Source: The Conversation – Indonesia – By Alison Cole, Composer and Lecturer in Screen Composition, Sydney Conservatorium of Music, University of Sydney
Inutile de voir le requin pour sentir la peur. Des images troubles et une musique au motif simple suffisent.Universal Pictures
Cinquante ans après la sortie en salles des Dents de la mer, la musique de John Williams parvient encore à instaurer une tension intense avec deux simples notes.
Notre expérience du monde passe souvent par l’ouïe avant la vue. Qu’il s’agisse du bruit de quelque chose remuant dans l’eau ou du bruissement d’une végétation proche, la peur de ce que nous ne voyons pas est ancrée dans nos instincts de survie.
Le son et la musique au cinéma exploitent ces instincts troublants. Et c’est précisément ce que le réalisateur Steven Spielberg et le compositeur John Williams ont réussi à faire dans le thriller emblématique les Dents de la mer (Jaws, 1975). La conception sonore et la partition musicale s’unissent pour confronter le spectateur à un animal tueur aussi mystérieux qu’invisible.
Dans ce qui est sans doute la scène la plus célèbre du film – les jambes des nageurs battant l’eau sous la surface –, le requin reste quasiment invisible, mais le son communique parfaitement la menace qui rôde.
Créer de la tension dans une bande originale
Les compositeurs de musique de film cherchent à créer des paysages sonores capables de bouleverser et d’influencer profondément le public. Ils s’appuient pour cela sur différents éléments musicaux : rythme, harmonie, tempo, forme, dynamique, mélodie et texture.
Dans les Dents de la mer, la première apparition du requin commence innocemment avec le son d’une bouée au large et une cloche qui tinte. Musicalement et atmosphériquement, la scène établit une sensation d’isolement autour des deux personnages qui nagent de nuit sur une plage déserte.
Mais dès que retentissent les cordes graves, suivies du motif central à deux notes joué au tuba, on comprend qu’un danger menaçant approche.
Cette technique consistant à alterner deux notes de plus en plus rapidement est utilisée depuis longtemps par les compositeurs – on la retrouve notamment dans la Symphonie du Nouveau Monde (1893) d’Antonín Dvořák.
John Williams, le compositeur, aurait mobilisé six contrebasses, huit violoncelles, quatre trombones et un tuba pour créer ce mélange de basses fréquences qui allait devenir la signature sonore des Dents de la mer.
Spectre sonore
Ces instruments mettent l’accent sur le bas du spectre sonore, générant un timbre sombre, profond et intense. Les musiciens à cordes peuvent employer différentes techniques d’archet, comme le staccato ou le marcato, pour produire des sonorités sombres, voire inquiétantes, surtout dans les registres graves.
Par ailleurs, les deux notes répétées (mi et fa) ne forment pas un ton clairement défini : elles sont jouées sans véritable tonalité, avec une dynamique croissante, ce qui renforce l’impression d’un danger imminent avant même qu’il ne se manifeste, stimulant ainsi notre peur instinctive de l’inconnu.
Steven Spielberg et John Williams parlent du travail de composition de la musique des Dents de la mer.
L’utilisation de ce motif minimaliste et de cette orchestration grave illustre un style de composition pensé pour déstabiliser et désorienter. On retrouve un effet similaire dans la bande-son de la scène d’accident de voiture de la Mort aux trousses (North by Northwest, 1959), composée par Bernard Herrmann pour Hitchcock.
De même, dans la Suite scythe de Serge Prokofiev, le début du deuxième mouvement (« la Danse des dieux païens ») repose sur un motif alternant deux notes proches (ré dièse et mi).
La souplesse du motif de Williams permet de le faire jouer par différents instruments tout au long de la bande originale, explorant ainsi une palette de timbres capables d’évoquer tour à tour la peur, la panique ou l’angoisse.
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La psychologie de notre réaction
Mais qu’est-ce qui rend la bande originale des Dents de la mer si perturbante, même sans les images ? Les chercheurs en musique avancent plusieurs hypothèses.
Certains estiment que les deux notes évoquent le bruit de la respiration humaine, d’autres suggèrent qu’elles rappelleraient les battements de cœur… du requin.
« Je voulais créer quelque chose de très… primaire. Quelque chose de très répétitif, viscéral, qui vous saisit aux tripes plutôt qu’à l’esprit. […] Une musique qu’on pourrait jouer très doucement, ce qui signifierait que le requin est encore loin, quand on ne voit que l’eau. Une musique “sans cerveau” qui devient plus forte à mesure qu’elle se rapproche de vous. »
Tout au long de la bande-son du film, Williams joue avec les émotions du spectateur, jusqu’à la scène de l’homme contre le requin – véritable apogée du développement thématique et de l’orchestration.
Cette bande originale mythique a laissé une empreinte qui dépasse le simple accompagnement visuel. Elle agit comme un personnage à part entière.
En utilisant la musique pour dévoiler ce qui est caché, Williams construit une expérience émotionnelle intense, marquée par l’anticipation et la tension. Le motif à deux notes incarne à lui seul son génie – une signature sonore qui, depuis des générations, fait frissonner les baigneurs avant même qu’ils ne mettent un pied dans l’eau.
Alison Cole ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Source: The Conversation – Indonesia – By Valentina Montalto, Professeure associée – économie de la culture et politique européeenne de la culture, Kedge Business School
L’engouement d’une population pour son patrimoine ne se décrète pas. À Limoges, l’héritage de l’industrie de la porcelaine est mis en avant pour attirer les touristes. Mais les Limougeauds n’y sont pas particulièrement attachés.
Lorsque nous pensons au patrimoine culturel, nous imaginons souvent des villes pittoresques, de majestueux bâtiments historiques et des festivals animés qui rassemblent les communautés. Pourtant, la réalité est bien plus complexe. Le patrimoine culturel n’est pas toujours un symbole d’unité – il peut parfois être source de tensions, d’indifférence, voire de déconnexion.
Alors que la littérature académique s’est de plus en plus intéressée au « patrimoine contesté » – des paysages et monuments porteurs de mémoires conflictuelles ou de luttes politiques –, un autre phénomène, plus subtil, a reçu bien moins d’attention : le décalage silencieux entre les récits patrimoniaux promus par les autorités et les émotions des communautés locales.
Quand le patrimoine et les sentiments locaux divergent
Tout patrimoine culturel n’est pas ouvertement contesté. Dans de nombreuses zones périphériques ou économiquement en difficulté, des initiatives patrimoniales sont lancées avec de bonnes intentions, mais ne trouvent pas d’écho auprès des populations locales. Ce décalage discret peut poser de sérieux problèmes aux stratégies de tourisme durable et à la revitalisation économique locale.
Le musée du four des Casseaux, à Limoges, retrace l’histoire de la porcelaine. Valentina Montalto, CC BY
Selon une nouvelle étude en cours de publication, menée par des chercheuses de KEDGE Business School (Paris) et de l’Université de Bologne, la fierté locale diverge souvent des récits promus par les décideurs publics. En utilisant Limoges comme étude de cas et en analysant les données d’enquête recueillies auprès de 510 résidents, les chercheuses ont constaté que, si l’héritage de la porcelaine est reconnu comme un atout distinctif par les habitants et célébré par les autorités locales comme pilier du tourisme, beaucoup de résidents n’y sont pas émotionnellement attachés.
La porcelaine à Limoges
Ce fossé est important. L’étude montre en effet que la fierté locale joue un rôle de médiation significatif entre la manière dont les habitants perçoivent leur ville et leur volonté de la recommander comme destination. Toutefois, si cet effet médiateur est positif pour des aspects de l’image de la ville jugés moins distinctifs – comme le paysage naturel ou l’offre de loisirs –, il ne l’est pas lorsqu’il s’agit de la porcelaine, pourtant véritable atout distinctif de la ville.
La porcelaine à Limoges trouve son origine dans une conjonction favorable de facteurs naturels, économiques et politiques.
C’est la découverte du kaolin – argile blanche indispensable à la fabrication de la porcelaine – dans les environs de Limoges, en 1767, qui marque le point de départ de cette aventure industrielle. À cette ressource locale rare s’ajoute la volonté de l’intendant Turgot de développer une activité économique dans un territoire alors pauvre, en s’appuyant sur les atouts du Limousin : forêts pour alimenter les fours, eau pure sans calcaire, rivières pour actionner les moulins…
Une part essentielle du patrimoine
Cette industrie florissante connaît son apogée à la fin du XIXe siècle, avec des dizaines de manufactures et des milliers d’emplois. Mais le XXesiècle est marqué par une profonde crise : la concurrence internationale, les transformations industrielles et les difficultés sociales entraînent une chute de la production. Aujourd’hui, seules quelques manufactures historiques – comme Bernardaud, Haviland, Royal Limoges ou Raynaud – poursuivent l’activité, souvent avec une forte spécialisation ou un positionnement haut de gamme.
Malgré cette contraction, acteurs publics et privés cherchent à maintenir vivante cette part essentielle du patrimoine limougeaud. Des institutions, comme le Musée national Adrien-Dubouché ou le plus petit, mais très actif, musée des Casseaux, valorisent les aspects techniques, artistiques et sociaux de cet héritage. En parallèle, la tradition se perpétue dans les entreprises labellisées « Entreprises du patrimoine vivant », qui associent excellence artisanale et création contemporaine.
Nommée « ville créative », pour les arts du feu, par l’Unesco depuis 2017, Limoges fait vivre cette mémoire à travers un jalonnement urbain de céramique initié en 2019. L’art contemporain y dialogue avec l’histoire industrielle pour ancrer la porcelaine dans l’espace public comme élément actif de l’identité culturelle actuelle de la ville.
Le rôle des émotions dans l’action collective
Des travaux s’appuyant sur la théorie des émotions dite « élargir-et-construire » (« Broaden-and-Build Theory of Emotions ») permettent de mieux comprendre ce phénomène. Comme l’ont démontré de nombreuses recherches récentes sur les comportements pro-environnementaux s’appuyant sur cette théorie, ce sont les émotions positives, comme la fierté, qui stimulent la découverte de nouvelles actions, idées et liens sociaux.
Une étude publiée en 2023 montre que les personnes attachées à leur environnement local sont plus susceptibles d’adopter des comportements favorables à l’environnement, et que la fierté renforce cette probabilité.
L’investissement émotionnel des habitants, puissant levier
En appliquant ce cadre théorique au domaine du tourisme culturel, cette recherche fournit des enseignements précieux pour les territoires périphériques ou marginalisés économiquement, comme celui étudié, mais aussi pour de nombreux autres à travers l’Europe (et au-delà), qui misent sur le patrimoine culturel pour reconfigurer leur tissu social et économique.
Contrairement aux grandes villes bénéficiant de visibilité et d’investissements globaux, les petites villes s’appuient fortement sur l’engagement local pour faire vivre leurs politiques de régénération urbaine. Ici, la fierté n’est pas qu’un sentiment agréable – elle peut être un puissant levier de mobilisation civique. Dans des zones aux ressources limitées, l’investissement émotionnel des habitants peut faire la différence entre un site culturel florissant et un patrimoine délaissé.
Comprendre la déconnexion émotionnelle au patrimoine local
Notre analyse statistique, basée sur un modèle de médiation causale, démontre le rôle central de la fierté locale en tant que facteur amplificateur des comportements protouristiques. En effet, la fierté a un impact positif et significatif sur les recommandations de visite. L’environnement naturel, social et urbain local devient digne d’une visite dès lors qu’il contribue à la fierté locale.
Cependant, un résultat contraire apparaît pour l’artisanat d’art : la fierté ne constitue pas un médiateur significatif pour l’artisanat d’art. Nous interprétons ce résultat comme une illustration des deux voies – cognitive et émotionnelle – qui sous-tendent les processus de prise de décision : d’une part, les habitants sont bien conscients du patrimoine distinctif de Limoges (connaissance) ; de l’autre, n’en sont pas fiers – mais c’est justement la fierté (ou le manque de fierté) qui influence leur volonté de (ne pas) recommander la ville pour une visite (intention comportementale).
Cette dualité est illustrée par les propos des habitants, dont certains déclarent par exemple : « Je suis heureuse (plutôt que fière) de vivre à Limoges, car c’est un peu une ville à la campagne », mettant en lumière un attachement émotionnel qui ne relève pas d’un sentiment de fierté.
Dans le cas spécifique de Limoges, le décalage révélé entre (l’absence de) fierté pour le patrimoine porcelainier et l’engagement citoyen nécessite une exploration plus approfondie des dynamiques socio-économiques.
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Une image de produit bourgeois
La porcelaine de Limoges n’est pas seulement un symbole d’artisanat artistique ; c’est aussi une industrie créative porteuse d’un savoir-faire millénaire. Pourtant, son image de produit bourgeois peut ne pas résonner avec une population majoritairement ouvrière ayant connu des difficultés économiques. De plus, bien que la porcelaine soit emblématique, elle est souvent perçue comme éloignée du quotidien, cantonnée au marché du luxe, et non comme une partie vivante de l’économie locale.
La ville de Limoges a lancé fin 2016 une commande publique artistique pour créer un jalonnement céramique dans le centre-ville. V. Montalto, CC BY
Sans oublier le déclin brutal de l’industrie porcelainière et les pertes d’emplois massives depuis les années 1930. Un chiffre parle de lui-même : entre 1930 et 1939, la production de porcelaine s’effondre, passant de 10 000 à 3 400 tonnes.
Bien que très spécifiques, ces couches de complexité permettent de mieux comprendre pourquoi la fierté locale à l’égard des atouts de la ville est si inégalement répartie.
En même temps, elles peuvent s’appliquer à de nombreuses autres zones post-industrielles cherchant à revitaliser leur identité et leur économie en s’appuyant sur des ressources naturelles (comme le kaolin pour la porcelaine) et des savoir-faire locaux.
Repenser les politiques patrimoniales descendantes
Les résultats de l’étude remettent en question le paradigme dominant – mais en évolution, notamment depuis l’adoption de la Convention de Faro en 2005 – des politiques patrimoniales descendantes. Dans de nombreuses régions, les initiatives culturelles sont conçues et mises en œuvre sans réelle concertation avec les populations locales, en partant du principe que les retombées économiques suffiront à susciter leur adhésion.
Pourtant, comme le montre le cas de Limoges, l’absence de fierté peut saper même les projets les mieux financés. Pour que le tourisme durable et la revitalisation industrielle réussissent, les récits locaux doivent être non seulement reconnus, mais intégrés activement dans les politiques publiques.
Par ailleurs, les stratégies qui ignorent le paysage émotionnel d’une communauté risquent d’exacerber le sentiment de dépossession, particulièrement problématique dans les zones rurales ou post-industrielles où les perspectives économiques sont limitées. Plutôt que d’imposer une vision du patrimoine venue d’en haut, les collectivités locales et les organisations de gestion des destinations (OGD) devraient engager les communautés dans la co-construction de récits patrimoniaux qui reflètent à la fois la signification historique et la fierté contemporaine – non pas uniquement comme atout touristique, mais comme ressource économique vivante.
Au-delà de la façade du patrimoine culturel
Cette recherche – que les auteurs étendent actuellement à d’autres villes moyennes dotées d’un patrimoine culturel distinctif, comme Biella et le textile en Italie, Grasse et le parfum ou encore Périgueux et l’art du mime – suggère que, lorsque les savoirs communautaires et les politiques institutionnelles ne s’alignent pas, le patrimoine risque de devenir un simple objet de musée – observé, mais pas nécessairement « ressenti » au point de susciter une action collective. La fierté civique apparaît ici comme un facteur déterminant pour transformer le patrimoine en un bien vivant, porté par la communauté, capable d’alimenter à la fois le tourisme et l’économie locale.
Pour les décideurs publics et les urbanistes, cela implique de repenser les approches traditionnelles descendantes au profit de modèles participatifs et ancrés dans le territoire, qui favorisent une connexion émotionnelle entre les communautés et leur héritage culturel. Le patrimoine culturel peut en effet être un levier de tourisme durable et de revitalisation économique – mais seulement s’il résonne réellement avec celles et ceux qui l’ont façonné.
Valentina Montalto est membre du Lab Culture et Industries Créatives de KEDGE Arts School – Centre d’Expertise de KEDGE Business School.
Karol Nawrocki in the Oval Office with Donald Trump on May 25th 2025, ten days before the first round of the Polish presidential election. It is very rare for a sitting US president to receive a candidate in a foreign election. White House X account
Nawrocki’s narrow victory (50.89%) over Trzaskowski, the mayor of Warsaw and candidate of the government coalition, illustrates and reinforces the political polarisation of Poland and the rise of the populist “Trumpist” right in Central and Eastern Europe. Since the start of the war in Ukraine, there has been much speculation about whether Europe’s geopolitical centre of gravity is shifting eastwards. The Polish election seems to confirm that the political centre of gravity is shifting to the right.
A narrow victory
We are witnessing a relative erosion of the duopoly of the two major parties, Civic Platform (PO) and Law and Justice (PiS), whose leaders – the current Prime Minister, Donald Tusk, and Jarosław Kaczyński respectively – have dominated the political landscape for over twenty years.
Kaczyński’s skill lay in propelling a candidate with no responsibilities in his party, who was little known to the general public a few months ago, and, above all, who is from a different generation, to the presidency (a position held since 2015 by a PiS man, Andrzej Duda). Nawrocki, a historian by training and director of the Polish Institute of National Remembrance, has helped shape PiS’s memory policy. He won the second round, despite his troubled past as a hooligan, by appealing to voters on the right.
In the first round, he won 29.5% of the vote, compared to Trzaskowski’s 31.36%, but the two far-right candidates, Sławomir Mentzen (an ultra-nationalist and economic libertarian) and Grzegorz Braun (a monarchist, avowed reactionary, and anti-Semite), won a total of 21% of the vote. They attracted a young electorate (60% of 18–29-year-olds), who overwhelmingly transferred their votes to Nawrocki in the second round.
A weekly email in English featuring expertise from scholars and researchers. It provides an introduction to the diversity of research coming out of the continent and considers some of the key issues facing European countries. Get the newsletter!
Despite a high turnout of 71% and favourable votes from the Polish diaspora (63%), Trzaskowski was unable to secure enough votes from the first-round candidates linked to the governing coalition, including those on the left (who won 10% between them) and the centre-right (Szymon Hołownia’s Third Way movement, which won 5% in the first round).
A Tusk government struggling to implement its programme
There are two Polands facing each other: the big cities, where incomes and levels of education are higher, and the more rural small towns, which are more conservative on social issues and more closely linked to the Catholic Church.
The themes of nationhood – Nawrocki’s campaign slogan was “Poland first, Poles first” – family, and traditional values continue to resonate strongly with an electorate that has been loyal to PiS for more than twenty years. The electoral map, which shows a clear north-west/south-east divide, is similar to those of previous presidential elections and even echoes the partition of Poland at the end of the eighteenth century. The PiS vote is strongest in the part of the country that was under Russian rule until 1918. A more traditional Catholicism in these less developed regions, coupled with a strong sense of national identity, partly explains these historical factors.
The economic explanation for the vote is unconvincing. Over the past 25 years, Poland has undergone tremendous transformation, driven by steady economic growth. GDP per capita has risen from 25% to 80% of the EU average, although this growth has been unevenly distributed. Nevertheless, a relatively generous welfare state has been preserved.
Clearly, however, this growth, driven by investment from Western Europe (primarily Germany) and European structural funds (3% of GDP), does not provide a sufficient electoral base for a liberal, centrist, pro-European government.
It is precisely the government’s performance that may hold the key to Trzaskowski’s failure. Having come to power at the end of 2023 with a reformist agenda, Donald Tusk’s government has only been able to implement part of its programme, and it is difficult to be the candidate of an unpopular government. Conversely, the governing coalition has been weakened by the failure of its candidate.
The main reason for the stalling of reforms is the presidential deadlock. Although the president has limited powers, he countersigns laws and overriding his veto requires a three fifth majority in parliament, which the governing coalition lacks.
The president also plays a role in foreign policy by representing the country, and above all by appointing judges, particularly to the Supreme Court. This has hindered the judicial reforms expected after eight years of PiS rule. It is mainly in this area that Duda has obstructed progress. The election of Nawrocki, who is known for his combative nature, suggests that the period of cohabitation will be turbulent.
What are the main international implications of Nawrocki’s election?
Donald Tusk is now more popular in Europe than in Poland; in this respect, we can speak of a “Gorbachev syndrome”. In Central Europe, the Visegrad Group (comprising Hungary, Poland, the Czech Republic, and Slovakia) is deeply divided by the war in Ukraine, but it could find common ground around a populist sovereignty led by Hungary’s Viktor Orbán. Orbán was the first to congratulate Nawrocki on his victory, followed by his Slovak neighbour Robert Fico. The Czech Republic could also see a leader from this movement come to power if Andrej Babiš wins the parliamentary elections this autumn. Nawrocki would fit right into this picture.
Since Donald Tusk returned to power, particularly during Poland’s EU presidency, which ends on 30 June, the focus has been on Poland’s “return” to the heart of the European process. Against the backdrop of the war in Ukraine and Poland’s pivotal role in coordinating a European response, the Weimar Group (comprising Paris, Berlin, and Warsaw) has emerged as a key player. Three converging factors have made this possible: the French president’s firm stance toward Russia; the new German chancellor, Friedrich Merz, breaking a few taboos on defence and budgetary discipline; and Donald Tusk, the former president of the European Council, regaining a place at the heart of the EU that his predecessors had abandoned. A framework for a strategic Europe was taking shape.
However, President Nawrocki, and the PiS more generally, are taking a different approach to the EU: they are positioning themselves as Eurosceptic opponents defending sovereignty. They are playing on anti-German sentiment by demanding reparations 80 years after the end of the Second World War and asserting Poland’s sovereignty in the face of a “Germany-dominated Europe”. The Weimar Triangle, recently strengthened by the bilateral treaty between France and Poland signed on 9 May 2025, could be weakened on the Polish–German flank.
As a historian and former director of the Second World War Museum in Gdansk and the Institute of National Remembrance, Nawrocki is well placed to exploit this historical resentment. He has formulated a nationalist memory policy centred on a discourse of victimhood, portraying Poland as perpetually under attack from its historic enemies, Russia and Germany.
While there is a broad consensus in Poland regarding the Russian threat, opinions differ regarding the government’s desire to separate the traumas of the past, particularly those of the last war, from the challenges of European integration today.
Memory issues also play a prominent role in relations with Ukraine. There is total consensus on the need to provide military support to Ukraine, under attack: this is obvious in Poland, given its history and geography – defending Ukraine is inseparable from Polish security. However, both Nawrocki and Trzaskowski have touched upon the idea that Ukraine should apologise for the crimes committed by Ukrainian nationalists during the last war, starting with the massacre of more than 100,000 Poles in Volyn (Volhynia), north-western Ukraine) by Stepan Bandera’s troops.
Alongside memory policy, Nawrocki and the PiS are calling for the abolition of the 800 zloty (190 euros) monthly allowance paid to Ukrainian refugees. Poland had more than one million Ukrainian workers prior to the war, and more than two million additional workers have arrived since it started, although around one million have since relocated to other countries, primarily Germany and the Czech Republic.
Prior to the second round of the presidential election, Nawrocki readily signed the eight demands of the far-right candidate Sławomir Mentzen, which included ruling out Ukraine’s future NATO membership. Playing on anti-Ukrainian (and anti-German) sentiment, alongside Euroscepticism and sovereignty, is one of the essential elements of the new president’s nationalist discourse.
A Central and Eastern European Trumpism?
Certain themes of the Polish election converge with a trend present throughout Central and Eastern Europe. We saw this at work in the Romanian presidential election, where the unsuccessful far-right nationalist candidate, George Simion, came to Warsaw to support Nawrocki, just as the winner, the pro-European centrist Nicușor Dan, lent his support to Trzaskowski. Nawrocki’s success reinforces an emerging “Trumpist” movement in Eastern Europe, with Viktor Orbán in Budapest seeing himself as its self-proclaimed leader. A year ago, Orbán coined the slogan “Over there (in the United States), it’s MAGA; here, it will be MEGA: Make Europe Great Again”. The “Patriots for Europe” group, launched by Orbán last year, is intended to unify this movement within the European Parliament.
American conservative networks, through the Conservative Political Action Conference (CPAC), a gathering of international hard-right figures, and the Trump administration are directly involved in this process. Shortly before the presidential election, Nawrocki travelled to Washington to arrange a photo opportunity with Trump in the Oval Office.
“If you (elect) a leader that will work with President Donald J. Trump, the Polish people will have a strong ally that will ensure that you will be able to fight off enemies that do not share your values. […] You will have strong borders and protect your communities and keep them safe, and ensure that your citizens are respected every single day. […] You will continue to have a U.S. presence here, a military presence. And you will have equipment that is American-made, that is high quality.”
“Fort Trump”, that is how the outgoing President Andrzej Duda named the US military base financed by Poland after a bilateral agreement was signed with Donald Trump during his first term in office, in 2018. Similarly, the US House Committee on Foreign Affairs sent a letter to the President of the European Commission accusing her of applying “double standards”, pointing out that EU funds had been blocked when the PiS was in power, and claiming that European money had been used to influence the outcome of the Polish presidential election in favour of Trzaskowski. The letter was posted online on the State Department website. Prioritising the transatlantic link at the expense of strengthening Europe was one of the issues at stake in the Warsaw presidential election.
CPAC is playing a significant role in building a Trumpist national-populist network based on rejecting the “liberal hegemony” established in the post-1989 era, regaining sovereignty from the EU, and defending conservative values against a “decadent” Europe. Beyond the Polish presidential election, the goal seems clear: to divide Europeans and weaken them at a time when the transatlantic relationship is being redefined.
Jacques Rupnik ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
On wine-rating platforms, amateur ratings better explain the price differences of bottles than professional scores.JuanGarciaHinojosa/Shutterstock
Research in economics has unravelled the workings of the complex market for Bordeaux wines, in which perceived quality, historical reputation and critical reviews are intertwined. The question of how bottles are priced is all the more relevant amid a crisis for the Bordeaux industry, which is facing the threat of higher US tariffs on EU exports.
Reputation, ranking, vintage and climate
A document pertaining to the ranking of Bordeaux wines in the 19th century. Wikimediacommons
To assess the relationship between the quality and price of Bordeaux wines, Jean-Marie Cardebat and I applied the “hedonic” method. The analysis links price to the observable characteristics of a wine: its ranking, vintage, designation of origin, alcohol content, flavour, etc.
The results are striking: the reputation of the wine estate and its official ranking, in particular that of 1855, are more powerful factors in explaining price than taste and sensory characteristics. In other words, a ranked wine, because of the prestige of its label, sells for significantly more than an unranked wine of equivalent taste and sensory appeal.
The economist Orley Ashenfelter has shown that the weather conditions of a vintage – temperature, sunshine, rainfall – are predictors of its quality and therefore its price. A simple model, based solely on climatic data.
Robert Parker and the golden age of experts
For more than 30 years, the critic Robert Parker stirred up the Bordeaux wine market. His famous scores out of 100, published in The Wine Advocate, made and broke the value of wines. The economist Robert H. Ashton measured the scores’ impact: an extra point could boost a price by 10-20%.
Parker was the originator of a tribe of “gurus”, whose scores structured the entire early season for wines. The estates adjusted prices according to their assessments, and wine buyers followed suit, convinced of the accuracy of the scores.
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Fragmented influence
The Bordeaux wine landscape has changed since Parker’s retirement in 2019. The critics are still around but their influence has fragmented. No one has taken over Parker’s leadership. Consensus is now less clear and rating discrepancies are more frequent.
An even deeper turning point is evident when we compare the impact of expert and consumer ratings – notably from the Vivino platform – on the price of French red wines.
The result is clear: in the majority of cases, the scores of amateurs surpass those of professionals when it comes to explaining price differences. The market has therefore moved from a “guru” logic to a “geek” logic, in which the collective intelligence of connected consumers now carries as much weight, if not more, than expert opinions.
During the “primeurs” or early harvest campaign, the most prestigious Bordeaux wines are offered 18 months before bottling, often at a price that is supposed to be lower than the future market price. It’s a great opportunity for a bargain. Philippe Masset’s research shows that most wine estates overestimate the price of early harvest wines.
For example, for the 2021 vintage, over 80% of the wines analysed were priced above their “fair value” as estimated by an econometric model. The more a wine is overpriced on its release, the worse it performs on the secondary market. This discrepancy between asking price and perceived value feeds what is known as “Bordeaux bashing”. There is disaffection with these wines that are considered too expensive, too complex, too austere and totally out of step with today’s expectations – young people’s in particular.
A changing market
While the price of Bordeaux wine is still based on its quality, origin, weather and ranking, it also depends on criticism not just by experts, but by consumers. This shift is redefining the balance of power in the world of wine.
Reputation still pays, but prestige is no longer enough. Nonelite wine consumers are gradually taking over, gaining a new form of power over prices. If the Bordeaux market wants to emerge from crisis and reclaim its place, it will undoubtedly have to rethink the way its prices are set and perceived.
Jean-Marc Figuet has received public funding for his research.
Source: The Conversation – (in Spanish) – By Apostolos Voulgarakis, AXA Chair in Wildfires and Climate Director, Laboratory of Atmospheric Environment & Climate Change, Technical University of Crete
Understanding how wildfires influence our planet’s climate is a daunting challenge. Although fire occurs nearly everywhere on Earth and has always been present, it is still one of the least understood components of the Earth system. Recently, unprecedented fire activity has been observed in boreal (northern) and Arctic regions, which has drawn the scientific community’s attention to areas whose role in the future of our planet remains a mystery. Climate change likely has a major role in this alarming trend. However, high-latitude wildfires are not just a symptom of climate change; they are an accelerating force that could shape the future of our climate in ways that we are currently incapable of predicting.
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The rising threat of northern fires
As global temperatures rise, wildfires are advancing further north and reaching into the Arctic. Canada, Alaska, Siberia, Scandinavia and even Greenland, all in northern high-latitude regions, have recently experienced some of the most intense and prolonged wildfire seasons on record. With climate change occurring more rapidly in these areas, the future of northern fires appears even grimmer.
Apart from typical forest fires that consume surface vegetation, many high-latitude fires burn through peat, the dense, carbon-rich layers of partially decayed organic material. Despite covering only 3% of the terrestrial surface, peatlands are one of the world’s most important carbon storage environments, containing around 25% of the carbon existing in the Earth’s soils.
Climate warming, which is even faster at high northern latitudes due to polar amplification – the phenomenon of greater climate change near the poles compared to the rest of the hemisphere or globe – is increasing the vulnerability of these ecosystems to fire, with potentially severe implications for the global climate. When peatlands ignite, they release massive amounts of “fossil carbon” that have been locked away for centuries or even millennia. The largest and most persistent fires on Earth, peat fires can smoulder for extended periods, are difficult to extinguish and can continue burning underground throughout the winter, only to reignite on the surface in spring. They have recently been described as “zombie” fires.
Warmer and drier conditions driven by climate change, apart from making boreal forests more flammable, are expected to intensify and increase the frequency of peat fires, potentially transforming peatlands from carbon sinks into net sources of greenhouse gas emissions. Such a shift could trigger a feedback loop, meaning that a warming climate will cause more carbon emissions, which in turn will accelerate climate change.
Air pollution and weather patterns
Wildfires release large quantities of smoke particles (aerosols) into the atmosphere, contributing significantly to both local and widespread air quality degradation. These particles are harmful to human health and can cause serious respiratory and cardiovascular problems, while prolonged exposure may lead to smoke-induced stress, hospitalizations and increased mortality. Wildfires can also cause mental health strains associated with evacuations, loss of homes, livelihoods and lives.
Beyond their long-term effects on climate, wildfire emissions can also influence weather patterns in more short-term ways via their impacts on atmospheric pollution levels. Smoke particles interact with sunlight and cloud formation processes, subsequently affecting temperatures, wind patterns and rainfall.
For example, our recent study on the large-scale atmospheric impacts of the 2023 Canadian wildfires, which we presented at the European Geosciences Union general assembly this spring, demonstrated that wildfire aerosols led to a surface air temperature decrease that expanded to the entire northern hemisphere. The cooling was particularly pronounced over Canada (up to -5.5°C in August), where the emissions were located, but was also significant over remote areas such as Eastern Europe and even Siberia (up to around -2.5°C in July). The average hemispheric temperature anomaly we calculated (close to -1°C) highlights the potential for large regional emissions from wildfires to perturb weather conditions for weeks across a whole hemisphere, with profound implications for forecasting. Unreliable weather forecasts can disrupt daily activities and pose risks to public safety, especially during extreme events such as heatwaves or storms. They also have serious consequences for industries such as farming, fishing and transport, where planning depends heavily on accurate, timely predictions.
Peat fires and the climate puzzle
While incorporating peatland fire feedbacks into Earth System Models (ESMs) is essential for accurate climate projections, most existing models lack a representation of peat fires. Understanding the smouldering behaviour of organic soils when they burn, their ignition probability, and how these processes can be represented at a global scale is of utmost importance. Recent research efforts are focusing on bridging this knowledge gap. For example, at the Technical University of Crete, we are collaborating with the Hazelab research group at Imperial College London and the Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society to perform field research and cutting-edge experiments) on peat smouldering, with the aim of shedding light on the complex mechanisms of peat fires.
Integrating these lab results into ESMs will enable game-changing fire emission modelling, which holds potential for groundbreaking outcomes when it comes to our skill level for predicting the future of the Earth’s climate. By quantifying how the present-day atmosphere is influenced by fire emissions from boreal forests and peatlands, we can enhance the quality of projections of global temperature rise. This integration will also sharpen forecasts of regional climate impacts driven by fire-related aerosols, such as changes in rainfall patterns or accelerated Arctic ice melt.
Tackling the challenge of northern fires
Undoubtedly, we have entered an era of more frequent megafires – wildfires of extreme size, intensity, duration or impacts – with catastrophic consequences. Recent megafire events at boreal and Arctic regions unveil the dramatic change in wildfire patterns in northern high latitudes, which is a matter that demands urgent attention and action.
As the planet continues to warm, high-latitude fires are expected to help shape the future of our planet. Massive wildfire events, such as those in Canada in 2023, not only burned millions of hectares but also forced hundreds of thousands of people to evacuate their homes. Unprecedented amounts of smoke blanketed parts of North America in hazardous air, prompting school closures and health warnings, and obliging citizens to remain indoors for days. Events like this reflect a growing trend. They underscore why advancing research to better understand and predict the dynamics of northern peat and forest fires, and to mitigate their climate impacts, is not only a scientific imperative but also a moral responsibility.
Created in 2007 to help accelerate and share scientific knowledge on key societal issues, the Axa Research Fund has supported nearly 700 projects around the world conducted by researchers in 38 countries. To learn more, visit the website of the Axa Research Fund or follow @AXAResearchFund on X.
Dimitra Tarasi has received funding from the AXA Chair in Wildfires and Climate, the Leverhulme Centre for Wildfires, Environment and Society and the A.G. Leventis Foundation Educational Grants.
Apostolos Voulgarakis ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Every year, some 100 billion garments are produced worldwide, and 92 million tonnes of clothing waste end up in landfills. Given this enormous amount of waste, it is logical to think that the only way forward is to degrow fashion. But can fashion and degrowth co-exist?
Degrowth is defined as the planned reduction of production and consumption in a way that ensures equitable living. Degrowth principles, such as sufficiency, cooperation and care, clash with growth principles of maximization, commodification and efficiency. For the fashion industry, which is responsible for immense resource extraction and waste creation, reducing resource throughput and ensuring equitable value creation pose enduring challenges.
While some governments and corporations encourage consumers to shop responsibly and reduce waste, collective responsibility is needed to facilitate a degrowth transition, which urges a fundamental shift in the way designers, manufacturers and brands approach fashion waste. Will circular practices help create a just and equitable industry? Is it possible to produce clothing locally and differently than “fast fashion” retailers?
Upcycling as a radical rethinking of our relationship with waste
In a recent study, we explored how the circular fashion practice of upcycling – creative and caring transformation of discarded or waste clothes into something of higher value – pushes industry actors to rethink their relationship to fashion waste and give it value as a resource compatible with degrowth values. We examined how upcycling is practiced across institutions – brands, manufacturers, designers and NGOs – in Turkey, one of Europe’s largest textile producers.
It is important to note that while conversations about recycling – the practice of breaking down textile waste into raw material through mechanical or chemical processes – are prevalent in the fashion world, the painful fact is that only 1% of clothes are recycled into new garments, meaning the majority of fashion waste is doomed to remain as waste. Through upcycling, on the other hand, waste is treated as a resource. Rather than viewing clothes as disposable, upcycling enables us to understand and care about our clothes’ journey and the people and ecosystems behind them. Converting discarded food into natural dyes for colouring fabric, or using sailcloth to make handbags, creates value through the creativity, materials, skill sharing, and caring involved.
As part of green-growth efforts, some circular fashion actors treat waste as a commodity and try to maximize growth through efficient waste reduction. However, this is incompatible with degrowth. We need to reduce production of textiles and make use of existing textile waste, not just discard textile waste efficiently.
Relational ways of working with waste, technology, nature and people
Our research highlights the importance of the socio-ecological value of waste in industry upcycling practices. Such value is generated through social and solidarity networks of relations around waste, including between designers, manufacturers and upcycling brands, and involving nature and technology.
We emphasise the growing interest in the story of waste material, which is reinforcing strong connections to waste and its origins. Upcycling designers highlight local and material heritage in the production of upcycled clothes, which is necessary to foster the ecological and material consciousness required for a degrowth transition. Designers we interviewed evoked the idea that “nature doesn’t waste anything”, and mentioned being inspired by and mimicking nature’s cycles in the design process.
We also reflect on the kind of technology needed to support more relational, localised systems. The practices of upcycling designers and small brands highlight the value of the creation of waste-sharing platforms among industry actors. These platforms serve as waste libraries and provide opportunities to purchase different kinds of textile waste for upcycling.
A weekly e-mail in English featuring expertise from scholars and researchers. It provides an introduction to the diversity of research coming out of the continent and considers some of the key issues facing European countries. Get the newsletter!
Making waste valuable
Industry actors we interviewed said they are not simply trend chasers focused on profit, but seeking to build alternative ways of working with each other, nature, waste and technology. For example, designers partnered with local women in rural areas in Erzurum, Mugla and Kilis provinces to upcycle discarded fabrics into handwoven garments, preserving cultural heritage. A brand collected food waste to create natural textile dyes, collaborating with local cafés and friends in Istanbul. During the Covid-19 crisis, solidarity networks emerged between hospitals, textile manufacturers and designers to make upcycled uniforms for doctors and nurses. We have observed that manufacturers also repurpose waste to give gifts to employees, children and others. These practices aim to reduce waste and reconnect people to waste material, and enable the sharing of local knowledge and skills.
Our data also demonstrates a concern over lack of circular literacy among industry actors. Currently, access to upcycling knowledge and skills, as well as waste material, happens through knowledge hubs and waste-sharing platforms. For example, working with sectoral representatives and local governments, one knowledge hub created a circular economy guide to raise industry awareness about ways to revalue and reduce textile waste.
Upcycling is still a niche circular practice, and access to waste resources for initiatives, as well as lack of public funding and policy support for projects, remain important concerns. Nonetheless, when it is grounded in local communities, new narratives about materials, and care, upcycling can foster degrowth values in fashion.
Handan Vicdan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
More than 100 days into his return to the White House, the conclusion is stark: Donald Trump is no longer the same president he was during his first term. His familiar nationalist and populist rhetoric is now openly paired with an authoritarian turn – one without precedent in US history. He has adopted a neo-imperial view of the economy, treating the global order as a zero-sum contest of winners and losers. In this worldview, cooperation gives way to domination: what matters is power and the accumulation of wealth.
Having withstood two impeachment procedures, numerous lawsuits and at least one assassination attempt, Trump now governs with what can appear to be unchecked authority. To his followers, he has become a hero, a martyr – almost a messianic figure. He no longer sees democracy as a framework to be honoured, but as a tool to legitimize his hold on power. His decisive electoral victory now serves as a mandate to cast aside institutional limits.
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Three key features define his style of governance: a radical centralization of executive power grounded in the theory of the “unitary executive”; the politicization of the Department of Justice, used as a weapon against rivals; and the manipulation of federal authority to target cultural, media and educational institutions. His playbook is chaos: unsettle opponents, dominate the media narrative and blur the boundaries of democratic norms. Impulsive and reactionary, Trump often governs in response to Fox News segments or trending posts on Truth Social. Instability has become a strategic tool.
But Trump is not a historical anomaly. While his 2016 victory may have seemed unlikely, his re-election reflects a deeper, long-term transformation rooted in the post-Cold War era.
From an external to an internal enemy
The collapse of the USSR – a structuring external enemy – redirected political confrontation toward the designation of an internal enemy. The culture war has become the dominant ideological battleground, driven by two closely linked forces. On one side, a religious radicalization led by nationalist Christian movements – such as the New Apostolic Reformation – seeks to roll back social progress and promote the vision of an outright theocracy. On the other, growing racial anxiety is fueled by fears of white demographic decline and resistance to civil rights gains.
The commentator Pat Buchanan saw it coming as early as the 1990s. Speaking at the 1992 Republican National Convention, he warned: “There is a cultural war going on for the soul of America… as critical as the Cold War itself.” Too radical for his time, Buchanan championed a white, Christian, conservative US hostile to cosmopolitan elites. Though marginalized then, his ideas laid the groundwork for what would become Trumpism.
Newt Gingrich, who served as Speaker of the House from 1995 to 1999, played a pivotal role in reshaping both the Republican party and US politics. A Republican group he chaired famously distributed a pamphlet to Republican candidates titled “Language: A Key Mechanism of Control”, advising them to use uplifting language to describe themselves, and inflammatory terms like “corrupt”, “immoral” and “traitor” to describe their opponents. This aggressive rhetoric redefined political rivals as enemies to be defeated – helping pave the way for a right-wing politics in which winning trumps democratic norms.
At the same time, the rise of a new conservative media ecosystem intensified polarization. The launch of Fox News in 1996, the growth of right-wing talk radio shows like Rush Limbaugh’s and the later explosion of social media gave the US right powerful tools to shape and radicalize public opinion. Today, algorithm-driven information bubbles trap citizens in alternate realities, where misinformation and outrage drown out reasoned debate. This has deepened polarization and fractured society as a whole.
Channeling anger
This ideological and media realignment has unfolded alongside a broader crisis: the unraveling of the post-Cold War neoliberal consensus. Promises of shared prosperity have been replaced by deindustrialization, deepening inequality and widespread resentment. Successive traumas – from 9/11 and the 2008 financial crash to the Covid-19 pandemic – and foreign wars without real victories have eroded public trust in the establishment.
Trump channels this anger. He offers a vision of a restored and idealized America, a rollback of recent social gains, and a reassertion of national identity grounded in religion and race. His populism is not a coherent ideology but an emotional response – born of perceived injustice, humiliation and loss.
Trump is more than a symptom of America’s democratic crisis: he is its most vivid manifestation. He embodies the legacy of the 1990s – a foundational decade of identity grievance, culture wars and media deregulation. Viewed as a political outsider, he has never been judged as a traditional politician, but rather embraced, by some, as the archetypal “self-made man” – a successful businessman and reality TV celebrity.
His rhetoric – transgressive, provocative and often cruel – gives voice to what had been repressed. The humiliation of opponents becomes part of the performance. For his supporters, it’s exhilarating. It breaks taboos, flouts political correctness and feeds the fantasy of reclaiming a lost America.
And he’s no longer alone. With the vocal support of economic and tech elites like Elon Musk – now a central figure in the radicalized right on X – Trumpism has entered a new phase. Together, they’ve outlined a new kind of authoritarian, cultural and digital power, where influence matters more than institutions.
The US re-elected not just a man, but a style, an era and a worldview built on dominance, disruption and disdain for rules. Still, history is unwritten: intoxicated by hubris and undermined by incompetence, Trumpism may yet crash into the wall of reality – with consequences far beyond America’s borders.
Jérôme Viala-Gaudefroy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
In an interconnected global economy, regions face recurring economic shocks and intense competition. For policymakers and researchers, understanding the drivers of local employment growth has become critical. Recent theoretical advances highlight the importance of different relational proximities that influence the benefits of the geographic clustering of economic activities.
Our research focusing on France’s labour market areas – “geographical areas within which most of the labour force lives and works” – from 2004 to 2015 offers new insights into how industrial diversity affects local employment. The study finds that having a variety of industries – especially those related to one another – can be a significant driver of employment growth. This finding has crucial implications for regional development strategies.
A weekly e-mail in English featuring expertise from scholars and researchers. It provides an introduction to the diversity of research coming out of the continent and considers some of the key issues facing European countries. Get the newsletter!
Related vs. unrelated diversity
Economic geography literature distinguishes between two types of diversity: related variety and unrelated variety. Here, variety refers to industrial diversity or, more precisely, the different kinds of industrial sectors or technologies. The prevailing argument is that knowledge spillovers within a region, which are known to boost employment, occur primarily among related industries and to a limited extent between unrelated industries.
Related variety describes a situation in which industries share common elements, as do pharmaceuticals and biotechnology. Such elements allow for synergies, collaboration and innovation by the leveraging of similarities in knowledge bases, technologies and skills. By contrast, unrelated variety describes a situation in which industries have little in common, as do agriculture and software development. Unrelated industries operate in entirely different domains, leading to weaker direct synergies, but potentially fostering innovation through difference.
Impacts on employment
While unrelated variety offers protection against industry-specific downturns, it does not have the same direct impact on employment growth as related variety. Our research approach distinguishes between these two varieties at the local level (i.e. within a labour market area) and at the neighbourhood one (i.e. between adjacent labour market areas).
Our analysis finds that regions with industries with high related variety experienced higher employment growth from 2004 to 2015, especially during periods of economic expansion. This effect was particularly pronounced in sectors like machinery, chemicals and IT, which demonstrated strong positive impacts on local employment. We found that when industries share similarities in knowledge bases, technologies or supply chains, they create conditions for interactive learning and innovation. This process fosters intersectoral knowledge flows, enhancing regions’ capacity to adapt and grow. It can help provide balance between regional specialization, which risks stagnation due to industries’ excessive cognitive proximity – a condition economists call “lock-in” – and regional diversity, which may face challenges from too much cognitive distance.
Unrelated variety showed a more complex relationship with employment. While local unrelated variety cushioned regions from economic shocks (since sectors are less vulnerable to industry-specific downturns), it did not directly drive employment growth as related variety did. We also found that unrelated variety in neighbouring regions exerted a negative influence on local employment dynamics.
Employment and the 2008 financial crisis
During the 2008 global financial crisis, knowledge spillovers from neighbouring regions helped mitigate the impact of the economic shock. The neighbourhood effects of related industries acted as a buffer, stabilizing local employment and protecting regions from greater losses.
Drivers of local employment growth in France from 2004 to 2015
Source: INSEE, CLAP 2004-2015. Authors’ calculation. NS: not significant. Fourni par l’auteur
Urban-rural dynamics
The difference between rural and urban areas is another important dimension. Our research found that related variety of diversity had a more pronounced positive effect in urban areas, where high concentrations of industries enable faster innovation and employment growth. Rural areas benefitted less from these knowledge spillovers, likely due to a less dense industrial ecosystem. This urban-rural divide highlights the need for tailored economic policies to support diverse regional needs.
Policy implications
For policymakers, fostering sectoral diversity, particularly the related variety, should be a priority. They could encourage collaboration between related sectors within regions to enhance resilience and growth. This would consist of supporting the development of innovation clusters where businesses in related sectors are geographically concentrated, or platforms for cross-sector collaboration where businesses, universities, research institutions and government agencies can share knowledge and explore partnerships. Promoting interregional cooperation could also help spread the benefits of related variety across neighbouring regions, especially during periods of economic crisis.
Policymakers should also consider the role of the unrelated variety of diversity. While unrelated sectors may not directly contribute to employment growth, they provide stability when economic uncertainty dominates by diversifying the regional economy. Encouraging a balance between related and unrelated sectors could offer the best of both worlds – innovation-driven growth and economic resilience.
Sectoral diversity – especially when it comes to related industries – is a key driver of local employment growth in France. However, for regions to thrive, policymakers must not only support the growth of local industries but also foster cross-regional cooperation. The lessons from France’s labour market areas provide insights for regions worldwide seeking to navigate the complexities of economic development.
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.
Source: – By Philippe Dupuy, Professeur Associé au département Gestion, Droit et Finance, Grenoble École de Management (GEM)
Le ralentissement économique n’a pas encore d’effets sur la dynamique de l’emploi.Pressmaster / Shutterstock
Cet article est tiré de la dernière enquête Duke University–Grenoble École de Management qui mesure chaque trimestre, depuis plus de 20 ans, le climat des affaires tel qu’il est perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête recueille plus de 1 000 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant. Vous pouvez consulter les résultats complets de cette enquête.
La croissance observée à travers le monde depuis plusieurs trimestres a une conséquence importante sur le marché du travail : les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés à attirer et à conserver la main-d’œuvre nécessaire à leur activité. Ainsi, en Europe, 36,2 % des entreprises sont confrontées à un problème important de recrutement qu’elles perçoivent d’ailleurs de plus en plus comme un risque qui pèse sur leur bonne marche. Aux États-Unis, cette proportion atteint même 53,1 %, selon les derniers résultats de notre enquête trimestrielle sur le climat des affaires menée au niveau mondial.
Dans les mois à venir, l’Europe pourrait connaître un ralentissement conjoncturel qui, toutefois, ne devrait pas impacter dans l’immédiat la dynamique actuelle du marché de l’emploi. Comme il est généralement en décalage avec le cycle économique, les perspectives d’embauche restent encore aujourd’hui très élevées : la masse salariale devrait par exemple augmenter de 3,5 % en France et de 3,9 % aux États-Unis au cours du troisième trimestre 2018.
Politiques RH innovantes
Les tensions sur le marché du travail posent d’abord la question de la conservation du savoir-faire au sein de l’entreprise. Plus l’activité d’un pays ou d’un secteur est dynamique, plus la fréquence de renouvellement des collaborateurs, le turnover, est importante. Dans le secteur des technologies, il est désormais de 16 % en moyenne, contre environ 10 % en période de croissance économique plus faible. En comparaison, le secteur primaire (agriculture, pêche…), où l’emploi est plus stable, connaît un taux de rotation de seulement 4 %. De même, alors que l’Italie affiche un turnover moyen de 6 %, il est, en moyenne, proche de 10 % en France.
Face à ce phénomène, plus de la moitié des entreprises à travers le monde mettent en place des politiques de ressources humaines innovantes. Parmi les solutions : offrir un cadre de travail plus flexible, plus de jours de congé ou encore une meilleure couverture santé. Des politiques que l’on retrouve notamment dans les secteurs de la banque et du conseil.
À l’inverse, les grandes entreprises du secteur public ne semblent pas ressentir ce besoin puisqu’elles sont une majorité à déclarer ne pas avoir engagé de changement dans la politique RH pour attirer ou conserver plus de talents.
Tendance mondiale
L’adaptation des politiques RH est une tendance que l’on retrouve aujourd’hui un peu partout dans le monde. En Asie, 33 % des entreprises essaient d’adopter des horaires flexibles. Au Japon, 39 % d’entre elles cherchent à améliorer la qualité de vie de leurs salariés. C’est aussi le cas en Amérique latine, où les tensions sur le marché du travail sont néanmoins plus faibles.
Enfin, nous avons demandé aux entreprises si la hausse des tarifs douaniers pouvait avoir des conséquences sur leurs volumes d’embauche. Le résultat est frappant : 20 % des entreprises européennes l’envisagent effectivement. Dans certains secteurs, comme la vente au détail, les entreprises anticipent un impact négatif sur leur recrutement. Dans des secteurs comme la santé ou le conseil, c’est au contraire un effet positif qui est attendu. En Asie, épicentre du commerce international, pas moins de 56 % des entreprises estiment que le contexte international va modifier leur politique de recrutement. Comme en Europe, ce chiffre se divise à parts égales entre les entreprises qui anticipent un impact négatif et celles qui s’attendent à effet positif.
Retrouvez ci-dessous l’indicateur du climat des affaires de la dernière enquête de la Duke University–Grenoble École de Management pour le troisième trimestre 2018.
Notre indicateur de climat des affaires enregistre une baisse marquée en Europe qui le porte à 57,9 contre 68,5 au trimestre précédent sur une échelle de zéro à cent. C’est en France (60,4 contre 67,5) et en Allemagne (66,7 contre 81,8) que la chute est la plus sévère. Ces niveaux de confiance restent néanmoins compatibles avec une croissance toujours soutenue de l’activité.
À l’inverse, Le Royaume-Uni (48 ce trimestre), l’Espagne (50 ce trimestre) et, dans une moindre mesure, l’Italie (52 ce trimestre) connaissent une baisse de confiance qui pourrait indiquer un ralentissement plus marqué de la croissance dans les trimestres à venir.
Les signaux de ralentissement viennent de l’Europe
Aux États-Unis, le climat des affaires se maintient à des niveaux encore élevés : 70,0 aujourd’hui contre 71,1 au deuxième trimestre. Au cours des cycles précédents, les premiers signes du ralentissement économique sont généralement venus des États-Unis. C’était par exemple le cas lors du décrochage conjoncturel de 2007-2008 (voir graphique). Il est paradoxal de constater que, cette fois-ci, les premiers signes de ralentissement, certes encore modérés, viennent avant tout du continent européen. Pour les trimestres à venir, nous serons donc particulièrement attentifs à l’évolution de l’écart de confiance entre les États-Unis et l’Europe comme indicateur avancé de la croissance.
Dans le reste du monde, l’Amérique latine affiche un niveau moyen de climat des affaires de 56. Ce niveau masque néanmoins de grandes disparités entre le Mexique (70), le Chili (64) et le Pérou (62) d’un côté, et des pays comme le Brésil (52) ou encore l’Équateur (37), englués dans des difficultés politiques récurrentes.
En Asie, l’indicateur se stabilise autour de 60, un niveau largement inchangé par rapport au trimestre précédent. C’est en Inde que nous observons le climat des affaires le plus favorable à la croissance (77). À l’autre bout de l’échelle, le Vietnam affiche un niveau très faible de 40. Nous notons néanmoins que la plupart des pays asiatiques conservent un climat des affaires au-dessus de 50 : 55 au Japon, 60 en Chine, ou encore 72 en Malaisie. Enfin, en Afrique, les indicateurs de climat des affaires se sont fortement dégradés pour atteindre 38 en Afrique du Sud et 48 au Nigeria.
Philippe Dupuy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
Grenoble École de Management et l’association des Directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG) recueillent chaque trimestre l’avis des responsables financiers français. Les résultats sont agrégés au niveau mondial par un réseau d’universités coordonnées par Duke University aux États-Unis. Pour le deuxième trimestre 2018, l’enquête s’est déroulée du 13 mai au 7 juin 2018.
La protection des données est devenue un enjeu majeur pour les entreprises depuis quelques années. Par exemple, 36,7 % des entreprises françaises déclarent que leurs systèmes informatiques ont déjà été attaqués par des pirates (hackers). En réponse, elles sont de plus en plus nombreuses à consacrer un budget significatif à leurs défenses. L’achat de logiciels reste la principale réponse pour 67 % des répondants européens, suivi par l’amélioration des procédures concernant les mots de passe, par exemple.
En revanche, pour 43,1 % des entreprises qui nous ont répondu, protéger les systèmes passe avant tout par la formation des salariés voire par l’embauche de spécialistes en cybersécurité (24,7 %). Ces spécialistes sont d’ailleurs parfois autorisés, par la direction, à « piéger » les employés afin de tester la robustesse du système (11,3 % des cas). Enfin, seules 6,2 % des entreprises déclarent ne pas avoir entrepris d’action afin de mieux protéger leurs données.
Aux États-Unis, le nombre d’entreprises qui avouent avoir subi des attaques est plus faible qu’en Europe. Il tombe à 20 % notamment parce que la question de la défense des données semble être mieux prise en compte. Mais ce chiffre doit être mis en regard de la perte de « réputation » à laquelle l’entreprise attaquée peut faire face en Amérique du Nord. De nombreuses entreprises américaines cacheraient leurs défaillances afin de protéger leur image.
La protection des données devrait rester clé pour la fonction finance dans les années à venir. Ainsi, 29,2 % des responsables financiers européens placent cette question parmi les trois plus importantes qu’ils auront à gérer dans un futur proche. Elle reste néanmoins derrière les problématiques liées à la gouvernance d’entreprise (35,4 %), les fusions et acquisitions (34,4 %) et l’évolution des réglementations (34,4 %).
Hausse des coûts de financement
La reprise des tensions inflationnistes à travers le monde a récemment conduit plusieurs banques centrales à durcir les conditions d’octroi de crédit, ce qui a eu comme conséquence mécanique une remontée des taux d’intérêt à long terme. Les entreprises voient donc actuellement leurs conditions de financement se détériorer.
Pour ce trimestre, nous avons cherché à estimer la sensibilité de la politique de financement des entreprises à la variation du niveau des taux d’intérêt telle que perçue par les responsables financiers. Le taux moyen auquel les entreprises se financent est aujourd’hui d’environ 2,95 % sur l’ensemble de notre échantillon européen. Les niveaux les plus bas sont observés en Allemagne (2,2 %) et les plus hauts en Grèce (6,0 %). Quelle que soit l’évolution future des taux, les entreprises européennes nous disent vouloir limiter leurs ratios d’endettement. Ainsi dans le cas d’une baisse supplémentaire des taux de financement d’environ un point (jusqu’à environ 2,0 %), les entreprises envisagent de baisser leurs ratios d’endettement d’un point de pourcentage également, pour le porter à environ 32,3 % en moyenne.
Le scénario central retenu par les responsables financiers est néanmoins celui d’une hausse modérée des taux d’intérêt qui s’établiraient à environ 3,4 % à l’horizon fin 2019. Dans ce contexte, les entreprises envisagent de réduire leurs ratios d’endettement de deux points de pourcentage. Enfin, dans un scénario de hausse élevée des taux, jusqu’à 4,5 %, la réduction estimée d’endettement serait d’environ quatre points de pourcentage. Au total, on peut estimer qu’une hausse d’environ 1 % des taux d’intérêt de long terme aurait pour conséquence une baisse d’environ 1 % du ratio d’endettement cible des entreprises.
La hausse du coût de financement pourrait avoir également un impact direct sur l’activité de fusion et acquisition (M&A) dans les pays européens. Ainsi, seulement un tiers des responsables financiers italiens s’attendent à une activité importante en M&A. À l’inverse, en Allemagne où les taux de financement sont les plus faibles du continent, les DAF (directeurs administratifs et financiers) sont 80 % à s’attendre à une hausse de l’activité en M&A. Les secteurs les plus concernés devraient être les secteurs de la banque et de l’assurance ainsi que celui des technologies. Au total, 41,9 % des responsables financiers s’attendent à une hausse des fusions et acquisitions dans l’année à venir (42,9 % en France).
Climat des affaires toujours favorable
En Europe, l’indicateur de climat des affaires reprend sa course en avant ce trimestre pour atteindre désormais 68,5 contre 67,0 au trimestre précédent. Cela fait désormais deux années consécutives que l’indicateur de climat des affaires enregistre une progression régulière, lui permettant de passer de 53 en mars 2016 aux niveaux observés aujourd’hui, compatibles avec une croissance élevée du PIB.
Il est aussi frappant de constater que cet enthousiasme économique concerne tous les principaux pays de la zone euro. Ainsi, la France affiche un optimisme de 67,5 et l’Italie de 65,4 alors même que le pays connaît une crise politique importante depuis les dernières élections. C’est en Allemagne que le climat des affaires semble le plus favorable (81,8) en forte hausse par rapport au trimestre précédent (72,3).
En revanche, le Royaume-Uni maintient sa position en queue de peloton affichant désormais un optimisme de seulement 57,3.
Aux États-Unis, le climat des affaires se stabilise à 71,1, contre 71,2 au trimestre précédent. Il reste favorable à une croissance soutenue de l’économie. Cependant, une majorité de responsables financiers américains s’attend désormais à une hausse significative des coûts de financement – notamment par la hausse des taux d’intérêt de long terme. Le contexte macro-économique pourrait alors devenir moins favorable au business avec des conséquences importantes en termes d’investissements et d’activité. Au-delà, le rythme des fusions et acquisitions, qui aujourd’hui soutient en partie les marchés d’actions, pourrait ralentir.
Enfin, la décision de l’administration Trump d’augmenter les tarifs douaniers notamment sur l’acier européen ne semble pas avoir eu d’impact particulier sur le moral des entreprises américaines. De même, ni l’opposition du G7, ni les avancées des négociations avec la Corée du Nord ne semblent jouer sur le climat des affaires nord-américain.
Dans le reste du monde : le climat des affaires s’affaiblit quelque peu en Amérique du Sud, en particulier au Brésil (54) et en Équateur (36). Il reste néanmoins favorable à une croissance élevée au Mexique (69) et au Pérou (61). En Asie, le climat moyen des affaires continue de baisser pour atteindre 60,3 contre 61 au trimestre précédent. La plupart des pays asiatiques affichent un climat des affaires proche de 60 : la Chine est à 58,8, le Japon également 58,8 et l’Inde 66. Seul Singapour avec 50 est en retrait sur le continent asiatique. Enfin, en Afrique, le climat des affaires a chuté brutalement dans plusieurs pays, en particulier au Nigeria (54 contre 62 au trimestre précédent) et en Afrique du Sud (51 contre 59 au trimestre précédent).
Prochaine enquête du 22 août au 7 septembre 2018. L’enquête Duke University–Grenoble École de Management mesure chaque trimestre depuis plus de 20 ans le climat des affaires tel que perçu par les responsables financiers des entreprises à travers le monde. L’enquête est courte (environ 10 questions). Elle recueille plus de 1 000 réponses anonymes d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles. C’est désormais la plus grande enquête de ce type dans le monde. Une analyse détaillée par pays peut être envoyée à chaque participant.
Les datavisualisations de cet article ont été réalisées par Diane Frances.
Philippe Dupuy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.