Interception de la flottille humanitaire pour Gaza pour Israël : ce que dit le droit international

Source: The Conversation – in French – By Donald Rothwell, Professor of International Law, Australian National University

L’armée israélienne a intercepté plusieurs navires de la flottille Global Sumud qui vise à acheminer de l’aide à Gaza. Un certain nombre de personnes se trouvant à bord ont été interpellées, y compris Greta Thunberg.

Ces interceptions ont eu lieu en mer Méditerranée, à 70-80 milles marins au large des côtes de Gaza. Il s’agit d’eaux internationales où le droit international reconnaît la liberté de navigation en haute mer pour tous les navires.

Israël a justifié cette opération en affirmant que la flottille tentait de forcer un « blocus maritime légal » interdisant l’entrée de navires étrangers à Gaza, et ajouté que la flottille était organisée par le Hamas – une accusation que les organisateurs de la flottille réfutent.

Que sont les flottilles d’aide humanitaire à Gaza ?

La flottille mondiale Sumud était au départ composée de plus de 40 bateaux transportant de l’aide humanitaire (nourriture, fournitures médicales et autres articles essentiels), ainsi que plusieurs centaines de parlementaires, d’avocats et de militants provenant de dizaines de pays.

La flottille a quitté l’Espagne à la fin du mois d’août et a traversé la mer en direction de l’est, faisant escale en Tunisie, en Italie et en Grèce. En cours de route, les gouvernements italien et espagnol ont déployé des escortes navales pour assurer la sécurité du convoi.

Les passagers des bateaux ont déclaré avoir été harcelés par des drones à plusieurs endroits au cours du voyage.

« Global Sumud » constitue l’occurrence la plus récente d’un mouvement qui existe depuis plus de 15 ans et qui vise à contester le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza depuis 2007.

En mai dernier, le navire Conscience, qui transportait des militants et de l’aide humanitaire à destination de Gaza, a été touché par des explosions au large des côtes de Malte.

En juin, Israël a intercepté le Madleen avec Greta Thunberg et d’autres militants à son bord, puis en juillet le Handala.

Dès 2010, une première flottille emmenant de l’aide humanitaire et des centaines de militants avait tenté de se rendre à Gaza avec à son bord de l’aide humanitaire et des centaines de militants. Des commandos israéliens ont abordé l’un des navires qui la composaient, le Mavi Marmara, battant pavillon turc, ce qui a donné lieu à une violente confrontation qui s’est soldée par la mort de dix militants. Ces décès ont suscité une condamnation généralisée et ont tendu les relations entre Israël et la Turquie pendant des années.

Le blocus maritime de Gaza est-il légal ?

Le droit international relatif aux actions des navires de la flottille et à la capacité d’intervention d’Israël est complexe. Voilà près de 20 ans qu’Israël impose depuis divers types de blocus à la bande de Gaza.

La base juridique des blocus et leur conformité avec le droit international, en particulier le droit de la mer, ont fait l’objet de multiples controverses, comme l’a souligné une enquête de l’ONU menée à la suite de l’incident du Mavi Marmara.

Bien que les relations juridiques entre Israël et Gaza aient varié au cours de cette période, Israël est désormais considéré comme une puissance occupante à Gaza en vertu du droit international.

La codification des rôles des puissances occupantes, établie par la quatrième Convention de Genève en 1949, a été inspirée des obligations juridiques assumées par les puissances alliées en Allemagne et au Japon après la Seconde Guerre mondiale. La Convention de Genève définit un cadre juridique clair pour les puissances occupantes.

Au cours des dernières décennies, Israël a été à la fois une puissance occupante de jure (reconnue par la loi) et de facto en Palestine.

En 2024, la Cour internationale de justice a statué que l’occupation des territoires palestiniens par Israël était illégale au regard du droit international.

En tant que puissance occupante, Israël contrôle tous les accès à Gaza, que ce soit par voie terrestre, aérienne ou maritime. Les camions d’aide humanitaire ne sont autorisés à entrer à Gaza que sous contrôle strict. Les largages d’aide humanitaire effectués par les forces aériennes de pays tiers au cours de ces derniers mois n’ont également été autorisés que sous le contrôle strict d’Israël.

La quantité d’aide arrivée par voie maritime depuis le début de la guerre est très faible, car Israël a sévèrement restreint l’accès maritime à Gaza. Les États-Unis ont construit une jetée flottante au large des côtes pour acheminer l’aide en 2024, mais elle a rapidement été abandonnée en raison de problèmes météorologiques, sécuritaires et techniques.

Toutefois, cet épisode a montré qu’Israël était prêt à autoriser l’acheminement d’aide par la voie maritime provenant de son plus proche allié, les États-Unis. Cette exception au blocus n’a pas été appliquée aux autres acteurs humanitaires.

L’interception de navires en eaux internationales

Bien que l’acheminement d’aide par voie maritime soit actuellement complexe sur le plan juridique, Israël ne dispose que d’une capacité limitée pour perturber les flottilles. La liberté de navigation se trouve au cœur du droit de la mer. À ce titre, la flottille est en droit de naviguer sans entrave en Méditerranée.

Tout harcèlement et toute interception de la flottille dans les eaux internationales de la Méditerranée constituent donc des violations flagrantes du droit international.

Le lieu où les forces israéliennes interceptent et abordent les navires de la flottille est à cet égard déterminant.

Israël peut certainement exercer un contrôle sur les 12 milles marins d’eaux territoriales au large des côtes de Gaza. La fermeture de ces eaux territoriales aux navires étrangers serait justifiée en vertu du droit international en tant que mesure de sécurité, ainsi que pour garantir la sécurité des navires neutres en raison de la guerre en cours.

Mais les organisateurs de la flottille ont déclaré que leurs navires avaient été interceptés à une distance située entre 70 et 80 milles marins des côtes, soit bien avant le début des eaux territoriales de Gaza.

La décision de réaliser cette interception à cet endroit a sans doute été prise pour des raisons opérationnelles. Plus la flottille s’approchait des côtes de Gaza, plus il devenait difficile pour les militaires israéliens d’intercepter chaque navire la composant, augmentant ainsi la possibilité qu’au moins l’un d’eux atteigne les côtes.

Des dizaines de militants à bord des navires auraient été arrêtés et seront placés en détention dans le port israélien d’Ashdod. Ils seront ensuite probablement rapidement expulsés.

Ces personnes bénéficient de protections en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme, notamment l’accès à des diplomates étrangers exerçant une protection consulaire pour leurs citoyens.

The Conversation

Donald Rothwell a reçu des financements de l’Australian Research Council.

ref. Interception de la flottille humanitaire pour Gaza pour Israël : ce que dit le droit international – https://theconversation.com/interception-de-la-flottille-humanitaire-pour-gaza-pour-israel-ce-que-dit-le-droit-international-266625

Avec John Dewey, penser la démocratie comme « enquête » collective

Source: The Conversation – in French – By Patrick Savidan, Professeur de science politique, Université Paris-Panthéon-Assas

Le philosophe américain John Dewey (1859-1952) Underwood & Underwood, CC BY

Notre démocratie est en crise, comment la réinventer ? Que nous enseignent ceux qui, au cours des âges, furent ses concepteurs ? Suite de notre série consacrée aux philosophes et à la démocratie avec l’Américain John Dewey (1859-1952). En plaçant l’idée d’« enquête » au cœur de la vie publique démocratique et en éliminant l’idée de « vérité absolue », il propose un modèle coopératif, orienté vers la recherche commune de solutions et admettant sa propre faillibilité.


John Dewey (1859-1952) est à la fois l’un des fondateurs du pragmatisme américain – aux côtés de Charles Sanders Peirce et William James – et le grand artisan d’une pédagogie nouvelle, active et expérimentale. Dès la fondation, en 1896, de son école expérimentale à Chicago, il s’est imposé comme l’une des figures majeures de la vie intellectuelle américaine.

Dans The Public and its Problems (1927), Dewey regrettait que « le nouvel âge des relations humaines ne dispose d’aucun mécanisme politique digne de lui ». Ce diagnostic, formulé il y a près d’un siècle, conserve aujourd’hui une résonance troublante. Les démocraties contemporaines, confrontées à des mutations techniques, sociales et économiques d’une ampleur inédite peinent à en saisir les dynamiques profondes et à y répondre de manière appropriée.

À la crise ancienne de la représentation est, en effet, venue s’associer une crise inédite de l’espace public. Tandis que la défiance envers les élus se généralise, les conditions mêmes du débat public se trouvent radicalement transformées par la révolution numérique.

Si les promesses initiales étaient immenses – savoir collaboratif avec Wikipédia, inclusion financière par le paiement mobile, accès élargi aux soins via la télémédecine, démocratisation culturelle et accélération scientifique –, les désillusions n’en sont que plus saisissantes : manipulation de l’opinion à grande échelle, instrumentalisation des réseaux sociaux par les régimes autoritaires, prolifération des récits complotistes et des infox, démultipliées par le recours à l’intelligence artificielle.

Face à ces symptômes, il serait réducteur d’évoquer une « crise de la vérité ». Ce qui vacille, ce ne sont pas tant les vérités elles-mêmes que les procédures et les médiations permettant leur élaboration collective. La vérité, loin d’avoir disparu, est menacée par des pratiques déréglées de la certitude et du doute, qui minent les conditions d’une délibération démocratique féconde.

C’est dans ce contexte que la pensée politique de John Dewey, et plus particulièrement sa conception expérimentale de la démocratie, mérite d’être réinterrogée. En plaçant l’idée d’« enquête » au cœur de la vie publique, en substituant à la notion de « vérité absolue » celle d’« assertibilité garantie », il propose un modèle coopératif, orienté vers la recherche commune de solutions et admettant sa propre faillibilité.

Une telle approche, attentive aux conditions concrètes de la connaissance partagée, offre aujourd’hui une piste féconde pour affronter les pathologies de l’espace public.

Connaître est agir

Dewey propose une réflexion forte, avertie des tentations dogmatiques de l’être humain, autrement dit, de sa propension à se ruer sur toutes les certitudes susceptibles de l’apaiser face aux périls, réels ou imaginés, qui le guettent. En ce sens, son pragmatisme est un formidable remède contre tout dogmatisme. C’est un appel à toujours remettre sur le métier la recherche du savoir, et non un quelconque congé donné au savoir.

Sa perspective est profondément marquée par un naturalisme inspiré de certaines des dimensions de l’œuvre de Darwin. Dewey envisage le développement de la connaissance en tant que processus humain d’adaptation aux conditions qui l’environnent, processus dont l’objectif est la restructuration active de ces conditions. La pensée n’est plus, comme pour la tradition, un processus dont la vigueur tient à la distance qu’elle met entre elle et le monde, mais elle se conçoit comme le produit d’une interaction entre un organisme et son environnement.

Dewey a appliqué cette conception de la connaissance à la notion d’enquête. C’est ce qui explique l’intensité de son rapport au réel. Il ne s’agit pas de s’inventer de faux problèmes, mais de partir d’une difficulté qui bloque le progrès et de trouver un moyen satisfaisant de la surmonter.

Politique de l’enquête

Dans ce contexte, Dewey distingue trois étapes. L’enquête débute par l’expérience d’une situation problématique, c’est-à-dire une situation qui met en échec nos manières habituelles d’agir et de réagir. C’est en réponse à cette inadaptation que la pensée se met en mouvement et vient nourrir le processus.

La deuxième étape consiste à isoler les données qui définissent les paramètres en vertu desquels la restructuration de la situation initiale va pouvoir s’engager. La troisième étape consiste en un moment de réflexion qui correspond à l’intégration des éléments cognitifs du processus de l’enquête (idées, présuppositions, théories, etc.) à titre d’hypothèses susceptibles d’expliquer la formation de la situation initiale. Le test ultime du résultat de l’enquête n’est nul autre que l’action elle-même. Si la restructuration de la situation antérieure permet de libérer l’activité, alors les éléments cognitifs peuvent être tenus pour « vrais » à titre provisoire.

Cette approche vaut, selon Dewey, aussi bien pour les enquêtes engagées pour résoudre des problèmes de la vie ordinaire que pour des enquêtes scientifiques. La différence entre les deux ne tient qu’au degré de précision plus grand qui peut être requis pour pratiquer les niveaux de contrôle plus élevés qu’appellent des problèmes scientifiques.

L’enquête placée au cœur de cette forme de vie qu’est la démocratie est ainsi ancrée dans une exigence forte d’objectivité. La « dissolution des repères de la certitude » qui caractérise, comme l’écrivait Claude Lefort, la logique démocratique, est ici déjà assumée non comme un obstacle, mais bien comme une condition de la vie démocratique et des formes de coopération qu’elle appelle. La communauté citoyenne constate un problème. Elle s’efforce de le résoudre. C’est l’horizon même de toute coopération.

Ouverture à la diversité des savoirs

Il en résulte que le savoir ne saurait être la chasse gardée de savants retranchés dans un langage hyperformalisé, détaché des pratiques concrètes et des réalités vécues.

La figure du spectateur, si prégnante dans certaines théories de la connaissance (et si caractéristique des illusions dont se berce le technocrate), trahit pour Dewey un désir de domination : en excluant les non-initiés du champ du savoir, elle opère une disqualification implicite des formes d’intelligence issues de la pratique. Ce dispositif, pour lui, n’est pas seulement épistémologique : il est politique. Il fonctionne comme une justification implicite d’un ordre social inégal, dans lequel le monopole de la connaissance devient l’outil d’un pouvoir de classe. Renverser cette hiérarchie des savoirs, c’est ainsi remettre en cause les mécanismes mêmes d’une organisation économique et légale qui permet à une minorité de s’arroger le contrôle de la connaissance, en la mettant au service d’intérêts privés, plutôt que de l’orienter vers un usage partagé et démocratique.

Dewey défend une répartition plus équitable des éléments de compréhension liés aux activités sociales et au travail. Ce rééquilibrage doit rendre possible une participation plus large, plus libre, à l’usage et aux bénéfices du savoir, mais il impose aussi aux croyances ordinaires de se mettre à l’épreuve du réel, en entrant dans le processus de l’enquête et en acceptant ses exigences.

En repartant des pratiques concrètes, des problèmes réels, Dewey donne consistance à une théorie de la connaissance fondée sur la coopération, la réflexivité et la capacité d’invention collective qui, pour lui, doit figurer au cœur de toute démocratie digne de ce nom.

Démocratie et connaissances

La société humaine, telle que l’envisage Dewey, n’est pas une simple juxtaposition d’individus, mais une forme d’association fondée sur l’action conjointe, et sur la conscience, partagée, des effets que cette action produit. C’est en reconnaissant la contribution spécifique de chacun que peut émerger un intérêt commun, entendu comme la préoccupation collective pour l’action et pour l’efficacité des coopérations engagées.

Mais cet intérêt commun reste vulnérable. Lorsqu’un mode d’organisation économique exerce un pouvoir oppressif sans contrepartie, ou lorsque les institutions deviennent sourdes aux dynamiques sociales, l’équilibre se rompt. Dans de telles situations, le défi n’est évidemment pas d’ajuster les individus à l’ordre existant, mais de repenser les formes mêmes de l’association.

Selon cette perspective, les concepts, les théories et les propositions politiques sont appréhendés comme des instruments d’enquête, soumis à la vérification, à l’observation, à la révision. Cela signifie, par exemple, que les politiques publiques doivent être considérées comme des hypothèses de travail, susceptibles d’ajustements constants selon les effets qu’elles produisent. Ce n’est qu’à ces conditions que les sciences sociales pourront contribuer au déploiement d’un dispositif de connaissance apte à guider l’action démocratique.

La démocratie, ainsi comprise, tire sa force de sa capacité à organiser la discussion publique autour des besoins vécus, des déséquilibres ressentis, des tensions expérimentées. Elle repose sur la possibilité pour chacun de s’exprimer, de tester ses croyances, d’évaluer les savoirs produits par d’autres et de juger de leur pertinence face aux problèmes communs. La disponibilité de la connaissance, sa maniabilité dans l’espace public, constitue dès lors un enjeu démocratique fondamental.

À rebours de toute philosophie relativiste, Dewey montre que la « vérité » dont une démocratie peut se nourrir, doit s’élaborer dans le cadre d’une enquête ouverte, partagée, ancrée dans l’expérience.

« Aucune faculté innée de l’esprit, écrit-il dans « le Public et ses problèmes », ne peut pallier l’absence de faits. Tant que le secret, le préjugé, la partialité, les faux rapports et la propagande ne seront pas remplacés par l’enquête et la publicité, nous n’aurons aucun moyen de savoir combien l’intelligence existante des masses pourrait être apte au jugement de politique sociale. »

Une enquête démocratique ne peut s’accommoder d’un public fantôme ni d’un espace public fragmenté, polarisé, déconnecté des pratiques réelles et des problèmes concrets. Elle exige que la société prenne une part active à sa propre compréhension, qu’elle se découvre elle-même par la confrontation aux obstacles qui entravent sa capacité à se constituer en tant que public. C’est en partant des déséquilibres tels que cette collectivité les expérimente que peut s’élaborer une conscience commune minimale et s’armer notre capacité à les surmonter.

Ainsi, la connaissance, dont le public est à la fois le moteur et la finalité, peut être dite véritablement démocratique. Elle ne cherche pas à imposer une vérité depuis les hauteurs d’un savoir institué, mais fait advenir une intelligence collective, capable d’inventer les formes d’une association toujours à réajuster. À l’heure où les pathologies de l’espace public se nourrissent de la disqualification de la parole profane, des effets délétères de la fragmentation algorithmique et de la confiscation de l’autorité cognitive, la pensée de Dewey trace ainsi une voie précieuse : celle d’une démocratie de l’enquête, ouverte, inclusive, rigoureuse, résolument orientée vers l’émancipation et la répartition équitable des libertés d’agir individuelles.

The Conversation

Patrick Savidan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Avec John Dewey, penser la démocratie comme « enquête » collective – https://theconversation.com/avec-john-dewey-penser-la-democratie-comme-enquete-collective-264434

Rejet des classements universitaires : une opportunité pour repenser l’enseignement supérieur africain

Source: The Conversation – in French – By Sioux McKenna, Professor of Higher Education, Rhodes University, South Africa, Rhodes University

L’université de la Sorbonne, fondée à Paris en 1253 et mondialement connue comme symbole de l’éducation, de la science et de la culture, vient d’annoncer qu’à partir de 2026, elle cessera de soumettre des données au classement Times Higher Education (THE). Elle rejoint ainsi un mouvement croissant d’universités qui remettent en question la valeur et la méthodologie de ces classements controversés.

Les organismes de classement combinent divers indicateurs censés mesurer la qualité. Parmi ceux-ci figurent le nombre de publications scientifiques, les enquêtes de réputation, les financements reçus et même le nombre de prix Nobel passés par l’établissement.

Nathalie Drach-Temam, présidente de la Sorbonne, a déclaré que

les données utilisées pour évaluer les performances de chaque université ne sont ni ouvertes ni transparentes

et que

la reproductibilité des résultats obtenus ne peut être garantie.

Cette critique rejoint des inquiétudes plus larges: le manque de rigueur scientifique des systèmes de classement qui prétendent évaluer les performances complexes des institutions à l’aide de mesures simplifiées.

Le problème est que le grand public considère que les classements sont un indicateur de qualité. Par conséquent, les classements ont une influence considérable sur le marché, que ce soit dans le choix d’un lieu d’études ou dans des investissements financiers.

Le retrait de la Sorbonne s’inscrit dans une démarche plus large. L’université est signataire de l’Accord sur la réforme de l’évaluation de la recherche, soutenu par plus de 700 organismes à travers le monde, et de la Déclaration de Barcelone, approuvée par près de 200 universités. Ces textes défendent des pratiques scientifiques ouvertes : rendre accessibles à tous les données, méthodes et ressources, et éviter de recourir aux classements pour juger la recherche.

La Sorbonne rejoint une liste croissante d’institutions de renom qui abandonnent les classements. Columbia University, l’université d’Utrecht et plusieurs instituts indiens ont choisi de ne plus participer aux principaux systèmes de classement. Aux États-Unis, 17 facultés de médecine et de droit, dont Yale et Harvard, se sont retirées des classements spécifiques à leur discipline.

Il existe cinq grandes sociétés de classement et au moins 20 autres plus petites. À celles-ci s’ajoute un nombre similaire de classements par discipline et par région. Ensemble, ils pèsent près d’un milliard de dollars. Leurs classements sont accessibles gratuitement.

Le secteur des classements cible de plus en plus les pays africains. L’industrie de classement considère le continent comme un nouveau marché à un moment où elle perd de son influence auprès des institutions prestigieuses du Nord.

On assiste ainsi à une augmentation rapide du nombre d’événements organisés par les organismes de classement sur le continent. Pour séduire ce public, ils multiplient les événements prestigieux et coûteux en Afrique, réunissant recteurs, universitaires et consultants.

En tant qu’universitaire impliqué dans l’enseignement supérieur, je pense que la course aux classements peut nuire au fragile système d’enseignement supérieur africain. Il y a deux raisons principales à cela:

Premièrement, les indicateurs des classements se concentrent sur les résultats de la recherche. Ils ne mesurent pas la capacité de cette recherche à résoudre les problèmes locaux. Deuxièmement, les classements ne tiennent pas compte du rôle de l’université. Ils ignorent sa mission de formation de citoyens critiques et de contribution au bien public.

La décision prise par la Sorbonne reflète une opinion de plus en plus partagée selon laquelle l’industrie des classements n’est pas scientifique. Il s’agit aussi d’un mauvais outil pour mesurer la qualité. Pourtant, nombreux sont les recteurs qui ne veulent pas prendre le risque de s’en retirer.

Or si les classements sont peut-être de piètres indicateurs de la qualité réelle, ils sont en revanche très efficaces pour influencer l’opinion publique. Et même si une université choisit de ne pas participer en refusant de donner ses données, l’industrie continue de la classer. Elle le fait alors en utilisant seulement les données publiques limitées dont elle dispose.

L’industrie du classement

Les classements eux-mêmes sont disponibles gratuitement. L’industrie du classement tire l’essentiel de ses revenus de la revente des données fournies par les universités. Celles-ci soumettent gratuitement des données institutionnelles détaillées aux sociétés de classement, qui procèdent ensuite à leur “repackaging” et les revendent aux institutions, aux gouvernements et aux entreprises.

Ces données incluent les revenus de l’institution. Elles contiennent souvent aussi les coordonnées du personnel et des étudiants. Elles servent à réaliser des « enquêtes de réputation ». Dans le cas des classements QS, la « réputation » compte en effet pour plus de 40 % de la note finale.

Ce modèle économique a créé ce que l’on peut décrire comme une opération sophistiquée de collecte de données, déguisée en évaluation académique.

Critiques croissantes

La recherche académique a largement documenté les problèmes liés aux méthodologies de classement. Parmi ceux-ci, on peut citer :

  • l’utilisation d’indicateurs indirects qui ne reflètent pas fidèlement la qualité des établissements. Par exemple, de nombreux classements universitaires ne prennent pas du tout en compte la qualité de l’enseignement. Et quand ils le font, ils utilisent des critères indirects comme le revenu, le ratio enseignants/étudiants ou la réputation académique.

  • Des indices composites qui combinent des mesures sans rapport entre elles : les indicateurs collectés sont simplement additionnés, même s’ils n’ont aucun rapport entre eux. Nos étudiants sont régulièrement mis en garde contre les dangers de l’utilisation de mesures composites dans la recherche, et pourtant, c’est là le cœur même de l’industrie des classements.

  • Des systèmes de pondération arbitraires qui modifient radicalement les résultats. Si la réputation compte pour 20 % et les revenus pour 10 %, on obtient un certain ordre d’universités. Si l’on inverse ces pondérations, le classement change entièrement. Mais la qualité réelle des institutions, elle, ne varie pas.

Les classements ont tendance à favoriser les universités axées sur la recherche, tout en ignorant la qualité de l’enseignement, l’engagement communautaire et la pertinence locale.

La plupart des systèmes de classement accordent une importance particulière aux publications en anglais. Cela renforce les hiérarchies académiques existantes au lieu de fournir une évaluation pertinente de la qualité.

Lorsque de nouveaux classements sont créés, tels que les classements de l’Afrique subsaharienne, ou les classements des économies émergentes, ou même les classements d’impact, ils souffrent malheureusement toujours du problème des mesures indirectes et des pondérations composites et subjectives.

De plus, bon nombre des sociétés de classement refusent de divulguer les détails précis de leur méthodologie. Il est donc impossible de vérifier leurs affirmations ou de comprendre sur quelle base les établissements sont réellement évalués.

Les chercheurs affirment que les classements ont connu un grand succès parce qu’ils correspondent à l’idée d’un marché de l’enseignement supérieur où les établissements se font concurrence pour gagner des parts de marché. Cela a conduit les universités à privilégier les indicateurs qui améliorent leur classement plutôt que les activités qui servent au mieux leurs étudiants et leurs communautés.

L’accent mis sur les résultats quantifiables a créé ce que les chercheurs appellent « l’isomorphisme coercitif », c’est-à-dire la pression exercée sur toutes les universités pour qu’elles adoptent des structures et des priorités similaires, indépendamment de leurs missions spécifiques ou de leur contexte local.

Des recherches montrent que la course aux classements influence l’affectation des ressources, la planification stratégique, et même le choix des étudiants qui postulent. Certaines universités ont changé d’orientation en délaissant la qualité de l’enseignement pour se concentrer sur les résultats de la recherche, uniquement pour mieux figurer dans les classements. D’autres se sont même livrées à des « manipulations » en falsifiant leurs données pour améliorer leur position.

Perspectives d’avenir

Participer à des systèmes de classement aux méthodes défaillantes est une contradiction en soi : les universités sont fondées sur les principes de la recherche scientifique, pourtant, elles soutiennent une industrie dont les méthodes ne passeraient pas les standards élémentaires d’évaluation par les pairs.

Pour les universités qui continuent d’y participer, la décision de la Sorbonne soulève une question délicate : quelles sont leurs priorités institutionnelles et leurs engagements en matière d’intégrité scientifique ?

The Conversation

Sioux McKenna does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Rejet des classements universitaires : une opportunité pour repenser l’enseignement supérieur africain – https://theconversation.com/rejet-des-classements-universitaires-une-opportunite-pour-repenser-lenseignement-superieur-africain-266512

Le lave-linge, mode d’emploi

Source: The Conversation – in French – By François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris – PSL

Qui suis-je ? Pesant 60 kilos, mon œil est un hublot et j’avale beaucoup d’eau. Deux indices supplémentaires : j’affiche des programmes et je bats du tambour. Découvrez tout ce que vous ne vous êtes jamais demandé sur votre machine à laver. Et bien plus.


À propos du lave-linge, certains ont affirmé qu’il était une invention plus importante qu’Internet et la meilleure illustration qui soit de l’effet pernicieux des tarifs douaniers de Trump. D’autres ont recommandé de l’utiliser moins fréquemment. En portant par exemple sept fois un pyjama ou un soutien-gorge avant de les laver. Devenu la vedette des équipements domestiques auprès d’analystes autant qu’aux yeux des ménages, la machine à laver est un objet du quotidien, dans les pays les plus riches du moins, qui en dit long sur nos modes de vie et sur l’économie contemporaine.

Avant d’appuyer sur « marche »

Il convient de se rappeler que je n’ai pas toujours existé.

Et de ne surtout pas idéaliser le lavage du linge à la main à l’image des femmes au lavoir ou au bord d’un ruisseau de la peinture romantique. Porter de l’eau, la faire chauffer, frotter le linge, puis le rincer à l’eau claire, enfin le tordre pour l’essorer, toutes ces étapes n’étaient qu’une longue et épuisante corvée.

L’invention et la diffusion de la machine à laver ont été une bénédiction. Hans Rosling, médecin et statisticien suédois, se souvient de sa grand-mère qui, ayant toute sa vie fait la lessive pour ses sept enfants, assiste à la fois médusée et émerveillée au premier lavage en machine. « C’était pour elle un miracle » se rappelle Hans Rosling. Les boomers se souviennent aussi sans doute de la Mère Denis, une lavandière bretonne enrôlée pour faire la publicité à la télé d’une machine à laver.

Le Klingon.

Le monde sans lave-linge est toujours cependant celui de milliards de femmes. De la majorité d’entre elles puisque seule la population qui vit avec plus de 40 dollars par jour peut s’offrir cet équipement. Presque tous les ménages français disposent d’une machine à laver mais moins de 10 % de la population indienne.

En appuyant sur « départ »

J’ai transformé la vie quotidienne, mais j’ai aussi changé la société et son économie.

Plus qu’Internet, même aux yeux d’Ha-Joon Chang, un économiste anglais original. En soulageant les femmes d’une grande partie de leur temps consacré à la lessive, le lave-linge a permis leur entrée en force sur le marché du travail. D’un point de vue économique, plus de salariés signifie davantage de production et donc plus de croissance mesurée par le PIB. D’un point de vue social aussi, le salariat féminin s’est également révélé un facteur majeur de transformation, notamment en rendant les femmes financièrement moins dépendantes et en poussant l’éducation des filles. Sans parler pour les femmes restant au foyer de bénéficier de plus de temps pour s’adonner à autre chose qu’à la corvée de lessive. Lire des livres à leurs enfants ou pour elles-mêmes comme le mentionne Hans Rosling.

Naturellement, tous ces effets ne peuvent être attribués au seul lave-linge. Le temps libre qu’il a libéré n’excède pas une journée par semaine et un lave-linge sans eau courante ni électricité est inutile. Par ailleurs, Ha-Joon Chang comparait les conséquences de l’invention de la machine à laver à celles d’Internet il y a plus de quinze ans de cela. L’usage de cette infrastructure de réseaux permettant de relier les ordinateurs s’est depuis considérablement amplifié et diversifié. Pas sûr que le lave-linge dépasse par ses conséquences économiques et sociales la box. Plus de neuf ménages sur 10 disposent de ces équipements.




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Choisir le programme éco

Je consomme moins d’eau et d’électricité tout en préservant les couleurs et en conservant l’éclat du blanc.

Peu gourmand en électricité, environ 5 % de la consommation électrique du foyer, le lave-linge est un grand buveur, puisque près de 12 % de l’eau du logement y passe. Pour réaliser des économies n’hésitez pas à laver à 30 degrés et à sélectionner le programme éco, même si son cycle est beaucoup plus long. Les fabricants sont tenus d’en proposer un en Europe depuis quelques années déjà.

Le programme éco sert d’ailleurs de référence pour l’affichage des performances sur l’étiquette. Lisez-les attentivement avant de choisir votre lave-linge. Si vous achetez le moins cher chez Miele (plus de mille euros tout de même) vous apprendrez que pour une charge de 8 kg, il consomme par cycle 48 litres et 0,4 kWh, chauffe à 35 °C maximum et tourne 3 heures 39. Sauf arthrose des genoux, optez pour un chargement frontal. Contrairement aux modèles qui se chargent par le haut, ils fonctionnent sans que la cuve soit pleine. Ils utilisent donc moins d’eau du robinet, qu’il faut ensuite à chauffer.

Aux États-Unis comme en Europe, les obligations réglementaires imposées aux constructeurs ont rendu le lave-linge considérablement plus performant. En trente ans, la consommation d’eau et d’électricité a été divisée par trois. Le linge sorti du tambour n’est pas pour autant plus sale !

Et le consommateur n’en sort pas perdant en payant plus cher. Aux dépenses d’usage qui baissent s’ajoute la diminution de la facture pour l’achat du lave-linge qui représente environ le tiers du coût total. La réglementation se traduit en effet par une baisse de son prix moyen. L’adoption annoncée à l’avance d’un nouveau standard, plus exigeant, aboutit à l’apparition de nouveaux modèles sur le marché mais elle entraîne aussi une baisse du prix des modèles anciens. Les fabricants veulent encore en vendre, à tout le moins écouler leurs stocks. En outre, la réglementation tend à réduire les possibilités de différenciation entre les modèles concurrents. Produits plus homogènes égale moins de marge et donc prix plus bas.

Une touche sobriété controversée

Je fais uniquement ce que l’on me commande de faire.

Pour réduire votre empreinte écologique, vous pouvez aussi laver moins fréquemment votre linge. Cette affirmation banale est devenue le sujet d’une violente polémique. Au début de 2025, l’ADEME publie le guide pratique « Comment faire le ménage de façon plus écologique ». Ce alors même que montent de virulentes critiques contre les politiques d’environnement et les agences publiques, jugées toutes deux inutiles et coûteuses principalement par la droite et son extrême.

La fréquence de lavage va devenir en quelques jours une actualité médiatique et politique sur la base d’une infographie publiée dans Le Parisien et reprise partout. Elle liste des recommandations de l’ADEME très pointues : porter 7 fois un soutien-gorge et un pyjama avant de le laver, on l’a déjà dit ; mais aussi 15 à 30 fois pour un jean ou encore 1 à 3 fois pour un vêtement de sport. Cette infographie n’est pourtant pas dans le guide de l’ADEME ! Celui-ci se contente d’établir trois catégories en citant des exemples de vêtements qui doivent être lavés après avoir été portés une seule fois, plusieurs fois et plusieurs semaines. D’où vient alors l’infographie du « Parisien » avec la légende « source Ademe » ? Mystère. Peut-être d’une autre réalisée en 2023 « en partenariat avec l’Ademe » par un media numérique de France Télévisions. Cette liste comporte toutefois trois différences. Petit jeu : à vous de les trouver.

Pour éteindre le feu, le président de l’Ademe, Sylvain Waserman, déclarera

« Je vous rassure, chacun fait ce qu’il veut »

Ouf ! Ne pas confondre en effet un certain paternalisme de l’intervention publique et des lois restrictives de liberté.

Un autre programme éco

J’ai l’honneur d’avoir un article rien que sur moi dans la plus prestigieuse revue d’économie au monde.

L’obsession de Donald Trump pour fixer des tarifs douaniers hors norme ne date pas du Liberation Day d’avril dernier. Rappelez-vous, il brandissait un tableau présentant les nouvelles taxes à l’import en provenance d’une vingtaine de pays, soi-disant en réponse à leurs barrières aux produits américains. Lors de son premier mandat, il avait déjà annoncé la couleur par une taxe de 20 % sur les lave-linge. Sur d’autres produits également mais c’est la machine à laver qui a retenu l’attention d’un trio d’économistes américains pour étudier sous toutes les coutures les effets de sa taxation. Leurs résultats, parus en juillet 2020 dans l’American Economic Review, servent aujourd’hui de référence pour illustrer les effets des restrictions aux importations sur la relocalisation de la production et sur les prix.

C’est pas sorcier – 2017.

Une des prouesses des auteurs est d’avoir su tracer finement les mouvements du lave-linge de leur pays de production jusqu’aux consommateurs américains. Les flux d’importation proviennent initialement du Mexique et de la Corée. Puis ils se tarissent, remplacés par des importations venues de Chine, elles-mêmes chassées ensuite par des importations en provenance du Vietnam et de Thaïlande. Cette partie de saute-mouton résulte d’une série de restrictions des États-Unis qui ont dans cet ordre affecté les importations de lave-linge. À mesure que certains pays étaient bannis, d’autres prenaient le relais. On retrouve toutefois les mêmes entreprises à la manœuvre : Samsung et LG Electronics. Les deux firmes coréennes ont su réallouer leur capacité de production pour s’adapter aux diktats américains.

Première leçon : les restrictions ciblées sur un pays échouent à stopper significativement les importations. Les multinationales, implantées ailleurs, s’en jouent aisément.

Cette leçon apprise, les États-Unis ont imposé une taxe de 20 % sur toutes les importations de lave-linge début 2018 à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Tous les pays sont désormais logés à la même enseigne. La question de recherche porte alors sur les effets-prix. Leur élucidation est un travail compliqué car les variations de prix peuvent s’expliquer par d’autres facteurs, par exemple une évolution du coût de l’acier ou du transport maritime.

Notre trio de chercheurs réussit à établir que la taxe a causé une hausse du prix d’achat du lave-linge aux États-Unis de 12 %. Les producteurs ont donc su répercuter 60 % du montant de la taxe sur le dos des consommateurs. En réalité, ils ont fait mieux que cela car ils en ont profité pour augmenter d’environ 12 % aussi le prix des sèche-linge qui pourtant n’étaient pas taxés ! Lave-linge et sèche-linge sont des produits très complémentaires, souvent achetés ensemble, fabriqués par les mêmes entreprises, avec des modèles qui vont souvent par paire. Bref, la baisse d’une marge ici peut être rattrapée et même plus que compensée par une hausse à côté. Bien joué !

Seconde leçon : les consommateurs sont les grands perdants.

Les auteurs ont également observé que la production sur le sol américain pourtant non taxée avait suivi la hausse des prix. La concentration du marché rendant la concurrence imparfaite, les fabricants locaux ont pu relever leur marge. Une opportunité dont Samsung et LG Electronics se sont eux-mêmes saisis. En effet, dès qu’elles ont vu venir sous l’administration Obama la première salve de mesures protectionnistes contre leurs lave-linge, elles ont construit une usine, l’une en Caroline du Sud, l’autre dans le Tennessee. Troisième leçon, les producteurs du territoire protégé sont les grands gagnants.

Quatrième leçon l’emploi local créé par les tarifs revient très cher. 1800 personnes ont été embauchées dans les usines. En rapportant ce chiffre au surcoût des consommateurs qui ont dû acheter leur lave-linge et sèche-linge plus cher, la facture s’élève à près d’un million de dollars par an par emploi créé.

Cycle rapide pour finir

Évitez d’y recourir, il m’abîme et me fatigue.

Le programme rapide n’est pas conseillé, car il est le plus énergivore et lave moins bien. Mais très rapidement, quelques dernières observations pour vos achats et utilisations : un lave-linge bon marché va vous coûter plus cher à l’usage en frais de fonctionnement (eau et électricité) et réparation.

A contrario, demandez-vous si vous avez vraiment besoin d’un lave-linge connecté, avec de l’IA et qui parle. Vérifiez que le modèle de votre choix est bien équipé d’un filtre pour les microplastiques (700 000 microfibres rejetées par cycle de lavage) mais n’en profitez pas pour autant à acheter plus de vêtements synthétiques. Sachez que la lessive en poudre est meilleure pour l’éclat du blanc et la lessive liquide pour préserver les couleurs. Ne surdosez pas la lessive et évitez la demi-charge. Enfin, pour plus de conseils reportez-vous au guide d’achat de lave-linge de « Que Choisir » et faites éventuellement appel à un « coach en écologie d’intérieur » .

The Conversation

François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Le lave-linge, mode d’emploi – https://theconversation.com/le-lave-linge-mode-demploi-266019

L’« emprisme » : comment l’Europe se laisse dominer par les États-Unis sans le dire

Source: The Conversation – in French – By Sylvain Kahn, Professeur agrégé d’histoire, docteur en géographie, européaniste au Centre d’histoire de Sciences Po, Sciences Po

Sous l’administration Trump, la relation transatlantique a basculé d’un partenariat asymétrique vers une domination stratégique. L’historien Sylvain Kahn propose dans son dernier livre L’Atlantisme est mort ? Vive l’Europe !, qui vient de paraître aux éditions de l’Aube, le concept d’« emprisme » pour désigner cette emprise subtile mais dangereuse des États-Unis sur l’Europe.


Depuis quatre-vingts ans, l’Europe a entretenu avec les États-Unis une relation asymétrique mais coopérative. Cette asymétrie, longtemps acceptée comme le prix de la stabilité et de la protection, s’est transformée sous l’administration Trump. Ce qui relevait d’une interdépendance stratégique déséquilibrée est devenu une emprise : un lien dont on ne peut se défaire, utilisé pour exercer une pression, tout en étant nié par ceux qui en sont les victimes.

Pour qualifier cette mutation, je propose le concept d’« emprisme » : une emprise consentie, dans laquelle les Européens, tout en se croyant partenaires, deviennent tributaires d’une puissance qui les domine sans qu’ils en aient pleinement conscience.

De l’asymétrie à l’emprisme

L’« emprisme » désigne une forme de domination subtile mais profonde. Il ne s’agit pas simplement d’influence ou de soft power, mais d’une subordination stratégique intériorisée. Les Européens justifient cette dépendance au nom du réalisme, de la sécurité ou de la stabilité économique, sans voir qu’elle les affaiblit structurellement.

Dans la vision trumpienne, les Européens ne sont plus des alliés, mais des profiteurs. Le marché commun leur a permis de devenir la première zone de consommation mondiale, de renforcer la compétitivité de leurs entreprises, y compris sur le marché états-unien. Pendant ce temps, avec l’OTAN, ils auraient laissé Washington assumer les coûts de la défense collective. Résultat : selon Trump, les États-Unis, parce qu’ils sont forts, généreux et nobles, se font « avoir » par leurs alliés.

Ce récit justifie un basculement : les alliés deviennent des ressources à exploiter. Il ne s’agit plus de coopération, mais d’extraction.

L’Ukraine comme levier de pression

La guerre en Ukraine illustre parfaitement cette logique. Alors que l’Union européenne s’est mobilisée pour soutenir Kiev, cette solidarité est devenue une vulnérabilité exploitée par Washington.

Lorsque l’administration Trump a suspendu l’accès des Ukrainiens au renseignement américain, l’armée ukrainienne est devenue aveugle. Les Européens, eux aussi dépendants de ces données, se sont retrouvés borgnes. Ce n’était pas un simple ajustement tactique, mais un signal stratégique : l’autonomie européenne est conditionnelle.

En juillet 2025, l’UE a accepté un accord commercial profondément déséquilibré, imposant 15 % de droits de douane sur ses produits, sans réciprocité. Cet accord, dit de Turnberry, a été négocié dans une propriété privée de Donald Trump en Écosse – un symbole fort de la personnalisation et de la brutalisation des relations internationales.

Dans le même temps, les États-Unis ont cessé de livrer directement des armes à l’Ukraine. Ce sont désormais les Européens qui achètent ces armements américains pour les livrer eux-mêmes à Kiev. Ce n’est plus un partenariat, mais une délégation contrainte.

De partenaires à tributaires

Dans la logique du mouvement MAGA, désormais majoritaire au sein du parti républicain, l’Europe n’est plus un partenaire. Elle est, au mieux, un client, au pire, un tributaire. Le terme « emprisme » désigne cette situation où les Européens acceptent leur infériorisation sans la nommer.

Ce consentement repose sur deux illusions : l’idée que cette dépendance est la moins mauvaise option ; et la croyance qu’elle est temporaire.

Or, de nombreux acteurs européens – dirigeants politiques, entrepreneurs et industriels – ont soutenu l’accord de Turnberry ainsi que l’intensification des achats d’armement américain. En 2025, l’Europe a accepté un marché pervers : payer son alignement politique, commercial et budgétaire en échange d’une protection incertaine.

C’est une logique quasi mafieuse des relations internationales, fondée sur l’intimidation, la brutalisation et l’infériorisation des « partenaires ». À l’image de Don Corleone dans le film mythique Le Parrain de Francis Coppola, Trump prétend imposer aux Européens une protection américaine aléatoire en échange d’un prix arbitraire et fixé unilatéralement par les États-Unis. S’ils refusent, il leur promet « l’enfer », comme il l’a dit expressément lors de son discours du 23 septembre à l’ONU.

Emprisme et impérialisme : deux logiques de domination

Il est essentiel de distinguer l’« emprisme » d’autres formes de domination. Contrairement à la Russie, dont l’impérialisme repose sur la violence militaire, les États-Unis sous Trump n’utilisent pas la force directe. Quand Trump menace d’annexer le Groenland, il exerce une pression, mais ne mobilise pas de troupes. Il agit par coercition économique, chantage commercial et pression politique.

Parce que les Européens en sont partiellement conscients, et qu’ils débattent du degré de pression acceptable, cette emprise est d’autant plus insidieuse. Elle est systémique, normalisée et donc difficile à contester.

Le régime de Poutine, lui, repose sur la violence comme principe de gouvernement – contre sa propre société comme contre ses voisins. L’invasion de l’Ukraine en est l’aboutissement. Les deux systèmes exercent une domination, mais selon des logiques différentes : l’impérialisme russe est brutal et direct ; l’emprisme américain est accepté, contraint, et nié.

Sortir du déni

Ce qui rend l’emprisme particulièrement dangereux, c’est le déni qui l’accompagne. Les Européens continuent de parler de partenariat transatlantique, de valeurs partagées, d’alignement stratégique. Mais la réalité est celle d’une coercition consentie.

Ce déni n’est pas seulement rhétorique : il oriente les politiques. Les dirigeants européens justifient des concessions commerciales, des achats d’armement et des alignements diplomatiques comme des compromis raisonnables. Ils espèrent que Trump passera, que l’ancien équilibre reviendra.

Mais l’emprisme n’est pas une parenthèse. C’est une transformation structurelle de la relation transatlantique. Et tant que l’Europe ne la nomme pas, elle continuera de s’affaiblir – stratégiquement, économiquement, politiquement.

Nommer l’emprisme pour y résister

L’Europe doit ouvrir les yeux. Le lien transatlantique, autrefois protecteur, est devenu un instrument de domination. Le concept d’« emprisme » permet de nommer cette réalité – et nommer, c’est déjà résister.

La question est désormais claire : l’Europe veut-elle rester un sujet passif de la stratégie américaine, ou redevenir un acteur stratégique autonome ? De cette réponse dépendra sa place dans le monde de demain.

The Conversation

Sylvain Kahn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. L’« emprisme » : comment l’Europe se laisse dominer par les États-Unis sans le dire – https://theconversation.com/l-emprisme-comment-leurope-se-laisse-dominer-par-les-etats-unis-sans-le-dire-266202

Nature’s not perfect: fig wasps try to balance sex ratios for survival but they can get it wrong

Source: The Conversation – Africa (2) – By Jaco Greeff, Professor in Genetics, University of Pretoria

Television nature programmes and scientific papers tend to celebrate the perfection of evolved traits. But the father of evolution through natural selection, Charles Darwin, warned that evolution would produce quirks and “blunders” that reflect a lineage’s history.

Our recent study from the Kruger National Park in South Africa shows how true this is. Our team of behavioural ecologists found that the behaviour of certain fig wasps, long considered textbook examples of precise adaptation, is far from perfect.

Previous research on fig wasps, but also other parasitoid wasps in general, has focused almost exclusively on design perfection. The aim of our work was to investigate a case where we expected to see “imperfections” due to necessary compromises and the legacy of history.

Our study focused on Ceratosolen arabicus, a tiny wasp (about 2.5mm long) that pollinates sycamore figs. We will call them “pollinators” for simplicity.

For years, researchers have admired how pollinating fig wasps such as C. arabicus adjust the percentage of their offspring that are male (their sex ratios) with near mathematical precision to maximise their reproductive success.

But a previous study suggested that when a pollinator shares a fig with another species of wasp it might incorrectly “adjust” its sex ratio as if it was with a female of its own species.

For our research, we allowed the pollinator to lay eggs on its own or together with a gall wasp (Sycophaga sycomori) or a cuckoo wasp (Ceratosolen galili). These species, like the pollinators, crawl into figs to lay their eggs and may elicit the incorrect response.

We then used a statistical approach to determine how well various hypotheses explained the variation in the data. The hypotheses we tested were:

  • that the pollinators’ sex ratio remained unchanged by the presence of the other species

  • various degrees of effects, for example, that each of the species affects the sex ratio differently.

We found that the other two species of wasps do indeed interfere with the pollinators’ neat sex ratio production mechanism. Pollinators lose up to 5% of their potential grandchildren when they share a fig with a gall wasp, and 12% when they share it with a cuckoo wasp.

Still, the pollinators have survived for millions of years and are not expected to go extinct because of this loss of grandchildren.

Given such a “flaw” in a trait that seemed perfect, biologists should expect to see many “design errors” in life if we look for them. We have to be open to that possibility so that we see what’s actually there and not what we expect to see.

How things work

In each fig, one or a few pollinator mothers lay all their eggs. The mother or mothers’ offspring hatch inside the fig and mate inside. When the mother or mothers’ offspring mature, they mate within the fig, meaning brothers routinely mate with sisters. This means brothers will compete among each other for mating opportunities. In contrast, mated females leave their “birth” fig and disperse to start the cycle anew. But importantly, females compete with unrelated females to find new figs to lay their eggs in.

Therefore, a lone mother should produce just enough sons, about 10% of her total brood, to ensure all her daughters get mated. The rest can be daughters.

The wasps have a simple trick to control the sex ratio directly: unfertilised eggs become sons, while fertilised ones become daughters.

When two mothers lay eggs in the same fig, each must produce more sons, around 25%, because now their sons have to compete with those of the other mother. But if a mother shares a fig with another species, this logic does not apply because competition for mates and mating opportunities for her sons do not change. Therefore, her sex ratio should stay the same as if she were alone.

But it does not.

Pollinator mothers use two simple mechanisms to adjust their sex ratio in response to the presence of other pollinators, but these mechanisms are also triggered by other species.

Let us explain the first mechanism using a gin and tonic analogy.

Imagine a bartender making a G&T: first, he pours a tot of gin (sons) and then fills the rest of the glass with tonic (daughters). Now, imagine two bartenders unknowingly making a G&T in one glass. They both add a tot of gin and then top up with tonic. The result is a stronger drink with more gin.

Pollinator mothers do something similar. They tend to lay male eggs first, and then gradually switch to laying females. We call this the ladies-last effect. But when other species like the cuckoo wasp are present, this pattern still changes the sex ratio because the second species shrinks the glass’s total size. As a consequence the pollinator ends up laying fewer daughters. This can be seen in the figure moving from right to left along the x-axis.

The second mechanism works differently but leads to the same problematic outcome. It relies on an active adjustment of the sex ratio. Although the G&T analogy breaks down, this is like each bartender adding more than a tot of gin when he realises there is a second bartender mixing a drink in the glass.

Similarly, when a pollinator detects another pollinator, she increases the number of sons. But when another species is present, she still behaves as if she is competing with her own kind, increasing her number of sons, as can be seen in the figure moving upwards along the y-axis.

Since both mechanisms continue operating inappropriately when other species are present, the sex ratios become erroneously skewed. Specifically, the sex ratio of a single mother shifts from 10% sons when she is alone, to 16% when she is with a gall wasp, and to 26% when she is with the cuckoo wasp. It should have remained at 10%.

All that glitters is not gold

As an isiZulu proverb says: “Ikiwane elihle ligcwala izibungu”, literally translated to: “The nicest-looking fig is usually full of worms.” Pollinator sex ratio adjustment has been touted as a prime example of how perfectly natural selection can optimise the design of biological systems. But this is an oversimplification.

In reality, the history of a trait and compromises between a trait’s various functions can direct evolution to imperfect solutions. For instance, here evolution did not “design” separate “solutions” for with-own-species and with-other-species scenarios.

Instead, evolution seems to have optimised it for the average condition, an imperfect, but workable, compromise. The cost in number of grandchildren due to this compromise is astronomical because pollinators in the Kruger National Park frequently share a fig with another pollinator, galler or a cuckoo wasp.

Such trade-offs are likely common in nature. Evolution tends not to redesign from scratch; rather, it tinkers with what is already there. As a result, we often get solutions that work well enough, rather than perfectly.

So next time you marvel at a natural wonder, remember: the story is rarely one of flawless design. It is a story of imperfect compromises, shaped by what evolution could do with what it had. And that story is far richer and more real than any Hollywood ending.

The Conversation

Jaco Greeff received funding from the National Research Foundation. Any opinion, findings and conclusions or recommendations expressed in this material are those of the authors and therefore the NRF does not accept any liability in regard thereto.

ref. Nature’s not perfect: fig wasps try to balance sex ratios for survival but they can get it wrong – https://theconversation.com/natures-not-perfect-fig-wasps-try-to-balance-sex-ratios-for-survival-but-they-can-get-it-wrong-260852

Supreme Court opens with cases on voting rights, tariffs, gender identity and campaign finance to test the limits of a constitutional revolution

Source: The Conversation – USA – By Morgan Marietta, Professor of American Civics, University of Tennessee

The U.S. Supreme Court building at dawn in Washington, D.C. Samuel Corum/Bloomberg via Getty Images

The most influential cases before the U.S. Supreme Court this term, which begins on Oct. 6, 2025, reflect the cultural and partisan clashes of American politics.

The major cases in October and November address the role of race in elections, conversion therapy and the Trump tariffs. Later cases include campaign finance and transgender sports.

This year’s controversies focus on three dominant themes. One is the continuing constitutional revolution in how the justices read our basic law. The court has shifted from a living reading of the Constitution, which says the Constitution should adapt to the American people’s evolving values and the needs of contemporary society, to an original reading, which aims to enforce the constitutional principles understood by the Americans who ratified them.

Another clear theme is the deep cultural division among Americans. The core disputes at the court this year reflect controversial factual questions about gender and race: How pervasive and influential is racism in the current day? Are gender transitions a recognized fact, which means that they must be accepted in sports competitions, or can a state assert that trans athletes are not women?

A final theme is the struggle for partisan advantage embedded in several cases.

A portion of the U.S. Constitution, torn into blue and red pieces.
The justices’ constitutional interpretations could have major partisan significance.
Douglas Rissing, iStock/Getty Images Plus

Constitutional revolution

Until just a few years ago, the majority of justices would have agreed that the proper way to read the Constitution was as an evolving document, an approach usually described as living constitutionalism.

The new majority reads the Constitution as an expression of enduring principles, which maintain their historical meaning unless the American people collectively decide to amend the document, an approach known as originalism.

Since 2022, this revolutionary shift has led to dramatic changes in the law on abortion, religion, guns, affirmative action and the power of federal agencies to regulate in areas such as the environment, public health or student debt.

This year, the constitutional revolution – “a historic constitutional course correction.” as legal scholars Gary Jeffrey Jacobsohn and Yaniv Roznai put it – turns to transgender politics.

Little v. Hecox and West Virginia v. B.P.J. ask whether a state can ban transgender athletes from participating in girls or women’s sports. The plaintiffs are middle school and university students who were banned by state laws from participating as a female competitor. They are asking the court to rule that transgender identity is a protected category similar to race and gender under the equal protection clause of the 14th Amendment.

Originalists argue that the meaning of the 14th Amendment is clear and fixed. It establishes the equal status of racial minorities as holders of rights. But originalists do not believe the equal protection clause was meant to apply to sexual identities unless that is explicitly approved through a constitutional amendment by the American public.

Originalists also emphasize the role of federalism as a core constitutional principle. Federalism allocates a great deal of authority to state legislatures to make decisions when a question of rights is uncertain.

For these reasons the court majority is likely to see the regulation of who gets to participate in women’s sports as a state-by-state decision.

Cultural divisions, disputed perceptions

The status of transgender identity also reflects the disputed perceptions of reality that have come to dominate American politics. In essence, the Iowa and West Virginia sports cases ask the court to rule whether a transgender girl – a person assigned male at birth who has transitioned to align with their identity as a girl or woman, as the AP Stylebook phrases it – is a girl or a boy.

The court is likely to leave such questions about what is factually true for state legislatures to determine.

The same need for the court to determine who can decide what is or is not a legitimate fact also applies to this year’s controversy over conversion therapy. Colorado bans the practice – condemned by many professional medical associations – in which counselors attempt to alter sexual orientation or gender identity.

Chiles v. Salazar challenges the Colorado law as a violation of the First Amendment’s protections of free speech and religious liberty.

An original reading of the First Amendment provides strong support for open expression on controversial topics, even by medical professionals. But on the factual question of whether homosexuality or gender identity in young people is indisputably innate or immutable, the court may defer to state legislatures to decide whether licensed professionals must assert only a specific set of accepted facts.

Partisan advantage

Many observers perceive a partisan as well as principled divide on the current court. Decisions in several cases this year potentially give a distinct advantage in future elections to Democrats or Republicans.

The most clear case may be about the regulation of campaign finance. National Republican Senatorial Committee v. FEC – a lawsuit begun in 2022 by then-U.S. Sen. JD Vance – asks the court to overturn a restriction that bars political parties from coordinating unlimited spending on campaign advertising with the official campaign.

Many Democrats believe Republicans will be the larger beneficiaries in the coming years if the court rules that the current limits violate the First Amendment.

Then there’s the challenge to the constitutionality of the Trump tariffs.

Learning Resources v. Trump will determine whether the recent tariffs are authorized by Congress under the International Emergency Powers Act of 1977. The answer hinges on the application of what’s known as the “major questions doctrine,” which limits presidential authority over issues of great economic or policy importance in the absence of direct endorsement from Congress.

The major questions doctrine is an originalist concept, but in the court’s view it may not apply to actions in the foreign policy realm – including tariffs – where the president has greater discretion.

A container ship loaded with hundres of containers, coming into a port.
Will the court strike down Trump’s tariffs on imported goods such as those on this ship in Oakland, Calif.?
Justin Sullivan/Getty Images

Race and elections

The case that represents all three trends at the court is Louisiana v. Callais on the creation of majority-Black congressional districts.

The Voting Rights Act of 1965 outlaws racial discrimination in voting. This landmark legislation from the civil rights era helped raise the rate of Black voter registration and turnout in Southern states from less than half the white rate to exceeding it over the past 60 years.

The question in front of the court is whether the law requires a state to make sure that some congressional districts have a majority of Black voters.

The argument opposing the intentional creation of racial districts is that the equal protection clause of the 14th Amendment demands the same treatment of all citizens regardless of race, banning any distinction even when designed to benefit minorities.

Underlying the differences of opinion are competing perceptions of the prevalence and influence of racism in the current day. This dispute was clear in the court’s 2013 Shelby County decision, which struck down the part of the Voting Rights Act that limited Southern states from passing new elections laws without “pre-clearance” from the Department of Justice. That requirement aimed to ensure that new laws would not discriminate against Black voters, whether intentionally or unintentionally.

In striking down that requirement, Chief Justice John Roberts ruled that “no one can fairly say” that the South “shows anything approaching the ‘pervasive,’ ‘flagrant,’ ‘widespread,’ and ‘rampant’ discrimination that faced Congress in 1965.”

Justice Ruth Bader Ginsburg famously responded that removing the Voting Rights Act’s protections was “like throwing away your umbrella in a rainstorm because you are not getting wet.”

The ultimate number of majority-Black districts in Louisiana is not only a question of constitutional principles applied to prevailing facts. It is also about partisan advantage. Partisans on both sides are well aware that a majority-Black district is also a Democratic district.

So whether the state ends up with two or just one – or potentially even none – of its six congressional districts shaped by race could shift the future partisan balance in a closely divided Congress.

With partisan advantage, clashing perceptions of reality and revolutionary readings of the Constitution all in play, the rulings of the Supreme Court this year will reach far into American politics and culture.

The Conversation

Morgan Marietta does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Supreme Court opens with cases on voting rights, tariffs, gender identity and campaign finance to test the limits of a constitutional revolution – https://theconversation.com/supreme-court-opens-with-cases-on-voting-rights-tariffs-gender-identity-and-campaign-finance-to-test-the-limits-of-a-constitutional-revolution-265720

La migration nordique de la forêt tempérée ne se passe pas comme prévu

Source: The Conversation – in French – By Todor Slavchev Minchev, Doctorant en écologie forestière, Université du Québec à Rimouski (UQAR)

Et si la forêt boréale n’était pas aussi fragile qu’on le croit ? Contrairement aux modèles qui prédisent son recul rapide devant les érablières tempérées, son histoire écologique révèle une étonnante résilience. Les érables, eux, avancent plus lentement qu’annoncé. Résultat : la grande transition forestière promise ne se fera peut-être pas aussi vite qu’on l’imagine.

La composition et la structure des forêts résultent d’une dynamique écologique complexe influencée par plusieurs facteurs, dont la nature du sol, les perturbations écologiques (feux, chablis, épidémies d’insectes), le climat et la capacité des espèces à répondre à ces conditions.

La forêt boréale constitue un vaste biome bordé au sud par la forêt tempérée. Comme partout où deux grands milieux naturels se rencontrent, la transition ne se fait pas de façon abrupte. Elle forme plutôt une zone intermédiaire appelée écotone, où les caractéristiques des deux biomes se mélangent. Cette zone s’appelle l’écotone de la forêt boréale-tempérée et elle engloble les forêts du sud du Québec. On y observe des petits peuplements d’arbres typiques de la forêt boréale et de la forêt tempérée, qui deviennent de plus en plus rares et isolés à mesure qu’ils approchent des conditions qui dépassent ce qu’ils peuvent tolérer pour survivre.

Respectivement doctorant en écologie forestière et professeur en écologie végétale à l’Université du Québec à Rimouski, nous nous intéressons aux dynamiques passées et actuelles des peuplements situés à la limite nordique des espèces de la forêt tempérée. Parmi celles-ci figure l’érable à sucre, un arbre emblématique sur les plans culturel, écologique et économique.

Notre objectif est de reconstruire l’histoire écologique des peuplements marginaux afin de mieux comprendre leur trajectoire dans le temps et d’utiliser ces connaissances pour anticiper l’effet des changements globaux contemporains sur la forêt québécoise.


Cet article fait partie de notre série Forêt boréale : mille secrets, mille dangers

La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !


Une frontière en perpétuel mouvement

Depuis près de trois millions d’années, le climat planétaire oscille naturellement entre des périodes glaciaires et interglaciaires en raison de variations cycliques de l’orbite terrestre. L’interglaciaire actuel, amorcé il y a environ 12 000 ans, est appelé l’Holocène. Bien que plus stable que les périodes glaciaires, cette période géologique a connu des changements climatiques notables.

Par exemple, entre 8000 à 4000 ans avant aujourd’hui, l’Holocène moyen a été plus chaud que l’actuel. Les saisons de croissance plus longues dans l’écotone de la forêt boréale mixte auraient alors provoqué un déplacement de la limite nordique de certaines espèces tempérées de plus de 100 km au-delà de leur répartition actuelle.




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Or, pour que des espèces tempérées puissent migrer vers le nord, les espèces boréales doivent céder leur place. Au cours de l’Holocène moyen, 8000 à 4000 ans avant aujourd’hui, les proportions d’espèces dans l’écotone auraient penché en faveur de certaines espèces tempérées. À l’inverse, le Néoglaciaire, une période de refroidissement global entamé il y a 4000 ans a inversé cette tendance. Les espèces tempérées se seraient repliées vers le sud, alors que les espèces boréales ont regagné du terrain dans l’écotone.

Aujourd’hui, un nouveau revirement s’annonce avec le réchauffement climatique d’origine humaine. Les modèles prévoient que l’actuel écotone de la forêt boréale mixte disparaîtra presqu’entièrement du paysage d’ici 2100, au profit de la forêt tempérée dominée par l’érable à sucre.




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Un phénomène particulier

Il est toutefois probable que les espèces de la forêt tempérée ne réagissent pas toutes de manière synchronisée. De nouvelles données paléoécologiques provenant d’érablières situées à la limite nordique de l’érable à sucre et de l’érable rouge indiquent que les espèces de la forêt tempérée ont réagi individuellement face aux changements climatiques passés.

Lors de l’intervalle de températures chaudes à l’Holocène moyen, certaines espèces tempérées ont pu profiter de l’avantage que les conditions climatiques apportaient pour repousser leurs limites nordiques plus loin.

Les érables, contrairement à d’autres espèces tempérées, n’ont pas atteint la limite nordique de leur distribution durant cette période chaude. Ils se sont plutôt établis alors que la température moyenne diminuait et que les espèces boréales augmentaient en abondance dans l’écotone. Puisque les érables sont des espèces tempérées, ils nécessitent des conditions environnementales différentes des espèces boréales.

L’établissement des érables en même temps que l’augmentation de l’abondance des conifères boréaux dans le paysage semble donc paradoxal.


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Deux facteurs à considérer

Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce phénomène. Les forêts de conifères boréaux sont plus propices aux grands feux sévères que les forêts décidues tempérées. La réduction des espèces boréales dans l’écotone à l’Holocène moyen aurait entraîné une diminution de la taille et de la sévérité des incendies.




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Des espèces tempérées comme le pin blanc auraient alors été dominantes, fermant le couvert forestier et limitant la capacité des érables à s’établir. Le retour des conifères boréaux lors du refroidissement Néoglaciaire il y a 4000 ans a favorisé une augmentation des grands feux, créant des ouvertures temporaires du couvert forestier. Certaines espèces tempérées opportunistes, comme l’érable rouge, ont alors pu s’y établir.




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Par ailleurs, les premières preuves empiriques de la présence de l’érable à sucre à sa limite nordique ne remontent qu’à 2200 ans avant aujourd’hui. Ce délai entre l’établissement des deux érables pourrait refléter le temps nécessaire pour que la présence préalable d’érable rouge modifie les propriétés du sol, le rendant propice à l’établissement de l’érable à sucre.

Ce dernier dépend obligatoirement de la présence de mycorhizes symbiotiques absentes en milieu boréal, mais qu’il partage avec l’érable rouge, moins exigeant. Les mycorhizes, des champignons qui s’intègrent dans le système racinaire des plantes dans une relation symbiotique, aident les arbres en augmentant leur capacité d’extraire les nutriments du sol. Dans le cas de l’érable à sucre, un arbre particulièrement sensible aux sols pauvres, la présence de mycorhizes semble permettre l’extraction du peu de nutriments des sols nordiques, permettant l’établissement de l’espèce.

Ainsi, une interaction écologique entre les deux érables pourrait avoir facilité l’expansion tardive de l’érable à sucre vers le nord.

Une nouvelle compréhension

En évaluant les réponses des espèces face aux changements climatiques passés, les études rétrospectives offrent un nouvel éclairage sur les scénarios futurs.

Les modèles prédictifs pourraient sous-estimer la résilience de la forêt boréale et surestimer la capacité d’expansion des espèces tempérées.

L’histoire écologique des érablières nordiques suggère qu’il faudra bien plus que quelques décennies de réchauffement climatique avant que la forêt boréale ne se transforme en érablière. Ce délai peut s’étendre à des millénaires avant que les mycorhizes et les espèces compagnes bénéfiques préparent le terrain pour l’établissement de l’érable à sucre.

La Conversation Canada

Todor Slavchev Minchev a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies et du Programme des chaires de recherche du Canada.

Guillaume de Lafontaine a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies et du Programme des chaires de recherche du Canada.

ref. La migration nordique de la forêt tempérée ne se passe pas comme prévu – https://theconversation.com/la-migration-nordique-de-la-foret-temperee-ne-se-passe-pas-comme-prevu-261131

Qu’est-ce que l’intelligence culturelle ?

Source: The Conversation – in French – By Marie Chédru, Enseignante-Chercheuse, Sciences Humaines et Sociales, UniLaSalle

L’intelligence culturelle compte un ensemble de compétences qui peuvent s’apprendre et se développer. Andy Barbour/Pexels, CC BY

Que ce soit à l’école, au travail ou dans nos loisirs, nous côtoyons des individus aux origines culturelles diversifiées. L’« intelligence culturelle », qui permet de comprendre et de s’adapter à des codes culturels différents, est un atout essentiel pour favoriser le vivre-ensemble.


Que signifie être intelligent ? Réussir un test de logique ? Résoudre une équation ? Avoir une bonne mémoire ? L’intelligence a longtemps été réduite à un score de QI. Pourtant, dès les années 1920–1940, des psychologues américains comme Edward Thorndike, Louis Thurstone ou Raymond Cattell soulignaient déjà l’existence de différentes formes d’intelligence.

Dans les années 1980, c’est un autre psychologue américain Robert Sternberg qui propose une approche qui distingue trois dimensions complémentaires : l’intelligence analytique (raisonner, comparer, résoudre des problèmes), l’intelligence créative (imaginer, faire face à la nouveauté) et l’intelligence pratique (s’adapter à son environnement, agir efficacement). Selon son approche, être intelligent, c’est avant tout savoir atteindre ses objectifs de vie, dans un contexte donné, en mobilisant ses forces et en compensant ses faiblesses.

Interagir dans des environnements multiculturels

C’est dans la continuité des travaux de Sternberg qu’a émergé la notion d’intelligence culturelle, ou cultural intelligence (CQ). Proposée par Earley et Ang en 2003, elle désigne la capacité à comprendre les différences culturelles, à s’y adapter et à interagir efficacement dans des environnements multiculturels. L’objectif initial était d’expliquer pourquoi certains expatriés réussissent mieux que d’autres lors de missions internationales. Les chercheurs ont ainsi identifié quatre dimensions complémentaires de l’intelligence culturelle.

La dimension métacognitive correspond à la capacité de prendre conscience de ses propres biais culturels et d’ajuster sa manière de penser et d’interagir en fonction du contexte. Par exemple, un manager français peut être habitué à exprimer ses critiques de manière très directe. Face à des interlocuteurs issus d’un contexte culturel où celles-ci sont formulées de façon plus implicite, il comprend que ce style peut être perçu comme trop abrupt. Il revoit alors son approche pour faciliter la coopération.

La dimension cognitive renvoie aux connaissances générales sur d’autres cultures, leurs normes et leurs pratiques : savoir, par exemple, qu’au Japon échanger une carte de visite suit un rituel précis, qu’en Allemagne tout retard est perçu comme un véritable manque de respect ou qu’aux États-Unis le small talk au cours d’une réunion est une étape incontournable avant d’entrer dans le vif du sujet.

La dimension motivationnelle reflète l’envie et la confiance nécessaires pour interagir avec des personnes culturellement différentes. On la retrouve, par exemple, chez des étudiants qui choisissent volontairement de rejoindre une équipe internationale même si cela demandera plus d’efforts de communication.

Enfin, la dimension comportementale désigne la faculté d’adapter concrètement ses comportements verbaux et non verbaux lors d’une interaction interculturelle. Cela peut impliquer de ralentir son débit de parole, de moduler le ton de sa voix ou encore d’ajuster la distance avec son interlocuteur, en fonction du contexte culturel.

Une compétence essentielle

De nombreuses recherches confirment les effets positifs de l’intelligence culturelle. À titre d’exemples, elle aide les expatriés à mieux s’adapter et à réduire leur anxiété, elle améliore le leadership et la performance des équipes multiculturelles, ou encore elle stimule la coopération et l’innovation en facilitant le partage de connaissances.

D’abord pensée pour accompagner les cadres en mission à l’étranger, l’intelligence culturelle est aujourd’hui reconnue comme une compétence essentielle dans de nombreux contextes : au travail, à l’école, mais aussi dans la vie quotidienne, partout où des personnes issues de cultures différentes se côtoient.

Les recherches montrent aussi que cette compétence peut s’apprendre et se développer. La formation interculturelle, qu’il s’agisse de cours, de jeux de rôle ou de simulations, permet de mieux décoder les différences culturelles. Cela dit, ce sont surtout les expériences immersives qui s’avèrent les plus efficaces : les projets en équipes multiculturelles ou les séjours à l’international renforcent de manière durable l’intelligence culturelle.

Ce que révèle une étude auprès d’élèves ingénieurs

L’intelligence culturelle concerne la grande majorité des étudiants, appelés à apprendre et à travailler dans des environnements multiculturels. C’est dans cette perspective que nous avons mené une étude auprès d’élèves ingénieurs en mobilité internationale pour comprendre comment cette expérience pouvait renforcer leur intelligence culturelle.

Concrètement, nous avons évalué leur intelligence culturelle à l’aide d’un questionnaire scientifiquement reconnu administré deux fois : avant leur départ et à leur retour de mobilité. Cette méthodologie longitudinale permet de comparer les niveaux initiaux et finaux et de mesurer l’évolution des différentes dimensions de l’intelligence culturelle.

Les résultats sont clairs : la mobilité internationale fait progresser significativement l’intelligence culturelle, surtout chez ceux qui avaient peu voyagé auparavant ou qui n’étaient pas spontanément ouverts aux autres cultures. Autrement dit, plus on est « novice », plus on progresse. C’est ce que nous appelons « l’effet première fois » : lors d’un premier contact prolongé avec une autre culture, chacun est amené à réviser ses repères.

Ces résultats ont des implications directes pour la formation des élèves ingénieurs. Une mobilité à l’international n’est pas seulement un atout à valoriser sur un CV : c’est une occasion unique de développer des compétences transversales désormais indispensables dans le monde du travail. Les employeurs attendent en effet de leurs collaborateurs qu’ils soient non seulement techniquement compétents, mais aussi capables de s’adapter à des environnements multiculturels et de coopérer efficacement au-delà des frontières.

Nos résultats vont dans le même sens que d’autres recherches qui montrent que l’intelligence culturelle dépasse largement le cadre des séjours à l’étranger. Elle favorise la coexistence pacifique en réduisant les préjugés, elle aide à mieux coopérer dans le travail ou dans les études, enfin, elle prépare chacun à évoluer dans des environnements internationaux. Les écoles et les universités jouent un rôle clé : en développant ces compétences, elles contribuent à former des professionnels plus adaptables, mais aussi à bâtir une société plus inclusive.


Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 3 au 13 octobre 2025), dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « Intelligence(s) ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Qu’est-ce que l’intelligence culturelle ? – https://theconversation.com/quest-ce-que-lintelligence-culturelle-265803

Supreme Court to decide if Colorado’s law banning conversion therapy violates free speech

Source: The Conversation – USA (3) – By Timothy R. Holbrook, Professor of Law, University of Denver

The US Supreme Court will hear oral arguments for yet another case involving the LGBTQ+ community. Saul Loeb/AFP via Getty Images

The constitutionality of a Colorado law that bans so-called “conversion therapy” is scheduled to go before the Supreme Court on Oct. 7, 2025. The question at the center of the case, Chiles v. Salazar, is whether a therapist who uses talk therapy to try to convince minors to change their sexual orientation or gender identity is protected by a First Amendment right to free speech.

Twenty-three other states and the District of Columbia also ban conversion therapy.

People stand behind a table cheering as a white man in a blue suit jacket signs bills into law.
Colorado Gov. Jared Polis is applauded as he signs a law banning the use of conversion therapy on minors.
Aaron Ontiveroz/The Denver Post via Getty Images

I am a legal scholar who has explored aspects of the rights of the LGBTQ+ community, and this case is an important test of the status of the community’s rights and protections at the Supreme Court.

Why it matters

The case has similarities to the court’s 2025 decision in United States v. Skrmetti that upheld state laws banning gender-affirming care for transgender minors, such as the use of puberty-blocking hormones. LGBTQ+ persons viewed those bans as hurting the community, whereas bans like Colorado’s on conversion therapy are viewed as protecting the community.

Technically, the legal issue in Skrmetti was different: The court addressed whether the ban violated the equal protection clause of the 14th Amendment, which prohibits states from discriminating against particular protected classes, such as race or gender, absent a particularly strong state interest. In the Skrmetti decision, the court held there was no discrimination on the basis of sex, which meant the law received no heightened scrutiny.

Instead, the court assessed whether there was a “rational basis” for the law and held that Tennessee had “plausible reasons” for the ban: protecting minors from harms such as sterility and treatments whose long-term effects are unclear. The court upheld the law banning gender-affirming care even though major U.S. medical professional associations oppose such bans and support such care.

The facts of Chiles

In Chiles, the issue is freedom of speech, not equal protection. But this time the Colordo ban on conversion therapy aligns with leading medical associations.

Kaley Chiles is a licensed professional counselor who uses talk therapy in her counseling practice. Chiles identifies as Christian and often works with Christian clients. Chiles “does not try to help minors change their attractions, behavior, or identity, when her minor clients tell her they are not seeking such change.” She would like to use talk therapy with clients “who have same-sex attractions or gender identity confusion and who also prioritize their faith above their feelings” and who “are seeking to live a life consistent with their faith,” according to court filings.

Chiles sued Colorado to invalidate the statute as unconstitutional for violating her freedom of speech and religion under the First Amendment of the U.S. Constitution. Both the federal district court in Colorado and the U.S. Court of Appeals for the 10th Circuit denied her request for a preliminary injunction, rejecting both arguments.

The Supreme Court agreed only to hear her free speech claim, leaving the 10th Circuit’s rejection of her religious liberty claim in place.

Is ‘talk therapy’ speech or conduct?

The Supreme Court first will need to address whether talk therapy is protected speech under the First Amendment. This decision likely will determine the case’s outcome.

Chiles contends that talk therapy is protected speech and that Colorado is impermissibly regulating the content of her potential speech. The law permits her to help minor clients embrace their sexual orientation or gender identity through talk therapy but not to change it. If this therapy is speech, it would be regulating the content of her speech because the law determines what can and cannot be said. Affirming talk therapy is allowed, but conversion therapy is prohibited.

Colorado, however, insists that the statute regulates medical conduct, which is not protected by the First Amendment, even if there is an incidental burden on speech.

A state undisputably can regulate medical activity, such as the prescription of a medicine. If the therapy involved the use of medicines, there would be no dispute because no speech would be involved. The Colorado conversion therapy ban is part of a broader statute, the Mental Health Practice Act, which prohibits acts that could harm patients. Thus, talk therapy, according to Colorado, is treatment – like providing medicine – that the state is free to regulate.

Conversion therapy is also deemed ineffective and harmful to children by leading medical associations, such as the American Psychiatric Association and the American Medical Association. The 10th Circuit noted that the Colorado ban regulates treatment, not expression, because Chiles is free to share her views on conversion therapy, even with minors. She simply cannot engage in actual therapy under the law.

People with protest and support signs stand outside of the U.S. Supreme Court building.
Members of both sides of the debate stand in front of the U.S. Supreme Court on Dec. 5, 2022. The high court heard oral arguments in a case involving the owner of a website design company in Colorado who refused to create websites for same-sex weddings despite a state antidiscrimination law.
Kent Nishimura/Getty Images

The Supreme Court will need to decide whether talk therapy is speech or conduct. The court often takes a broad view of what constitutes speech, particularly in the area of LGBTQ+ rights. In 303 Creative LLC v. Elenis, another case out of Colorado, the court held that creating a wedding webpage was deemed protected speech. This 2023 decision permitted the webpage designer to deny services to same-sex couples requesting webpages for their weddings, in violation of Colorado’s law prohibiting sexual orientation discrimination.

If the court concludes that conversion therapy is conduct, then the Colorado law is subject to the same standard used in Skrmetti – rational basis – and likely will survive. In light of 303 Creative, however, the court may deem it speech.

If talk therapy is speech, can Colorado ban it?

Simply because an act constitutes speech protected by the First Amendment does not mean the state cannot regulate it. For example, the state can rightly regulate defamatory statements or obscene material.

Courts, however, apply an exacting standard of review, known as strict scrutiny, and rarely does a law survive such analysis. Colorado must show that its ban on conversion therapy is narrowly tailored to achieve a compelling state interest. Colorado contends that ensuring minors receive safe and effective mental health care is a compelling interest, and the law is narrowly tailored because “(i)t prohibits only specific harmful treatment while leaving therapists free to engage in any other appropriate therapy.”

Chiles’ strongest argument is that the law is not narrowly tailored for a number of reasons. Chiles contends the law is too broad because it bans more speech than necessary to protect against any harms to LGBTQ+ minors, including any therapy to change behavior, expression, identity or feeling.

For example, she argues she could not counsel a gay client toward celibacy. It is also not properly tailored, Chiles argues, because it exposes minors to the harms of conversion therapy by its omissions: It applies only to licensed mental health professionals and not others, such as life coaches, and it applies only to minors. If conversion therapy is as harmful as Colorado alleges, these gaps show the lack of proper tailoring, says Chiles.

The court has frequently struck down laws that regulate the content of speech. If the court concludes that talk therapy is protected speech, it is likely the court will find the Colorado ban on conversion therapy unconstitutional.

Such a decision would contrast sharply with Skrmetti. If the court strikes down the Colorado law, then a law meant to protect LGBTQ+ minors will be invalidated while one deemed harmful to trans minors will stand.

The court again will have gone against the predominant view of medical experts in a way detrimental to the LGBTQ+ community, potentially adding to criticism of the Supreme Court as being too political.

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The Conversation

Timothy R. Holbrook does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Supreme Court to decide if Colorado’s law banning conversion therapy violates free speech – https://theconversation.com/supreme-court-to-decide-if-colorados-law-banning-conversion-therapy-violates-free-speech-265529