Ces détectives qui traquent les fraudes scientifiques : conversation avec Guillaume Cabanac

Source: – By Guillaume Cabanac, Professor of Computer Science, Institut de Recherche en Informatique de Toulouse

Guillaume Cabanac a été distingué par la revue _Nature_ comme l’un des dix scientifiques de l’année 2021. DCCE, Université de Toulouse, Fourni par l’auteur

Guillaume Cabanac est professeur d’informatique à l’Université de Toulouse et membre de l’Institut universitaire de France. Avec son « collège invisible », constitué d’une centaine de personnes, des scientifiques mais aussi de nombreux amateurs, il pourchasse les fraudes scientifiques. Son travail de dépollution lui a valu d’être distingué par la revue Nature comme un des dix scientifiques de l’année 2021. Benoît Tonson, chef de rubrique Science à The Conversation France, l’a rencontré.


The Conversation : Comment avez-vous démarré votre travail d’enquêteur scientifique ?

Guillaume Cabanac : La littérature scientifique est mon objet de recherche, car c’est un corpus passionnant à étudier, riche en données de différentes natures : du texte, des liens de citations, des dates, des affiliations, des personnes… Par ailleurs, ce corpus est évolutif puisque, tous les jours, 15 000 nouveaux articles scientifiques sont publiés de par le monde.

Initialement, ce n’était pas la fraude qui m’intéressait, mais plutôt l’erreur en science. J’ai entrepris de traquer les méconduites en sciences au contact de Cyril Labbé, professeur d’informatique à l’Université de Grenoble-Alpes. J’avais lu un de ses articles qui avait fait grand bruit. Dans cet article, il racontait qu’il avait créé un faux profil sur Google Scholar (le moteur de recherche spécialisé de Google qui permet de rechercher des articles scientifiques). Un certain Ike Antkare (comprendre “I can’t care”, ou « Je ne peux pas m’en soucier » en français). Avec ce profil, il avait créé de faux articles à l’aide d’un logiciel SCIgen de génération de texte, un ancêtre des IA génératives si l’on veut. C’est un programme qui se fonde sur une grammaire probabiliste hors contexte. Cela signifie qu’il perd la mémoire d’une phrase à l’autre. Il va écrire des phrases, qui prises indépendamment ont du sens, mais qui, collectivement, produiront un texte qui n’aura aucune logique. Par exemple, la première phrase serait « Aujourd’hui, il fait beau », la deuxième « Les diamants sont des pierres précieuses » et la troisième « Mon chien s’appelle Médor ».


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Cyril Labbé a donc utilisé ce logiciel pour générer des articles qu’il a réussi à faire indexer par Google Scholar. Chaque faux article citait les autres. Or, le calcul du nombre de citations d’un auteur dans d’autres articles est un indicateur bibliométrique très populaire. Cela montre que d’autres scientifiques se sont appuyés sur ces travaux. Après avoir publié un nombre suffisant d’articles bidon, Ike Antkare est devenu l’un des scientifiques les plus cités au monde, dépassant même Einstein ! J’ai rencontré Cyril dans un congrès en 2015, et c’est comme ça que notre aventure a commencé.

Tout s’est accéléré pendant le Covid-19 : il me disait qu’il trouvait chez de très grands éditeurs scientifiques comme l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) ou Springer Nature des articles bidon générés par les mêmes méthodes que celles employées par Ike Antkare. À cette époque, il avait un détecteur qui travaillait article par article. J’ai proposé d’automatiser ce procédé pour pouvoir analyser la littérature scientifique dans son intégralité, c’est-à-dire 130 millions d’articles scientifiques publiés à ce jour. Le logiciel prototype que j’ai développé montrait qu’on peut interroger les centaines de millions d’articles à la recherche de ces articles bidon en quelques heures seulement. On en a trouvé quelques centaines en 2020. On s’est mis en chasse. D’abord, de ces articles contenant du texte qui n’avait aucun sens, puis on a continué à identifier d’autres types de fraudes. Nous avons créé d’autres détecteurs, intégrés au sein du Problematic Paper Screener et on dénombre aujourd’hui des dizaines de milliers d’articles frauduleux !

Vous avez découvert un type de fraude qui a fait particulièrement réagir : les expressions torturées…

G. C. : En menant nos recherches, on a découvert que des auteurs commettaient des plagiats un peu particuliers. Ce n’étaient pas des textes copiés/collés, car les maisons d’édition ont des détecteurs de plagiats directs. Ça ne passerait pas et l’astuce, si l’on peut dire, consiste à faire du copier/paraphraser/coller. Paraphraser revient à remplacer un mot dans le texte d’origine par un synonyme. Il existe des sites en ligne qui peuvent le faire très rapidement.

Il y a un hic : ces synonymes viennent plutôt de la littérature et ne font aucun sens dans un contexte scientifique. Prenons le mot « cancer » par exemple : le logiciel paraphraseur le remplacera par un synonyme tel que « péril ». En effet, lorsque l’on parle de cancer de la société, on peut aussi utiliser le terme de péril. En revanche, écrire « péril de la poitrine » au lieu de « cancer du sein » dans un article biomédical est tout simplement inacceptable.

De façon choquante et inattendue, nous avons trouvé des milliers d’expressions torturées dans les plus grosses maisons d’édition : Elsevier, Springer, Wiley, IEEE… Cela a fait scandale, car la communauté scientifique pensait qu’il y avait, d’un côté, des « prédateurs », qui tiennent des revues publiant n’importe quoi contre rémunération, et, de l’autre, les maisons d’édition prestigieuses, qui assurent un processus éditorial sérieux avec relecture par les pairs.

Et je ne parle pas d’un cas isolé : dans la revue scientifique Microprocessors and Microsystems dans laquelle nous avons découvert les premières expressions torturées, plus de 400 articles étaient concernés, avec des remplacements du type « intelligence artificielle » qui devient « conscience contrefaite » ou « rapport signal sur bruit » torturé en « rapport signal sur clameur ».

Ceci questionne la qualité de l’évaluation par les pairs. C’est ce qui a vraiment scandalisé la communauté scientifique et a discrédité ces maisons d’édition qui ont dû reconnaître les faits.

Ce que nous critiquons en creux, c’est la massification du nombre de revues scientifiques dont le nombre a doublé en vingt ans et pour lesquelles la main d’œuvre nécessaire et gratuite s’est raréfiée. En effet, ce travail d’évaluation par les pairs impliquant deux ou trois experts mondiaux du sujet par soumission d’article à évaluer n’est pas rémunéré.

Les maisons d’édition nous assurent qu’un processus rigoureux d’évaluation par les pairs a été mis en place, comme attendu. Personnellement je me demande si l’évaluateur n’était pas endormi lorsqu’il a recommandé la publication d’une article truffé d’expressions torturées. Ce n’est pas sérieux.

Cela dit, je n’ai aucun moyen d’estimer la qualité de l’évaluation, ni même si elle a été réalisée : la plupart des maisons d’édition ne rendent pas publics les rapports d’évaluation.




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Vous avez donc démarré ce travail à deux, mais aujourd’hui vous coordonnez une vraie communauté, comment s’est-elle mise en place ?

G. C. : Sur les expressions torturées, on a d’abord été rejoint par Alexander Magazinov, un mathématicien et informaticien russe qui se distrait en devenant détective scientifique. En parallèle, je lisais tous les signalements postés par la communauté scientifique sur PubPeer (un site web qui permet à quiconque de formuler des commentaires à propos d’articles scientifiques publiés, pour notamment signaler des soupçons de manquements à l’intégrité scientifique) et j’y ai repéré des personnes très actives, signalant des fraudes. Je les ai contactées et on a commencé à se regrouper, mobilisant une plateforme en ligne que j’ai nommée « le collège invisible ». C’était un clin d’œil à un concept de sociologie des sciences, pour rappeler que des scientifiques de diverses disciplines peuvent partager des centres d’intérêt tout en étant affiliés à des institutions différentes, réparties de par le monde. Mon initiative a fédéré au sujet de la fraude en sciences. Le groupe a grossi progressivement et inclut désormais 120 personnes qui échangent, partagent et coordonnent leurs actions quotidiennement. C’est une communauté internationale constituée de scientifiques, de professionnels de l’édition et d’amateurs de tous types de milieux.

Vous avez détecté de nombreuses fraudes mais, finalement, pourquoi les chercheurs trichent-ils ?

G. C. : Il est bon ici de rappeler que le problème est systémique, et pas individuel. En effet, les individus sont en prise avec des systèmes qui les régissent et qui imposent par le haut une performance difficile voire impossible à atteindre. Prenons l’exemple d’un chirurgien en Chine qui travaille dans un hôpital. On va lui demander d’opérer, d’enseigner mais aussi de faire des découvertes, pas de la recherche mais des découvertes, qui devront être publiées dans certaines revues prestigieuses. Ils ont un quota d’articles à publier.

Quand cela devient trop dur de mener toutes ces activités en parallèle, on peut être tentés de se tourner vers ce que l’on appelle les papers mills (« usine ou moulins à articles »). Ce sont des entreprises qui proposent, moyennant finance, de produire des articles plus ou moins bidon sur lesquels vous pouvez mettre votre nom et les publier.

Il y a beaucoup d’autres exemples. En Italie, devenir éditeur invité d’un numéro spécial d’une revue est apprécié dans les évaluations individuelles de chercheurs. L’offre en face vient de MDPI, une maison d’édition identifiée dans la « zone grise » de l’édition. Elle permet à des chercheurs de créer un numéro spécial et d’accepter des articles à leur discrétion. Vu les critiques émises sur PubPeer et le nombre délirant de numéros spéciaux par an, qui peut atteindre les 3 000, on est en droit de questionner ce modèle éditorial, dans les pas du Cirad, de l’Inrae et de l’Inria.

Cela satisfait tout le monde : la maison d’édition touche quelques milliers d’euros par article, l’éditeur invité valide son objectif… Cependant, la science est affaiblie alors qu’on se doit de la soutenir et de la défendre. Publier des articles fragiles pose de réels problèmes : le mur des connaissances est en péril lorsque des briques de connaissances ne sont pas robustes.

Avec vos travaux, certains articles sont rétractés, mais qu’en est-il des articles qui citent des travaux dépubliés ?

G. C. : Je me suis posé la question en 2023 : quels sont les articles scientifiques qui possèdent dans leur bibliographie des articles rétractés ? Normalement, on devrait observer un effet domino, des rétractations en chaîne : les articles s’appuyant sur des connaissances remises en question devraient être également réévalués. Pour explorer cette problématique, j’ai rajouté un détecteur dans le Problematic Paper Screener afin de traquer les colosses aux pieds d’argile : les articles de bonne facture qui citent dans leur bibliographie un ou plusieurs articles désormais rétractés.

Parmi les 130 millions d’articles scientifiques parus dans le monde, il y en a plus de 800 000 qui citent au moins un article rétracté. Certains articles citent même jusqu’à 50 ou 60 publications rétractées ! Il convient de vérifier de nouveau la fiabilité de ces articles et de les rétracter si nécessaire. Ceci est d’autant plus crucial pour les publications concernant des sujets peu étudiés, tels que les maladies rares.

Force est de constater que les maisons d’éditions, responsables de la diffusion des articles acceptés, ne monitorent pas leur catalogue et ne mandatent pas ces réévaluations auprès de comités d’experts. Il serait pourtant techniquement possible de traquer toute rétractation de référence citée dans les articles publiés par une maison d’édition – ce que fait le Problematic Paper Screener, toutes maisons d’édition scientifique confondues.

Comment expliquer qu’une publication scientifique puisse contenir autant de citations d’articles rétractés ?

G. C. : Je parlais tout à l’heure des paper mills. Une des stratégies de ces entreprises est de vendre des articles bidon qu’ils fabriquent eux-mêmes, puis ils proposent à leurs clients de se citer les uns et les autres pour augmenter artificiellement l’impact de leurs publications.

L’idée est simple : si vous avez 50 clients, vous dites à chacun de citer un des autres, cela peut aller très vite et plus il y aura de clients, plus il sera difficile de traquer cette entente illicite, nommée « cartel de citations » dans la littérature. Notre travail de mise en lumière des articles bidon permet donc également d’identifier les clients potentiels des paper mills.

Comment voyez-vous la situation évoluer ? Votre travail permet-il une diminution du nombre de publications scientifiques problématiques ?

G. C. : Ce n’est pas évident, tout dépend de la fraude dont on parle. Par exemple, aujourd’hui, il ne faudrait pas être très malin pour utiliser la technique des expressions torturées, car nos détecteurs les repèrent aisément. Les gros éditeurs scientifiques (soutenant notamment le STM Integrity Hub les ont adoptés pour filtrer le flot des manuscrits soumis par les chercheurs. Le plagiat par synonymes diminue drastiquement.

Actuellement, l’IA générative est le problème majeur, car les textes générés par machine sont impossibles à différencier automatiquement des textes générés par les humains, sans avoir recours à des experts. Les utilisateurs d’IA générative trouvent des astuces pour déjouer les logiciels de détection d’IA générative. On ne peut donc pas quantifier cette fraude. Faute d’étude rigoureuse de ce phénomène, on ne peut parler que de « sentiment ».

Les scientifiques que je côtoie me disent suspecter des passages générés par IA dans les manuscrits qu’ils expertisent. Les ruptures de style ou les exposés trop superficiels sont révélateurs. Par ailleurs, quand ils reçoivent des rapports d’évaluation de leurs pairs (en grande majorité anonymes) à propos de leurs propres travaux, il peut arriver qu’ils aient le sentiment d’être floués : ces critiques ont-elles été générées par une machine ou rédigées par un expert ? Ce questionnement qui sème le trouble et la confiance est, selon moi, à la limite de rompre.

En parlant de confiance, on peut déplorer une sorte de méfiance généralisée vis-à-vis de la science, n’avez-vous pas peur que vos travaux alimentent celle-ci ?

G. C. : L’alternative serait de détecter ces fraudes « en interne » et de ne pas en parler, d’en faire un secret, de le garder pour nous, entre chercheurs. Mais c’est une très mauvaise idée puisqu’au contraire, quand on est scientifique, on se doit d’être transparent, de publier ce qu’on trouve et d’informer le public. Il ne faut pas se voiler la face, les chercheur forment un groupe social comme les autres : comme partout, il y a des tricheurs et des arnaqueurs.

Selon moi, tous les acteurs impliqués se doivent de faire la lumière sur ces fraudes : maisons d’édition, institutions, financeurs et chercheurs. Le but est d’en parler le plus possible pour sensibiliser nos collègues et les étudiants que l’on forme.

The Conversation

Guillaume Cabanac a reçu des financements du Conseil Européen de la Recherche (ERC), de l’Institut Universitaire de France (IUF) et de la Fondation Pierre Fabre. Il a conçu et administre le Problematic Paper Screener qui exploite des données fournies par Digital Science et PubPeer à titre gracieux.

ref. Ces détectives qui traquent les fraudes scientifiques : conversation avec Guillaume Cabanac – https://theconversation.com/ces-detectives-qui-traquent-les-fraudes-scientifiques-conversation-avec-guillaume-cabanac-258829

Comment comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur du Soleil ?

Source: – By Gaël Buldgen, Docteur en astrophysique, spécialiste de physique solaire et stellaire, Université de Liège

Le Soleil est le seul lieu où la fusion nucléaire est stable dans notre système solaire. Cela fait des décennies que les scientifiques tentent de comprendre sa physique. Où en est-on aujourd’hui ?


Notre Soleil représente à lui seul plus de 99 % de la masse du système solaire. Sans lui, la vie sur Terre serait impossible. Au delà de fournir de l’énergie à la Terre, on peut aussi le considérer comme un laboratoire de physique fondamentale. L’étude de sa structure interne et de sa modélisation théorique permet de mettre en évidence les limitations de nos connaissances. Depuis bientôt 4,6 milliards d’années, notre Soleil est le seul lieu de réaction de fusion nucléaire stable du système solaire. C’est en effet par la fusion d’hydrogène en hélium qu’il produit son énergie et qu’il continuera à le faire pour encore 5 milliards d’années.

Depuis plusieurs décennies, des groupes de recherche de par le monde s’attachent à mieux révéler l’intérieur de notre étoile et à étudier les phénomènes physiques agissant dans ces conditions extrêmes. Les expertises sont variées, allant de physiciens et astrophysiciens européens, dont je fais partie, Russes et Japonais, en passant par des spécialistes de physique nucléaire du Los Alamos National Laboratory ou du CEA de Paris-Saclay. Ensemble, nous tentons de percer les mystères de notre étoile en révélant sa face cachée, sa structure interne. Nos outils comptent des observations astronomiques effectuées tant depuis le sol que l’espace, mais aussi des simulations numériques avancées de la structure et de l’évolution du Soleil, appelées simplement « modèles solaires » (au sens de modèle physique, tels les modèles utilisés en géophysique pour décrire la Terre).

Elles constituent la base théorique sur laquelle sont élaborés les modèles utilisés pour étudier toutes les autres étoiles de l’Univers. Notre Soleil sert de calibrateur pour la physique stellaire. En conséquence, changer de modèle solaire, c’est changer de point de référence pour toutes les étoiles.

Calculer un modèle solaire est un exercice d’équilibre pour un astrophysicien. Il faut bien choisir ses éléments constitutifs. On pense immédiatement à sa composition chimique (en masse : 73 % d’hydrogène, 25 % d’hélium et 2 % d’éléments plus lourds ; en nombre d’atomes : 92 % d’hydrogène, 7,8 % d’hélium, 0,2 % d’éléments plus lourds). Cependant, d’autres choix entrent en jeu. Il s’agit de modéliser l’ensemble des phénomènes physiques se produisant en son sein. Tous ces ingrédients constituent des éléments de physique fondamentale définissant notre vision du Soleil, son « modèle standard ». La première définition d’un modèle standard pour notre Soleil date de 1980 environ et est due à John Bahcall, un astrophysicien américain.


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La crise des modèles solaires

Le modèle standard solaire a connu de grands succès, survivant à la « crise des neutrinos solaires ». Cette crise résultait de la détection de trois fois moins de neutrinos que prévu théoriquement. La divergence fut expliquée par une révision de la physique des neutrinos (récompensée par les prix Nobel en 2002 et 2015).

Le modèle standard solaire s’en trouva renforcé, devenant un élément clé de la théorie de l’évolution stellaire. Dans les années 2000, la révision de la composition chimique solaire a entraîné une nouvelle crise. Ces mesures furent réalisées à l’aide d’observations spectroscopiques, permettant d’identifier chaque élément chimique présent dans l’atmosphère solaire. L’amélioration des mesures spectroscopiques et des techniques d’analyse était à l’origine de cette révision.

Ces travaux, confirmés par la suite, menaient à une réduction de 30 % de l’abondance en masse de carbone et d’oxygène. Ce changement détruisit l’accord existant du modèle standard avec les mesures de neutrinos et les contraintes issues de l’étude des oscillations solaires, appelée héliosismologie. Comme en sismologie terrestre, qui se sert des ondes traversant notre planète pour en étudier l’intérieur, l’héliosismologie utilise les ondes acoustiques se propageant dans le Soleil pour en mesurer les conditions internes. Grâce aux oscillations solaires, on connaissait précisément certaines propriétés comme la masse volumique dans 95 % de l’intérieur de notre étoile.

La révision de la composition chimique du Soleil fut mal accueillie, car elle invalidait le modèle standard. Plusieurs groupes voulurent maintenir les valeurs du XXe siècle. La polémique enfla et de récentes mesures indépendantes par héliosismologie confirmèrent la réduction en oxygène, tout en maintenant les écarts observés dans les régions centrales.

L’explication des désaccords des modèles théoriques avec l’intérieur du Soleil est à chercher ailleurs… C’est dans ce contexte de débat intense que mon travail a commencé, il y a dix ans, durant ma thèse de doctorat. Je choisis d’adapter des outils numériques à ma disposition pour étudier la structure interne du Soleil. Ce qui devait être un petit détour au cours de ma thèse est devenu un projet majeur, en raison du regain d’intérêt pour l’héliosismologie et pour les modèles solaires.

L’importance de la physique fondamentale en physique solaire

Un modèle solaire ne se limite pas à sa composition chimique. Il fait intervenir une série d’éléments devant suivre les avancées de physique théorique et expérimentale. Nous savons que le Soleil produit son énergie par fusion d’hydrogène en hélium, les observations des neutrinos solaires l’ont confirmé de manière irréfutable. Cependant, la vitesse de ces réactions reste sujette à de petites corrections. Ces révisions sont minimes, mais le degré de précision quasi chirurgical avec lequel nous étudions le Soleil les rend significatives.

Un autre ingrédient clé des modèles solaires est l’opacité de la matière solaire, liée à sa capacité à absorber l’énergie du rayonnement. Comme dit plus haut, le Soleil génère son énergie par fusion nucléaire en son cœur. Cette énergie, avant de nous parvenir sur Terre, doit être transportée de l’intérieur du Soleil vers son atmosphère. Dans 98 % de sa masse, c’est le rayonnement à haute énergie (rayons X) qui s’en charge. Ainsi, si l’on change la « transparence » du milieu solaire, on change totalement la structure interne de notre étoile.

Dans le cas solaire, nous parlons de conditions extrêmes, quasi impossibles à reproduire sur Terre (températures de plusieurs millions de degrés, densités élevées). L’opacité a toujours joué un rôle clef en physique stellaire, ses révisions successives permirent de résoudre plusieurs crises par le passé. Chaque fois, les calculs théoriques avaient sous-estimé l’opacité. Rapidement, on envisagea qu’une nouvelle révision permettrait de « sauver » les modèles solaires. Dès 2009, les astrophysiciens s’attelèrent à estimer les modifications requises. Cependant, une des grandes difficultés résidait dans la connaissance de la composition chimique de l’intérieur solaire. En effet, notre étoile n’est pas statique. Au fil du temps, sa composition chimique évolue sous l’effet des réactions nucléaires au cœur et de la sédimentation. Ainsi, un atome d’oxygène à la surface du Soleil, plus lourd que son environnement, « tombera » vers les couches profondes, changeant les propriétés du plasma.

Le Soleil comme laboratoire de physique

Ces questions sont liées à notre connaissance des conditions physiques internes du Soleil et donc à notre capacité à les mesurer.

La précision atteinte sur la masse volumique du milieu solaire est phénoménale, inférieure au centième de pourcent. Ces mesures très précises m’ont permis de développer des méthodes de détermination directe de l’absorption du plasma solaire, l’opacité tant recherchée.

Elles ont montré que l’opacité des modèles solaires actuels est inférieure aux mesures héliosismiques d’environ 10 %. Ces résultats ont confirmé indépendamment les mesures des Sandia National Laboratories (États-Unis), où des physiciens ont reproduit des conditions quasi solaires et mesuré la capacité d’absorption du plasma. En 2015, ces mesures avaient déjà montré des écarts significatifs entre théorie et expérience. Dix ans plus tard, elles sont confirmées par de nouvelles campagnes et des mesures indépendantes. La balle est désormais dans le camp des théoriciens, afin d’expliquer des différences préoccupantes qui révèlent les limites de notre compréhension de la physique dans les conditions extrêmes de notre étoile.

Z Pulsed Power Facility : l’installation des Sandia National Laboratories qui effectuent des mesures d’opacité en conditions solaires.
Sandia National Laboratories

Du Soleil aux étoiles

L’enjeu dépasse toutefois de loin notre vision de l’intérieur du Soleil. Depuis le début du XXIe siècle, de nombreuses missions sont consacrées à l’étude des étoiles et de leurs exoplanètes. Les techniques d’héliosismologie se sont naturellement exportées aux autres étoiles, menant au développement exponentiel de l’astérosismologie.

Pas moins de quatre missions majeures furent consacrées à cette discipline : CoRoT, Kepler, TESS et bientôt PLATO. Toutes visent à déterminer précisément les masses, rayons et âges des étoiles de notre galaxie, les modèles stellaires étant essentiels pour cartographier l’évolution de l’Univers. Cependant, toutes ces considérations sur la datation des objets cosmiques nous ramènent à l’infiniment proche et petit. Donner l’âge d’une étoile requiert de comprendre précisément les conditions physiques régissant son évolution.

Ainsi, savoir comment l’énergie est transportée en son sein est primordial pour comprendre comment, de sa naissance à sa mort, l’étoile évolue. L’opacité, régie par des interactions à l’échelle de l’Angström (10-10 m), est donc essentielle pour modéliser l’évolution des astres, à commencer par notre Soleil.

The Conversation

Gaël Buldgen a reçu des financements du FNRS (Fonds National de la Recherche Scientifique, Belgique) et du Fonds National Suisse (FNS).

ref. Comment comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur du Soleil ? – https://theconversation.com/comment-comprendre-ce-quil-se-passe-a-linterieur-du-soleil-258649

Les arbres savent-ils quand a lieu le solstice ?

Source: – By Andrew Hacket-Pain, Senior Lecturer, School of Environmental Sciences, University of Liverpool

Les arbres sont très sensibles à la lumière et à la chaleur. Cashcashcash/Shutterstock

Le solstice d’été semble jouer un rôle d’aide-mémoire arboricole. Les températures autour de cette période affectent le nombre de graines produites par les arbres.


Depuis la Préhistoire, les humains célèbrent le solstice d’été. Mais nous ne sommes pas la seule espèce à avoir remarqué que le 21 juin est un moment particulier. Des études montrent que c’est aussi un moment important pour les plantes.

Ainsi, des études récentes (dont une des miennes) suggèrent que les arbres puissent utiliser le jour le plus long de l’année comme un marqueur clé de leurs cycles de croissance et de reproduction. Comme si le solstice était un aide-mémoire arboricole.

Par exemple, les arbres qui poussent dans des régions froides ralentissent la création de nouvelles cellules de bois aux environs du solstice et concentrent leur énergie à finir des cellules déjà formées mais encore incomplètes. Ce qui permettrait d’avoir le temps d’achever la construction des cellules avant l’arrivée de l’hiver – dont les températures glaciales endommagent les cellules incomplètes, les rendant inutiles pour le transport de l’eau l’année suivante.

Le solstice initie-t-il le brunissement des feuilles avant l’automne ?

Il semble également que les arbres profitent du solstice pour préparer de l’automne, avec la « sénescence » de leurs feuilles. La sénescence permet à l’arbre de réabsorber les nutriments essentiels présents dans les feuilles avant qu’elles ne tombent. Ce processus doit arriver au bon moment : si la sénescence est trop précoce, la perte de feuille réduit la photosynthèse (et donc l’acquisition d’énergie qui sert à la croissance de l’arbre entier). Si la sénescence est trop tardive, les gelées d’automne détruisent les feuilles encore vertes, ce qui fait perdre à l’arbre les précieux nutriments qu’il y avait stockés.

Ainsi, des observations satellites des forêts et des expériences contrôlées dans des serres montrent que des températures élevées juste avant le solstice ont tendance à avancer le brunissement des feuilles à l’automne

À l’inverse, des températures élevées juste après le solstice semblent ralentir le processus de sénescence, ce qui allonge la période de transition entre les feuilles vertes et les feuilles entièrement brunes. Ce réglage fin permettrait aux arbres de prolonger la période de photosynthèse les années où les températures restent plus élevées et de ne pas manquer ces conditions favorables.


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Ces observations et leurs interprétations font cependant débat parmi les scientifiques.

En effet, du point de vue de l’évolution, le solstice ne serait peut-être pas le meilleur marqueur temporel de ces transitions dans le cycle annuel des arbres. Par exemple, dans les forêts du Grand Nord, les feuilles n’apparaissent pas avant le début du mois de juin, quelques jours seulement avant le solstice, et la saison de croissance peut se prolonger jusqu’en octobre. Dans ces forêts où certains arbres viennent à peine d’entamer leur croissance pour l’année, utiliser le solstice pour amorcer le processus de réduction progressive des activités ne semble guère avoir de sens.

Par contre, il existe un consensus plus large sur l’utilisation du solstice par les plantes pour synchroniser leur reproduction.

Solstice, dis-moi combien de graines produire cette année

Chez de nombreuses plantes, en particulier les arbres des latitudes moyennes tempérées, le nombre de graines produites varie considérablement d’une année à l’autre, ce que l’on appelle le masting. Par exemple, un grand hêtre européen peut produire des centaines de milliers de graines lors d’une année exceptionnelle (une « masting year ») et renoncer totalement à la reproduction d’autres années.

La réduction de la production de graines par les hêtres, qui leur permet d’augmenter l’efficacité de leur reproduction, se fait souvent à l’échelle continentale, et par étapes.

Forêt de hêtres avec un vieil arbre au soleil
Les hêtres coordonnent leur reproduction.
Gabriele Rohde/Shutterstock

Un petit papillon, Cydia fagiglandana (ou le carpocapse des faînes, en français – le faîne est le fruit du hêtre), pond ses œufs dans les fleurs de hêtre. Lorsque les larves éclosent, elles mangent et détruisent les graines en développement. L’alternance entre des années fastes en faînes et années de disette contribue à protéger les populations de hêtres de ces papillons.

Au Royaume-Uni par exemple, les hêtres perdent moins de 5 % de leurs graines à cause de Cydia. En effet, les cycles affament les papillons et réduisent leur population, qui attend les années fastes. Si les arbres sont désynchronisés dans ces cycles de forte et faible production de fruits, la perte de graines peut atteindre plus de 40 %.

Nous savons depuis des dizaines d’années que les années d’abondance se produisent après un été particulièrement chaud. En effet, les températures élevées augmentent la formation des bourgeons floraux, ce qui entraîne généralement une plus grande récolte de graines à l’automne.

Comment les hêtres savent-ils que le solstice est le jour le plus long ?

Par contre, nous ne savons pas pourquoi ou comment les hêtres de toute l’Europe semblent utiliser la même fenêtre saisonnière (fin juin-début juillet) pour déterminer leur production de graines, quel que soit l’endroit où ils poussent en Europe. Comment un hêtre peut-il connaître la date ?

En 2024, en étudiant des dizaines de forêts à travers l’Europe, mon équipe a montré que ces arbres utilisent le solstice comme marqueur saisonnier : dès que les jours commencent à raccourcir après le solstice, les hêtres de toute l’Europe semblent percevoir simultanément la température.

Partout où les températures sont supérieures à la moyenne dans les semaines qui suivent le solstice, on peut s’attendre à une forte production de faînes l’année suivante, tandis que les conditions météorologiques des semaines précédant le solstice ne semblent pas avoir d’importance.

Comme le montrent les cartes météorologiques, les périodes de chaleur et de fraîcheur ont tendance à se produire simultanément sur de vastes zones.

Ceci permet aux hêtres de maximiser la synchronisation de leur reproduction, que ce soit en investissant dans une forte production (températures chaudes) ou en renonçant à la reproduction pendant un an (températures basses). L’utilisation d’un repère fixe comme le solstice est la clé de cette synchronisation et des avantages qui en découlent.

Quatre cartes d’Europe montrent que les années d’abondance sont synchronisées à travers le continent
Sur ces cartes, les années d’abondance et de disette semblent se synchroniser à l’échelle régionale, parfois même à l’échelle européenne.
Andrew Hacket-Pain, CC BY-NC-ND

Désormais, nous collaborons avec une douzaine d’autres groupes européens pour tester cet effet sur différents sites, en manipulant la température de branches de hêtre avant et après le solstice. Les recherches en cours semblent indiquer que les gènes de floraison s’activent au moment du solstice d’été.

Enfin, des études sur les rythmes circadiens des plantes montrent que celles-ci possèdent des mécanismes moléculaires permettant de détecter de minuscules changements dans la durée du jour, et d’y répondre – ce serait la base de cette extraordinaire échelle de reproduction synchronisée.

Si le temps reste chaud au cours du mois qui vient, les hêtres de votre région produiront sans doute beaucoup de faînes à l’automne prochain – et il est bien probable que ce soit le cas dans le centre et le nord de l’Europe.

The Conversation

Andrew Hacket-Pain a reçu des financements de UK Research and Innovation, du Department for Environment, Food & Rural Affairs et du British Council.

ref. Les arbres savent-ils quand a lieu le solstice ? – https://theconversation.com/les-arbres-savent-ils-quand-a-lieu-le-solstice-259616

Maths au quotidien : pourquoi votre assurance vous propose un contrat avec franchise

Source: – By Niousha Shahidi, Full professor, data analysis, EDC Paris Business School

Un contrat avec franchise incite à ne pas prendre de risques – une manière pour les assurances de se garantir que leurs clients ne se reposent pas complètement sur elles. Ce sont les maths qui le disent.


Nous avons tous un contrat d’assurance contre des risques précis : assurance auto, assurance multirisque habitation (45,9 millions de contrats en 2023 en France)… Vous avez signé ce contrat d’assurance afin de vous couvrir des frais en cas de sinistre. Ce qui est inhabituel, avec les assurances, c’est que vous achetez « un produit » (contrat), mais vous le récupérez (les indemnités) que si vous subissez un sinistre. De plus, il est courant que l’assureur vous propose un contrat « avec franchise », c’est-à-dire qu’en cas de sinistre, une partie fixe des frais reste à votre charge.

Pourquoi les contrats « avec franchise » sont-ils si répandus ? Il existe plusieurs réponses.

Franchise : un contrat idéal

Des chercheurs se sont intéressés au contrat optimal en modélisant mathématiquement la relation entre l’assureur et l’assuré. On dit qu’un contrat est optimal s’il n’existe pas d’autre contrat qui profiterait davantage à l’un (l’assuré ou l’assureur) sans détériorer la situation de l’autre.

Pour trouver le contrat qui maximise à la fois les préférences de l’assuré et de l’assureur, il faut résoudre un problème d’« optimisation ».

L’assureur est considéré comme neutre au risque, c’est-à-dire qu’il n’a pas de préférence entre une richesse dite « aléatoire » (impactée par un risque subi, mais incertain) et une richesse certaine égale à l’espérance de la richesse aléatoire.

Par contre, l’assuré est considéré comme risquophobe, c’est-à-dire que dans l’exemple précédent, il préfère la richesse certaine à la richesse aléatoire.

Dans ce contexte, des travaux de recherche ont montré que le contrat avec franchise est optimal. En effet, ce type de contrat permet à l’assuré risquophobe de réduire le risque puisqu’en cas de sinistre, il aura juste à payer la franchise. Si la franchise est nulle, le contrat neutralise alors complètement le risque puisqu’en payant juste la prime, l’assuré recevra une indemnité égale au dommage subi (potentiellement avec un plafond, mentionné dans le contrat) : on dit qu’il aura une richesse certaine.


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Franchise : incitation cachée et aléa moral

D’un point de vue pratique, la mise en place d’un contrat avec franchise représente plusieurs avantages pour l’assureur.

Tout d’abord, ce type de contrat réduit ses frais de gestion car les petites pertes (en dessous du montant de la franchise) ne sont plus traitées.

L’assuré est alors incité à faire un effort afin d’éviter les petites pertes qui resteraient à sa charge, ce qui permet de réduire le phénomène d’« aléa moral ». Ce dernier décrit une situation d’asymétrie d’information entre l’assureur et l’assuré. En effet, une fois le contrat d’assurance signé, l’assurance ne peut pas observer l’effort consenti par l’assuré pour éviter un risque (par exemple la vigilance au volant). Non seulement la mise en place de la franchise permet à l’assureur d’obliger l’assuré à faire un effort, elle lui permet aussi de détourner les individus à haut risque, qui cherchent souvent un contrat plus généreux que les individus à bas risques et qui sont prêts à payer une prime (même chère) afin de ne pas subir les petits risques.

Un autre problème d’asymétrie de l’information, connu sous le nom d’« antisélection » (ou sélection adverse) est alors soulevé. Dans ce contexte, l’assureur ne connaît pas le type (haut/bas risque) de l’assuré. Un individu à haut risque peut acheter un contrat destiné à un individu bas risque.

Si l’assureur ne propose que des contrats sans franchise, il risque d’avoir trop d’assurés à haut risque. L’assureur devra alors statistiquement faire face à un nombre important de sinistres (l’assureur par manque d’information se trouve avec les hauts risques alors qu’il aurait souhaité l’inverse), ce qui aboutit souvent à un déséquilibre entre le montant des primes perçues et le montant des indemnités versées. Il est donc important pour l’assureur de diversifier ses produits en proposant des contrats avec ou sans franchise.

Un contrat avec franchise est donc bien un optimum : l’assuré comme l’assureur a intérêt à éviter les petits sinistres. La franchise permet à l’assureur de faire des économies et en même temps de sélectionner ses clients. Le contrat choisi révèle votre « appétence au risque », que les assureurs classifient en types haut et bas risque !

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Niousha Shahidi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Maths au quotidien : pourquoi votre assurance vous propose un contrat avec franchise – https://theconversation.com/maths-au-quotidien-pourquoi-votre-assurance-vous-propose-un-contrat-avec-franchise-259187

Trois littoraux où les jumeaux numériques pourraient permettre de mieux maîtriser les conséquences des inondations

Source: – By Raquel Rodriguez Suquet, Ingénieure d’applications d’Observation de la Terre, Centre national d’études spatiales (CNES)

Un jumeau numérique de la région de Nouméa est en cours d’élaboration. ©BRGM, Fourni par l’auteur

Entre sa densité de population et ses richesses naturelles, le littoral est une zone stratégique, mais vulnérable aux événements extrêmes et à la montée du niveau de la mer. Pour mieux prévenir les risques d’inondations côtières, les « jumeaux numériques » allient imagerie spatiale, mesures de terrain et modélisations sophistiquées – afin de fournir des informations fiables aux particuliers et aux décideurs publics.


La zone littorale, située à l’interface entre la terre et la mer, est une bande dynamique et fragile qui englobe les espaces marins, côtiers et terrestres influencés par la proximité de l’océan. À l’échelle mondiale, elle concentre une forte densité de population, d’infrastructures et d’activités économiques (tourisme, pêche, commerce maritime), qui en font un espace stratégique mais vulnérable.

Le niveau moyen global des mers de 1993 à 2025 et la densité de population sur le littoral métropolitain par façade maritime de 1962 à 2020 par kilomètre carré sur le littoral.
Données des missions TopEx/Poseidon, Jason-1, Jason-2, Jason-3 et Sentinel-6MF (source AVISO, gauche) et source MTECT, Fourni par l’auteur

On estime qu’environ un milliard de personnes dans le monde et plus de 800 000 de personnes en France vivent dans des zones littorales basses, particulièrement exposées aux risques liés à la montée du niveau de la mer due au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes. Les enjeux associés sont multiples : érosion côtière, submersions marines, perte de biodiversité, pollution, mais aussi pressions liées à la forte artificialisation du sol, due à la forte augmentation démographique et touristique. La gestion durable de la zone littorale représente un enjeu crucial en matière d’aménagement du territoire.

Dans le cadre de notre programme Space for Climate Observatory, au CNES, avec nos partenaires du BRGM et du LEGOS, nous créons des « jumeaux numériques » pour étudier les zones côtières dans un contexte de changement climatique et contribuer à leur adaptation.




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Pourquoi l’océan est-il si important pour le climat ?


Dans cet article, focus sur trois zones représentatives de trois sujets emblématiques des zones côtières : le recul du trait de côte en France métropolitaine, la submersion marine en Nouvelle-Calédonie (aujourd’hui liée aux tempêtes et aux cyclones, mais à l’avenir également affectée par l’élévation du niveau de la mer) et l’évolution des écosystèmes côtiers en termes de santé de la végétation, de risque d’inondation et de qualité de l’eau sur la lagune de Nokoué au Bénin.

Le trait de côte est en recul en France hexagonale

Avec près de 20 000 kilomètres de côtes, la France est l’un des pays européens les plus menacés par les risques littoraux. Sa façade maritime très urbanisée attire de plus en plus d’habitants et concentre de nombreuses activités qui, comme la pêche ou le tourisme, sont très vulnérables à ce type de catastrophes. Ainsi, cinq millions d’habitants et 850 000 emplois sont exposés au risque de submersion marine et 700 hectares sont situés sous le niveau marin centennal, c’est-à-dire le niveau statistique extrême de pleine mer pour une période de retour de 100 ans) dans les départements littoraux.


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Le trait de côte désigne la frontière entre la terre et la mer. Cette limite se modifie continuellement sous l’action de facteurs naturels tels que les marées, les tempêtes, le dépôt de sédiments, les courants marins et les vagues. En France hexagonale, un quart du littoral est concerné par un recul du trait de côte (soit plus de 5 000 bâtiments menacés d’ici 2050) du fait de l’érosion côtière, aggravée par le changement climatique qui s’accompagne, entre autres, d’une élévation du niveau marin et de la puissance des tempêtes.

des cartes avec des prévisions
Le recul du trait de côte à Hendaye dans les Pyrénées-Atlantiques (gauche) et la probabilité de l’occurrence d’eau.
Bergsma et al. 2024, Fourni par l’auteur

Grâce à la télédétection par satellites, notamment Sentinel-2 et Landsat, il est possible d’observer avec précision la position du trait de côte et d’analyser sa dynamique sur le long terme. Ces informations permettent de mieux comprendre les phénomènes d’érosion ou d’accrétion (à rebours du recul du trait de côte, son avancée est due en bonne partie au dépôt sédimentaire et concerne 10 % du littoral français), ainsi que les risques liés à ces évolutions.

En réponse à ces enjeux, un jumeau numérique du trait de côte est en cours de construction à l’échelle de la France. Cet outil permettra de « prendre le pouls » de la zone côtière en fournissant des données actualisées à échelle mensuelle et trimestrielle aux acteurs concernés, des mairies aux ministères, afin de faciliter la prise de décision pour une gestion durable et adaptée du littoral. Par exemple, les principaux leviers d’actions sont la mise en place d’infrastructures de protection potentiellement fondées sur la nature, des opérations d’ensablement ou d’enrochement ainsi que l’évolution des autorisations d’urbanisme pouvant aller jusqu’à la destruction de bâtiments existants.

Les jumeaux numériques pour le littoral

    Aujourd’hui, les jumeaux numériques jouent un rôle clé dans l’amélioration de notre compréhension de l’hydrologie des bassins versants, de la dynamique des inondations et de l’évolution des zones côtières, qu’il s’agisse d’événements passés ou de la situation actuelle. Les données spatiales vont y occuper une place croissante: elles permettent de suivre l’évolution des territoires sur le long terme et de manière régulière, d’alimenter les modèles avec des informations précises et continues, et d’analyser les impacts à grande échelle. Les données spatiales sont particulièrement utiles pour observer les changements dans les zones peu accessibles ou mal instrumentées.

    Les jumeaux numériques contiennent également des capacités de modélisation qui, couplées aux données, permettent d’évaluer l’impact du climat futur ainsi que d’évaluer les meilleures solutions d’adaptation. Dans les années à venir, ces outils d’aide à la décision vont devenir incontournables pour les acteurs de la gestion des risques, de l’aménagement du territoire et de l’adaptation au changement climatique.




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Climat : Pourquoi l’ouverture des données scientifiques est cruciale pour nos littoraux


Risques d’inondations et qualité de l’eau à la lagune de Nokoué au Bénin

La lagune de Nokoué au Bénin est représentative des systèmes lagunaires d’Afrique de l’Ouest : bordée d’une large population qui avoisine les 1,5 million de personnes, cette lagune constitue une ressource vivrière majeure pour les habitants de la région.

cases dépassant de l’eau
La crue exceptionnelle de 2010 du lac Nokoué (sud du Bénin).
André O. Todjé, Fourni par l’auteur

La lagune subit une importante variabilité naturelle, notamment aux échelles saisonnières sous l’influence de la mousson ouest-africaine. Ainsi, les zones périphériques sont inondées annuellement (en fonction de l’intensité des pluies), ce qui cause des dégâts matériels et humains importants. La lagune est aussi le cœur d’un écosystème complexe et fluctuant sous l’effet des variations hydrologiques, hydrobiologiques et hydrochimiques.

Là aussi, le changement climatique, avec la montée des eaux et l’augmentation de l’intensité des évènements hydrométéorologiques, contribue à faire de la lagune de Nokoué une zone particulièrement sensible.

Nous mettons en place un jumeau numérique de la lagune de Nokoué qui permettra de répondre aux besoins des acteurs locaux, par exemple la mairie, afin de lutter contre les inondations côtières en relation avec l’élévation du niveau de la mer, les marées et les événements météorologiques extrêmes.

imagerie satellite et modèles
La lagune de Nokoué vue par satellite (gauche) et la bathymétrie et maillage du modèle hydrodynamique SYMPHONIE.
Sentinel-2 (gauche) et LEGOS/IRD/CNRS (droite), Fourni par l’auteur

En particulier, ce jumeau numérique permettra de modéliser la variabilité du niveau d’eau de la lagune en fonction du débit des rivières et de la topographie. Il géolocalisera l’emplacement des zones inondées en fonction du temps dans un contexte de crue — une capacité prédictive à court terme (quelques jours) appelée « what next ? »

Le jumeau numérique sera également en mesure de faire des projections de l’évolution du risque de crue sous l’effet du changement climatique, c’est-à-dire prenant en compte l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de l’intensité des pluies. Cette capacité prédictive sur le long terme, typiquement jusqu’à la fin du siècle, est appelée « what if ? »

Enfin, il permettra de modéliser et d’évaluer la qualité de l’eau de la lagune (par exemple sa salinité ou le temps de résidence de polluants). Par exemple, en période d’étiage, quand l’eau est au plus bas, la lagune étant connectée à l’océan, elle voit sa salinité augmenter de manière importante, bouleversant au passage l’équilibre de cet écosystème. Le riche écosystème actuel est en équilibre avec cette variation saisonnière mais des aménagements (barrages, obstruction du chenal de connexion à l’océan…) pourraient le mettre en péril.

Un démonstrateur de jumeau numérique consacré à la submersion marine en Nouvelle-Calédonie

L’élévation du niveau de la mer causée par le changement climatique, combinée aux marées et aux tempêtes, constitue un risque majeur pour les populations côtières à l’échelle mondiale dans les décennies à venir. Ce risque est « évolutif » — c’est-à-dire qu’il dépend de comment le climat évoluera dans le futur, notamment en fonction de notre capacité à atténuer les émissions de gaz à effet de serre.

Il est donc très important d’être capable de modéliser le risque de submersion marine et de projeter ce risque dans le futur en prenant en compte la diversité des scénarios d’évolution climatiques afin de supporter l’action publique au cours du temps, avec différentes stratégies d’adaptation ou d’atténuation : relocalisation de populations, modification du plan local d’urbanisme, création d’infrastructures de protection côtières qu’elles soient artificielles ou bien basées sur la nature.

La modélisation de la submersion marine nécessite une connaissance en 3D sur terre (du sol et du sursol, incluant bâtiments, infrastructures, végétation…), mais aussi – et surtout ! – sous l’eau : la bathymétrie. Si cette dernière est assez bien connue sur le pourtour de la France métropolitaine, où elle est mesurée par le Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom), une grande partie des zones côtières en outre-mer est mal ou pas caractérisée.

En effet, le travail et le coût associé aux levés topobathymétriques in situ sont très élevés (supérieur à 1 000 euros par km2). À l’échelle du monde, la situation est encore pire puisque la très grande majorité des côtes n’est pas couverte par des mesures bathymétriques ou topographiques de qualité. Aujourd’hui, plusieurs techniques permettent de déterminer la bathymétrie par satellite en utilisant la couleur de l’eau ou le déplacement des vagues.

3 cartes
Le jumeau numérique de la région de Nouméa : génération du maillage à partir de la bathymétrie et de la topographie (gauche) ; projection climatique avec calcul de hauteur d’eau par submersion (centre) ; bâtiments impactés (droite).
BRGM, C. Coulet, V. Mardhel, M. Vendé-Leclerc (2023) — Caractérisation de l’aléa submersion marine sur Grand Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Rapport final — Méthodologie générale V1. BRGM/RP-72483-FR, 88 p., et Résultats Nouméa V1. BRGM/RP-72923-FR, 48 p, Fourni par l’auteur

En Nouvelle-Calédonie, nous explorons le potentiel des satellites pour alimenter un jumeau numérique permettant de faire des modélisations de submersion marine. Nous nous concentrons dans un premier temps sur la zone de Nouméa, qui concentre la majeure partie de la population et des enjeux à l’échelle de l’île. Une première ébauche de jumeau numérique de submersion marine a ainsi été réalisée par le BRGM. Il permet par exemple d’évaluer la hauteur d’eau atteinte lors d’un évènement d’inondation et les vitesses des courants sur les secteurs inondés.

Dans un deuxième temps, nous étudierons la capacité à transposer notre approche sur une autre partie de l’île, en espérant ouvrir la voie à un passage à l’échelle globale des méthodes mises en place.

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Vincent Lonjou a reçu des financements du CNES

Raquel Rodriguez Suquet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Trois littoraux où les jumeaux numériques pourraient permettre de mieux maîtriser les conséquences des inondations – https://theconversation.com/trois-littoraux-ou-les-jumeaux-numeriques-pourraient-permettre-de-mieux-maitriser-les-consequences-des-inondations-258272

Peut-on laisser un chargeur branché en permanence ?

Source: – By Glen Farivar, Lecturer in Power Electronics, The University of Melbourne

Un chargeur qui reste branché consomme en continu une petite quantité d’énergie dont une partie se perd sous forme de chaleur. YG PhotoArtWorks/Shutterstock

Pour désigner l’énergie consommée par un chargeur qui reste branché sans être utilisé, les Québécois ont un joli terme : l’« énergie vampire » ou « énergie fantôme ». Cette énergie est-elle un mythe ? Peut-on laisser les chargeurs branchés ? Y a-t-il d’autres risques – du vieillissement accéléré à la surchauffe, voire au départ de feu ?


Combien de chargeurs possédez-vous ? Nous sommes entourés d’appareils électroniques rechargeables : téléphones mobiles, ordinateurs portables, montres intelligentes, écouteurs, vélos électriques, etc.

Il y a peut-être un chargeur de téléphone branché à côté de votre lit, que vous ne prenez jamais la peine de le débrancher quand vous ne l’utilisez pas. Et un autre, d’ordinateur portable, près de votre bureau ?

Mais est-ce risqué ? Y a-t-il des coûts cachés liés au fait de laisser les chargeurs branchés en permanence ?

Que contient un chargeur ?

Bien sûr, tous les chargeurs sont différents. En fonction de leur application et de la puissance requise, leur structure interne peut varier et être très simple… ou très complexe.

Toutefois, un chargeur classique reçoit le courant alternatif (AC) de la prise murale et le convertit en courant continu (DC) à basse tension, qui est adapté à la batterie de votre appareil.

Pour comprendre la différence entre courant continu et alternatif, il faut considérer le flux d’électrons dans un fil. Dans un circuit à courant continu, les électrons se déplacent dans une seule direction et continuent de tourner dans le circuit. Dans un circuit à courant alternatif, les électrons ne circulent pas et se bougent successivement dans un sens puis dans l’autre.

La raison pour laquelle nous utilisons les deux types de courant remonte à l’époque où les inventeurs Thomas Edison et Nicola Tesla débattaient de savoir quel type de courant deviendrait la norme. In fine, aucun n’a vraiment eu le dessus, et aujourd’hui, nous sommes toujours coincés entre les deux. L’électricité est traditionnellement générée sous forme de courant alternatif (quand on utilise des bobines d’alternateurs), mais les appareils modernes et les batteries requièrent un courant continu. C’est pourquoi presque tous les appareils électriques sont équipés d’un convertisseur AC-DC.

Pour effectuer la conversion du courant alternatif en courant continu, un chargeur a besoin de plusieurs composants électriques : un transformateur, un circuit pour effectuer la conversion proprement dite, des éléments de filtrage pour améliorer la qualité de la tension continue de sortie, et un circuit de contrôle pour la régulation et la protection.

Un chargeur partiellement cassé avec deux broches et les puces internes exposées
Les chargeurs ont plusieurs composants électriques pour convertir le courant alternatif en courant continu que la batterie peut utiliser.
PeterRoziSnaps/Shutterstock

Les chargeurs consomment de l’énergie même lorsqu’ils ne chargent rien

L’« énergie vampire », ou « énergie fantôme » – le terme utilisé par les Québécois pour désigner l’énergie consommée par un chargeur qui reste branché sans être utilisé – est bien réelle.


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Si vous le laissez branché, un chargeur consommera continuellement une petite quantité d’énergie. Une partie de cette énergie est utilisée pour faire fonctionner les circuits de contrôle et de protection, tandis que le reste est perdu sous forme de chaleur.

Si l’on considère un petit chargeur individuel, l’énergie vampire – également connue sous le nom d’énergie de veille – est négligeable. Toutefois, si vous additionnez la consommation des chargeurs de tous les appareils de la maison, le gaspillage d’énergie peut devenir important au fil du temps. De plus, l’énergie de veille n’est pas l’apanage des chargeurs : d’autres appareils électroniques, comme les téléviseurs, consomment également un peu d’énergie lorsqu’ils sont en veille.

Selon le nombre d’appareils laissés branchés, cela peut représenter plusieurs kilowattheures au cours d’une année.

Ceci étant, les chargeurs modernes sont conçus pour minimiser la consommation d’énergie vampire, avec des composants de gestion de l’énergie intelligents, qui les maintiennent en veille jusqu’à ce qu’un appareil externe tente de tirer de l’énergie.

Vue sous un bureau avec de nombreux appareils branchés sur une multiprise
Le fait d’avoir de nombreux chargeurs branchés dans votre maison peut entraîner une consommation d’énergie vampire considérable.
Kit/Unsplash

Les autres risques des chargeurs laissés branchés

Les chargeurs s’usent au fil du temps lorsqu’ils sont traversés par un courant électrique, en particulier lorsque la tension du réseau électrique dépasse temporairement sa valeur nominale. Le réseau électrique est un environnement chaotique et diverses hausses de tension se produisent de temps à autre.

Exposer un chargeur à ce type d’événements peut raccourcir sa durée de vie. Si ce n’est pas vraiment un problème pour les appareils modernes, grâce aux améliorations sur leur conception et leur contrôle, il est particulièrement préoccupant pour les chargeurs bon marché et non certifiés. Ceux-ci ne présentent souvent pas les niveaux de protection appropriés aux surtensions, et peuvent constituer un risque d’incendie.

Comment dois-je traiter mes chargeurs ?

Bien que les chargeurs modernes soient généralement très sûrs et qu’ils ne consomment qu’un minimum d’énergie vampire, il n’est pas inutile de les débrancher de toute façon – quand c’est pratique.

En revanche, si un chargeur chauffe plus que d’habitude, fait du bruit, ou est endommagé d’une manière ou d’une autre, il est temps de le remplacer. Et il ne faut surtout pas le laisser branché.

The Conversation

Glen Farivar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Peut-on laisser un chargeur branché en permanence ? – https://theconversation.com/peut-on-laisser-un-chargeur-branche-en-permanence-258019

« The Last of Us » : le « Cordyceps », menace fictive, réel atout thérapeutique ?

Source: – By Efstathia Karachaliou, Pharmacienne, Doctorante en pharmacognosie, Université Bourgogne Europe

Une larve parasitée par un champignon appartenant au genre _Ophiocordyceps_, lequel dépasse du corps momifié de l’insecte. PattyPhoto/Shutterstock

Dans la série The Last of Us, l’apocalypse est arrivée par un champignon parasite, le Cordyceps. Transformant les humains en zombies ultra-agressifs, il a provoqué l’effondrement de notre civilisation. Un scénario qui prend racine dans le réel, puisque ce type de champignon existe bel et bien, mais ne s’attaque qu’aux insectes. Inoffensif pour les humains, il est même utilisé par la médecine traditionnelle chinoise, qui lui prête de nombreuses vertus.


La deuxième saison de The Last of Us, diffusée par la chaîne HBO, s’est achevée fin mai 2025. Adaptation d’un jeu vidéo à succès, cette série postapocalyptique reprend les ingrédients habituels du genre : l’humanité s’est effondrée suite à une brutale pandémie, la loi du plus fort règne, les survivants tentent de survivre en s’organisant au milieu du chaos, tout en évitant eux-mêmes d’être infectés.

L’originalité du scénario tient ici à la source de l’épidémie qui a mené à la catastrophe : point de virus pour transformer les êtres humains en zombies agressifs, mais un champignon parasite, le Cordyceps. Ce nom n’a pas été inventé par les scénaristes : le genre de champignon dont ils se sont inspirés existe bel et bien (même s’il a été récemment renommé Ophiocordyceps). Et ses membres sont eux aussi capables de transformer en zombies ses victimes.

Heureusement, ces champignons ne s’attaquent qu’aux insectes : ils ne présentent aucun danger pour notre espèce. Au contraire : ces champignons pourraient même être à la base de nouveaux médicaments. Explications.

Un champignon qui « zombifie ses victimes »

Dans The Last of Us, près de 60 % de l’humanité a été décimée ou contaminée par le champignon Cordyceps. Responsable d’une « infection cérébrale », le champignon prend le contrôle des humains qu’il parasite et les transforme en créatures agressives. Ce concept s’inspire de champignons qui existent bel et bien, et appartiennent aux genres Cordyceps et Ophiocordyceps.

Le genre Ophiocordyceps est passé à la postérité grâce à la capacité de l’un de ses membres, Ophiocordyceps unilateralis, à « pirater » le cerveau des fourmis qu’il contamine. Il parvient ainsi à modifier leur comportement, maximisant de ce fait ses chances de transmission.

Lorsqu’une fourmi est contaminée, elle quitte le nid pour se rendre dans des zones en hauteur, souvent des végétaux. Perchée en surplomb, sur une feuille ou un brin d’herbe, elle s’ancre avec ses mandibules dans une sorte « d’étreinte de la mort » : elle y restera jusqu’à son décès.

Le corps de la fourmi morte reste dès lors en place à un endroit présentant des conditions idéales pour le développement fongique. La formation des corps fructifères du champignon est facilitée, tout comme la propagation de ses spores, qui vont pouvoir infecter d’autres fourmis qui vaquent à leurs occupations, en contrebas.

Ce cycle de manipulation comportementale est crucial pour le champignon. En effet, sans cette adaptation, les fourmis infectées seraient rapidement retirées du nid par leurs congénères. Bien que des travaux de recherche aient approfondi la compréhension de ces interactions, de nombreuses questions demeurent sur la complexité de cette manipulation comportementale.

Parmi les quelque 350 espèces du genre Ophiocordyceps, toutes ne s’attaquent pas aux fourmis. Ophiocordyceps sinensis parasite plutôt les chenilles, les modifiant si radicalement que les observateurs ont longtemps cru que celles-ci passaient de l’état animal à l’état végétal. Mais le plus intéressant est que ce champignon occupe une place à part en médecine traditionnelle, depuis très longtemps.

Un pilier de la médecine traditionnelle chinoise

Plus de 350 espèces associées ont été identifiées à ce jour à travers le monde, mais une seule – Ophiocordyceps sinensis – est officiellement reconnue comme drogue médicinale dans la pharmacopée chinoise depuis 1964.

Il est récolté dans les prairies de haute altitude (3 500–5 000 mètres) des provinces chinoises comme le Qinghai, le Tibet, le Sichuan, le Yunnan et le Gansu. Son usage remonte à plus de trois cents ans en Chine.

Appelé dongchongxiacao (« ver d’hiver, herbe d’été »), ce champignon est un pilier de la médecine traditionnelle chinoise. Selon les principes de cette dernière, O. sinensis – de nature « neutre » et de saveur « douce » – est réputé tonifier les reins, apaiser les poumons, arrêter les saignements et éliminer les mucosités. Il est traditionnellement utilisé pour traiter la fatigue, la toux, l’asthénie post-maladie grave, les troubles sexuels, les dysfonctionnements et les insuffisances rénales.

Il faut souligner que, traditionnellement, les préparations d’O. sinensis contiennent non seulement le champignon, mais aussi d’autres ingrédients (alcool, solvants…). Ainsi, pour « revigorer les poumons et renforcer les reins », la médecine chinoise traditionnelle conseille d’administrer l’ensemble larve et champignon. Il est donc difficile d’attribuer une éventuelle activité au champignon lui-même. Sans compter qu’il n’est pas toujours certain que l’espèce utilisée soit bien celle déclarée.

Toutefois, l’impressionnante liste d’allégations santé associée à ces champignons parasites a attiré l’attention de la recherche pharmaceutique, et des études ont été entreprises pour évaluer le potentiel des principes actifs contenus dans ce champignon.

Des pistes à explorer

Certains travaux semblent indiquer des effets – chez la souris – sur la croissance tumorale ainsi que sur la régulation de certaines cellules immunitaires. Une activité anti-inflammatoire a aussi été mise en évidence dans des modèles animaux et des cultures de cellules. Enfin, une méta-analyse (analyse statistique de résultats d’études déjà publiées) menée sur un petit nombre de publications a suggéré que, chez des patients transplantés rénaux, un traitement d’appoint à base de préparation d’O. sinensis pourrait diminuer l’incidence de l’hyperlipidémie, l’hyperglycémie et des lésions hépatiques. Les auteurs soulignent cependant que des recherches complémentaires sont nécessaires, en raison de la faible qualité des preuves et du risque de biais lié à la mauvaise qualité méthodologique des travaux analysés.

Une revue Cochrane (Organisation non gouvernementale à but non lucratif qui évalue la qualité des données issues des essais cliniques et des méta-analyses disponibles) de la littérature scientifique concernant les effets de ce champignon sur la maladie rénale chronique aboutit aux mêmes conclusions : si certaines données semblent indiquer que des préparations à base d’O. sinensis administrées en complément de la médecine occidentale conventionnelle pourraient être bénéfiques pour améliorer la fonction rénale et traiter certaines complications, la qualité des preuves est médiocre, ce qui ne permet pas de tirer de conclusion définitive.

Une autre espèce de champignon apparentée, Ophiocordyceps militaris, a aussi retenu l’attention des scientifiques. Il parasite quant à lui les pupes du ver à soie tussah (Antherea pernyi), lesquelles sont traditionnellement cuisinées et consommées dans certaines régions de Chine. Divers composés actifs ont été isolés de ce champignon, tel que la cordycépine, isolée dans les années 1950, qui pourrait avoir un intérêt dans la lutte contre le cancer, même si cela reste à confirmer. Chez la souris, des travaux ont aussi suggéré des effets sur la réduction des taux sanguins d’acide urique.

Des aliments « médicinaux » ?

Au-delà des pratiques médicales traditionnelles ou des explorations pharmacologiques visant à mettre au point de nouveaux médicaments, les champignons Ophiocordyceps sont aussi employés comme aliment diététique. En Chine, ils sont par exemple utilisés dans les plats traditionnels, les soupes, les boissons (bières, thés…) ou les compléments alimentaires (gélules). Leurs partisans prêtent à ces produits d’innombrables vertus : renforcement de l’immunité, lutte contre le vieillissement, régulation du sommeil, stimulation de l’appétit, et protection de la santé en général.

Toutefois, à l’heure actuelle, les preuves scientifiques soutenant de telles allégations manquent encore, notamment en matière de validation clinique en ce qui concerne, par exemple, l’immunité.

Cette utilisation s’inscrit dans la même tendance que celle qui a vu ces dernières années se développer les « aliments fonctionnels ». Aussi appelés nutraceutiques ou aliments « médicinaux », ces produits, qui sont vendus à grand renfort de marketing mettant en avant diverses allégations thérapeutiques, connaissent un fort développement mondial. Selon le cabinet BCC Research, la demande mondiale en nutraceutiques devrait passer de 418,2 milliards de dollars en 2024 à 571,3 milliards en 2029, avec un taux de croissance annuel moyen de 6,4 %.

Cependant, malgré l’abondance des produits revendiquant des bienfaits pour la santé, le niveau de preuve scientifique reste souvent limité ou controversé. La démonstration rigoureuse des effets physiologiques de ces aliments est complexe, en raison notamment de la variabilité des compositions, des biais liés aux études d’observation, ou encore du manque de standardisation des protocoles cliniques. Cela pose des défis importants en matière d’évaluation scientifique, de communication des allégations et de réglementation.

En vigueur depuis le 1er janvier 2018, le règlement sur les « nouveaux aliments » s’applique à l’ensemble de l’Union européenne. Est considéré comme nouvel aliment tout aliment n’ayant pas été consommé de manière significative avant mai 1997.

Pour que la Commission européenne accepte d’autoriser la mise sur le marché d’un nouvel aliment, plusieurs conditions doivent être remplies : compte tenu des données scientifiques disponibles, il ne doit présenter aucun risque pour la santé (ce qui ne signifie pas qu’il l’améliore), et son utilisation ne doit pas entraîner de déficit nutritionnel.

Si les mycéliums de Cordyceps sinensis sont aujourd’hui autorisés, ce n’est pas le cas de ceux de Cordyceps militaris, qui n’a pas encore reçu d’autorisation préalable de mise sur le marché européen.

The Conversation

Efstathia Karachaliou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. « The Last of Us » : le « Cordyceps », menace fictive, réel atout thérapeutique ? – https://theconversation.com/the-last-of-us-le-cordyceps-menace-fictive-reel-atout-therapeutique-255130

Trois conseils pour limiter le stress au travail

Source: – By Marie Chamontin, Doctorante en psychologie, Psychologue du travail et Psychothérapeute, CY Cergy Paris Université

Gardez à l’esprit que votre contrat de travail cadre les modalités d’exécution de votre activité professionnelle. Vous ne vous engagez pas à mettre de côté votre santé physique, mentale et sociale. StudioRomantic/Shutterstock

Comment éviter de stresser au travail ? Alors que la Semaine sur la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) s’est achevée le 20 juin, trois conseils permettent de réduire le stress : travailler en deçà d’un certain volume horaire hebdomadaire, avoir un sommeil optimal et limiter la sédentarité.


Proposée chaque année par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), la Semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) 2025 avait pour thème « Parler du travail, c’est productif ! » L’objectif : permettre aux acteurs du monde professionnel de s’informer, débattre et partager de bonnes pratiques en faveur de la QVCT définie comme « favorisant un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement ».

Parler de la réalité du quotidien à travers les espaces d’expression obligatoires dans toutes les entreprises permet de développer un dialogue social de qualité. Que ce soit les représentants du personnel, les travailleurs, qu’ils soient manager ou salarié, chacun doit avoir la possibilité de s’exprimer sur son travail. Dans le cadre d’une démarche de prévention collective des risques professionnels, parler du travail est indissociable de l’évaluation des risques psychosociaux.

Ce bien-être au travail passe par la réduction du stress. On parle de stress au travail quand une personne ressent un déséquilibre entre ce qu’on lui demande de faire dans le cadre professionnel, et les ressources dont elle dispose pour y répondre. Si la QVCT passe principalement par l’organisation et l’environnement du travail, dépendant ainsi de l’employeur, des leviers individuels existent au niveau du travailleur. Sur ce plan, nous pouvons formuler trois conseils à mettre en œuvre dans le cadre professionnel, sur la base des travaux en psychologie.

Moins de 48 heures par semaine

L’augmentation du temps de travail est associée à un plus grand risque d’accident du travail, de surpoids, de développement de troubles musculo-squelettiques et d’effet négatif sur la santé mentale. Le temps de concentration allongé, les temps de repas irréguliers et déséquilibrés, l’ergonomie au poste de travail ne répondent pas aux contraintes des travailleurs. L’augmentation du stress ressenti au quotidien est un exemple d’éléments favorisant au fil du temps un effet délétère sur la santé.

En 2024, les indépendants à temps complet ont travaillé habituellement 47,2 heures par semaine en moyenne contre 36,9 heures pour l’ensemble des personnes en emploi.
DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques)

Notons que les femmes enceintes peuvent bénéficier d’une réduction de temps de travail journalier prévu par un accord d’entreprise ou convention collective. En cas de besoin d’aménagement de poste qu’il soit physique (besoin d’adaptation du mobilier) ou organisationnel ( aménagement d’horaires par exemple, jour supplémentaire de télétravail), vous pouvez contacter directement votre médecin du travail.

Notez que les travailleurs bénéficiant de l’obligation d’emploi, via la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé notamment, peuvent également bénéficier d’aménagements de poste complémentaires, toujours en accord avec le médecin du travail. Et si vous êtes en arrêt maladie, pensez à la visite de pré-reprise pendant votre arrêt.

Rythme de sommeil régulier

Se coucher et se réveiller à heures fixes tous les jours est plus efficace que d’avoir de courtes nuits en semaines et rallonger son temps de sommeil le week-end. Avoir une activité physique quotidienne – prendre les escaliers, sortir une station de métro plus tôt, préférer le vélo ou la marche pour les petits trajets – est fortement recommandée. Pour l’activité sportive où l’intensité est plus élevée, évitez de vous coucher dans les deux heures suivantes. Votre corps sera encore trop chaud pour libérer les hormones nécessaires à l’endormissement. Les stimulants comme le thé, café et boissons énergisantes sont à bannir après 16 heures.


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Pour ceux qui rencontrent des difficultés de sommeil la nuit, bien que cela soit contre-intuitif, évitez les siestes en journée. Vous allez diminuer votre fatigue accumulée en journée, fatigue nécessaire pour favoriser l’endormissement la nuit. Certaines hormones, sécrétées principalement à l’obscurité, sont nécessaires à cet endormissement. Éviter une lumière trop forte le soir, préférer une lumière douce, tamisée a minima 1 heure avant de vous coucher. Idem avec les écrans. Exposez-vous sans modération le matin à la lumière du soleil.

Optimiser le sommeil des travailleurs.
Réseau Morphée

Certains métiers avec des horaires atypiques ou encore le travail de nuit – entre 21 heures et 7 heures du matin – peuvent occasionner des troubles du sommeil nécessitant une attention particulière. Il concerne 3,2 millions de Français en 2023. En cas de troubles persistants, n’hésitez pas à consulter votre médecin généraliste.

Lutter contre la sédentarité

En France, près de 42 % des adultes de 18-44 ans passent plus de huit heures par jour dans une situation de sédentarité, contre 31 % chez les 45-64 ans. Cette différence est expliquée par le temps passé devant un ordinateur. La sédentarité correspond au temps passé assis ou allongé dans la journée, hors temps de sommeil.

Au travail, la stratégie la plus efficace pour diminuer son temps de travail assis est l’utilisation de bureau assis-debout. Ce dernier se présente comme un bureau standard, tout en permettant d’ajuster la hauteur du plan de travail, de façon mécanique ou électrique – prévoyez un budget supérieur pour cette dernière option. Il est possible d’alterner différentes positions au cours de la journée. Ce type de mobilier peut faire l’objet d’un aménagement de poste physique, préconisé par votre médecin du travail.

Que l’on soit dernière son écran d’ordinateur ou celui de son smartphone, il est recommandé de lever la tête régulièrement et de regarder au loin. Ce changement de distance permet à nos yeux de réduire leur contraction liée à l’accommodation et de favoriser le clignement. Résultat : moins de sécheresse oculaire et de sensation de vision trouble. De même, se lever régulièrement et marcher quelques minutes pendant sa journée de travail – pour aller chercher un verre d’eau par exemple. Éviter l’ascenseur permet également de réduire le risque de déclarer une pathologie liée à la sédentarité.

La santé avant tout

Je n’ai pas le temps de faire tout ça, j’ai du travail, moi ! 

Gardez à l’esprit que votre contrat de travail cadre les modalités d’exécution de votre activité professionnelle : vous mettez à disposition de votre employeur votre capacité de travail, par un lien de subordination, en échange d’une rémunération. Vous ne vous engagez pas à mettre de côté votre santé physique, mentale et sociale. Il est important que ce qui fait sens pour vous puisse être investi afin de trouver un équilibre général.

Même si vos conditions de travail ne dépendent pas de vous, bien qu’elles impactent significativement votre qualité de vie au travail, ces trois leviers individuels – moins de 48 heures hebdomadaires de travail, un bon sommeil et se lever régulièrement – restent à votre portée. Ils préviennent l’apparition de troubles pouvant altérer durablement votre bien-être au quotidien.

Certes, ces trois actions ne résolvent pas tout, mais c’est déjà pas mal !

The Conversation

Marie Chamontin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Trois conseils pour limiter le stress au travail – https://theconversation.com/trois-conseils-pour-limiter-le-stress-au-travail-258424

Malnutrition à Gaza : son impact sur les 1 000 premiers jours de vie des bébés

Source: – By Nina Sivertsen, Associate Professor, College of Nursing and Health Sciences, Flinders University

À Gaza, des enfants souffrent en nombre de malnutrition aiguë. Celle-ci peut avoir un impact majeur sur leur santé, en particulier sur leur cerveau en développement, surtout durant les 1 000 premiers jours de vie (de la conception jusqu’à l’âge de deux ans). Certaines lésions cérébrales peuvent être réversibles si des soins adaptés sont mis en œuvre précocement. Mais à Gaza, les conditions ne semblent pas réunies pour assurer cette prise en charge.


En mai dernier, les Nations unies avaient alerté sur le fait que plus de 14 000 bébés mourraient de malnutrition en 48 heures si Israël continuait d’empêcher l’aide d’entrer à Gaza.

(Le 19 mai 2025, après onze semaines de blocus total, Israël a autorisé l’entrée d’une aide limitée à Gaza. L’aide entre au compte-goutte, car une fois dans l’enclave, son acheminement se heurte à des obstacles logistiques majeurs, indiquaient les services de l’Organisation des Nations unies, le 13 juin 2025, ndlr).

Après que ce chiffre a été largement diffusé, ce calendrier a été reconsidéré. En effet, un porte-parole de l’ONU a apporté une clarification et indiqué que cette projection concernait les onze mois à venir. Ainsi, d’avril 2025 à mars 2026, on s’attend à 71 000 cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans, dont 14 100 cas graves.

La malnutrition aiguë sévère signifie qu’un enfant est extrêmement maigre et risque de mourir.

On estime que 17 000 femmes enceintes et allaitantes auront également besoin d’un traitement pour malnutrition aiguë pendant cette période.

La famine et la malnutrition sont nocives pour tout le monde. Mais pour les nourrissons, l’impact peut être profond et durable.

Qu’est-ce que la malnutrition ?

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, la malnutrition signifie que leur taille, leur poids et leur périmètre crânien ne correspondent pas aux tableaux standard, en raison d’un manque de nutrition appropriée.

Les carences nutritionnelles sont particulièrement fréquentes chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.

Le corps humain a besoin de 17 minéraux essentiels. Les carences en zinc, en fer et en iode sont les plus dangereuses. Elles sont liées à un risque plus élevé de décès ou de lésions cérébrales chez les nourrissons.


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Lorsque la malnutrition est aiguë à grave, les nourrissons et les jeunes enfants perdent du poids parce qu’ils ne mangent pas assez et parce qu’ils sont plus sensibles aux maladies et à la diarrhée.

Cela conduit à ce que l’on appelle l’émaciation.

Un enfant émacié a perdu beaucoup de poids ou ne parvient pas à en prendre, ce qui se traduit par un rapport poids/taille dangereusement faible.

Un manque persistant de nourriture adéquate entraîne une malnutrition chronique ou un retard de croissance, qui nuisent à la croissance et au développement de l’enfant.

Risque d’infections et de mortalité

Les nourrissons malnutris ont un système immunitaire affaibli. Cela les rend plus vulnérables aux infections, en raison de la taille plus petite de leurs organes et de déficits en masse maigre. La masse maigre corespond au poids du corps à l’exclusion de la graisse. Elle est cruciale pour une croissance en bonne santé, pour acquérir de la force et pour le développement global.

Quand les enfants sont affamés, ils sont davantage susceptibles de mourir de maladies courantes telles que la diarrhée et la pneumonie.

Les infections peuvent rendre plus difficile l’absorption des nutriments, ce qui crée un cycle dangereux et aggrave la malnutrition.

La malnutrition chronique affecte le cerveau

Le cerveau humain se développe extraordinairement rapidement au cours des 1 000 premiers jours de la vie (de la conception à l’âge de deux ans). Pendant cette période, une alimentation adéquate est essentielle.

Le cerveau en développement des enfants est plus susceptible d’être affecté par des carences nutritionnelles que celui des adultes.

Quand elle se prolonge, la malnutrition peut entraîner des changements structurels cérébraux, et notamment conduire à un cerveau plus petit et qui comporte moins de myéline – la membrane protectrice qui entoure les cellules nerveuses et aide le cerveau à envoyer des messages.

La malnutrition chronique peut affecter les fonctions et les processus cérébraux tels que la pensée, le langage, l’attention, la mémoire et la prise de décision.

Ces impacts neurologiques peuvent causer des problèmes à vie.

Les lésions cérébrales peuvent-elles être permanentes ?

Oui, surtout lorsque la malnutrition survient pendant les périodes cruciales du développement du cerveau, comme les 1 000 premiers jours.

Cependant, certains effets sont réversibles. Des interventions précoces et intensives, comme l’accès à des aliments riches en nutriments et à des médicaments pour traiter l’hypoglycémie (faible taux de sucre dans le sang) ainsi que le fait de combattre les infections, peuvent aider les enfants à rattraper leur retard en matière de croissance et de développement cérébral.

Une revue d’études portant sur des enfants d’âge préscolaire sous-alimentés a par exemple révélé que leurs capacités cognitives – telles que la concentration, le raisonnement et la régulation émotionnelle – s’amélioraient quelque peu lorsqu’ils recevaient des suppléments de fer et des multivitamines.

Toutefois, la malnutrition pendant la fenêtre cruciale avant l’âge de deux ans augmente le risque de handicaps à vie.

Il est également important de noter que le rétablissement est plus probable dans un environnement où des aliments nutritifs sont disponibles et où les besoins émotionnels des enfants sont pris en charge.

À Gaza, les opérations militaires d’Israël ont détruit 94 % des infrastructures hospitalières et l’aide humanitaire reste sévèrement limitée. Les conditions nécessaires à la guérison des enfants sont donc hors de portée.

Mères enceintes et allaitantes

La malnutrition maternelle sévère peut augmenter le risque de décès ou de complications pendant la grossesse pour la mère et l’enfant.

Lorsqu’une mère qui allaite est mal nourrie, elle produira moins de lait et celui-ci sera de qualité inférieure. Les carences en fer, en iode et en vitamines A, D et en zinc compromettront la santé de la mère et réduiront la valeur nutritionnelle du lait maternel. Cela peut contribuer à une mauvaise croissance et affecter le développement du nourrisson.

Les mères affamées peuvent souffrir de fatigue, d’une mauvaise santé et d’une détresse psychologique, ce qui rend difficile le maintien de l’allaitement.

Des impacts aussi sur les autres organes

Les données recueillies auprès des personnes nées pendant la famine de 1944-45 aux Pays-Bas nous ont aidés à comprendre les impacts sur la santé des enfants conçus et nés pendant que leurs mères mouraient de faim.

Dans cette cohorte, la malnutrition a affecté le développement et le fonctionnement de nombreux organes chez les enfants, y compris le cœur, les poumons et les reins.

Ce groupe présentait également des taux plus élevés de schizophrénie, de dépression et d’anxiété, ainsi que des performances inférieures aux tests cognitifs.

Il présentait également un risque plus élevé de développer des maladies chroniques évolutives (telles que les maladies cardiovasculaires et l’insuffisance rénale) et de mourir prématurément.

Ces effets sont-ils réversibles ?

Les enfants peuvent récupérer. Mais cela dépend de la gravité de la malnutrition dont souffre l’enfant, du moment où cela se produit et du type de prise en charge qu’il reçoit.

Il a été prouvé que les enfants restent vulnérables et courent un risque plus élevé de mourir, même après avoir été traités pour des complications de malnutrition aiguë sévère.

Les interventions efficaces comprennent :

  • une réadaptation nutritionnelle (qui consiste à donner à l’enfant des aliments riches en nutriments, une alimentation spécialisée et à remédier aux carences sousjacentes)

  • un soutien à l’allaitement maternel pour les mères

  • le fait de fournir des soins de réadaptation et de santé dans la communauté (afin que les familles et les enfants puissent reprendre leurs activités quotidiennes).

Cela semble difficile, voire impossible, à Gaza, où le blocus de l’aide par Israël et les opérations militaires en cours signifient que la sécurité et les infrastructures sont gravement compromises.

Or, les épisodes répétés ou prolongés de malnutrition augmentent le risque de dommages durables concernant le développement de l’enfant.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

ref. Malnutrition à Gaza : son impact sur les 1 000 premiers jours de vie des bébés – https://theconversation.com/malnutrition-a-gaza-son-impact-sur-les-1-000-premiers-jours-de-vie-des-bebes-257575

Reconnaître enfin le trouble de stress post-traumatique complexe, pour mieux le soigner

Source: – By Cyril Tarquinio, Professeur de psychologie clinique, Université de Lorraine

Depuis les années 1990, des cliniciens et des chercheurs se battent pour faire reconnaître le trouble de stress post-traumatique complexe comme une entité à part entière. Beaucoup plus courant que le trouble de stress post-traumatique simple, et différent dans ses symptômes, il survient suite à une exposition répétée à des événements violents, comme en cas de violences intrafamiliales ou d’exposition répétée à des situations de guerre. Il peut laisser d’importantes séquelles, en particulier lorsque des enfants en sont victimes.


Catastrophes naturelles, accidents de la route, agressions, attentats… L’exposition à des événements violents, qui menacent l’intégrité personnelle, déclenche un stress intense chez les personnes qui les vivent. Les conséquences des modifications physiologiques qui en résultent s’estompent généralement en quelques jours, mais chez certaines personnes, ce retour à la normale ne se fait pas correctement, et mène au développement d’un trouble de stress post-traumatique.

Au-delà de ces accidents aigus et limités dans le temps, certaines situations de stress répétés – comme les situations de maltraitances infantiles – génèrent elles aussi un trouble de stress post-traumatique, aux conséquences très sensiblement différentes : le trouble de stress post-traumatique complexe.

Une étude publiée en 2006 a révélé que dans une population d’adolescents ayant subi des traumatismes répétés dans l’enfance, 61 % présentaient un tel traumatisme complexe, alors que seulement 16 % manifestaient un trouble de stress post-traumatique simple.

Beaucoup plus répandu que le traumatisme simple, le traumatisme complexe a d’importantes conséquences sur le développement lorsqu’il se produit dans l’enfance. Il reste pourtant très mal reconnu, ce qui a des implications en matière de prise en charge.

Traumatisme simple ou traumatisme complexe

Le trouble de stress post-traumatique se traduit par diverses catégories de symptômes : des pensées de répétition (la personne revit la scène via des cauchemars, ou des « flashbacks » qui lui font revivre la scène) ; l’évitement des souvenirs du traumatisme et des situations qui pourraient le rappeler ; des pensées et émotions négatives (peur, honte, culpabilité, colère) ; des symptômes neurovégétatifs (irritabilité, troubles du sommeil, hypervigilance).

Ce trouble invalidant a été défini dans les années 1980. Cependant, dès les années 1990, certains cliniciens et chercheurs ont pointé les limites et le manque de portée du trouble de stress post-traumatique tel qu’il était alors conçu.

C’est aussi à cette époque qu’ont été publiées les premières recherches sur les « expériences négatives de l’enfance » (en anglais « Adverse Childhood Experiences »). Ces travaux ont révélé que les événements traumatisants accumulés dans l’enfance et l’adolescence ont des conséquences psychopathologiques qui s’étendent bien au-delà des symptômes du trouble de stress post-traumatique classique, affectant la santé mentale et physique.

Aux États-Unis, les psychiatres Judith Lewis Herman, Leonore Terr et Bessel Van der Kolk furent parmi les premiers à souligner les différences entre les conséquences de telles situations et celles du trouble de stress post-traumatique. Dans un article de 1992, Judith Herman a spécifiquement décrit les symptômes résultant de processus traumatiques intenses et répétés, révélant qu’ils s’étendent bien au-delà de ceux du trouble de stress post-traumatique classique.

En effet, ces symptômes incluent des changements dans la personnalité de la victime (par exemple, une victime autrefois sociable peut développer un évitement systématique des relations, ou adopter des comportements d’autosabotage répétés), des perturbations relationnelles (la personne peut idéaliser puis dévaloriser soudainement ses partenaires, ou s’isoler complètement) et une perception altérée de soi (la victime se juge sans valeur, a honte de manière permanente, a l’impression d’avoir perdu son identité d’avant le trauma : « je ne suis plus la même personne »).

Selon Judith Herman, le traumatisme complexe survient surtout lorsque la victime est en « captivité » ou dans l’incapacité de fuir, ce qui l’oblige à un contact prolongé avec l’agresseur. Elle souligne que la notion de captivité doit être envisagée de manière large : il existe des contextes de vie (famille, religion, détention, travail) qui peuvent enfermer les victimes dans un système de contrôle oppressant.

Les travaux de ces pionniers ont mis en lumière la nécessité de développer un cadre diagnostique élargi pour, capable de saisir les effets profonds sur la situation clinique globale des patients des traumatismes complexes résultant de situations adverses telles que la guerre, les crises humanitaires, et les violences répétées.

On a ainsi commencé à parler de « traumatisme complexe », une terminologie qui a évolué pour mieux refléter la réalité clinique des patients.

Les expériences menant au trouble de stress post-traumatique complexe

En 1991, la psychiatre Lenore Terr a proposé de distinguer deux types de traumatismes psychologiques : le type I, résultant d’un événement traumatique unique et soudain (par exemple, une agression isolée, un accident, une catastrophe naturelle), et le type II, qui désigne l’exposition à des traumatismes répétés ou à des situations traumatiques prolongées. Ce dernier correspond à des événements traumatiques répétés qui peuvent survenir à tout âge – comme un adulte victime de violences conjugales pendant plusieurs années ou un adolescent harcelé durant sa scolarité.

Bien que graves, ces traumas laissent généralement intacte la structure de base de la personnalité. Les choses sont différentes en ce qui concerne le trauma de type III, conceptualisé par la psychologue Eldra Solomon et la spécialiste des violences intrafamiliales Kathleen Heide.
Celui-ci désigne des violences multiples et envahissantes qui commencent dès la petite enfance et s’étendant sur des années.

Ces traumas précoces surviennent pendant la formation même de la personnalité, créant des séquelles bien plus profondes : l’enfant développe un sens de soi fragmenté, une dissociation chronique, la conviction d’être « fondamentalement défectueux » et une incapacité à imaginer un futur. La différence fondamentale : le type II traumatise une personnalité déjà formée, tandis que le type III empêche la construction même d’un soi cohérent et sécure. C’est pourquoi le traitement du type III est considérablement plus complexe et exigeant.

En 2013, Christine A. Courtois (psychologue clinicienne américaine, ancienne présidente de la Division Trauma de l’American Psychological Association) et Julian D. Ford (psychologue clinicien américain, professeur de psychiatrie à l’Université du Connecticut) ont proposé une définition consensuelle du traumatisme complexe, qui intègre diverses dimensions essentielles. Les expériences menant à un trouble de stress post-traumatique complexe :

  • sont des expériences interpersonnelles impliquant souvent une trahison ;

  • sont répétées ou prolongées, souvent infligées par des figures d’autorité ou de confiance ;

  • incluent diverses formes d’abus (physiques, sexuels, émotionnels) et de négligence, le plus souvent dans un cadre familial ou éducatif ;

  • surviennent généralement à des périodes vulnérables, telles que la petite enfance, ce qui rend leurs effets durables et profonds.

Cette définition présente l’avantage de reconnaître un large éventail de situations traumatiques, ainsi que la variété des réactions psychologiques des victimes.

Elle met en avant l’impact de l’exposition prolongée à un environnement maltraitant, en soulignant que les symptômes du traumatisme complexe sont souvent plus durables et moins typiques que ceux du trouble de stress post-traumatique.

Des effets sur le développement des enfants

Les enfants confrontés à des traumatismes dans leur petite enfance présentent souvent des freins au développement de leur identité, de leur estime de soi, et de leurs capacités relationnelles.

Cette entrave est particulièrement marquée lorsque l’auteur des traumatismes est une personne de confiance, comme un parent ou un enseignant. Or, le trouble de stress post-traumatique simple, initialement développé pour les adultes, ne prend pas en compte ces spécificités développementales.

Leonore Terr et Judith Herman ont été parmi les premières à considérer le traumatisme dans une perspective développementale. Selon elles, cette approche est cruciale pour comprendre l’impact spécifique des traumatismes répétés sur le développement psychologique des enfants.

Ford et Courtois soulignent quant à eux que, sur le plan neurologique, les enfants confrontés à des traumatismes multiples développent un cerveau orienté vers la survie et la vigilance, au détriment des fonctions d’apprentissage et d’exploration.

Ces enfants « en mode survie » peinent à s’adapter aux activités quotidiennes, car ils anticipent constamment des situations de menace. Cette orientation vers la survie a des conséquences durables, limitant leur capacité à nouer des relations saines.

Des difficultés de prise en charge

Au-delà des questions de diagnostic, la prise en charge des traumatismes complexes reste un défi pour les cliniciens. Les difficultés concrètes incluent :

  • l’établissement d’une alliance thérapeutique avec des patients ayant des troubles profonds de la confiance ;

  • la gestion de la dissociation chronique qui peut interrompre le processus thérapeutique ;

  • le risque constant de retraumatisation lors de l’exploration du passé ; les crises récurrentes liées à une régulation émotionnelle défaillante ;

  • les comportements autodestructeurs et suicidaires fréquents ;

  • la fragmentation du sens de soi qui complique tout travail identitaire ;

Par ailleurs, un autre autre difficulté est posée par l’impact émotionnel intense sur le thérapeute lui-même (on parle de « traumatisation vicariante »).

La durée du traitement, souvent de plusieurs années, et la nécessité d’adapter constamment l’approche thérapeutique constituent également des défis majeurs. Elle nécessite des approches thérapeutiques adaptées et une compréhension nuancée des impacts du traumatisme sur le développement.

Un concept qui n’a toujours pas été intégré au DSM

Judith Herman a proposé d’inclure le diagnostic de trouble de stress post-traumatique complexe dans le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais « Diagnostic and statistical manual of mental disorders ou DSM), ouvrage de référence en matière de classification des troubles psychiatriques et psychiques, élaboré et publié par l’Association américaine de psychiatrie (« American Psychiatric Association »).

Parallèlement, Bessel Van der Kolk et ses collègues ont proposé le concept de Disorder of Extreme Stress – Not Otherwise Specified (DESNOS) (« état de stress extrême non spécifié – ESENS, pour rendre compte des séquelles complexes du psychotraumatisme.

Cependant, ni l’un ni l’autre de ces concepts n’ont jusqu’à présent été inclus dans le DSM, malgré l’appui de nombreux cliniciens. Concernant le trouble de stress post-traumatique complexe, les auteurs du DSM ont argué que ses symptômes peuvent être pris en charge par une définition élargie du trouble de stress post-traumatique simple incluant des symptômes d’autoblâme et d’aliénation.

Insatisfaits, Besselvan der Kolk et ses collègues ont introduit le concept de Developmental Trauma Disorder (DTD), qui semblait plus approprié pour décrire les troubles des enfants et adolescents traumatisés.

Même si ces tentatives n’ont pas encore été aux classifications officielles, elles ont contribué à faire évoluer la perception du traumatisme complexe dans la recherche et la clinique.

Une meilleure reconnaissance pour améliorer la prise en charge

Le traumatisme complexe représente une réalité clinique bien plus répandue que le trouble de stress post-traumatique classique, avec des symptômes variés et durables qui nécessitent une prise en charge spécifique.

Sa reconnaissance officielle permettrait aux cliniciens de mieux appréhender les souffrances des victimes de traumatismes prolongés, en offrant des outils diagnostiques adaptés aux particularités de ce trouble.

Certains indices suggèrent que les choses changent lentement. En effet, l’outil de classification des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (CIM-11) a inclus le trouble de stress post-traumatique complexe comme un diagnostic distinct en 2018, marquant une avancée significative.

Toutefois, cette reconnaissance reste incomplète, car la CIM-11 propose une version simplifiée du trouble de stress post-traumatique complexe, basée sur une conception « additive » : ce trouble est défini comme un trouble de stress post-traumatique classique, auquel s’ajoutent des symptômes de « perturbation dans l’organisation du soi » incluant la dérégulation émotionnelle, un concept de soi négatif et des perturbations relationnelles. La CIM-11 n’inclut pas certains symptômes importants, comme la somatisation et la dissociation, pourtant caractéristiques du traumatisme complexe.

The Conversation

Cyril Tarquinio ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

ref. Reconnaître enfin le trouble de stress post-traumatique complexe, pour mieux le soigner – https://theconversation.com/reconnaitre-enfin-le-trouble-de-stress-post-traumatique-complexe-pour-mieux-le-soigner-258411