur simple présence suffit à faire grimper le prix d’un set de plus de 40 % en moyenne.

Sets et thèmes rares

Sans surprise et comme sur tout marché de collection, les sets les plus rares – dans le cas de notre étude, ceux les plus fréquemment ajoutés à une liste de souhaits parmi ceux les moins disponibles sur la plateforme – sont aussi les plus chers. Une augmentation de 1 % du ratio demande/offre faisant croître le prix de 0,63 % en moyenne.

Ce qui nous intéressait le plus était l’effet du thème d’appartenance du set, en termes d’ancienneté et de durée de production. Les précédentes études montrent des prix significativement plus élevés pour des sets relevant de certains thèmes, notamment tels que Star Wars™. Nous avons relevé un impact positif du nombre de sets rattachés à un thème. Autrement dit, plus un thème regroupe des sets différents, plus les sets relevant de ce thème sont valorisés.

Lego Angry Birds est une gamme du jeu de construction Lego créée en mars 2016 et stoppée la même année au bout de six sets.
Shutterstock

Il existe sur ce marché un effet de mort avec les thèmes dont la production a été arrêtée par le groupe Lego, à l’image du thème The Angry Birds Movie™, arrêté en 2016. En moyenne, les sets relevant de tels thèmes affichent des prix plus élevés de près de 16 % en comparaison de sets appartenant à des thèmes encore en production. Plus le thème arrêté est ancien, plus l’effet de mort est marqué.

Marchés secondaires de collectionneurs

Au-delà de possibilités de stratégies de spéculation, l’analyse du marché des Lego de seconde main offre un éclairage utile aux entreprises qui cherchent à fidéliser une clientèle au travers d’un ou plusieurs projets de collection.

En comprenant mieux les dynamiques de prix des marchés secondaires, ces entreprises peuvent affiner leurs stratégies de lancement ou d’interruption de certaines gammes de produits. De facto maximiser la rentabilité de ces dernières dans le temps. Au-delà des aspects purement mercantiles, il ne faut pas oublier l’intérêt des plateformes de vente en ligne pour le recyclage des produits et donc… un moindre gaspillage de ressources.

Une meilleure compréhension des déterminants de la valeur sur ces plateformes permet aux entreprises d’identifier les caractéristiques les plus valorisées par les consommateurs, de diminuer le risque d’invendus et d’avoir une meilleure empreinte environnementale.

Pour le groupe Lego, il est fort possible que ce dernier point soit une préoccupation majeure. Malgré des efforts substantiels en R&D, l’enseigne n’est pas encore parvenue à arrêter l’usage de certains composants plastiques pour la production de ses fameuses briques. Un bon fonctionnement de ses marchés de seconde main, couplé à la réputation de durabilité de ses briques, est probablement pour le groupe une manière de compenser cet usage du plastique.

The Conversation

David Moroz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Lego : plus que des jouets, un marché de collection – https://theconversation.com/lego-plus-que-des-jouets-un-marche-de-collection-259288

Bali to Biarritz: Surf spot overcrowding and the fight to protect the essence of catching a wave

Source: The Conversation – France – By Jérémy Lemarié, Maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)

Invented in Hawaii, surfing gained popularity in the United States and Australia in the 1950s before becoming a global phenomenon. Now practiced in more than 150 countries, its spread has been driven by media and tourism. Surf tourism involves travelling to destinations to catch waves, either with a surfboard or through activities such as body surfing or bodyboarding. Tourists range from seasoned surfers to beginners eager to learn.

The allure of California

For many, surf tourism evokes exotic imagery shaped by California production companies. Columbia Pictures in 1959 and Paramount Pictures in 1961 introduced surfing to the middle class, showcasing the sport as a gateway to summer adventure and escape. However, it was the 1966 movie The Endless Summer, directed and produced by Bruce Brown, that became a box office success. The film follows two Californians travelling the globe in search of the perfect wave, which they ultimately find in South Africa. Beneath the seemingly lighthearted portrayal of a “surf safari”, it carries undertones of colonial ambition.

In the film, the Californians tell people in Africa that waves are untapped resources ready to be named and conquered. This sense of Western cultural dominance over populations in poorer countries has permeated surf tourism. Since the 1970s, French surfers have flocked to Morocco for its long-breaking waves, Australians have flocked to Indonesia and Californians to Mexico. The expansion of surfing to Africa, Asia and Latin America was enabled by easier international travel and economic disparities between visitors and hosts.

Surfing’s impact on local communities

Indonesia, for instance, became a surfing hotspot after Australian surfers started to explore the waves of Bali and the Mentawai Islands in the 1970s. Once remote regions with modest living standards, these areas saw tourism infrastructure mushroom to meet demand. Today, destinations such as Uluwatu in Bali and Padang Padang in Sumatra attract surfers of all skill levels.

Similarly, Morocco has experienced a surge in surf tourism, with spots such as Taghazout drawing European visitors in search of affordable waves and sunshine. While this has boosted local economies, it has also raised concerns about environmental degradation and the strain of tourism on previously untouched areas.

The challenges of overtourism in coastal areas

Although surfing is often seen as an activity in harmony with nature, mass tourism has created tensions between local surfers and visitors. Overtourism refers to the negative impact of excessive tourist numbers on natural environments and local communities.

One response to overtourism is localism – where local surfers assert ownership of waves, sometimes discouraging or even intimidating outsiders. This has been particularly pronounced in economically dependent surf destinations. For example, in Hawaii during the 1970s and 1980s, local surfers protested against the influx of professional Australian surfers and international competitions. Today, localism persists globally, from Maroubra in Sydney to Boucau-Tarnos in France’s Nouvelle-Aquitaine region. These places are not systematically off-limits to beginners, but major conflicts can arise during peak tourist seasons.

Surf schools, while crucial for teaching newcomers, also exacerbate crowding. During high seasons, beaches such as Côte des Basques in Biarritz become overcrowded, straining relations between experienced surfers, instructors and novices. Beginners, often unaware of surf etiquette and safety rules, contribute to frustrations among seasoned surfers.

A weekly e-mail in English featuring expertise from scholars and researchers. It provides an introduction to the diversity of research coming out of the continent and considers some of the key issues facing European countries. Get the newsletter!

The role of public authorities

In response to these challenges, public initiatives have emerged to promote sustainable surf tourism. For instance, the Costa Rican government has established marine protected areas and regulated tourism activities to preserve a part of the coastal environment. Local authorities have also begun capping the number of surf schools and making access to the practice more difficult.

In southwestern France, municipalities use public service delegations (DSP), temporary occupation authorisations (AOT) and other tools to regulate surf schools operating on public beaches. Environmental awareness programmes have been launched to educate tourists on responsible behaviour toward beaches and oceans.

Gaps in regulation

Despite these measures, many coastal regions face insufficient action to address the environmental and social challenges posed by surf tourism. In Fiji, a 2010 decree deregulated the surf tourism industry, eliminating traditional indigenous rights to coastal and reef areas. This allowed unregulated development of tourism infrastructure, often ignoring long-term ecological impacts.

Similar issues are seen in Morocco, where lax regulations allow foreign investors to exploit coastal land for hotel development, often providing little benefit to local communities.

Yet, there are success stories. In Santa Cruz, California, the initiative Save Our Shores mobilises citizens and tourists to protect beaches through anti-pollution campaigns and regular cleanups.

Surf tourism has brought significant economic benefits to many coastal regions. However, it has also introduced social and environmental challenges, including localism, overcrowding and ecological strain. Managing these issues requires a collaborative approach, with governments, local stakeholders and tourists working together to preserve the sport’s connection to nature.


This article was published as part of the 2024 Fête de la Science, of which The Conversation France was a partner. The year’s theme, “Oceans of Knowledge,” explored the wonders of the marine world.

The Conversation

Jérémy Lemarié is a member of the Fulbright network, as the recipient of the “Chercheuses et Chercheurs” grant from the Franco-American Commission in 2022-2023.

ref. Bali to Biarritz: Surf spot overcrowding and the fight to protect the essence of catching a wave – https://theconversation.com/bali-to-biarritz-surf-spot-overcrowding-and-the-fight-to-protect-the-essence-of-catching-a-wave-244550

Our memories are unreliable, limited and suggestible – and it’s a good thing too

Source: The Conversation – Global Perspectives – By Nick Haslam, Professor of Psychology, The University of Melbourne

Shutterstock

Milan Kundera opens his novel The Book of Laughter and Forgetting with a scene from the winter of 1948. Klement Gottwald, leader of the Communist Party of Czechoslovakia, is giving a speech to the masses from a palace balcony, surrounded by fellow party members. Comrade Vladimir Clementis thoughtfully places his fur hat on Gottwald’s bare head; the hat then features in an iconic photograph.

Four years later, Clementis is found guilty of being a bourgeois nationalist and hanged. His ashes are strewn on a Prague street. The propaganda section of the party removes him from written history and erases him from the photograph.

“Nothing remains of Clementis,” writes Kundera, “but the fur hat on Gottwald’s head.”


Review: Memory Lane: The Perfectly Imperfect Ways We Remember – Ciara Greene & Gillian Murphy (Princeton University Press)


Efforts to enforce political forgetting are often associated with totalitarian regimes. The state endeavours to control not only its citizens, but also the past. To create a narrative that glorifies the present and idealises the future, history must be rewritten or even completely obliterated.

In a famous article on “the totalitarian ego”, the social psychologist Anthony Greenwald argued that individual selves operate in the same way. We deploy an array of cognitive biases to maintain a sense of control, and to shape and reshape our personal history. We distort the present and fabricate the past to ensure we remain the heroes of our life narratives.

Likening the individual to a destructive political system might sound extreme, but it has an element of truth. Memory Lane, a new book by Irish psychology researchers Ciara Greene and Gillian Murphy, shows how autobiographical memory has a capacity to rewrite history that is almost Stalinesque.

There is no shortage of books on memory, from self-help guides for the anxiously ageing to scholarly works of history. Memory Lane is distinctive for taking the standpoint of applied cognitive psychology. Emphasising how memory functions in everyday life, Greene and Murphy explore the processes of memory and the influences that shape them.

What memory is not

The key message of the book is that the memory system is not a recording device. We may be tempted to see memory as a vault where past experience is faithfully preserved, but in fact it is fundamentally reconstructive.

Memories are constantly revised in acts of recollection. They change in predictable ways over time, moulded by new information, our prior beliefs and current emotions, other people’s versions of events, or an interviewer’s leading questions.

According to Greene and Murphy’s preferred analogy, memory is like a Lego tower. A memory is initially constructed from a set of elements, but over time some will be lost as the structure simplifies to preserve the gist of the event. Elements may also be added as new information is incorporated and the memory is refashioned to align with the person’s beliefs and expectations.

The malleability of memory might look like a weakness, especially by comparison to digital records. Memory Lane presents it as a strength. Humans did not evolve to log objective truths for posterity, but to operate flexibly in a complex and changing world.

From an adaptive standpoint, the past only matters insofar as it helps us function in the present. Our knowledge should be updated by new information. We should assimilate experiences to already learned patterns. And we should be tuned to our social environment, rather than insulated from it.

“If all our memories existed in some kind of mental quarantine, separate from the rest of our knowledge and experiences,” the authors write, “it would be like using a slow, inefficient computer program that could only show you one file at a time, never drawing connections or updating incorrect impressions.”

Simplifying and discarding memories is also beneficial because our cognitive capacity is limited. It is better to filter out what matters from the deluge of past experiences than to be overwhelmed with irrelevancies. Greene and Murphy present the case of a woman with exceptional autobiographical memory, who is plagued by the triggering of obsolete memories.

Forgetting doesn’t merely de-clutter memory; it also serves emotional ends. Selectively deleting unpleasant memories increases happiness. Sanding off out-of-character experiences fosters a clear and stable sense of self.

“Hindsight bias” boosts this feeling of personal continuity by bringing our recollections into line with our current beliefs. Revisionist history it may be, but it is carried out in the service of personal identity.

‘Forgetting doesn’t merely de-clutter memory; it also serves emotional ends.’
Shutterstock

Eyewitness memories and misinformation

Memory Lane pays special attention to situations in which memory errors have serious consequences, such as eyewitness testimony. Innocent people can be convicted on the basis of inaccurate eyewitness identifications. An array of biases make these more likely and they are especially common in interracial contexts.

Recollections can also be influenced by the testimony of other witnesses, and even by the language used during questioning. In a classic study, participants who viewed videos of car accidents estimated the car’s speed as substantially faster when the cars were described as having “smashed” rather than “contacted”. These distortions are not temporary: new information overwrites and overrides the original memory.

Misinformation works in a similar way and with equally dire consequences, such as vaccination avoidance. False information not only modifies existing memories but can even produce false memories, especially when it aligns with our preexisting beliefs and ideologies.

Greene and Murphy present intriguing experimental evidence that false memories are prevalent and easy to implant. Children and older adults seem especially susceptible to misinformation, but no one is immune, regardless of education or intelligence.

Reassuringly, perhaps, digital image manipulation and deepfake videos are no more likely to induce false memories than good old-fashioned verbiage. A doctored picture may not be worth a thousand words when it comes to warping memory.

Memory Lane devotes some time to the “memory wars” of the 1980s and 1990s, when debate raged over the existence of repressed memories. Greene and Murphy argue the now mainstream view that many traumatic memories supposedly recovered in therapy were false memories induced by therapists. Memories for traumatic events are not repressed, they argue, and traumatic memories are neither qualitatively different from other memories, nor stored separately from them.

Here the science of memory runs contrary to the wildly popular claims of writers such as psychiatrist Bessel van der Kolk, author of the bestseller The Body Keeps the Score.




Read more:
The Body Keeps the Score: how a bestselling book helps us understand trauma – but inflates the definition of it


Psychology researchers Ciara Greene (left) and Gillian Murphy (right) want us to be humbler about our fallible memories.
Princeton University Press

Misunderstanding memory

The authors of Memory Lane contend that we hold memory to unrealistic standards of accuracy, completeness and stability. When people misremember the past or change their recollections, we query their honesty or mental health. When our own memories are hazy, we worry about cognitive decline.

Greene and Murphy argue that it is in the very nature of memory to be fallible, malleable and limited. This message is heartening, but it does not clarify why we would expect memory to be more capacious, coherent and durable in the first place. Nor does it explain why we persist with this wrongheaded expectation, despite so much evidence to the contrary.

The authors hint that our mistake might have its roots in dominant metaphors of memory. If we now understand the mind as computer-like, we will see memories as digital traces that sit, silent and unchanging, in a vast storage system.

“Many of the catastrophic consequences of memory distortion arise not because our individual memories are terrible,” they argue, “but because we have unrealistic expectations about how memory works, treating it as a video camera rather than a reconstruction.”

In earlier times, when memory was likened to a telephone switchboard or to books or, for the ancient Greeks, to wax tablets, memory errors and erasures may have seemed less surprising and more tolerable.

These shifting technological analogies, explored historically in Douwe Draaisma’s Metaphors of Memory, may partly account for our extravagant expectations for memory. Expecting silicon chip performance from carbon-based organisms, who evolved to care more about adaptation than truth, would be foolish.

But there is surely more to this than metaphor. All aspects of our lives are increasingly recorded and datafied, a process that demands objectivity, accuracy and consistency. The recorded facts of the matter determine who should be rewarded, punished and regulated. The bounded and mutable nature of human memory presents a challenge to this digital regime.

Human memory is also increasingly taxed by the overwhelming and accelerating volume of information that assails us. Our frustration with its limitations reflects the desperate mismatch we feel between human nature and the impersonal systems of data in which we live.

Greene and Murphy urge us to relax. We should be humbler about our memory, and more realistic and forgiving about the memories of others. We should not be judgemental about the errors and inconsistencies of friends, or overconfident about our own recollections. And we should remember that, although memory is fallible, it is fallible in beneficial ways.

A person whose memory system always kept an accurate record of our lives would be profoundly impaired, Greene and Murphy argue. Such a person “would struggle to plan for the future, learn from the past, or respond flexibly to unexpected events”. Brimming with insights such as these, Memory Lane offers an informative and readable account of how the apparent weaknesses of human memory may be strengths in disguise.

The Conversation

Nick Haslam receives funding from the Australian Research Council.

ref. Our memories are unreliable, limited and suggestible – and it’s a good thing too – https://theconversation.com/our-memories-are-unreliable-limited-and-suggestible-and-its-a-good-thing-too-258682

What did ancient Rome smell like? Honestly, often pretty rank

Source: The Conversation – Global Perspectives – By Thomas J. Derrick, Gale Research Fellow in Ancient Glass and Material Culture, Macquarie University

minoandriani/Getty Images

The roar of the arena crowd, the bustle of the Roman forum, the grand temples, the Roman army in red with glistening shields and armour – when people imagine ancient Rome, they often think of its sights and sounds. We know less, however, about the scents of ancient Rome.

We cannot, of course, go back and sniff to find out. But the literary texts, physical remains of structures, objects, and environmental evidence (such as plants and animals) can offer clues.

So what might ancient Rome have smelled like?

Honestly, often pretty rank

In describing the smells of plants, author and naturalist Pliny the Elder uses words such as iucundus (agreeable), acutus (pungent), vis (strong), or dilutus (weak).

None of that language is particularly evocative in its power to transport us back in time, unfortunately.

But we can probably safely assume that, in many areas, Rome was likely pretty dirty and rank-smelling. Property owners did not commonly connect their toilets to the sewers in large Roman towns and cities – perhaps fearing rodent incursions or odours.

Roman sewers were more like storm drains, and served to take standing water away from public areas.

Professionals collected faeces for fertiliser and urine for cloth processing from domestic and public latrines and cesspits. Chamber pots were also used, which could later be dumped in cesspits.

This waste disposal process was just for those who could afford to live in houses; many lived in small, non-domestic spaces, barely furnished apartments, or on the streets.

A common whiff in the Roman city would have come from the animals and the waste they created. Roman bakeries frequently used large lava stone mills (or “querns”) turned by mules or donkeys. Then there was the smell of pack animals and livestock being brought into town for slaughter or sale.

Animals were part of life in the Roman empire.
Animals were part of life in the Roman empire.
Marco_Piunti/Getty Images

The large “stepping-stones” still seen in the streets of Pompeii were likely so people could cross streets and avoid the assorted feculence that covered the paving stones.

Disposal of corpses (animals and human) was not formulaic. Depending on the class of the person who had died, people might well have been left out in the open without cremation or burial.

Bodies, potentially decaying, were a more common sight in ancient Rome than now.

Suetonius, writing in the first century CE, famously wrote of a dog carrying a severed human hand to the dining table of the Emperor Vespasian.

Deodorants and toothpastes

In a world devoid of today’s modern scented products – and daily bathing by most of the population – ancient Roman settlements would have smelt of body odour.

Classical literature has some recipes for toothpaste and even deodorants.

However, many of the deodorants were to be used orally (chewed or swallowed) to stop one’s armpits smelling.

One was made by boiling golden thistle root in fine wine to induce urination (which was thought to flush out odour).

The Roman baths would likely not have been as hygienic as they may appear to tourists visiting today. A small tub in a public bath could hold between eight and 12 bathers.

The Romans had soap, but it wasn’t commonly used for personal hygiene. Olive oil (including scented oil) was preferred. It was scraped off the skin with a strigil (a bronze curved tool).

This oil and skin combination was then discarded (maybe even slung at a wall). Baths had drains – but as oil and water don’t mix, it was likely pretty grimy.

Scented perfumes

The Romans did have perfumes and incense.

The invention of glassblowing in the late first century BCE (likely in Roman-controlled Jerusalem) made glass readily available, and glass perfume bottles are a common archaeological find.

Animal and plant fats were infused with scents – such as rose, cinnamon, iris, frankincense and saffron – and were mixed with medicinal ingredients and pigments.

The roses of Paestum in Campania (southern Italy) were particularly prized, and a perfume shop has even been excavated in the city’s Roman forum.

The trading power of the vast Roman empire meant spices could be sourced from India and the surrounding regions.

There were warehouses for storing spices such as pepper, cinnamon and myrrh in the centre of Rome.

In a recent Oxford Journal of Archaeology article, researcher Cecilie Brøns writes that even ancient statues could be perfumed with scented oils.

Sources frequently do not describe the smell of perfumes used to anoint the statues, but a predominantly rose-based perfume is specifically mentioned for this purpose in inscriptions from the Greek city of Delos (at which archaeologists have also identified perfume workshops). Beeswax was likely added to perfumes as a stabiliser.

Enhancing the scent of statues (particularly those of gods and goddesses) with perfumes and garlands was important in their veneration and worship.

An olfactory onslaught

The ancient city would have smelt like human waste, wood smoke, rotting and decay, cremating flesh, cooking food, perfumes and incense, and many other things.

It sounds awful to a modern person, but it seems the Romans did not complain about the smell of the ancient city that much.

Perhaps, as historian Neville Morley has suggested, to them these were the smells of home or even of the height of civilisation.

The Conversation

Thomas J. Derrick does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. What did ancient Rome smell like? Honestly, often pretty rank – https://theconversation.com/what-did-ancient-rome-smell-like-honestly-often-pretty-rank-257111

Gum disease, decay, missing teeth: why people with mental illness have poorer oral health

Source: The Conversation – Global Perspectives – By Bonnie Clough, Senior Lecturer, School of Applied Psychology, Griffith University

mihailomilovanovic/Getty Images

People with poor mental health face many challenges. One that’s perhaps lesser known is that they’re more likely than the overall population to have poor oral health.

Research has shown people with serious mental illness are four times more likely than the general population to have gum disease. They’re nearly three times more likely to have lost all their teeth due to problems such as gum disease and tooth decay.

Serious mental illnesses include major depressive disorder, bipolar disorder and psychotic disorders such as schizophrenia. These conditions affect about 800,000 Australians.

People living with schizophrenia have, on average, eight more teeth that are decayed, missing or filled than the general population.

So why does this link exist? And what can we do to address the problem?

Why is this a problem?

Oral health problems are expensive to fix and can make it hard for people to eat, socialise, work or even just smile.

What’s more, dental issues can land people in hospital. Our research shows dental conditions are the third most common reason for preventable hospital admissions among people with serious mental illness.

Meanwhile, poor oral health is linked with long-term health conditions such as diabetes, heart disease, some cancers, and even cognitive problems. This is because the bacteria associated with gum diseases can cause inflammation throughout the body, which affects other systems in the body.

Why are mental health and oral health linked?

Poor mental and oral health share common risk factors. Social factors such as isolation, unemployment and housing insecurity can worsen both oral and mental health.

For example, unemployment increases the risk of oral disease. This can be due to financial difficulties, reduced access to oral health care, or potential changes to diet and hygiene practices.

At the same time, oral disease can increase barriers to finding employment, due to stigma, discrimination, dental pain and associated long-term health conditions.

It’s clear the relationship between oral health and mental health goes both ways. Dental disease can reduce self-esteem and increase psychological distress. Meanwhile, symptoms of mental health conditions, such as low motivation, can make engaging in good oral health practices, including brushing, flossing, and visiting the dentist, more difficult.

And like many people, those with serious mental illness can experience significant anxiety about going to the dentist. They may also have experienced trauma in the past, which can make visiting a dental clinic a frightening experience.

Separately, poor oral health can be made worse by some medications for mental health conditions. Certain medications can interfere with saliva production, reducing the protective barrier that covers the teeth. Some may also increase sugar cravings, which heightens the risk of tooth decay.

A woman sits on the edge of a bed with her head in her hand.
Some medications people take for mental health conditions can affect oral health.
Gladskikh Tatiana/Shutterstock

Our research

In a recent study, we interviewed young people with mental illness. Our findings show the significant personal costs of dental disease among people with mental illness, and highlight the relationship between oral and mental health.

Smiling is one of our best ways to communicate, but we found people with serious mental illness were sometimes embarrassed and ashamed to smile due to poor oral health.

One participant told us:

[poor oral health is] not only [about] the physical aspects of restricting how you eat, but it’s also about your mental health in terms of your self-esteem, your self-confidence, and basic wellbeing, which sort of drives me to become more isolated.

Another said:

for me, it was that serious fear of – God my teeth are looking really crap, and in the past they’ve [dental practitioners] asked, “Hey, you’ve missed this spot; what’s happening?”. How do I explain to them, hey, I’ve had some really shitty stuff happening and I have a very serious episode of depression?

What can we do?

Another of our recent studies focused on improving oral health awareness and behaviours among young adults experiencing mental health difficulties. We found a brief online oral health education program improved participants’ oral health knowledge and attitudes.

Improving oral health can result in improved mental wellbeing, self-esteem and quality of life. But achieving this isn’t always easy.

Limited Medicare coverage for dental care means oral diseases are frequently treated late, particularly among people with mental illness. By this time, more invasive treatments, such as removal of teeth, are often required.

It’s crucial the health system takes a holistic approach to caring for people experiencing serious mental illness. That means we have mental health staff who ask questions about oral health, and dental practitioners who are trained to manage the unique oral health needs of people with serious mental illness.

It also means increasing government funding for oral health services – promotion, prevention and improved interdisciplinary care. This includes better collaboration between oral health, mental health, and peer and informal support sectors.

The Conversation

Amanda Wheeler is an investigator on a MetroSouth Health 2025 grant exploring use of Queensland Emergency Departments for people with mental ill-health seeking acute care for oral health problems.

Steve Kisely has received a grant on oral health from Metro South Research Foundation and one from the Medical Research Future Fund.

Bonnie Clough, Caroline Victoria Robertson, and Santosh Tadakamadla do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Gum disease, decay, missing teeth: why people with mental illness have poorer oral health – https://theconversation.com/gum-disease-decay-missing-teeth-why-people-with-mental-illness-have-poorer-oral-health-258403