L’UE en films, livres et séries : un enjeu essentiel pour développer le sentiment citoyen

Source: The Conversation – France in French (3) – By Marion Gaillard, Historienne, spécialiste des relations franco-allemandes et des questions européennes, Sciences Po

Image issue de la bande-annonce de la Saison 4 de la série « Parlement ». Chaîne YouTube de France Télévisions

Le cinéma et les séries ne se sont pas – encore – beaucoup emparés de ce sujet multiforme qu’est le fonctionnement de l’Union européenne. La récente sortie de la saison 4 de Parlement, qui se déroule comme son nom l’indique dans les coulisses des institutions de Bruxelles et de Strasbourg, est l’occasion de rappeler à quel point la fiction, sans tomber dans la propagande béate, a un rôle clé dans la familiarisation des citoyens des pays de l’UE avec l’organisation qui rassemble aujourd’hui 27 États du continent.


Samy est de retour ! Depuis le 7 mai 2025, la saison 4 de la série Parlement est accessible sur france.tv. Les fidèles de cette fiction déjantée peuvent enfin retrouver avec délice leur héros et se replonger dans les arcanes du processus décisionnel bruxellois.

Alors que l’UE est souvent mal comprise ou ignorée de ses citoyens, il est urgent que les scénaristes et les producteurs s’en saisissent pour la faire entrer dans la vie des Européens par le biais de la culture de masse. D’autant que ses péripéties mais aussi la puissance symbolique de la réconciliation de pays si longtemps ennemis en font un sujet à haut potentiel pour des films ou des séries grand public. Pourtant, à quelques exceptions près, rares étaient jusqu’alors les fictions sur la construction européenne. Et voilà qu’en avril 2020, en plein confinement, apparaît un OVNI audiovisuel : une série dont le sujet principal est la vie interne du Parlement européen. Pari risqué, le projet est pourtant une réussite qui se traduit par la réalisation de trois autres saisons.

Parlement, un divertissement sérieux

On y suit les tribulations d’un jeune assistant parlementaire français, Samy, qui arrive à Bruxelles pour travailler auprès d’un député européen, français lui aussi, Michel Specklin. Complètement perdu au départ dans les arcanes de cette institution dont il ne maîtrise ni le fonctionnement ni les codes, Samy ne peut pas compter sur son « chef », tout autant perdu que lui et totalement incompétent.

Ce parti pris initial a d’ailleurs fait l’objet de critiques pointant la vision négative qui ressortirait ainsi du personnel politique de l’Union européenne. Mais, en réalité, la série opte pour une approche presque ubuesque qui lui permet d’être drôle et accessible, tout en étant très précise sur le fonctionnement institutionnel de l’UE. Elle décrit avec beaucoup de sérieux le processus décisionnel, le travail parlementaire, mais aussi les jeux de pouvoir, les alliances et les tractations entre institutions et entre partis ou encore le poids des lobbies.

Il ne s’agit donc pas de donner une vision idyllique de l’UE mais d’en montrer le fonctionnement dans ce qu’il a de positif – une démocratie transnationale en action largement fondée sur la recherche du dialogue et du compromis –, mais aussi dans ce qu’il a de moins reluisant.

Ainsi, la série offre à la fois un fond tout à fait solide et un réel divertissement, tant par ses dialogues et ses situations proches du comique de l’absurde que par son format de 10 épisodes d’une demi-heure par saison.

La première saison réserve quelques scènes croquignolesques avec la députée conservatrice pro-Brexit, caricaturale dans sa stupidité, et son assistante parlementaire, Rose, jeune Britannique affligée par la nullité crasse de sa patronne. On croise également plusieurs autres personnages récurrents, comme Ingeborg Becker, conseillère politique allemande calculatrice dont le monologue fustigeant chaque pays de l’Union dans l’épisode 9 de la saison 1 est devenu une référence, ou encore Eamon, administrateur du Parlement, incarnant par sa froideur et son flegme la technocratie européenne, certes distante mais compétente.

On retrouve sans doute dans ce fonctionnaire tout ce qu’avait en tête Jean Monnet quand il voulait promouvoir au sein des Communautés une légitimité de l’expertise, neutre et « sachante », capable de transcender les désaccords entre États et entre tendances politiques pour tendre vers l’intérêt général. Eamon incarne parfaitement dans la série les avantages d’une telle administration, sans pour autant en occulter les inconvénients.

Au milieu de toute cette galerie de portraits archétypaux à dessein, le personnage de Samy évolue au fil des épisodes et des saisons, apprend à connaître non seulement les ressorts du fonctionnement du Parlement, mais aussi de la Commission et du Conseil, ainsi que les travers de la vie politique. Au départ véritable Candide à Bruxelles, il devient beaucoup plus aguerri, au risque de s’éloigner parfois de ses principes. Métaphore tellement actuelle sur le milieu politique, voire sur l’UE elle-même.

L’UE en films, livres et séries

Parlement fait ainsi voyager ses téléspectateurs au sein du triangle institutionnel européen et fait œuvre utile de pédagogie. L’UE semble lointaine, désincarnée, complexe. Il est donc fondamental de la faire connaître, certes par des programmes scolaires enrichis, par des campagnes de communication publique, mais aussi par des œuvres de fiction. Et quoi de mieux qu’une série pour cela ? Bien entendu, on rêve maintenant qu’il y en ait d’autres, qu’elles soient diffusées à heure de grande écoute sur les grandes chaînes de télévision disposant d’une large audience, et ce dans tous les pays européens. Il reste certes encore beaucoup à faire mais Parlement marque un début qui mérite d’être valorisé.

Le parcours personnel de son créateur Noé Debré éclaire le fait qu’il se soit lancé dans cette voie peu explorée jusqu’alors. Né à Strasbourg en 1986, il a grandi en face du Parlement européen et a suivi une classe européenne au lycée. Prédestiné en quelque sorte à s’intéresser à l’Europe, il réalise en quittant sa ville natale pour suivre des études supérieures que l’importance de l’UE n’est pas perçue partout en France avec une telle acuité.

Parlement s’inscrit donc sans doute dans cette volonté de transmettre l’évidence qu’est pour lui l’existence de l’UE, quels que soient par ailleurs ses défauts. Un des co-scénaristes, Maxime Calligaro, lui-même conseiller politique au Parlement européen, a pour sa part co-écrit dès 2019 un roman policier, Les Compromis, dans lequel il est question d’une enquête sur la mort d’une eurodéputée écologiste en charge du dossier brûlant des moteurs diesel truqués. L’auteur a ainsi contribué à faire de l’univers de l’UE, qu’il côtoie tous les jours, un objet de fiction audiovisuelle et littéraire.

La même année sortait un autre roman, La capitale, mi-polar mi-chronique politique, cette fois sous la plume de l’écrivain autrichien Robert Menasse qui nous entraîne dans les coulisses de la Commission européenne. Comme dans Parlement, il y a dans ce récit du burlesque mais aussi beaucoup d’érudition sur le fonctionnement de la Commission. En 2023, l’auteur récidive avec L’élargissement, qui traite cette fois du processus d’adhésion de l’Albanie et des obstacles qu’il rencontre – sujet d’actualité depuis le début de la guerre en Ukraine qui a contraint l’UE à accepter la candidature de ce pays, ainsi que celles de la Moldavie et de la Géorgie, mais aussi à reprendre le processus d’intégration des pays des Balkans, candidats depuis plus longtemps mais laissés jusqu’alors dans l’antichambre de Bruxelles.

Le cinéma n’est pas en reste et s’intéresse de plus en plus aux questions européennes, certes le plus souvent sous des angles peu flatteurs. Adults in the room, adaptation par Costa-Gavras du livre de l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, nous livre en effet une vision très critique du fonctionnement interne du Conseil des ministres, de l’Eurogroupe et de la zone euro, tandis que La dérive des continents (au Sud), sorti en salle en 2022, dénonce la politique migratoire de l’UE et met en scène une fonctionnaire européenne en mission en Sicile pour y préparer la visite par Angela Merkel et Emmanuel Macron d’un camp de migrants.

Dans Une affaire de principe, sorti en 2024, c’est au tour de l’influence des lobbies à Bruxelles d’être sous le feu des projecteurs. Comme dans Parlement, il ne s’agit pas de dresser un portrait idéalisé de l’UE sous forme de propagande pro-européenne mais de s’emparer de sujets qui sont au cœur de l’actualité de notre continent.

L’UE, un vivier pour scénaristes

Marion Gaillard a récemment publié Figure(s) de l’Europe aux éditions Le Cavalier Bleu.
Le Cavalier Bleu

L’UE semble donc progressivement faire son entrée dans la fiction et ces dernières années auront sans doute fourni aux auteurs une mine d’idées. Des coulisses de l’adoption du plan de relance visant à lutter contre les conséquences du Covid au processus de désignation du nouveau leadership européen en 2024, en passant par les luttes politiques autour du Green Deal, voilà autant de pistes pour les scénaristes, qui pourraient même aller jusqu’à imaginer la désintégration de l’UE sous les coups conjugués de l’administration Trump et des partis europhobes qu’elle soutient.

Pour tenter d’éviter ce scénario du pire, il faut d’urgence travailler à développer un sentiment citoyen au niveau européen. Or la fiction peut y contribuer, en favorisant l’émergence d’une « communauté des imaginaires », cette « communauté de récit » évoquée par Hannah Arendt.

The Conversation

Marion Gaillard a reçu des financements du ministère de l’Education et de la Recherche : bourse de doctorat de 2000 à 2003.

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Détecter les contenus pédocriminels en ligne : quelles options techniques ? Quels risques pour la vie privée ?

Source: The Conversation – in French – By Aurélien Francillon, Professeur en sécurité informatique, EURECOM, Institut Mines-Télécom (IMT)

Les contenus à caractère pédopornographique pullulent sur le net. Ils sont issus de la terrible exploitation d’enfants, et ce qui est montré constitue avant tout un crime réellement perpétré. Ils sont également dangereux pour les gens qui les voient, notamment les enfants.

Ces contenus criminels font donc l’objet de plus en plus de régulations et de détection automatisées. Mais comment concilier la protection des mineurs avec la préservation de la vie privée, la protection des données personnelles, et les libertés fondamentales — sans ouvrir la voie à une surveillance de masse ?


Certaines entreprises, comme Apple, Google et Meta, pratiquent déjà la détection de contenus pédopornographiques sur certains services (hormis les messageries chiffrées de bout en bout comme WhatsApp ou Signal). La France est particulièrement concernée, avec plus de 310 000 signalements reçus. Ces entreprises procèdent volontairement à ces détections grâce à une dérogation européenne à la directive ePrivacy.

Aujourd’hui, le Conseil de l’Europe envisage, dans sa proposition de régulation communément appelée ChatControl, de rendre obligatoire le scan des communications privées pour y détecter les contenus pédopornographiques — y compris sur les applications chiffrées de bout en bout.

En effet, bien que ces contenus soient illégaux, leur détection automatique ne fait pas encore l’objet d’une régulation. Mais une telle mesure généraliserait la surveillance : chaque média échangé par chaque citoyen devrait être scanné. Quelle est aujourd’hui l’efficacité de la détection de contenu à caractère pédocriminel et de leur signalement ?




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Lutte contre la criminalité et surveillance

Le chiffrement « de bout en bout » (de l’émetteur au récepteur) et sans accès possible aux données par les fournisseurs est de plus en plus populaire avec les applications comme WhatsApp, Signal ou iMessage.

Cependant, depuis 2010, les gouvernements réclament plus fermement l’affaiblissement du chiffrement, tandis que les experts en cybersécurité mettent en garde contre les risques de failles exploitables par des acteurs malveillants.

En effet, une fois les moyens techniques de surveillance instaurés, il est extrêmement difficile de s’assurer qu’ils ne seront pas, par exemple, exploités à des fins de répression politique. On l’a vu avec le logiciel espion Pegasus et, plus récemment, avec l’affaire TeleMessage, quand des membres du gouvernement américain pensaient utiliser une version sécurisée de Signal, alors que leurs communications étaient en fait accessibles quasi publiquement.


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Détection de contenus à caractère pédocriminel : comment ça marche, techniquement ?

On distingue deux types de contenus à caractère pédocriminel.

D’une part, les contenus déjà identifiés, qui représentent la grande majorité des contenus à caractère pédocriminel en ligne.

D’autre part, les contenus nouveaux, qu’ils soient réels ou générés par IA (et donc des « faux » à proprement parler, mais présentant quand même un caractère pédocriminel), qui sont très minoritaires en pratique aujourd’hui.

Pour identifier les contenus à caractère pédocriminel connus, on pourrait être tenté de les stocker dans une base de données qui servirait de base de comparaison. Cependant, un tel stockage est illégal dans la plupart des pays, et dangereux (car des personnes pourraient y être exposées).

C’est pour cela que les plates-formes – à qui incombe la responsabilité de scanner les contenus — stockent uniquement une « signature », et non les images elles-mêmes. Ces signatures sont générées par des « fonctions de hachage perceptuelles ».

Ces fonctions produisent des signatures similaires pour des contenus visuellement proches. Par exemple, une photo légèrement modifiée (en appliquant un filtre par exemple) conserve une signature proche de celle de la photo d’origine, alors que deux images différentes (un chien et un chat) donneront des signatures bien distinctes.

Les fonctions de hachage perceptuelles sont conçues pour donner une signature identique pour des images proches (même si un filtre est appliqué par exemple), et des signatures différentes pour des images différentes. Ceci permet de comparer les images soupçonnées d’être criminelles à une base de données de contenus criminels déjà connus et identifiés – sans être exposé aux images.
Diane Leblanc-Albarel, Fourni par l’auteur

Ainsi, si une plate-forme veut détecter un contenu à caractère pédocriminel, elle calcule le « haché perceptuel » (la signature) de l’image et le compare aux signatures de contenus connus.

C’est le seul moyen de détection automatique qui existe aujourd’hui — les systèmes d’intelligence artificielle sont pour l’instant moins performants et nécessitent systématiquement une vérification humaine. Il est déjà utilisé à grande échelle, puisque les GAFAM utilisent ce système pour scanner uniquement les informations que les utilisateurs choisissent de partager sur les réseaux sociaux, Internet ou via des messageries non chiffrées de bout en bout.

Signalements de contenus à caractère pédocriminel

Si une correspondance est trouvée entre la signature d’une image d’un utilisateur et celle d’un contenu pédocriminel, l’image est signalée automatiquement au NCMEC (National Center for Missing and Exploited Children ou Centre national pour les enfants disparus et exploités), une organisation américaine à but non lucratif qui centralise et coordonne les signalements à l’échelle mondiale et agit comme un intermédiaire entre les plates-formes numériques, les forces de l’ordre et les autorités nationales. Les plates-formes peuvent également suspendre le compte de l’utilisateur.

En 2023, moins de 64 000 rapports automatiques, sur plus de 36 millions reçus par le NCMEC, ont été reconnus « urgents » par les autorités — soit 0,2 %.

Si aucun organisme n’a communiqué sur l’efficacité réelle des fonctions de hachage perceptuelles, il est établi qu’elles peuvent être attaquées avec succès et que le système de détection peut être mis en échec. Il est par exemple possible de modifier légèrement une image pour que sa signature corresponde à celle d’une image anodine, ce qui permettrait à des individus malveillants de faire passer un contenu dangereux pour anodin (faux négatifs).

Les fonctions de hachage perceptuelles génèrent aussi de nombreux faux positifs : des images différentes peuvent partager la même signature, ce qui pourrait mener à accuser à tort des centaines de milliers de citoyens.

Les fonctions de hachage peuvent générer des « faux positifs », c’est-à-dire attribuer la même signature à des images différentes.
Fourni par l’auteur

Introduire des portes dérobées

Aujourd’hui, le Conseil de l’Union européenne souhaite rendre la détection obligatoire, y compris aux applications de messageries qui, pour la plupart, ne font pas encore de détection de contenus à caractère pédocriminel.

Or, pour détecter automatiquement des contenus illégaux, il faut y avoir accès… ce qui est compliqué puisqu’une grande part des communications passe par des messageries chiffrées « de bout en bout », c’est-à-dire pour lesquelles un tiers ne peut pas scanner les contenus échangés entre deux personnes.

Rendre la détection possible même sur des messageries chiffrées reviendrait à intégrer une porte dérobée dans le protocole de chiffrement afin de fournir l’accès aux données chiffrées à un tiers. Une telle porte dérobée représente une faille de cybersécurité — ce qui rend cette option inenvisageable en pratique.




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Scanner les photos directement sur les téléphones des utilisateurs

En pratique, ce que recommande donc aujourd’hui le Conseil de l’Union, sur la base d’un rapport technique de 2022 analysant les options disponibles (qui n’ont pas évolué depuis la publication du rapport), c’est de recourir au client-side scanning, c’est-à-dire scanner les photos directement sur les téléphones des utilisateurs.

Cela impliquerait un accès aux photos de tous les appareils en Europe, posant des risques majeurs : détection automatique de contenus légitimes (par exemple des photos d’enfants partagées avec un médecin) ou de nudes échangés volontairement entre adolescents.

De plus, cet accès pourrait permettre la consultation de tout ou partie des photos stockées sur téléphone, sans que les citoyens n’en soient informés, ce qui représenterait une atteinte potentielle à la vie privée, en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme.

Enfin, l’efficacité limitée des fonctions actuelles pourrait entraîner de nombreux faux positifs, tout en laissant passer des contenus pédocriminels légèrement modifiés.




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Le « function creep » : le risque de détournement d’une technologie conçue pour un usage particulier

L’un des principaux dangers liés à l’affaiblissement du chiffrement est le phénomène du « function creep » : une technologie conçue pour un usage précis finit par dériver, au détriment des libertés.

L’histoire de la surveillance numérique montre que des outils mis en place sous couvert de sécurité ont régulièrement été réutilisés pour d’autres finalités, parfois abusives.

Un exemple emblématique est le programme de surveillance PRISM mis en place par la National Security Agency (NSA) des États-Unis. Ce programme illustre bien comment des outils de surveillance créés pour des motifs de sécurité nationale afin de lutter contre le terrorisme (notamment après les attentats du 11 septembre 2001) ont été utilisés pour collecter des données de masse, y compris sur des citoyens ordinaires et des alliés des États-Unis.

De façon semblable, dans un premier temps, les autorités pourraient justifier la nécessité d’un accès aux communications chiffrées par la lutte contre la pédocriminalité et le terrorisme, deux causes auxquelles l’opinion publique est particulièrement sensible. Mais une fois l’infrastructure technique en place, il pourrait devenir tentant d’élargir leur usage à d’autres types d’infractions : criminalité organisée, fraudes, voire délinquance économique.

Ainsi, un système conçu pour détecter des images pédopornographiques dans les messages chiffrés pourrait être détourné pour identifier des documents sensibles partagés par des journalistes d’investigation ou des opposants politiques, comme les affaires Pegasus et Telemessage l’ont montré récemment. Mais finalement, le plus grand problème de ces systèmes imposés à large échelle est simplement qu’ils seront facilement contournés par les criminels.


Le projet DIGISOV ANR-23-CE53-0009 est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. L’ANR a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’ANR.

The Conversation

Aurélien Francillon a reçu des financements de la commission européenne via le projet ORSHIN (Horizon 101070008), l’ANR via le projet PEPR REV (ANR-22-PECY-0009 France 2030) et les entreprises Eviden et SAP.

Diane Leblanc-Albarel reçoit des financements du Fonds Wetenschappelijk Onderzoek (Fonds de recherche scientifique flamand, FWO).

Francesca Musiani reçoit des financements de l’Agence Nationale de la Recherche (projets ANR DIGISOV et ORA ClaimSov).

Pierrick Philippe a reçu des financements de CREACH LABS.

ref. Détecter les contenus pédocriminels en ligne : quelles options techniques ? Quels risques pour la vie privée ? – https://theconversation.com/detecter-les-contenus-pedocriminels-en-ligne-quelles-options-techniques-quels-risques-pour-la-vie-privee-259337

Course à l’exploitation minière des fonds marins : l’impuissance du droit international ?

Source: The Conversation – in French – By Laisa Branco Coelho De Almeida, Doctorante en droit international à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID), Graduate Institute – Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)

Les ressources minières des fonds marins n’en finissent plus de cristalliser des tensions internationales. Alors que la prochaine session de négociations de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) doit débuter le 7 juillet, l’autorité onusienne se trouve sous pression. Tandis qu’elle planche encore sur l’élaboration d’un Code minier international pour les fonds marins, elle pourrait fait face à une tentative de passage en force de certains industriels et de leur allié américain.


Les tensions au sein de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) – International Seabed Authority (ISA) en anglais – se sont intensifiées depuis que Metals Company, société minière canadienne, a annoncé en mars 2025 son intention de solliciter le « parrainage » des États-Unis pour mener des activités d’exploitation minière dans des zones situées au-delà des juridictions nationales.

Pour rappel, les États-Unis ne sont pas membres de l’AIFM. Le président américain Donald Trump a justement signé un décret présidentiel en avril 2025 pour autoriser l’exploitation minière des grands fonds marins en haute mer. Or, l’AIFM détient la compétence exclusive sur les activités économiques menées dans les eaux internationales. L’institution onusienne planche justement depuis plus de dix ans sur un code minier pour encadrer l’exploitation minière dans les eaux internationales.

La firme canadienne et son allié américain auraient-elles tenté de doubler l’institution onusienne ? À la veille de la trentième session de l’AIFM, prévue du 7 au 25 juillet 2025 en Jamaïque, faisons le point sur l’état du cadre international sur l’exploitation minière des grands fonds marins.

Concilier promesses économiques et environnementales

L’exploitation minière des grands fonds marins a longtemps été présentée comme un levier de développement durable. Elle est supposée profiter à « l’humanité tout entière », mission que s’est fixée l’AIFM lors de sa création en 1982 grâce à la répartition équitable des bénéfices qui en résulteront. Mais aujourd’hui, cette promesse vacille.

Depuis l’accélération des négociations en 2017, les discussions se sont ralenties, freinées par des désaccords persistants.

Face à l’absence de garanties environnementales suffisantes, l’AIFM devient de plus en plus réticente à autoriser des opérations extractives à haut risque. De part et d’autre, la frustration grandit :

  • du côté des entreprises, qui réclament clarté et autorisations,

  • des États, qui y voient un enjeu de souveraineté industrielle,

  • et, enfin, du côté de l’AIFM elle-même, qui se trouve divisée en ne parvenant pas à concilier développement économique et gestion durable.


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L’institution tente actuellement d’achever l’élaboration d’un Code minier international pour les fonds marins, un corpus réglementaire destiné à encadrer les activités dans « la zone internationale » – c’est-à-dire les fonds marins situés au-delà des juridictions nationales. C’est elle qui délivrera des contrats d’exploitation, de la même façon que pour les contrats d’exploration délivrés à l’heure actuelle. Pour obtenir de tels contrats, les firmes doivent être parrainées par un État.

Mais de nombreux points restent à trancher, notamment la surveillance environnementale à mettre en place, les régimes d’inspection, le partage des bénéfices ou encore les dispositifs de contrôle.

Une remise en cause de l’autorité internationale

La demande de Metals Company faite aux États-Unis marque toutefois un tournant historique. C’est la première fois depuis sa création en 1982 qu’un État non signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) remet aussi ouvertement en cause l’autorité d’un cadre juridique international ayant trait aux ressources naturelles mondiales. Pourtant, les règles issues de la CNUDM font désormais partie du droit international coutumier. Les États-Unis sont donc tenus de les respecter, même s’ils n’y ont pas adhéré formellement.

Parallèlement, plusieurs experts attirent l’attention sur les incertitudes soulevées par l’application des mécanismes juridictionnels de l’AIFM. Notamment en ce qui concerne la cohérence entre le régime applicable dans la zone internationale et celui régissant le plateau continental. En effet, selon le système juridique international, les États-Unis jouiraient de droits souverains pour exploiter les ressources minérales de leur plateau continental jusqu’à 200 milles marins (soit environ 370 km) des côtes.

Mais ce qui surprend surtout, c’est que ces contestations émanent des entrepreneurs eux-mêmes. Dans une note publiée en mars 2025, Gerard Barron, PDG de Metals Company, déplore que « l’industrie commerciale ne soit pas la bienvenue à l’AIFM ». En janvier 2025, huit entreprises avaient adressé une lettre conjointe au président du Conseil de l’AIFM Olav Myklebust (Norvège) dénonçant les « retards excessifs » dans la transition vers la phase d’exploitation. Elles soulignaient avoir investi plus de deux milliards de dollars dans les technologies et études relatives aux nodules polymétalliques et estimaient que ces retards allaient à l’encontre du cadre juridique de la CNUDM et de leurs « attentes légitimes ».

C’est donc l’adoption du règlement d’exploitation, élément clé pour permettre le passage à l’exploitation commerciale, qui cristallise les tensions. Or, ce processus dure depuis 1994, année de mise en œuvre du régime de l’AIFM.

Metals Company espère désormais obtenir le soutien de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) américaine pour relancer la dynamique. Elle se présente comme le fer de lance d’un « retour américain » dans cette industrie émergente.

Vers une tentative de passage en force ?

Le 24 avril 2025, l’administration Trump a publié un décret présidentiel visant à accélérer la délivrance de permis pour l’exploration et l’exploitation minière, y compris dans les zones situées hors de la juridiction des États-Unis.

Intitulé « Unleashing America’s Offshore Critical Minerals and Resources » (« Libérer les minéraux et ressources critiques situées en zone marine de l’Amérique »), le texte s’appuie sur le Outer Continental Shelf Lands Act (OCSLA). Il s’appuie aussi – de manière plus controversée, puisque c’est pour permettre l’accès à des ressources minérales dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale américaine – sur le Deep Seabed Hard Mineral Resources Act (DSHMRA). Celle-ci concerne notamment la zone de fracture de Clipperton, riche en nodules de manganèse, où Metals Company détient déjà des contrats d’exploration via l’AIFM.

Tout au long des années 1970-1990, les États-Unis ont été pionniers dans l’exploitation minière en eaux profondes. À la suite au décret présidentiel d’avril 2025, les demandes de TMC ouvrent la voie au retour des États-Unis à la pointe de cette industrie passionnante.
The Metals Company

La CNUDM, adoptée en 1982, encadre les activités dans la zone internationale dans sa partie XI et a conduit à la création de l’AIFM. Bien que les États-Unis ne l’aient jamais ratifiée, ils ont participé aux négociations et signé en 1994 l’accord d’application de cette partie XI. Sous l’administration Biden, ils ont également apposé leur signature au Traité de la haute mer, aussi appelé accord BBNJ (pour Biodiversity Beyond National Jurisdiction, soit la biodiversité au-delà de la juridiction nationale des États), illustrant une certaine continuité diplomatique.

Cela rend la posture actuelle de l’administration Trump d’autant plus ambiguë. Le récent décret présidentiel semble non seulement ignorer les efforts scientifiques de la NOAA, mais également contredire l’engagement historique des États-Unis dans le développement du cadre multilatéral. En 2025, la NOAA a d’ailleurs subi d’importants licenciements, affaiblissant sa capacité à jouer un rôle dans cette gouvernance.

Dans un contexte aussi risqué, un cadre institutionnel robuste est indispensable pour garantir la sécurité juridique des investissements et des opérations industrielles. La tentative de Metals Company de s’appuyer sur un pouvoir exécutif controversé, dans une période politiquement instable, affaiblit non seulement sa propre crédibilité, mais aussi celle de l’ensemble du régime de parrainage de l’AIFM. Le développement responsable d’une industrie aussi sensible dépend en grande partie du respect des règles communes – et de la volonté des acteurs, États comme entreprises, d’y adhérer.

The Conversation

Laisa Branco Coelho De Almeida est membre de Deep Ocean Stewardship Initiative (DOSI). Elle a reçu des financements du Graduate Institute – Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID).

ref. Course à l’exploitation minière des fonds marins : l’impuissance du droit international ? – https://theconversation.com/course-a-lexploitation-miniere-des-fonds-marins-limpuissance-du-droit-international-259823

Why Texas Hill Country, where a devastating flood killed dozens, is one of the deadliest places in the US for flash flooding

Source: The Conversation – USA (2) – By Hatim Sharif, Professor of Civil and Environmental Engineering, The University of Texas at San Antonio

A Kerrville, Texas, resident watches the flooded Guadalupe River on July 4, 2025. Eric Vryn/Getty Images

Texas Hill Country is known for its landscapes, with shallow rivers winding among hills and through rugged valleys. But that geography also makes it one of the deadliest places in the U.S. for flash flooding.

In the early hours of July 4, 2025, a rush of flood water swept through an area dotted with summer camps and small towns about 70 miles west of San Antonio. At least 27 people died, and about two dozen girls from one camp and other people in the area were still unaccounted for the following morning, officials said. More than 200 people had to be rescued.

The flooding began as many flash floods in this region do, with a heavy downpour that sent water sheeting off the hillsides into creeks. The creeks poured into the Guadalupe River. Around 3 a.m. on July 4, National Weather Service data shows the river was rising about 1 foot every 5 minutes near the camp. By 4:30 a.m., the water had risen more than 20 feet.

Flood expert Hatim Sharif, a hydrologist and civil engineer at the University of Texas at San Antonio, explains what makes this part of the country, known as Flash Flood Alley, so dangerous.

What makes Hill Country so prone to flooding?

Texas as a whole leads the nation in flood deaths, and by a wide margin. A colleague and I analyzed data from 1959 to 2019 and found 1,069 people had died in flooding in Texas over those six decades. The next highest total was in Louisiana, with 693.

Many of those flood deaths have been in Hill County, an area known as Flash Flood Alley. It’s a crescent of land that curves from near Dallas down to San Antonio and then westward.

The hills are steep, and the water moves quickly when it floods. This is a semi-arid area with soils that don’t soak up much water, so the water sheets off quickly and the shallow creeks can rise fast.

When those creeks converge on a river, they can create a wall of water that wipes out homes and washes away cars and, unfortunately, anyone in its path.

Hill Country has seen some devastating flash floods. In 1987, heavy rain in western Kerr County quickly flooded the Guadalupe River, triggering a flash flood similar to the one in 2025. Ten teenagers being evacuated from a camp died in the rushing water.

San Antonio, considered the gateway to Hill Country, was hit with another flash flood on June 12, 2025, that killed 13 people whose cars were swept away when they drove into high water from a flooding creek near an interstate ramp in the early morning.

Why does the region get such strong downpours?

One reason Hill Country gets powerful downpours is the Balcones Escarpment.

The escarpment is a line of cliffs and steep hills created by a geologic fault. When warm air from the Gulf rushes up the escarpment, it condenses and can dump a lot of moisture. That water flows down the hills quickly, from many different directions, filling streams and rivers below.

As temperature rise, the warmer atmosphere can hold more moisture, increasing the downpour and flood risk.

A tour of the Guadalupe River and its flood risk.

The same effect can contribute to flash flooding in San Antonio, where the large amount of paved land and lack of updated drainage to control runoff adds to the risk.

What can be done to improve flash flood safety?

First, it’s important for people to understand why flash flooding happens and just how fast the water can rise and flow. In many arid areas, dry or shallow creeks can quickly fill up with fast-moving water and become deadly. So people should be aware of the risks and pay attention to the weather.

Improving flood forecasting, with more detailed models of the physics and water velocity at different locations, can also help.

Probabilistic forecasting, for example, can provide a range of rainfall scenarios, enabling authorities to prepare for worst-case scenarios. A scientific framework linking rainfall forecasts to the local impacts, such as streamflow, flood depth and water velocity, could also help decision-makers implement timely evacuations or road closures.

Education is particularly essential for drivers. One to two feet of moving water can wash away a car. People may think their trucks and SUVs can go through anything, but fast-moving water can flip a truck and carry it away.

Officials can also do more to barricade roads when the flood risk is high to prevent people from driving into harm’s way. We found that 58% of the flood deaths in Texas over the past six decades involved vehicles.

The storm on June 12 in San Antonio was an example. It was early morning, and drivers has poor visibility. Cars drove into floodwater without seeing the risk until it was too late.

The Conversation

Hatim Sharif does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Why Texas Hill Country, where a devastating flood killed dozens, is one of the deadliest places in the US for flash flooding – https://theconversation.com/why-texas-hill-country-where-a-devastating-flood-killed-dozens-is-one-of-the-deadliest-places-in-the-us-for-flash-flooding-260555

Les droits de douane seront-ils appliqués par Donald Trump le 9 juillet prochain ?

Source: The Conversation – France in French (3) – By Houssein Guimbard, Économiste, CEPII

Le 9 juillet, Donald Trump doit décider si les droits de douane annoncés le « Jour de Libération », le 2 avril 2025, puis mis en pause une semaine plus tard, seront finalement appliqués ou pas. L’occasion de faire un bilan de l’évolution du protectionnisme américaine depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Pour quelle taxe finale : 5 % ? 16 % ? 25 % ?


Depuis janvier 2025, l’administration Trump a remis au cœur de sa stratégie commerciale un instrument que l’on croyait délaissé : le droit de douane. En quelques mois, l’ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis en a fait les frais. Une série de mesures, sans précédent depuis plusieurs décennies, les a frappés. Pour l’administration Trump, cette politique tarifaire vise à rééquilibrer des balances bilatérales déficitaires. Concrètement, augmenter le coût des produits étrangers pour protéger l’économie locale et générer des revenus.

Mais comment fonctionne un droit de douane ?

Pour calculer un droit de douane moyen, à partir des informations disponibles au niveau des produits appelés « lignes tarifaires », trois méthodes principales existent. La moyenne simple consiste à attribuer le même poids à chaque droit de douane. La moyenne pondérée repose sur les flux commerciaux entre deux pays, où les produits fortement importés comptent davantage dans l’indicateur global. Enfin, la méthode retenue pour la base de données tarifaires du CEPII, MAcMap-HS6, dite « des groupes de référence ». Elle s’appuie sur des profils d’importation reconstitués à partir d’échantillons de pays comparables. Ces calculs montrent à quel point les choix techniques d’agrégation des droits de douane influencent la perception des politiques commerciales.

« Jour de Libération »

En matière de politiques commerciales, l’année 2025 a été, jusqu’à présent, marquée par quatre temps forts.

Le premier s’est situé entre le 20 janvier et le 1er avril. Dès janvier, des hausses massives des droits sur des produits stratégiques comme l’acier, l’aluminium et les véhicules sont annoncées, effaçant les préférences antérieures et s’appliquant uniformément à tous les fournisseurs étrangers. L’accord commercial avec le Mexique et le Canada (ACEUM) intégrait désormais des droits de 25 % pour les produits importés aux États-Unis qui ne respectent pas les règles de l’accord. Les produits chinois sont taxés de deux augmentations successives pour aboutir à une hausse de 20 points de pourcentage (pp) – pp indique la variation d’un pourcentage.


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Le deuxième temps fort survient le 2 avril, « Jour de Libération », inaugurant un nouvel âge d’or de l’Amérique. Washington instaure des droits de douane qualifiés de « réciproques ». Ils ne sont pourtant pas fondés sur les mesures de protection tarifaires observées à l’étranger, mais sur les déséquilibres des balances commerciales bilatérales avec les États-Unis. Des surtaxes sont imposées allant de 10 points de pourcentage (taux de base) à des taux bien supérieurs pour une liste de 57 pays : 34 pp pour la Chine, 20 pp pour l’Union européenne, etc. Certaines matières premières stratégiques, épargnées pour des raisons d’approvisionnement.

Confrontation directe avec la Chine

Le troisième acte a été celui de la confrontation directe avec la Chine. Chacun des deux géants inflige à l’autre des surtaxes massives : de 125 points de pourcentage lors du point de tension culminant entre les deux puissances. Ce jeu d’escalade s’enraye à partir de la mi-mai, dernier temps fort de cette séquence. Washington commence à alléger partiellement les sanctions, sans pour autant revenir à la situation d’avant-crise.




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Sur le marché américain, l’augmentation des droits de douane sur les produits chinois est revenue de 125 pp à 10 pp, comme pour les autres pays depuis le 9 avril. En Chine, les produits états-uniens ne se voient plus appliquer qu’une surtaxe de 10 pp. Ces mesures ont profondément modifié le niveau moyen de protection des États-Unis.

Mais pourquoi, en la matière, différents chiffres circulent-ils ?

Trois méthodes de calcul

Pour calculer un droit de douane moyen, à partir des informations disponibles au niveau des produits appelés « lignes tarifaires », trois méthodes principales existent.

La moyenne simple consiste à attribuer le même poids à chaque droit de douane, quel que soit son importance économique. Facile à utiliser et en conséquence assez répandue, cette méthode donne cependant une vision biaisée des niveaux initiaux et des changements récents. Elle tire artificiellement la moyenne vers le bas, masquant l’ampleur des hausses ciblant des secteurs stratégiques.

Pour réduire ce biais, certains analystes privilégient la moyenne pondérée (plus de poids aux produits importés) par les flux commerciaux observés entre deux pays. Cette approche reflète mieux l’impact réel des droits sur les échanges. Les produits fortement importés comptent davantage dans l’indicateur global. Cette méthode souffre d’un défaut majeur que les économistes qualifient d’endogénéité : un droit de douane élevé diminue, ou même annule, les importations du produit ainsi taxé. En théorie, si un produit est taxé à 200 %, mais n’est pas importé, son droit de douane disparaît lors du calcul de la moyenne, car il est multiplié par 0. Ce qui minore le droit de douane moyen obtenu.

Enfin, la méthode retenue pour la base de données tarifaires du CEPII, MAcMap-HS6, dite « des groupes de référence », apporte une solution pragmatique au problème de l’endogénéité. Plutôt que d’utiliser les flux bilatéraux effectivement observés, dont on vient de voir qu’ils risquent fort de biaiser la moyenne, elle s’appuie sur des profils d’importation reconstitués à partir d’échantillons de pays comparables. Chaque pays importateur appartient à un groupe de référence constitué de pays similaires. Ce procédé fournit un indicateur plus stable, apte à la comparaison internationale.

Évolution des droits de douane

Les écarts entre ces méthodes sont loin d’être marginaux. Début 2025, les États-Unis affichaient un niveau moyen de droit de douane de 5 % selon la méthode de MAcMap-HS6. 4,3 % en moyenne pondérée par le commerce observé. Avec près de 60 % de droits de douane nuls, la moyenne simple est beaucoup plus faible : seulement 2,6 %.

Évolution des droits de douane moyens américains (L’augmentation la plus récente des droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium n’est pas prise en compte dans ce graphique). »
Fourni par l’auteur

Entre le 20 janvier 2025 (journée d’investiture) et le « Jour de Libération », la moyenne simple, consistant à attribuer le même poids à chaque droit de douane, augmente de seulement 1,8 point de pourcentage (pp). Avec la méthode MAcMap-HS6 des groupes de référence, le droit de douane moyen états-unien progresse de 6,9 pp, pour s’établir à 11,9 %. Encore davantage, 9,3 pp, en moyenne pondérée par le commerce bilatéral, pour atteindre 13,6 %. En effet, les hausses de droits de douane portent principalement sur des produits ou des partenaires commerciaux majeurs pour les États-Unis. Leur poids significatif dans les importations américaines (ou dans celles du groupe de référence) accroît leur impact dans le calcul de la moyenne pondérée par le commerce bilatéral.

Les chiffres du « Jour de Libération » sont plus homogènes. Les droits augmentent pour tous les pays, mais les moyennes pondérées montrent un virage protectionniste plus marqué. La période entre le « Jour de Libération » et la phase de pause et d’escalade avec la Chine se traduit par une baisse significative de la moyenne simple à 4,2 pp ; ce que le terme « pause » peut laisser entendre. Mais en prenant en compte la structure du commerce bilatéral états-unienne (en moyenne pondérée), cette protection augmente de +1 pp ; les droits de douane sur la Chine ayant considérablement augmenté et ce pays représentant une part significative des importations états-uniennes ! En 2024, les importations états-uniennes depuis la Chine ont atteint une valeur dépassant les 400 milliards de dollars.

Entre 16 % et 25 %

Actuellement, les moyennes pondérées sont très élevées, entre 16,1 %, et 16,7 %. Les 12,3 % de la moyenne simple sous-estiment l’ampleur du choc tarifaire que subissent les partenaires commerciaux des États-Unis, en particulier dans les secteurs spécifiquement visés – acier, l’aluminium et véhicule. Le 9 juillet, la protection états-unienne sera au minimum de 16,1 %. Elle pourrait revenir au pic du « Jour de Libération » qui se situe, en prenant en compte la structure des importations des États-Unis ou celle de son groupe de référence autour de 25 %.

Cette séquence souligne à quel point les choix techniques d’agrégation des droits de douane influencent la perception des politiques commerciales. Une lecture superficielle pourrait aboutir à une sous-estimation de la hausse de la protection. Une analyse rigoureuse, tenant compte des biais d’endogénéité, révèle au contraire l’ampleur du tournant protectionniste américain, notamment sur des secteurs – acier, aluminium, automobiles – et des pays spécifiques – Chine, Canada, Mexique. Ainsi, ces choix méthodologiques ne sont pas neutres : ils conditionnent les diagnostics économiques, mais aussi les scénarios de modélisation dans les exercices prospectifs d’équilibre général.

The Conversation

Houssein Guimbard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Les droits de douane seront-ils appliqués par Donald Trump le 9 juillet prochain ? – https://theconversation.com/les-droits-de-douane-seront-ils-appliques-par-donald-trump-le-9-juillet-prochain-260223

Employers are failing to insure the working class – Medicaid cuts will leave them even more vulnerable

Source: The Conversation – USA (3) – By Sumit Agarwal, Assistant Professor of Internal Medicine, University of Michigan

The Congressional Budget Office estimates that 7.8 million Americans across the U.S. will lose their coverage through Medicaid – the public program that provides health insurance to low-income families and individuals – under the multitrillion-dollar domestic policy package that President Donald Trump signed into law on July 4, 2025.

That includes 247,000 to 412,000 of my fellow residents of Michigan based on the House Reconciliation Bill in early June. There are similarly deep projected cuts within the Senate version of the legislation, which Trump signed.
Many of these people are working Americans who will lose Medicaid because of the onerous paperwork involved with the proposed work requirements.

They won’t be able to get coverage in the Affordable Care Act Marketplaces after losing Medicaid. Premiums and out-of-pocket costs are likely to be too high for those making less than 100% to 138% of the federal poverty level who do not qualify for health insurance marketplace subsidies. Funding for this program is also under threat.

And despite being employed, they also won’t be able to get health insurance through their employers because it is either too expensive or not offered to them. Researchers estimate that coverage losses will lead to thousands of medically preventable deaths across the country because people will be unable to access health care without insurance.

I am a physician, health economist and policy researcher who has cared for patients on Medicaid and written about health care in the U.S. for over eight years. I think it’s important to understand the role of Medicaid within the broader insurance landscape. Medicaid has become a crucial source of health coverage for low-wage workers.

A brief history of Medicaid expansion.

Michigan removed work requirements from Medicaid

A few years ago, Michigan was slated to institute Medicaid work requirements, but the courts blocked the implementation of that policy in 2020. It would have cost upward of US$70 million due to software upgrades, staff training, and outreach to Michigan residents enrolled in the Medicaid program, according to the Michigan Department of Health and Human Services.

Had it gone into effect, 100,000 state residents were expected to lose coverage within the first year.

The state took the formal step of eliminating work requirements from its statutes earlier this year in recognition of implementation costs being too high and mounting evidence against the policy’s effectiveness.

When Arkansas instituted Medicaid work requirements in 2018, there was no increase in employment, but within months, thousands of people enrolled in the program lost their coverage. The reason? Many people were subjected to paperwork and red tape, but there weren’t actually that many people who would fail to meet the criteria of the work requirements. It is a recipe for widespread coverage losses without meeting any of the policy’s purported goals.

Work requirements, far from incentivizing work, paradoxically remove working people from Medicaid with nowhere else to go for insurance.

Shortcomings of employer-sponsored insurance

Nearly half of Americans get their health insurance through their employers.

In contrast to a universal system that covers everyone from cradle to grave, an employer-first system leaves huge swaths of the population uninsured. This includes tens of millions of working Americans who are unable to get health insurance through their employers, especially low-income workers who are less likely to even get the choice of coverage from their employers.

Over 80% of managers and professionals have employer-sponsored health coverage, but only 50% to 70% of blue-collar workers in service jobs, farming, construction, manufacturing and transportation can say the same.

There are some legal requirements mandating employers to provide health insurance to their employees, but the reality of low-wage work means many do not fall under these legal protections.

For example, employers are allowed to incorporate a waiting period of up to 90 days before health coverage begins. The legal requirement also applies only to full-time workers. Health coverage can thus remain out of reach for seasonal and temporary workers, part-time employees and gig workers.

Even if an employer offers health insurance to their low-wage employees, those workers may forego it because the premiums and deductibles are too high to make it worth earning less take-home pay.

To make matters worse, layoffs are more common for low-wage workers, leaving them with limited options for health insurance during job transitions. And many employers have increasingly shed low-wage staff, such as drivers and cleaning staff, from their employment rolls and contracted that work out. Known as the fissuring of the workplace, it allows employers of predominately high-income employees to continue offering generous benefits while leaving no such commitment to low-wage workers employed as contractors.

Medicaid fills in gaps

Low-income workers without access to employer-sponsored insurance had virtually no options for health insurance in the years before key parts of the Affordable Care Act went into effect in 2014.

Research my coauthors and I conducted showed that blue-collar workers have since gained health insurance coverage, cutting the uninsured rate by a third thanks to the expansion of Medicaid eligibility and subsidies in the health insurance marketplaces. This means low-income workers can more consistently see doctors, get preventive care and fill prescriptions.

Further evidence from Michigan’s experience has shown that Medicaid can help the people it covers do a better job at work by addressing health impairments. It can also improve their financial well-being, including fewer problems with debt, fewer bankruptcies, higher credit scores and fewer evictions.

Premiums and cost sharing in Medicaid are minimal compared with employer-sponsored insurance, making it a more realistic and accessible option for low-income workers. And because Medicaid is not tied directly to employment, it can promote job mobility, allowing workers to maintain coverage within or between jobs without having to go through the bureaucratic complexity of certifying work.

Of course, Medicaid has its own shortcomings. Payment rates to providers are low relative to other insurers, access to doctors can be limited, and the program varies significantly by state. But these weaknesses stem largely from underfunding and political hostility – not from any intrinsic flaw in the model. If anything, Medicaid’s success in covering low-income workers and containing per-enrollee costs points to its potential as a broader foundation for health coverage.

The current employer-based system, which is propped up by an enormous and regressive tax break for employer-sponsored insurance premiums, favors high-income earners and contributes to wage stagnation. In my view, which is shared by other health economists, a more public, universal model could better cover Americans regardless of how someone earns a living.

Over the past six decades, Medicaid has quietly stepped into the breach left by employer-sponsored insurance. Medicaid started as a welfare program for the needy in the 1960s, but it has evolved and adapted to fill the needs of a country whose health care system leaves far too many uninsured.

This article was updated on July 4, 2025, to reflect Trump signing the bill into law.

The Conversation

Sumit Agarwal does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Employers are failing to insure the working class – Medicaid cuts will leave them even more vulnerable – https://theconversation.com/employers-are-failing-to-insure-the-working-class-medicaid-cuts-will-leave-them-even-more-vulnerable-259256

Climate change is making it harder for people to get the care they need

Source: The Conversation – Africa – By Maria S. Floro, Professor Emerita of Economics, American University

The world is witnessing the consequences of climate change: long-lasting changes in temperature and rainfall, and more intense and frequent extreme weather events such as heat waves, hurricanes, typhoons, flooding and drought. All make it harder for families and communities to meet their care needs.

Climate change affects care systems in various ways. First, sudden illnesses and unexpected disabilities heighten the need for care. Second, it reduces access to important inputs for care such as water, food and safe shelter. Third, it can damage physical and social care infrastructures.

It can also lead to breakdowns of traditional units of caregiving such as households and communities. And it creates new situations of need with the increase in displaced person settlements and refugee camps.

Climate change creates sudden spikes in the demand for care, and serious challenges to meeting the growing need for care. All this has immediate and long lasting effects on human well-being.

The size of the current unmet care needs throughout the world is substantial. In childcare alone, about 23% of children worldwide – nearly 350 million – need childcare but do not have it. Families in low- and lower-middle-income countries are the most in need.

Similarly, as the world’s population ages rapidly, only a small proportion of the elderly who need assistance are able to use formal care (in an institution or paid homecare). Most are cared for by family members or other unpaid caregivers. Much of this unpaid care and formal care work is provided by women and girls.

Hundreds of millions of people around the world struggle to get healthcare. Expansion of access to essential health services has slowed compared to pre-2015 . And healthcare costs still create financial hardship.

Without comprehensive public and global support for care provision and the integration of care in the climate agenda, unmet care needs will only grow and inequalities will widen.

Impact

Climate change interacts with human health in complex ways. Its impact is highly uneven across populations. It depends on geographical region, income, education, gender roles, social norms, level of development, and the institutional capacity and accessibility of health systems.

In 2018-22, Africa experienced the biggest increase in the
heat-related mortality rate since 2000-05
. This is not surprising as the continent has more frequent health-threatening temperatures than ever before and a growing population of people older than 65.

Africa is also the region most affected by droughts in 2013-22, with 64% of its land area affected by at least one month of extreme drought per year on average. It was followed by Oceania (55% of its land area) and South and Central America (53%).

Scientific evidence also points to increases in health inequalities caused by climate change. The health effects of climate change are not uniformly felt by different population groups.

Exposure, severity of impact, and ability of individuals to recover depend on a variety of factors. Physiological characteristics, income, education, type of occupation, location, social norms and health systems are some of them.

For example, older people and young children face the greatest health risks from high temperatures.

There is also evidence of the disproportionate effect of climate change on the health of people living in poverty and those who belong to disadvantaged groups.

Women of lower social and economic status and with less education are more vulnerable to heat stress compared to women in wealthier households and with higher education or social status. They are exposed to pollution in the absence of clean cooking fuel, and to extreme heat as they walk to gather water and fuel, or do other work outdoors.

Bad sanitation in poor urban areas increases the incidence of water-borne diseases after heavy rains and floods.

Lack of access to healthcare services and the means to pay for medicines make it difficult for women and men in low-income households to recover from illness, heat strokes, and air pollution-related ailments.

Mental health problems are being attributed to climate change as well. Studies show that the loss of family or kin member, home, livelihood and a safe environment can bring about direct emotional impacts.

These adverse impacts increase the demand for caregiving and the care workload. Climate-induced health problems force family and community caregivers, particularly women, to spend more time looking after the sick and disabled, particularly frail elderly people and children.

Effect on food and water

Climate change threatens the availability of food, clean water and safe shelter. It erodes households’ and communities’ care capacity and hence societies’ ability to thrive.

Fluctuations in food supply and rising food prices as a result of environmental disasters, along with the inadequacy of government policies, underscore the mounting challenge of meeting food needs.

The threat of chronic shortage of safe drinking water has also risen. Water scarcity is an area where structural inequalities and gender disparities are laid bare.

Care for the sick and disabled, the young and the elderly is compromised when water is scarce.

Effects on providing care

Extreme weather events disrupt physical care infrastructures. It may be hard to reach hospitals, clinics, daycare centres, nursery schools and nursing homes. Some facilities may be damaged and have to close.

Another type of care system that can break down is family networks and support provided by friends and neighbours. These informal care sharing arrangements are illustrated in a study of the three large informal settlements in Nairobi.

About half (50.5%) of the sampled households reported having had a sick member in the two weeks before the survey. The majority relied on close friends and family members living nearby for care and support.

Studies have shown that climate change eventually leads to livelihood loss and resource scarcity, which can weaken social cohesion and local safety nets in affected communities.

Heightened risks and uncertainty and imminent changes in socio-economic and political conditions can also compel individuals or entire households to migrate. Migration is caused by a host of factors, but it has increasingly been a climate-related response.

The World Bank’s Groundswell Report released in 2018, for example, projected that climate change could force 216 million people to move within their countries by 2050 to avoid the slow-onset impacts of climate change.

A possible consequence of migration is the withdrawal of care support provided by the migrating extended kin, neighbours or friends, increasing the caregiving load of people left behind.

In the case of forced displacements, the traditional social networks existing in communities are disrupted entirely.

What’s needed

There are compelling reasons to believe that meeting care needs can also help mitigate the effects of climate change. And actions to meet carbon-zero goals, prevent biodiversity loss and regenerate ecosystems can reduce the care work burden that falls heavily on families, communities and women.

Any effort to tackle these grave problems should be comprehensive in scope and must be based on principles of equality, universality, and responsibility shared by all.

This article is part of a series of articles initiated through a project led by the Southern Centre for Inequality studies, in collaboration with the International Development Research Centre and a group of feminist economists and climate scientists across the world.

The Conversation

Maria S. Floro does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Climate change is making it harder for people to get the care they need – https://theconversation.com/climate-change-is-making-it-harder-for-people-to-get-the-care-they-need-240557

Post-flood recovery: lessons from Germany and Nigeria on how to help people cope with loss and build resilience

Source: The Conversation – Africa – By Olasunkanmi Habeeb Okunola, Senior Research Associate, United Nations University – Institute for Environment and Human Security (UNU-EHS), United Nations University

Extreme climate events — floods, droughts and heatwaves — are not just becoming more frequent; they are also more severe.

It’s important to understand how communities can recover from these events in ways that also build resilience to future events.

In a recent study, we analysed how communities affected by the extreme flood events of 2021 in Germany’s Ahr Valley and in Lagos, Nigeria, grappled with recovery from floods.

Our aim was to identify the factors – and combinations of factors – that served as barriers (or enablers) to recovery from disasters.

We found that financial limitations, political interests and administrative hurdles led to prioritising immediate relief and reconstruction over long-term sustainable recovery.

In both cases immediate and long-term recovery efforts were siloed, underfunded and focused on reconstruction to pre-disaster conditions.

We concluded from our findings that the success of recovery efforts lies in balancing short-term relief and a long-term vision. While immediate aid is essential after a disaster, true resilience hinges on proactive measures that address systemic challenges and empower communities to build a better future.

Recovery should not be merely action-oriented and building back infrastructure (engineering). It should also include insights in other areas, like governance and psychology, helping people to deal with losses and to heal.

What worked

To understand the recovery pathways of the two regions, we reviewed relevant literature, newspaper articles and government documents. We also interviewed government agencies, NGO representatives, volunteers and local residents in the communities where these floods occurred.

We found that in the Ahr Valley, recovery wasn’t just about rebuilding structures, it was about empowering individuals.

Through initiatives like mental health and first aid courses, residents learned to support one another. This fostered a sense of community and resilience that was essential for meeting the emotional challenges posed by the disaster.

The focus on rebuilding with a sustainable vision also included environmental initiatives. For example, a type of heating system was put in place that didn’t rely on fossil fuels.

Not only did this reduce carbon emissions, it also served as a symbol of hope. It showed there was an opportunity to create a more sustainable and environmentally friendly community.

In Lagos, too, residents found strength in community and innovation. Grassroots efforts using sustainable materials like bamboo and palm wood highlighted the ingenuity and resourcefulness of the people. Faith-based organisations provided material aid as well as emotional and spiritual support. This reinforced the bonds that held the community together.

Each community faced unique challenges. But they shared a common thread: the importance of adaptive governance – flexible decision-making and strong community ties.

For example, established building codes in the Ahr Valley provided a framework for reconstruction, ensuring that new structures were resilient and safe.

In Lagos, the absence of strong government support highlighted the critical role of community organisations in providing services and fostering a sense of shared responsibility.

What needs improvment

In both the Ahr Valley and Lagos, the journey towards recovery has been fraught with obstacles as well.

In the Ahr Valley, bureaucratic red tape has become a formidable barrier. Residents, eager to rebuild their lives, find themselves entangled in a complex web of regulations and lengthy approval processes. This has delayed their access to insurance and recovery funds. Waiting for months or even years has eroded hope and fuelled a sense of abandonment.

Meanwhile, in Lagos, insufficient government support has left communities to fend for themselves, creating a breeding ground for uncertainty and conflict.

Land tenure disputes, fuelled by a lack of clear property rights, sow seeds of distrust and hinder resettlement efforts. Political disagreements complicate the picture, as competing interests divert attention and resources away from those who need them most.

In Lagos, none of the respondents reported having insurance to help them to recover from disaster-related losses.

While some residents in the Ahr Valley did have insurance, many were under-insured.

The Ahr Valley’s building codes offer a framework for reconstruction. But it’s clear that processes should be streamlined so communities can take ownership of their recovery.

In Lagos, the importance of robust social safety nets is clear. Partnerships between communities and authorities are also needed.

A different approach

Recovery isn’t a separate process that occurs after disasters only. It should be seen as an essential part of managing risks. It’s important to understand what recovery involves and what resources are needed.

This will help reduce future risks and increase resilience after extreme events.

Governments should encourage flexible governance structures that value community voices and local knowledge to enable recovery. A good example is the New Orleans Recovery Authority, established after Hurricane Katrina. It involved local residents and city officials in planning and rebuilding efforts.

Grassroots efforts in Lagos demonstrated the power of sustainable materials and community-led initiatives. Seeing things from the community’s point of view can help tailor solutions that fit the situation and adapt to evolving challenges.

Training and capacity-building programmes empower communities to be active in their own recovery.

Mental health and first aid courses were successful in the Ahr Valley. Equipping individuals with skills in sustainable practices and disaster preparedness helps weave a social fabric capable of weathering future storms.

The Conversation

Olasunkanmi Habeeb Okunola is a Visiting Scientist at, the United Nations University – Institute for Environment and Human Security (UNU-EHS)

Saskia E. Werners works with United Nations University, Institute for Environment and Human Security (UNU-EHS). She is grateful to have received research grants in support of her research on climate change adaptation and recovery.

ref. Post-flood recovery: lessons from Germany and Nigeria on how to help people cope with loss and build resilience – https://theconversation.com/post-flood-recovery-lessons-from-germany-and-nigeria-on-how-to-help-people-cope-with-loss-and-build-resilience-240260

South Africa’s 36.1% electricity price hike for 2025: why the power utility Eskom’s request is unrealistic

Source: The Conversation – Africa – By Steven Matome Mathetsa, Senior Lecturer at the African Energy Leadership Centre, Wits Business School, University of the Witwatersrand

South Africa’s state-owned electricity company, Eskom, has applied to the National Energy Regulator of South Africa to approve a 36.1% electricity price hike from April 2025, a 11.8% price increase in 2026 and an 9.1% increase in 2027. Steven Mathetsa teaches and researches sustainable energy systems at the University of the Witwatersrand’s African Energy Leadership Centre. He explains some of the problems with the planned tariff increase.

Why such a big hike?

Eskom says the multi-year price increase is because of the need to move closer a cost-reflective tariff that reflects the actual costs of supplying electricity.

However, Eskom’s electricity tariff increases have been exorbitant for several years – an 18% increase in 2023 and a 13% increase in 2024. This is a price increase far above inflation, which is currently at 4.4%.

Some companies have installed their own generation capacity, and individuals have moved to rooftop solar systems. As a result electricity sales have fallen by about 2% , resulting in a drop in revenue.

There’s a knock on effect for municipalities, the biggest distributors of electricity, which have also been forced to hike tariffs in line with Eskom’s increases.

All these costs are passed onto the consumers.

What will the impact be on South Africans?

If the hike is approved it will certainly worsen the economic difficulties facing
South Africa. One of the most unequal countries in the world, South Africa has an extremely high unemployment rate – 33.5%at the last count.

Economic growth is also very slow, at a mere 0.6% in 2023. The cost of living is high.

Exorbitant increases in electricity costs aggravate these problems.

South Africans and businesses in the country have little choice about where they source their energy. Eskom is still the sole supplier for nearly all the country’s electricity needs. This means that ordinary citizens are likely to continue relying on electricity supplied by Eskom, irrespective of the costs.

The high costs affect businesses negatively. Large industrial and small, medium, and micro enterprises have all highlighted that costs associated with utilities, mainly electricity, are affecting their sustainability.




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The Electricity Regulation Amendment Act implementation will make major changes to Eskom. The reforms establish an independent Transmission Systems Operator tasked with connecting renewable energy providers to the grid. This will allow the creation of a competitive market where renewable energy providers can sell power to the grid.

But it’s not yet clear if these changes will address the issue of exorbitant electricity price rises.

What are the problems?

The country’s energy frameworks are drafted on the basis of the World Energy Trilemma Index. The index promotes a balanced approach between energy security, affordability, and sustainability. In other words, countries must be able to provide environmentally friendly and reliable electricity that their residents can afford.

South Africa is currently unable to meet these goals because of different energy policies that do not align, a lack of investment in electricity and dependency on coal-fired power. Electricity is increasingly becoming unaffordable in the country. Although there’s been a recent reprieve from power cuts, security of supply is still uncertain.




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Furthermore, over 78% of the country’s electricity is produced by burning coal. This means South Africa is also far from attaining its 2015 Paris Agreement greenhouse gas reduction goals.

Compounding this problem is that Eskom is financially unstable – it needed R78 billion from the government in debt relief in 2024. For years, there was a lack of effective maintenance on the aging infrastructure.

The country has made some inroads into improving security of supply. To date, recent interventions have resulted in over 200 days without power cuts. This should be commended. The same focus must be placed on ensuring that electricity remains affordable while giving attention to meeting the goals of the Paris Agreement.

What needs to change?

South Africa’s 1998 Energy Policy White Paper and the new Electricity Regulation Amendment Act promote access to affordable electricity. However, they’ve been implemented very slowly. Affordable electricity needs to be taken seriously.

The question is whether the country’s electricity tariff methodology is flexible enough to accommodate poor South Africans, especially during these challenging economic times.

In my view, it is not. In its current form, vulnerable communities continue to foot the bill for various challenges confronting Eskom, including financial mismanagement, operational inefficiencies, municipal non-payment, and corruption.

I believe the following steps should be taken.

Firstly, South Africa should revise its tariff application methodologies so that consumers, especially unemployed and impoverished people, are protected against exorbitant increases.

Secondly, the National Energy Regulator of South Africa should strengthen its regulations to ensure its compliance and enforcement systems are effective. For example, Eskom should be held accountable when it does not deliver efficient services or mismanages funds, and be transparent about costs associated with its processes. Municipalities should also be held accountable for non-payment and other technical issues they regularly struggle with. Both affect the revenue of the power utility.




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Thirdly, the government must make sure that price increases are affordable and don’t hurt the broader economy. It can do this by adjusting its policies to make sure that increases in electricity tariffs are in line with the rate of inflation.

Fourthly, communities can play a vital role in saving electricity at a household level. This will reduce the country’s overall energy consumption. Furthermore, both small and large businesses should continue to consider alternative energy technologies while implementing energy saving technologies.

Lastly, the level of free-basic electricity is not sufficient for poor households. Subsidy policies should also be reviewed to allow users access to affordable electricity as their financial situation changes negatively.

The Conversation

Steven Matome Mathetsa does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. South Africa’s 36.1% electricity price hike for 2025: why the power utility Eskom’s request is unrealistic – https://theconversation.com/south-africas-36-1-electricity-price-hike-for-2025-why-the-power-utility-eskoms-request-is-unrealistic-240941

AI isn’t replacing student writing – but it is reshaping it

Source: The Conversation – USA (2) – By Jeanne Beatrix Law, Professor of English, Kennesaw State University

Studies have shown that many students are using AI to brainstorm, learn new information and revise their work. krisanapong detraphiphat/Moment via Getty Images

I’m a writing professor who sees artificial intelligence as more of an opportunity for students, rather than a threat.

That sets me apart from some of my colleagues, who fear that AI is accelerating a glut of superficial content, impeding critical thinking and hindering creative expression. They worry that students are simply using it out of sheer laziness or, worse, to cheat.

Perhaps that’s why so many students are afraid to admit that they use ChatGPT.

In The New Yorker magazine, historian D. Graham Burnett recounts asking his undergraduate and graduate students at Princeton whether they’d ever used ChatGPT. No one raised their hand.

“It’s not that they’re dishonest,” he writes. “It’s that they’re paralyzed.”

Students seem to have internalized the belief that using AI for their coursework is somehow wrong. Yet, whether my colleagues like it or not, most college students are using it.

A February 2025 report from the Higher Education Policy Institute in the U.K. found that 92% of university students are using AI in some form. As early as August 2023 – a mere nine months after ChatGPT’s public release – more than half of first-year students at Kennesaw State University, the public research institution where I teach, reported that they believed that AI is the future of writing.

It’s clear that students aren’t going to magically stop using AI. So I think it’s important to point out some ways in which AI can actually be a useful tool that enhances, rather than hampers, the writing process.

Helping with the busywork

A February 2025 OpenAI report on ChatGPT use among college-aged users found that more than one-quarter of their ChatGPT conversations were education-related.

The report also revealed that the top five uses for students were writing-centered: starting papers and projects (49%); summarizing long texts (48%); brainstorming creative projects (45%); exploring new topics (44%); and revising writing (44%).

These figures challenge the assumption that students use AI merely to cheat or write entire papers.

Instead, it suggests they are leveraging AI to free up more time to engage in deeper processes and metacognitive behaviors – deliberately organizing ideas, honing arguments and refining style.

If AI allows students to automate routine cognitive tasks – like information retrieval or ensuring that verb tenses are consistent – it doesn’t mean they’re thinking less. It means their thinking is changing.

Of course, students can misuse AI if they use the technology passively, reflexively accepting its outputs and ideas. And overreliance on ChatGPT can erode a student’s unique voice or style.

However, as long as students learn how to use AI intentionally, this shift can be seen as an opportunity, rather than a loss.

Clarifying the creative vision

It has also become clear that AI, when used responsibly, can augment human creativity.

For example, science comedy writer Sarah Rose Siskind recently gave a talk to Harvard students about her creative process. She spoke about how she uses ChatGPT to brainstorm joke setups and explore various comedic scenarios, which allows her to focus on crafting punchlines and refining her comedic timing.

Note how Siskin used AI in ways that didn’t supplant the human touch. Instead of replacing her creativity, AI amplified it by providing structured and consistent feedback, giving her more time to polish her jokes.

Another example is the Rhetorical Prompting Method, which I developed alongside fellow Kennesaw State University researchers. Designed for university students and adult learners, it’s a framework for conversing with an AI chatbot, one that emphasizes the importance of agency in guiding AI outputs.

When writers use precise language to prompt, critical thinking to reflect, and intentional revision to sculpt inputs and outputs, they direct AI to help them generate content that aligns with their vision.

There’s still a process

The Rhetorical Prompting Method mirrors best practices in process writing, which encourages writers to revisit, refine and revise their drafts.

When using ChatGPT, though, it’s all about thoughtfully revisiting and revising prompts and outputs.

For instance, say a student wants to create a compelling PSA for social media to encourage campus composting. She considers her audience. She prompts ChatGPT to draft a short, upbeat message in under 50 words that’s geared to college students.

Reading the first output, she notices it lacks urgency. So she revises the prompt to emphasize immediate impact. She also adds some additional specifics that are important to her message, such as the location of an information session. The final PSA reads:

“Every scrap counts! Join campus composting today at the Commons. Your leftovers aren’t trash – they’re tomorrow’s gardens. Help our university bloom brighter, one compost bin at a time.”

The Rhetorical Prompting Method isn’t groundbreaking; it’s riffing on a process that’s been tested in the writing studies discipline for decades. But I’ve found that it works by directing writers how to intentionally prompt.

I know this because we asked users about their experiences. In an ongoing study, my colleagues and I polled 133 people who used the Rhetorical Prompting Method for their academic and professional writing:

  • 92% reported that it helped them evaluate writing choices before and during their process.

  • 75% said that they were able to maintain their authentic voice while using AI assistance.

  • 89% responded that it helped them think critically about their writing.

The data suggests that learners take their writing seriously. Their responses reveal that they are thinking carefully about their writing styles and strategies. While this data is preliminary, we continue to gather responses in different courses, disciplines and learning environments.

All of this is to say that, while there are divergent points of view over when and where it’s appropriate to use AI, students are certainly using it. And being provided with a framework can help them think more deeply about their writing.

AI, then, is not just a tool that’s useful for trivial tasks. It can be an asset for creativity. If today’s students – who are actively using AI to write, revise and explore ideas – see AI as a writing partner, I think it’s a good idea for professors to start thinking about helping them learn the best ways to work with it.

The Conversation

Jeanne Beatrix Law does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. AI isn’t replacing student writing – but it is reshaping it – https://theconversation.com/ai-isnt-replacing-student-writing-but-it-is-reshaping-it-254878