Quel âge avez-vous réellement ? Tout sur les derniers tests d’« âge biologique » – et leur fiabilité

Source: The Conversation – in French – By Hassan Vally, Associate Professor, Epidemiology, Deakin University

Nous aimons tous nous imaginer bien vieillir. Aujourd’hui, un simple test sanguin ou salivaire promet de nous le dire en mesurant notre « âge biologique ».

Par la suite, comme plusieurs l’ont déjà fait, nous pourrons partager notre « jeunesse » sur les réseaux sociaux, ainsi que nos secrets pour y parvenir.

Alors que l’âge chronologique correspond à la durée de votre vie, les mesures de l’âge biologique visent à indiquer l’âge réel de votre corps, en prétendant mesurer « l’usure » au niveau moléculaire.

L’attrait de ces tests est indéniable. Les gens soucieux de leur santé peuvent voir leurs résultats comme une confirmation de leurs efforts pour contrer leur vieillissement.

Mais ces tests sont-ils vraiment fiables ? Offrent-ils réellement des informations utiles ? Ou s’agit-il simplement d’un habile stratagème marketing déguisé en science ?


Cet article fait partie de notre série La Révolution grise. La Conversation vous propose d’analyser sous toutes ses facettes l’impact du vieillissement de l’imposante cohorte des boomers sur notre société, qu’ils transforment depuis leur venue au monde. Manières de se loger, de travailler, de consommer la culture, de s’alimenter, de voyager, de se soigner, de vivre… découvrez avec nous les bouleversements en cours, et à venir.


Comment les tests fonctionnent-ils ?

Au fil du temps, les processus chimiques qui permettent à notre corps de fonctionner, appelés « activité métabolique », entraînent des dommages et un déclin de l’activité de nos cellules, tissus et organes.

Les tests d’âge biologique visent à saisir certains de ces changements, offrant ainsi un aperçu de notre état de santé ou de notre état de vieillissement au niveau cellulaire.

Notre ADN est également affecté par le processus de vieillissement. En particulier, des marqueurs chimiques (groupes méthyles) s’y fixent et affectent l’expression des gènes. Ces changements se produisent de manière prévisible avec l’âge et les expositions environnementales, dans un processus appelé méthylation.

Des études scientifiques ont utilisé des « horloges épigénétiques », qui mesurent la méthylation de nos gènes, pour estimer l’âge biologique. En analysant leurs niveaux à des endroits spécifiques du génome à partir d’échantillons prélevés sur les participants, les chercheurs appliquent des modèles prédictifs pour estimer l’usure cumulative du corps.

Que dit la recherche à propos de leur utilisation ?

Bien que la science évolue rapidement, les preuves étayant l’utilisation des horloges épigénétiques pour mesurer le vieillissement biologique dans les études de recherche sont solides.

Des études ont montré que l’estimation de l’âge biologique épigénétique est un meilleur prédicteur du risque de décès et des maladies liées au vieillissement que l’âge chronologique.

Il a également été démontré que les horloges épigénétiques sont fortement corrélées au mode de vie et aux expositions environnementales, telles que le tabagisme et la qualité de l’alimentation.

De plus, elles se sont avérées capables de prédire le risque de maladies telles que les maladies cardiovasculaires, qui peuvent entraîner des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

Dans l’ensemble, un nombre croissant de recherches indiquent que les horloges épigénétiques sont des mesures fiables du vieillissement biologique et sont étroitement liées au risque de maladie et de décès.

Mais ces tests sont-ils vraiment fiables pour les individus ?

Si ces tests sont précieux pour étudier des populations dans le cadre de la recherche, l’utilisation d’horloges épigénétiques pour mesurer l’âge biologique des individus est une tout autre affaire et nécessite un examen approfondi.

Le facteur le plus important à prendre en considération pour les tests au niveau individuel est sans doute leur précision. Il s’agit de déterminer si un seul échantillon prélevé sur un individu peut donner des résultats très différents.

Une étude réalisée en 2022 a révélé que les échantillons présentaient des écarts pouvant aller jusqu’à neuf ans. Ainsi, un échantillon identique prélevé sur une personne de 40 ans peut indiquer un âge biologique aussi bas que 35 ans (une raison de se réjouir) ou aussi élevé que 44 ans (une source d’inquiétude).

Bien que ces tests aient été considérablement améliorés au fil des ans, leur précision varie considérablement d’un fournisseur à l’autre. Ainsi, selon la personne à qui vous envoyez votre échantillon, votre âge biologique estimé peut varier considérablement.

Une autre limite réside dans l’absence actuelle de normalisation des méthodes utilisées pour ces tests. Les entreprises commerciales effectuent ces tests de différentes manières et utilisent différents algorithmes pour estimer l’âge biologique à partir de données.

Comme on peut s’y attendre, ces entreprises ne divulguent pas leurs méthodes. Il est donc difficile de les comparer et de déterminer laquelle fournit les résultats les plus précis, et ce que vous obtenez pour votre argent.


Déjà des milliers d’abonnés à l’infolettre de La Conversation. Et vous ? Abonnez-vous gratuitement à notre infolettre pour mieux comprendre les grands enjeux contemporains.


Une troisième limite réside dans le fait que, bien que les horloges épigénétiques soient étroitement liées au vieillissement, elles ne sont qu’un « indicateur » et ne constituent pas un outil de diagnostic.

En d’autres termes, elles peuvent fournir une indication générale du vieillissement au niveau cellulaire. Mais elles ne fournissent aucune information spécifique sur les problèmes potentiels d’une personne qui « vieillit plus vite » qu’elle ne le souhaiterait ni sur ce qu’elle fait de bien si elle « vieillit bien ».




À lire aussi :
La musculation a des bienfaits insoupçonnés sur la santé, surtout avec l’âge


Ainsi, quel que soit le résultat de votre test, tout ce que vous obtiendrez probablement d’un fournisseur commercial de tests épigénétiques, ce sont des conseils génériques sur ce que la science considère comme un comportement sain.

Est-ce que cela en vaut la peine ? Ou que devrais-je faire à la place ?

Même si les entreprises qui proposent ces tests ont de bonnes intentions, n’oubliez pas que leur objectif final est de vous vendre ces tests et de réaliser un profit. Et à environ 500 dollars canadiens, ils ne sont pas bon marché.

Si l’idée d’utiliser ces tests comme un outil de santé personnalisé est prometteuse, il est clair que nous n’en sommes pas encore là.

Pour que cela devienne une réalité, les tests devront être plus reproductibles, standardisés entre les différents prestataires et validés par des études à long terme établissant un lien entre les changements de l’âge biologique et des comportements spécifiques.

Ainsi, si les tests ponctuels de l’âge biologique font sensation sur les réseaux sociaux, ils représentent pour la plupart des gens un coût important et offrent une valeur réelle limitée.

La bonne nouvelle, c’est que nous savons déjà ce qu’il faut faire pour augmenter nos chances de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Cela comprend notamment :

Nous n’avons pas besoin de connaître notre âge biologique pour apporter dès maintenant des changements dans notre vie afin d’améliorer notre santé.

La Conversation Canada

Hassan Vally ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Quel âge avez-vous réellement ? Tout sur les derniers tests d’« âge biologique » – et leur fiabilité – https://theconversation.com/quel-age-avez-vous-reellement-tout-sur-les-derniers-tests-d-age-biologique-et-leur-fiabilite-259862

No time to recover: Hurricane Melissa and the Caribbean’s compounding disaster trap as the storms keep coming

Source: The Conversation – USA (2) – By Farah Nibbs, Assistant Professor of Emergency and Disaster Health Systems, University of Maryland, Baltimore County

Hurricane Melissa tore off roofs and stripped trees of their leaves, including in many parts of Jamaica hit by Hurricane Beryl a year earlier. Ricardo Makyn/AFP via Getty Images

Headlines have been filled with talk of the catastrophic power of Hurricane Melissa after the Category 5 storm devastated communities across Jamaica, Cuba and Haiti in October 2025. But to see this as a singular disaster misses the bigger picture: Melissa didn’t hit stable, resilient islands. It hit islands still rebuilding from the last hurricane.

Jamaica was still recovering from Hurricane Beryl, which sideswiped the island in July 2024 as a Category 4 storm. The parish of St. Elizabeth – known as Jamaica’s breadbasket – was devastated. The country’s Rural Agriculture Development Authority estimated that 45,000 farmers were affected by Beryl, with damage estimated at US$15.9 million.

An aerial view of a city damaged by the hurricane. Mud is in the streets and buildings have lost roofs and walls.
St. Elizabeth Parish, Jamaica, suffered intense damage from both Hurricane Melissa in October 2025 and Hurricane Beryl a year earlier.
Ivan Shaw/AFP via Getty Images

In Cuba, the power grid collapsed during Hurricane Oscar in October 2024, leaving 10 million people in darkness. When Melissa arrived, it struck the same fragile infrastructure that Cubans had barely begun to rebuild.

Haiti’s fragile situation before Hurricane Melissa cannot be overstated. The island nation was still reeling from years of cascading disasters – deadly hurricanes, political instability, gang violence, an ongoing cholera crisis and widespread hunger – with over half the population already in need of humanitarian assistance even before this storm hit.

This is the new reality of the climate crisis: Disasters hitting the Caribbean are no longer sequential. They are compounding and can trigger infrastructure collapse, social erosion and economic debt spirals.

The compounding disaster trap

I study disasters, with a focus on how Caribbean island systems absorb, adapt to and recover from recurring shocks, like the nations hit by Melissa are now experiencing.

It’s not just that hurricanes are more frequent; it’s that the time between major storms is now shorter than the time required for a full recovery. This pulls islands into a trap that works through three self-reinforcing loops:

Infrastructure collapse: When a major hurricane hits an already weakened system, it causes simultaneous infrastructure collapses. The failure of one system – such as power – cascades, taking down water pumps, communications and hospitals all at once. We saw this in Grenada after Hurricane Beryl and in Dominica after Hurricane Maria. This kind of cascading damage is now the baseline expectation for the Caribbean.

Economic debt spiral: When countries exhaust their economic reserves on one recovery, borrow to rebuild and are then hit again while still paying off that debt, it becomes a vicious cycle.

Hurricane Ivan, which struck the region in 2004, cost Grenada over 200% of its gross domestic product; Maria, in 2017, cost Dominica 224% of its GDP; and Dorian, in 2019, cost the Bahamas 25% of GDP. With each storm, debt balloons, credit ratings drop and borrowing for the next disaster becomes more expensive.

Social erosion: Each cycle weakens the human infrastructure, too. More than 200,000 people left Puerto Rico for the U.S. mainland in Maria’s aftermath, and nearly one-quarter of Dominica’s population left after the same storm. Community networks fragment as people leave, and psychological trauma becomes layered as each new storm reopens the wounds of the last. The very social fabric needed to manage recovery is itself being torn.

The interior of a school that has been torn apart by hurricane winds. Desks and debris are scattered and light shines through the rafters
When schools are heavily damaged by storms, like this one in Jamaica that lost its roof during Hurricane Melissa, it’s harder for families to remain.
Ricardo Makyn/AFP via Getty Images

The trap is that all three of these loops reinforce each other. A country can’t rebuild infrastructure without money. It can’t generate economic activity without infrastructure. And it can’t retain the skilled workforce needed for either when people are fleeing to safer places.

Rebuilding a system of overlapping recoveries

The Caribbean is not merely recovering from disasters – it is living within a system of overlapping recoveries, meaning that its communities must begin rebuilding again before fully recovering from the last crisis.

Each new attempt at rebuilding happens on the unstable physical, social and institutional foundations left by the last disaster.

The question isn’t whether Jamaica will attempt to rebuild following Melissa. It will, somehow. The question is, what happens when the next major storm arrives before that recovery is complete? And the one after that?

Without fundamentally restructuring how we think about recovery – moving from crisis response to continuous adaptation – island nations will remain trapped in this loop.

The way forward

The compounding disaster trap persists because recovery models are broken. They apply one-size-fits-all solutions to crises unfolding across multiple layers of society, from households to national economies, to global finance.

Breaking free requires adaptive recovery at all levels, from household to global. Think of recovery as an ecosystem: You can’t fix one part and expect the whole to heal.

A line of people pass bags of food items one to another.
Residents formed a human chain among the hurricane debris to pass food supplies from a truck to a distribution center in the Whitehouse community in Westmoreland, an area of Jamaica hit hard by Hurricane Melissa in October 2025.
Ricardo Makyn/AFP via Getty Images

At the household level: Helping amid trauma

Recovery isn’t just about repairing a damaged roof. When families experience back-to-back disasters, trauma compounds. Direct cash assistance and long-term, community-based mental health services can help restore dignity.

Cash transfers allow families to address their own needs, stimulate local economies and restore control to people whose lives have been repeatedly upended.

At community level: Mending the social fabric

Repairing the “social fabric” means investing in farmer cooperatives, neighborhood associations and faith groups – networks that can lead recovery from the ground up.

Local networks are often the only ones capable of rebuilding trust and participation.

At the infrastructure level: Breaking the cycle

The pattern of rebuilding the same vulnerable roads or power lines only to see them wash away in the next storm fails the community and the nation. There are better, proven solutions that prepare communities to weather the next storm:

A man looks into an open drainage area that has been torn up out by the storm
Hurricanes can damage infrastructure, including water and drainage systems. Hurricane Beryl left Jamaican communities rebuilding not just homes but also streets, power lines and basic infrastructure.
Ricardo Makyn/AFP via Getty Images

At the global level: Fixing the debt trap

None of this is possible if recovery remains tied to high-interest loans. There are ways for internal financial institutions and global development lenders to allow for breathing room between disasters:

The current international disaster finance system, controlled by global lenders and donors, requires countries to prove their losses after a disaster in order to access assistance, often resulting in months of delay. “Proof” is established by formal evaluations or inspections, such as by the United Nations, and aid is released only after meeting certain requirements. This process can stall recovery at the moment when aid is needed the most.

The bottom line

The Caribbean needs a system that provides support before disasters strike, with agreed-upon funding commitments and regional risk-pooling mechanisms that can avoid the delays and bureaucratic burden that slow recovery.

What’s happening in Jamaica, Cuba and Haiti today is a glimpse of what’s coming for coastal and island communities worldwide as climate change accelerates. In my view, we can either learn from the Caribbean’s experiences and redesign disaster recovery now or wait until the trap closes around everyone.

The Conversation

Farah Nibbs does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. No time to recover: Hurricane Melissa and the Caribbean’s compounding disaster trap as the storms keep coming – https://theconversation.com/no-time-to-recover-hurricane-melissa-and-the-caribbeans-compounding-disaster-trap-as-the-storms-keep-coming-268641

How the Canadian Armed Forces could help solve the youth employment crisis

Source: The Conversation – Canada – By Ilona Dougherty, Managing Director, Youth & Innovation Project, University of Waterloo

Every year on Remembrance Day, I think about my grandfathers — my American grandfather who flew his Stinson L-5 along the coast of Burma and my Hungarian grandfather who fought in the Second World War.

I also reflect upon my grandmothers, one of whom used her language skills to translate for army officers and the other who suffered the loss of her first child while her husband was overseas.

These stories are often shared in our family as remembrances of young people who served and sacrificed during difficult times.

Buried deep in the Liberal government’s recently released 2025 budget is a line that is worth paying attention to: “Modernizing the Canadian Armed Forces (CAF) enhances opportunities for youth to serve and lead.” With that one sentence, the federal government connected the dots between Canadian sovereignty, youth employment and youth service.

But if Canada hopes to see its current generation of young people thrive, it must ensure that youth employment and youth service programs are expanded.

The only way this will happen, given the investments outlined in the federal government’s budget, is if organizations dedicated to youth employment issues and youth service work closely together to ensure the Canadian Armed Forces (CAF) figures out how to recruit and meaningfully retain young Canadians.

Paltry investments

As outlined in the budget, there is a clear commitment from Mark Carney’s Liberals to rebuild and reinvest in the CAF to protect Canadians and lead internationally. This commitment includes an investment of more than $9 billion in 2025-2026.

An important part of this rebuilding will require recruiting and retaining new members, which is being facilitated by a significant pay increase for the lowest paid recruits.

But as young people in Canada face the worst job market in more than a decade, which is only projected to worsen with the widespread adoption of AI, it was troubling that funding related to tackling youth unemployment was limited in this year’s budget.

The investment in Canada Summer Job placements, while up from the investment made in the 2024, was only brought back to pre-pandemic funding levels, not actually increased.

The Youth Employment and Skills Strategy investment in the budget was up slightly from 2025-2026, but down significantly from 2024-2025 and far below investments made in 2019-2020.

The only significant increase came with the investment in the Student Work Placement Program, which increased by more than $100 million per year.

The most generous read of investments in youth employment-related programs in the 2025 budget would suggest the government is investing approximately $220 million more per year. But this pales in comparison to the $20.4 billion over five years that the government has committed to investing in recruiting and retaining “a strong fighting force” for the CAF.

When it comes to youth service, supporting young people who are struggling to enter the job market — and providing them with opportunities to serve their communities — can be achieved in part through the Youth Climate Corps and the Canada Service Corps. Combined, their budgets represent a moderate increase in spending of about $20 million per year.

But it’s unclear whether the Canada Service Corps will receive additional funding in the future, parallel to the Youth Climate Corps funding, or whether it will be phased out and replaced.

Despite it being touted as a budget containing generational investments, the government has made minimal investments to seriously tackle the youth employment crisis in the 2025 budget.

Recruitment challenges

It’s no secret that recruiting and retaining new members is a significant challenge for the CAF. A 2025 Auditor General of Canada’s report outlines how the CAF is not recruiting and training enough candidates to meet its operational needs.

To make matters worse, even when a recruit does join, a recently leaked internal report suggests that many leave in frustration shortly after joining due to their inability to get trained and to secure roles within the CAF that they’re interested in.

Adding to this is the CAF’s well-documented issues with radicalization and hate speech, racial discrimination and sexual harassment. As an external monitor outlined in a recent report, “a culture that is largely misogynistic has created an environment that allows and sometime encourages unprofessional conduct to persist.”




Read more:
Not just a few bad apples: The Canadian Armed Forces has a nagging far-right problem


Despite recent apologies and signs that things are changing for the better within the CAF, these issues make the institution unattractive for young Canadians even if they don’t feel as though they have any other employment options.

There is also the perception that joining the army means going into active combat. Around 65.2 per cent of CAF members ever deploy — and deploying doesn’t necessarily mean active combat. In fact, it can very often mean humanitarian missions either domestically or internationally.

Making the CAF attractive to youth

All of this presents a unique opportunity for Canadian policymakers.

There are many organizations in Canada working to tackle youth employment — and the CAF has just been given what can actually be called a generational investment. That investment could significantly enhance existing government initiatives aimed at addressing the youth employment crisis and preparing young people for the future of work.

For this to happen, youth employment and service organizations must leverage the government’s investment in the CAF to expand their impact. At the same time, the CAF will need to engage with civilian organizations that specialize in recruiting and supporting young people. CAF recruiters should adopt best practices in youth-focused recruitment, training and retention to ensure meaningful participation and long-term success.

Young people will only be attracted to and stay in the CAF if they feel valued, if they’re offered meaningful opportunities to contribute and if intergenerational collaboration is prioritized.

In a time of multiples crises, none of them can be viewed in isolation. Disparate groups need to work together to address their unique challenges.
Canadian young people have a lot to offer — they’re the most educated generation in Canadian history, they have the desire to make a difference, their brains are wired to be bold problem solvers and they have diverse and relevant lived experiences.

This is a generation Canada can’t afford to leave on the sidelines of its economy or in the fight for Canadian sovereignty.

The Conversation

Ilona Dougherty does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. How the Canadian Armed Forces could help solve the youth employment crisis – https://theconversation.com/how-the-canadian-armed-forces-could-help-solve-the-youth-employment-crisis-268433

Bringing the dance studio home can improve balance and reduce the risk of falls for older women

Source: The Conversation – Canada – By Emma Hsiaowen Chen, PhD Candidate in Health & Exercise Science, Concordia University

Exercise can help reduce the risk of falls — a major cause of injuries in older adults — but only four per cent of older Canadian women complete 30 minutes of daily physical activity. As a PhD candidate in health and exercise science at Concordia University, I am interested in developing fun and accessible balance-training programs using online dance classes.

Dance can act as a fun “exercise in disguise.” Studies have consistently shown that dance can inspire social connections, improve mood and aid cognition, while also leading to improvements in mobility, endurance and walking abilities.

It is also an ideal form of balance training because learning various dance steps requires high precision of movement, which can help increase our proprioception (our perception of our body movement and position in space). This can help improve or maintain our postural stability.

Age and postural stability

Postural stability refers to our ability to stay upright and control our body’s position in space. This ability relies on sensory and motor systems. Our vision helps see potential obstacles or tripping hazards, the vestibulocochlear system of the inner ear helps with our sense of orientation as well as hearing, and finally our somatosensory system, which comprises the body’s sense of touch, pain, temperature and position, works to feel the surfaces beneath our feet.

After these sensory signals reach the brain, they are sorted and then the appropriate motor response is selected for our musculoskeletal system to execute

With age, postural stability reduces as the sensory systems experience change. We measure this decline by having people stand as still as possible and observing how much they move or sway. If someone sways more, they are considered less stable and at greater risk of falls.

While research on in-person dance classes of various styles have consistently shown improvements to postural stability and fall risk, these classes are often inaccessible. Many older women face barriers to exercise such as lack of transportation, caregiver roles at home, inaccessible exercise facilities etc. Additionally, specialized dance teachers are often only found in larger cities that act as dance hubs. Online dance classes can offer solutions to reduce barriers and improve access for older adults.

Bringing the dance studio home

Working with Andreas Bergdahl, PhD, and Mary Roberts, PhD, our research published in International Journal of Exercise Science has found that online dance classes improve the postural stability, dynamic balance and calf strength of older women. In this work, we recruited women aged 65+ from Montréal to participate in 75-minute ballet-modern inspired classes twice per week, for 12 weeks over Zoom.

Each dance class started with a 15-minute warm-up followed by:

  • Pliés (bending the knees)
  • Tendus (standing on one leg and extending the other one out)
  • Balancé sequence (a travelling step done to a waltz rhythm)
  • Jose Limón/Martha Graham sequence (styles of modern-dance that emphasize fall recovery and rounded shapes of the spine)
  • Cooling-down with seated stretches

These exercises were selected because they emphasize transferring weight, balancing on one leg, bringing the body off centre and contracting the leg as well as core muscles. A helper was present on Zoom for each dance class to help with technical support and monitor online participants for safety.

Before the first class, halfway through the study, and at the end, participants completed in-person assessments of their leg strength, dynamic balance and postural stability.

Within six weeks, participants showed reductions in how much they swayed side-to-side while standing still (what is called mediolateral sway) and increases in their dynamic balance. By the end of the program, they also had greater calf-muscle strength, assessed as the number of heel-raises participants completed in 30 seconds.

Improvements in these abilities can translate to greater ease in daily activities that require weight transfers, such as walking, stepping down from the sidewalk or even chores like sweeping the house.

Benefits of online access

Even after COVID-19 lockdowns have ended, online dance classes can serve an important role in reaching people who are traditionally left out.

For those living in remote locations, for caregivers who cannot spend too long away from their loved ones or even for older adults anxious to walk on icy streets in the winter, online programs can provide a level of accessibility and new opportunities to socialize and exercise. They also give opportunities for people to express themselves creatively from the comfort of their own homes.

Our current studies are exploring how different styles of online dance programs, combined with blood flow restriction training, can benefit older adults. This provides more options to suit people’s interests and varying mobility needs. Additionally, we are working to share our program with communities. To date, our research has reached older women across Canada, Mexico, Colombia and Spain, encouraging them to remain active and independent.

While many of us have returned to in-person programming, let’s not forget the benefits of online access. Bringing the dance studio home can still help people connect, socialize and improve their balance.

The Conversation

Emma Hsiaowen Chen receives funding from Fonds de recherche du Québec – Santé – Formation de doctorat 2024-2025 (346910). Her MSc work presented here was funded by the Canadian Graduate Scholarships – Master’s Program 2022 and the Fonds de recherche du Québec – Santé – Formation de Maîtrise 2022-2023 (319116). She works as a freelance dance instructor specialized in teaching older adults.

ref. Bringing the dance studio home can improve balance and reduce the risk of falls for older women – https://theconversation.com/bringing-the-dance-studio-home-can-improve-balance-and-reduce-the-risk-of-falls-for-older-women-268266

Team work and power plays: What Alberta’s Bill 2 says about Canadian democracy

Source: The Conversation – Canada – By Jared Wesley, Professor, Political Science, University of Alberta

Across Canada, elected representatives are opting to toe the party line on major discussions about the future of the country — or even to sit out the debates entirely.

Take recent events in Alberta. Bill 2 (the Back to School Act) ended a provincewide teachers’ strike by imposing a contract and ordering more than 50,000 teachers back to work. Most government members of the Alberta legislature (MLAs) chose to remain silent throughout the entire dispute.

The incident drew national attention because the government also invoked the Canadian Charter of Rights and Freedoms’ notwithstanding clause to remove the teachers’ Charter right to strike.




Read more:
The history of the notwithstanding clause


Limiting debate

But the other half of the story is the process: party discipline helped push the law through the legislature in record time. For Canadians elsewhere, Bill 2 is a window into how hyper-partisanship and polarization can weaken the checks and balances meant to restrain premiers and prime ministers from acting unilaterally.

Here’s what happened in practical terms: the government moved the bill from first reading to final passage in less than 12 hours, after which teachers were ordered back and a four-year agreement was set in law.

Approved by members of the government caucus, debate windows were cut to just one hour and concluded in the early hours of the morning.

The speed mattered as much as the substance: it limited the chance for MLAs to probe details, air local concerns or test alternatives in public. It also sidestepped an important constitutional responsibility: according to the notwithstanding clause, legislatures — not cabinets or premiers — are charged with removing Canadians’ rights.

According to critics of Premier Danielle Smith’s United Conservative Party (UCP), that duty is meant to be exercised after meaningful debate.

Why would a legislature — whose members are elected to debate, amend and oversee — vote to shorten its own deliberation on bills, particularly those that affect fundamental freedoms?

Our research in our book No “I” in Team: Party Loyalty in Canadian Politics points to a simple, powerful answer: hyper-partisanship has evolved from traditional “party discipline” (voting together) into “message discipline” (speaking together). Leaders and their entourages co-ordinate what caucus members say and do, reward conformity and punish dissent. In that environment, opposing fast-tracked legislation can feel like deserting “the team.”

Choosing silence

Message discipline reshapes everyday incentives inside caucus.

Rather than seeing alternative arguments as quality control, members learn to treat them as obstacles. Rather than pushing for extended committee study or open negotiation, they face heavy pressure to back procedures that guarantee quick passage and limit the ability of opposing parties to weigh in. This means members of the governing caucus sometimes choose to silence themselves to prevent their opponents from engaging.

Over time, MLAs become more willing to trade their own leverage — floor time, clause-by-clause scrutiny, amendments — for the promise of team unity.

Bill 2 shows how those incentives and tools play out in real life. The government framed speed as a virtue and unity as a necessity; caucus members delivered both. The result was swift law-making on a file with broad public impact and limited room for local voices or cross-party problem-solving.

None of this depends on one leader or one issue. Once normalized, the approach can be applied to labour disputes, health-care reforms, school governance or tax changes — any area where moving quickly is easier than debating in public.

But when disagreements are handled through discipline rather than deliberation, conflict doesn’t disappear. It often relocates, sometimes spilling outside the governing caucus. This is made more likely when constituents pressure their representatives to act as delegates rather than partisans.

Locker-room mentality

Earlier this year, UCP MLA Peter Guthrie resigned from cabinet and was expelled from caucus after sustained criticism of his party’s ethics record.

He has since emerged a steady critic of the government, assuming the role of Independent as Canada’s parliamentary traditions intended all representatives to play: holding the government to account through members’ statements and Question Period. That he felt unable to do so within cabinet or caucus is a symptom of the hyper-partisanship we cover in our book.

For those beyond Alberta, that’s why Bill 2 matters. The notwithstanding clause justifiably drew the most attention, but it isn’t the whole story. Canadians need to pay attention to how hyper-partisanship pushes parliamentarians into decisions that mute their own roles as delegates of their constituents, overseers of government and trustees of the public good.

When legislatures are organized as team locker rooms first and democratic institutions second, elected representatives are more likely to support rule changes and time limits that make government faster and more centralized, and less likely to insist on the public work that tests ideas before they become law.

In that sense, Bill 2 is a case study, not an outlier. The mechanics are portable.

Watch for the telltale signs in other parts of the country: tight debate clocks, late-night sittings, caucus silence in constituencies and message unity presented as proof of strength. Our research suggests those are the symptoms of message discipline at work — and the reason Canadians across the country should pay attention to what happened in Alberta.

The Conversation

Jared Wesley receives funding from the Social Sciences and Humanities Research Council (SSHRC).

Alex Marland received funding from an SSHRC Insight Grant with Jared Wesley and Mireille Lalancette to study Canadian parliamentarians crossing the floor that supported this research.

Mireille Lalancette receives funding from the Social Sciences and Humanities Research Council (SSHRC) for this project.

ref. Team work and power plays: What Alberta’s Bill 2 says about Canadian democracy – https://theconversation.com/team-work-and-power-plays-what-albertas-bill-2-says-about-canadian-democracy-269373

Rudeness is hurting auditors’ ability to protect the public — here’s how

Source: The Conversation – Canada – By Ala Mokhtar, Assistant Professor in Accounting, McMaster University

Auditors play a crucial role in keeping the financial system honest. Their job is to protect investors by making sure financial reports are accurate and trustworthy, helping people have confidence in financial markets.

Auditors are trained to be level-headed, impartial watchdogs that remain skeptical when evaluating evidence so they can give an objective opinion on whether a company’s financial statements are fairly reported.

Without auditors, the public would struggle to trust what companies say about their finances. But this, of course, depends on auditors doing their jobs objectively and consistently.

Our new study, co-authored with Tim Bauer from the University of Waterloo and Sean Hillison from Virginia Tech, shows something unexpectedly human gets in the way of auditors doing their job well: incivility, or rudeness. When clients snap at, dismiss or belittle auditors, it doesn’t just sting — it can wear away at audit quality.

Maintaining audit quality

The quality of audits has become a growing concern among regulators. In recent years, both Canadian and American audit watchdogs have reported concerning rates of audit deficiencies.

These deficiencies include failing to properly test accounting estimates by firms, failing to test key controls that prevent errors or fraud and overlooking whether management’s significant assumptions were reasonable.

Regulators are urging auditors to “step up” by doing a better job of scrutinizing their financial statements.

Understanding and addressing how client incivility affects auditor performance could be a crucial step toward improving audit quality in financial reporting.

When rudeness gets in the way

To find out how often auditors face incivility, my co-researchers and I surveyed 70 auditors across Canada and the United States at all ranks, from entry-level auditors to auditors at the partner level.

We defined incivility as minor disrespectful actions that break workplace norms of mutual respect. These behaviours are often rude and discourteous, displaying a lack of regard for others.

We found that auditors don’t experience incivility from time-to-time — they experience it a lot. Ninety per cent of auditors said they had encountered negative client behaviour at some point in their careers.

Seventy-seven per cent said clients had rudely told them how to do their jobs or questioned their procedures. More than 60 per cent had their skills or abilities questioned and more than 50 per cent had been ignored or faced hostility when approaching a client. One-third reported being bullied — a more serious form of incivility — at some point in their career.

Rude clients, weaker audits

We wanted to know whether auditors’ experiences with incivility actually affected auditors’ judgment and skepticism. Did auditors brush off rude behaviour and continue to diligently do their work?

To test this, we ran an experiment with 114 experienced auditors. We asked them to read a scenario showing an interaction between an auditor and their client. In one version the client was openly rude, while in the other version, the client was not portrayed as rude.

The auditors were then asked how likely they would be to challenge an aggressive accounting choice — that is, a decision by the client to report a preferred inventory write-down amount supported by weak assumptions.

We found that auditors who read about a scenario with an uncivil client became less likely to challenge an obviously aggressive accounting choice by the client — the opposite of what auditing standards call for in a situation where skepticism matters.

Why did this happen? Our findings suggest that emotional distress from interacting with the rude client interfered with auditors’ judgment, leading to less effective scrutiny of the client’s decisions.

How active coping can help

Auditors play a vital role in protecting investors and the public by ensuring that companies’ financial statements can be trusted. Our findings suggest that something as commonplace as everyday discourtesy can have very real, negative effects on audit quality.

But there is some good news. Our research also found that the right coping strategies can help auditors recover their focus.

When auditors were encouraged to use an active coping approach — like looping in a senior colleague to intervene with the situation — their willingness to push back against the aggressive accounting choice largely returned to normal levels. Active coping prevented the distress of the rude exchange from interfering with auditors’ judgment.

By contrast, passive approaches, such as venting or trying to accept the situation, didn’t show the same clear benefit.

Together, these results suggest that client incivility triggers emotional distress that blunts auditors’ judgment, and that active coping helps auditors refocus on the facts and their duty to the public.

Protecting audit quality

For firms and regulators trying to maintain audit quality, negative behaviour from clients should be treated as a risk factor, not a normal, everyday inconvenience. If left unaddressed, persistent rudeness or pressure from clients can undermine auditors’ ability to do their jobs.

Fortunately, the solution is simple and low-cost. Audit firms can equip auditors with concrete coping playbooks and train them to use active coping when they encounter incivility. Rather than expecting auditors to grin and bear rude treatment, firms can equip them to address incivility actively by bringing in a senior member who can handle the rude client.

It’s a simple step that helps prevent audit quality from slowly deteriorating, and protects the integrity of financial reporting and the people responsible for upholding it.

The Conversation

Ala Mokhtar does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Rudeness is hurting auditors’ ability to protect the public — here’s how – https://theconversation.com/rudeness-is-hurting-auditors-ability-to-protect-the-public-heres-how-267953

To tackle e-waste, teach kids to be responsible consumers

Source: The Conversation – Canada – By Saidia Ali, Environmental Scientist, PhD Candidate, Toronto Metropolitan University

The world is undergoing rapid electronification and digital transformation, reshaping how we live. Many of us have numerous electronic devices around us at all times, from smartphones and watches to our home appliances and cars.

A sharp increase in e-waste has accompanied the surge in electronic equipment. In 2022, 62 million tons of e-waste was produced globally.

Canada’s e-waste tripled between 2000 and 2019 and is expected to reach 1.2 billion kilograms by 2030. These statistics demonstrate an urgent environmental crisis that demands new ways of thinking and educating future generations.

A key part of tackling the problem is educating people about it. As educators, we need to expand school education to include resource recovery, sustainability and pro-environmental behaviours to inform students on what to do with their old gadgets.

The language and techniques we use to communicate this issue in classrooms play a significant role in helping children understand and engage with safe e-waste management.

Schools and educators must equip youth of all ages with the values, attitudes, knowledge and skills necessary to manage e-waste responsibly.

Gaps and limitations

My research uses machine learning tools to develop effective circular economy policies focused on e-waste management in Canada, with insights reflecting Ontario’s evolving practices.

In Ontario, schools are failing to provide comprehensive and consistent e-waste education, leaving a dangerous gap in our students’ environmental literacy.

Environmental education in Ontario introduces students to the concept of environmental stewardship and the provincially mandated curriculum does include it in a cross-disciplinary manner. However, due to decreased priority and budget cuts, attention on e-waste and resource conservation is absent.

According to a 2024 report by EcoSchools Canada, a number of obstacles exist to successful school e-waste management such as COVID-19, provincial inconsistencies, curriculum disconnect, custodian participation, poor school engagement and a lack of key infrastructure and information.

The Ontario government and municipalities have made efforts in revising the school curriculum, with non-profits stepping in to help bridge the knowledge gap.

For example, in municipalities like Peel Region, teachers’ resources include a plethora of interactive, online activities and lesson plans that focus on the 3Rs and proper sorting, as well as additional workshops, events, games and other resources for students in grades K to 8.

Likewise, Durham Region offers a specific presentation, including one for grades 7 and 8 entitled “Electronic Waste: The Hidden Impact of Our Gadgets,” allowing students to discover the possible environmental, social and economic consequences of devices.

Several schools are also active participants of the EcoSchools program, a certification initiative originally developed by the Toronto District School Board to promote environmental education and action.

The program offers opportunities for student-led projects such as e-waste collection drives and awareness campaigns, providing meaningful experiential learning.

Although these are valuable and necessary, the focus and depth of these initiatives are often at the discretion of individual teachers and schools, leading to an uneven and often limited understanding of the e-waste problem. While commendable, these programs represent a patchwork rather than a cohesive, province-wide strategy.

Furthermore, a lot of education on waste tends to place much emphasis on recycling. While recycling is an important part of the solution, comprehensive e-waste education should also emphasize reducing consumption, repairing and reusing electronics and understanding the principles of a circular economy. Educational institutions and educators need to equip students to be able to critically question our throw-away culture.

The path forward

Educational institutions can play a substantial role in devising initiatives that will help future generations build foundational knowledge about sustainable e-waste management.

At the Montgomery School in Saskatoon, students have taken part in a project that allows them to disassemble old electronics to learn about e-waste, its materials and proper disposal. As part of an initiative, students look through the school’s garbage bins to see what could be reused.

The project links classroom learning with Saskatchewan’s grade 6/7 curriculum of understanding the social effects of sustainability issues, such as waste management, and encouraging students to think critically about technology use and environmental responsibility. The students have been successful in making keychains from old circuit boards that they sold at a school event to raise money for upcoming projects.

A CBC News segment on the Montgomery School’s e-waste project.

Provincial education ministries must take the lead by embedding clear learning expectations into their provincial curriculum in subjects like science, technology, geography, social studies and civics. This will ensure that all students, regardless of their school or location, receive an introductory understanding of this growing issue.

Cross-sectoral collaboration among provincial governments, school boards, municipalities and environmental organizations will be key in developing high-quality curriculum-linked educational materials.

Other initiatives can include organizing field trips to recycling facilities or setting up e-waste collection campaigns to allow students to see the impact of sustainable activities.

Schools can also invite guest speakers to give students an opportunity to learn from front-line environmental experts who have first-hand knowledge of sorting through e-waste.

Integrating e-waste literacy into the curriculum is a crucial step toward creating a more sustainable future. It will involve much more than just teaching students where the recycling bin is. It is about providing the know-how that will help them challenge our throw-away culture and empowering them to become responsible consumers.

The Conversation

Saidia Ali is affiliated with CanRepair Canada.

ref. To tackle e-waste, teach kids to be responsible consumers – https://theconversation.com/to-tackle-e-waste-teach-kids-to-be-responsible-consumers-265712

Así son las auroras rojas que han iluminado (y pueden volver a iluminar hoy) los cielos de España y toda Europa

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Josep M. Trigo Rodríguez, Investigador Principal del Grupo de Meteoritos, Cuerpos Menores y Ciencias Planetarias, Instituto de Ciencias del Espacio (ICE – CSIC)

La pasada noche del 11 noviembre fue posible disfrutar desde toda Europa, Norteamérica y Centroamérica del espectáculo de las auroras. Desde España se han visto y fotografiado las llamadas auroras SAR (acrónimo de Arcos Rojos Estables o Stable Aurora Red arch), una especie de reflejo lejano de las que se dan a gran altura en latitudes boreales. Se aprecian como una luminosidad rojiza cercana al horizonte norte que se aprecia a simple vista, aunque las cámaras la captan maravillosamente dada su mayor sensibilidad.

Que veamos auroras SAR es normal, incluso que cambien de intensidad según el devenir de la actividad geomagnética. También se produjeron en mayo del año pasado, en un momento álgido (como ahora) de la actividad solar.

En estos momentos, el Sol se encuentra en una fase especialmente activa en la que sufre grandes erupciones, acompañadas de la emisión masiva de protones y partículas alfa (núcleos de helio) a grandes velocidades (algunas del orden de 1 800 km/s).

Muchos astrofotógrafos aprovechan estos días para tomar imágenes increíbles de la fotosfera solar que muestran la gran actividad del astro rey.

El origen de las auroras y sus preciosos colores

Tras la emisión de masa coronal del Sol, las partículas atómicas, en buena parte cargadas eléctricamente, pasan a formar parte del llamado viento solar y se difunden por el medio interplanetario. Esa gigantesca ola de átomos e iones tardará entre 1,5 y 4 días en llegar a la Tierra, en función de la velocidad de la ráfaga de masa coronal eyectada.

Los cinturones de Van Allen nos protegen de la radiación llegada del Sol.
Nasa Space Place

Las energéticas partículas quedan retenidas en el campo magnético de nuestro planeta. Posteriormente, viajan por las líneas de dicho campo hasta golpear la atmósfera superior de la Tierra, cerca de los polos Norte y Sur. Cuando estos átomos interactúan con los gases de nuestra atmósfera, producen las auroras boreales y australes, respectivamente.

Y, aunque en latitudes medias como las de España se suelan ver únicamente las auroras SAR rojas, desde latitudes más boreales o australes es posible contemplar hermosas cortinas de colores. El cromatismo de los hermosos arcos de la luz que se mueven por el cielo dependen de las moléculas ionizadas que emiten esa luz. Por ejemplo, el oxígeno emite luz verde y roja, mientras que el nitrógeno molecular brilla intensamente en colores azules y púrpuras.

El Sol dispara y los planetas reciben

Precisamente, el 11 de noviembre hubo una enorme emisión de masa coronal desde la región solar activa catalogada AR14274. Debido a la magnitud de esa erupción, esperamos que haya actividad geomagnética extraordinaria también en las próximas noches.

Precisamente las regiones más activas están asociadas a los grupos de manchas solares, a veces vinculados a brillantes segmentos llamados fáculas. Desde esas regiones suelen producirse las erupciones solares, desencadenadas por los cambios magnéticos que tienen lugar en la fotosfera solar.

El grupo activo 14274 fotografiado el 11 de noviembre desde el Observatori de Gualba, Barcelona, una hora después de la erupción que protagonizó y que ahora está produciendo auroras. Podemos apreciar una brillante fácula debajo de las manchas principales.
Albert Sànchez Caso/MPC442-Gualba Obs./AstroMontseny

Muy atentos a las próximas noches

Es una gran oportunidad para los astrofotógrafos, pero cualquiera que disponga de un teléfono móvil también puede capturar alguna imagen nocturna de pocos segundos si se apoya en algún objeto o tiene un buen pulso. Precisamente esta misma tarde, la del 12 de noviembre, ya desde el crepúsculo tendremos muchas posibilidades de volver a ver auroras SAR desde la península ibérica.

De hecho, podremos seguir en tiempo real la actividad geomagnética en esta página de la Universidad de Kioto (Japón). Webs muy útiles para comprobar el grado de actividad geomagnética son Heliomon, creada por Josep María Llenas, y la del director del Observatori Astronòmic i Meteorològic de Pujalt, en Barcelona.

En particular existe un índice representativo de las condiciones geomagnéticas globales, conocido como Kp. Estos valores indican la actividad geomagnética esperada para cualquier período de tres horas durante los próximos tres días, como refleja la gráfica que sigue a este párrafo.

El índice Kp da cuenta de la actividad geomagnética global en períodos de tres horas durante los próximos tres días. Las horas son en tiempo universal coordinado (súmese una hora para la hora local peninsular, CET).
NOAA/SWPC Boulder, Col, EUA

Un buen ejemplo de las sesiones fotográficas que espero incentivar fue la realizada anoche por el astrofotógrafo Joan Manuel Bullón desde el pico de la Travina, en el municipio valenciano de Aras de Alpuente. Imágenes como esta precisamente me han animado a escribir el presente artículo para enfatizar que la próxima noche podría también ser histórica, una gran oportunidad para los amantes del tiempo (espacial).

Aurora captada la pasada noche desde Aras de Alpuente, Valencia.
Joan Manuel Bullón i Lahuerta

The Conversation

Josep M. Trigo Rodríguez recibe fondos del proyecto del Plan Nacional de Astronomía y Astrofísica PID2021-128062NB-I00 financiado por el MICINN y la Agencia Estatal de Investigación.

ref. Así son las auroras rojas que han iluminado (y pueden volver a iluminar hoy) los cielos de España y toda Europa – https://theconversation.com/asi-son-las-auroras-rojas-que-han-iluminado-y-pueden-volver-a-iluminar-hoy-los-cielos-de-espana-y-toda-europa-269614

Faut-il partager ou épargner les terres ? Pourquoi le dilemme agriculture-biodiversité est dépassé

Source: The Conversation – in French – By Damien Beillouin, Docteur en agronomie, Cirad

Faut-il séparer les espaces agricoles et ceux consacrés à la biodiversité, ou bien les réunir ? Bernd Dittrich/Unsplash, CC BY

Ce dilemme ne vous dit peut-être rien, mais il a constitué une question centrale chez tous ceux qui veillent à la protection de la biodiversité. C’est celui du land sparing ou du land sharing.


Depuis plus de vingt ans, un débat anime les chercheurs qui travaillent sur la protection de la biodiversité : faut-il séparer les espaces agricoles des espaces naturels, ou les faire cohabiter ? Ce débat oppose deux visions connues sous les termes anglais land sparing (épargner les terres) et land sharing (partager les terres).

Formulé au milieu des années 2000 par des chercheurs de l’Université de Cambridge, ce dilemme part d’une idée simple :

  • soit on intensifie la production agricole sur des surfaces restreintes, pour préserver le reste des terres pour la nature (sparing),

  • soit on intègre des pratiques plus favorables à la biodiversité directement dans les champs (sharing), par exemple via l’agriculture biologique, l’agroforestierie, ou d’autres formes de diversification des cultures.

Pourquoi opposer agriculture et biodiversité ?

Dans la logique du land sparing, agriculture et biodiversité sont pensées comme deux mondes séparés : l’un occupe l’espace productif, l’autre les zones mises à l’écart. L’agriculture y est vue comme l’adversaire du vivant. Et dans l’état actuel des pratiques, ce constat n’est pas infondé. Le rapport mondial de la Plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) rappelait en 2019 que l’agriculture était le principal facteur de pression sur les écosystèmes, du fait de l’intensification des pratiques, de la pollution, et de la fragmentation des paysages qu’elle engendrait.

Une réalité confirmée par un rapport récent

  • Le rapport EAT-Lancet publié il y a quelques jours confirme cette responsabilité à une échelle plus globale. Il montre que les systèmes alimentaires figurent parmi les principaux moteurs du dépassement de plusieurs limites planétaires, notamment pour la biodiversité, l’usage des terres et les cycles de l’azote et du phosphore. Pour la première fois, ce rapport propose des « limites alimentaires sûres » qui relient directement nos modes de production et de consommation à la stabilité écologique de la planète.

Au milieu des années 2000 et 2010, des travaux, comme ceux des zoologues anglais Rhys Green en 2005 puis Ben Phalan en 2011, concluaient ainsi que le land sparing était la meilleure stratégie pour préserver les espèces. Ces travaux ont eu un large écho, confortant l’idée que l’intensification agricole « durable » pourrait sauver la biodiversité.

Mais entre land sparing et land sharing, faut-il vraiment choisir ? Des travaux récents montrent plutôt qu’aucune de ces deux options n’est une solution miracle généralisable partout, et qu’il est de plus en plus nécessaire de dépasser l’opposition stricte entre agriculture et nature.

Quand les modèles rencontrent la réalité

Les critiques du land sparing se sont de fait accumulées au fil des années. Les modèles initiaux reposaient sur des hypothèses simplificatrices : ils ignoraient les coûts sociaux et environnementaux de l’intensification. Or, intensifier l’agriculture suppose en général des intrants (engrais, pesticides, semences améliorées), de la mécanisation lourde et des infrastructures de marché. Cela favorise souvent les grandes exploitations au détriment des petits producteurs, qui peuvent être marginalisés, expulsés ou contraints de coloniser de nouvelles terres. De plus, certaines pratiques liées à l’intensification, comme la promotion des organismes génétiquement modifiés, renforcent le contrôle de certaines grandes firmes sur la production agricole.

Ces modèles simplifiaient aussi le rôle de la biodiversité. Pourtant celle-ci fournit de nombreux services écosystémiques essentiels à l’agriculture et aux sociétés : pollinisation, régulation des ravageurs, qualité de l’eau, stockage du carbone… L’agriculture intensive maximise souvent la production alimentaire, mais peut aussi générer des risques pour la santé ou les activités humaines.

Une agriculture intensive qui appauvrit également notre résilience alimentaire

  • L’agriculture intensive réduit largement la diversité des espèces et des variétés cultivées, érodant ainsi la diversité génétique de notre système alimentaire et agricole. Cette réalité peut entraîner la disparition de cultures présentant des propriétés nutritionnelles uniques, des capacités d’adaptation aux aléas climatiques et d’autres valeurs potentiellement déterminantes pour le futur. La perte de ce type de biodiversité qui soutient notre système alimentaire amplifie le risque d’épidémies et d’infestations parasitaires ainsi que la vulnérabilité de la chaîne de valeur alimentaire aux chocs climatiques, commerciaux et tarifaires.

Les tentatives d’évaluation économiques montrent de fait que la valeur de ces services dépasse souvent de plusieurs fois celle des produits agricoles eux-mêmes. Par exemple, la valeur annuelle des services écosystémiques des forêts françaises surpasse largement le revenu issu de leur exploitation. Fonder les stratégies sur la seule valeur marchande des produits agricoles est donc une démarche incomplète.

Le land sparing présente également des limites face aux changements globaux. Les polluants agricoles – engrais et pesticides – ne restent pas confinés aux champs. Ils contaminent les cours d’eau et les sols, et peuvent même être transportés dans l’atmosphère, jusqu’à être détectés dans des nuages à des centaines de kilomètres des zones cultivées.

Ainsi, les zones protégées ne garantissent pas toujours la survie des espèces : par exemple, les grenouilles rousses (Rana temporaria) et les crapauds communs (Bufo bufo) déclinent dans certaines régions d’Europe, car les pesticides utilisés dans les champs voisins contaminent leurs habitats aquatiques. Les abeilles sauvages et domestiques subissent également les effets des néonicotinoïdes, réduisant la pollinisation et perturbant les services écosystémiques essentiels à l’agriculture.

De plus, l’argument central du sparing – « produire plus pour convertir moins » – ne se vérifie pas toujours. Les économistes parlent alors d’effet rebond ou « Jevons paradox » : augmenter la productivité peut accroître la rentabilité des terres agricoles, incitant à en exploiter davantage au lieu d’en libérer. Ce phénomène a été documenté dans plusieurs études, notamment en Amérique latine ou en Asie du Sud-Est, où l’intensification locale de la culture de soja ou de palmier à huile a alimenté la déforestation importée.

Mais le land sharing n’est lui non plus pas exempt de limites. Intégrer la biodiversité directement dans les champs – par exemple, à travers l’agroforesterie caféière en Amérique latine, des bandes fleuries pour les pollinisateurs en Europe, ou des haies favorisant les auxiliaires de culture – peut améliorer à la fois la production et la biodiversité.

Cependant, ces pratiques ne suffisent pas toujours à protéger les espèces. Certaines espèces très spécialisées, comme les oiseaux forestiers de la forêt humide du Costa Rica ou certaines abeilles sauvages européennes, ont besoin de grands habitats continus ou de corridors connectés entre les zones naturelles pour survivre : des bandes fleuries ou quelques arbres isolés dans les champs ne leur apportent pas ce dont elles ont besoin.

Autre limite souvent pointée : la productivité. Les critiques du land sharing se sont concentrées sur le fait que les pratiques favorables à la biodiversité – comme l’agroforesterie, les haies ou les bandes fleuries – peuvent réduire légèrement les rendements agricoles par hectare. Si ces rendements ne suffisent pas à couvrir les besoins alimentaires ou économiques, cela pourrait théoriquement pousser à exploiter davantage de surface agricole, réduisant ainsi l’espace disponible pour la nature. Par exemple, certaines études en Europe centrale montrent que l’intégration de bandes fleuries ou de haies peut diminuer de 5 % à 10 % la surface cultivable productive. Dans ce cas, si les agriculteurs compensent en étendant leurs cultures sur d’autres terres, le gain pour la biodiversité pourrait être annulé.

Enfin, le succès du sharing dépend fortement de l’adhésion et de la capacité des agriculteurs à appliquer ces pratiques. Sans soutien technique, économique ou incitatif, les bandes fleuries ou l’agroforesterie peuvent être abandonnées après quelques années, et l’impact sur la biodiversité disparaît.

Un débat qui s’enrichit

Aujourd’hui, la recherche montre que sparing et sharing ne sont pas des solutions exclusives, mais deux pôles d’un continuum d’options. Selon les contextes, les deux approches peuvent se combiner. Protéger des zones à haute valeur écologique reste essentiel, mais il est tout aussi crucial de rendre les paysages agricoles plus accueillants pour la biodiversité et d’aménager des corridors écologiques entre zones protégées trop petites pour assurer seules la survie de certaines espèces.

Par exemple, une étude récente souligne que de 20 % à 25 % au moins d’habitat semi-naturel par kilomètre carré sont nécessaires dans les paysages modifiés par l’être humain pour maintenir les contributions de la nature aux populations humaines. En deçà de 10 %, la plupart des bénéfices fournis par la nature sont presque complètement perdus.

Mais œuvrer à des pratiques agricoles hospitalières pour la biodiversité ne signifie pas qu’il faille renoncer à améliorer les rendements. Cela ne signifie pas non plus que « tout ne se résout pas à l’échelle de la parcelle ou de la ferme ».

Dans certaines régions, maintenir une productivité suffisante est nécessaire pour réduire la pression sur les terres. L’enjeu est donc de l’inscrire dans une stratégie multifonctionnelle, combinant protection d’espaces naturels, diversification agricole et politiques alimentaires.

L’agroécologie propose des pratiques concrètes : associer cultures et arbres, maintenir haies et prairies, ou diversifier les rotations. Ces actions soutiennent à la fois la production et les services écosystémiques essentiels, comme la pollinisation, la régulation des ravageurs et la fertilité des sols. Par exemple, introduire des bandes fleuries ou des haies favorise les prédateurs naturels des insectes nuisibles : dans certaines cultures maraîchères européennes, cela a permis de réduire jusqu’à 30 % l’incidence des ravageurs tout en maintenant les rendements.

À l’inverse, l’agriculture intensive peut parfois voir ses rendements diminuer : l’usage répété de pesticides favorise la résistance des ravageurs, et les systèmes monoculturaux sont plus vulnérables aux aléas climatiques, comme la sécheresse ou les vagues de chaleur. L’agriculture de conservation, qui limite le labour et favorise le développement de couvertures végétales, peut ainsi augmenter la production tout en préservant la santé des sols, alors que le labour intensif et l’usage accru d’intrants conduisent souvent à une dégradation progressive du sol.

Une synthèse de 95 méta-analyses, couvrant plus de 5 000 expériences à travers le monde, montre que ces pratiques augmentent en moyenne la biodiversité de 24 % et la production de 14 %. De manière complémentaire, 764 comparaisons dans 18 pays indiquent que des rendements équivalents ou supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle sont souvent possibles, même si cela dépend du contexte et des pratiques adoptées.

Les baisses de production restent généralement limitées et sont fréquemment compensées par d’autres bénéfices écosystémiques. Autrement dit, diversifier les cultures est réalisable et peut être gagnant-gagnant dans de nombreux cas, mais il n’existe pas de solution universelle.

Enfin, les politiques agricoles doivent dépasser la seule logique du rendement pour inclure des indicateurs de bien-être humain, d’équité sociale et de résilience écologique. Cela suppose d’impliquer les agriculteurs et les communautés locales dans la définition des priorités, plutôt que d’imposer des modèles dits « universels ».

Dans une étude que nous avons publiée en 2025, nous avons voulu dépasser le faux dilemme entre intensification et partage. Nous montrons que se focaliser uniquement sur les rendements agricoles est une impasse : cela occulte les coûts cachés des systèmes alimentaires (estimés à plus de 10 000 milliards de dollars, ou 8,6 milliards d’euros, en 2020 en équivalent pouvoir d’achat).

Par exemple, les systèmes agricoles actuels utilisent de grandes quantités d’eau, qui peuvent limiter et polluer l’accès à l’eau potable des personnes, générant des coûts qui sont imputés à d’autres secteurs, comme celui de la santé. De la même manière, ces systèmes agricoles produisent de plus en plus de situations de malnutrition, de famine ou d’obésité, qui ont des coûts énormes pour les sociétés qui doivent les assumer. D’autres coûts sur les écosystèmes (par émission de gaz à effet de serre, par exemple) doivent également être pris en compte.

Nos travaux soulignent qu’une approche centrée sur le rendement risque d’accélérer la perte de biodiversité et d’agrobiodiversité, tout en renforçant la dépendance des petits producteurs aux intrants et aux grandes firmes. Or les transitions agricoles ne sont pas de simples choix techniques. Ce sont des processus socio-écologiques, qui engagent des questions de pouvoir, de justice et de culture. On les observe, par exemple, dans les zones dites de frontière agricole, où des populations autochtones, ou premières nations, sont déplacées par les porteurs de nouveaux modèles techniques, avec toutes les conséquences sociales engendrées par ces déplacements.

Un tournant pour la science et les politiques

Le débat entre land sparing et land sharing a eu le mérite d’ouvrir une réflexion structurante sur les liens entre agriculture et biodiversité. Mais les solutions ne passent pas par des choix binaires. La réalité impose de penser la durabilité à travers des solutions hybrides et contextualisées qui intègrent les dimensions écologiques, sociales et économiques.

En fin de compte, la question n’est pas seulement « Comment produire plus avec moins », mais « Comment produire mieux, avec et pour la biodiversité ». C’est ce changement de perspective qui peut réellement orienter les transitions agricoles vers des systèmes à la fois productifs, justes et respectueux du vivant.

The Conversation

Sarah Jones is part-funded by CGIAR donors, through the CGIAR Multifunctional Landscapes and Policy Innovations science programs.

Bruno Rapidel et Damien Beillouin ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

ref. Faut-il partager ou épargner les terres ? Pourquoi le dilemme agriculture-biodiversité est dépassé – https://theconversation.com/faut-il-partager-ou-epargner-les-terres-pourquoi-le-dilemme-agriculture-biodiversite-est-depasse-267904

Programme 13-Novembre : comprendre et réparer la mémoire traumatisée

Source: The Conversation – France in French (3) – By Francis Eustache, Directeur de l’unité Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, Inserm, Ecole Pratique des Hautes Etudes, Université de Caen Normandie, Université de Caen Normandie

En avril 2016, quelques mois après les attentats du 13 novembre 2015 qui ont endeuillé la France, démarrait un ambitieux projet de recherche, le Programme 13-Novembre. À l’initiative du neuropsychologue Francis Eustache et de l’historien Denis Peschanski, des spécialistes de tous horizons allaient travailler ensemble pour tenter de mieux comprendre ce moment traumatique et ses conséquences sur les individus et la société, sur le temps long. Une décennie plus tard, voici ce qu’il faut retenir de ces travaux dans le champ de l’étude de la mémoire traumatique. L’occasion de démonter quelques idées reçues.


Lorsqu’un événement traumatisant percute une société de plein fouet, pourquoi certains témoins vont-ils développer un trouble de stress post-traumatique, et pas d’autres ? Quels sont les mécanismes neurologiques à l’œuvre ? La façon dont est construite et évolue la mise en récit par la société peut-elle faciliter – ou contrarier – la guérison ? Autrement dit, comment s’articulent les mémoires individuelles, collectives, sociales (ou sociétales) ?

Pour répondre à ces questions, le Programme 13-Novembre a conjugué l’expertise de chercheurs de nombreux horizons : neurobiologistes, psychopathologues, sociologues, historiens, neuropsychologues, spécialistes d’intelligence artificielle, de big data, linguistes… Une décennie plus tard, leurs travaux ont permis de faire avancer les connaissances sur ces sujets. Avec l’espoir de mieux prendre en charge les conséquences des événements traumatiques, au niveau individuel comme au niveau collectif.

La mémoire n’est pas figée

Une erreur, en matière de représentation de notre mémoire, est de s’imaginer une sorte de système de stockage dans lequel seraient emmagasinés des souvenirs et des connaissances inaltérables, un peu à la manière d’un disque dur d’ordinateur.

En réalité, notre mémoire n’est pas figée. Nos souvenirs évoluent au fil du temps, en fonction des relations que l’on a avec notre environnement, de nos aspirations, de nos projets, de nouveaux événements qui surviennent autour de nous. Notre mémoire autobiographique, celle qui nous définit et se compose de connaissances générales sur nous-mêmes ainsi que de souvenirs stockés sur le temps très long, se construit en lien avec les autres et se modifie au fil de notre existence. En vieillissant, nous changeons notre perception du passé, car nos souvenirs évoluent au fil de nos relations, de nos rencontres, de nos convictions et de nos paroles.

Mais il arrive que la mécanique se grippe. En cas d’exposition à un choc intense, la mémoire autobiographique peut être bouleversée. Dans une telle situation, chez certaines personnes, la mémoire semble se figer : le traumatisme envahit l’ensemble de l’identité de la personne, phénomène qui transparaît dans son récit. C’est, de fait, ce qui arrive aux individus souffrant de trouble de stress post-traumatique, contraints de revivre en boucle des éléments saillants de l’événement qui a menacé leur existence.

Le symptôme principal de ce trouble est la survenue de ce que l’on appelle des reviviscences (ou des « intrusions ») : les personnes revoient des images (ou réentendent des sons, perçoivent des odeurs, etc.) de la scène du traumatisme. Il ne s’agit pas de « souvenirs traumatiques », comme cela est trop souvent écrit, mais elles « reviviscences de la scène sous forme de « flashbacks ».

Les intrusions ne sont pas des souvenirs

    Les intrusions ne doivent pas être confondues avec des souvenirs, et encore moins avec des souvenirs flash (alors qu’ils constituent une manifestation inverse du fonctionnement de la mémoire). Le souvenir flash est un “vrai” souvenir, particulièrement intense: il nous donne l’impression subjective de nous souvenir très précisément de conditions dans lesquelles nous avons appris la survenue d’un événement marquant, qui nous a surpris et a déclenché en nous une forte émotion.
    Les intrusions, elles aussi très émotionnelles, correspondent à des éléments disparates, désorganisés, chaotiques, très sensoriels. L’individu qui en est victime les perçoit comme si l’événement se produisait à nouveau, dans le présent (au contraire des souvenirs qui appartiennent au passé), ce qui empêche la blessure psychique causée par le traumatisme de se résorber. Pour s’en protéger, la personne développe des mécanismes d’évitement qui finissent par avoir un impact sur sa vie sociale (et ainsi la priver du soutien social). À quoi s’ajoutent les stigmates de la blessure psychique que sont les cauchemars, les sursauts, les troubles du sommeil, les pensées négatives, etc., et parfois d’autres troubles (comorbidités): dépression, anxiété, addictions…

Comment cette expression particulière de la mémoire traumatique, puisée dans l’horreur du passé et envahissant le quotidien, peut-elle à nouveau évoluer au fil du temps et retrouver sa plasticité ? Pour le comprendre, le Programme 13-Novembre s’est articulé autour de deux études principales : l’étude « 1 000 » (pour 1 000 participants) et l’étude biomédicale « Remember ».

Deux études pour mieux comprendre la mémoire traumatique

L’étude 1 000 a consisté à diviser les participants en quatre cercles, selon leur proximité avec les attentats du 13-Novembre. Le cercle 1 correspond aux personnes directement exposées aux attentats. Le cercle 2, aux personnes qui vivent ou travaillent dans les quartiers visés, mais n’étaient pas présentes au moment des attaques. Le cercle 3 est constitué par les personnes qui vivaient en région parisienne à l’époque (à l’exclusion des personnes des deux premiers cercles). Enfin, dans le cercle 4, on retrouve des personnes qui vivaient en province, plus précisément dans trois villes : Caen (Calvados), Metz (Moselle) et Montpellier (Hérault). Les personnes des cercles 2, 3 et 4 ont appris la survenue de l’attentat à la radio, à la télévision, par téléphone, sur les réseaux sociaux, etc.

Les participants ont d’abord intégré l’étude 1 000, qui consiste en des entretiens filmés, avec l’appui de l’Institut national de l’audiovisuel (certains extraits ont donné lieu à la réalisation d’un film 13-Novembre, nos vies en éclats).

Dans un second temps, 200 personnes (parmi les 1 000), appartenant uniquement aux cercles 1 (120 personnes) et 4 (80 personnes), ont intégré l’étude Remember. Elles ont alors bénéficié d’examens médicaux, psychologiques, et d’imagerie cérébrale (IRM) afin de décrypter les mécanismes impliqués dans le développement d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT), ainsi que les éléments qui les renforcent ou les résorbent. Les objectifs de l’étude étaient ainsi de comprendre, à différents niveaux d’analyse, les facteurs favorisant le TSPT ou au contraire la résilience.

Dans l’étude Remember, le groupe des personnes exposées aux attentats (venant du cercle 1) a été subdivisé en deux sous-groupes, selon qu’elles ont développé un trouble de stress post-traumatique ou non. Les membres des deux sous-groupes ont ensuite été appariés en fonction de leur situation face aux scènes des attentats (dans la fosse du Bataclan, sur une terrasse, plus loin…) et de leur rôle (public, policiers, médecins, etc.).

Un défaut de contrôle des intrusions

Pour comprendre les mécanismes neurologiques à l’œuvre, les chercheurs ont eu recours à l’IRM de haute résolution. L’activité cérébrale des participants a été analysée pendant qu’ils se livraient à une tâche expérimentale appelée « think – no think ». Ce paradigme, adapté à la compréhension du TSPT par le chercheur Pierre Gagnepain au sein du laboratoire, consiste à faire surapprendre aux participants des associations entre des couples de concepts. Par exemple, le mot bateau et l’image d’une maison. Après cet apprentissage, quand le participant lit le mot bateau, immédiatement lui vient à l’esprit l’image d’une maison, de façon quasi irrépressible.

De cette façon, la survenue d’une « intrusion expérimentale » et éphémère est provoquée, mais sans réactiver le traumatisme, ce que nous voulions bien sûr éviter. Après toute cette phase d’apprentissage, les participants sont ensuite installés dans l’IRM. Lorsque le mot bateau leur est montré écrit en lettres vertes, ils doivent laisser s’imposer dans leur conscience l’image associée (celle d’une maison dans cet exemple). C’est la partie « think ». Si le mot est écrit en rouge, au contraire, ils doivent bloquer l’image de la maison qui survient. On mesure l’activité du cerveau dans cette situation précise.

Les résultats montrent que la capacité à réfréner les intrusions, qui permet la résilience, est liée à des capacités de contrôle de cette forme de mémoire reposant sur des structures en réseau coordonnées par le cortex préfrontal, situé à l’avant du cerveau.

Quand, dans l’exemple précédent, une personne résiliente cherche à repousser l’intrusion de l’image de la maison, toutes les connexions neuronales de cette zone se synchronisent avec d’autres structures cérébrales impliquées dans les perceptions, les émotions, la mémoire et tout particulièrement les hippocampes, structures clés pour cette fonction. Ce couplage permet ainsi au cortex préfrontal de contrôler les régions du cerveau impliquées dans ces différentes fonctions et in fine d’inhiber les intrusions intempestives.

Point intéressant : chez les personnes résilientes, ce contrôle est particulièrement efficace. Ce travail ne met donc pas seulement en évidence des mécanismes défaillants, mais aussi ceux qui sont préservés et dans certains cas amplifiés pour permettre aux victimes de surmonter l’adversité.

Ces résultats ont été confirmés lorsque, deux ans plus tard, en 2018, nous avons réanalysé l’activité cérébrale de personnes chez qui le trouble de stress post-traumatique était devenu chronique et que nous l’avons comparée avec celle de personnes qui n’en souffraient plus (dites « rémittentes »). Nous avons découvert que le retour à la normale des processus de contrôle inhibiteur, qui régulent la résurgence des intrusions, prédisait non seulement la rémission du syndrome de stress post-traumatique, mais précédait également la réduction des intrusions.

Cette amélioration de ces mécanismes de contrôle était en outre associée à l’interruption de l’atrophie induite par le stress observée dans une région spécifique de l’hippocampe.

Souvenirs et émotions

Le trouble de stress post-traumatique est une pathologie de la mémoire émotionnelle. On sait que la mémorisation d’un souvenir est renforcée par le contexte dans lequel il se produit.

L’exemple typique est le « souvenir flash » : lorsque l’on ressent une émotion forte au cours d’un événement marquant, le souvenir est particulièrement durable. Si l’on demande aux gens ce qu’ils faisaient lorsque les attentats du 13 novembre se sont produits, l’immense majorité a l’impression subjective de se souvenir de ce qu’ils faisaient à ce moment-là (97 % des personnes interrogées par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) – lors d’une première enquête menée en juin 2016 dans le cadre du Programme 13-Novembre).

Mais si l’émotion est extrême, comme chez les victimes, l’activité de certaines régions du cerveau impliquées dans les émotions (le circuit amygdalien notamment) devient désordonnée. La mémorisation ne fonctionne plus correctement, et des éléments disparates issus de l’événement traumatique vont devenir des intrusions.

Les personnes rappellent alors des éléments sensoriels : des odeurs (la poudre, le sang…), des sons (des bruits « de pétards » correspondant aux détonations des cartouches…). Parfois, on constate aussi que certains éléments du contexte de l’événement ont été « oubliés » (on décèle parfois une réelle amnésie, dite dissociative) ou au contraire que les gens se sont focalisés sur des éléments spécifiques, qu’ils jugent a posteriori saugrenus, ce qui peut être une réaction de mise à distance du danger.

Après l’événement, les victimes vont essayer d’intégrer ces éléments étrangers à leur vécu, en entamant spontanément un travail de réflexion qui va parfois modifier profondément leurs vies, en changeant leurs priorités, leurs perspectives, leurs façons de voir le monde.

Améliorer les thérapies existantes, en élaborer de nouvelles

Les travaux menés dans le cadre de l’étude Remember se poursuivent actuellement au cours d’une troisième phase de recueil de données. En parallèle, de nombreuses données collectées en psychopathologie et en neuropsychologie font l’objet d’analyses approfondies qui portent notamment sur l’évolution des symptômes et de diverses modifications cognitives.

Ce qui ressort de ces travaux, c’est que le trouble de stress post-traumatique affecte le traitement précoce des informations fortement émotionnelles, comme l’expression des visages, ce qui a des conséquences sur leur compréhension et leur mémorisation, et peut contribuer à rompre des liens sociaux. Toutefois, il faut se garder de décrire une situation univoque car les trajectoires sont extrêmement diverses d’une situation et d’une personne à l’autre.




À lire aussi :
Stress post-traumatique : rompre le silence


Une autre piste d’analyse des données, qui prend place aux confins de l’étude 1 000 (les récits enregistrés) et de l’étude Remember, porte sur la mémoire autobiographique. Les récits des personnes souffrant de trouble de stress post-traumatique sont en effet envahis par le traumatisme lui-même. Ce dernier affecte le passé, le présent et obère toute projection dans l’avenir.

Les travaux visent à comprendre les mécanismes de raisonnement autobiographique qui permettent de « sortir » progressivement du trauma. Menés conjointement avec des psychopathologues et reposant sur l’emploi des outils de l’intelligence artificielle, ils ouvrent des pistes fructueuses pour élaborer de nouvelles formes de thérapies, ou apporter des éléments théoriques et méthodologiques supplémentaires à des thérapies existantes.

Trouble de stress post-traumatique : éviter la tentation du déterminisme

Lorsque l’on parle de traumatisme, il faut intégrer le fait qu’il existe des différences interindividuelles notables. Les gens ne réagissent pas tous de la même façon. Néanmoins, si l’on parle en terme statistique, on constate que plus le traumatisme correspond à un événement lié à une intention de faire du mal, et plus l’impact sera délétère sur la victime. Typiquement, un attentat ou un viol vont avoir un impact plus délétère qu’une catastrophe naturelle ou un accident de voiture, par exemple, car, dans ces derniers cas, il n’y a pas cette intentionnalité.

On parle là d’événements qui ne se répètent pas. Le cas d’événements traumatiques qui se répètent sur des durées longues, comme dans le cas de conflits armés, pose d’autres problèmes. Lors d’une guerre, les traumatismes sont récurrents et multiples. Leur impact va être différent, et mener à un trouble de stress post-traumatique différent lui aussi, dit « complexe ». C’est également le cas des violences intrafamiliales.




À lire aussi :
Reconnaître enfin le trouble de stress post-traumatique complexe, pour mieux le soigner


Il faut cependant se garder, lorsqu’on aborde la question du traumatisme, d’adopter une vision déterministe : être exposé à un événement traumatique ne mène pas systématiquement à développer un trouble de stress post-traumatique.

La trajectoire la plus fréquente est la résilience, qui concerne environ 75 % des gens. Ce chiffre va évoluer au fil du temps. Durant les premières heures, les premiers jours, 90 % des gens vont faire des cauchemars, repenser à tout cela. Au bout d’un mois, environ 50 % des gens vont faire des cauchemars, avoir un sentiment de stress augmenté, être méfiants dans la rue… Au-delà de cette période, 25 % vont développer un trouble de stress post-traumatique. Et parmi ces 25 %, environ 15 % finiront par se remettre avec le temps.

Pour bien accompagner les personnes concernées, il est essentiel de comprendre pourquoi, chez certains, survient un « point de rupture » émotionnel et ce qui l’influence : la nature de l’événement, la façon dont la personne l’a ressenti, dont elle va être aidée ensuite… Nos travaux ont par exemple révélé que les professionnels (policiers, membres des professions médicales…) étaient mieux protégés vis-à-vis de ce trouble que les autres victimes. Probablement en raison de leur formation, et du fait qu’elles sont intervenues avec un rôle précis et selon un protocole d’intervention bien rodé.

Comprendre ces phénomènes, la façon dont ils vont impacter la mémoire émotionnelle et son évolution est essentiel. Le soutien social, en particulier, est primordial, car les chemins de la résilience passent par une synergie des mémoires.

Mémoire individuelle, mémoire collective, mémoire sociale

S’agissant d’un traumatisme collectif comme les attentats du 13-Novembre, la mémoire de la société tout entière joue un rôle important dans la guérison des individus qui ont directement vécu l’événement.

La mémoire collective va elle aussi influencer, positivement ou négativement, le devenir des individus traumatisés. Cette représentation du passé, qui participe à la construction identitaire de la société dans son ensemble ou de groupes spécifiques, va retenir certains événements et pas d’autres. Or, les traumatismes continuent de s’écrire en lien avec le monde qui évolue autour de la victime. Ils peuvent être réactivés par certains événements (guerres, nouveaux attentats…).

La façon dont on souvient collectivement (ou dont on ne se souvient pas) de l’événement va aussi avoir un impact sur les victimes. Dix ans après, on constate que les attentats du 13-Novembre deviennent parfois « les attentats du Bataclan ». On imagine l’effet que peut avoir ce raccourci sur les personnes qui étaient présentes au Stade de France ou sur les terrasses des cafés parisiens attaqués…

Après un événement traumatique majeur, la mémoire sociale qui se construit influence profondément la mémoire individuelle. Les individus qui ont vécu un traumatisme doivent être accompagnés dans ces différentes strates de mémoire. Si on ne prend pas en compte ces dimensions collectives et sociales en plus de la dimension individuelle, il n’est pas possible de comprendre les pathologies qui en découlent.


Pour aller plus loin

Couverture de l’ouvrage « Faire face. Les Français et les attentats du 13 novembre 2015
Faire face. Les Français et les attentats du 13 novembre 2015, Flammarion, octobre 2025.
DR, Fourni par l’auteur

Remerciements

L’auteur exprime sa reconnaissance à toutes les personnes qui se sont portées volontaires pour participer aux études mentionnées dans cet article, aux associations de victimes qui ont soutenu ce projet ainsi qu’à tous les chercheurs impliqués, en particulier Denis Peschanski, Carine Klein-Peschanski et Pierre Gagnepain.

Ce travail a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence nationale de la recherche (ANR) au titre de France 2030 portant la référence ANR-10-EQPX-0021. Ces études sont réalisées dans le cadre du « Programme 13-Novembre », parrainé par le CNRS et l’Inserm et soutenu administrativement par l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, regroupant 35 partenaires).

The Conversation

Francis Eustache a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche (ANR) pour le Programme 13-Novembre.

ref. Programme 13-Novembre : comprendre et réparer la mémoire traumatisée – https://theconversation.com/programme-13-novembre-comprendre-et-reparer-la-memoire-traumatisee-269655