Les « crimes rituels » au Gabon : un phénomène moderne

Source: The Conversation – in French – By Luce Manomba Obame, Doctorante en anthropologie religieuse, École pratique des hautes études (EPHE)

Corps mutilés, parfois vidés de leurs organes ou de leur sang : au Gabon, ces meurtres, communément appelés « crimes rituels », (continuent de se produire avec régularité) -> ## n’ont pas disparu ##. Si la racine de ces pratiques plonge dans la période pré-coloniale, leurs modalités et surtout leurs objectifs ont évolué avec le temps.


Un homme sans vie, près d’une rivière : le 13 février 2023, des pêcheurs sur le Ntem, fleuve du nord du Gabon, retrouvent André Ngoua, disparu trois jours plus tôt. Les yeux, la langue et le sexe manquent, relate une proche de la famille. Cinq personnes seront arrêtées, soupçonnées de « crimes rituels »… Seule l’une d’elle est en détention aujourd’hui, nous explique la famille de la victime.

Au Gabon, pays d’Afrique centrale de 2,8 millions d’habitants, nombreux sont les corps retrouvés ainsi, mutilés, sans compter les disparitions. Bien qu’on ne dispose pas de stastistiques (statistiques, un S en trop) fiables, les « crimes rituels » sont aujourd’hui ancrés dans le paysage sociétal gabonais, créant de vraies psychoses.

De prime abord, on pourrait penser que ces pratiques appartiennent à un passé lointain. Il n’en est rien.

Capter la force de la victime

Le mot « crime », du latin crimen, renvoie au langage judiciaire ; « rituel », du latin ritus, à tout culte, coutume ou habitus.

L’expression « crime rituel » est controversée au Gabon du fait de l’utilisation du terme « rituel » : les adeptes du rite initiatique du Bwiti y voient une stigmatisation infondée de cette spiritualité. Le Bwiti, tel que pratiqué aujourd’hui, n’accepte aucun meurtre et s’appuie principalement sur l’utilisation des plantes. Mais en Afrique, quand on parle de rite, on pense d’abord aux rites traditionnels ; c’est pourquoi la notion de « crime rituel » ##peut être## inconsciemment associée au Bwiti, qui est le rite principal du Gabon — d’où la controverse. (est-ce OK? ok)

Dans le code pénal du pays, on parle, plus factuellement, de « prélèvement d’organes ». Car ce type crime implique avant tout une mort avec extraction d’organes (suggestion de synonyme: #de morceaux du corps#) de la victime, parfois vivante au moment de l’acte.

Les parties ôtées ou « pièces détachées », selon une formule employée au Gabon — « le sang, le crâne, les yeux, les oreilles, les dents, les cheveux, les seins, la langue, le pénis, le vagin, le clitoris », rapporte Jean-Elvis Ebang Ondo, président de l’Association de lutte contre les crimes rituels, dans son Manifeste contre les crimes rituels au Gabon paru en 2010 —,
sont utilisées pour la conquête ou la pérennisation d’un pouvoir, ou encore pour la réussite dans les affaires. D’où une augmentation de ces meurtres au moment des élections ou de changements de gouvernement, constate Ebang Ondo.

Plus largement, le « crime rituel » s’inscrit dans le même paradigme que le trafic d’ossements humains (« or blanc » au Gabon), ou même la sodomie non consentie, qui permettrait de « prendre la chance » de la personne sodomisée ou tuée.**** (enlever “tuée” car elle n’est pas tuée avec la sodomie)****

Commanditaires, exécutants et « sorciers »

Pour les « crimes rituels », un macabre triangle se dessine entre les « exécutants », les « commanditaires » et les « sorciers ». Le/la commanditaire paye un ou plusieurs exécutant(s), parfois à travers un/des intermédiaire(s) pour tuer et dépecer la/les victime(s), sur instruction du sorcier.#ajouter guillemets à “Sorcier”#

Les commanditaires sont forcément aisés financièrement. 98% d’entre eux seraient issus du monde politique, selon Eddy Minang. Cet ancien procureur d’Oyem (nord-ouest), actuel procureur de la République près la Cour d’appel de Libreville, est le premier à avoir écrit un livre examinant les « crimes rituels » commis dans le pays d’un point de vue juridique.

Au Gabon, personne n’a jamais été condamné en tant que « commanditaire ». L’affaire du sénateur Gabriel Eyeghe Ekomie est celle qui a le plus défrayé la chronique. En 2012, ce membre du parti au pouvoir (le Parti démocratique gabonais (PDG), qui a dominé la vie politique du pays de 1968 à 2023), est placé sous mandat de dépôt suite au meurtre présumé, en 2009, d’une fillette de 12 ans, avec prélèvement des organes génitaux, pour 20 millions de francs CFA (environ 30 500 euros). Libéré suite à un non-lieu, il est mort en 2014.

Avec moins de retentissement, Rigobert Ikambouaya Ndeka, un temps ministre de la communication et de l’économie numérique après 2019, a été inculpé en 2013 d’« instigation d’assassinat avec prélèvement d’organes », rapporte le journal L’Union. À l’époque, il était directeur général de l’office des ports et des rades du Gabon (OPRAG) et membre du bureau politique du PDG. Il s’est défendu en dénonçant une machination politique et n’a jamais été condamné.

D’autres noms circulent comme celui d’Alfred Edmond Nziengui Madoungou, alias « V Madoungou ». En 2014, cinq proches de cet ancien conseiller du président Ali Bongo (à la tête du pays de 2009 à son renversement en 2023) ont été inculpés pour « assassinat avec prélèvement d’organes humains ».

Plus documenté est le personnage nodal du « sorcier ». Tel un médecin, il prescrit les organes ou le sang à prélever et indique sur quel type de victime cela doit être fait.

L’Occident colonial a longtemps associé toute spiritualité africaine à de la « sorcellerie ». Les Africains restent très marqués par ce stigmate, alors que l’immense majorité des tradi-praticiens ne prônent pas les crimes rituels dans leurs pratiques, seuls certains faisant le choix du « côté obscur ». Il arrive même que des monothéistes s’adonnent aux sacrifices, comme en janvier 2015 avec le meurtre d’une jeune fille par un pasteur à Oyem (nord-ouest), pour la prospérité d’une église.

Quant aux exécutants, ce sont les petites mains des assassinats. En 2019, nous avons pu en rencontrer certains qui disaient s’être repentis, sous condition d’anonymat.

Point commun: ce sont tous des jeunes, sans souci psychiatrique visible, issus de milieux (très) modestes. Bref: des personnes « lambda », parfois en couple et ayant des enfants.

Nous racontant sa « première fois », l’un d’eux qui se disait “repenti” se souvient :

« Nous sommes montés dans une voiture, toute noire, vitres fumées. On était quatre ce soir. On a pris un enfant de 7-8 ans, on l’a arraché à sa maman. Je me suis dit : “C’est quel genre de travail ?” Mon frère est arrivé, il m’a donné 500 000 francs CFA (environ 720 euros). J’étais content mais naïf, parce que j’ai vu l’argent. Au fur et à mesure, on avait des méthodes, on changeait de véhicule. »

Un autre :

« Mon parcours a commencé dans le braquage avec mes condisciples à Tchibanga. Comme on avait une renommée dans le quartier, un député est venu et a cherché à nous rencontrer. Il nous a fait rentrer dans une ligne de crimes rituels. Il commençait à nous demander des êtres humains. On volait les enfants. Après, il nous a fait monter sur Libreville. Il nous demandait d’amener les organes humains. On se rencontrait au Cap [une zone forestière proche de la capitale], en forêt. C’est là-bas qu’on traitait nos affaires. Il nous payait au travail fait: parfois 800 000 francs CFA [environ 1 200 euros]. Parfois, ça augmentait. Si c’est une grande personne ça augmentait, vers les 1,5 million [environ 2 290 euros], 2 millions [environ 3 000 euros]. Donc chaque crime avait son prix. (…) On ne savait pas ce qu’il [le député] faisait avec ça. On savait seulement que c’était pour les rituels, pour être riche quoi. »

Ces ex-criminels décrivent les mêmes techniques : voiture aux vitres fumées, parfois taxi complice. En l’absence de véhicule, il faut attirer la victime en dehors des regards, la « droguer ou l’inviter à s’éloigner du circuit, ni vu ni connu ».

À l’origine, des sacrifices à buts collectifs ou « sectaires »

Les sacrifices humains sont loin d’être spécifiques au Gabon ou à l’Afrique. Ils étaient par exemple répandus dans des civilisations de Mésoamérique, de Chine, ou encore chez les Celtes.

Au Gabon, ces mises à mort existeraient depuis longtemps, mais n’ont été documentées que par les récits de missionnaires ou d’administrateurs coloniaux. Malheureusement, ils restent parcellaires.

Citant le Frère Antoine Roussel (1853), Raponda-Walker et Sillans notent que « les Eshira auraient immolé, au temps de la traite, un homme et une femme aux deux génies des chutes de Samba et de Nagosi ». Dans le rite du Bieri, la victime consentait à se sacrifier pour que ses reliques soient prises après sa mort afin qu’elle devienne un ancêtre protecteur du clan.

Autre cas de sacrifices humains rapportés par Raponda-Walker et Silans: lors de la mort d’un chef ou d’un notable, des esclaves ou des jeunes femmes pouvaient être tués pour le servir dans l’au-delà.

Mais des archives coloniales et missionnaires du milieu du XXe siècle parlent aussi de meurtres dans des « sectes ». Ainsi, un adepte de la « secte de l’homme-tigre » avait tué une personne et consommé sa chair (jugement du 28 janvier 1931 dans l’Ogooué-Ivindo) et un membre de la « secte de la panthère » avait mangé, avec d’autres adeptes, la cervelle d’une passante, suite à un guet-apens en forêt (archives de la Congrégation du Saint-Esprit, cote 2D60.9a4).

D’après les récits coloniaux, ces « sectes » offraient des privilèges aux adeptes : par exemple être facilement innocentés dans des procès au village, être avantagés dans des partages communautaires, etc. (archives de la Congrégation du Saint-Esprit, cote 2D60.9a4).

De fait, on remarque que la mort avait tantôt un but communautaire (assurer la prospérité d’un clan), tantôt servait les privilèges d’une élite, dans le cadre d’une « secte ».

Toutes ces mises à mort ont été réprimées durant la colonisation française. Mais la répression a aussi engendré une transformation de ces pratiques, qui sont progressivement devenues plus secrètes.

Selon l’historienne Florence Bernault (dans l’article « Économie de la mort et reproduction sociale au Gabon », 2005), « la fabrication rituelle des reliques familiales, par exemple, pouvait s’avérer paradoxalement plus risquée, sous surveillance coloniale, que l’utilisation d’organes et d’ossements prélevés sur des cadavres “discrets”, mais extérieurs au lignage.»

Au cours du XXe siècle, la société change sous l’influence de la modernité. Le capitalisme néolibéral, la mondialisation, la montée de l’individualisme, l’urbanisation et l’argent-roi, mais aussi le syncrétisme religieux, modifient les mœurs.

Les nouvelles élites, occidentalisées, usent alors de la « violence de l’imaginaire » par le « fétichisme des choses possédées » (belles voitures, belles maisons, etc.) – « fétichisme » dans le sens où l’objet aura une valeur au-delà de l’utilitaire – analyse l’anthropologue Joseph Tonda dans Le Souverain moderne.

Le Gabon est particulièrement marqué par des écarts de richesses très élevés, avec une élite ultra riche, capable de financer la « Françafrique », et un peuple pauvre.

Mais dans ce pays d’Afrique centrale, contrairement à l’Occident, le visible et l’invisible ne font qu’un, avec une « matérialité des entités imaginaires » énonce Tonda. Les objets comme les corps peuvent être investis de vertus symboliques, mais aussi spirituelles.

Les crimes rituels dans la modernité: la recherche d’un pouvoir individuel

Au Gabon, le « sacrifice », parfois à but collectif ou pour servir un petit groupe comme les « hommes-tigres », se transforme progressivement en « crime rituel », plus secret, réalisé plutôt à des fins personnelles ou élitistes.

Même s’il a pu être employé avant, nous avons trouvé pour la première fois, pour le Gabon, le terme de « crime rituel » en 1939 (archives de la Congrégation du Saint-Esprit, cote 2D60.9a4).

Dans beaucoup d’autres archives, nous avons plutôt lu des termes comme « anthropophagie ». Les utilisations des organes sont assez floues, car seuls les commanditaires et les sorciers ajouter guillemets à “commanditaires” et “sorciers” peuvent vraiment en parler, mais ils n’ont presque jamais été entendus par la justice, et nous n’avons pas réussi à les approcher lors de nos recherches de terrain.

Dès les années 1970-1980, des récits plus ou moins avérés sur des enlèvements d’enfants par une « voiture noire » se multiplient. Mais la dictature, dans sa forme la plus stricte, règne alors.

En 1990, après le discours de La Baule de François Mitterrand, les pays d’Afrique francophone réintroduisent le multipartisme. La presse se diversifie, tout comme la compétition -> remplacer compétition par **diversité **politique.

Coïncidence ou pas: les Gabonais ont l’impression d’une augmentation des sacrifices humains depuis ces années 1990, souligne Eddy Minang. Faut-il y voir un lien avec la compétition politique accrue, ou avec une presse qui ose désormais parler du sujet ?

Au Gabon — et plus largement en Afrique centrale —, la population associe souvent ces crimes aux « loges » ou « sectes » (selon les termes employés) comme les francs-maçons, les Rose-Croix ou encore, pour le Gabon, à l’ordre de la Panthère noire.

Ces « loges » sont devenues un passage presque obligé pour l’accès à certains postes chez de nombreuses élites d’Afrique francophone. Pour autant, nous n’avons pas pu démontrer que ces rites, tels que pratiqués aujourd’hui au Gabon, seraient demandeurs de « crimes rituels ».

Peu à peu, la société civile se met à dénoncer et à dénombrer les assassinats. En 2005, Jean-Elvis Ebang Ondo, déjà cité, retrouve son fils de 12 ans, mort, organes manquants. Face à cette tragédie, il crée l’Association de lutte contre les crimes rituels, ce qui lui vaut de recevoir des menaces. En un seul mois de 2008, l’ALCR a recensé 13 « crimes rituels » dans tout le pays et 24 entre janvier et mai 2013.

La presse aussi devient de plus en plus prolixe. À L’ Union, Jonas Moulenda se spécialise dans ce genre de faits divers. À tel point qu’en 2015, le journaliste fuit son pays, suite, selon lui, à une traque du présumé commanditaire, « V » Madoungou.

En mai 2013, le ras-le-bol des citoyens prend de l’ampleur: des manifestations éclatent contre les « crimes rituels ». Mais les mouvements sociaux ne parviennent pas à mettre fin à ces pratiques. Assassinats et disparitions continuent. « L’impunité et l’inaction des pouvoirs publics » restent la norme, déplore Eddy Minang.

En janvier 2020, des enlèvements présumés d’enfants embrasent tout Libreville. Des présumés kidnappeurs, parfois innocents, meurent lynchés, la population estimant qu’elle seule peut se faire justice elle-même. Les autorités ont démenti tout enlèvement.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Brice Oligui fin août 2023, la presse relate moins les informations liées aux « crimes rituels ». Pourtant, des commanditaires présumés demeurent dans des structures de pouvoir et certaines affaires restent non élucidées. C’est le cas de l’assassinat d’une famille à Franceville (nord-est) en juillet 2024. Officiellement, pas d’accusation de meurtre avec extractions d’organes ; mais pour Jonas Moulenda et une proche de la famille, il s’agirait bien d’un « crime rituel ». Le journaliste nous dit aussi avoir eu écho de cinq autres meurtres du même type depuis 2025…


Cet article a été co-écrit avec la journaliste Caroline Chauvet Abalo

The Conversation

Luce Manomba Obame ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Les « crimes rituels » au Gabon : un phénomène moderne – https://theconversation.com/les-crimes-rituels-au-gabon-un-phenomene-moderne-259304

Dans les villes, comment les citoyens peuvent participer à la lutte contre la surchauffe

Source: The Conversation – in French – By Elodie Briche, Coordinatrice R&D en Urbanisme Durable et intrapreneure Plus fraîche ma ville, Ademe (Agence de la transition écologique)

Opération végétalisation avec les habitants de Saint-Michel-de-Lanès (Aude). Georges Combes, Fourni par l’auteur

Les canicules, comme celle que la France a vécue entre le 19 juin et le 6 juillet 2025, sont appelées à se multiplier et à s’intensifier avec le changement climatique. Les villes tentent de s’adapter et les citoyens ont dans ce processus de nombreux leviers d’action. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a créé un service numérique public gratuit, baptisé « Plus fraîche ma ville », qui peut être une source d’idées. Retour sur quelques expériences pratiques.


La France a été frappée fin juin et début juillet 2025 par une canicule qui a duré près de trois semaines.

Cette période a une nouvelle fois mis en lumière l’inadaptation des villes françaises face aux températures extrêmes, malgré les efforts menés ces dernières années. À l’échelle nationale comme locale, des actions d’adaptation au changement climatique sont en cours. Par exemple : rénovation thermique des écoles, opérations de revégétalisation de l’espace public, de désimperméabilisation des sols urbains…

Mais il n’existe pas de réponse unique à la chaleur. Pour être efficaces, ces mesures doivent être bien pensées en amont : la nature des solutions à engager dépend du contexte, du climat, de l’architecture (ou plus largement de la morphologie urbaine) et de la population de la ville.

C’est pourquoi les villes ont aussi besoin, pour mener leurs politiques d’adaptation, de la participation citoyenne. Les habitants peuvent jouer un rôle, collectivement et individuellement. Et cela, dans le choix des solutions comme dans leur mise en œuvre, afin de lutter le plus efficacement possible contre la surchauffe urbaine.

Nous n’en sommes pas toujours bien conscients, mais nous disposons de leviers pour nous réapproprier les espaces urbains et pour participer à les rendre plus vivables en période de fortes chaleurs. L’Agence de la transition écologique (Ademe) a ainsi créé un service numérique public gratuit, « Plus fraîche ma ville », consacré aux collectivités, qui peut également être une source d’idées inspirantes pour les citoyens.

Projet de végétalisation citoyenne à Saint-Michel-de-Lanès (Aude).
Georges Combes, Fourni par l’auteur

En nous informant mieux pour prendre conscience de la situation particulière de notre ville, en participant à des concertations locales sur les projets d’aménagement, en portant des projets avec d’autres citoyens mais aussi par nos comportements individuels, nous disposons d’une vaste panoplie de moyens pour lutter contre le phénomène de surchauffe locale qu’on appelle îlot de chaleur urbain (ICU).

Mais pour pouvoir s’en saisir, encore faut-il les connaître.

Des balades urbaines pour prendre conscience de son environnement

Depuis quelques années, de plus en plus de communes proposent aux citoyens d’appréhender de façon plus concrète la façon dont leur environnement urbain surchauffe, par exemple à travers des « balades urbaines et climatiques ».

Le principe est le suivant : citoyens, élus et experts techniques se réunissent pour suivre un parcours dans la ville à un moment où il fait chaud. De point en point, ils échangent sur leurs sensations dans les différents espaces – trottoirs goudronnés, bouches d’aération évacuant les rejets de climatisation, parcs arborés, aires de jeux exposées au soleil où aucun enfant ne joue…

  • Le premier but est d’objectiver l’aggravation de la chaleur estivale ressentie par l’effet d’îlot de chaleur urbain, ce phénomène qui se traduit par des températures plus élevées en ville qu’en zone rurale. Faire le constat partagé de cette surchauffe sur le terrain permet déjà aux participants de créer un consensus.

  • Dans un second temps, l’idée est de créer du dialogue entre élus, techniciens et habitants pour favoriser un passage à l’action rapide et durable.

C’est par exemple la démarche qui a été menée à Toulon et à la Seyne-sur-Mer, dans le Var. Elle a permis de mettre en évidence des lieux de rafraîchissement, d’identifier le rôle de la minéralisation (béton, goudron…), de la circulation et du stationnement excessif dans l’intensification de l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Synthèse des sessions d’observation et des balades sensibles dans le centre-ville de la Seyne-sur-Mer (Var).
CEREMA, 2023, Fourni par l’auteur

Par la suite, des solutions concrètes ont été identifiées. Un projet d’adaptation est en cours à l’échelle d’un premier quartier.

Participer aux programmes de sa commune

Une fois le constat posé, comment agir ? Difficile de s’y retrouver dans la jungle des interlocuteurs et des programmes communaux. Il existe pourtant plusieurs façons de prendre part aux décisions et aux actions publiques menées pour adapter les villes à la chaleur.

Cela passe par la participation à des concertations locales, par exemple pour concevoir une cour d’école, une place, un parc municipal… Ou, très concrètement, en mettant les mains dans la terre dans le cadre d’un dispositif de la ville.

Ruelle végétalisée par les habitants à Saint-Michel-de-Lanès (Aude).
Mairie de Saint-Michel-de-Lanès, Fourni par l’auteur

Saint-Michel-de-Lanès (Aude), qui a connu un tel projet il y a une dizaine d’années, en donne un bon exemple. Les habitants volontaires ont participé à l’installation de plantes grimpantes sur les façades des maisons. L’enjeu était d’améliorer le confort thermique pour les habitants, l’adaptation aux conditions climatiques locales tout en ayant une gestion plus raisonnée de l’eau. Conseillés par une paysagiste, ils ont sélectionné des plantes peu exigeantes en eau et adéquates pour le climat local (clématites, chèvrefeuilles, jasmins étoilés, etc.), en fonction de différents critères tels que le feuillage, la floraison et les supports.

À Elne, dans les Pyrénées-Orientales, la mairie et les citoyens ont décidé, pour répondre au contexte de sécheresse répétée, de désimperméabiliser et de végétaliser les rues en créant des jardins partagés. L’objectif était de « favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol pour limiter le ruissellement pluvial et conserver plus de fraîcheur en cœur de ville ».

Comment lancer un projet avec d’autres citoyens ?

Parfois, attendre que les transformations viennent du haut peut être long et frustrant. De nombreux projets émergent des citoyens eux-mêmes, qui à partir des besoins qu’ils identifient, imaginent des solutions et des espaces adaptés.

Il est tout à fait possible de rejoindre des collectifs citoyens existant, ou même, si vous avez une idée pour lutter contre la chaleur en ville près de chez vous, de fédérer d’autres citoyens pour agir avec vous. Quitte à demander ensuite à la ville de vous accompagner – financièrement, techniquement – pour le mettre en œuvre.

C’est ce qui s’est produit à la cascade des Aygalades, dans les quartiers nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), où une association locale, la Cité des arts de la rue, s’est saisie de ce lieu laissé à l’abandon. Elle l’a renaturé pour en faire un lieu de visite, de promenade et de baignade précieux dans cette zone de la Cité phocéenne.

« Permis de végétaliser »

Il existe des façons plus individuelles de s’engager contre la surchauffe urbaine. De plus en plus de villes octroient par exemple des « permis de végétaliser » : il suffit de demander à la ville le droit de planter telles espèces à tel endroit.

Certains citoyens prennent les devants et s’approprient les espaces délaissés, comme en Guadeloupe, dans les dents creuses (parcelles en friches en plein centre-ville), où certains habitants se mobilisent pour créer des jardins.

Plus simplement, nous avons tous un rôle à jouer sur le bien-être thermique collectif par nos comportements du quotidien.

Cela passe par exemple par un usage raisonné de la climatisation : si celle-ci est, en bien des lieux, indispensable, elle ne doit pas être le premier réflexe à adopter, du fait de son impact sur la consommation d’énergie et la facture d’électricité, son risque de déséquilibrer les réseaux, mais aussi sa contribution à l’accentuation de l’effet d’îlot de chaleur urbain – par les rejets d’air chaud qu’elle génère vers l’extérieur.

D’autres pratiques existent pour rafraîchir le logement en évitant, dans bien des cas, le recours à la clim’ : fermer les volets et les stores, humidifier le logement (en faisant sécher une serviette ou un drap mouillé), placer des films anti-chaleur sur les vitres ou encore planter des arbres ou des haies au sud et à l’ouest de l’habitat.


Alice Bour, rédactrice « Plus fraîche ma ville », a contribué à la rédaction de cet article

The Conversation

Elodie Briche est membre de l’Ademe. La start-up Plus fraîche ma ville a reçu des fonds du FINDPE, du FAST et de l’Ademe.

ref. Dans les villes, comment les citoyens peuvent participer à la lutte contre la surchauffe – https://theconversation.com/dans-les-villes-comment-les-citoyens-peuvent-participer-a-la-lutte-contre-la-surchauffe-260743

Malnutrition : utiliser les déchets organiques pour lutter contre la « faim cachée »

Source: The Conversation – in French – By Jean-Michel Médoc, Chercheur agronome de la gestion territoriale des déchets organiques, Cirad

Parcelles de niébé et de patate douce à chair orange agroécologiquement biofortifiées à Nioro du Rip, au Sénégal. Jean-Michel Médoc, Fourni par l’auteur

Dans le monde, 1,6 milliard de personnes souffrent de carences en micronutriments. Cette « faim cachée » touche principalement les enfants, les adolescents et les femmes en âge de procréer. Pour la combattre, les déchets organiques, combinés à des microorganismes locaux, peuvent être mobilisés pour améliorer la qualité nutritionnelle des produits de récolte.


Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la malnutrition désigne les déséquilibres dans l’alimentation. Contrairement à l’idée que l’on s’en fait généralement, la malnutrition concerne donc non seulement les carences, mais aussi les excès en nutriments.

Il existe deux formes de malnutrition, très différentes l’une de l’autre : la dénutrition (qui englobe le retard de croissance, l’émaciation – une perte excessive de poids – et les carences en micronutriments) et le surpoids ou l’obésité (qui résulte d’un excès de graisses corporelles).

En 2022, 881 millions d’adultes souffraient d’obésité, et plus de 148 millions d’enfants de moins de 5 ans souffraient de retard de croissance, tandis que 45 millions étaient atteints d’émaciation.

En outre, on estime que, sur la planète, 1,6 milliard de personnes souffrent de carences en micronutriments. Celles-ci peuvent avoir de lourdes conséquences sur la santé.

Pour lutter contre ces carences, une solution pourrait être de réutiliser les déchets organiques. Explications.

La « faim cachée », des carences aux conséquences graves

Dans de nombreuses zones rurales, en particulier en Afrique subsaharienne, les mères et leurs enfants souffrent fréquemment de carences en micronutriments essentiels, tels que la vitamine A, le fer et le zinc, qui sont vitaux pour une santé optimale. Ces carences sont souvent liées à des régimes alimentaires dominés par les céréales, peu diversifiés, pauvres en fruits, légumes et protéines animales.

Elles peuvent avoir de graves conséquences sur la santé. La vitamine A, par exemple, est indispensable à la vision. Elle est aussi importante pour le système immunitaire et la santé de la peau. Une carence sévère peut entraîner cécité, infections et décès (mais un excès est également toxique).

La carence en fer est une cause fréquente d’anémie (trop faible teneur d’hémoglobine dans le sang), laquelle se traduit par une pâleur, de la fatigue et un essoufflement. L’anémie peut aggraver les troubles cardiaques. Une carence en fer grave peut aussi mener à des dysfonctionnements cognitifs (« brouillard cérébral », diminution de l’attention, changement d’humeur) et au « pica », une envie irrépressible de manger des produits non comestibles (comme la terre, la glace, des farines, etc.). Des déformations des ongles (ongles en cuillère) et le syndrome des jambes sans repos peuvent aussi en résulter.

Les carences en zinc ont aussi de graves conséquences, car ce métal est le deuxième oligoélément le plus abondant dans notre corps, après le fer. Il est essentiel pour ses effets anti-inflammatoires et antioxydants. Il soutient l’immunité. Une carence en zinc entraîne une perte d’appétit, des troubles cutanés et immunitaires, et peut provoquer des retards de croissance et de développement chez les nouveau-nés et les enfants.

Sur le continent africain, ces carences grèvent non seulement la santé des habitants, mais aussi l’éducation et la productivité. Selon les estimations, la sous-nutrition entraînerait pour le continent une perte de 2 % à 16 % de son PIB.

De nombreux pays concernés

En 2022, le Groupe mondial de recherche sur les carences en micronutriments a publié dans la revue The Lancet les résultats d’une analyse sur les carences en micronutriments chez les enfants d’âge préscolaire et les femmes en âge de procréer dans le monde entier.

Ces travaux ont révélé que plus de la moitié des enfants d’âge préscolaire et des femmes en âge de procréer dans le monde souffrent d’une carence en fer, zinc ou vitamine A.

Ces carences touchent particulièrement l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud, l’Asie de l’Est et du Pacifique, où vivent la majorité des personnes concernées.

Toutefois, cette étude a aussi montré que, même dans les pays à hauts revenus, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, ces carences restent fréquentes chez les jeunes femmes et les enfants.

Comment lutter contre la malnutrition ?

Pour lutter contre la malnutrition, quatre stratégies complémentaires sont possibles.

La première consiste à pallier une carence identifiée en apportant des nutriments spécifiques en plus de l’alimentation sous forme de gélules, d’ampoules… On parle alors de « supplémentation fonctionnelle ». Par exemple, en cas de fatigue liée à une carence en magnésium, ce minéral peut être prescrit sous forme de comprimés, de poudre ou de solution à boire.

Une seconde stratégie consiste à améliorer la qualité nutritionnelle des aliments en micronutriments essentiels en les enrichissant pendant leur transformation industrielle. Cette « fortification des aliments » est mise en œuvre pour produire du sel iodé ou du lait « enrichi en vitamine D ».

La troisième stratégie, appelée diversification alimentaire, encourage le recours à une alimentation équilibrée, grâce à la consommation de produits appartenant à différents groupes alimentaires. Elle est essentielle pour un développement sain, en particulier des jeunes enfants.

Enfin, la quatrième stratégie est la biofortification. Elle se propose d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments directement « dans les champs », grâce à des pratiques agricoles traditionnelles ou au recours aux biotechnologies.

Biofortification agronomique

Contrairement à la fortification, la biofortification se fait pendant la croissance de la plante, et non durant la transformation des produits. Cette biofortification peut être mise en œuvre via trois approches : traditionnelle, génétique ou agronomique.

  • La biofortification traditionnelle utilise des méthodes de sélection végétale pour identifier et croiser des variétés de plantes afin d’améliorer le trait génétique de la teneur en un micronutriment (le zinc d’une variété de riz donnée, par exemple).

  • La biofortification par le génie génétique consiste à introduire artificiellement un gène dans le code génétique d’une culture afin d’obtenir un organisme génétiquement modifié qui va exprimer un micronutriment donné. Un exemple emblématique de cette approche est le riz doré, plus riche en provitamine A que les autres riz.

  • Enfin, la troisième approche de la biofortification, que l’on qualifie d’agronomique, s’appuie sur le potentiel d’une plante à mobiliser et à utiliser les micronutriments qui lui sont apportés afin d’augmenter la teneur en micronutriments de ses parties comestibles. Classiquement, il s’agit d’appliquer des engrais synthétiques (contenant en général un micronutriment) sur les feuilles ou sur le sol.

Cependant, une autre source de micronutriments pourrait provenir de nos déchets organiques, avec le renfort des microorganismes.

Utiliser les déchets pour lutter contre les carences

Les déchets organiques issus des activités agricoles, agro-industrielles et urbaines représentent une ressource précieuse en matière organique et en nutriments essentiels pour la fertilité des sols. Leur valorisation agricole permet de recycler les nutriments et de renforcer une économie circulaire à l’échelle locale.

Ils constituent également une précieuse ressource pour lutter contre la malnutrition. En effet, ils contiennent certains éléments comme le zinc et le cuivre qui sont des micronutriments indispensables à la santé humaine.

En appliquant des pratiques agroécologiques de fertilisation à base de déchets organiques, il est en effet possible d’améliorer la teneur en micronutriments des cultures de base telles que mil, maïs, blé, etc.

Qu’est-ce que l’agroécologie ?

  • Pour rappel, l’agroécologie cherche à transformer en profondeur les systèmes agricoles et alimentaires, en mobilisant la biodiversité et les fonctions naturelles des écosystèmes pour produire durablement, en limitant l’usage d’intrants de synthèse et en tenant compte des aspects sociaux, économiques et politiques.

L’originalité de notre approche réside dans l’intégration de microorganismes efficaces dans le processus de valorisation des déchets organiques.

Les microorganismes locaux à la rescousse

Le consortium de microorganismes d’origine naturelle (bactéries, levures et champignons) que nous utilisons est issu de la litière forestière de zones peu modifiées par les activités humaines, donc biologiquement plus riches et diversifiées que celles qui ont été anthropisées.

Issus de la biodiversité locale, ces microorganismes sont adaptés aux conditions de température, d’humidité et d’aération des sols et restaurent leur microflore tout en étant faciles et économiques à reproduire (ils sont multipliés par fermentation à la ferme).

Leur complémentarité permet de biostimuler de nombreuses fonctions biologiques dans le sol et dans les plantes, renforçant ainsi la santé des sols et stimulant la croissance des plantes.

Notre hypothèse est que ces microorganismes favorisent également la solubilisation du fer et du zinc présents dans les déchets organiques, augmentant ainsi leur disponibilité pour une biofortification naturelle des cultures.

Ils jouent en quelque sorte le rôle de courroie de transmission entre les minéraux apportés par les déchets organiques et l’absorption par les racines de la plante, et ce de différentes façons : minéralisation de la matière organique, solubilisation des éléments traces, facilitation de l’absorption racinaire, stimulation de la croissance racinaire…

Un premier test sur le terrain

Cette approche a été expérimentée au sein du projet OR4FOOD, financé par l’Union africaine et l’Union européenne. En collaboration avec les agriculteurs de la région de Kaffrine, dans le centre du Sénégal, les principes de la biofortification ont été appliqués sur plusieurs cultures d’aliments africains de base, notamment le mil, le niébé ou la patate douce à chair orange.

Les résultats obtenus, en cours de publication, sont très encourageants : les rendements et les concentrations en micronutriments (fer et zinc) des variétés de niébé Thieye et Thissine cultivées de la sorte se sont avérés supérieurs à ceux des variétés traditionnelles.

Lorsque ces variétés naturellement riches en micronutriments reçoivent une combinaison de résidus organiques (litière de volailles) et de microorganismes, les gains en fer obtenus sont de +25 % et ceux en zinc de +33 % par rapport à ces mêmes variétés conduites de façon conventionnelle, avec application d’engrais de synthèse.

Des résultats intéressants ont également été obtenus pour la patate douce à chair orange. Les variétés Apomudem et Kandee ont enregistré des gains de +69 % en fer en ayant reçu une combinaison de litière de volailles et de microorganismes et +39 % en zinc, avec une combinaison de boues d’épuration des eaux usées urbaines et de microorganismes, par rapport aux variétés cultivées de manière conventionnelle.

Ces résultats surpassent aussi les pratiques de biofortification chimique dans un contexte sahélien, ce qui renforce la pertinence des pratiques agroécologiques.

Préserver les nutriments jusqu’à l’assiette

Une fois ces gains obtenus, il est crucial de s’assurer qu’ils seront préservés durant la phase de transformation des aliments, pour garantir qu’ils pourront effectivement bénéficier aux consommateurs.

En effet, la cuisson classique des aliments entraîne, notamment par la chaleur, l’altération du fer et des vitamines. Cela peut réduire leur bioaccessibilité, c’est-à-dire la proportion réellement libérée dans le tube digestif et disponible pour l’absorption par le corps.

Afin de s’assurer leur préservation, et en particulier du gain obtenu lors de la production, OR4FOOD a testé l’optimisation des paramètres de transformation (température, humidité, pression) par la technique de cuisson-extrusion.

Le projet a ainsi montré que les produits obtenus par ce procédé que l’utilisation de la litière de volaille en combinaison avec des microorganismes a augmenté la bioaccessibilité du fer dans le niébé cuit (27 %-29 %) par rapport à la contrepartie non biofortifiée (9 %).

Un point de vigilance auquel nous prêtons une attention particulière est la présence potentielle de contaminants dans les déchets utilisés (pesticides, substances industrielles, métaux, résidus pharmaceutiques, PFAS, microplastiques, microorganismes pathogènes, etc.). Des méthodes d’évaluation de ces risques, qui varient selon l’origine des déchets, sont mises en œuvre ou en cours de développement pour les mesurer.

Le projet OR4FOOD démontre qu’il est possible, sans recours aux organismes génétiquement modifiés, d’améliorer significativement la qualité nutritionnelle des cultures, tout en préservant les rendements et la santé des sols.

Son déploiement pourrait permettre de mieux lutter contre la malnutrition, en complétant avantageusement d’autres stratégies, telles que la diversification alimentaire.


Remerciements :

Ce travail a été soutenu par :

– L’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), à travers le projet « Organic Residual Products for Biofortified Foods for Africa » (OR4FOOD – numéro de subvention AURG-II-2-110-2018). Nous remercions l’UA et l’UE, nos partenaires de l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA), de l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD), de l’lnstitut de technologies alimentaires (ITA) du Sénégal ainsi que ceux d’Addis Ababa University en Éthiopie et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France.

– La Banque mondiale à travers le fonds NBS Invest (« Accelerating Nature Based Solutions in Least Developed Countries »), projet ASA « Reflection and knowledge » (contrat 0002010826) pour la valorisation et la diffusion des résultats.

The Conversation

Jean-Michel Médoc a reçu des financements de l’Union Africaine et de l’Union Européenne.

Paula Fernandes a reçu des financements de la Banque Mondiale, fonds NBS Invest (Accelerating Nature Based Solutions in Least Developed Countries), contrat ASA Reflection and Knowledge.

Samuel Legros a reçu des financements de l’Union Africaine et de l’Union Européenne.

Emmanuel Noumsi Foamouhoue ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Malnutrition : utiliser les déchets organiques pour lutter contre la « faim cachée » – https://theconversation.com/malnutrition-utiliser-les-dechets-organiques-pour-lutter-contre-la-faim-cachee-258417

À Gaza, l’illusion humanitaire ne nourrit pas une population affamée

Source: The Conversation – in French – By Pierre Micheletti, Responsable du diplôme «Santé — Solidarité — Précarité» à la Faculté de médecine de Grenoble, Université Grenoble Alpes (UGA)

Alors que la situation humanitaire à Gaza atteint un niveau de gravité sans précédent, les annonces de reprise ou de largage d’aide internationale masquent la réalité d’un dispositif insuffisant et strictement encadré par les autorités israéliennes, pourtant responsables du blocus. Plutôt que de mobiliser les leviers politiques et diplomatiques nécessaires pour lever ce blocus, les interventions se limitent à des actions symboliques, laissant perdurer une crise humanitaire profonde et structurelle.


Sous l’effet des pressions internationales, une timide reprise des approvisionnements humanitaires s’amorce à Gaza.Toutefois, les responsables israéliens, comme c’est le cas depuis 2005, prolongent une fois encore la « stratégie de la perfusion contrôlée ». Les mécanismes qui aboutissent à la crise actuelle sont ainsi connus et dénoncés depuis plus d’un an . Les flux alimentaires vitaux ont été maintenus, à la limite constante de la suffocation ; juste suffisants pour éviter une mortalité massive qui viendrait parachever le drame qui se joue depuis octobre 2023.

Avec une telle mortalité, le risque serait trop grand qu’enfin se dégage un consensus qui pourrait balayer l’incroyable inertie qui prévaut dans la gouvernance des relations internationales. Les autorités israéliennes le savent.

Les livraisons cosmétiques annoncées ne sont pourtant en rien résolutives du drame que connaît la population civile de ce territoire depuis plus de 18 mois maintenant.




À lire aussi :
Malnutrition à Gaza : son impact sur les 1 000 premiers jours de vie des bébés


Les largages alimentaires : une aide dérisoire face à une population dévorée par la famine

Elles empruntent des modalités qui, dans le sillage du calamiteux dispositif de la Fondation Humanitaire pour Gaza, continuent de déroger à toute préoccupation d’efficacité et de respect des principes humanitaires à l’égard d’une population civile qui vit dans un territoire occupé par une puissance extérieure.
Car les mesures annoncées contreviennent à la mise en œuvre effective d’une sécurité alimentaire qui repose sur 4 piliers .

D’abord la disponibilité des denrées. C’est sur ce seul axe que portent l’accroissement annoncé des volumes d’aide délivrée. Avec une volumétrie qui soulève cependant des doutes : 100 camions annoncés là où avant le conflit massif plus de 500 étaient mobilisés chaque jour. L’ONU estime à 62 000 tonnes par mois la nécessaire disponibilité de denrées alimentaires.

Le deuxième pilier concerne l’accessibilité effective de la population civile aux denrées ayant franchi la frontière. Une accessibilité qui porte sur la capacité à se déplacer pour accéder à la nourriture, – accessibilité géographique – particulièrement cruciale pour les malades, les blessés et les personnes âgés, des dizaines de milliers de personnes en l’occurrence ; l’exposition à la violence militaire met en jeu l’accessibilité sécuritaire ; et selon les circuits de répartition ensuite empruntés par les aliments, des coûts qui peuvent être prohibitifs si livrés à la dérégulation d’un marché noir favorisé par l’absence d’encadrement sur le terrain – accessibilité financière -.

Le 3ème pilier repose sur la capacité des populations à utiliser effectivement les produits entrés sur le territoire. C’est-à-dire de pouvoir disposer des ustensiles de cuisine, du combustible et des autres ingrédients dont l’eau qui permettent la préparation des aliments qui nécessitent une cuisson.

Les blessés graves ou inconscients nécessitant par ailleurs une nutrition parentérale spécialisée et contrôlée par des professionnels de santé dont la mortalité a également été massive depuis octobre 2023. Et enfin, quatrième composante de la sécurité alimentaire : la stabilité dans le temps des 3 piliers précédents et non, comme cela est le cas depuis 18 mois, des livraisons erratiques dans le temps et dans l’espace.

La sous-nutrition aigue qui peut conduire à la mort, résulte ainsi d’un équilibre entre les apports qui construisent la sécurité alimentaire et les excès de pertes, le plus souvent liées à des diarrhées aigües très fréquentes là où la qualité de l’eau de boisson ne peut être garantie. Tel est le cas pour la population de Gaza, dont la densité était avant le conflit l’une des plus élevées au monde .

Sous le siège israélien, les Gazaouis abandonnés à une famine dévastatrice

La population, dont plus de 80% est poussée à une errance perpétuelle , est aujourd’hui concentrée sur de faibles surfaces territoriales, vivant au milieu des déjections humaines et animales, sans non-plus les moyens d’une hygiène corporelle minimale, et alors-même que la sous-alimentation chronique expose en particulier les enfants à une plus grande mortalité par déficit immunitaire.

Ce sont toutes ces composantes vitales que ne peut résoudre la seule augmentation modeste en volume qui est annoncée par les autorités israéliennes. Cette décision relève du marketing humanitaire si elle reste isolée.

Cette punition collective n’a que trop duré pour les 2 millions de personnes qui errent sur un territoire de 40km de long sur 10 de large. Malgré les récentes annonces, la vigilance reste de mise pour que les approvisionnements dérisoires – largement médiatisés – ne soient pas érigés en solution généreuse et durable…
Une mobilisation inédite de grandes ONG internationales ne cesse d’interpeller sur la situation catastrophique que vivent la population comme les équipes d’acteurs humanitaires .

Un véritable cessez-le-feu doit être instauré, et des décisions politiques prises pour qu’enfin se dégagent les perspectives d’une paix durable. La prochaine Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2025 à New York constitue une opportunité de prendre des décisions pour « le jour d’après » la période de conflit. Des initiatives politiques se multiplient, en particulier autour de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par un nombre croissant de pays.

The Conversation

Pierre Micheletti est membre :

Président d’honneur d’Action Contre la Faim
Ancien président de Médecins du Monde
Administrateur de SOS Méditerranée
Membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme

ref. À Gaza, l’illusion humanitaire ne nourrit pas une population affamée – https://theconversation.com/a-gaza-lillusion-humanitaire-ne-nourrit-pas-une-population-affamee-262461

Love in the age of WhatsApp – a philosopher explains how technology reduces the power of a relationship

Source: The Conversation – UK – By Tony Milligan, Research Fellow in the Philosophy of Ethics, King’s College London

antoniodiaz/Shutterstock

A sense of distance has always been part of romantic love. The experience of wanting to be with another person often requires separation, if only in the form of days apart for work and travel. Matters become more complicated, however, when that distance is mediated by technology – by dating app swipes, messaging on WhatsApp and FaceTime.

For myself, as a philosopher of love, there is no good reason to say that loving relationships of a mostly remote nature cannot endure – or that physical separation inevitably and eventually destroys love. Much of society’s collective understanding of love suggests this is simply not true. Longing for another human can continue at a distance, even if we want that distance to end.

That said, one of the most familiar uncertainties about romantic love is the fear that it is a drama played out within the self, and that the other person does not care in the same way. When technology mediates contact, this can strengthen familiar forms of scepticism about love – for example, about whether or not the other person is really who they seem to be. We want sincerity and depth of feeling. Not just a pleasing response.


Dating today can feel like a mix of endless swipes, red flags and shifting expectations. From decoding mixed signals to balancing independence with intimacy, relationships in your 20s and 30s come with unique challenges. Love IRL is the latest series from Quarter Life that explores it all.

These research-backed articles break down the complexities of modern love to help you build meaningful connections, no matter your relationship status.


If I am apart from my wife Suzanne for any length of time, I want our conversations over FaceTime and WhatsApp to be quite different from the interactions that might be possible with an AI girlfriend. I still want a real, tangible person at the other end of the technology, with whom I could share an embrace if only we were together.

In other words, our technologically mediated interactions do not stand alone – they are part of a life which is largely spent together. Location matters, and this is one of the aspects of love that accounts of the philosophy of love are generally bad at understanding (with the possible exception of some of the work on love by Japanese philosophers such as Nishida and Watsuji).

Two women holding hands and smiling
We expect our relationships to feel different in real life than they do digitally.
Anna Selle/Unsplash

I do not mention shared places at all in my own book on love. Yet they are central to being a couple. People do not typically just want to meet in some random location. We want to be together in a determinate series of places, including our homes. Too much technological mediation can undermine this sense of being somewhere together physically. Being together online is not the same.

Love and its limits

My thought then is not that technologically mediated love cannot endure, but that it becomes something second-rate if there is too much mediation and not enough actual being together in a shared physical place.

This is an unpopular thought for two reasons. First, it involves saying that Plato and a long line of western philosophers have been right: some kinds of love really are better than others. “Better” in the simple and obvious sense that they are geared towards meeting our needs, smoothing out the bad parts of life, and making sure there are also enough high points.

Scientists can see this at a neurophysiological level. Some kinds of love activate the brain’s feel-good attachment and reward networks more than others. Romantic love and parental love activate more of these networks than love for pets, though the latter does trigger a genuine response.

Second, it involves saying that love is not infinitely plastic – it cannot be just anything we want it to be. Romantic love has a social history reaching back at least a couple of thousand years and perhaps a good deal longer. Our few surviving remnants of prehistoric tales deal with loss and longing, played out across the night sky.

Yet love has an even larger history which is shared with other social animals. It is a mark of our creatureliness, our physicality as a special kind of animal. We are not ghosts flitting across the glaciers, embracing only in cyberspace.

Woman sad holding up a piece of paper that says 'I miss you' so it can be seen through her webcam.
The fact we are human sets limits on the kinds of love that can work well.
Drazen Zigic/shutterstock

Our heavily constructed romantic ideas about what we can mean to one another still depend upon a solid evolutionary foundation of wanting to be somewhere familiar with a special someone – and grieving when this is no longer possible. Dogs do it, chimps do it, and so do we.

And so, if anyone wants to say that a largely remote and mediated relationship can be just as good as being together in shared places, or that a romantic relationship with a holographic anime character can be just as good as a romantic relationship with a real person, then my response is “not for beings like us”.

The fact we are human sets limits to the kinds of love that can work well. As I explore in my research, love is not a democracy. All loves are not equal. There are limits to the ways in which technologies can mediate (or even take the place of) romantic relationships of the most fulfilling sorts.

None of which will stop Suzanne from texting me, or me texting Suzanne, with a suitable range of emojis. And none of which will stop us from video-meeting at every opportunity when we are separated by an ocean or two.

But as we do these things, the promise is always there of a return to the places where we exist physically together. Using technologies when separated by great distances is not a substitute for sharing these places. It is a way of saying that we are coming home.


This article features references to books that have been included for editorial reasons, and may contain links to bookshop.org. If you click on one of the links and go on to buy something from bookshop.org The Conversation UK may earn a commission.


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The Conversation

Tony Milligan does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Love in the age of WhatsApp – a philosopher explains how technology reduces the power of a relationship – https://theconversation.com/love-in-the-age-of-whatsapp-a-philosopher-explains-how-technology-reduces-the-power-of-a-relationship-254342

The Victorian sportswomen who had to fight misogynistic abuse, just like the Lionesses

Source: The Conversation – UK – By Tarini Bhamburkar, Research Affiliate, University of Bristol

Much of England has been celebrating the Lionesses’ historic win at the Uefa European Women’s Championship – the first time a senior England football team has won a major championship abroad and retained a major trophy. However, not everyone was pleased.

Former footballer and manager Joey Barton took to X to express his underwhelm, writing: “Well done to the Lioness winning the Nonsense Pottery Trophy. Those penalties were borderline embarrassing again. Don’t ever ask for equal pay again. Youse are miles off it. 🐕💨”

Barton has faced a backlash for his outdated response to the historic win, with many pointing out that the Lionesses have won more cups for England than Barton – who has won zero with the senior team, having played only 17 minutes as a substitute for them.

Sadly, Barton is just one in a long line of men who have attacked sportswomen, while refusing to recognise that women have been excelling at sport for over a century. At the same time, there is a long line of women players and fans who have repeatedly called out such misogyny.


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I have spent the last year-and-a-half digging into newspaper archives where the stories of some of these women can be found. In their own words, these sportswomen and their fans detail their experiences as pioneers – and the attacks they faced along the way.

The earliest accounts of women engaging in sport in Britain show them playing tennis or croquet, or being adept at horse riding, in the 19th century. These were seen as permissible recreational activities for the “fairer sex”, but only if the practice of them remained noncompetitive.

But in the late Victorian age this changed, as women started playing many more sports – in some cases professionally. Women’s participation in athletics and competitive sports such as cricket was furiously debated – predominantly by men, who saw it as defying traditional gender roles. At the time, a woman wanting to be a professional sportswoman was widely seen as questionable and ungraceful.

The front page of Women's Penny Paper with the interview with Daisy Stanley.
The front page of Women’s Penny Paper with the interview with Daisy Stanley.
British Library, CC BY-NC-ND

There were, however, many female sports people and fans who were arguing against such ideas. I was particularly struck by one interview from 1890 with the remarkable Miss Daisy Stanley, captain of the Blue Eleven women’s cricket team.

The Original English Lady Cricketers are one of the earliest examples of paid, professional sportswomen who toured nationally between 1890 and 1892. They comprised 30 women divided into two teams: the Red XI and Blue XI.

Stanley’s interview was published on the front page of the weekly woman-edited newspaper, Women’s Penny Paper. As a progressive women’s newspaper, it was keen to profile a professional female player and inspire its women readers.

Throughout the interview, the unnamed lady journalist refers to her interviewee as “Captain Stanley” (rarely using any other term for her), asking significant questions about herself, her team and her ambitions. The article notes the enthusiasm for these women cricketers after their first public match in Liverpool against a local men’s side, where “visitors assembled in thousands”.

But the journalist laments the unserious treatment of the players at the hands of the “gentlemen” players, noting: “Whenever the game has been between ladies and gentlemen, the latter have … assumed broomsticks and treated their adversaries as weaker vessels.”

You can trace the thread from the attitudes to this pioneering cricket match in 1890 right up to Barton’s comments about the Lionesses in 2025.

Undaunted, the “tall and well-built” Captain Stanley, who looked “capable of much execution in the way of play”, rose through these afflictions. Before becoming a professional cricket player and playing regularly, she had considered the game impossible for girls to excel in – a view she reveals in the interview to have been “materially altered” by her experience of playing the game professionally.

Stanley is full of praise for ladies’ participation in sports, deeming that “there is not a more healthy … or beneficial game than cricket for our sex”.

In the wider society of the time, though, the possibilities – and benefits – of sports for women were being puzzled out socially and publicly through articles in periodicals. An article titled “Athletics for Ladies” in Cassell’s Family Magazine in 1896 lauded the benefits of women’s cautious “physical or muscular progress”, for example, but saw “football as a man’s game”.

The idea of women playing sports, let alone playing competitively, was both mocked and rebuked by swathes of the British media and public. But despite the ubiquitous pushback around them, women like Captain Stanley remained undeterred. In the interview in the Women’s Penny Paper, she mentions her thorough knowledge of the game, gives a shout-out to worthy team members and their skills, and celebrates her love of the sport.

Reflecting on having watched the paid professional Victorian women playing their cricket match so well, the impressed interviewer notes something that we would do well to remember today: “That here, as elsewhere, when women really take a thing in hand, they can and will carry it out thoroughly.”

The Lionesses have certainly done that, and we have the facts to back it up. After all, Chloe Kelly’s winning penalty kick on Sunday was reportedly faster than any shots on goal by the men this Premier League season. Try arguing with that.


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Tarini Bhamburkar has received funding from the Royal Historical Society.

ref. The Victorian sportswomen who had to fight misogynistic abuse, just like the Lionesses – https://theconversation.com/the-victorian-sportswomen-who-had-to-fight-misogynistic-abuse-just-like-the-lionesses-261798

The Soviet Union’s secret tsunami

Source: The Conversation – UK – By Patrick David Sharrocks, PhD Candidate in Tsunami Geohazards, University of Leeds

On July 30, one of the largest earthquakes ever recorded struck off the Kamchatka peninsula, in Russia’s far east. Within minutes, tsunami warnings were issued in Russia, much of Asia and across the Pacific in Hawaii, New Zealand and California.

But this wasn’t the first time a huge tsunami had hit Kamchatka. In 1952, an even more powerful earthquake hit the same fault line – but it was kept hidden from the world.

Kamchatka is no stranger to seismic activity, with a large earthquake occurring as recently as 2020 (the fourth most powerful anywhere in the world that year). However, only the biggest earthquakes can create large destructive tsunamis and cause Pacific-wide warnings like those experienced on Wednesday.

On a plate boundary, where two pieces of the Earth’s crust meet, such large earthquakes often occur on consistent timescales known as “seismic cycles”. In some areas, these cycles are long: on the Cascadia boundary off the Pacific coast of North America, for instance, the last major tsunami-generating earthquake was in 1700.

However, the plates move much faster near Kamchatka (around 8 centimetres a year) and the the cycle is much shorter. Large tsunamis were generated from earthquakes in 1737, 1841, 1952 – and now 2025 is a continuation of this cycle.

Just after midday on November 5 1952, tsunami waves up to 8 foot (2.4 metres) hit Hawaii. This was an early test for the Pacific Tsunami Warning Center, which had recently been established on the islands in response to a 1946 tsunami following an earthquake in Alaska.

Earlier that day, seismologists across the world had detected signals from an earthquake pinpointed to the northwest Pacific around Kamchatka. When the wave hit Hawaii, scientists there quickly used the exact time of the wave and the known speed of tsunamis (in deep water, these are similar to a jet plane) to deduce it must have been created by that giant earthquake in the northwest Pacific. But from Kamchatka itself, there was silence.

There were no reports of an earthquake or tsunami in the Soviet press. Not a word was written in state newspaper Pravda, which instead focused on preparations for the Great October Revolution anniversary two days later.

Days and months passed without any recognition of the tsunami and earthquake. Even an interview with a Russian volcanologist, Alexander Evgenievich Svyatlovsky, was stored as a “state secret”, despite him merely explaining how the tsunami had originated.

Such secrecy was common at the height of the cold war, with Chernobyl and other disasters often being underreported by the Soviet authorities. It was only after the release of state archives in the early 2000s that the full picture could be told.

The devastation at Severo-Kurilsk

The isolated fishing town of Severo-Kurilsk lies on an island just south of the Kamchatka peninsula. According to state archives, 6,000 people lived there in 1952, spread thinly across the coastline.

On the morning of November 5, inhabitants were woken by a major earthquake, the strongest anyone there had ever felt. Around 45 minutes later a wave arrived, slowing and steepening as it reached the shore. Soldiers on lookout were able to warn people of the danger, and many fled to high ground.

But tsunamis are wave trains with a series of peaks and troughs. They act much like waves you’d experience on a beach – except that these waves stretch thousands of metres into the ocean, hitting the shore not every few seconds but with tens of minutes between each one.

Minutes after some residents had returned to their homes, a second, larger wave struck. It rose some 12 metres high – as tall as a three-storey building – and hit the town from behind. A third wave soon followed, washing away much of the town that remained.

In all, the tsunami caused 2,336 deaths out of a population of 6,000. The survivors never shared the details for fear of reprisals, and the story remained a state secret.

Today, Severo-Kurilsk sits 20 metres above sea level, rebuilt and fortified. Videos from the 2025 tsunami show flooding at the port, but there are no reported fatalities – testament to modern warning systems and urban planning.

One problem remains: the repositioning of the town has placed it in the path of deadly mudflows from the nearby volcano Ebeko (only 7km away). For Severo-Kurilsk, tsunamis represent only one of many threats in this corner of the Pacific.


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The Conversation

Patrick David Sharrocks receives funding from the Natural Environment Research Council, grant number NE/S007458/1.

ref. The Soviet Union’s secret tsunami – https://theconversation.com/the-soviet-unions-secret-tsunami-262452

​The contagion scale: which diseases spread fastest?

Source: The Conversation – UK – By Dan Baumgardt, Senior Lecturer, School of Physiology, Pharmacology and Neuroscience, University of Bristol

Gelefin/Shutterstock.com

When the COVID pandemic hit, many people turned to the eerily prescient film Contagion (2011) for answers – or at least for catharsis. Suddenly, its hypothetical plot felt all too real. Applauded for its scientific accuracy, the film offered more than suspense – it offered lessons.

One scene in particular stands out. Kate Winslet’s character delivers a concise lesson on the infectious power of various pathogens – explaining how they can be spread from our hands to the many objects we encounter each day – “door knobs, water fountains, elevator buttons and each other”. These everyday objects, known as fomites, can become silent vehicles for infection.

She also considered how each infection is given a value called R0 (or R-nought) based on how many other people are likely to become infected from another. So, for an R0 of two, each infected patient will spread the disease to two others. Who will collectively then give it to four more. And so a breakout unfolds.

The R0 measure indicates how an infection will spread in a population. If it’s greater than one (as seen above), the outcome is disease spread. An R0 of one means the level of people being infected will remain stable, and if it’s less than one, the disease will often die out with time.

Circulating infections spread through a variety of routes and differ widely in how contagious they are. Some are transmitted via droplets or aerosols – such as those released through coughing or sneezing – while others spread through blood, insects (like ticks and mosquitoes), or contaminated food and water.

But if we step back to think about how we can protect ourselves from developing an infectious disease, one important lesson is in understanding how they spread. And as we’ll see, it’s also a lesson in protecting others, not just ourselves. Here is a rundown of some of the most and least infectious diseases on the planet.

In first place for most contagious is measles.

Measles has made a resurgence globally in recent years, including in high-income countries like the UK and US. While several factors contribute to this trend, the primary cause is a decline in childhood vaccination rates. This drop has been driven by disruptions such as the COVID pandemic and global conflict, as well as the spread of misinformation about vaccine safety.

The R0 number for measles is between 12 and 18. If you do the maths, two cycles of transmission from that first infected person could lead to 342 people catching the illness. That’s a staggering number from just one patient – but luckily, the protective power of vaccination helps reduce the actual spread by lowering the number of people susceptible to infection.

Measles is extraordinarily virulent, spreading through tiny airborne particles released during coughing or sneezing. It doesn’t even require direct contact. It’s so infectious that an unvaccinated person can catch the virus just by entering a room where an infected person was present two hours earlier.

People can also be infectious and spread the virus before they develop symptoms or have any reason to isolate.

Other infectious diseases with high R0 values include pertussis, or whooping cough (12 to 17), chickenpox (ten to 12), and COVID, which varies by subtype but generally falls between eight and 12. While many patients recover fully from these conditions, they can still lead to serious complications, including pneumonia, seizures, meningitis, blindness, and, in some cases, death.

Low spread, high stakes

At the other end of the spectrum, a lower infectivity rate doesn’t mean a disease is any less dangerous.

Take tuberculosis (TB), for example, which has an R0 ranging from less than one up to four. This range varies depending on local factors like living conditions and the quality of available healthcare.

Caused by the bacterium] Mycobacterium tuberculosis, TB is also airborne but spreads more slowly, usually requiring prolonged close contact with someone with the active disease. Outbreaks tend to occur among people who share living spaces – such as families, households, and in shelters or prisons.

The real danger with TB lies in how difficult it is to treat. Once established, it requires a combination of four antibiotics taken over a minimum of six months. Standard antibiotics like penicillin are ineffective, and the infection can spread beyond the lungs to other parts of the body, including the brain, bones, liver and joints.

What’s more, cases of drug-resistant TB are on the rise, where the bacteria no longer respond to one or more of the antibiotics used in treatment.

Other diseases with lower infectivity include Ebola – which is highly fatal but spreads through close physical contact with bodily fluids. Its R0 ranges from 1.5 to 2.5.

Diseases with the lowest R0 values – below one – include Middle East respiratory syndrome (Mers), bird flu and leprosy. While these infections are less contagious, their severity and potential complications should not be underestimated.

The threat posed by any infectious disease depends not only on how it affects the body, but also on how easily it spreads. Preventative measures like immunisation play a vital role – not just in protecting people, but also in limiting transmission to those who cannot receive some vaccinations – such as infants, pregnant women and people with severe allergies or weakened immune systems. These individuals are also more vulnerable to infection in general.

This is where herd immunity becomes essential. By achieving widespread immunity within the population, we help protect people who are most susceptible.


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Dan Baumgardt does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. ​The contagion scale: which diseases spread fastest? – https://theconversation.com/the-contagion-scale-which-diseases-spread-fastest-261975

Why the US is letting China win on energy innovation

Source: The Conversation – UK – By Stephen Lezak, Programme Manager at the Smith School of Enterprise and the Environment, University of Oxford

The Heyuan Queyashan wind farm near the Chinese city of Heyuan, Guangdong province. maple90 / Shutterstock

During the cold war, the US and Soviet Union were locked in a desperate race to develop cutting‑edge technologies like long-range missiles and satellites. Fast forward to today and the frontiers of global technology have pivoted to AI and next‑generation energy.

In one domain, AI, the US has far outpaced any other nation – though China looks to be closing the gap. In the other, energy, it has just tied its shoelaces together. The reason isn’t technology, economics or, despite the government’s official line, even national security. Rather, it is politics.

Since returning to the White House in January, Donald Trump has handed out huge wins to the coal and oil and gas industries. This is no great surprise. Trump has long been supportive of the US fossil fuel industry and, since his reelection, has appointed several former industry lobbyists to top political positions.

According to the Trump administration, national security requires gutting support for renewable energy while performing political CPR on the dying coal industry.

The reality is that, since 2019, the US has produced more oil, gas and coal annually than Americans want to use, with the rest exported and sold overseas. It is currently one of the most prolific exporters of fossil fuels in the world.

In short, the US does not have an energy security problem. It does, however, have an energy cost problem combined with a growing climate change crisis. These issues will only be made worse by Trump’s enthusiasm for fossil fuels.

Over the past six months, the Trump administration has upended half a decade of green industrial policy. It has clawed back billions of US dollars in tax credits and grants that were supercharging American energy innovation.

Meanwhile, China has roared forward. Beijing has doubled down on wind, solar and next‑generation batteries, installing more wind and solar power in 2024 than the rest of the world combined. To China’s delight, the US has simply stopped competing to be the world’s clean energy powerhouse.

Roughly one-in-five lithium‑ion batteries, a key component in clean energy products, are made in China. Many of the newest high‑tech batteries are also being developed and patented there. While Trump repeats the tired mantra of “drill, baby, drill”, China is building factories, cornering the market for critical minerals such as lithium and nickel, and locking in export partners.

At the same time, household energy spending in the US is expected to increase by US$170 (£126) each year between now and 2035 as a result of Trump’s One Big Beautiful Bill Act. The bill, which includes sweeping changes to taxes, social security and more, will raise energy costs mainly because it strips away support for cheap and abundant renewables like wind and solar.

Household energy costs could go up even more as Trump threatens to make large‑scale clean energy development much more onerous by putting up bureaucratic hurdles. The administration recently issued a directive requiring the secretary of the interior to approve even routine activities for wind and solar projects connected to federal lands.

Meanwhile, climate change is hitting American communities harder with each passing year. As recent flooding in Texas and urban fires in California and Hawaii have shown, fewer Americans still have the luxury of ignoring climate change.

As the cost of these disasters mount – US$183 billion in 2024 – the grifting of the oil and gas industry will become an increasingly bitter pill for the nation to swallow.

China’s foresight

China, with its authoritarian government, is less susceptible to the petroleum-obsessed dogma fueling the Republican party. It does not have prominent leaders like US politician Marjorie Taylor Greene, who previously warned that Democrats are trying to “emasculate the way we drive” by advocating for electric vehicles. Rather, China’s leaders are seeing green – not in the environmental sense, but in a monetary one.

It is generally cheaper nowadays to build and operate renewable energy facilities than gas or coal power stations. According to a June 2025 report by Lazard, an asset management company, electricity from new large-scale solar farms costs up to US$78 per megawatt hour – and often much less. The same electricity from a newly built natural gas plants, by comparison, can cost as much as US$107 per megawatt hour.

Across the world, utilities are embracing clean energy, choosing lower costs for their customers while reducing pollution. China saw the writing on the wall decades ago, and its early investments are bearing a rich harvest. It now produces more than half of the world’s electric vehicles and the vast majority of its solar panels.

Wind turbines on top of green mountains.
The Heyuan Queyashan wind farm near the Chinese city of Heyuan, Guangdong province.
maple90 / Shutterstock

The US can still compete at the leading edge of the energy sector. American companies are developing innovative new approaches to geothermal, battery recycling and many other energy technologies.

But in the battle to become the world’s 21st-century energy manufacturing powerhouse, the US seems to have walked off the playing field.

In Trump’s telling, the US may have simply exited one race and reentered another. But the fossil fuel industry – financially, environmentally and ethically – is obviously a dead end.


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Stephen Lezak does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

ref. Why the US is letting China win on energy innovation – https://theconversation.com/why-the-us-is-letting-china-win-on-energy-innovation-261109

Young carers face higher risks of depression, anxiety and lost futures – and most receive no support

Source: The Conversation – UK – By Aoife Bowman Grangel, PhD Candidate in Health Psychology, University of Limerick

Around 12% of teens are unpaid carers and it’s harming their prospects. Daisy Daisy/Shutterstock

In developed countries, around 12% of young people provide regular, unpaid care for a family member. It’s work that’s essential, often invisible – and potentially devastating to their mental health. As more families rely on these young carers, many are left without legal protections, recognition, or the support they urgently need.

Across Europe, informal carers now provide up to 80% of all long-term care. This figure is rising sharply due to ageing populations, an increase in chronic illness, and advances in medical technology. Between 2000 and 2050, the demand for unpaid care is expected to grow by 50% in Europe alone, with similar trends emerging in the US and Australia.

As adult carers struggle to meet rising demand, children, teenagers and young adults are stepping into the breach. These young carers often take on domestic, emotional, practical and personal care tasks that would challenge any adult. While some report growing resilience, maturity and empathy, the long-term toll on education, mental health and physical wellbeing is increasingly hard to ignore.

Lost opportunities, lasting consequences

Globally, young carers face significant restrictions on their education and career prospects. In both the UK and Germany, research shows that young adult carers are less likely to complete university, less likely to secure employment and more likely to experience long-term unemployment than their peers. These disadvantages aren’t just financial – they’re linked to increased rates of depression and anxiety later in life.

The social cost is high, too. Young carers are more likely to face bullying, isolation and limited opportunities for friendship or leisure. Chronic illness in the household can increase stress, leading to economic hardship, family breakdown and domestic conflict. Mental health is caught in the crossfire: many young carers experience psychological distress, depression and even self-harm.

Along with colleagues, I published a study that underscored the urgency of this issue. Our research showed that young carers in high-income countries are significantly more likely than their peers to experience poor mental health, including anxiety, depression and severe emotional distress.

Not all care is equal – and neither are its effects. The intensity, type and duration of caregiving matter greatly. Young carers who provide personal care, dedicate more hours each week, or have cared for a longer period are at the greatest risk of mental health difficulties.

Girls and young women are particularly vulnerable. They are overrepresented among young carers and are more likely to take on intensive or prolonged responsibilities. These disparities don’t end in childhood. As young adults, female carers tend to experience lower educational attainment and less workforce participation than their male counterparts – disadvantages that have ripple effects on their long-term mental and economic wellbeing.

Invisible and unsupported

Despite their growing numbers, young carers are often invisible to schools, healthcare providers and policymakers. Most European countries provide no formal recognition, rights or protections. Even though the European parliament addressed the issue in 2018 and 2022, young carers remain absent from key EU frameworks.

The UK is a notable exception, with specific rights and national interventions for young carers. But gaps remain. A 2016 report found that nearly one in three young carers identified by local authorities received no support at all.

In the US, the situation is worse: a lack of national data means young carers are missing entirely from most political conversations and care agendas.

Yet support makes a difference. Studies show that recognition and perceived support, whether from teachers, friends, professionals or government policies, can protect young carers’ mental health and improve their long-term outcomes. Support can take many forms: respite care, school accommodations, financial assistance, mentoring, or even a simple acknowledgement that their role matters.

Without intervention, the personal and societal costs are substantial: deteriorating mental health, lost educational and career opportunities and increased economic dependency in adulthood.

If we fail to support young carers, we fail an entire generation of quiet caregivers – and risk undermining the sustainability of our health and care systems for decades to come.


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Aoife Bowman Grangel receives funding from the Irish Research Council.

ref. Young carers face higher risks of depression, anxiety and lost futures – and most receive no support – https://theconversation.com/young-carers-face-higher-risks-of-depression-anxiety-and-lost-futures-and-most-receive-no-support-260654