Comment un médicament essentiel de la médecine moderne a été découvert sur l’île de Pâques

Source: The Conversation – France in French (3) – By Ted Powers, Professor of Molecular and Cellular Biology, University of California, Davis

Le peuple Rapa Nui est pratiquement absent de l’histoire de la découverte de la rapamycine telle qu’elle est généralement racontée. Posnov/Moment/Getty

La découverte en 1964, sur l’île de Pâques, de la rapamycine, un nouvel antibiotique, a marqué le début d’une success story pharmaceutique à plusieurs milliards de dollars. Pourtant, l’histoire a complètement occulté les individus et les dynamiques politiques qui ont rendu possible l’identification de ce « médicament miracle ».


Baptisé du nom autochtone de l’île, Rapa Nui, la rapamycine a initialement été employée comme immunosuppresseur, afin de prévenir le rejet des greffes d’organes et d’améliorer le taux de succès de l’implantation de stents, de petits treillis métalliques destinés à étayer les artères dans le cadre de la lutte contre la maladie coronarienne (laquelle se traduit par rétrécissement progressif des artères qui nourrissent le cœur, ndlr).

Son usage s’est depuis étendu au traitement de divers types de cancers, et les chercheurs explorent aujourd’hui son potentiel dans le contexte de la prise en charge du diabète,

des maladies neurodégénératives, voire de la lutte contre les méfaits du vieillissement. Ainsi, des études mettant en évidence la capacité de la rapamycine à prolonger la durée de vie ou à combattre les maladies liées à l’âge semblent paraître presque quotidiennement depuis quelque temps… Une requête sur PubMed, le moteur de recherche recense plus de 59 000 articles mentionnant la rapamycine. Il s’agit de l’un des médicaments qui fait le plus parler de lui dans le domaine médical.

Cependant, bien que la rapamycine soit omniprésente en science et en médecine, la façon dont elle a été découverte demeure largement méconnue du public. En tant que scientifique ayant consacré sa carrière à l’étude de ses effets sur les cellules, j’ai ressenti le besoin de mieux comprendre son histoire.

À ce titre, les travaux de l’historienne Jacalyn Duffin portant sur la Medical Expedition to Easter Island (METEI), une expédition scientifique mise sur pied dans les années 1960, ont complètement changé la manière dont nombre de mes collègues et moi-même envisageons désormais notre domaine de recherche.

La découverte du complexe héritage de la rapamycine soulève en effet d’importantes questions sur les biais systémiques qui existent dans le secteur de la recherche biomédicale, ainsi que sur la dette des entreprises pharmaceutiques envers les territoires autochtones d’où elles extraient leurs molécules phares.

Pourquoi un tel intérêt pour la rapamycine ?

L’action de la rapamycine s’explique par sa capacité à inhiber une protéine appelée target of rapamycin kinase, ou TOR. Cette dernière est l’un des principaux régulateurs de la croissance et du métabolisme cellulaires. De concert avec d’autres protéines partenaires, TOR contrôle la manière dont les cellules répondent aux nutriments, au stress et aux signaux environnementaux, influençant ainsi des processus majeurs tels que la synthèse protéique et la fonction immunitaire.

Compte tenu de son rôle central dans ces activités cellulaires fondamentales, il n’est guère surprenant qu’un dysfonctionnement de TOR puisse se traduire par la survenue de cancers, de troubles métaboliques ou de maladies liées à l’âge.

Structure chimique de la rapamycine
Structure chimique de la rapamycine.
Fvasconcellos/Wikimedia

Un grand nombre des spécialistes du domaine savent que cette molécule a été isolée au milieu des années 1970 par des scientifiques travaillant au sein du laboratoire pharmaceutique Ayerst Research Laboratories, à partir d’un échantillon de sol contenant la bactérie Streptomyces hydroscopicus. Ce que l’on sait moins, c’est que cet échantillon a été prélevé dans le cadre d’une mission canadienne appelée Medical Expedition to Easter Island, ou METEI, menée à Rapa Nui – l’Île de Pâques – en 1964.

Histoire de la METEI

L’idée de la Medical Expedition to Easter Island (METEI) a germé au sein d’une équipe de scientifiques canadiens composée du chirurgien Stanley Skoryna et du bactériologiste Georges Nogrady. Leur objectif était de comprendre comment une population isolée s’adaptait au stress environnemental. Ils estimaient que la prévision de la construction d’un aéroport international sur l’île de Pâques offrait une occasion unique d’éclairer cette question. Selon eux, en accroissant les contacts de la population de l’île avec l’extérieur, l’aéroport risquait d’entraîner des changements dans sa santé et son bien-être.

Financée par l’Organisation mondiale de la santé, et soutenue logistiquement par la Marine royale canadienne, la METEI arriva à Rapa Nui en décembre 1964. Durant trois mois, l’équipe fit passer à la quasi-totalité des 1 000 habitants de l’île toute une batterie d’examens médicaux, collectant des échantillons biologiques et procédant à un inventaire systématique de la flore et de la faune insulaires.

Dans le cadre de ces travaux, Georges Nogrady recueillit plus de 200 échantillons de sol, dont l’un s’est avéré contenir la souche de bactéries Streptomyces productrice de rapamycine.

Affiche du mot METEI écrit verticalement entre l’arrière de deux têtes de moaï, avec l’inscription « 1964-1965 RAPA NUI INA KA HOA (N’abandonnez pas le navire) »
Logo du METEI.
Georges Nogrady, CC BY-NC-ND

Il est important de comprendre que l’objectif premier de l’expédition était d’étudier le peuple de Rapa Nui, dans un contexte qui était vu comme celui d’un laboratoire à ciel ouvert. Pour encourager les habitants à participer, les chercheurs n’ont pas hésité à recourir à la corruption, leur offrant des cadeaux, de la nourriture et diverses fournitures. Ils ont également eu recours à la coercition : à cet effet, ils se sont assuré les services d’un prêtre franciscain en poste de longue date sur l’île pour les aider au recrutement. Si leurs intentions étaient peut-être honorables, il s’agit néanmoins là d’un exemple de colonialisme scientifique dans lequel une équipe d’enquêteurs blancs choisit d’étudier un groupe majoritairement non blanc sans son concours, ce qui crée un déséquilibre de pouvoir. Un biais inhérent à l’expédition existait donc dès la conception de la METEI.

Par ailleurs, plusieurs des hypothèses de départ avaient été formulées sur des bases erronées. D’une part, les chercheurs supposaient que les habitants de Rapa Nui avaient été relativement isolés du reste du monde, alors qu’il existait en réalité une longue histoire d’interactions avec des pays extérieurs, comme en témoignaient divers récits dont les plus anciens remontaient au début du XVIIIe siècle, et dont les publications s’étalaient jusqu’à la fin du XIXe siècle.

D’autre part, les organisateurs de la METEI partaient du postulat que le bagage génétique de la population de Rapa Nui était homogène, sans tenir compte de la complexe histoire de l’île en matière de migrations, d’esclavage et de maladies (certains habitants étaient en effet les descendants de survivants de la traite des esclaves africains qui furent renvoyés sur l’île et y apportèrent certaines maladies, dont la variole). La population moderne de Rapa Nui est en réalité métissée, issue à la fois d’ancêtres polynésiens, sud-américains, voire africains.

Cette erreur d’appréciation a sapé l’un des objectifs clés du METEI : évaluer l’influence de la génétique sur le risque de maladie. Si l’équipe a publié un certain nombre d’études décrivant la faune associée à Rapa Nui, son incapacité à établir une base de référence est probablement l’une des raisons pour lesquelles aucune étude de suivi n’a été menée après l’achèvement de l’aéroport de l’île de Pâques en 1967.

Rendre crédit à qui de droit

Les omissions qui existent dans les récits sur les origines de la rapamycine sont le reflet d’angles morts éthiques fréquemment présents dans la manière dont on se souvient des découvertes scientifiques.

Georges Nogrady rapporta de Rapa Nui des échantillons de sol, dont l’un parvint à Ayerst Research Laboratories. Là, Surendra Sehgal et son équipe isolèrent ce qui fut nommé rapamycine, qu’ils finirent par commercialiser à la fin des années 1990 en tant qu’immunosuppresseur, sous le nom Rapamune. Si l’on connaît bien l’obstination de Sehgal, qui fut déterminante pour mener à bien le projet en dépit des bouleversements qui agitaient à cette époque la société pharmaceutique pour laquelle il travaillait – il alla même jusqu’à dissimuler une culture de bactéries chez lui – ni Nogrady ni la METEI ne furent jamais crédités dans les principaux articles scientifiques qu’il publia.

Bien que la rapamycine ait généré des milliards de dollars de revenus, le peuple de Rapa Nui n’en a tiré aucun bénéfice financier à ce jour. Cela soulève des questions sur les droits des peuples autochtones ainsi que sur la biopiraterie (qui peut être définie comme « l’appropriation illégitime par un sujet, notamment par voie de propriété intellectuelle, parfois de façon illicite, de ressources naturelles, et/ou éventuellement de ressources culturelles en lien avec elles, au détriment d’un autre sujet », ndlr), autrement dit dans ce contexte la commercialisation de connaissances autochtones sans contrepartie.

Des accords tels que la Convention des Nations unies de 1992 sur la diversité biologique et la Déclaration de 2007 sur les droits des peuples autochtones visent à protéger les revendications autochtones sur les ressources biologiques, en incitant tous les pays à obtenir le consentement et la participation des populations concernées, et à prévoir des réparations pour les préjudices potentiels avant d’entreprendre des projets.

Ces principes n’étaient cependant pas en vigueur à l’époque du METEI.

Gros plans de visages alignés portant des couronnes de fleurs dans une pièce sombre
Les habitants de Rapa Nui n’ont reçu que peu ou pas de reconnaissance pour leur rôle dans la découverte de la rapamycine.
Esteban Felix/AP Photo

Certaines personnes soutiennent que, puisque la bactérie productrice de rapamycine a été trouvée ailleurs que dans le sol de l’île de Pâques, ce dernier n’était ni unique ni essentiel à la découverte du médicament. D’autres avancent aussi qu’étant donné que les insulaires n’utilisaient pas la rapamycine et n’en connaissaient pas l’existence sur leur île, cette molécule ne constituait pas une ressource susceptible d’être « volée ».

Cependant, la découverte de la rapamycine à Rapa Nui a jeté les bases de l’ensemble des recherches et de la commercialisation ultérieures autour de cette molécule. Cela n’a été possible que parce que la population a été l’objet de l’étude montée par l’équipe canadienne. La reconnaissance formelle du rôle essentiel joué par les habitants de Rapa Nui dans la découverte de la rapamycine, ainsi que la sensibilisation du public à ce sujet, sont essentielles pour les indemniser à hauteur de leur contribution.

Ces dernières années, l’industrie pharmaceutique a commencé à reconnaître l’importance d’indemniser équitablement les contributions autochtones. Certaines sociétés se sont engagées à réinvestir dans les communautés d’où proviennent les précieux produits naturels qu’elles exploitent.

Toutefois, s’agissant des Rapa Nui, les entreprises qui ont directement tiré profit de la rapamycine n’ont pas encore fait un tel geste.

Si la découverte de la rapamycine a sans conteste transformé la médecine, il est plus complexe d’évaluer les conséquences pour le peuple de Rapa Nui de l’expédition METEI. En définitive, son histoire est à la fois celle d’un triomphe scientifique et d’ambiguïtés sociales.

Je suis convaincu que les questions qu’elle soulève (consentement biomédical, colonialisme scientifique et occultation de certaines contributions) doivent nous faire prendre conscience qu’il est nécessaire d’examiner de façon plus critique qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent les héritages des découvertes scientifiques majeures.

The Conversation

Ted Powers ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Comment un médicament essentiel de la médecine moderne a été découvert sur l’île de Pâques – https://theconversation.com/comment-un-medicament-essentiel-de-la-medecine-moderne-a-ete-decouvert-sur-lile-de-paques-266381

Comment un médicament à un milliard de dollars a été découvert dans le sol de l’Île de Pâques (et ce que les scientifiques et l’industrie doivent aux peuples autochtones)

Source: The Conversation – France in French (3) – By Ted Powers, Professor of Molecular and Cellular Biology, University of California, Davis

Le peuple Rapa Nui est pratiquement absent de l’histoire de la découverte de la rapamycine telle qu’elle est généralement racontée. Posnov/Moment/Getty

La découverte en 1964, sur l’île de Pâques, de la rapamycine, un nouvel antibiotique, a marqué le début d’une success story pharmaceutique à plusieurs milliards de dollars. Pourtant, l’histoire a complètement occulté les individus et les dynamiques politiques qui ont rendu possible l’identification de ce « médicament miracle ».


Baptisé du nom autochtone de l’île, Rapa Nui, la rapamycine a initialement été employée comme immunosuppresseur, afin de prévenir le rejet des greffes d’organes et d’améliorer le taux de succès de l’implantation de stents, de petits treillis métalliques destinés à étayer les artères dans le cadre de la lutte contre la maladie coronarienne (laquelle se traduit par rétrécissement progressif des artères qui nourrissent le cœur, ndlr).

Son usage s’est depuis étendu au traitement de divers types de cancers, et les chercheurs explorent aujourd’hui son potentiel dans le contexte de la prise en charge du diabète,

des maladies neurodégénératives, voire de la lutte contre les méfaits du vieillissement. Ainsi, des études mettant en évidence la capacité de la rapamycine à prolonger la durée de vie ou à combattre les maladies liées à l’âge semblent paraître presque quotidiennement depuis quelque temps… Une requête sur PubMed, le moteur de recherche recense plus de 59 000 articles mentionnant la rapamycine. Il s’agit de l’un des médicaments qui fait le plus parler de lui dans le domaine médical.

Cependant, bien que la rapamycine soit omniprésente en science et en médecine, la façon dont elle a été découverte demeure largement méconnue du public. En tant que scientifique ayant consacré sa carrière à l’étude de ses effets sur les cellules, j’ai ressenti le besoin de mieux comprendre son histoire.

À ce titre, les travaux de l’historienne Jacalyn Duffin portant sur la Medical Expedition to Easter Island (METEI), une expédition scientifique mise sur pied dans les années 1960, ont complètement changé la manière dont nombre de mes collègues et moi-même envisageons désormais notre domaine de recherche.

La découverte du complexe héritage de la rapamycine soulève en effet d’importantes questions sur les biais systémiques qui existent dans le secteur de la recherche biomédicale, ainsi que sur la dette des entreprises pharmaceutiques envers les territoires autochtones d’où elles extraient leurs molécules phares.

Pourquoi un tel intérêt pour la rapamycine ?

L’action de la rapamycine s’explique par sa capacité à inhiber une protéine appelée target of rapamycin kinase, ou TOR. Cette dernière est l’un des principaux régulateurs de la croissance et du métabolisme cellulaires. De concert avec d’autres protéines partenaires, TOR contrôle la manière dont les cellules répondent aux nutriments, au stress et aux signaux environnementaux, influençant ainsi des processus majeurs tels que la synthèse protéique et la fonction immunitaire.

Compte tenu de son rôle central dans ces activités cellulaires fondamentales, il n’est guère surprenant qu’un dysfonctionnement de TOR puisse se traduire par la survenue de cancers, de troubles métaboliques ou de maladies liées à l’âge.

Structure chimique de la rapamycine
Structure chimique de la rapamycine.
Fvasconcellos/Wikimedia

Un grand nombre des spécialistes du domaine savent que cette molécule a été isolée au milieu des années 1970 par des scientifiques travaillant au sein du laboratoire pharmaceutique Ayerst Research Laboratories, à partir d’un échantillon de sol contenant la bactérie Streptomyces hydroscopicus. Ce que l’on sait moins, c’est que cet échantillon a été prélevé dans le cadre d’une mission canadienne appelée Medical Expedition to Easter Island, ou METEI, menée à Rapa Nui – l’Île de Pâques – en 1964.

Histoire de la METEI

L’idée de la Medical Expedition to Easter Island (METEI) a germé au sein d’une équipe de scientifiques canadiens composée du chirurgien Stanley Skoryna et du bactériologiste Georges Nogrady. Leur objectif était de comprendre comment une population isolée s’adaptait au stress environnemental. Ils estimaient que la prévision de la construction d’un aéroport international sur l’île de Pâques offrait une occasion unique d’éclairer cette question. Selon eux, en accroissant les contacts de la population de l’île avec l’extérieur, l’aéroport risquait d’entraîner des changements dans sa santé et son bien-être.

Financée par l’Organisation mondiale de la santé, et soutenue logistiquement par la Marine royale canadienne, la METEI arriva à Rapa Nui en décembre 1964. Durant trois mois, l’équipe fit passer à la quasi-totalité des 1 000 habitants de l’île toute une batterie d’examens médicaux, collectant des échantillons biologiques et procédant à un inventaire systématique de la flore et de la faune insulaires.

Dans le cadre de ces travaux, Georges Nogrady recueillit plus de 200 échantillons de sol, dont l’un s’est avéré contenir la souche de bactéries Streptomyces productrice de rapamycine.

Affiche du mot METEI écrit verticalement entre l’arrière de deux têtes de moaï, avec l’inscription « 1964-1965 RAPA NUI INA KA HOA (N’abandonnez pas le navire) »
Logo du METEI.
Georges Nogrady, CC BY-NC-ND

Il est important de comprendre que l’objectif premier de l’expédition était d’étudier le peuple de Rapa Nui, dans un contexte qui était vu comme celui d’un laboratoire à ciel ouvert. Pour encourager les habitants à participer, les chercheurs n’ont pas hésité à recourir à la corruption, leur offrant des cadeaux, de la nourriture et diverses fournitures. Ils ont également eu recours à la coercition : à cet effet, ils se sont assuré les services d’un prêtre franciscain en poste de longue date sur l’île pour les aider au recrutement. Si leurs intentions étaient peut-être honorables, il s’agit néanmoins là d’un exemple de colonialisme scientifique dans lequel une équipe d’enquêteurs blancs choisit d’étudier un groupe majoritairement non blanc sans son concours, ce qui crée un déséquilibre de pouvoir. Un biais inhérent à l’expédition existait donc dès la conception de la METEI.

Par ailleurs, plusieurs des hypothèses de départ avaient été formulées sur des bases erronées. D’une part, les chercheurs supposaient que les habitants de Rapa Nui avaient été relativement isolés du reste du monde, alors qu’il existait en réalité une longue histoire d’interactions avec des pays extérieurs, comme en témoignaient divers récits dont les plus anciens remontaient au début du XVIIIe siècle, et dont les publications s’étalaient jusqu’à la fin du XIXe siècle.

D’autre part, les organisateurs de la METEI partaient du postulat que le bagage génétique de la population de Rapa Nui était homogène, sans tenir compte de la complexe histoire de l’île en matière de migrations, d’esclavage et de maladies (certains habitants étaient en effet les descendants de survivants de la traite des esclaves africains qui furent renvoyés sur l’île et y apportèrent certaines maladies, dont la variole). La population moderne de Rapa Nui est en réalité métissée, issue à la fois d’ancêtres polynésiens, sud-américains, voire africains.

Cette erreur d’appréciation a sapé l’un des objectifs clés du METEI : évaluer l’influence de la génétique sur le risque de maladie. Si l’équipe a publié un certain nombre d’études décrivant la faune associée à Rapa Nui, son incapacité à établir une base de référence est probablement l’une des raisons pour lesquelles aucune étude de suivi n’a été menée après l’achèvement de l’aéroport de l’île de Pâques en 1967.

Rendre crédit à qui de droit

Les omissions qui existent dans les récits sur les origines de la rapamycine sont le reflet d’angles morts éthiques fréquemment présents dans la manière dont on se souvient des découvertes scientifiques.

Georges Nogrady rapporta de Rapa Nui des échantillons de sol, dont l’un parvint à Ayerst Research Laboratories. Là, Surendra Sehgal et son équipe isolèrent ce qui fut nommé rapamycine, qu’ils finirent par commercialiser à la fin des années 1990 en tant qu’immunosuppresseur, sous le nom Rapamune. Si l’on connaît bien l’obstination de Sehgal, qui fut déterminante pour mener à bien le projet en dépit des bouleversements qui agitaient à cette époque la société pharmaceutique pour laquelle il travaillait – il alla même jusqu’à dissimuler une culture de bactéries chez lui – ni Nogrady ni la METEI ne furent jamais crédités dans les principaux articles scientifiques qu’il publia.

Bien que la rapamycine ait généré des milliards de dollars de revenus, le peuple de Rapa Nui n’en a tiré aucun bénéfice financier à ce jour. Cela soulève des questions sur les droits des peuples autochtones ainsi que sur la biopiraterie (qui peut être définie comme « l’appropriation illégitime par un sujet, notamment par voie de propriété intellectuelle, parfois de façon illicite, de ressources naturelles, et/ou éventuellement de ressources culturelles en lien avec elles, au détriment d’un autre sujet », ndlr), autrement dit dans ce contexte la commercialisation de connaissances autochtones sans contrepartie.

Des accords tels que la Convention des Nations unies de 1992 sur la diversité biologique et la Déclaration de 2007 sur les droits des peuples autochtones visent à protéger les revendications autochtones sur les ressources biologiques, en incitant tous les pays à obtenir le consentement et la participation des populations concernées, et à prévoir des réparations pour les préjudices potentiels avant d’entreprendre des projets.

Ces principes n’étaient cependant pas en vigueur à l’époque du METEI.

Gros plans de visages alignés portant des couronnes de fleurs dans une pièce sombre
Les habitants de Rapa Nui n’ont reçu que peu ou pas de reconnaissance pour leur rôle dans la découverte de la rapamycine.
Esteban Felix/AP Photo

Certaines personnes soutiennent que, puisque la bactérie productrice de rapamycine a été trouvée ailleurs que dans le sol de l’île de Pâques, ce dernier n’était ni unique ni essentiel à la découverte du médicament. D’autres avancent aussi qu’étant donné que les insulaires n’utilisaient pas la rapamycine et n’en connaissaient pas l’existence sur leur île, cette molécule ne constituait pas une ressource susceptible d’être « volée ».

Cependant, la découverte de la rapamycine à Rapa Nui a jeté les bases de l’ensemble des recherches et de la commercialisation ultérieures autour de cette molécule. Cela n’a été possible que parce que la population a été l’objet de l’étude montée par l’équipe canadienne. La reconnaissance formelle du rôle essentiel joué par les habitants de Rapa Nui dans la découverte de la rapamycine, ainsi que la sensibilisation du public à ce sujet, sont essentielles pour les indemniser à hauteur de leur contribution.

Ces dernières années, l’industrie pharmaceutique a commencé à reconnaître l’importance d’indemniser équitablement les contributions autochtones. Certaines sociétés se sont engagées à réinvestir dans les communautés d’où proviennent les précieux produits naturels qu’elles exploitent.

Toutefois, s’agissant des Rapa Nui, les entreprises qui ont directement tiré profit de la rapamycine n’ont pas encore fait un tel geste.

Si la découverte de la rapamycine a sans conteste transformé la médecine, il est plus complexe d’évaluer les conséquences pour le peuple de Rapa Nui de l’expédition METEI. En définitive, son histoire est à la fois celle d’un triomphe scientifique et d’ambiguïtés sociales.

Je suis convaincu que les questions qu’elle soulève (consentement biomédical, colonialisme scientifique et occultation de certaines contributions) doivent nous faire prendre conscience qu’il est nécessaire d’examiner de façon plus critique qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent les héritages des découvertes scientifiques majeures.

The Conversation

Ted Powers ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Comment un médicament à un milliard de dollars a été découvert dans le sol de l’Île de Pâques (et ce que les scientifiques et l’industrie doivent aux peuples autochtones) – https://theconversation.com/comment-un-medicament-a-un-milliard-de-dollars-a-ete-decouvert-dans-le-sol-de-lile-de-paques-et-ce-que-les-scientifiques-et-lindustrie-doivent-aux-peuples-autochtones-266381

Why coral reefs damaged by blast fishing struggle to recover — even after decades

Source: The Conversation – Indonesia – By Satrio Hani Samudra, Data Manager, UCL

When we think about rapid decline in coral reefs, climate change often first that comes to mind — bringing heatwaves, bleaching events, and intensified cyclones.

But in parts of Indonesia, an old, lasting wound still lingers beneath the waves — inflicted not just by warming seas, but also by explosives.

Blast fishing — where fishers hurl homemade bombs made from fertiliser and kerosene into the sea — is still being used.

This illegal fishing method kills fish instantly for easy collection. As an shattering coral reefs into rubble and wiping out entire reef communities within seconds.

Unlike a fallen tree that can grow back, our research shows that a reef shattered into fragments usually cannot — and may remain damaged for decades.

Rubble that refuses to rest

At first glance, rubble might seem like a natural stage of reef recovery. Storms and cyclones can also break corals into fragments that sometimes stabilise and form a foundation for new coral growth. But rubble from blast fishing is different.

The explosions break corals into much smaller pieces — usually less than 10 cm long. These fragments are light, unstable, and easily swept around by everyday waves and currents. It’s like trying to build a house on marbles instead of bricks: every time you add a piece, the foundation shifts beneath it.

In our surveys across Bunaken National Park in North Sulawesi, we found fewer than 10% of coral fragments stable. Even organisms that typically help “glue” rubble together, such as coralline algae and sponges, were rare. Without stability, young corals struggle to survive — often buried, overturned, or scraped away.

Mixed outcomes from early restoration efforts

One of our study sites underwent “restoration” back in 2003, using ceramic dome-like structures known as EcoReefs. These modules were designed to mimic coral branches, slow currents, and give rubble a chance to stabilise.

Two decades later, the results were underwhelming. Many modules had been overturned or buried, and although some supported coral growth, overall coral cover remained extremely low. In fact, the restored site fared no better than nearby unrestored areas.

Elsewhere in Indonesia, newer methods such as Mars’s “reef stars” have shown faster recovery. These structures are more effective at stabilising rubble, but they still depend heavily on regular maintenance and monitoring.

When restoration falls short of expectations

Blast fishing is not just a relic of the past. Despite being banned for decades, it still takes place illegally in parts of Indonesia.

Moreover, the legacy of past blasting is immense — vast stretches of reef reduced to rubble, showing no sign of natural recovery.

Our research underscores three key lessons:

  • Not all rubble is the same. Storm-generated rubble is usually larger and more stable, allowing recovery to occur, whereas blast-generated rubble remains persistently unstable.

  • Size matters: longer coral fragments are more likely to stay in place, bind together, and support young corals — whereas blasts mostly produce small pieces that shift too easily.

  • Restoration requires care: structures alone won’t save a reef — interventions must be adapted to local conditions and sustained with ongoing maintenance.

Supporting reef recovery

We found that rubble from blast fishing remains unstable even after decades, with small fragments constantly shifting and preventing young corals from settling and growing. In contrast, larger pieces were more likely to stay in place, bind together, and support new coral recruits.

Our findings suggest that blast-fished reefs are unlikely to recover naturally without human intervention. Restoration must prioritise stabilising the rubble bed and employing structures suited to the site’s specific rubble characteristics. Success depends not only on installing these structures but also on maintaining them over time.

Reef managers should also identify and assess the origin of rubble, characterise the fields and fragments, and select suitable intervention methods before taking action, as we did in our study.

Coral reefs require long-term care to survive, thrive, and keep providing food, coastal protection, and tourism opportunities for millions of people. Successful restoration depends not only on the interventions themselves but also on sustained monitoring and responsible stewardship of the broader environment.

Restoration and responsible stewardship can safeguard the ecological and social benefits of coral reefs. Ultimately, giving degraded reefs a second chance is vital both for the communities that depend on them and for the biodiversity that makes them extraordinary.

The Conversation

Para penulis tidak bekerja, menjadi konsultan, memiliki saham atau menerima dana dari perusahaan atau organisasi mana pun yang akan mengambil untung dari artikel ini, dan telah mengungkapkan bahwa ia tidak memiliki afiliasi di luar afiliasi akademis yang telah disebut di atas.

ref. Why coral reefs damaged by blast fishing struggle to recover — even after decades – https://theconversation.com/why-coral-reefs-damaged-by-blast-fishing-struggle-to-recover-even-after-decades-265733

Por qué la interceptación de la flotilla de ayuda a Gaza es una clara violación del derecho internacional

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Donald Rothwell, Professor of International Law, Australian National University

Las Fuerzas de Defensa de Israel han interceptado una flotilla de buques humanitarios que intentaban llevar ayuda a Gaza, tomando el control de varios barcos y deteniendo a numerosos activistas, entre ellos Greta Thunberg.

Las interceptaciones tuvieron lugar en el mar Mediterráneo, entre 70 y 80 millas náuticas de la costa de Gaza. Se trata de aguas internacionales en las que existe la libertad de navegación para todos los buques.

Israel ha respondido argumentando que tiene un bloqueo marítimo que prohíbe la entrada a Gaza de buques extranjeros. También ha sugerido que la flotilla contaba con el apoyo de Hamás, una afirmación que los organizadores han desmentido tajantemente.

Flotillas de ayuda humanitaria a Gaza

La Flotilla Global Sumud estaba compuesta por más de 40 barcos que transportaban ayuda humanitaria (alimentos, suministros médicos y otros artículos esenciales), junto con varios cientos de parlamentarios, abogados y activistas de docenas de países.

La flotilla partió de España a finales de agosto y ha estado navegando hacia el este, con escalas en Túnez, Italia y Grecia. Durante el trayecto, los gobiernos italiano, español y griego desplegaron escoltas navales para garantizar su paso seguro.

Los pasajeros de los barcos denunciaron que habían sido acosados por drones en múltiples puntos del viaje.

Esta campaña es la última versión de un movimiento que existe desde hace más de 15 años para desafiar el bloqueo prolongado de Israel sobre la Franja de Gaza.

A principios de este año, un barco llamado Conscience que transportaba activistas y ayuda humanitaria con destino a Gaza fue alcanzado por explosiones frente a la costa de Malta.

Israel interceptó entonces el Madleen, con Thunberg y otros activistas a bordo, en junio, y el Handala en julio.

Y en 2010, una flotilla intentó llegar a Gaza con ayuda humanitaria y cientos de activistas. Comandos israelíes abordaron el Mavi Marmara, de bandera turca, lo que provocó un enfrentamiento violento que causó la muerte de diez activistas. Las muertes provocaron una condena generalizada y tensaron las relaciones entre Israel y Turquía durante años.

La legalidad del bloqueo naval de Gaza

El derecho internacional relativo a las acciones de los barcos de la flotilla y la capacidad de intervención de Israel es complejo.

Israel ha impuesto bloqueos a Gaza de diversas formas durante casi 20 años.

La base jurídica de los bloqueos y su compatibilidad con el derecho internacional, en particular el derecho del mar, ha sido objeto de controversia, lo que se puso de manifiesto durante una investigación de la ONU que siguió al incidente del Mavi Marmara.

Actualmente se considera a Israel una potencia ocupante en Gaza en virtud del derecho internacional.

Las funciones de las potencias ocupantes se codificaron en el Cuarto Convenio de Ginebra de 1949 y se basaron en las obligaciones legales que las potencias aliadas asumieron en Alemania y Japón al final de la Segunda Guerra Mundial. El Convenio de Ginebra establece un marco jurídico claro para las potencias ocupantes.

En las últimas décadas, Israel ha sido tanto una potencia ocupante de jure (reconocida por la ley) como de facto en Palestina.

En 2024, la Corte Internacional de Justicia dictaminó que la ocupación de los territorios palestinos era ilegal según el derecho internacional.

Como potencia ocupante, Israel controla todo el acceso a Gaza, ya sea por tierra, aire o mar. Los camiones de ayuda solo pueden entrar en este territorio palestino bajo estrictos controles. Los lanzamientos de ayuda de las fuerzas aéreas extranjeras que se han producido en los últimos meses también solo se han permitido bajo el estricto control de Israel.

Desde que comenzó la guerra, ha llegado muy poca ayuda por mar, ya que Israel ha restringido severamente el acceso marítimo. En 2024, Estados Unidos construyó un muelle flotante frente a la costa para entregar ayuda, pero pronto se abandonó debido a problemas meteorológicos, de seguridad y técnicos.

Sin embargo, esto indicaba claramente que Israel estaba dispuesto a permitir el flujo de ayuda marítima de su aliado más cercano, Estados Unidos. Esta excepción al bloqueo no se aplicó a otros actores humanitarios.

Interceptación de barcos en aguas internacionales

Aunque la entrega de ayuda por mar es legalmente problemática en este momento, la capacidad de Israel para interrumpir las flotillas tiene sus límites. La libertad de navegación es fundamental para el derecho del mar. Como tal, la flotilla tiene derecho a navegar sin obstáculos por el mar Mediterráneo.

Por lo tanto, cualquier acoso o detención de la flotilla en aguas internacionales constituye una clara violación del derecho internacional.

Israel puede, sin duda, ejercer control sobre las 12 millas náuticas de mar territorial frente a las costas de Gaza. El cierre del mar territorial a los buques extranjeros estaría justificado por el derecho internacional como medida de seguridad, así como para garantizar la seguridad de los buques neutrales debido a la guerra en curso.

Los organizadores de la flotilla afirmaron que sus barcos fueron interceptados entre 70 y 80 millas náuticas de la costa, mucho más allá del mar territorial de Gaza.

Sin duda, esto se hizo por razones operativas. Cuanto más se acercaba la flotilla a la costa de Gaza, más difícil sería para las Fuerzas de Defensa de Israel interceptar con éxito cada barco, lo que aumentaba la posibilidad de que al menos uno de ellos llegara a tierra.

Decenas de activistas a bordo de los barcos han sido detenidos, según se ha informado y serán puestos bajo custodia en el puerto israelí de Ashdod. Es probable que luego sean deportados rápidamente.

Los activistas también gozan de protección en virtud del derecho internacional de los derechos humanos, incluido el acceso a diplomáticos extranjeros que ejercen la protección consular de sus ciudadanos.

The Conversation

Donald Rothwell no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Por qué la interceptación de la flotilla de ayuda a Gaza es una clara violación del derecho internacional – https://theconversation.com/por-que-la-interceptacion-de-la-flotilla-de-ayuda-a-gaza-es-una-clara-violacion-del-derecho-internacional-266667

US economy is already on the edge – a prolonged government shutdown could send it tumbling over

Source: The Conversation – USA (2) – By John W. Diamond, Director of the Center for Public Finance at the Baker Institute, Rice University

It’s a long way down. IAISI/Moment via Getty Images

The economic consequences of the current federal government shutdown hinge critically on how long it lasts. If it is resolved quickly, the costs will be small, but if it drags on, it could send the U.S. economy into a tailspin.

That’s because the economy is already in a precarious state, with the labor market struggling, consumers losing confidence and uncertainty mounting.

As an economist who studies public finance, I closely follow how government policies affect the economy. Let me explain how a prolonged shutdown could affect the economy – and why it could be a tipping point to recession.

Direct impacts from a government shutdown

The partial government shutdown began on Oct. 1, 2025, as Democrats and Republicans failed to reach a deal on funding some portion of the federal government. A partial shutdown means that some funding bills have been approved, entitlement spending continues since it does not rely on annual appropriations, and some workers are deemed necessary and stay on the job unpaid.

While most of the 20 shutdowns that occurred from 1976 through 2024 lasted only a few days to a week, there are signs the current one may not be resolved so quickly. The economy would definitely take a direct hit to gross domestic product from a lengthy shutdown, but it’s the indirect impacts that could be more harmful.

The most recent shutdown, which extended over the 2018-2019 winter holidays and lasted 35 days, was the longest in U.S. history. After it ended, the Congressional Budget Office estimated the partial shutdown delayed approximately US$18 billion in federal discretionary spending, which translated into an $11 billion reduction in real GDP.

Most of that lost output was made up later once the shutdown ended, the CBO noted. It estimated that the permanent losses were about $3 billion – a drop in the bucket for the $30 trillion U.S. economy.

a man in a uniform locks a gate on a road into a park
Many parks, such as Florida’s Everglades National Park, were closed as a result of the shutdown.
AP Photo/Rebecca Blackwell

The indirect and more lasting impacts

The full impact may depend to a large extent on the psychology of the average consumer.

Recent data suggests that consumer confidence is falling as the stagnation in the labor market becomes more clear. Business confidence has been mixed as the manufacturing index continues to indicate the sector is in contraction, while other business confidence measures indicate mixed expectations about the future.

If the shutdown drags on, the psychological effects may lead to a larger loss of confidence among consumers and businesses. Given that consumer spending accounts for 70% of economic activity, a fall in consumer confidence could signal a turning point in the economy.

These indirect effects are in addition to the direct impact of lost income for federal workers and those that operate on federal contracts, which leads to reductions in consumption and production.

The risk of significant government layoffs, beyond the usual furloughs, could deepen the economic damage. Extensive layoffs would shift the losses from a temporary delay to a more permanent loss of income and human capital, reducing aggregate demand and potentially increasing unemployment spillovers into the private sector.

In short, while shutdowns that end quickly tend to inflict modest, mostly recoverable losses, a protracted shutdown – especially one involving layoffs of a significant number of government workers – could inflict larger, lasting impacts on the economy.

US economy is already in distress

This is all occurring as the U.S. labor market is flashing warnings.

Payrolls grew by only 22,000 in August, with July and June estimates revised down by 21,000. This follows payroll growth of only 73,000 in July, with May and June estimates revised down by 258,000.
In addition, preliminary annual revisions to the employment data show the economy gained 911,000 fewer jobs in the previous year than had been reported.

Long-term unemployment is also rising, with 1.8 million people out of work for more than 27 weeks – nearly a quarter of the total number of unemployed individuals.

At the same time, AI adoption and cost-cutting could further reduce labor demand, while an aging workforce and lower immigration shrink labor supply. Fed Chair Jerome Powell refers to this as a “curious kind of balance” in the labor market.

In other words, the job market appears to have come to a screeching halt, making it difficult for recent graduates to find work. Recent graduate unemployment – that is, those who are 22 to 27 years old – is now 5.3% relative to the total unemployment rate of 4.3%.

The latest data from the ADP employment report, which measures only private company data, shows that the economy lost 32,000 jobs in September. That’s the biggest decline in 2½ years. While that’s worrying, economists like me usually wait for the official Bureau of Labor Statistics numbers to come out to confirm the accuracy of the payroll processing firm’s report.

The government data that was supposed to come out on Oct. 3 might have offered a possible counterpoint to the bad ADP news, but due to the shutdown BLS will not be releasing the report.

Problems Fed rate cuts can’t fix

This will only increase the uncertainty surrounding the health of the U.S. economy. And it adds to the uncertainty created by on-again, off-again tariffs as well as the newly imposed tariffs on lumber, furniture and other goods.

Against this backdrop, the Fed is expected to lower interest rates at least two more times this year to stimulate consumer and business spending following its September quarter-point cut. This raises the risk of reigniting inflation, but the cooling labor market is a more immediate concern for the Fed.

While lower short-term rates may help at the margin, I believe they cannot resolve the deeper challenges, such as massive government deficits and debt, tight household budgets, a housing affordability crisis and a shrinking labor force.

The question now is not will the Fed cut rates, because it likely will, but whether that cut will help, particularly if the shutdown lasts weeks or more. Monetary policy alone cannot overcome the uncertainty created by tariffs, the lack of fiscal restraint, companies focused on cutting costs by replacing people with technology, the impact of the shutdown and the fears of consumers about the future.

Lower interest rates may buy time, but they won’t solve these structural problems facing the U.S. economy.

The Conversation

John W. Diamond does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organization that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. US economy is already on the edge – a prolonged government shutdown could send it tumbling over – https://theconversation.com/us-economy-is-already-on-the-edge-a-prolonged-government-shutdown-could-send-it-tumbling-over-266327

How Canada can support rural regions in its net-zero transition

Source: The Conversation – Canada – By Tamara Krawchenko, Associate Professor, School of Public Administration, University of Victoria

As Canada advances toward its 2050 net-zero emissions target, it’s facing a fundamental challenge: ensuring all parts of the country can participate in and benefit from the transition to a clean economy.

Canada’s regional economies are diverse, spanning Alberta’s oilsands, Québec’s hydroelectric systems, northern mining operations and urban tech hubs. These differences mean that net-zero transitions will manifest differently, creating opportunities for some regions and vulnerabilities for others.

Rural and remote regions accounted for 52 per cent of Canada’s total greenhouse gas emissions in 2022 alone, and these regions in particular face complex transition dynamics. These regions host oil, gas, coal and mining industries that power Canada’s economic development.

An equitable net-zero transition requires promoting regional competitiveness while ensuring no place is left behind; in other words, cohesion. Successful sustainability transitions demand both innovation-driven growth strategies and support for regions facing economic disruption.

Canada needs to ensure a net-zero transition translates into broadly shared prosperity rather than exacerbated regional inequalities. Doing so can help rectify the historical pattern of resource extraction that has not always benefited local communities.

Challenges faced by rural and remote regions

Rural and remote communities are typically less economically diverse than urban centres. They are often built around one or more dominant industries and have smaller labour markets with fewer specialists. They also have limited access to the financial and human capital necessary for transitioning to net-zero.

Energy transitions can create new industries and transform existing ones to be cleaner. They can replace old industries with new ones and diversify the economy. However, they can also phase out industries in areas where there aren’t enough replacement options. Communities that depend on a single industry are often hit the hardest by these changes.

Canada’s transition policies are rightly focused on regional competitiveness and innovation through, for example, the Regional Economic Growth through Innovation and the Global Innovation Clusters programs. However, they often fail to proactively support the rural, remote and resource-dependent regions and communities most vulnerable to the disruptions of transitions.

This results in reactive policies and programs that are often deployed only after economic shocks. They rarely target the most at-risk groups and governance frameworks lack clear mechanisms for co-ordinated action, accountability and consideration of Indigenous rights and local well-being.

European precedents

The European Union’s 55 billion euro Just Transition Mechanism provides valuable insights for Canadian policymakers. The EU initiative combines both competitiveness and compensation strategies within a comprehensive development model.

The mechanism integrates investment schemes that promote innovation in clean technologies with targeted support for the regions most vulnerable to job losses and economic downturns. Each EU member state develops just transition plans identifying specific regions and industries requiring support, alongside dedicated investment programs tailored to local economic conditions.

This approach recognizes that effective sustainability transitions require incentives for innovation and protections for disrupted communities.

In addition, the EU’s Just Transition Fund specifically targets regions that are socially, economically and environmentally most vulnerable to transition impacts, while simultaneously encouraging investments in emerging sectors critical for reaching net-zero.

Canadian regional development approaches have historically emphasized competitiveness and innovation, with transition management remaining largely reactive rather than proactive.

An exception is the Canada Coal Transition Initiative, which provided flexible, locally tailored approaches and co-ordinated support across federal, provincial and local levels. That approach is essential for sustainable and equitable transition outcomes in diverse regions.

But Canada has generally been reluctant to explicitly identify and designate regions most at-risk from net-zero transitions. This hesitancy may leave vulnerable communities without targeted support.

Institutional capacity and governance challenges

The effectiveness of both competitiveness and cohesion strategies depends on a region’s institutional capacity and governance. On this point, rural and remote regions are often at a disadvantage. They have smaller administrations, fewer resources and limited capacity to manage complex transitions.

The Canadian government’s Regional Energy and Resource Tables offer a new collaborative approach to help bridge these gaps by bringing federal, provincial, territorial and Indigenous partners together.

The tables aim to co-ordinate expertise, resources and partnerships to identify economic priorities and build the capacity to pursue low-carbon growth opportunities. Ten tables are presently underway. This will be an important initiative to watch and evaluate.

Other collaborations can also facilitate peer learning and shared problem-solving. For example, Yukon University’s Northern Energy Innovation group partners with First Nations and utility companies to provide place-based solutions and facilitate knowledge networks. The challenge here lies in connecting these local strengths with external resources and expertise and to expand them as needed.

Sustainable transitions

As Canada encourages new economic activities essential for net-zero transitions, such as critical minerals development, it’s crucial that past inequalities are not reproduced, particularly regarding Indigenous rights holders on territories where these projects are operating.

Canadian governments have substantial room for improvement in this regard, as a lot of rural policy in Cananda continues to treat these regions as sites of resource extraction detached from broader development strategies.

The stakes of this transition are considerable. Managed effectively, net-zero transitions can put Canada on a path to sustainable and inclusive growth. Managed poorly, they risk deepening territorial divisions and creating new patterns of regional disadvantage.

The policies adopted today will determine which of these futures emerge, making the integration of competitiveness and cohesion approaches not merely desirable but essential for Canadian prosperity and social cohesion in the decades ahead.

The Conversation

Tamara Krawchenko received funding for this research from the Centre for Net-Zero Industrial Policy. She is an expert panelist with the Canadian Climate Institute, a Visiting Scholar with the Institute for Research on Public Policy, and a Board member for Ecotrust Canada.

ref. How Canada can support rural regions in its net-zero transition – https://theconversation.com/how-canada-can-support-rural-regions-in-its-net-zero-transition-264747

Misiles, drones y sabotajes: cómo Rusia intensifica su ofensiva ‘silenciosa’ sobre Europa

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Alberto Priego, Profesor Agregado de la Facultad de Derecho- ICADE, Departamento de Dep. Público. Área DIP y RRII, Universidad Pontificia Comillas

Gorodenkoff/Shutterstock

En el año 2007, en un discurso pronunciado en el club Valdai, Vladimir Putin declaró la guerra a Europa. No fue una declaración abierta y clara, si no una manifestación de voluntad que se ha traducido en una suerte de acciones hostiles que, por el momento, se ha visto culminada con los ataques contra el espacio aéreo europeo que hemos visto en las últimas semanas.

Este conjunto de acciones, que van desde las violaciones del espacio aéreo hasta el sabotaje de las redes de comunicaciones, tienen por objetivo incrementar la desafección de los europeos hacia sus gobiernos, una táctica que quedó perfectamente recogida en las palabras del vicepresidente del Consejo de Seguridad ruso Dimitri Medvedev cuando publicó en Telegram que Rusia debía convertir la vida de los occidentales en una pesadilla interminable hasta que ya no pudieran distinguir entre ficción y realidad.

Desde un punto de vista técnico esta estrategia ha sido calificada como guerra híbrida, pero quizás sea más claro llamarle “guerra silenciosa”.

Más allá de los daños materiales que se puedan causar con este tipo de acciones, el objetivo de Rusia es lograr que los ciudadanos duden de sus administraciones públicas y, sobre todo, de sus políticos, votando como respuesta a opciones extremas que sean más favorables a los planes imperiales del Kremlin.

En algunos lugares como Hungría, Eslovaquia o Estados Unidos Rusia ya ha conseguido su objetivo y en otros como Reino Unido, Francia o Alemania está trabajando arduamente para lograrlo.

Objetivo: que nada funcione

La meta fundamental de Rusia es hacer que nada funcione en Europa. Para ello, no ha dudado en sabotear las redes de comunicaciones dejando a muchos ciudadanos europeos sin internet o telefonía móvil. Un ejemplo de esto ocurrió en octubre de 2022 en Marsella, cuando la ciudad se quedó sin fibra óptica. Dos años más tarde ocurrió lo mismo en seis departamentos franceses. Detrás de este incidente estaría el Grupo APT28, un comando vinculado a la inteligencia rusa (GRU) que opera en la clandestinidad atacando las redes.

En otros lugares como Estonia o Finlandia, sus acciones no han sido tan sutiles. En diciembre de 2024 la marina finlandesa capturó a uno de los barcos de la “flota fantasma” rusa –el Eagle S– cuando la embarcación estaba cortando el cable submarino Estlink 2 que conecta al país escandinavo con el resto del continente europeo. Aunque no lo lograron, el objetivo era dejar a Finlandia sin luz en el día de Navidad, justo cuando se produce la visita masiva de europeos a Rovaniemi, la ciudad de Papá Noel.

En las últimas semanas, Rusia ha dado una nueva vuelta de tuerca a la situación en Europa. En esta ocasión, el objetivo no fueron ni las redes de suministro eléctrico ni los cables de datos, sino el espacio aéreo. Rusia parece haber pisado el acelerador llevando a cabo una triple ofensiva: ciberataques contra los aeropuertos, violaciones del espacio aéreo y hackeo de los sistemas de navegación de los líderes europeos.

Comenzando por el final, tenemos que destacar que al menos dos líderes europeos –Úrsula Von Der Layen y Margarita Robles– han tenido que realizar aterrizajes de emergencia cuando sobrevolaban estados limítrofes con Rusia. Se trata de una agresión directa que se enmarca en el desafío ruso para con Europa.

En esta misma línea es imporante mencionar el ataque con misiles que sufrió la delegación diplomática de la UE en Kiev a finales de agosto. Sin duda, una advertencia para la UE.

En segundo lugar, tenemos que destacar los ciberataques que sufrieron los aeropuertos de Berlín, Bruselas, Copenhague y Londres. Debido a un malware, los pasajeros no pudieron ni facturar ni obtener sus tarjetas de embarque, provocando largas colas y gran malestar entre aquellos que iniciaban viaje.

Aunque no se ha podido demostrar que el ataque tuviera origen en Rusia, fuentes de la UE consideran que este comparte metodología con otros ciberataques perpetrados por hackers al servicio de la inteligencia rusa (GRU). De hecho, en 2023 y en 2024 aeropuertos de Alemania e Italia sufrieron ataques similares.

En tercer y último lugar está la aparición de drones rusos en el cielo de diferentes estados europeos. El caso más llamativo ha sido el de Polonia, cuyo cielo se vio invadido por 19 de esos aparatos no tripulados procedentes de Rusia. Además, un MIG-31 ruso estuvo sobrevolando Estonia durante al menos 12 minutos y un avión espía IL-20m hizo lo mismo sobre las aguas del Báltico, obligando a la aviación sueca a expulsarlo de su espacio aéreo.

Poniendo a prueba a la OTAN

Con estas acciones Rusia trata de poner a prueba a la OTAN, sobre todo la cohesión de la alianza y la actitud de los mismos ante una situación en la que un Estado, ante un ataque ruso, pudiera invocar la activación del artículo 5.

Resulta complicado pensar que la Alianza Atlántica activara su mecanismo de defensa colectiva como respuesta a un ataque ruso. Quizás por ello, tanto Estonia como Polonia solo hayan invocado las consultas que están recogidas en el artículo 4 y no el artículo 5.

Por su parte, la OTAN ha aprobado una nueva operación de vigilancia aérea que se une a las ya desplegadas por la Alianza desde 2014.

No obstante, la pregunta es si estamos dispuestos a hacer lo que Turquía hizo cuando un caza ruso entró en sus espacio aéreo en 2015 –es decir, derribarlo– o si vamos a seguir permitiendo que Rusia vaya dando pasitos hacia una situación como la vivida por Ucrania el 23 de febrero de 2022. Tal vez si Putin percibe debilidad, su actitud será cada vez más agresiva.

The Conversation

Alberto Priego no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Misiles, drones y sabotajes: cómo Rusia intensifica su ofensiva ‘silenciosa’ sobre Europa – https://theconversation.com/misiles-drones-y-sabotajes-como-rusia-intensifica-su-ofensiva-silenciosa-sobre-europa-266331

¿Se aprende mejor participando en clase?

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Octavio Díaz Santana, Profesor de Sociología, Universidad de Las Palmas de Gran Canaria

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¿Qué hace un “buen estudiante”? Toma apuntes, presta atención y guarda silencio, mientras el docente explica: esta sería una respuesta habitual. Es decir, el profesor o profesora como protagonista, y los estudiantes con una actitud pasiva. A menudo, este se considera el mejor modelo para sacar buenas notas.

Las metodologías activas proponen algo diferente: un aprendizaje basado en la participación del alumnado. Se trata de que tenga una actitud activa, para lo que el profesorado ha de brindarle espacio. Pero ¿realmente este cambio mejoraría el rendimiento?

En una reciente investigación tratamos de responder a esta pregunta centrándonos en las competencias de Comunicación lingüística, Inglés, Matemáticas y Ciencia y Tecnología. Para ello, utilizamos los datos del alumnado que cursa el sexto curso de primaria en las Islas Canarias.

El rol del profesorado

La sociología de la educación señala que impartir las clases de una forma u otra no sólo tiene consecuencias en cómo se aprende: influye en el clima del aula. Y eso se traduce en una mayor o menor atención, respeto, seguridad y confianza.

En nuestra investigación analizamos cómo se comporta el profesorado; es decir, el rol que juega en el aula. En concreto diferenciamos dos estilos docentes: el directivo, como ejemplo de práctica docente tradicional, y el participativo, como práctica docente activa.

También tuvimos en cuenta dos tipos de relaciones. Las afectivas, es decir, el apoyo emocional que recibe el alumnado en forma de seguridad, respeto o escucha. Y las educativas, relacionadas con el apoyo en el aprendizaje, como las respuestas a las preguntas o los consejos para mejorar.

Según nuestros resultados, el estilo docente influye en las relaciones que se dan entre el profesorado y el alumnado. En particular, el estilo participativo genera buenas relaciones con el alumnado; mientras que con el estilo directivo estas relaciones no son tan positivas.

¿Qué da mejores resultados?

A partir de lo anterior, nos preguntamos si el rol del profesor o profesora afecta a las notas del alumnado. Nuestros resultados indican que si el profesorado tiene un rol activo las notas son mejores que si tiene un rol tradicional. Es decir, disponer de espacio para participar en clase y unas buenas relaciones entre profesor y alumno mejora los resultados.

Nuestros datos también subrayan el peso de las relaciones en el rendimiento. Sobre todo, el de las relaciones afectivas. El apoyo emocional del profesorado juega un papel muy importante en el aprendizaje. Por eso es tan necesario prestar atención a los vínculos con el alumnado.

No basta con reflexionar sobre las formas en las que se imparten las clases, también hay que prestar atención al efecto que tiene en el alumnado la forma en la que se le hace llegar la lección. ¿La forma de dar la clase les anima a participar? ¿Les proporciona seguridad y confianza? ¿Les estimula a querer aprender?

Trasladarlo a las aulas

Estos resultados apoyan una mayor presencia de las metodologías activas en las aulas. No solo porque mejoran las notas, sino porque promueven la implicación del alumnado y las buenas relaciones con el profesorado. Es decir, el rol activo genera un clima del aula mucho más positivo que el rol tradicional.

Trasladarlo a las aulas requiere, en primer lugar, del compromiso de las autoridades educativas, pero también de la formación del profesorado. Al fin y al cabo, aumentar la presencia de las metodologías activas supone nuevas maneras de dar las clases y de relacionarse con el alumnado que no todos los docentes conocen y saben aplicar.

The Conversation

Las personas firmantes no son asalariadas, ni consultoras, ni poseen acciones, ni reciben financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y han declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado anteriormente.

ref. ¿Se aprende mejor participando en clase? – https://theconversation.com/se-aprende-mejor-participando-en-clase-264611

Crece la demanda de I+D para defensa

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Fernando Conesa, Jefe del Servicio de Promoción y Apoyo a la Investigación, Innovación y Transferenc, Universitat Politècnica de València

Explosión nuclear de la bomba estadounidense Castle Bravo en 1954. Wikimedia Commons., CC BY

En la última década, el gasto militar mundial no ha dejado de crecer. Según el Instituto Internacional de Investigación para la Paz de Estocolmo (SIPRI), en 2023 aumentó un 6,8 % respecto al año anterior. El resultado es un ciclo expansivo que está alterando los presupuestos de los Estados.

El argumento para el gasto militar es la búsqueda de una disuasión creíble: si el coste de atacar es inasumible porque el adversario tiene capacidad de responder causando alto daño en vidas y recursos materiales, el atacante se abstendrá de hacerlo. La disuasión consiste no solo en armarse, sino en que el contrario lo sepa.

Sin embargo, esta lógica tiende a convertir la prevención en sospecha y la inversión en defensa del otro en amenaza, alimentando una espiral de rearme. Además de elevar la desconfianza mutua, esto aumenta el riesgo de incidentes, ya sean provocados o por errores.

Y aunque la disuasión también ha operado como contención eficaz del conflicto, como ocurrió bajo la doctrina de la Destrucción Mutua Asegurada durante la Guerra Fría, no resuelve por sí sola las causas políticas y sociales que lo incuban.

Crece la demanda de I+D para defensa

En la actualidad, la ventaja militar no depende tanto del tamaño de los ejércitos y de sus arsenales, sino de su calidad tecnológica. La I+D y las innovaciones que de ella derivan se convierten en un factor estratégico de primer orden para mantener o alterar equilibrios de poder.

Hay, por ello, una creciente demanda de I+D para defensa, que presenta singularidades culturales respecto a su homónima civil. Por un lado, el secreto es, a menudo, un requisito operacional, jurídico e incluso de seguridad nacional. Por otro, es esencial la fiabilidad, pues los sistemas militares operan en entornos extremos y no pueden fallar.

El impacto de la tecnología dual

A diferencia de épocas anteriores, la frontera entre lo militar y lo civil hoy es porosa. No sólo hay innovaciones civiles procedentes del lado militar, sino que un volumen significativo de las capacidades militares deriva de tecnologías de doble uso originadas en la I+D civil: microelectrónica avanzada, inteligencia artificial, 5G/6G, ciberseguridad, materiales compuestos, fabricación aditiva…

Este acercamiento obliga a reforzar los controles sobre la cooperación científica internacional, con cláusulas de acceso selectivo a datos y a instalaciones, restricción de nacionalidades en los equipos o mayor compartimentación de tareas. En este terreno, la gobernanza institucional de la investigación se vuelve tan importante como la excelencia científica y se debe dotar de nuevas políticas, procedimientos y mecanismos para la decisión.

Deeptech, solo para quien puede pagarla

Recientemente, se ha puesto una especial atención en las llamadas tecnologías profundasdeeptech–, caracterizadas por un alto contenido en ciencia, barreras de entrada considerables en inversión y tiempo de desarrollo, y objetivos ambiciosos. No contar con acceso a estas tecnologías punteras aboca a un país a una gran dependencia de terceros y pone en riesgo la soberanía propia.

El interés de las deeptech para defensa es evidente por su capacidad de generar asimetrías estratégicas: aporta innovaciones de las que el adversario carece y que tardará en copiar. Estas tecnologías representan también retos científicos y oportunidades industriales, y pueden dar respuestas a demandas sociales que rebasan con mucho el perímetro estrictamente militar. De ahí su carácter dual.

¿Es ético investigar en armamento?

No se puede negar que la cuestión de la defensa crea una tensión estructural en las instituciones académicas. La demanda de mayor contribución a la seguridad nacional confronta con valores tradicionales en universidades y centros públicos de investigación: la difusión del conocimiento, la libertad para investigar, la colaboración internacional o la transferencia de tecnología a la industria.

Durante décadas, ha existido un pacto social que daba el visto bueno a dedicar más fondos públicos a la I+D a cambio de su orientación a desafíos sociales, económicos y globales ha reforzado la confianza entre ciencia, empresa y sociedad.

Las tensiones geopolíticas, sin embargo, han desplazado parte de las expectativas sociales. Desde los gobiernos democráticos, se busca que la I+D pública aporte más a la defensa. Surge entonces el dilema: ¿cómo responder a esta demanda sin traicionar valores que han hecho de la universidad una institución singularmente útil al bien común?

Claves para una decisión comprometida

Una de las claves pasa por preguntarse en cada caso sobre el objeto y el beneficiario de la investigación. Así, no es lo mismo colaborar en el desarrollo de armas de destrucción masiva que en sistemas de encriptación de comunicaciones; tampoco es igual tener relación con una empresa que exporta armas a una dictadura represora que colaborar con quien provee al propio ejército.

La responsabilidad sobre la decisión a tomar en la academia es compartida. En un entorno en el que rige la libertad de cátedra, la responsabilidad recae, en primer término, en el propio investigador. El científico va a ser quien diseñe y ejecute la investigación, y deberá anticipar los usos plausibles de los resultados de su trabajo.

Compete también a los responsables de las estructuras de I+D, que deben componer una estrategia en la que encaje esa investigación, y al personal de transferencia de conocimiento, que puede precisar las condiciones contractuales de su transferencia. Asimismo, hay una responsabilidad última en la dirección de la institución, que autoriza y vela por el cumplimiento normativo, además de asumir las consecuencias legales. Cada actor debe ser consciente de su parcela de responsabilidad.

Este enfoque de gobernanza se puede operar mediante herramientas que compatibilicen apertura y seguridad. Algunas opciones podrían ser (a) la identificación de proyectos y resultados de doble uso; (b) la formación continua en regulaciones de ciberseguridad, protección de datos o tecnologías duales; (c) la diligencia debida sobre socios y cadenas de valor; (d) las cláusulas que delimiten ámbitos de explotación, territorios, contrapartes y finalidades… Se trata de construir un andamiaje para hacer poder adoptar decisiones con criterio y argumento, al igual que en su día se hizo con la investigación biomédica.

Velar por la paz

Con todo, conviene recordar que preparar o hacer la guerra siempre supone el fracaso de no haber evitado el conflicto por medios pacíficos. Lo que mejor previene la guerra es construir relaciones equilibradas y mutuamente beneficiosas. Europa ofrece un ejemplo notable de construcción de la paz en su interior.

Los fondos estructurales, los programas Erasmus o de I+D han tejido una confianza y cohesión más fuerte que las coyunturas políticas, asentando en su seno un periodo de paz desconocido tras muchos siglos. Desde las instituciones académicas debemos reivindicar y reforzar estos instrumentos de relación e intercambio.

The Conversation

Fernando Conesa no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. Crece la demanda de I+D para defensa – https://theconversation.com/crece-la-demanda-de-i-d-para-defensa-265968

¿Puede Jonathan Anderson traer de vuelta la ilusión por la moda en Dior?

Source: The Conversation – (in Spanish) – By Sandra Bravo Durán, Socióloga y Doctora en Creatividad Aplicada, UDIT – Universidad de Diseño, Innovación y Tecnología

Un momento del desfile de Dior mujer de primavera-verano 2026. Dior/Facebook

La moda parecía haber perdido su capacidad de sorprender. Demasiados desfiles convertidos en clones de sí mismos, demasiadas colecciones construidas a base de nostalgia reciclada, demasiados logotipos sustituyendo a las ideas. El sistema, atrapado entre la inmediatez de las redes sociales y la presión de los balances trimestrales, parecía condenado a repetir fórmulas hasta el agotamiento. Esa fatiga creativa no es un secreto: la perciben los críticos, la sienten los consumidores y la arrastran incluso las grandes maisons (casas de moda).

Y, sin embargo, en París ocurrió algo distinto. El diseñador Jonathan Anderson debutó esta semana al frente de Dior mujer presentando la colección de primavera-verano. Y podemos decir que el suyo no fue un desfile más: fue una demostración de que la moda aún puede ilusionar. ¿Por qué? Porque frente a la repetición habitual, Anderson propuso un diálogo vivo con el archivo de Dior, ofreciendo nuevas lecturas de símbolos históricos de la casa y una puesta en escena que convertía la pasarela en un relato cultural.

El archivo como motor creativo

Una mujer desfilando con un vestido negro.
Uno de los modelos de la nueva colección de Dior mujer para la primavera-verano 2026.
Dior/Facebook

La clave de su éxito reside en una habilidad poco frecuente: la de transformar el archivo histórico en una plataforma para el futuro. Dior es una maison cargada de símbolos –la chaqueta Bar, el vestido Junon, las siluetas del New Look– y cualquier intento de revisitarla corre el riesgo de quedarse en homenaje vacío o, peor aún, en repetición nostálgica. Anderson evita esa trampa. No copia ni reverencia: distorsiona, desarma, multiplica.

Así, la clásica chaqueta Bar apareció recortada y sobredimensionada en proporciones inesperadas; las faldas de aire New Look se mostraron con cortes irregulares y tejidos técnicos, desmontando la idea de feminidad cerrada y rígida; e incluso la invitación al desfile reforzaba esta idea de archivo vivo: un plato de cerámica reeditado de los archivos de Dior, acompañado por tres huevos, que convertía un objeto doméstico en pieza de lujo y en clave de lectura de la colección. Un gesto irónico y a la vez simbólico, que recordaba cómo lo cotidiano puede convertirse en emblema cultural cuando pasa por el filtro de la moda.

Una mujer con un traje chaqueta con minifalda.
Uno de los trajes de la nueva colección de Dior.
Dior/Facebook

En términos sociológicos, el filósofo francés Roland Barthes definió la moda como un lenguaje en constante resignificación. Anderson entiende esa lógica: un mismo signo puede transformarse en otro al ser leído en un nuevo contexto. El archivo no es museo, es laboratorio. Y esa alquimia entre pasado y presente es lo que permite que Dior vuelva a ilusionar.

Su llegada a la maison no ha sido casualidad. Al frente de Loewe, donde estuvo 11 años, demostró una capacidad extraordinaria para redefinir el lujo contemporáneo, conectando la artesanía española con códigos globales y con un imaginario cercano a las nuevas generaciones. En su propia firma, JW Anderson, lleva años explorando volúmenes distorsionados, géneros fluidos y referencias visuales híbridas.

Ahora, en Dior, no se disfraza de guardián del archivo, sino que conversa con él desde su propia voz. Y esa voz es inconfundible: audaz, juguetona, intelectual sin perder lo popular, teatral sin perder lo funcional. Como ya demostraron Yves Saint Laurent en los sesenta, Karl Lagerfeld en Chanel o John Galliano en los noventa, enfrentarse a un archivo tan cargado significa medirse con la sombra de la historia. Anderson ha aceptado ese desafío y, como subraya Vogue, lo ha resuelto con un sello propio, reconocible y contemporáneo.

Moda como dramaturgia

Pero Anderson no solo diseña ropa: diseña escenas. Su debut en París incluyó una película que mezclaba imágenes de archivo de Dior con atmósferas inquietantes y una pasarela convertida en escenario simbólico. La pirámide invertida que dominaba el espacio podía leerse como metáfora del archivo visto del revés, invitando a releer la historia desde un ángulo distinto; la película, entre onírica y perturbadora, yuxtaponía memoria y futuro. Cada detalle hablaba de la moda no solo como presentación de prendas, sino como relato cultural expandido.

Puesta en escena del desfile Dior primavera-verano 2026.
Puesta en escena del desfile Dior primavera-verano 2026.
Dior/YouTube

El filósofo alemán Georg Simmel ya señalaba que la moda es, ante todo, un fenómeno social de diferenciación y pertenencia. En tiempos digitales, esa pertenencia no pasa solo por vestir Dior, sino por compartir el “relato Dior”: una narrativa que asocia la marca con su legado, feminidad, elegancia parisina y poder cultural.

Vestir Dior significa entrar en una comunidad simbólica, pero también participar de un ecosistema digital donde todo se multiplica. Anderson entiende esa dimensión contemporánea de la moda como dramaturgia expandida: cada desfile es también contenido cultural; cada look, imágenes y hashtags para Instagram o TikTok y titulares globales en los medios de comunicación.

Lo más seductor de su propuesta es que se mueve en la tensión: entre lo masculino y lo femenino, lo estructural y lo etéreo, lo histórico y lo pop. No resuelve esas dicotomías, las pone en juego. Y esa ambigüedad es profundamente contemporánea. Como apuntaba el sociólogo Zygmunt Bauman al hablar de la modernidad líquida, vivimos en un tiempo donde las fronteras son difusas, donde la solidez se disuelve en fluidez. Anderson traduce esa condición en siluetas y tejidos que dialogan con la inestabilidad del presente.

Cuatro modelos desfilan con diferentes vestidos en la pasarela.
Imagen del último desfile de Dior mujer.
Dior/Facebook

Por supuesto, no todos ven en él a un mesías de la moda. Reuters destaca que la transformación de la icónica chaqueta Bar con un encaje más holgado y volúmenes en la espalda es un “salto creativo” para Dior. AP News, por su parte, subraya que, aunque la colección generó entusiasmo, la ausencia de una silueta dominante deja la sensación de que falta una idea central que cohesione el conjunto. Desde Vogue Hong Kong se insiste en que Anderson ha conseguido combinar elementos históricos –la silueta princesa, los volúmenes arquitectónicos, las texturas características de Dior– con propuestas radicalmente contemporáneas.

Más allá de estas reservas, lo cierto es que Anderson ha logrado devolver a la pasarela el riesgo y la experimentación, en un sistema que a menudo tiende a repetirse. Y en ese equilibrio entre aplauso y crítica reside precisamente la fuerza de su propuesta: la moda vuelve a debatirse, a provocar conversación, a ilusionar.

El poder de ilusionar

En un momento de fatiga creativa, de consumidores desencantados y de tendencias que se agotan casi antes de empezar, Anderson representa una rareza: un diseñador capaz de emocionar. El filósofo francés Gilles Lipovetsky ha descrito la moda como el motor de la ilusión de novedad en la sociedad contemporánea. Durante años, esa promesa pareció desinflarse en un mercado saturado. Con Anderson en Dior, esa ilusión renace.

Su trabajo es, al mismo tiempo, un homenaje a la historia de la maison y una apuesta por un futuro aún posible para la moda: un futuro en el que el archivo no es peso muerto, sino semilla viva; en el que la pasarela no es solo comercio, sino cultura; en el que un diseñador puede devolvernos la sensación de estar viendo algo realmente nuevo.

En tiempos de fatiga, Anderson parece haber dejado patente que la moda todavía puede enamorar. Ese gesto no es solo un triunfo creativo: es un acto de fe en lo que el sector puede llegar a ser.

The Conversation

Sandra Bravo Durán no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.

ref. ¿Puede Jonathan Anderson traer de vuelta la ilusión por la moda en Dior? – https://theconversation.com/puede-jonathan-anderson-traer-de-vuelta-la-ilusion-por-la-moda-en-dior-266620